vendredi 11 novembre 2011

Euthúmèma V (réflexions) — Révision du 20 décembre 2020

[Depuis le 11 novembre 2011, avec mises à jour périodiques. — Since November 11th 2011, with periodical updates.] 

[action]«Ceux qui enjoignent au changement oublient trop souvent que celui-ci peut se faire autant dans le sens du meilleur que dans celui du pire: par conséquent, l’on ne saurait exiger, de celui dont la conscience et l’intention sont droites, pures et entièrement dévouées au bien, celui d’autrui comme celui de lui-même, de réévaluer et de modifier son attitude, sauf à l’inciter à vouloir un plus grand bien encore et à appuyer une mesure qui réponde à la bonté d’un tel désir (ou à refuser d’appuyer une mesure dans le sens contraire): ce principe suppose alors que les voies existent, de mener à bien cette fin, qu’existe un accueil effectif et bienveillant au bien-être espéré et à l’action qui le produit, et que, par conséquent, aucune mauvaise volonté ne caractériserait la culture de la société et l’esprit de ses dirigeants, ni aucune incompétence n’en entraverait délibérément et impunément l’impulsion comme l’effet, ce qui accorderait à cette volonté d’amélioration de se révéler être autre chose que l’expression illusoire d’un vœu pieux, superficiel et éphémère.» — Plérôme.

[action]«Une attitude de la pensée contemporaine particulière pose problème, en même temps qu’elle illustre une décadence regrettable, pour la conscience historique et épistémologique de la culture occidentale: c’est qu’elle a réduit l’action d’informer à n’être plus que la communication et l’échange de renseignements alors qu’en réalité, l’information est le principe même de la spécification de toute action et de toute effectivité sur le monde, conformément aux particularités de la nature de l’agent, de la conjoncture à l’intérieur de laquelle il est appelé à agir ainsi que des mobiles et des motifs qui président à l’initiation libre, spontanée et créative de son interaction avec elle; ainsi, la communication en est venue à se concevoir en opposition à l’agir — le temps d’entendre et d’écouter signifiant une suspension de la volonté et de l’action qui en procède —,  alors qu’en réalité, elle serait censée, comme pour toute action en général, procéder d’une cause supérieure, intelligente et rationnelle, et constituer une manière d’agir qui améliore et enrichit fondamentalement la faculté de l’action et complète toutes les autres formes particulières de l’action susceptibles d’être influencées par elle, en lui fournissant sens et direction, y comprises celles qui sont ambiantes et, par leur présence, prédisposantes, voire contraignantes.» — Plérôme.

[âme]«La véritable quête de l’âme trouve sa résolution avec la plénitude de la vie: le moyen de cet achèvement est l’amour dont l’accomplissement se parfait dans l’inclusivité de l’essence particulière de son semblable, y compris de ses virtualités propres, en autant qu’elles tendent vers leur finalité vitale; et l’évidence, la preuve de sa réalisation est le bonheur, dont la profondeur et l’intensité sont proportionnels au degré de la complétude qui est atteinte.» — Plérôme.

[âme]«Le paradoxe de l’âme: si, en vertu de sa substance immatérielle, l’âme participe de l’éternité et de l’immortalité, l’exercice des capacités et des possibilités inhérentes à la nature vivante devient conditionné, lorsqu’elle participe à l’expérience immédiate, par la réalité qui circonscrit son existence et qui s’inscrit dans un temps historique, mais sur laquelle elle agit pour la transformer et en altérer les conditions pour les générations actuelles ou futures.» — Plérôme.

[amour]«Ceux qui sont préparés à sacrifier l’avenir du bonheur que promet l’amour à l’immédiateté du plaisir que leur autorisent à entrevoir l’immaturité de leur désir ou la fantaisie apparemment aléatoire de leur caprice ont peu compris quelles étaient, autant pour le bonheur de l’individu que pour le bien-être de l’humanité, l’importance de cet état et la valeur réelle de ce sentiment, dont la manifestation la plus élevée se réalise dans l’intensité, dans la profondeur et dans la plénitude de la subjectivité, ressentie par le sujet et exprimée par lui, laquelle ne se laisse pas réduire à être simplement la réponse à un appétit physiologique  et l’assouvissement d’un instinct biologique.» — Plérôme.

[amour]«L’amour devient l’ultime principe de la justification morale, lorsque l’action du sujet moral est remise en question et qu’il exige de lui que son mobile déterminant s’abreuve à la source pure et inaltérable du principe qui en fonde absolument la raison d’être et la finalité, comme le choix des moyens qui permettent de les actualiser.» — Plérôme.

[amour]«Où est l’amour et quelle importance lui accorde-t-on réellement, dans l’infinie variété des manières que se choisissent les individus afin de mieux se distinguer et affirmer leur autonomie et leur différence irréductible ? — voilà la question fondamentale qu’il convient de se poser, à l’intérieur d’un monde où règne l’idéologie du pouvoir et de la richesse qui à la fois l’accorde, par les moyens qu’elle démultiplie de l’acquérir, et en signifie la possession, en accordant à ses détenteurs le prestige qui les singularise et les valorise aux yeux de la multitude.» — Plérôme.

[amour]«Peut-on imaginer plus blessant que l’avilissement, par la personne aimée, de l’amour sincère et profond qui lui est porté, quels que soient la forme revêtue par cette déconsidération ou le motif invoqué afin de la justifier, quoique la raison la plus fréquente d’en témoigner serait la désinvolture avec laquelle l’espèce humaine en est venue à diminuer et à banaliser l’amour et à le réduire à n’être plus que l’occasion d’un plaisir sensuel.» — Plérôme.

[apparence]«Il arrive parfois que la beauté d’une chose soit tellement accomplie que la sublimité de son apparence et l’effet saisissant qui en résulte pour l’âme fassent oublier à la conscience que ladite chose ne saurait être sa propre cause et que par conséquent son arrivée à l’existence doit être attribuée à une cause extérieure qui lui est supérieure: quelles ne seraient donc pas alors la beauté et la sublimité qui appartiendraient en propre à cet agent et à cet agent étiologique ?» — Plérôme.

[ascendant]«Le principe inexorable de la solidarité des «forts» contre les «faibles», outre qu’il témoigne d’une dureté impitoyable chez ceux qui le défendent, en raison d’exprimer un manque de compassion, qu’aucun argument moral ne parvient à ébranler, manifeste d’une ignorance injustifiable des moyens naturels des principes qui fondent leur mise en œuvre et par lesquels opèrent les forces du destin ainsi que des raisons comme des causes sous-jacentes qui sont susceptibles de départager, en recourant aux moyens par lesquels les formes de la suprématie des créatures vivantes se manifestent dans la nature et impriment leur mouvement sur elle, de celles qui peuvent imposer le pouvoir de leur volonté sur autrui et de celles qui en subissent l’arbitraire.» — Plérôme.

[bureaucratie]«Comment peut-on caractériser un ordre social et bureaucratique, gouvernant un membre de la société, et qui constituerait une épreuve à son intégration sociale, en raison de ses imperfections, lorsque les aléas de la fortune l’obligent à recourir aux programmes qui ont été prévus et conçus justement afin de pallier aux inconvénients occasionnés par ces éventualités imprévues et parfois même imprévisibles ?» — Plérôme.

[changement]«Le changement pour le changement n’a aucun sens et n’en acquiert un que s’il vise à apporter une amélioration effective et durable de l’objet sur lequel il porte.» — Plérôme.

[changement]«Nombreux sont-ils à accueillir le changement avec enthousiasme, pourvu qu’ils voient en lui une amélioration de leur condition matérielle et qu’ils n’aient pas à payer le prix de sa production, mais rarement le perçoivent-ils comme étant un défi posé à leur mode d’existence et l’occasion de contribuer éventuellement à leur perfectionnement, en favorisant leur accession à un niveau de maturation et de sagesse plus élevées.» — Plérôme.

[communication]«Si l’euphémisme de la litote peut être une marque de finesse ou de délicatesse, en exprimant sous des couverts lénifiants, mais évocateurs, des vérités, des principes ou des réalités qui sont beaucoup plus substantiels et essentiels que l’expression employée pour les révéler pourrait le laisser entendre; si elle peut témoigner d’une ingéniosité de l’esprit, dans la découverte des formules par lesquelles elle se réalise dans l’intelligence et sous lesquelles elle se manifeste à la conscience de ceux qui en reçoivent la communication; elle peut aussi constituer un genre de faux-fuyant, qui cacherait l’essentiel d’une chose, non par pudeur, mais par intérêt, en raison du caractère troublant et peut-être même inavouable de la réalité qui est ainsi voilée à l’intelligence.» — Plérôme.

[compétence]«La compétence, qui réfère à une habileté technique, peut en effet se concevoir en dehors de l’univers moral, lorsqu’elle réalise mécaniquement la fin qui est commandée à l’agent qui en fait preuve: mais lorsqu’elle s’exercera, sans référence à un principe de moralité, ou conformément à un principe de moralité, minimaliste et par conséquent incomplet, l’exercice d’une compétence, si excellente fût-elle autrement quant au résultat qui est recherché, et qui est implicite à sa finalité, produit une actualisation qui s’effectue, non pas pour les bonnes raisons, mais pour les mauvaises raisons, ou à tout le moins pour des raisons médiocres, qu’elles émanent de l’extrincésité hétéronome d’une autorité extérieure ou qu’elles soient l’expression de l’intrincésité autonome de la conscience individuelle.» — Plérôme.

[connaissance]«Dans la volonté de réconcilier la connaissance, qui ne se sait pas encore complètement, puisqu’elle ne s’est pas accomplie dans la plénitude de sa possibilité, et l’ignorance qui lui oppose, dans la conscience, l’inertie d’une incapacité ou d’un refus de déloger en elle cet état stagnant, pour ne pas avoir à ébranler les structures d’un statu quo favorable à son maintien ou simplement par l’impossibilité de recruter en son for intérieur les énergies morales requises à cet effet, on ne saurait retrouver autre chose qu’illusion, demi-vérités, mensonges, affabulations, délires et théories partielles ou incomplètes qui, si elles ne sont pas dénuées de contenu réel, ne courent aucun risque d’avoir à éprouver la vérité de leur matière, vu qu’elles ne recevront aucune impulsion à se voir converties en action, soit que la volonté subisse la corruption de l’intérêt, soit encore que celle-ci procède de son indifférence, de sa lâcheté ou de sa complaisance.» — Plérôme.

[conscience]«En dehors d’une conception adéquate de l’essentiel, toute connaissance est à la fois vaine et futile, c’est-à-dire illusoire et dévoreuse de temps, puisque seule cette idée et cette valeur constituent une fin légitime qui est digne de ses efforts et en justifiet l’espérance ainsi que les actions qui en procèdent.» — Plérôme.

[couple]«Comme la femme éprouve viscéralement le manque de son complément masculin, l’homme quant à lui souffre tout aussi vivement de l’absence de l’être de la femme qui est son complément: mais alors que, pour la femme, le manque est perçu vaguement mais non moins fortement comme étant une privation qui la presse à la combler, ce qui la mène à rechercher activement l’âme-sœur dont elle pressent l’existence, pour se réjouir de cette intuition et voir se préciser en elle l’imago de celui qu’elle cherchait, lorsqu’enfin elle l’a trouvé; pour l’homme, l’évidence sentimentale de cette existence se fait sentir d’abord comme étant un avènement inespéré, une sorte de cadeau providentiel, susceptible plus tard d’être vécu comme étant une perte importante, c’est-à-dire un chagrin profond, si jamais l’âme-sœur venait à disparaître de sa vie. Selon cette perspective, l’enfant qu’ils concevront éventuellement devient la preuve de l’amour infini et de l’attachement indissoluble qu’ils ont l’un pour l’autre, en ce qu’il est l’aboutissement de la quête de la femme, pour celle-ci, et le témoignage pour lui d’avoir été jugé digne d’être choisi par elle afin de parfaire sa nature et d’être parfait par sa nature. § Voilà pourquoi il importe de protéger la liberté dont dispose intrinsèquement la femme de choisir celui en qui elle trouvera son complément unique et parfait et de cultiver la relation qui s’ensuivra pour le couple, tout comme il est essentiel pour l’homme de pouvoir reconnaître en ce choix la possibilité de faire l’expérience d’un bonheur inégalable pour lui-même, pour le couple et la famille qui procéderait de cette union, par le lien qui naîtra en lui pour celle qu’il épousera comme lui étant destiné de tout temps et dont le chagrin réel éprouvé par sa perte serait le témoignage le plus éloquent, si jamais par malheur elle se produisait. § Voilà peut-être aussi pourquoi la civilisation s’est constituée en reconnaissance de ce que la nature a voulu, en encourageant la formation des couples autour d’un homme qui serait plus âgé que la femme: celui-là étant plus susceptible qu’elle d’éprouver l’intensité de la douleur qui accompagne la perte du conjoint, un tel arrangement, qui prévoit pour la survivance de la femme, lui évitera le terrible malheur de se retrouver seul, comme ce serait le cas si elle quittait ce monde avant lui. Car on peut remarquer, en général, qu’il existe en la femme une maturité et une sagesse émotionnelles plus grandes qu’en l’homme, et que cet état constitue une acquisition historique et culturelle, peut-être en raison du risque plus élevé pour elle de perdre son conjoint à une nature parfois intransigeante et à une réalité culturelle marquée par la violence alors qu’elle-même bénéficie de la paix relative qui résulte de la reconnaissance par la société du rôle essentiel que comporte sa personne pour la survivance et l’éducation de ses enfants.» — Plérôme.

[crime]«Une des «découvertes» de la criminologie moderne consiste en la victimologie, la science par laquelle l’on prétend illustrer une manière de synergie inconsciente entre le délinquant et sa victime, et qui pour celle-ci constituerait l’expression d’une complicité tacite ou involontaire avec son bourreau, en lui fournissant l’occasion et le moyen de la transformer en patient. § Une telle thèse pourrait s’avérer dangereuse cependant, puisqu’elle tend à transformer la victime en l’agent actif et assumé de son propre malheur, voire qu’il le fût par des mécanismes et des dynamismes inconscients, pour faire du bourreau le sujet passif, déterminé par la situation, d’une action déplorable qu’il n’aurait pas voulue, tout en niant à l’un et/ou à l’autre la possibilité d’influer d’une manière déterminante sur leur sort propre et d’échapper à une fatalité qui autrement lierait mutuellement leurs existences respectives. Plus encore, cette théorie pourrait également s’avérer vicieuse, lorsqu’elle aboutirait à cautionner l’indifférence qui est éprouvée devant l’injustice commise ou encore l’inaction par laquelle cette «danse du malheur» puisse s’exercer, sans que l’on ne songe à intervenir pour empêcher que se produise l’inévitable, ou ce qui en prend l’apparence clairement probante. § En somme, cette «science» qu’est devenue la victimologie, et qui repose, en l’occurrence et pour l’essentiel, sur une interprétation des coïncidences et des corrélations, pose doublement, d’une manière nette et claire, le problème sociologique du déterminisme social et la question morale de la liberté, autant celle que l’agent moral endosse et assume que celle que celui-ci refuse ou qu’il se montre incapable d’assumer. Elle est donc au cœur des relations susceptibles d’exister, entre des individus qui sont libres ou qui sont réputés l’être, comme elle remet en question la possibilité effective de la liberté, de constituer une essence réelle et de s’en faire une idée qui participe à un mythe dont la fonction serait de maintenir un quelconque statu quo en lequel on distingue ceux que l’existence favorise et ceux que la fatalité néglige ou condamne à l’épreuve de la souffrance.» — Plérôme.

[destin]«Il semblerait parfois que le changement réussirait à faire l’unanimité, pour autant que personne n’ait à remarquer ou encore à éprouver les effets des transformations qui seront apportés, conformément au mouvement historique et social par lequel il trouve à s’instaurer.» — Plérôme.

[destin]«Le destin politique, c’est le fait accompli que révèlent le souvenir personnel de l’âme ou la mémoire collective de l’histoire sociale: la moralité cherche à en définir les conditions de la bonté, afin de la réaliser à travers leur participation à l’ensemble, et le droit, celles de sa justice, afin d’inciter les consciences agissantes à l’en imprégner; par contre, lorsque ces formes idéales sont devenues inopérantes, soit complètement, soit en partie, c’est alors que le destin prend l’aspect d’une contrainte intolérable qui serait, entièrement ou sélectivement, aveugle, excessive et aléatoire.» — Plérôme.

[devoir]«À l’intérieur d’une société où domine le principe subversif, tout l’essentiel de l’action consistera à empêcher autrui d’accomplir ce qu’il doit accomplir et à l’inciter à ne pas accomplir ce qu’il devrait accomplir: ainsi déroge-t-elle du principe de la solidarité éthique, qui requiert que les institutions sociales encouragent chacun des membres de la société à remplir son devoir, adéquatement conçu, et à ne pas manquer à ses exigences les plus essentielles et fondamentales.» — Plérôme.

[devoir]«Tels sont ceux qui ne tiennent pas leurs engagements, qui par la suite se plaignent que l’on ne tient pas les engagements que l’on aurait contractés à leur endroit et qui parfois même imaginent qu’il existe en contrepartie des engagements légitimes auxquels leurs semblables seraient tenus, sans que la réciproque ne soit en même temps vraie.» — Plérôme.

[Dieu]«Le refus moral de Dieu, c’est le refus moral de l’autorité: non pas de toute autorité cependant, mais de l’autorité qui se fonde sur la reconnaissance de la liberté profonde et l’innocence intérieure propre à l’essence primitive de l’homme, fondées sur une bonté à la fois transcendante et innée, susceptible d’être retrouvée, advenant qu’elle ait été perdue par malheur; la conscience morale admettra donc une forme naturelle de l’autorité, celle qui se fonde sur la contrainte, autant celle que l’on serait susceptible de faire naître que celle sur laquelle nul puissance d’exercice ne saurait infléchir et détourner, mais elle ne saurait se satisfaire d’une autorité qui s’exerçât aveuglément ou capricieusement, au détriment des virtualités les plus nobles, pures, saintes et élevées des hommes et des autres habitants de la création. » — Plérôme.

[duplicité]«Se jouer d’autrui est peut-être, hélas, le sport le plus répandu et le plus méconnu de tous les jeux sociaux qui se pratiquent: peut-être cet état est-il la résolution logique de l’insociable sociabilité de l’homme, que propose Kant comme étant à la base de la dynamique sociale et culturelle, par laquelle l’homme insociable cherche se donner une respectabilité, afin de se hausser au niveau de la civilisation qu’il ambitionne d’atteindre, et l’homme sociable à se réconcilier avec une nature égoïste dont il ne peut complètement se départir, malgré toutes les tentatives accomplies en ce sens.» — Plérôme.

[duplicité]«Tels sont ceux qui fondent leur notoriété uniquement sur la réputation et le crédit que leurs semblables, par leur inestimable valeur et la qualité de leur travail, leur permettent d’acquérir, de maintenir, de conserver, de préserver et de perpétuer.» — Plérôme.

[duplicité]«Tels sont ceux qui, lorsqu’ils nécessitent de recevoir la confiance aveugle de leurs semblables, afin de mieux encore pouvoir en abuser, leur reprocheront amèrement de ne pas la leur accorder, avec tout l’enthousiasme et l’entrain requis afin de produire l’effet souhaité.» — Plérôme.

[duplicité]«Tels sont ceux qui s’autorisent à pratiquer tous les coups déloyaux et à manigancer toutes les combines décevantes, mais qui néanmoins, pour ainsi parer à leur déconfiture, jouent les vierges offensées et se plaignent amèrement de ce que leur adversaire ne joue pas franc jeu avec eux, lorsqu’ils se sont vu déjoués par lui dans leurs entreprises douteuses,.» — Plérôme.

[épistémologie]«La philosophie ne serait-elle en réalité qu’un perpétuel recommencement du cheminement qui mène à la découverte de la vérité, en raison des doutes qui surgissent à l’intérieur des consciences individuelles, lorsqu’elles sont exposées à sa manifestation et à sa présence, ou bien se fonderait-elle plutôt sur une vérité qui les transcende et qui est implicite à tous ces doutes, apte à n’être jamais remise en question par ceux-ci, puisqu’elle est une acquisition irréversible de la conscience collective de l’humanité et qu’elle représente le franchissement d’un seuil épistémique, suite au travail millénaire effectué par des consciences réfléchissantes: en ce dernier cas, il s’agirait de concevoir quelle est la substance de cette vérité qui agit implicitement et tacitement sur les consciences, avant même qu’elles ne produisent leur action critique et leur interrogation signifiante.» — Plérôme.

[esprit]«La transcendance est la capacité innée en l’homme de s’élever, au moyen de l’esprit, au-delà des contingences, des conditionnements et des déterminismes inhérents à l’existence et à la nature, y inclus ceux qui procèdent de la coexistence des espèces vivantes les unes avec les autres et dont la plus haute manifestation, mais non la seule, s’exprime à l’intérieur de la société humaine.» — Plérôme.

[existence]«Devant l’importance et la valeur que prennent éventuellement les enjeux existentiels majeurs pour chaque individu — tels le bonheur, la durée et la qualité de la vie, la nature des relations sociales et l’essence des rapports intimes —, certains ne connaissent nullement leur intérêt alors que d’autres ne le connaissent que trop.» — Plérôme.

[foi]«La philosophie n’est pas en principe en rivalité avec la religion, lorsqu’elle constitue une tentative à connaître et à comprendre les principes qui sont à l’origine et fondent la raison des élans du cœur qui portent l’adepte et le fidèle à élever leur âme vers une réalité qui est sue par elle, ainsi que la conscience qu’elle en développe, et à dépasser les limites de l’entendement, sans peut-être chercher à déterminer l’essence de cette réalité et à concevoir spécifiquement quelle en serait la nature. § La rivalité s’installe entre ces disciplines seulement lorsque les principes religieux ne se découvrent pas spontanément à l’esprit comme étant en puissance légitimes ou même concevables et donc laissent croire à la possibilité qu’existât, de la part d’une autorité constituée, une volonté d’abuser de la crédulité d’une population naïve, en proposant à sa conscience des illusions et des chimères, avec le scepticisme et peut-être même le cynisme qui pourraient accompagner la suspicion qu’une telle machination prévalût. D’où l’importance, pour les fidèles et les adeptes qui sont ainsi disposés en ce sens, de faire la tentative de communiquer les raisons de leur foi, aussi clairement que cela leur serait possible, même si au départ, par définition, la matière suprasensible sur laquelle portera leur herméneutique — l’âme, l’esprit, l’immortalité, l’éternité, la Divinité, l’infini — peut se montrer réfractaire à un tel exercice, en raison même de l’ineffabilité de leur concept.» — Plérôme.

[ignorance]«Qu’elle est réconfortante et rassurante, cette ignorance dont on ne soupçonne même pas l’existence, mais qui laisse comme un parfum d’insatisfaction dans l’esprit curieux qui éprouve les lacunes de son actualité.» — Plérôme.

[imagination]«L’ingéniosité fait du crottin le moyen d’un sport; la magie le fait disparaître comme par enchantement; la science en analyse la constitution et, grâce à la technologie qu’elle a développée, l’utilise à des fins maraîchères ou agricoles; et le miracle de la vie le transforme en nutriment qui font croître la prairie, le jardin et jusqu’à la forêt.» — Plérôme.

[intérêt]«Lorsque le désintéressement moral est absent, c’est l’intérêt qui dirige l’action et contraint la passion comme il conditionne la générosité et la lésine: celles-là ne prennent alors en elles-mêmes nulle dénotation morale, mais adoptent du mobile profond qui les fonde l’entièreté de la valeur morale à laquelle elles peuvent prétendre, laquelle se détermine pour l’essentiel par celle que reçoit l’intérêt, au service duquel se porte l’intention qui commande à leur présence ou leur absence. La question devient maintenant de savoir s’il y a quelque intérêt pour l’homme de faire preuve de désintéressement et si l’on peut assister à la juste rétribution des actions et des conduites, en l’absence des revendications qui accompagnent toujours la défense de l’intérêt, autrement que par l’action d’un esprit qui est véritablement désintéressé, dont les motifs et les mobiles s’enracinent dans une moralité authentique et profonde et un sens entier et complet de la justice véritable et réelle.» — Plérôme.

[justice]«Quel remède peut-on espérer apporter à l’atteinte à la réputation, résultant de la procédure qui vise à inculper un particulier mais qui aurait abouti, soit à un non-lieu, soit à une exonération complète, surtout lorsque l’on sait que ces retombées délétères sont inévitables en de telles occasions et que peut-être même une conscience malheureuse pourrait chercher à les susciter, précisément en vue d’occasionner ces effets calomnieux pervers, même lorsque le moyen employé s’avère défectueux, comme lorsque le succès politique qui est produit — l’avilissement et la neutralisation d’un opposant — est la récolte de l’insuccès judiciaire qui en fut le garant ?» — Plérôme.

[liberté]«La véritable liberté consiste à se montrer à la hauteur de la vertu qui est requise à réaliser la plénitude de la vie à laquelle chacun est appelé, laquelle ne saurait s’accomplir dans l’ignorance d’autrui et de ses propres virtualités quant à cette virtualité.» — Plérôme.

[liberté]«La plus grande liberté est de comprendre quel sens la vie prend pour soi et quelle destinée elle réserve à chaque particulier, pour ensuite disposer du pouvoir d’agir selon ces connaissances, sans épargner l’effort pour traduire l’idéal en réalité, malgré les contrariétés qui se présentent à l’agent moral dont l’horizon existentiel prend en considération la liberté de ses semblables et concourt alors à la réaliser dans la mutualité des rapports.» — Plérôme.

[liberté]«La liberté est un état que tous désirent, en vue de la plénitude du bonheur à laquelle elle permet d’aspirer et qu’elle encourage à actualiser — un bonheur qui est inhérent au fait même de la possibilité d’en disposer et de la réaliser —, mais que peu réalisent effectivement, en raison des exigences qui accompagnent cette quête suprême et qui doivent être rencontrés afin de garantir la réussite qui signifie son aboutissement.» — Plérôme.

[liberté]«Le problème de la liberté consiste à réconcilier le principe de son illustration intégrale et complète avec les manifestations particulières qui sont issues des personnalités notables qui seraient censées incarner cette valeur et qui, au contraire, en détruisent, ou visent à le faire, l’essence et la substance même.» — Plérôme.

[mal]«La conscience morale réfléchie conviendra que le mal est la limite du bien; mais d’où vient-il donc que le bien dusse se trouver à être limité et quelle justification peut-on apporter à cet état, sauf peut-être à ne pas chercher à contester l’évidence du fait accompli et de la prépondérance de la force et/ou de la ruse qui serviront à l’occasionner, en évoquant un agnosticisme radical qui ne saurait proposer un principe supérieur, ou éventuellement suprême, dont la bonté fonderait l’actualité bienfaisante ?» — Plérôme.

[médecine]«La chirurgie, lorsqu’elle vient compléter son travail, révèle hélas! l’échec de la médecine clinique et thérapeutique.» — Plérôme.

[métaphysique]«Au nom de l’autonomie de l’homme, ceux qui en préconisent la valeur éminente du principe cherchent à édifier le monde sur des conceptions immanentes, alternatives aux valeurs transcendantes du beau, du bien et du vrai, ou plus radicalement négatrices d’icelles, tout en adoptant néanmoins les noms qui se rapportent à elles, mais n’en représentent en réalité que des ersatz et des approximations incomplètes. Car seule la transcendance parvient à donner à l’œuvre humaine le fondement de sa sublimité, qui repose sur l’exacerbation dans l’excellence de ces idées, et sans la transcendance, l’homme ne saurait se contenter que de réaliser la médiocrité. § Ainsi, tout refus de la transcendance constitue-t-il en principe un déni à l’humanité de la possibilité qu’elle pourrait autrement légitimement revendiquer de réaliser au plus haut point, pleinement et sans réserve, les virtualités qui sont intimes à sa nature. De plus, la volonté de propager un immanentisme strict, fondé sur la rationalité empirique et positive de l’homme, et ainsi de généraliser la négation d’une transcendance devient-il le motif profond de l’instauration, à plus ou moins long terme, de la décadence de la culture et de la déchéance de l’homme ainsi que du nihilisme qui en fonde, au cœur de l’âme, l’impulsion implicite. Rome et Jérusalem en savent particulièrement quelque chose, puisque leur histoire s’est caractérisée, mais de manière différente, par un refus radical de la transcendance: celle-là en conditionnant ses mœurs par un épicurisme décadent, celle-ci en les centrant sur une observance religieuse stricte et sans spiritualité réelle.» — Plérôme.»

[moralité]«La notion du bien se réduit-elle seulement à l’estimation et à l’interprétation que l’on peut en posséder subjectivement, individuellement ou collectivement, en raison du plaisir ou du déplaisir qui en résulte pour le particulier ou pour l’ensemble social, ou n’implique-t-elle pas la référence à un idéal et à un critère objectifs, par lesquels on peut concevoir une essence indépendante des conditions à l’intérieur desquels elle est appelée à s’exercer et qui interpelle l’agent à se surpasser, tout en inspirant son action en ce sens, en même temps qu’un barème qui serve à évaluer celle-ci et qui ne se fonde pas uniquement sur une appréciation subjective et éventuellement biaisée, qu’une conscience morale pourrait spontanément s’en former et s’en représenter ?» — Plérôme.

[moralité]«Paradoxalement, on peut retrouver, chez certaines personnes qui illustrent des conduites moralement répréhensibles, l’expression d’une indignation qui n’est autre chose que la révolte, profondément sentie, contre le déshonneur qui un jour leur fut imposé malgré elles: peut-être cela constitue-t-il l’attestation de la thèse rousseauiste de l’effet corrupteur de la société sur les âmes pures, sans pourtant excuser l’individu de ne pas faire preuve du courage de s’en extraire.» — Plérôme.

[moralité]«Personne ne manque consciemment ce qu’il ignore qu’il n’a pas (alors que la présence de ce manque peut être délétère à l’accomplissement de sa nature véritable): tel est le principe sur lequel se fondent les forces qui basent leur ascendant sur la culture de l’ignorance, sans égard pour la légitimité des actions par lesquelles ils maintiennent leurs charges dans un état de privation et d’insuffisance; si le mensonge et la propagande, qui tissent un narratif plausible mais inexact, ainsi que, à un plan plus général, le mythe dont on trafique sans vergogne les interprétations véridiques, sont les moyens historiques les plus sûrs, employés à entretenir cet état d’inégalité politique, ces stratégies et ces manœuvres opèrent sans compter sur l’idéal transcendant de la justice et de la vérité qui inspirent toutes les actions et tous les propos, voire à des degrés différents; et qui tôt ou tard se réalisera, en tant qu’il est essentiel à l’accomplissement de la nature humaine et à la plénitude des sujets moraux, telle que la bonté, originelle et innée, de celle-là est appelée à se manifester en ceux-ci, dans la liberté d’une conscience qui fait l’effort de se réaliser entièrement.» — Plérôme.

[moralité]«Qu’elle émane d’une technologie, éprouvée en vue de produire une fin recherchée, ou qu’elle soit le produit de la liberté créative, qui s’exerce spontanément en vue de la promotion, du maintien et de l’avancement de la vie, il n’existe aucune action qui ne renvoie à la moralité et à la conception de la meilleure perfection possible, susceptible d’être atteinte et rencontrée par un agent moral autonome et responsable, pour autant que celui-ci serait susceptible de s’assumer comme tel.» — Plérôme.

[moralité]«Quel mérite peut-il y avoir à accomplir le bien, si cette action consiste simplement à suivre aveuglément les injonctions qui en définissent le contenu et les moyens de sa réalisation éventuelle, sans qu’elle ne réalise en même temps la condition de la liberté qui est au cœur de la nature humaine, lorsqu’elle est conçue par l’intelligence comme étant pleinement accomplie ?» — Plérôme.

[moralité]«Tels sont ceux qui, enjoignant continuellement autrui à être, ne soupçonnent pas qu’en réalité, ils expriment en même temps, non pas uniquement leur propre non-être, mais aussi la suffisance de leur contentement à le maintenir et l’insuffisance de leur volonté devant le  changement qu’ils pourraient apporter à leur état.» — Plérôme.

[mythe]«Le sain usage du mythe, qui interpelle l’intelligence herméneutique de ceux qui prennent conscience de la puissance de son influence et de son action sur les consciences, c’est non pas d’entretenir l’inexistence au détriment de l’existence, mais de favoriser, d’entraîner et d’exacerber l’épanouissement de l’existence, en suscitant dans l’âme un processus mystérieux par lequel elle parviendrait à s’extraire de l’inexistence relative en laquelle elle est tenue par la force des circonstances.» — Plérôme.

[mythologie]«Une conception imparfaite de la divinité grecque voudrait qu’elle s’installât en observateur impartial de la condition humaine, un peu à la manière de fonctionnaires impassibles et critiques, ou encore de spectateurs uniquement impliqués esthétiquement par l’action, les propos et les émotions exprimés par des personnages de théâtre, sans éprouver de sentiment pour les malheurs qui frappaient l’humanité, ni d’espoir en la possibilité de voir une amélioration de la situation décadente des hommes ou encore de désir de participer à l’effort d’instaurer la véritable justice dans le monde. § Or, cette perspective est indéfendable, lorsque l’on considère l’histoire des dieux particuliers (v.g. Dionysos, Athéna, Zeus, Hercule, qui portait en lui autant l’espoir de son père Zeus, que de Héra dont il portait le nom dans le sien, Apollon, etc.), qui ne cessent d’entrer en interaction avec les hommes, et non pas seulement pour des motifs subjectifs et intéressés. Par ailleurs, les sentiments divins n’étaient pas toujours bénéfiques pour les hommes, puisque l’influence de Dionysos sur le monde rapproche celui-ci toujours plus du chaos et que la vanité des trois déesses, Athéna, Héra et Aphrodite, conduit au désastre de la guerre de Troie qui mit fin à la maison des Atrides et à la civilisation Mycénienne. Peut-être peut-on voir en le genre de ces interactions avec l’espèce humaine une manifestation de l’avatar qui est particulière à la théologie Grecque, sans que celle-ci n’en accrédite ni l’idée, ni la réalité.» — Plérôme.

[patience]«L’impatience veut déjà ce qui se prépare encore et parfois même se laisse emporter par ce qui est déjà près, en répondant aux signes qui l’annoncent, mais sans entrevoir ce qui pourrait, encore mieux et plus, répondre à son désir, si elle avait su tempérer l’urgence de son sentiment et lui suppléer la patience de pouvoir anticiper avec pondération sa réalisation plus juste et plus adéquate.» — Plérôme.

[perfection]«L’ambition personnelle exagérée, pour ne pas dire hyperbolique, se découvre à ce que chacun, non content d’être un modèle, souhaiterait être en définitive le modèle: le malheur se produit lorsque, tel individu s’érigeant de son propre gré et de manière tout-à-fait gratuite en modèle unique, il en vient à exiger d’autrui, sans s’imposer ni flexibilité, ni latitude de conscience ou de sentiment, qu’il fasse correspondre ses jugements et ses conduites aux schémas et aux représentations issus de l’imagination du premier, sans égard pour les conceptions que la conscience de celui-ci lui dicterait, voire même que ce fût au nom d’une compréhension transcendante, hautement sage, délibérée et réfléchie, de l’essence et de la nature de la liberté.» — Plérôme.

[perfection]«La voie de la perfection est un cheminement inépuisable, en vertu de la nature de cet état qui appelle à chercher continuellement à se parfaire, en cette vie bien sûr, en réponse aux contingences et aux conditions qui en caractérisent la manifestation et l’état, mais aussi dans l’au-delà indéfini où elle se réalise dans l’éternité et dans l’infinité de l’univers de Dieu.» — Plérôme.

[perfection]«On peut volontiers comparer l’occasion qui se prépare à un fruit qui arrive lentement à maturation; mais contrairement à ce fruit qui, arrivé au terme de sa croissance, tombe de l’arbre et jonche le sol, pour lentement se décomposer et, avec la passage du temps, enrichir le sol de sa semence et de son compost, s’il n’est pas cueilli au bon moment, une occasion féconde qui se développe ne souffre pas d’être manquée et de ne pas être mise à contribution ponctuellement, puisqu’elle profitera toujours du passage du temps pour se parfaire encore, dans l’attente du jour où toutes les conjonctures se mettront en place pour qu’elle soit exploitée de manière optimale.§  Par ailleurs, lorsque l’occasion manquée implique deux personnes qui sont promises l’une à l’autre et qu’elle est accompagnée d’un sentiment qui, étant pleinement préparé à faire fructifier ces possibilités, se voit indûment frustré dans son désir légitime de n’en point pouvoir disposer, étant arrivé au terme assigné de son attente, n’étant pas suffisamment accrédité par la personne aimée et se trouvant sommé par les circonstances devoir plutôt patienter jusqu’au jour où la satisfaction de son sentiment deviendra possible, la souffrance que cause ce délai, d’autant plus intense que le désir était profond et authentique, pourrait requérir de l’autre, contre laquelle les circonstances se seront liguées pour l’éprouver, qu’elle connût aussi une souffrance équivalente afin d’expier celle qu’elle aura causée, en vertu d’une loi naturelle mais immanente, exerçant son action à l’insu des intéressés et d’une manière subtile mais néanmoins efficace, qui commande que tous éprouvent le feu purificateur de l’expérience et que chacun devienne pour son semblable l’occasion d’une catharsis salutaire, conformément à un dessein providentiel, là où une telle purification serait désirable et exigible en vertu de l’exercice d’une justice naturelle.» — Plérôme.

[perfection]«Ultérieurement, la question morale se reporte, pour l’essentiel, sur celles qui concernent la vie et la perfection de sa forme, dans toute l’efflorescence de la complexité et de la variété qu’elle est susceptible d’acquérir et sans laquelle l’intelligence ne saurait se la représenter: conséquemment, qui dit moralité, implique en même temps la question de l’essence et de l’état de la vie ainsi que la recherche de son accomplissement et de sa plénitude; et qui dit immoralité, évoque son contraire, i.e. la cessation gratuite et insensée de la vie ou encore ce qui en cause l’amenuisement, la déchéance et la corruption.» — Plérôme.

[philosophie]«La philosophie est la discipline de l’esprit qui soit apte à façonner l’intelligence que la conscience acquiert de la réalité et à définir l’action qui puisse agir fructueusement sur elle, lorsqu’elle fait preuve à la fois de la perspicacité de la vision, de la droiture du jugement et de l’excellence créatrice de l’effort requis,.» — Plérôme.

[philosophie]«La philosophie doit représenter autre chose qu’un abîme intellectuel et spirituel, susceptible d’engloutir les esprits qui, en toute bonne foi, désirent s’aventurer sur la voie de l’élucidation des questions essentielles, propres à la volonté d’approfondir et d’éclaircir l’énigme de l’univers et les autres considérations dérivées de cette interrogation fondamentale, et un abysse cosmique dont la singularité est prudemment entourée par ses gardiens et ses praticiens, dont le rôle consisterait pour l’essentiel à voiler ce qui serait le but fondamental de leur action futile et oisive, qui s’accomplirait en abordant toutes les questions qui se présentent à leur esprit, en formulant pour elles des réponses aussi savantes qu’elles sont complexes et développées, mais en omettant surtout celles qui toucheraient à l’essentiel, un domaine qui serait censé attirer et concerner le véritable philosophe dans sa quête de la vérité et de la conception adéquate et complète de la réalité.» — Plérôme.

[philosophie]«Le paradoxe de Zénon est l’exemple d’une pétition de principe, par laquelle on parvient à prouver nulle autre chose que la proposition qui était implicitement contenue dans la prémisse: car, en cherchant à démontrer le principe de l’immobilisme de Parménide, lequel nierait le mouvement de l’être dans l’expérience empirique et sensible, et en réduisant successivement par la moitié la distance parcourue par un objet, vivant ou inerte, qui est en mouvement, le rapport entre la distance parcourue et la vitesse requise à cette fin condamnait nécessairement l’objet qui se déplace à se figer en une immobilité ultime, laquelle fondait le principe que le paradoxe tentait d’illustrer.» — Plérôme.

[philosophie]«Les réponses tranchées et univoques, comme la prétention à les détenir, sont en effet rarissimes en philosophie, et elles mènent concrètement, le cas échéant, en raison des oppositions inévitables des points de vue qui s’ensuivent, à l’établissement d’une série indénombrable d’antinomies irréconciliables, qui prétendent néanmoins à fonder la  compréhension de la réalité que peut faire le philosophe ou toute autre personne intelligente: outre que celles-ci mènent à une division et une dichotomie sans fin des conceptions, elle explique mal comment l’on puisse se construire, a priori et d’une manière certaine et crédible, des concepts unitaires et absolues, telles l’univers, l’être, l’Un, l’infini, le tout, Dieu, etc. En réalité, pour peu que l’on s’arrête à considérer les problèmes philosophiques sous les multiples points de vue possibles, l’on en arrivera nécessairement à des conceptions nuancées et éventuellement complémentaires, sauf se trouver devant la position épistémologique intenable d’accréditer simultanément une idée ou une proposition et leur contraire.» — Plérôme.

[philosophie]«Lorsque l’on affirme que la philosophie est une forme de la littérature, ce n’est pas enlever la spécificité à cette discipline, mais simplement affirmer quelle est sa vocation littéraire: car si la littérature, telle qu’on l’entend ordinairement, cultive la forme littéraire et, pour se réaliser, s’appuie le plus souvent sur le sentiment, c’est-à-dire la vérité du cœur, la philosophie quant à elle s’intéresse surtout à la vérité de l’esprit, qu’elle rejoint et qu’elle suscite, tel qu’elle apparaît à la conscience du penseur et qu’elle se déploie en vue de l’instruction de l’esprit de ses semblables, lorsqu’elle informe leurs enseignements. § Mais ce n’est pas dire que, de la même manière que la littérature n’oserait ni ne pourrait s’exercer à l’exclusion des facultés de l’esprit, la philosophie n’oserait ni ne pourrait s’exercer à l’exclusion du cœur: c’est bien plutôt le contraire qui se produit, puisque la littérature, tout en parlant de préférence le langage du cœur, appuiera son initiative sur l’action de l’esprit, telle qu’elle commande la formation et l’usage de la langue, comme la philosophie, tout en interprétant les vues et les visées de l’esprit, parlera en même temps au cœur, en tant qu’il est l’ultime juge de la pertinence morale de la philosophie à ce qui en fonde l’exercice, c’est-à-dire la vie, conformément à la manifestation et à la réalisation les plus élevées qu’elle souhaiterait atteindre, autant chez autrui que pour soi. Or, autant la littérature que la philosophie s’appuient sur les mêmes moyens pour se communiquer à un public identique, à savoir «la république des lettres», autant celles de l’écrit que celles du discours. Et cela seul suffirait à donner à la philosophie un statut littéraire valide, voire d’un genre autre, mais tout aussi ancien, que celui qui est accordé traditionnellement à la littérature.» — Plérôme.

[philosophie]«Une question qui est au fondement de la naissance du romantisme: la philosophie, par sa dépendance quasi-exclusive sur la raison, a-t-elle tué l’homme de cœur ?» — Plérôme.

[philosophie]«Une question que devra se poser, tôt ou tard, l’histoire de la philosophie: pourquoi l’humanité a-t-elle pris beaucoup moins longtemps à découvrir la faculté de la raison et de l’esprit qu’à faire la découverte de celle du cœur ? Et, accessoirement, mais non pas moins essentiellement, s’agit-il réellement d’une découverte ou ne serait-ce pas plutôt la réminiscence, ou l’anamnèse, d’une faculté négligée, voire oubliée ?» — Plérôme.

[politique] «En théorie, nul État ne saurait être plus grand que le plus grand de ses citoyens; et en pratique, rares sont les États qui, sans passer par la violence, seraient susceptibles de la magnanimité requise à reconnaître à leur juste valeur, les particuliers qui naissent, vivent et croissent sous leur gouvernance, en présentant des qualités qui, en raison de leur vérité supérieure, éclipsent celles qui sont actuellement illustrées par leurs souverains, leurs dirigeants ou leurs élites, même si elles ne déprécient pas pour autant celles dont ils témoignent néanmoins.» — Plérôme.

[politique]«Chacun possède une idée simple et claire de la guerre et de la paix: l’une, plutôt phénoménale et esthétique, se présente comme étant l’expression d’une réalité, i.e. un mélange en lequel s’affrontent l’ordre et le désordre et qui résulte dans la souffrance, la dégradation et la destruction aveugles de la nature, vivante et/ou inerte, et des populations qui l’habitent; l’autre, principalement téléologique, comme finalisant les manifestations de cette réalité désolante en vue d’établir (ou de rétablir) l’harmonie, le bonheur et la paix, au bénéfice de la vie apte à prévaloir et à régner parmi les protagonistes désormais pacifiés. § Car l’État culturel qui n’a pas accédé à celle-ci, sans pourtant qu’elle n’ait sombré dans la déchéance qui caractérise celle-là, est celui qui soit n’a pas encore identifié le moyen de parvenir à l’état parfait et accompli d’une paix perpétuelle, soit fait défaut d’y concourir, par manque de courage politique et/ou de la prévoyance nécessaire à y engager des effectifs suffisants, soit préfère emprunter la voie contraire pour des motifs qui sont le plus souvent associés à des intérêts particuliers que les agents moraux préfèrent cultiver au détriment des idéaux collectifs de la justice sociale et de moralité individuelle: le premier cas, il servira à caractériser un État amoral par manque d’inspiration et d’éclairage intellectuel; le second, un État amoral par impuissance morale ou imaginative; et le troisième, un État nettement immoral, uniquement réglé par l’intérêt égoïste et détruit par la corruption des idéaux et des valeurs.» — Plérôme.

[politique]«D’un point de vue empirique, la plupart des législateurs exercent leur activité au nom de l’ensemble, mais ils accomplissent cette fonction à l’intérieur des paramètres exigus de leurs intérêts particuliers, qu’ils soient simplement individuels ou qu’ils renvoient à la société et aux groupes d’appartenance et de référence qui sont constitutifs de leur identité. Le principe parlementaire, pris dans son sens le plus général, se fonde sur la diversité et la variété de ces intérêts afin de prétendre atteindre à généralité du bien-être de l’ensemble, par les tensions qui se produiront nécessairement entre eux, lorsqu’ils entreront en interaction, et dont le résultat serait un compromis qui représenterait ponctuellement la meilleure solution possible, susceptible de lier obligatoirement la conduite de l’ensemble jusqu’à une révision, habituellement reléguée à un futur indéterminé, de la politique législative qui en serait issue. § Ainsi, la démarche politique, qui se situe ordinairement et nécessairement à l’échelle historique de décennies, de siècles et peut-être même de millénaires, en raison de sa prétention à interroger la nature des circonstances et des événements et à proposer des solutions qui les transcendent, par la compréhension de leurs mesures et l’envergure de leur effectivité, repose sur deux actes de foi implicite, à savoir que, (1) premièrement, peu importe la nature des intérêts en présence, les législateurs s’en référeront in foro interno à l’intériorité de leur conscience morale, à l’exercice de la meilleure nature juridique, combinant une intelligence sensible et morale, qu’il est possible de réaliser, afin de définir des politiques et de spécifier des lois qui conviendront au plus haut point à l’ensemble, compte tenu des circonstances et des événements auxquelles elles s’adressent; et (2) deuxièmement, que l’éventuelle bonté de la résultante repose sur la prépondérance du bien, vers lequel tendraient le corps politique et l’appareil étatique — lorsqu’ils réalisent la conjoncture heureuse et harmonieuse du législatif, de l’exécutif et du judiciaire, en vue de définir le droit qui est apte à procéder de son travail politique et social —,  sur tout mal susceptible d’apparaître et d’être préconisé à l’intérieur de ces corps organiques. § Le corollaire de cette foi politique énonce que, lorsque les correctifs internes au système s’avéreront insuffisants à rétablir un ordre qui soit le reflet d’une bonté adéquate, telles que les consciences politiques, pures, matures et évoluées, sont susceptibles de l’entendre, y comprises celles des législateurs intègres que leur devoir inspire toujours et a rendu imperméables aux égarements déontologiques, lorsque en somme la corruption et la prévalence des intérêts particuliers se sont substituées à la bienveillance collective qui serait censée exister, sans que celle-ci ne parvienne à reprendre ses droits effectifs sur les dérogations qui se produisent, le corps politique aura recours à des mécanismes qui les lui imposeront de l’extérieur, au moyen des formes politiques que la démarche parlementaire s’était donnée pour but d’éliminer du paysage politique, sauf à devoir composer avec une anarchie conséquente et la possibilité qu’elle apporte avec elle un changement de régime et, avec lui, au-delà d’une rigidité systémique fondée sur le maintien illusoire d’une apparence d’excellence et de normalité, une conception alternative de réaliser effectivement la justice, avec toutes les conséquences qu’apporte avec elle cette nécessité d’opérer une réorganisation nécessaire et salutaire.» — Plérôme.

[politique]«Ironie politique: l’égalité entre les individus, dans la liberté pour tous, régnera ... jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire au gré des caprices de l’histoire et non pas en vertu de la valeur incontestable du principe et l’immuabilité de l’état qui le révèle !» — Plérôme.

[politique]«L’imperfection politique se définit par l’incapacité de l’État à défendre son intégrité contre les mouvements intestins par lesquels les mélanges de l’ordre et du désordre qui caractérisent toute organisation naturelle se combinent afin de satisfaire à des intérêts qui ne sont nullement concernés avec le bien-être légitime et adéquatement réalisé, i.e. moralement poursuivi, du grand ensemble social, mais uniquement et d’une manière éphémère et intangible, avec les individualités de l’heure et les groupes particuliers dont le bien-être individuel est réputé par eux prévaloir sur celui qu’une justice pleine, entière, élevée et désintéressée lui procurerait, ainsi qu’à chacun de ses membres.» — Plérôme.

[politique]«L’indifférence éprouvée devant l’injustice, souvent engendrée par la confusion qui se fixe et se maintient dans les esprits, quant à la nature réelle de la justice et l’expression adéquate, concrète et particulière qu’elle serait censée recevoir, est probablement le plus grand fléau qui puisse s’imaginer, pour une société harmonieuse et saine, ordonnée par une moralité collective excellente, ainsi que pour l’humanité en général qu’une raison d’État adéquate gouverne selon les principes purs et éternels du droit, bien entendu.» — Plérôme.

[politique]«Pour un grand nombre, le politique se limite à la défense exclusive et étroite de leurs intérêts immédiats, sans égard ni pour une quelconque notion de communauté, sauf en ce qu’elle peut contribuer à leurs préoccupations égoïstes, ni même pour la conception d’un insuffisance naturelle, préalable à une nature sociale épanouie, susceptible d’inclure éventuellement autrui dans son horizon existentiel et à le considérer comme étant une personne autonome, apte à posséder une valeur et une dignité en soi.» — Plérôme.

[psychologie]«Lorsque les exigences de l’individualité deviennent trop pressantes, en raison de la demande implicite à découvrir et à assumer les particularités et les spécificités appropriées à sa propre nature, telles que l’expérience oblige à leur éclosion véritable et que l’intuition les révèle à la conscience, l’anonymat égalitaire et impersonnel du groupe devient un abri réconfortant et salutaire; lorsque par contre les contraintes du groupe deviennent trop aliénantes, par la force étouffante qui s’exerce et qui impose la privation d’une reconnaissance individuelle, fondée sur la profondeur de la conscience personnelle et sur la mutualité authentique des personnes, qui soit comme la nécessité d’obéir au code uniforme et indistinct de l’ensemble, l’individualité revendique le droit à l’accréditation et à la distinction de la valeur irréductible de la personne, ainsi qu’au sentiment de la dignité qui en procède pour soi. § Or, c’est dans la dialectique de l’individu et du groupe, comme de la dynamique qui en procède, par les résonances qu’elle trouve dans les intériorités individuelles et les manifestations qu’elle dans les phénomènes de masse, que réside la clef de la compréhension de la phénoménologie sociale et de tous les mouvements susceptibles de naître à l’intérieur d’une société: voilà quels sont le principe et la clef de la psycho-sociologie, qui cherche à faire la part, autant à la réalité intégrante de l’ensemble collectif qu’à la valeur intégrale de l’individu conscient et doué de sentiment qui compose cette unité et qui participe, à part entière, à la constitution, à la direction et au mouvement qu’elle reçoit de leur interaction.» — Plérôme.

[psychologie]«Tels sont ceux qui, ayant réévalué leur perspective sur les choses, et donc ayant effectivement procédé à une transformation de leurs schémas de pensée, s’imaginent qu’en réalité, c’est la manière de réfléchir qui appartient à autrui qui a changé: peut-être est-ce là l’indice qu’une transformation plus radicale encore, portant sur leur intériorité profonde, serait sur le point de se produire et de se révéler.» — Plérôme.

[psychosexualité]«L’espérance fondamentale et secrète de tout homme, c’est que la femme, par sa conduite, son attitude et son action, confirme en tout temps la forme de la virilité qui est exprimée par lui, comme celle de toute femme, c’est que l’homme témoigne envers elle à chaque instant, par cet état manifeste, la reconnaissance de la féminité qui est l’essence de son être: la difficulté, apte à expliquer les problèmes que rencontrent les couples, le cas échéant, c’est que les conceptions de la virilité, comme celles de la féminité, sont multiples et varient selon les individus, les cultures, les époques, les sociétés et les circonstances. § Il en résulte alors que le seul moyen d’obvier à la variabilité et à la relativité qui caractérisent les perceptions et les conceptions susceptibles d’êtres entretenues, tantôt par les hommes envers les femmes, et tantôt par les femmes envers les hommes, c’est de retrouver autant l’éternel Féminin en la femme et l’éternel Masculin en l’homme, de manière à refléter constamment ces essences et ces états dans les manières que l’un et l’autre choisissent d’agir, de réagir, de se manifester, de se communiquer et de s’exprimer.» — Plérôme.

[psychosexualité]«La femme de tous les hommes, mais l’épouse d’aucun; le mari de toutes les femmes, mais de nulle l’époux: telle est la conséquence morale du libertinage qui prétend retrouver en chacun des partenaires du plaisir sensuel qui est recherché par lui un complément social, voire qu’il fût superficiel, et un partenaire, voire éphémère, de la vie.» — Plérôme.

[réalité]«L’exemple d’un ordre naturel qui est ordonné en vue d’un bien, celui de la vie: un organisme vivant, existant en harmonie avec les autres organismes vivants et parcourant à leur bien-être comme au sien (v.g. le cultivateur qui cultive son champ en vue de nourrir sa famille et qui en même temps assure la conservation et la propagation de l’espèce cultivée); l’exemple d’un ordre qui existe en vue d’un mal, celui de la mort: une espèce qui accomplit aveuglément la destruction systématique de la vie comme étant la condition nécessaire à sa propre continuité et à sa propre perpétuation (v.g. une colonie de fourmis guerrières qui, en effectuant sa migration, détruit toutes les espèces vivantes qui se trouvent sur son passage, indépendamment de la valeur intrinsèque des autres espèces, lesquelles sont soumises obligatoirement aux impératifs de l’existence de cette unique espèce); l’exemple d’un désordre qui se produit aléatoirement en vue d’un bien, celui du maintien de la vie: une force de la nature qui, opérant indistinctement sur un territoire, le transforme et agit sur lui dans le sens de la conservation et de la propagation des espèces qui l’habitent et y vivent (v.g. les vents qui soufflent sur une contrée et qui apportent avec eux les nuages procurant une pluie bienfaisante et salutaire qui abreuvent les récoltes, les bestiaux et les humains qui en subissent les effets, ou encore les courants océaniques qui, malgré leurs fluctuations apparemment incertaines et imprévisibles, servent à transporter les espèces vivantes vers de nouveaux territoires et de nouveaux climats); l’exemple d’un désordre qui se produit aléatoirement en vue d’un mal, qui est l’empêchement de la vie: des forces de la nature dont l’action violente est indistinctement et généralement catastrophique et destructrice (v.g. les vents et les courants tropicaux qui, se mélangeant sous les tropiques chauffés par un rayonnement solaire intense et soutenu, forment les ouragans et les cyclones qui sont susceptibles de tout balayer et de tout détruire sur leur passage, y compris les espèces vivantes qui subissent leur fureur; ou encore les volcans et les séismes qui, en se produisant, refaçonnent entièrement la géologie ambiante du territoire sur lequel ils font irruption et empoisonnent l’atmosphère avec les gaz toxiques qui émanent de leurs cheminées et de leurs cratères, en causant l’extinction d’une grande variété d’espèces végétales et animales qui ne peuvent parer à leurs effets nocifs et funestes).» — Plérôme.

[réalité]«La pensée habituelle des idées reçues a accoutumé les consciences à concevoir l’ordre comme tendant nécessairement vers une perfection morale et le désordre comme exprimant ce qui en dévierait: mais si l’ordre, comme le désordre, peuvent s’interpréter comme pouvant réaliser, soit le bien, lorsqu’ils tendent vers l’accomplissement effectif de la perfection, soit le mal, lorsqu’ils portent à en réaliser la corruption et la décadence, seule une conception qui admettrait un amalgame de l’ordre et du désordre qui, en se combinant, réaliseront et produiront le bien, serait susceptible d’inspirer les ratiocinations d’une conscience honnête, lucide, critique et éclairée.» — Plérôme.

[réalité]«La réalité est un mélange d’ordre et de désordre, opéré naturellement et spontanément, et obéissant à sa propre dynamique et à ses propres lois: la physique en étudie la composition, la direction et les principes de la régularité qui la caractérise, en l’état où elle se trouve et à une époque particulière de son histoire; la morale énonce quelle est la nature de l’effort de l’homme requis afin d’en conditionner savamment, dans la mesure du possible, les manifestations en vue de créer l’harmonie entre l’état naturel et social des hommes et des autres espèces vivantes ainsi qu’entre tous ceux-ci et la nature physique en général, d’apporter de manière durable la paix qui en procède et le bonheur qui en résultera pour eux, grâce au succès de cette initiative.» — Plérôme.

[réalité]«Le penseur ne peut s’empêcher de remarquer deux grands paradoxes en philosophie sociale: (1) plus on étudie l’ensemble d’un groupe, d’une association, d’une institution ou de la société en général et plus on découvre l’individu qui les compose comme plus on étudie l’individu à l’intérieur de ces totalités et plus on découvre l’ensemble qui les abrite; (2) plus l’on considère l’ordre d’un ensemble, plus le désordre qui s’y trouve devient apparent comme plus le désordre d’une totalité se révèle à la conscience, plus le désir est grand en celle-ci de produire l’ordre, là où il n’existait pas, ou de le rétablir, lorsqu’il y était, mais s’était par la suite trouvé absent. § Or, autant l’individu que l’ensemble, l’ordre que le désordre, sont des concepts insaisissables en eux-mêmes, sans se référer à leur contraire, puisque ce sont ceux-ci qui révèlent soit la présence, soit l’absence de leur opposé; et pourtant, lorsque l’un semble être une option optimale, susceptible d’être préférée pour l’esprit lucide, l’autre ne cesse de s’imposer naturellement et nécessairement, comme étant essentiel à une vision complète et intégrale, pure et objective pourrait-on dire, de la réalité: ainsi, ce qui ferait l’objet d’une critique de celle-ci serait non pas la présence exclusive de l’un ou de l’autre, mais la nature et les principes de la relation de l’un à l’autre, considérées sous les catégories de la quantité et de la qualité respective de ces états.» — Plérôme.

[réalité]«Une vision nette de la réalité n’est pas pour autant entièrement intensive: pour autant qu’elle est exprimée avec intelligence et cohérence, la conception qui la transmet se laisse saisir, par ceux qui se donnent l’effort d’atteindre à l’essence du propos qu’elle exprime; mais pour ceux qui espèrent trouver en elle la matière d’une intelligence complète et intégrale de l’être, elle risque de devenir l’objet d’une confusion, celle qui émane de l’appréhension de la signification d’un discours, tout en sachant que, celui-ci étant au départ incomplet — puisque le devoir qu’il renferme n’est pas exhaustif de l’entièreté de sa captation — , elle ne saurait combler le désir inassouvi d’un savoir pleinement accompli, n’ayant pas réuni toutes les conditions qui en assureraient la plénitude, ni même aperçu quelles seraient celles-ci. § Or la confusion créée procède justement de cet écart entre la perspective intelligente, voire incomplète, et l’absoluité à laquelle elle saurait prétendre, si elle était en même temps entièrement réalisée, un écart qui ne se serait jamais laissé deviner, si la vision nette de la réalité, qui en l’occurrence y prétendait peut-être, ne s’était pas communiquée. Ainsi, la confusion qui trahit l’incomplétude d’une même  conception appartient avant tout au propos qui la révèle, si net et si précis fût-il autrement, puisqu’il dégage une forme de l’ignorance qui la situe au-delà de l’horizon de sa possibilité appréhensive, devient-elle pour l’intelligence l’incitation et le tremplin vers une compréhension plus universelle et absolue encore et, en ce sens, plutôt qu’elle ne caractérise un vice déplorable et indépassable de la connaissance, elle représentera pour elle le terme initial et salutaire d’une connaissance qui est apte à devenir plus parfaite encore.» — Plérôme.

[relation]«Le problème avec l’effet placebo, qui se fonde à la fois sur la confiance portée en la puissance de la vie, que l’âme estime être susceptible de voir se rétablir en elle-même, malgré la présence de forces contraires, et sur le désir de croire en la bienveillance des intervenants et en celle de leur engagement à se mettre au service de la vie, en exprimant ainsi la forme la plus élevée de la nature sociale de l’homme, c’est que la même confiance, positive et encourageante, peut se voir transformer en une crédulité désarmante, dès lors que les particuliers en qui la conscience a placé sa confiance consentent à utiliser de leur ascendant naturel, que leur position sociale vient confirmer, afin de faire la promotion, non pas d’un désintéressement, conformément à la déontologie qui correspond à la profession qui est la leur, mais d’un intérêt à favoriser les mesures qui serviraient leurs propres fins, et peut-être même au détriment de ceux qui ont recours à leur service et qui se fient sur leur bonne foi et sur l’excellence de leur compétence.» — Plérôme.

[relation]«Tels sont ceux qui cherchent avant tout le vice caché en autrui afin de s’avantager à son détriment; tels sont ces autres pour qui toute lacune présente en son semblable est l’occasion d’en prendre conscience et d’en découvrir la cause et, en s’associant à lui, de contribuer à l’éliminer, et ainsi de débloquer l’immense potentiel qui est éventuellement empêché de se réaliser en lui, soit en raison de cette lacune qui le subvertit et amenuise à des degrés variables ses moyens, soit en raison de la mauvaise lumière sous laquelle son entourage en est venu à le considérer et qui constituerait  une entrave à la confiance et au respect requis, afin de lui permettre d’exercer la bonté de ses forces et l’excellence de sa capacité à l’intérieur de son milieu social.» — Plérôme.

[religion]«Puisque le principe fondamental de toute religion est le bien, accessible à la conscience droite, sous la forme d’une essence pure, éternelle et divine, voire qu’elle soit conçue différemment peut-être par chacune d’elles, sans toutefois que ces conceptions ne se contredisent radicalement entre elles, horreur à ceux pour qui la religion sert premièrement de prétexte à l’accomplissement du mal !» — Plérôme.

[science]«L’érudition est une forme spéciale de la science, par laquelle l’intellect cherche à épuiser l’état des connaissances sur une question précise, tel qu’il s’est développé au cours de l’histoire et tel qu’elle se reconnaît en l’ensemble des esprits qui se sont intéressés à elle, à chaque moment de son parcours intellectuel, et elle est d’autant plus vaste que son entreprise est profonde et compréhensive.» — Plérôme.

[science]«La science n’est nulle autre chose que la conscience qui, se confrontant elle-même à sa propre ignorance, et s’assumant entièrement comme possédant cette lacune, cherche à combler, au moyen de la raison, par les questions auxquelles elle tente d’apporter une réponse adéquate, le vide épistémologique laissé par cette insuffisance radicale de sa capacité intellectuelle.» — Plérôme.

[société]«D’un point de vue strictement philosophique, la difficulté majeure, éventuellement insurmontable, avec la théorie rousseauiste de la bonté naturelle de l’homme, que la corruption de la société parvient à faire déchoir de son innocence primitive, c’est qu’elle n’explique pas l’opposition fondamentale qui est dressée entre la nature de l’homme et l’essence de la société, elle-même constituée d’hommes, et qui ne saurait exister et se continuer sans la contribution active, formative et  informative de ces membres à qui, puisqu’ils participent activement à son état, l’on imputerait l’influence décadente et perverse. § Or, pour qu’une société puisse se révéler dépravée, et en même temps être constituée d’hommes qui seraient les vecteurs et les agents de son influence corrosive sur d’autres hommes, il faudrait alors expliquer comment l’homme, qui est à l’origine disposé à réaliser la bonté, puisse avoir déchu de cette vertu primitive, pour s’associer à une société qui, elle, ne manifesterait pas la même inclination à faire la promotion de l’innocence et qui, de toute façon, ne saurait exister sans lui, quelle que soit la qualité morale qu’elle illustre en se constituant. § Ou la société est née de l’homme, ou elle ne l’est pas. Si elle n’est pas née de l’homme, comment peut-elle prétendre être composée d’hommes qui chercheront à aliéner la pureté d’autres hommes ? Si elle est née de l’homme, quelle raison peut expliquer la déchéance de ses membres d’une éventuelle pureté originelle et devenir alors un facteur de corruption sur ses semblables ? § Ainsi, sans explication additionnelle, la thèse de l’influence corruptrice de la société, comme relevant de sa nature essentielle, apparaît comme étant gratuite et inexpliquée. En somme, en soulevant le problème du mal — ce qu’il fait en proposant que la société puisse exercer une influence corruptrice sur ses membres —, Rousseau n’apporte aucune réponse, ni quant à la genèse effective du mal, ni quant à la cause susceptible d’expliquer que la société soit arrivée à exercer l’effet maléfique proposé sur la nature de l’homme et de l’humanité.» — Plérôme.

[société]«L’homme contemporain vit à l’intérieur d’une société hautement symbolique où la matière de sa constitution économique en est venue, non pas simplement à fournir la possibilité à l’action, mais à représenter idéalement aux consciences les individus avec des images modèles dont le contenu est archétype et informant: or il importerait de remarquer que, dans cette fonction, il existe un glissement implicite, vers l’objet social qu’est devenu l’individu dont la qualité et l’identité de sa personne avaient reçu une transformation, au moyen de la qualité inscrite dans la matière et qui agit sur la nature animée de la personne qui lui est exposée. § Devant cet effet aliénant de la matière, l’homme doit, pour ne pas se laisser engloutir par sa création morale et ainsi se perdre, retrouver le sens de la primauté de l’être et du vivre sur l’avoir et le paraître, de la dignité effective de la présence humaine sur le prestige qui se manifeste, par le truchement des attributs sociaux accordés à la possession des biens matériels accumulés, afin de se libérer de l’emprise que les artifices de la nature civilisée ont prise sur lui, à un moment de l’histoire de l’humanité qui a précédé l’époque de son actualité et qui a réussi à supplanter, dans sa conscience, un sens plus complet de la réalité métaphysique du monde et de l’intériorité de sa propre spiritualité, et aussi de celle que, implicitement, la sphère de l’organisation politique a consenti aux concepteurs et aux organisateurs de l’univers en fonction de critères qui sont pour l’essentiel matériels. § Car, sauf à accomplir ce retour à une innocence de l’âme et de l’esprit plus originelle et primitive, l’homme sera condamné à devenir de plus en plus tel que l’objet issu de sa propre ingéniosité, cette faculté créative étant devenue non plus simplement un outil, une manière de décupler son pouvoir sur la matière et de faciliter son action spirituelle et intellectuelle sur le monde, mais le moyen par lequel son intentionnalité et son désir sont réduits à la limite de son expression, par les objets mêmes qui, s’ils avaient été utilisés avec sagesse, devaient servir à les accomplir; autrement, l’homme en viendra à troquer la maîtrise sur son âme contre la possibilité de lui accorder une puissance sur la nature qui, tout en créant l’impression factice de pouvoir la dominer, lui fait oublier en quoi elle en est aussi une partie intégrale, intégrante et essentielle, de sa propre nature vivante et spirituelle.» — Plérôme.

[société]«Quelle que soit la puissance de l’énergie vitale, appartenant aux générations montantes, quelles qu’en soient l’habileté, les motifs et les incitations, à vouloir supplanter, au nom de ces considérations et en vertu de ces virtualités, les générations qui l’ont précédée — lesquelles ont elles aussi un jour goûté à l’ivresse et à la joyeuse inconscience de la jeunesse —  et à imposer son hégémonie par leurs idées et par leurs pratiques sur celles qui lui succéderont, il y a une mouvement qui lui échappera toujours: celui par lequel, en vertu d’une loi biologique inéluctable, elle sera appelée à occuper la place dorénavant vacante que son initiative a occasionnée et à devoir composer subséquemment elles-mêmes avec de nouvelles générations montantes qui peut-être, elles aussi, pourraient remettre en question la légitimité, ou simplement la réalité, de l’ascendant qu’elle exerce sur elles.» — Plérôme.

[sottise]«Il n’y a rien de plus désolant, lorsque l’on en a été privée, que de voir la liberté, acquise au prix de patience, de sueur et de sang, être dissipée avec désinvolture par ceux-là même qu’elle serait censée profiter, lorsqu’ils la transformeront, non pas en l’occasion d’un bonheur fondé sur la vertu, qui est l’essence même de la liberté qui se connaît et s’estime, mais de plaisirs sensibles que justifient superficiellement des fantasmes creux, oisifs, décadents et jouissifs, qui sont susceptibles d’impressionner uniquement des mentalités superficielles et futiles plutôt qu’ils n’attirent des esprits aussi éveillés qu’ils sont aptes refléter la maturité et la profondeur d’une conscience des enjeux véritables et réels de l’existence.» — Plérôme.

[sottise]«Tels sont ceux à qui l’on doit tout dire, concernant les choses les plus essentielles, les plus réelles et les plus vraies de la vie, et qui pour toute réponse à la révélation de cette quintessence, trouvent non pas à en méditer la portée et la profondeur, pour se les approprier et les adapter aux circonstances de leur propre existence, mais uniquement à rechercher l’abondance des mots qui distrairait de leur incapacité à se mettre véritablement à l’écoute de conceptions qui pourraient remettre en question leur manière d’être, de vivre, de penser et d’entrer en relation avec autrui.» — Plérôme.

[symbolisme]«Comme Berkeley l’a entrevu, le langage de la nature est le plus grand des symboles qu’il soit donné à l’homme d’interpréter: soma sema.» — Plérôme.

[temps]«L’expérience du temps est la manifestation subjective, appartenant proprement à la conscience des choses, de l’insertion de l’être de l’homme à l’intérieur du monde naturel des choses, possédant des propriétés et opérant selon des lois qui sont indépendantes de la conscience humaine, mais qui sont aussi, mais à un moindre degré, influençables et susceptibles d’être conditionnées par elles, tout en faisant naître en l’âme et en l’esprit des êtres vivants un sentiment qui est inhérent à leur qualité et une impression qui en constitue la vivacité dans l’imagination et la durée dans le souvenir.» — Plérôme.

[université]«Dans l’État profondément et radicalement laïc, l’université, fidèle en cela à son origine spirituelle et sacrée,  représente en réalité une forme de la théocratie et un temple du haut savoir, en lequel règnent les dieux de la connaissance que sont les théoriciens, le découvreurs et les auteurs de prestige, en qui les autorités intellectuelles et les traditions culturelles, dont les enseignants sont les ministres, les oracles, les prophètes et les sacerdotes.» — Plérôme.

[vérité]«Certains passeront des années, et peut-être même des décennies, à formuler une théorie sur la réalité et sur la vie, qui s’attendraient impatiemment à ce que la critique fasse preuve d’une désinvolture et qu’elle adopte ou qu’elle réfute instantanément leur conception, sans recourir à l’étude de ses propositions, à la délibération intérieure sur leur valeur ou même à un débat public qui permettrait d’apprécier sa validité ou son incorrection. Bref, l’exigence implicite qui est formulée, c’est que le public formule au sujet de ses idées une opinion sensée et pondérée, sans privilège d’examen et de réflexion, ce qui constitue le moyen le plus sûr d’atteindre à une polarité radicale des conceptions et à la division inhérente à une telle antinomie, fondées non pas sur des positions mûrement réfléchies, mais sur des parti-pris émotifs et éminemment subjectifs: pourtant, c’est la sagesse qui commande que le penseur pondéré et impartial procède à une telle évaluation, en sachant que le creuset de l’expérience, qui ne s’est peut-être même pas encore produite afin de remplir cette fonction utile, est le meilleur garant de sa vérité inconditionnelle et de sa validité réelle.» — Plérôme.

[vérité]«Il semble parfois que, afin de faire triompher la vérité, l’on ne doive pas uniquement en connaître tous les canons, afin de les énoncer clairement et de les illustrer adéquatement, tous les principes et toutes les nuances, mais encore tous les moyens, historiques et actuels, toutes les ruses et toutes les dénégations par lesquels ses adversaires réussissent à en occulter la réalité et à en discréditer l’importance, afin de déjouer leurs faux semblants et d’empêcher qu’ils n’en annulent les effets bénéfiques.» — Plérôme.

[vérité]«La vérité lie tous ceux qu’elle concerne, ou elle ne lie personne: car il est injuste de faire reposer sur le dos uniquement de celui qui la découvre et la révèle, l’entière responsabilité de vivre, à l’exclusion de tout autre, selon ses canons, lorsqu’elle a été ainsi produite au grand jour.» — Plérôme.

[vérité]«On n’exige souvent de connaître la vérité que pour mieux encore la nier, ainsi que son énonciateur, lorsqu’elle s’avère par trop inconvenante, pour les idées reçues et les conceptions acceptées, ou exigeante, pour les habitudes ancrées et les coutumes établies.» — Plérôme.

[vérité]«Seule la fausseté qui évite de se laisser apercevoir, et donc d’être reconnue, mérite de recevoir l’appellation de «fausseté», comme seule la vérité qui se manifeste pour ce qu’elle est, au grand jour, mérite d’être nommée «vérité»; car une vérité qui est tue, ou que l’on tient sciemment cachée, ne saurait être tenue généralement pour vraie, vu qu’elle ne soit connue que d’un petit nombre, comme une fausseté qui se déclare fausse, sans dire en quoi consiste cette fausseté, ne peut être estimée complètement fausse, puisqu’elle révèle un état qui n’a pas encore effectivement nié la vérité de la réalité qui l’intéresse et par conséquent laisse persister un doute quant à sa qualité.» — Plérôme.

[vérité]«Si parfois elle peut être utile, en raison des bienfaits politiques et économiques qui sont susceptibles d’en résulter, comme l’apaisement des populations et l’orientation de leurs désirs vers d’autres terrains d’exploration intellectuelle et d’autres spéculations imaginaires, la vérité, par la nature et l’ampleur des découvertes qui en procèdent, servira uniquement et véritablement à ceux qui veulent bien l’entendre, dans ce qu’elle comporte de plus fondamental et de plus essentiel à révéler.» — Plérôme.

[vérité]«Toute vérité serait factice et contradictoire, qui tendrait à ériger en matière indubitable les principes qui la fondent, tout en niant, au nom de la vérité qu’elle se représente comme étant complète, d’autres vérités qui sont toutes aussi vraies, mais qui se présentent sous d’autres aspects et sous d’autres apparences — philosophiques, religieux, culturels (linguistiques et symboliques), ainsi que littéraires — que celles qui sont habituelles pour elle et qui constituent l’objet de son expectative.» — Plérôme.

[vertu]  «La déconsidération avec laquelle les âmes bonnes, nobles et saintes, tiennent l’injustice érigée en norme d’action se manifeste dans la conviction qu’il vaille mieux être la victime d’une iniquité, particulière ou collective, que d’en être l’auteur et que, plutôt qu’agir en agent de l’injustice commise, il vaille mieux, comme l’enjoignait Blanche de Castille à son fils, supporter la maladie la plus ignoble et la plus dégradante.» — Plérôme.

[vertu]«Ami au prêter, ennemi au rendre: l’on est souvent plus prompt à exiger le désintéressement d’autrui, dans la considération dont il témoigne face à sa propre situation, que l’on ne l’est à se montrer soi-même désintéressé, lorsqu’il s’agit de comprendre avec justesse et sympathie la situation compliquée et les circonstances difficiles que peut affronter autrui.» — Plérôme.

[vertu]«Dans un monde idéal, le désir de la femme se réalise par l’attrait et le magnétisme qu’elle peut exercer sur autrui, lorsqu’elle exprime une qualité profonde, authentique et estimable; celui de l’homme, par l’extériorisation et l’illustration de qualités morales qui, étant honorables, réelles et admirables, impressionnent la conscience et l’imagination de ses semblables.» — Plérôme.

[vertu]«En raison des obligations qu’elle impose, de ne pas céder sans discrimination aux premières impulsions qui se présentent à l’âme, la vertu s’avère une contrainte parfois fâcheuse et à l’occasion incommodante, mais elle constitue aussi le moyen de la libération profonde de la personne, ce qui en confère la dignité et la grandeur, dans ce qu’elle comporte de plus fondamental, puisqu’elle touche aux virtualités essentielles de son essence.» — Plérôme.

[vertu]«L’on ne doit pas confondre les états de la dignité et de l’orgueil: la première accompagne la force de l’âme qui, face à l’adversité, conserve l’intégrité de sa pureté et poursuit sans défaillir son idéal d’impeccabilité; le second, la façade qui est élevée et cultivée afin de conserver l’illusion de réussir dans cet effort et dans cette entreprise.» — Plérôme.

[vertu]«La vertu feinte, qui fut l’effet de la mimique de Tartuffe, peut certes se révéler utile, lorsqu’elle est constituée en stratégie politique et existentielle, mais la vertu authentique est en définitive l’unique voie vers la finalité réelle qu’elle sert, laquelle est, en raison de sa sublimité, l’unique visée que peut choisir de réaliser une humanité qui aspire à la perfection et à l’achèvement de son essence: celle-ci commande donc de voir en elle le seul recours que la moralité puisse envisager, pour que la conscience incarne l’accomplissement des personnes qui s’inspirent de ses principes.» — Plérôme.

[vertu]«Le talent, comme toute qualité qui promet de se réaliser et qui renferme en soi la forme d’une existence particulière et spécifique, est une possibilité qui n’est pas encore complètement réalisée dont la vertu, qui en représente l’accomplissement, vient en confirmer la présence réelle par l’évidence de son actualisation: c’est ainsi que celle-ci vaut mieux que le talent, mais qu’elle ne saurait prétendre exister, en l’absence de sa virtualité et dont elle manifeste l’achèvement et la compétence de la conscience qui l’exprime. § Mais dans la la distinction et la division ontologique qui s’est effectuée entre la vertu sociale et la vertu personnelle, on en est venu à divorcer le talent de sa réalisation intégrale et effective. Car, en mettant l’emphase sur l’apparence qui se manifeste sur la place publique, indépendamment de la nature qui peut s’éprouver au plan intime et personnel, l’on cultive l’illusion que la seule perfection qui importe est celle qui consiste à intérioriser un rôle social, sans que ne reçoive d’importance l’accomplissement et la plénitude de la personne, tel qu’elle peut s’exprimer au plan individuel de la relation privée. § En raison de clivage donc, la société qui le perpétue dans ses activités, ses normes et ses structures tend à produire deux types d’individus, ceux qui excellent au plan de l’individualité, sans se préoccuper de rencontrer un stéréotype social qui en modèlerait extrinsèquement la forme idéale, et ceux qui savent cultiver une image sociale qui est adéquate à un idéal de perfection qui est valorisé officiellement par la collectivité, sans que cette apparence ne renvoie effectivement à un état d’accomplissement réel, tel que la personne individuelle pourrait l’exprimer dans l’actualité de son être véritable. D’où procède une culture du faux-semblant, du mensonge et de la théâtralité à l’intérieur de la société comme de celle qui se satisfait, dans le choix de ses élites, de faire la promotion d’être vertueux simplement au plan social — ceux qui cultivent le talent de l’entregent superficiel —, sans que cette vertu ne s’enracine dans une authenticité et une sincérité personnelles qui valorisent l’excellence de la perfection morale. Au plan de l’intimité, le mensonge social (d’une apparence superficielle qui n’émane d’aucune substance réelle) se révélera dans une culture de la mascarade et du cinéma, qui se contentera de transposer au plan personnel la fausseté qui émane d’un calque de la vertu sociale, officiellement proclamée dans ses normes légales et sociales, plutôt de vivre réellement selon les exigences de l’actualisation de la personne morale la plus accomplie et la plus parfaite possible, en vertu d’avoir développé au plus haut point ses virtualités personnelles, telles qu’elles appartiennent de manière innée à son individualité et qu’elles apparaissent à un observateur sympathique et désintéressé comme représentant son talent.» — Plérôme.

[vertu]«Pour les partisans de la prépondérance de la force, dont l’usage est soumis uniquement au caprice de son agent, ou encore conformément à une moralité fausse, dont les principes sont souvent invoqués a posteriori seulement, afin d’offrir une justification fictive à l’exercice incontrôlé d’une impulsion qui est pour l’essentiel amorale, qui est parce qu’elle est, sans égard à la bonté de la conséquence ou à une conception même informelle ou esquissée du bien, la vertu devient la manifestation évidente d’une faiblesse et d’une impuissance. Ainsi, une morale qui se comprend en réalité uniquement en se référant à une conception de la moralité dont le fondement échappe à une anthropodicée radicale et qui justifie l’usage de la force, exclusivement en vertu d’une conception transcendante du droit qui trouve son principe originel et son fondement dans la Divinité, dans l’état de la Bonté qui en est l’attribut et dans la conception qu’une conscience juste et informée est susceptible d’en établir, demeure totalement étrangère au culte de la force et de la puissance qui trouvent leur source et leur justification pour l’essentiel dans l’immanence et dans l’historicité de l’espèce humaine.» — Plérôme.

[vertu]«Si l’on considère la vertu dans son essence et que l’on voit en elle l’état profond d’une chose,  i.e. l’essence et la qualité intime par lesquelles celle-ci réalise la plénitude de son être et de sa présence optimale à l’intérieur de l’univers qui est le sien et à laquelle elle appartient, l’on s’aperçoit que, bien avant que d’être une fin en soi, elle est en réalité le moyen d’un accomplissement et d’une perfection et qu’elle acquiert, dans la conscience, le statut d’une fin légitime seulement en regard de la finalité ultime de la tendance qu’elle poursuit, consécutivement à l’illumination, à l’intuition ou à l’inspiration par laquelle l’intelligence reçut cette compréhension et cette conception.» — Plérôme.

[vie]«Toute vie, de son expression la plus simple à ses formes les plus évoluées, croît à la manière d’une plante: elle part d’une semence qui, lorsque les conditions ambiantes sont suffisantes et y prédisposent, sur une période de temps qui est appropriée à l’espèce, se développe pour atteindre la maturité, en vertu d’une disposition qui, étant propre à son essence, se réalise d’une manière qui est à la fois autonome et symbiotique, puisqu’elle repose sur une interdépendance plus ou moins grande avec ses congénères, tout en affrontant et en subissant, pour devoir les surmonter et les optimiser, les conditions de son existence, jusque parfois dans la plus grande des solitudes.» — Plérôme.

samedi 3 septembre 2011

Euthúmèma IV (réflexions) — Révision du 20 avril 2020

[Depuis le 03 septembre 2011, avec mises à jour périodiques. — Since September 03rd 2011, with periodical updates.]

[amitié]«Tels sont-ils qui, ayant reçu de son semblable le témoignage éloquent de son amitié, en viennent à considérer en subalterne, celui qui en a si généreusement fait preuve.» — Plérôme.

[amour]«L’amour se dégrade et cède de sa pureté naturelle, qui autrement trouve son intérêt et sa finalité, même en partie, en favorisant l’avancement individuel, social et politique que le sujet moral espère promouvoir à travers lui.» — Plérôme.

[amour]«La fidélité de l’homme pour son épouse est le miroir de l’amour loyal, incessant et illimité, de Dieu pour sa Création; celle de la femme pour son époux est le reflet de la gratitude de la Création pour la générosité incommensurable de l’auguste présent que Dieu lui a fait de la tirer du néant.» — Plérôme.

[apparence]«Si l’apparent se révèle être le réel, que devient alors la représentation qui, jusque-là, était considérée manifester le réel ?» — Plérôme.

[art]«Le premier art est, matériellement, l’invention du moyen: historiquement, c’est la découverte de l’outil; intellectuellement, celle de la représentation (une image ou un concept); or, il serait difficile de préciser duquel, de l’outil ou de la représentation, l’origine est première et antérieure, puisque cette quête exigerait de s’interroger sur la nature du premier acte humain: serait-il celui de communiquer, qui est un effort de transformation sur la conscience d’autrui; ou serait-il celui de travailler, dans le sens large du terme, qui est l’action de transformer l’habitat et de réaliser un milieu de vie compatible avec l’existence humaine.» — Plérôme.

[bonheur]«Nombreux sont-ils à rechercher le bonheur à l’intérieur des conditions qui les déterminent; nombreux sont-ils encore à désirer transformer ces conditions en lesquelles ils aperçoivent la raison d’une limitation onéreuse et injustifiable: or, c’est le principe du bien, entendu avec justesse et discernement, qui préside à ces élans de l’âme et de la vie qui distinguera, d’une manière désintéressée, entre ces aspirations légitimes qui y mènent, en même temps que ses semblables, et celles qui, étant injustes, sont outrancières et qui, par conséquent, en éloignent les consciences vertueuses et méritoires.» — Plérôme.

[bonheur]«Si l’esprit du Moyen Âge nous semble être si étranger à celui qui prévaut à l’époque contemporaine, c’est que l’esprit historique actuel est concerné pour l’essentiel par le bien-être physique et matériel dont chacun jouit, en appréciant surtout ce qui contribuera à réaliser ces fins; alors que l’esprit médiéval était tout tourné vers le salut de l’âme — de la sienne comme de celle de son semblable — , lequel représentait le plus haut bien-être moral auquel la conscience particulière pouvait aspirer, en valorisant donc tout ce qui pouvait y contribuer: ainsi, pour celui qui vivait à l’époque médiévale, la valeur de l’effort et de la vertu subséquente se mesurait au mérite, que reflétait un «capital» en félicité éternelle qui s’accumulait à son crédit dans l’Au-delà pour celui qui en témoignait, alors que pour l’esprit contemporain, le travail ne prend guère d’importance que s’il comporte un effet immédiat sur l’indice de bonheur matériel susceptible d’être généré par lui, à la fois pour autrui et pour soi, et que l’investissement en énergie requis pour le fournir est inversement proportionnel au bénéfice qu’il espère en récolter; le monde médiéval était tout entier tourné vers les bienfaits spirituels et les objets matériels n’avaient d’importance et ne comportaient d’utilité qu’en autant où ils étaient appliqués à cultiver ces richesses de l’esprit, alors que l’esprit contemporain est tout tourné vers les objets matériels et, en général, la dimension spirituelle ne s’avère utile qu’en autant où l’harmonie qu’elle produit en l’individu relève de son bonheur immédiat, souvent réduit à la sensation d’un plaisir plus ou moins fugitif et éphémère, et que les conditions de l’existence recréeront celle qui, dans les revers de la fortune, aurait cessé d’exister pour lui.» — Plérôme.

[communication]«Il semblerait parfois que c’est moins ce que l’on dit et l’intention qui se laisse découvrir derrière le propos énoncé, qui compte réellement pour la connaissance que l’on en acquiert que ce qui peut en être reçu par l’auditeur avec l’interprétation qu’il peut en réaliser.» — Plérôme.

[communication]«Le pouvoir des mots, utilisé afin d’influencer les pensées et les conduites de ses semblables, s’avère un talent incontestable, mais ceux qui en sont doués doivent se rappeler que les vocables ne sont rien sans l’expérience, le souvenir, les désirs, les espoirs et les sentiments qu’ils évoquent et qu’ils réveillent dans l’âme et dans la conscience de leur auditoire.» — Plérôme.

[communication]«Peut-on faire plus et mieux qu’énoncer, avec le détachement requis, une habilité consommée, une indéniable sincérité et dans les règles de l’art, ce que l’on sait et ce que l’on croit être vrai, sauf à examiner avec sérieux la profondeur et la compréhension que comportent les opinions tenues et les convictions intimes et particulières qu’elles révèlent ?» — Plérôme.

[communication]«Plus le propos est vrai, plus il interpelle et capte l’esprit de ceux auxquels il est destiné, en leur faisant entrevoir une dimension mystérieuse et inconnue de l’existence; plus en même temps il est élevé, plus il les édifie par sa sublimité et les inspire par le désir qu’il suscite en lui de transformer la réalité dans le sens de la hauteur des vues qu’il révèle par son contenu.» — Plérôme.

[connaissance]«C’est une vaine prétention que celle de détenir intégralement et profondément le savoir — et peut-on même songer à un seul penseur qui l’ait explicitement conservée et énoncée ? —: car même en sachant, on ne peut exclure qu’autrui sache également, mais autrement et différemment, voire incomplètement; comme c’est une conclusion hâtive et superficielle que de professer l’inscience totale, car ne sachant pas, on ne peut conclure ni en l’ignorance absolue, ni en l’impossibilité d’atteindre à un plus grand savoir, voire que ce soit, par choix ou par nécessité, le lot du très grand nombre; quant à la position de Socrate, qui avouait volontiers son ignorance, elle était moins le fait d’un scepticisme radical, puisqu’il y avait toujours la possibilité de se confronter au savoir de son semblable, que d’une protestation visant à contrer l’affectation improbable, car irréalisable, de posséder tout savoir. » — Plérôme.

[connaissance]«C’est le daïmon de Socrate qui lui permet d’échapper aux pièges de l’inscience: en effet, en l’absence de cet être «surnaturel», dont la question serait de savoir s’il est simplement un être de raison ou s’il manifeste un être réel — et alors on s’évertuera à spécifier quelle en est la véritable nature —, comment Socrate pourrait-il prétendre à enseigner la sagesse, et ainsi réaliser, à l’intérieur de la société athénienne, la mission qui fut divinement commandée à sa conscience morale, attestée par le témoignage de la Pythie de Delphes, qui le qualifia d’être «le plus sage des hommes», si la totalité du savoir se fonde en réalité sur l’absence de savoir ?» — Plérôme.

[connaissance]«La corruption du savoir passe par l’adultération du message essentiel, tel qu’il est véhiculé dans le propos, i.e. dans le signifiant textuel — naturel, symbolique ou verbal — qui permet de l’exprimer et de le saisir.» — Plérôme.

[connaissance]«Le paradoxe de la connaissance, c’est que l’on doive toujours la recevoir comme étant définitive, puisqu’elle a subi les épreuves épistémologiques qui devaient en démontrer la fidélité et la constance, tout en sachant (ou du moins en supposant) in foro interno, au plus profond de son intimité, qu’elle ne saurait être aussi immuable, puisque ce serait alors conclure en la perfection indépassable de l’intelligence humaine et en l’inutilité, par conséquent, de chercher à compléter ses théories par de nouvelles perspectives et ses principes par la découverte de nouvelles vérités.» — Plérôme.

[courage]«Tel est celui dont le courage est éblouissant et ostentatoire; tel est l’autre encore dont la valeur est discrète et tranquille.» — Plérôme.

[crime]«Le vol consiste en l’art de priver autrui des biens qui lui reviennent légitimement, en étant souvent motivée par la cupidité et l’ambition, l’une n’étant pas exclusive de l’autre.» — Plérôme.

[culture]«En quel monde vivrait-on si la consigne implicite et généralisée, voire qu’elle fût inavouée, était de pervertir le saint, d’abrutir le sage et de mépriser le héros, pour un jour réussir à en faire, en lieu, avec la rééducation que l’on imposerait à leur conscience, un honnête homme ?» — Plérôme.

[culture]«Il y a quelque chose de franchement et de radicalement aberrant si, l’individu se réalisant au plan ontogénique, d’une manière qui accomplit au plus haut point ses virtualités morales et ses possibilités culturelles les plus élevées, il se distingue et il se distance de l’esprit collectif qui inspire et qui meut, d’autant plus qu’il réalise avec succès ce perfectionnement, l’ensemble social qui constitue le lieu physique et culturel de son appartenance native réelle, sans chercher à contribuer à sa réalisation, ni exprimer la reconnaissance de son action, ni même attester de la valeur de sa présence; l’inverse serait également vrai, lorsque l’épanouissement réel et effectif de la culture, au plan phylogénique, ne rencontrerait pas, et peut-être même s’opposerait à elles, les valeurs et les aspirations morales des individus qui la composent: car alors, l’on assisterait à un clivage et à une dichotomie entre ce qui représente l’actualité individuelle et les conditions, comme la signification culturelle et la raison d’être, de sa réalisation.» — Plérôme.

[culture]«La culture est à l’esprit comme l’air est aux organismes terrestres et l’eau aux organismes aquatiques: un milieu en lequel il baigne et qui constitue un terrain sur lequel s’exercera la faculté créatrice dont il est doué.» — Plérôme.

[culture]«La technologie de l’imaginaire, qui tire de son fonds mnémonique une matière originale, qui invente des formes esthétiques inédites et qui les présente à la conscience collective, sert trop souvent d’antidote à une connaissance de la réalité qui, malgré qu’elle puisse inspirer et susciter un sentiment d’admiration et peut-être même d’émulation chez ceux qui en recevraient les conclusions, en raison du génie illustré en les formulant et en les élaborant, pourrait néanmoins remettre en cause les structures sociales en place et les formes culturelles établies et appeler à une profonde transformation des consciences.» — Plérôme.

[destin]«Tels sont ceux qui voient le prochain se noyer et qui, réfléchissant sur les vicissitudes de l’existence, s’étonnent du fatalisme de la vie; tels sont ceux encore qui déplorent celui-ci, pour convenir en eux-mêmes, et peut-être même admettre ouvertement, qu’ils n’ont ni l’étoffe, ni la résolution pour en changer le cours inéluctable.» — Plérôme.

[Dieu]«En définitive, l’expérience apprend à la personne, lorsqu’elle a connu l’épreuve jusqu’à son point extrême et qu’elle a survécu à ce défi posé à son existence, assorti de la solitude résultant de l’abandon par tous, effrayés qu’ils étaient par les difficultés afférentes à un tel état ainsi que par les obligations conséquentes qui en seraient issues pour eux, d’apporter à leur semblable le secours d’une aide compatissante et continuelle, que seule l’action mystérieuse de la Providence suffit à susciter les rencontres salutaires et les événements propices, susceptibles d’assister à les surmonter et de contribuer à contrecarrer les directions déplorables qui s’annoncent comme en résultant implicitement et fâcheusement pour le particulier: c’est une action qui prend alors la forme de circonstances imprévues dont, en rétrospective, l’effet déterminant se produit subrepticement dans le sens du bienfait qui est progressivement et lentement accompli, par les impressions laissées sur la conscience de l’individu qui est ainsi exposé aux aléas de l’incertitude et de la privation des moyens ordinaires qui lui permettraient de survivre, de se réaliser, de connaître le bonheur et de vivre harmonieusement en société.» — Plérôme.

[Dieu]«Le premier et peut-être le plus grand principe de la métaphysique existentielle que l’on puisse formuler est celui-ci: tout ce qui est, provient et devient; et selon que l’on considère la durée de l’être, ou au contraire, sa destination, l’on en constate soit la permanence, soit l’impermanence, pour tantôt convenir de sa réalité, tantôt contempler l’illusion qui fait croire en son éternité. § Par ailleurs, lorsque l’esprit s’attache au premier état, il doit convenir d’une permanence qui est en réalité une finitude; et lorsqu’il réfléchit au second, il prend conscience que l’impermanence est en même temps une infinitude; et comme ce qui est, l’est à la fois en vertu de sa provenance et de son devenir, comme la finitude de la réalité renvoie à l’infinitude de son illusion et comme l’infinitude de l’illusion suppose la finitude de la réalité, cette tension entre l’être qui dévolue en non-être, en raison de devenir, et du non-être qui est le point de surgissement de l’être, en vertu de provenir, se résout en la conscience que l’esprit acquiert d’un mouvement, d’une dynamique qui, en étant, est également un être qui donc provient et devient à la fois. § Mais, en même temps et tout à la fois, l’amplitude et l’abondance de la réalité suggèrent une infinitude comme l’impermanence de sa constitution évoque une finitude et ces deux états entrent dans un rapport complémentaire qui unit et qui réconcilie dans deux contraires, d’une manière qui est incompréhensible pour la raison humaine, puisque cette action contredit le principe qui veuille qu’une chose ne peut pas, à la fois, être et ne pas être. § Or, seul un être transcendant — c’est-à-dire un être dont la puissance surpasse et dépasse, d’une façon mystérieuse, celle de l’être humain, et en effet de tout être vivant qui serait limité par cette opposition de la finitude et de l’infinitude  — , susceptible à la fois de réaliser en son être l’infinitude et de produire, par son action la finitude, serait habilité à effectuer, d’une manière satisfaisante pour l’esprit, la réconciliation de ces contraires, qui proposent que puissent coexister, à l’intérieur d’une même réalité, durable mais fugitive, les couples que sont la permanence et l’impermanence, la provenance et la destination, la réalité et l’illusion, l’immanence et la transcendance. De plus, ce serait un être dont la perfection — l’ultime et suprême réalisation possible — s’inscrirait en dehors de tout temps, tout en ayant la possibilité de s’insérer à l’intérieur de celui-ci, lesquelles facultés définiraient, sans la limiter, sa permanence dans l’éternité et son impermanence dans l’actualité. § Ce serait par conséquent un être qui, réalisant ce mouvement incessant par lequel l’éternité et l’actualité entrent en une perpétuelle conjugaison, sans que l’une n’exclue l’autre, mais alors que l’une se transforme en l’autre, aurait une provenance qui trouverait sa résolution en lui-même et une destination qui aurait son aboutissement en lui-même également. Et puisque ce mouvement, qui produirait l’impermanence par son action, serait issu d’un être illustrant la permanence par son être et qu’il en révélerait l’infinitude de la perfection, sans que celle-là n’enlève rien à celle-ci, seul un être dont la perfection résiderait dans l’accomplissement perpétuel de soi-même serait susceptible de se constituer simultanément la cause et le terme, à la fois de son action impermanente, susceptible de révéler un être permanent, et de son essence intemporelle susceptible de réaliser une action temporelle. Ce serait donc un être dont la perfection consiste à illustrer, à l’échelle de l’éternité et à l’intérieur de l’illimité, une perfection toujours se perfectionnant et dont la Création serait l’illustration par excellence — en autant où la raison imparfaite de l’homme peut la concevoir, voire qu’elle révélât par ailleurs une aptitude immense et peut-être indéfinissable —  de cette action paradoxale.» — Plérôme.

[droit]«C’est la fibre morale de ses citoyens qui constitue un peuple valeureux et non pas simplement sa capacité à briller aux yeux des autres nations: voilà le principe qui vient éprouver la tension qui existe dans la coexistence des peuples et que le droit seul, en dernière instance, est apte à confirmer, dans l’état idéal qu’il parvient à réaliser à travers l’histoire.» — Plérôme.

[droit]«En droit commun, la loi autorise, en principe, tout ce qu’elle ne défend pas et, en pratique, tout ce qu’elle ne peut, ne sait, ne veut, soit concevoir comme étant mauvais, soit sanctionner comme étant répréhensible, et tout ce qu’elle ne se donne aucunement les moyens de remplir ce qui serait autrement son devoir sacré et représenterait une obligation formelle et inhérente de sa conscience.» — Plérôme.

[duplicité]«La mauvaise foi épistémologique exige de ses semblables qu’ils résolvent des problèmes réputés insolubles, ou du moins des énigmes qui n’ont trouvé, jusqu’à présent, aucune solution adéquate, pour ensuite le leur reprocher, si jamais ils échouaient, ou pour refuser de reconnaître leur succès, tout en leur dérobant le crédit, que la gloire et l’honneur accompagneraient, de s’être par conséquent montrés à la hauteur du défi qui leur fut lancé.» — Plérôme.

[duplicité]«Le jeu social suprême, lorsque les relations se fondent sur des subterfuges, des combines et des calculs implicites ainsi que sur des rapports ritualisés dont la présence obligatoire est sous-entendue, pour ne pas dire subconsciente, c’est de faire comme si aucun artifice n’existait pour conditionner l’existence sociale et que la dynamique des rapports interpersonnels se fonde entièrement sur l’authenticité des consciences et la sincérité des sentiments.» — Plérôme.

[duplicité]«Tels sont ceux qui, étant incapables ou peu disposés à respecter leurs propres engagements, exigent néanmoins, et d’une manière intransigeante, que leur semblable garde la parole qu’il leur a donnée, sans songer qu’éventuellement, le défaut de s’être montrés eux-mêmes à la hauteur de leur devoir puisse empêcher matériellement celui-ci de pouvoir rencontrer le sien; d’ailleurs, c’est un tel enchaînement des causes, où l’échec des consciences déontologiques à se valoriser adéquatement en rencontrant les obligations légitimes qu’ils ont assumées et qu’il leur incombe de réaliser, entraîne celui de leurs collègues, semblablement engagés dans un effort de coopération avec eux, à rencontrer les leurs, qui est la cause ultime de la déchéance morale des individus et de la décadence culturelle des sociétés et une telle asymétrie morale représente une manifestation du mal, tel qu’il s’exprime à l’échelle des rapports sociaux et qu’il exacerbe ses effets, dans l’empêchement qui est fait à autrui de témoigner effectivement qu’il ne s’est jamais lassé de poursuivre et d’illustrer un état de vertu morale.» — Plérôme.

[écriture]«Depuis l’invention de l’écriture et du manuscrit, puis du livre, la relation de l’esprit avec le contenu mnémographique de ces techniques n’a cessé d’évoluer: avant l’écriture, la réflexion de l’homme était pour l’essentiel alimentée par son expérience pour ensuite retourner à celle-ci, soit directement, soit par le biais d’une communication informelle avec ses congénères; puis, avec la parution du livre, l’esprit puisait dorénavant dans sa matière les éléments d’une expérience théorique qui y étaient consignés et qui, en principe, lorsque l’on en étudiait la matière et en tirait les leçons et les enseignements adéquats, lui permettrait de mieux composer avec la réalité; mais, avec la prolifération de l’écrit et la spécialisation intellectuelle qui s’ensuivait, en raison de la diversification et de la complication du savoir, le livre est devenu une fin en soi et l’expérience intellectuelle, s’étant mise à se générer et à se développer en vase clos, plutôt que s’en référer uniquement à l’expérience vécue et pratique, afin d’étayer les connaissances qu’elle en retirait, en est venue ainsi progressivement à poursuivre exclusivement des fins théoriques et à puiser aux sources idéelles de son inspiration afin d’enrichir continuellement ses schémas mentaux, sans égard ou avec peu d’égard pour leur pertinence pratique à l’expérience concrète; d’où l’institutionnalisation de la séparation, parfois étanche, que l’on observe aujourd’hui entre le sujet existentiel, qui puise quasi exclusivement son inspiration des expériences personnelles qu’il a menées et qu’il a reçues, et le sujet épistémique, pour qui le livre est l’unique mesure commune de l’expérience humaine qui est susceptible d’être vécue par chacun; or, il serait souhaitable que l’humanité, ainsi clivée dans son intellectualité qui oppose le champ théorique de l’expérience et son champ pratique et moral et les distingue radicalement, dans les acteurs sociaux qui sont appelés à les réaliser, découvre pour elle-même le juste milieu entre deux extrêmes qu’elle a dessinés à l’échelle historique et sociologique et qu’elle s’assure que la technologie du livre se remette au service de la réalité de l’expérience humaine, pour exiger du sujet moral, ni qu’il sacrifie la valeur de l’expérience qui est vécue par lui dans le monde, ni qu’il néglige la culture de son esprit et, à travers elle, la découverte et le développement des élans positifs et bienfaisants de son cœur et de son intelligence, susceptibles de bonifier et de perfectionner sa vie.» — Plérôme.

[éducation]«Ce qui change, à l’intérieur de l’expérience pédagogique, c’est la matière intellectuelle que les pédagogues communiqueront à leurs charges afin de transformer leur conscience et leur personnalité, d’une manière qui réponde adéquatement à la conjoncture sociale ambiante qui constitue leur milieu culturel commun; ce qui demeure constant, et que le disciple ou l’élève transporte avec lui, indépendamment de l’évolution que peut prendre le milieu éducatif par la suite de la progression historique qu’il est appelé à connaître, c’est la méthode qu’il a découverte et qui lui permette d’apprendre, d’une manière qui est congruente, à la fois à ses capacités individuelles, à la possibilité qu’il démontre de fournir un effort soutenu et prolifique ainsi qu’à celle d’intégrer son savoir et son discours au mouvement culturel collectif de la société, en vue de parvenir en même temps à son accomplissement et à la plénitude des virtualités qui sont les siennes.» — Plérôme.

[éducation]«La domestication et le domptage des animaux constitue leur insertion, par l’homme, dans le plan de la spiritualisation de la nature qui est accomplie par lui, en orientant leur liberté vers la réalisation de fins morales qui autrement échappent à la condition qui est propre à leur état qui est simplement naturel; l’éducation des enfants obéit en quelque sorte au même principe, en ce sens que la moralisation de leur liberté, dans un sens qui est ni contraire à leur nature humaine, ni négatrice de celle-ci, constitue l’instauration d’une condition sociale qui est de plus en plus achevée et de plus en plus épanouissante pour la progéniture humaine, en apportant l’ouverture sur une dimension qui autrement échapperait à leur conscience et à leur état: ainsi, cette œuvre pédagogique présuppose en l’homme une disposition et une capacité spirituelles indéniables, comme l’atteste l’histoire de l’humanité et son ascension à des formes de plus en plus sublimes, puisque celle-ci se fit, à des temps différents, malgré des périodes de décadence culturelle et de régression sociale.» — Plérôme.

[éducation]«Le moment éducatif prend naissance, dès la mise en présence de deux individus ou plus, en créant une conjoncture qui suscite un questionnement, grâce à la matière des interactions qui s’ensuivent et par la suite des éléments de réponse qui, lorsqu’ils sont gardés pour soi et consignés à une méditation ultérieure ou qu’ils sont communiqués par les participants entre eux, puisqu’ils paraissent mener à un enseignement concluant, préparent les consciences coopérantes à envisager les prochaines situations et les nouvelles conjonctures existentielles et à s’adapter avec bonheur aux occasions et aux événements subséquents, susceptibles de requérir une approche novatrice de la part de ceux et de celles qui les affronteront, sauf à nier en soi l’appel à la liberté qui est inhérent à la vie et à se plier aux contraintes qui les caractérisent en adoptant une attitude fataliste.» — Plérôme.

[épistémologie]«Écrire sur un thème, en partant de son propre fond, et en explorer les avenues multiples, n’est pas une action identique à celle de discuter un thème que d’autres ont pu aborder et développer par le passé et, par conséquent, inscrire celui-ci à l’intérieur d’une histoire de la thématique et de la discipline à laquelle elle appartient: si l’écriture originale interpelle à la créativité, la discussion d’une pensée invite à l’imitation et à la reconstitution; si l’originalité de l’écriture consiste à faire preuve d’intelligence, à comprendre les phénomènes et les mouvements de la réalité existentielle et à exprimer cette illumination d’une manière inédite, celle de la lecture consiste en l’appréhension fidèle de la matière d’un texte et à son expression d’une manière qui suppose, avec l’interprétation que l’on en accomplit, une adéquation totale à l’esprit qui l’a inspiré et qui se communique à travers lui; voilà en quoi l’activité herméneutique, qui est une forme de la découverte, portant sur la substance d’un contenu intellectuel préalablement élaboré et en principe connu, dans la mesure où elle s’est révélée à un auditoire restreint, privilégié et éventuellement spécialisé, précède et suscite l’activité heuristique, dont la forme de la découverte suppose a priori la circonscription d’un objet général, dont la réalité est en principe commune à une généralité, sinon à une totalité d’expériences, sans qu’il n’ait auparavant été adéquatement appréhendé ni suffisamment expliqué, en raison à la fois de la complexité infinie qui le manifeste et de l’immensité indéfinissable qui le caractérise.» — Plérôme.

[épistémologie]«La science, surtout à ses débuts, tend à étudier le fait comme s’il est un donné incontestable, une réalité immuable qui est livrée à la conscience afin d’en interpréter la nature et peut-être même l’orientation future de son état: or cette conception s’avère inadéquate, comme nous l’apprennent les science géologiques, climatologiques et astrophysiques, puisque le monde est en mouvement et que, sur les éons géologiques et les époques historiques, tout fait qui apparaît aujourd’hui comme étant invariable est le produit de forces et de pressions qui se sont exercées sur les objets physiques et leur ont donné la configuration à l’intérieur de laquelle les faits actuels se présentent à la conscience; ignorer ce principe, c’est vouer la science à l’incomplétude et à la stagnation de ses connaissances, bref à l’ignorance, une conclusion qui est d’autant plus vraie pour les sciences du vivant, lorsque l’intelligence tente de parvenir à la compréhension de ce que constitue la réalité biologique, que, afin de comprendre en quoi consiste le mouvement de la vie, l’on doive nécessairement faire intervenir le facteur de la liberté afin de percevoir adéquatement quelle est la nature des dynamiques qui président aux variations qui caractérisent les individus, ainsi qu’aux directions que prennent leur conduite et les interactions qui émanent de leur autonomie; ignorer ce principe donc, c’est faire acte d’ignorance, en se soumettant à un réductionnisme que le scientifique ne s’autorise même plus à avoir, lorsqu’il se consacre à la pratique consciencieuse des sciences naturelles et physiques, celui de nier au vivant toute espèce de possibilité dans le sens de la liberté, afin de parvenir à une intelligence de son essence.» — Plérôme.

[épistémologie]«La psychologie et la philosophie ne sont deux genres théoriques et deux disciplines pratiques absolument séparés et distincts que s’ils renvoient chacune à une réalité autonome, sans possibilité ni d’établir de lien entre eux, ni de les renvoyer à des genres supérieurs qui sont eux-mêmes étrangers l’un à l’autre réellement et effectivement: or, toutes les deux renvoient à l’être vivant et, qui plus est, le considèrent sous deux regards différents, pour l’une, l’âme, et, pour l’autre, l’esprit, sans qu’elles ne s’excluent mutuellement, et plus encore, alors que ni l’un, ni l’autre ne sauraient être dits exister sans leur contrepartie réellement indissociable, sans que, cela étant, l’un et l’autre ne souffrissent d’une diminution potentielle et essentielle significative; bref, la distinction entre la philosophie et la psychologie reposent sur une préférence théorique arbitraire, selon que la conscience choisisse de considérer tantôt l’esprit ou tantôt l’âme comme étant, chacune de son côté, la manifestation privilégiée de la vie; mais cela étant accordé, affirmer que l’une ou l’autre faculté seraient un manière préférable de concevoir la vie, ce n’est pas permettre de conclure que l’une puisse exister sans l’autre, autrement qu’en se soumettant à un parti-pris méthodologique, ni de dénier la compréhension qu’il existe un lien physiologique qui expliquerait en quoi ces disciplines sont effectivement complémentaires et mutuellement nécessaires.» — Plérôme.

[épistémologie]«On suppose, pour tout chercheur, un peu comme on le fait pour chaque citoyen, lorsque l’on évoque le principe de la présomption de l’innocence, afin d’éviter qu’il ne subisse l’opprobre et l’infamie d’une condamnation injuste, à savoir qu’il est animé, non pas seulement d’un désir absolu de la vérité et de la volonté correspondante d’atteindre à son essence et d’en découvrir les principes, objectivement et impartialement, mais aussi d’une intégrité heuristique qui l’incite à employer toutes les techniques de l’art afin de parvenir au niveau de vérité qu’il prétend avoir atteint et dont il témoigne par la qualité de sa recherche: or, de la même manière que le principe de la présomption de l’innocence sert à protéger l’inculpé innocent d’une poursuite gratuite et fantaisiste, de la même façon celui de la présomption de l’intégrité heuristique sert à protéger le chercheur honnête, dont la compétence indéniable est démontrée par l’excellence de  ses découvertes, de dénégations intéressées et des critiques de mauvaise foi qui peuvent être dirigées contre la nature morale de son caractère; mais aussi, de la même manière que l’on s’attendrait à trouver un ou plusieurs coupables, parmi les inculpés qui sont identifiés, au nom du principe de la bonne foi qui serait censée présider à l’action des enquêteurs, de prévenir consciencieusement l’inculpé d’avoir commis tel ou tel méfait, de la même façon l’on pourrait s’attendre à découvrir parmi les chercheurs ceux dont les motifs et les actions sont en-deçà de ceux requis afin de parvenir à la plénitude de l’idéal recherché; ainsi, le principe idéaliste de la présomption de l’intégrité heuristique doit être tempéré par celui, réaliste et empirique, de la perfectibilité de la nature humaine, telle qu’elle se réalise au plan épistémologique de l’activité heuristique.» — Plérôme.

[esprit] «Tout souvenir interpelle à une conception morale et idéale implicite, laquelle constitue une incitation à la croissance et à l’épanouissement en vertu de savoir rencontrer et se montrer à la hauteur de celle-ci, avec les réalisations et les expériences subséquentes qui pourraient continuer à l’alimenter et qu’il aurait contribué à façonner en fondant son action sur lui.» — Plérôme.

[État]«À l’intérieur d’un État non-confessionnel, l’homme sans foi, ni conviction, en privilégiant naturellement ce qui satisfait à son désir d’existence et de conservation ainsi qu’à son inclination à se tailler une place au sein de l’ensemble, sur ce qui autrement requerrait l’abnégation de ces dispositions, et leur soumission à tout ce qui constituerait pour lui l’idéal qui fondent l’engagement qui est à la base de toute foi et de toute conviction, devient alors la mesure de toute chose: le paradoxe, c’est qu’une telle position épistémologique et existentielle suppose en elle-même une foi et une conviction, si ce n’est qu’en soi-même et en la valeur primordiale implicite de l’être qu’il est et qu’il devient.» — Plérôme.

[excellence]«L’excellence de la médiocrité, c’est la plus grande médiocrité encore.» — Plérôme.

[existence]«Réaliser les plus virtualités les plus élevées et les plus nobles qu’elle puisse concevoir et se représenter: telle semble être la fin la plus sublime que puisse vouloir rencontrer chaque personne morale, lorsqu’elle accomplit l’instanciation de sa propre vie.» — Plérôme.

[expérience]«Ce serait apparemment quelque chose d’affreux si le jugement arrivait à conclure que la même expérience, alors qu’elle est vécue par deux personnes différentes, était subjectivement bonne pour l’une, mais objectivement mauvaise pour l’autre: mais une telle issue n’est-elle pas le résultat de l’attitude ou de la disposition individuelle par laquelle un tel transforme en bien ou en mieux, une conjoncture ou une situation qui, pour tel autre, ne comporte aucune possibilité d’effectuer ce genre d’altération.» — Plérôme.

[femme]«Aussi paradoxal que cela puisse sembler, le vrai pouvoir de la femme consiste à n’en avoir aucun, tout en disposant des moyens amples et abondants requis pour exercer son influence et réaliser son action, situées pour l’essentiel au plan de l’extériorisation de la puissance de son être ontogénique et phylogénique.» — Plérôme.

[femme]«C’est en tant qu’elle est authentiquement femme, et non en tant qu’elle est l’émule ou l’ersatz de l’homme, que la femme devient réellement et est véritablement libre; et comme la liberté qu’elle réalise s’oppose à l’aliénation que l’on pourrait faire de sa personne, celle-ci ne saurait se complaire, lorsqu’elle est parvenue à la plénitude de cet état, dans l’aliénation éventuelle dont elle pourrait découvrir la présence chez tout autre être libre, y compris chez l’homme, et encore moins de contribuer à l’occasionner.» — Plérôme.

[foi]«Rien ne ressemble plus à la foi que l’inconscience, alors que toutes les deux sont des états qui semblent surgir d’un fonds intérieur dont la spontanéité échappe à toute tentative d’en offrir une explication immédiate: mais alors que l’inconscience se fonde sur l’ignorance même des enjeux profonds de l’existence et des grandes questions qui se rapportent à l’état de la vie, la foi, quant à elle, s’appuie sur une connaissance aiguë et de plus en plus poussée de ces choses en même temps que sur le mystère impénétrable qui en éloigne toujours plus loin l’échéance des solutions définitives, pour en lieu proposer à la conscience des éléments de réponse, tout en procurant la conviction que de telles solutions existent, qu’elles se situent au cœur de la vie elle-même et que, puisque l’engagement sincère et profond existe d’en appréhender et d’en approfondir les essences, d’en faire la promotion auprès de ses semblables et de vivre selon ses exigences les plus sévères, elles ne sauraient désavantager, qui plus est elles ne sauraient qu’avantager pleinement, celui qui témoigne d’une telle vision et d’une telle disposition.» — Plérôme.

[guerre]«En matière de sécurité, intérieure ou extérieure, la haine de l’ennemi — celui qui existe réellement ou encore celui que la société se crée pour elle-même — devient souvent la religion des peuples, servant à motiver l’agression systématique que l’État pratique à son endroit et les actions belliqueuses qu’il mène sur son territoire.» — Plérôme.

[histoire]«Le danger intellectuel et culturel serait que l’homme s’inventât des théories philosophiques innovatrices afin de s’éloigner des vérités plus anciennes, en raison pour elles de s’avérer trop pénibles ou trop difficiles à contempler, ou encore en étant animé de la conviction orgueilleuse, que les idées du passé sont par essence surannées et que seules les pensées contemporaines, inspirées de l’actualité, sont dignes de considération et authentiquement aptes à inspirer la constitution du futur.» — Plérôme.

[histoire]«Par ce qu’elle révèle du mouvement qui caractérise le sujet de son étude, une organisation vivante ou un ensemble inerte, une institution, une activité ou un individu, ou encore des interactions qui les caractérisent dans les rapports qu’ils entretiennent entre eux, des directions qu’ils suivent et des tendances qu’ils révèlent à l’intérieur de ce mouvement, sans négliger l’appréhension des conditions et des causes qui sont à l’œuvre, lorsqu’elles agissent sur toutes ces variables, l’histoire constitue sans aucun doute, avec l’étude des exemples et des types qui sont constitutifs de ses événements, le meilleur enseignement qui puisse se donner sur la moralité, la liberté, la nature, spontanée ou déterminée, de leur origine, de leur déroulement, de leur constitution et de leur organisation ainsi que sur les particularités des éléments et des objets qui sont au cœur de l’intérêt qu’elle suscite dans l’esprit de ses témoins.» — Plérôme.

[histoire]«S’il est loisible de conclure à la perfectibilité des sociétés, c’est en vertu de l’analyse rétrospective de l’un ou de plusieurs états antérieurs en lesquels elles ont existé lorsqu’ils sont à l’état actuel de leur réalisation et qu’ils semblent être moins accomplis que celui-ci: mais n’est-ce pas en réalité conclure que, parce que les descendants de tous ceux qui les ont précédés existent toujours, et que cette permanence ainsi que cette endurance se traduisent par une longévité plus grande et moins onéreuse à supporter comme par une technologie plus avancée, par rapport à celles qui existaient antérieurement, cet état historique argue en faveur d’une conviction préalable, d’autant plus établie et apparemment justifiable qu’ils pourront anticiper que les générations subséquents pourront un jour jouir d’une vie plus longue et rendue moins ardue et plus aisée, en raison de bénéficier une technologie encore plus perfectionnée. § C’est qu’ils ont défini de cette manière le progrès grâce auquel ils mesurent dorénavant leurs succès, pour conclure que l’évolution consistera en une courbe démographique ascendante, de gens qui vivent de plus en plus longtemps et de plus en plus confortablement, grâce à une maîtrise de la matière à associée à une compétence technique avérée. § Mais en réalité, quelle assurance ont-ils que leurs ancêtres, qui vivaient moins longtemps, en disposant de moyens plus simples et plus précaires de surmonter, de combattre et de neutraliser tous ces facteurs qui empêchaient de jouir aussi complètement de la vie que maintenant, étaient pour autant moins heureux et moins vertueux qu’ils pouvaient prétendre l’être ou le devenir ? Surtout lorsqu’ils sont obligés de considérer que la technologie est engagée dans une course effrénée à se démultiplier, accélérée par une démographie qui croît de manière exponentielle et que les populations de l’humanité occupent comme elles exploitent une terre qui, elle, ne gagne aucunement en superficie et, qui plus est, est condamnée à fournir à fournir à l’humanité des ressources qui, une fois épuisées, ne sont pas renouvelables ? § Une telle conclusion, que le projet de voyager vers de nouveaux mondes et de coloniser de nouvelles planètes reportera peut-être, portera nécessairement l’humanité à réfléchir, non seulement à la faiblesse de l’argument qui définit le bonheur par le progrès technologique et la longévité des existences, mais encore à la nature réelle du bonheur après lequel les individus aspirent et à la qualité de la justification des expériences particulières que feront, en recourant à cette conception, ceux qui le réaliseront, alors qu’un si grand nombre des membres de l’humanité se verront obligés par le destin à sacrifier celui qui leur est destiné, en totalité ou en partie, afin d’assurer que leurs semblables pourront hériter des bienfaits qui en sont, par convention, le signe et l’évidence.» — Plérôme.

[homme]«Plus l’humanité déchoit de sa perfection intrinsèque, plus la raison est active dans le travail qu’elle effectue sur la réalité: c’est que la raison est la manifestation d’une aliénation, entre l’état idéal tel que nous en pressentons l’existence antérieure et en représentons,  symboliquement ou matériellement, la forme (d’où la nostalgie de l’Âge d’or, du Paradis, de l’Éden) et celui que nous croyons pouvoir imaginer et édifier, et peut-être même reconstituer, afin de compenser le manque et la peine, éprouvés par la conscience et l’expérience, de sa disparition, de son absence et de sa perte.» — Plérôme.

[idéal]«Lorsque l’action d’un individu est à la hauteur des prescriptions de son devoir et de l’importance de ses responsabilités, que celles-ci sont le reflet de sa capacité véritable et que les circonstances lui offrent la possibilité de les réaliser, adéquatement et spontanément, de la manière la plus accomplie et dans la coopération la plus parfaite des esprits et des cœurs, le mouvement collectif et la dynamique sociale en vue d’un idéal pleinement réalisé s’accomplissant sans histoire et sans heurts, s’agira-t-il, en proposant cette conjecture, de visualiser une utopie ou d’anticiper sur ce que serait effectivement la fin de l’histoire ?» — Plérôme.

[idéal]«Se justifier face à soi-même, sincèrement et sans détour, devant l’idéal de perfection que la conscience morale s’est formulée afin d’inspirer a conduite et son action, est déjà une tâche ardue et pénible; se justifier face à autrui, lorsque la nécessité des circonstances l’exige, l’est d’autant plus, puisque cette justification requiert en même temps que l’on s’entende sur un idéal de perfection qui est semblable et compatible, sinon identique, tenu en un commun partage,  et que les interprétations distinctes et parfois divergentes, pour ne pas dire contraires et incompatibles, que l’on se forme de l’idée qui la fonde puissent éventuellement se réconcilier entre elles, tout en la révélant adéquatement.» — Plérôme.

[idéal]«Tant qu’à posséder et à vivre selon un idéal, qu’il soit le plus élevé possible: mais peut-on simplement concevoir vivre sans idéal ?» — Plérôme.

[idéal]«Tels sont ceux pour qui l’idéal de perfection qu’ils se proposent d’incarner et d’exemplifier constitue, en dehors d’une conception adéquate de la nature objective de cet état, l’unique forme de la perfection, susceptible d’exister pour soi et de faire l’émulation d’autrui.» — Plérôme.

[idéal]«Tout homme est capable de formuler, à son esprit, les idéaux les plus élevés, les plus nobles et les plus sublimes, mais seuls les moyens surnaturels lui permettront de les accomplir, en se montrant prêt à verser le prix et à fournir l’effort requis pour les réaliser: l’inspiration qui alimente la spontanéité de la créativité imaginative par laquelle il en formera l’idée esthético-pratique; la grâce qui infusera, transformera et transportera l’action bienfaisante, de sorte à lui aider à surmonter les difficultés inévitables qui autrement en empêcheront la concrétisation et l’accomplissement, conformément à la perfection la plus complète qu’il désire lui conférer; et la production du kairos, la conjoncture précise de la situation et des événements qui, en procurant le terrain de sa réalisation, rendront possibles l’accomplissement qui est souhaité et voulu.» — Plérôme.

[idée]«Dans l’écart qui existe entre l’idéal et sa réalisation, l’idée sert parfois de rempart à la réalité dont elle émane, pour mieux encore la défendre, contre la critique qu’éventuellement elle serait susceptible de susciter, de n’être pas à la hauteur du noble concept que la conscience propose pour en inspirer et en modeler la manifestation, ainsi que la personne de tous les sujets moraux qui seraient aptes à l’intérioriser et à vouloir vivre selon ses principes.» — Plérôme.

[idée]«L’abstraction bien comprise ne constitue pas un masque sur l’ignorance qui a recours à cet expédient mais plutôt se fonde sur une profonde connaissance et serait susceptible de la révéler, dès lors que l’intelligence se montre prête à faire l’effort d’accéder à la plénitude de la signification qu’elle comporte.» — Plérôme.

[imagination]«À quel point la société parviendrait-elle si, s’agissant pour un individu de faire avancer ses intérêts et de réaliser ses désirs particuliers, celui-ci peut se gratifier d’imaginer toutes les extravagances et de dire n’importe quoi sur n’importe qui, tout en demeurant néanmoins être assuré d’être cru et peut-être même encouragé dans cette direction, à l’intérieur d’une dynamique sociale qui trouve son avantage à perpétuer cette tendance collective ?» — Plérôme.

[imagination]«C’est le cinéma qui est à l’image de la vie et non la vie qui est à l’image du cinéma; et si grâce à l’imagination, on parvient à façonner la réalité, et si l’imagination a le pouvoir d’accomplir ce travail, c’est qu’il existe une réalité préalable sur laquelle cette faculté agit et qui suscite le désir de la former selon des idées esthétiques qui naissent de sa créativité, mais non pas indépendamment d’une expérience préalable, d’archétypes traditionnels et de modèles historiques dont la puissance formatrice sur la conscience ne saurait être ni niée, ni dépréciée.» — Plérôme.

[imagination]«Dans le rêve, comme dans le film et dans le roman, comme dans toute fiction et dans toute construction imaginaire d’ailleurs, l’auteur peut faire dire, penser, sentir et agir tout ce qu’il veut à ses personnages, selon la perception qu’il en cultive, l’image qu’il veut en créer et le message qu’il veut transmettre à travers eux: voilà quelle est la puissance de l’artiste qui parvient alors, par son œuvre, à inspirer la découverte et l’usage de la créativité chez son semblable, sans nier pour autant la dimension morale de cette faculté.» — Plérôme.

[imagination]«L’imagination fantaisiste se fonde sur le principe de la fiction qui dépasse la réalité alors que l’imagination réaliste adopte le principe contraire de la réalité qui dépasse la fiction: l’une cherchera à transformer la réalité en vertu des formes qu’elle tirera de son aptitude imaginaire alors que l’autre tentera de percer le voile que lui oppose l’apparence pour mieux appréhender la réalité qui l’informe discrètement et implicitement; car, l’une n’est pas exclusive de l’autre, vu que s’il existe une possibilité pour l’imagination créatrice de s’exprimer, rien n’assure qu’elle le fera d’une manière transparente et évidente et que, par ailleurs, si l’intelligence admet que la réalité aperçue renferme une part d’ineffable et de mystère, alors rien n’empêche d’employer son imagination à dépasser les limites de sa perception et se figurer en elle-même quelles formes l’insaisissable et l’indéterminé pourraient prendre, sans déroger aux exigences à la fois de l’adéquation et de la véridicité.» — Plérôme.

[imagination]«Lorsque la vérité devient trop pénible à supporter, le fantasme, le mythe et la légende deviennent le refuge de ceux qu’elle opportune.» — Plérôme.

[injustice]«Celui qui s’approprie injustement une œuvre et en revendique faussement pour soi la création, s’approprie certes la crédit, l’honneur et la gloire de l’avoir réalisée, lorsqu’il accomplit ce forfait avec succès, mais ce sont toujours un crédit, un honneur et une gloire usurpés qu’il récoltera: ainsi, il ne saurait indéfiniment se soustraire à la reconnaissance de son imposture, si ce n’est que dans l’intimité de sa conscience et sous le regard d’un Dieu juste et omniscient à qui reviendra, en raison de la déficience ou en l’absence d’une justice humaine, historique et formelle — comme à l’intérieur d’un État où règne la corruption généralisée —, le soin d’initier l’immanence de la satisfaction et de la réparation adéquates.» — Plérôme.

[injustice]«Toute injustice présente deux aspects: d’abord la malveillance qui inspire le délit et dont la dissipation et l’éradication sont nécessaires, si l’on veut prévenir que celui-ci ne se répète et ne se reproduise avec la commission d’autres infractions semblables; l’effet matériel et formel de la faute ensuite qui se répercute autant sur la victime de l’injustice, en vertu du préjudice réel et moral qui est occasionné par elle, que sur ceux qui en sont, de proche en proche, les tributaires, par toutes les conséquences délétères, susceptibles de résulter effectivement de l’acte par lequel s’est opérée la victimisation, y compris mais sans se limiter à elle, la tendance à l’acte inique de se perpétuer, en créant à l’intérieur des consciences une disposition inconsciente, soit à le dupliquer, soit à encourager la duplication par un semblable influençable.» — Plérôme.

[innocence]«La naïveté, c’est la confiance qui n’a pas encore trouvé ce qui pourrait en être la limite ou qui n’a pas encore éprouvé ce qui pourrait en être la trahison; par ailleurs, la désillusion que ces contraintes pourraient l’obliger à subir, si elle en éprouve la solidité et la constance, ne saurait remettre en cause l’authenticité et la pureté de l’innocence qui la fonde, le cas échéant.» — Plérôme.

[intelligence]«C’est lorsque l’on s’est conforté avec une vision bien établie et avec une compréhension éminemment satisfaisante des choses que la vérité jusqu’alors inaperçue et auparavant insoupçonnée ébranle le plus, puisque non seulement elle remet en question, pour éventuellement les confirmer, le cas échéant, les principes les plus fondamentaux et les opinions les plus stables que l’intellect s’était formés afin d’asseoir la raison de l’existence humaine, mais encore parce qu’elle bouleverse et compromet jusqu’à la confiance personnelle — peut-être même amplifiée par le sentiment périlleux d’une infaillibilité et d’une invulnérabilité illusoires — en la capacité profonde à prétendre effectuer, d’une manière adéquate et significative, le travail intérieur de la théorisation intelligente et l’amour-propre correspondant qui accompagne cette perception.» — Plérôme.

[intelligence]«L’homme se flatte de pouvoir transcender la réalité de son intelligence et de constituer avec la raison une représentation des conceptions qui en sont le produit, en oubliant cependant que, si élevées que soient celles-ci, si profondes et si complètes qu’en fût l’expression qu’il en réalise, elle requiert toujours qu’elle se perfectionne, qu’elle atteigne , dans l’idéal, à l’unité et à la compréhension parfaites et que, à défaut d’accéder elle-même à ce terme ultime, elle accueille les témoignages de ces qualités avec sérénité et abnégation, pour reconnaître en elles le point suprême auquel peut prétendre l’intelligence de l’homme, qu’il fût atteint par soi ou par autrui, en cette époque ou en une autre; à défaut du bonheur que procure un tel succès, du détachement qui et nécessaire à effectuer une telle reconnaissance  ou de l’effort continuel qui est pratiqué sur sa personne à rechercher le perfectionnement de l’une ou de l’autre fin, la pensée ne sera jamais autre chose qu’un prétexte à effectuer une activité oiseuse qui semble justifier la présence de cette faculté et de cette puissance, sans possibilité réelle toutefois de déboucher sur l’appréhension adéquate et sur la transformation optimale de la réalité, physique et sociale, qui en est la finalité.» — Plérôme.

[intelligence]«L’intelligence vraie vise à acquérir une vision complète de la réalité et ne saurait espérer l’appréhender que dans son envergure totale, sa complexité intégrale et dans sa profondeur entière, en l’explorant sous toutes les avenues possibles et imaginables qu’elle pourrait emprunter, non pas seulement en restreignant la conscience à considérer la matière que lui en livrent directement les sens, mais aussi en laissant se heurter la compréhension à laquelle elle atteint à celle que se sont formées d’autres intelligences, le tout afin de mieux encore éprouver, lorsqu’elles se sont exercées consciencieusement et avec désintéressement, ce qui en serait la lucidité, l’inspiration et l’intuition primitives et fondamentales sur lesquelles elle se fonde afin de développer ses perspectives et de tirer ses conclusions.» — Plérôme.

[intelligence]«L’intelligence est une vertu éminemment sociale: ainsi ne se contente-t-elle pas d’appréhender et de reconnaître la vérité qui siège dans les choses, mais aussi doit-elle savoir reconnaître, en ceux qui en expriment l’excellence, par leurs œuvres, leurs conduites et leurs actions, l’exercice adéquat de la faculté qui en manifeste évidemment la réalisation, dans l’insertion historique qui en est accomplie par les sujets moraux.» — Plérôme.

[intérêt]«L’esprit que détermine exclusivement l’intérêt individuel ou partisan ne saurait formellement reconnaître — sauf lorsque, par accident, elles informent des positions intellectuelles préalables, dont elles ne nient ni la valeur intrinsèque, ni la validité épistémologique —, les idées bonnes et justes, émanant d’une conscience autre que la sienne, et, lorsque leur qualité indéniable, leur valeur éminente et leur utilité incontestable s’imposent à lui et le contraignent à les faire siennes, il ne saurait transcender ses intérêts immédiats et faire preuve de la générosité intellectuelle requise pour en accréditer ni la provenance, ni l’auteur.» — Plérôme.

[justice]«La question de la complémentarité de la justice, conçue comme étant la condition essentielle de la vie de la société et la finalité ultime de son état optimal, et de la charité, perçue comme étant, à l’échelle collective, le principe dynamisant de la bonté du désir, de son actualisation et de sa réalisation, est le problème central de toute philosophie politique: et pourtant, elle est souvent offusquée par la dialectique phénoménale qui se laisse observer dans l’actualité et dans le déroulement du mouvement sociologique qui caractérise leur instauration, c’est-à-dire l’expérience qui oppose, à l’intérieur d’une dynamique étatique autogène, le désordre comme réaction naturelle à l’ordre répressif et l’ordre comme solution rationnelle au désordre opprimant.» — Plérôme.

[liberté]«Aucun plaisir ne vaut le sacrifice de sa liberté: seule une plus grande liberté encore, apte à résulter pour ceux qui en seraient les bénéficiaires, pourrait justifier que l’on commette un tel acte dont la valeur, indissociable de la bonté vers laquelle elle tend, est sans prix.» — Plérôme.

[mal]«La faute consiste en la mauvaise gestion de la liberté, et sa gravité se mesure en proportion du degré de l’écart entre l’idéal, qui en serait le meilleur usage, et l’usage réel qui en fut effectué et qui se démarque de cette conception, susceptible d’être réalisée: la notion de péché tente de définir les conditions subjectives et morales de cet état tandis que celle du crime cherche à en préciser les conditions objectives et sensibles; et si ces deux notions divergent, dans l’interprétation qui leur est accordée, si l’on s’entend, par convention, à nommer péché, ce qui n’est pas crime, et crime, ce qui n’est pas péché, c’est que l’on n’a pas encore résolu intellectuellement les énormes problèmes philosophiques que posent la distinction significative des essences, relativement à la question du mal, ainsi que l’harmonisation de la subjectivité et de l’objectivité par lesquelles cette nature se laisse apprécier, tantôt au plan de la transcendance, tantôt selon la dimension de l’immanence.» — Plérôme.

[mal]«Les mêmes principes qui, lorsqu’ils sont entendus adéquatement et qu’ils sont appliqués fidèlement et intégralement, produiront le bien (et, par conséquent, seront le reflet de la bonté de l’agent moral qui leur donne une effectivité) sont ceux qui, une fois qu’ils sont trafiqués, adultérés, déformés, et amputés de certains éléments essentiels et autrement contrefaits, par une conscience malheureuse, inconsciente ou maléfique, seront à l’origine de toutes les gradations et de tous les degrés du mal, du plus bénin au plus sérieux, lequel n’est en réalité, comme l’a énoncé saint Thomas d’Aquin, que l’imperfection relative, voulue ou consentie par elle, du bien.» — Plérôme.

[mal]«Puisque le mal est un concept négatif et qu’il signifie a priori l’absence du bien, voire qu’il fût éprouvé subjectivement comme étant une essence particulière, en raison de la souffrance, de l’inconfort ou déplaisir occasionnés, le seul au-delà du bien et du mal possible, pour reprendre la formule de Nietzsche, c’est le bien qui ne connaît aucune dérogation et qu’aucun mal n’atteint ou ne corrompt en son essence.» — Plérôme.

[moralité]«L’on devra un jour se poser la question, en ce qui concerne le moment de leur apparition et du mode de leur propagation historique, que ce soit par périodes successives ou en raison d’une coexistence continuelle, et peut-être même mutuelle, des deux formes principales que prend la moralité: celle du succès, qui se mesure objectivement en quantité de bien-être sur l’échelle verticale du prestige social; et celle de la vertu, qui s’estime subjectivement par la qualité du bien-être éprouvé, sur l’échelle horizontale de la stabilité sociale.» — Plérôme.


[moralité]«La moralité peut se concevoir comme étant la disposition au bien qui s’harmonise idéalement aux sollicitations bienfaisantes, issues d’une situation en laquelle prévaut l’amitié sociale et politique, et éventuellement personnelle, et qui répond aux conjonctures adverses en assurant une heureuse créativité, sans jamais sombrer dans un état qui nierait ni l’essence, ni la valeur, ni la nécessité de cet état pour un monde dont le sens de la liberté réside dans l’aspiration réelle que l’ensemble social y entretient, à parfaire la conception de sa plénitude comme à faire l’accomplissement de sa perfection, c’est-à-dire dans celle d’atteindre à la liberté véritable.» — Plérôme.

[moralité]«Voilà quel est le grand principe moral: l’amour, comme la vie dont ce sentiment est l’essence et cet état est la substance, ne peut spontanément et gratuitement nier l’amour qui est présent en autrui, sans en même temps se nier lui-même; la raison qui en émane, lorsqu’il est le principe actif et adéquat de la réalisation de la vie sur le monde, étant douée de la liberté qui manifeste cette gratuité et cette spontanéité, soit contribuera à actualiser l’amour et à en exprimer la forme la plus haute possible, soit s’érigera à son encontre et le combattra, au nom d’une conception imparfaite, superficielle et transitoire de l’amour et de la vie; d’où le mal dans le monde, en tant que les hommes et les êtres vivants en général en peuvent être les agents moraux à l’origine d’idées, de conduites et d’actions qui trafiquent l’idéal de la perfection et lui substituent une moralité de la convenance pragmatique et de la nécessité de l’idéalité pratique que tempère et conditionne l’intérêt égocentrique et immédiat.» — Plérôme.

[mythe]«Dans son sens le plus élevé, le mythe cherche à énoncer la vérité absolue et éternelle que voile et transmet à la fois l’aspect fabuleux de sa narration, soit que cette vérité dusse rester cachée pour ne pas être trafiquée par les consciences superficielles et obtuses, soit qu’elle dusse se transmettre subrepticement en raison de troubler les conviction superstitieuses qui fondent les structures officielles du pouvoir: il est donc une invitation aux esprits perspicaces à tenter d’en déjouer les artifices et d’en pénétrer les voiles afin d’atteindre à la substance de la vérité qu’il transporte en elle, dans l’espoir qu’elle transformera pour le mieux leur existence, tout en éloignant les pensées trop superficielles qui  ne parviendraient qu’à en sophistiquer le message profond et réel par des interprétations fantaisistes et illusoires; en cela, le mythe se distingue du mensonge qui cherche uniquement à occulter la vérité et, par ce moyen, à consolider l’intérêt qu’il y aurait à conserver et à maintenir un état d’ignorance, et il a pour dessein de protéger la vérité de la dénaturation qui pourrait en résulter, lorsqu’elle est soumise à une interprétation inexacte ou injuste alors que le mensonge manifeste l’intention souvent implicite de cultiver un état illusoire et falsifié plutôt que s’appliquer à en découvrir et à en transmettre le caractère véridique; le premier illustre l’esprit de prudence qui est le propre de la sagesse alors que l’autre témoigne de la disposition à la fausseté qui est mise au service de l’intérêt immédiat et qui caractérise la sophistique.» — Plérôme.

[paix]«Le sentiment archétype originel est celui de la paix, l’idée de l’harmonie existante entre la nature et la conscience, que vient la confirmer la présence effective de cet état, accessible à l’expérience que la conscience peut en pressentir; la pensée devient alors le sentiment spirituel qui naît du constat que cette tranquillité est rompue, menant au désir ainsi qu’à l’effort de découvrir les moyens effectifs réels du rétablissement de cet heureux équilibre.» — Plérôme.

[philosophie]«La philosophie critique doit être autre chose qu’un collimateur géant, employé à broyer et à détruire les idées, même excellentes, qui sont soumises à son examen et empêcher par cela que celles-ci ne viennent perturber un statu quo existentiel qui se complaît à demeurer ce qu’il est, tel qu’il est dans la conception la plus statique et stagnante du terme, plutôt que s’employer à devenir ce que commande la destinée sociale et collective de l’ensemble, lorsqu’elle se fonde généralement sur une finalité honorable et sur une vertu admirable.» — Plérôme.

[philosophie]«Puisque, comme l’affirma un jour Jeanne d’Arc et après elle, Saint-Exupéry, l’essentiel n’est visible que pour les yeux du cœur, on ne doit pas oublier de considérer que les qualités qui dérogent de l’essence — l’adventice, l’artificiel ou le superficiel —  le sont également, la peine et la désolation étant d’autant plus grandes que  la séparation est marquée entre l’aboutissement final et le résultat que le sujet moral était en droit de s’attendre à voir se réaliser.» — Plérôme.

[psychiatrie] «Si, selon leur expression la plus simple, telle qu’elle se conçoit uniquement au plan du sentiment naturel, inspiré par des expériences émotives réelles — des expériences qui ont été  vécues à l’endroit de personnes historiques, telle que la mythologie a pu nous les révéler, par l’entremise des légendes qui nous en ont transmis la nature et la qualité de l’existence —, le complexe d’Œdipe passe, pour l’enfant mâle, par l’amour exclusif de la mère au détriment de celui du père; et le complexe d’Électre, pour l’enfant femelle, par l’amour exclusif du père au détriment de celui de la mère; l’on pourrait raisonnablement imaginer que le complexe d’Iphigénie passerait, pour l’enfant femelle, par l’amour exclusif de la mère au détriment de celui du père; et que le complexe d’Horace passerait, pour l’enfant mâle, par l’amour exclusif du père, au détriment de celui de la mère.» — Plérôme.

[psychosexualité]«Dans l’idéal, la culture, comme la civilisation, sont la réalisation, ni de l’homme, ni de la femme, lorsqu’ils sont pris individuellement et séparément, mais de l’homme et de la femme, en tant qu’ils se réalisent complètement et mutuellement selon leur nature ontogénique et générique propre, en illustrant un rapport et une dynamique complémentaires où cette mutualité des complétudes se résout en un mouvement phylogénique adéquat, excellent et optimal.» — Plérôme.

[psychosexualité]«L’harmonie des sexes passe à la fois par la reconnaissance chez l’homme de la sensibilité féminine et chez la femme, en l’homme, d’une sensibilité féminine.» — Plérôme.

[raison] «Ce n’est pas parce que l’on n’a pas acquis la possibilité de voir en la nature suprasensible de l’homme, ou encore parce qu’elle a cessé de l’apercevoir (et peut-être même ira jusqu’à la nier), l’expression d’une réalité qui dépasse les cadres de l’empirisme et du sensualisme naturel, que par la même occasion celle-ci cessera, soit de se manifester, soit de réaliser sa dimension surnaturelle: car, en définitive, existe-t-il de nature suprasensible plus évidente, même pour le sceptique le plus pyrrhonien, que la raison ?» — Plérôme.

[réalité]«La réalité se découvre au plan de la vérité qui se sache derrière la multiplicité et le degré des apparences sous lesquelles elle se présente, lesquelles en occultent, en la diffusant, l’essence comme elles en multiplient à l’infini les manifestations possibles, en raison de réaliser sa communion implicite à l’indicible du mystère qui, par elle, se transmet dans la substance de l’expression qu’elle reçoit dans le phénomène.» — Plérôme.

[reconnaissance]«La question de la reconnaissance, intimement associée à celle de la légitimité, est peut-être le problème le plus fondamental et le plus épineux de la philosophie morale et politique, puisqu’il renverse l’ordre des états et des pouvoirs, en requérant de ceux qui éprouvent ce sentiment l’humilité de s’effacer devant la valeur indéniable de son semblable, indépendamment de son rang et de son importance dans la société .» — Plérôme.

[reconnaissance]«Plus l’effort est réel, plus la qualité de l’accomplissement est grand, plus remarquable est le talent qui y a contribué et plus l’abnégation démontrée est élevée, qu’elle provienne de l’humilité de la disposition ou qu’elle soit exigible d’une société qui est peu disposée à témoigner de la gratitude, plus le désir de la reconnaissance est exacerbé, car il est lié à la nature même de la vie, en raison de l’infinité de son essence sociale et de l’aspiration à la perfection à laquelle elle autorise, lorsqu’elles sont opposées à la finitude du monde en laquelle elle est plongée et qu’elles sont appelées à agir sur elle.» — Plérôme.

[religion]«On peut concevoir, à un plan mythologique et religieux, que l’avatar est celui qui, ayant longuement contemplé le spectacle de la condition humaine, et s’en trouvant fortement désolé, se propose d’y participer dans l’espoir de pouvoir contribuer quelque peu à son amélioration et à son perfectionnement: cependant, une telle conception ne saurait admissible si elle n’implique pas aussi celle d’une existence antérieure et par conséquent une palingénésie ontogénique, une possibilité que la notion de l’immortalité de l’âme ne saurait a priori rejeter.» — Plérôme.

[religion]«Puisqu’il vit au plan de l’éternité, de l’infinité et de l’illimité, mais qu’il réalise, en l’homme, une nature incarnée, c’est-à-dire intimement associée à la phusis qui en supporte, en alimente et en réalise la substance, le véritable esprit religieux inscrit son action à l’intérieur de l’histoire, de sorte à informer les événements et les circonstances qui la définissent et élever son mouvement comme sa direction au plan des valeurs qui en caractérisent et en illustrent l’essence: il s’oppose en cela à l’esprit simplement naturel qui, dans la trajectoire de l’histoire qu’il tend à subir, se contente de suivre les élans affectifs des acteurs sociaux et politiques et de subir les conditionnements physiques qui en caractérisent l’entropie, comme de tout ce qui est proprement naturel d’ailleurs, à laquelle rien ne s’oppose pour autrement, en réalisant les valeur transcendantes de la bonté, de la vérité et de la beauté, la sublimer et la métamorphoser en un état plus utile, meilleur et plus parfait.» — Plérôme.

[responsabilité]«La situation risque de devenir inextricable lorsque ceux-là même qui, parce qu’ils en ont la responsabilité, ont la charge de définir les problèmes qui se présentent à leur fonction et de découvrir la solution qui convienne, afin de redresser et de corriger la situation, ne parviennent pas à remplir cette obligation et demeurent imperméables à toute forme de suggestion qui puisse les éclairer sur la nature de cet état et sur les raisons de ce blocage.» — Plérôme.

[ruse]«Lorsqu’elle emploie ponctuellement le mensonge, afin de contrer les méfaits d’un ennemi commun, la ruse est une vertu qui repose sur les talents de l’imagination et de la création esthétiques afin de parvenir à ses fins, qui sont celles de se porter à la défense d’une cause juste et d’en faire activement la promotion, jusque dans la destruction des causes morales et physiques qui pourraient s’opposer à son actualisation; mais lorsque le mensonge est habituel et qu’il sert uniquement à faire l’avancement de fins égoïstes et particulières, dictées par le caprice, la cupidité et l’intérêt, sans égard pour le bien-être ou le bonheur de ses semblables, on peut alors le compter parmi les vices qui représentent un pouvoir de dissolution sur le tissu moral et une occasion de rupture du lien de confiance qui assure la cohésion des membres de la société, en l’absence duquel nulle association, ni commerce, ni société ne peuvent prétendre à l’unité, à l’intérieur de l’esprit collectif où prévaut l’idéal moral de la finalité bonne et vertueuse que la citoyenneté tend à vouloir accomplir.» — Plérôme.

[sacrifice]«L’humanité cessera de péricliter le jour où elle s’abstiendra de sacrifier ses idéaux les plus élevés comme ses meilleurs éléments aux désirs inavoués, aux ambitions illimitées, aux appétits insatiables, aux frénésies incontrôlables, aux peurs viscérales, aux appréhensions irrationnelles, aux insécurités profondes et aux frayeurs instinctives de l’ensemble.» — Plérôme.

[sacrifice]«La solidarité qui se donne pour fin de réaliser le plus grand bien représente la forme de l’abnégation la plus difficile à exprimer, puisqu’elle suppose un aboutissement qui, tout en s’étayant sur le sacrifice personnel, n’offre aucune garantie, ni de récolter un bénéfice immédiat, ni même l’assurance de jouir des bienfaits que cette réussite entraînera éventuellement, lorsqu’est entier et irréversible le sacrifice, exigé en raison de l’état imparfait de la justice sociale, appelée à la reconnaître et à la rétribuer: ainsi, seule la foi en une justice parfaite, qui est appelée de toute nécessité à s’actualiser, en vertu de son essence, peut fonder et entretenir une telle attitude, sauf à prétendre trouver dans l’expression exacerbée de la valeur altruiste, comme certains le concevront sûrement, l’instance d’une absurdité et d’une folie qu’aucune capacité, ni pensée, ni idéalité, ni finalité, ni intelligence, ni volonté, ni activité humaines ne sauraient entièrement justifier.» — Plérôme.

[sacrifice]«Toutes les quantités d’encre, ou des autres substances scripturales, employées à des fins analogues, toutes les dépenses en salive et en vocalisations habiles, ne valent pas une seule goutte de sang, versé par un martyr, qui a fait sienne la devise ad majorem Dei gloriam.» — Plérôme.

[sagesse]«La voix de la sagesse est souvent la dernière à être entendue, principalement parce qu’elle requiert la sécurité, la tranquillité et la sérénité de la conscience pour que celle-ci soit en mesure d’apprécier la valeur des principes intelligents et éclairés qui sont aptes à constituer son enseignement.» — Plérôme.

[sainteté]«Certains deviennent des saints parce qu’ils le veulent bien et qu’ils sont prêts à consacrer leur effort à réaliser la vertu qui témoigne de leur état accompli; et d’autres parce que les circonstances l’exigent et qu’ils se trouvent forcés de s’engager sur cette voie qui, aux yeux de leurs semblables, développe en eux les qualités qui les rendent méritoires de cette caractérisation: mais alors, n’est-ce pas la liberté ainsi que le désir de maintenir et de surpasser sa vertu, qu’inspirent et que soutiennent une conception de la transcendance et la foi en un Dieu qui en est le fondement et la réalisation, qui distingue la véritable sainteté de la conformité héroïque, souvent mimétique, aux exigences d’une conjoncture historique, lorsque l’extrincésité d’une discipline politique, collective et sociale y dispose, pour ne pas dire l’impose.» — Plérôme.

[sentiment]«La sincérité, qui est l’adéquation, pleinement assumée, de la conscience à l’opinion qu’elle émet, aux conduites qu’elle affiche et aux actions qu’elle entreprend, est le premier pas vers l’accession à la liberté, qui est l’adéquation de la conscience à l’état de la réalité, extérieure et indépendante, c’est-à-dire du désir que le sujet moral pourrait exprimer sur elle.» — Plérôme.

[sentiment]«Le sentiment de la solitude est un état que tous sont appelés à rencontrer, à un moment ou à un autre de leur vie: elle signale la profondeur d’un manque, d’un vide, d’une absence qui demandent à être comblés, et pour laquelle la réponse, qui est convient à la personne de chacun, peut ou non se faire attendre, avant qu’elle ne se découvre et qu’elle puisse faire s’évanouir l’ennui  parfois douloureux, parfois insupportable, mais toujours vague et diffus, qui est associé à cette privation.» — Plérôme.

[société]«La confiance, c’est-à-dire la possibilité de la témoigner comme d’en recevoir l’expression, lorsqu’elle est ancrée dans la constitution des individus qui sont dignes de ces actes, est le ciment véritable, profond et essentiel de toute société civilisée.» — Plérôme.

[spiritualité]«Serions-nous déjà plus que ce l’on est, en le devenant, et que lorsqu’on l’était, avant d’entreprendre cette transformation, que lorsque l’on est parvenu à le devenir ?» — Plérôme.

[spiritualité]«Si l’on admet que nulle personne ne puisse juger autrement qu’à travers un point de vue qui lui soit particulier, c’est-à-dire la conception de la vérité et de la vie qui procèdent d’une réflexion, implicite ou explicite, sur une expérience personnelle unique, telle qu’elle est susceptible d’être interprétée subjectivement par une conscience distinctive, et que par conséquent ce point de vue se rapporte véritablement à l’être tel qu’il est, a priori et conformément à son centre originel et essentiel, et à celui qu’il est devenu réellement, tel que les situations, les circonstances et les péripéties de l’expérience l’ont formé, seule une mise en suspens de cette perspective établie, de manière à pourvoir considérer d’autres perspectives éventuelles, susceptibles de compléter ou encore de se substituer à celle-ci, pourra occasionner une transformation du point de vue fondamental — qu’il est convenu de nommer une conversion —, laquelle procédera alors, soit d’une ouverture encore plus grande à l’expérience originale qui se présente à elle, soit de la recherche d’une expérience différente, susceptible de produire un effet intime et intérieur, soit d’une situation de force majeure, qui impose à la conscience de vivre une expérience inattendue, issue d’une situation naturelle (un catastrophe ou un cataclysme) ou provenant d’une source surnaturelle (un prodige ou un oracle), dont l’intensité et la prédominance produiront une métamorphose spontanée, en ébranlant la suffisance et la complaisance à l’intérieur de laquelle le sujet moral s’est enfermé par habitude.» — Plérôme.

[subjectivité]«Pour ceux qui reprochent à autrui, et peut-être même se reprochent à eux-mêmes, de témoigner d’une subjectivité dans leurs pensées et dans leurs actions, cela servirait peut-être de leur rappeler que tout acte de création est d’abord et avant tout une expression de la subjectivité, laquelle est susceptible de se constater objectivement, soit, mais dont la valeur première est d’illustrer d’abord et avant tout un génie, présent en la personne, et l’état de la liberté qui est nécessaire à la manifester, en raison de la relation intime que cet état entretient avec sa volonté de vivre et de la possibilité de l’extérioriser. § Ainsi, reprocher à quelqu’un de recourir à sa subjectivité, afin d’exprimer son rapport au monde et dans le monde, c’est en même temps lui reprocher sa liberté, ou à tout le moins la manière qu’il aura de la manifester et de l’exercer. Et, puisque personne ne chérit rien autant que sa liberté propre, il s’ensuit que le reproche adressé à son semblable de faire preuve de subjectivité dans sa conduite et dans ses actions constitue l’aveu, soit de vouloir ramener cette subjectivité à la sienne propre, soit de la ramener à la subjectivité d’un autrui dont la valeur sociale est estimée supérieure à celle dont dispose l’individu dont l’usage qu’il fait de sa liberté apparaît comme étant contestable. § Tout le domaine du politique repose ainsi sur cette dialectique de la subjectivité et de l’objectivité, soit qu’il exprime une harmonie des volontés, lorsque la valeur respective des subjectivités est reconnue, soit qu’il prescrit une soumission ou une adhésion à une volonté qui est estimée supérieure et digne de l’autorité qui lui est consentie. D’où il ressort que le problème de la liberté est un problème éminemment moral et qu’il s’ancre dans une conception de la légitimité et d’une manière de légitimer et de justifier en droit cette légitimation des volontés — comme, au plan pratique, à l’intérieur d’une logique de l’adversité et de la concurrence, plutôt que de l’entraide et de la coopération, il conduira à définir les tactiques et les stratagèmes afin d’affaiblir les prétentions à l’habilité d’en disposer à sa guise —. § Il aboutit par conséquent à la théologie qui seule est susceptible de définir le fondement essentiel, le critère capital ainsi que, de toute nécessité, la qualité substantielle de l’agent suprême, susceptible de constituer la dynamique des volontés qui interagissent dans l’illustration de leur subjectivité, à laquelle une capacité de réalisation offre la possibilité d’une manifestation objective, et d’établir éventuellement des hiérarchies, susceptibles de départager la valeur assignée par l’ensemble social aux volontés individuelles et particulières qui le composent et de justifier l’importance respective qu’il convient de leur apporter, dans l’éventualité où s’établira entre elles une dissonance significative et une incompatibilité perturbatrice.» — Plérôme.

[temps]«En vertu du phénomène du rétrécissement ou de la contraction du temps, favorisé par une spiritualité qui est enfermée dans la sensibilité et qui est conditionnée par elle — un état que révélait, sous une des manières d’en interpréter le sens, l’aphorisme orphique du soma sema —, les horizons de la pensée se rapprochent de plus en plus du plan horizontal et caractérisent un état que confère à l’esprit un rapport de plus en plus immanent de la conscience à la réalité, seules les vertus que représentent les modèles et les types adoptés par la culture immédiate et officialisés par elle, à l’intérieur des médias et par les figures de l’autorité qui en imaginent et en propagent l’idéalité de ses manifestations sensibles, deviennent pour les consciences particulières des représentations sociales qui sont dignes d’une émulation par la généralité de la citoyenneté, à l’exclusion de celles qui ne rencontrent pas ses critères idéaux, mais aussi de celles qui, en raison de l’excellence insigne éventuellement plus élevée dont elles témoignent, pourraient devenir accessibles aux consciences, si elles cultivaient davantage la dimension transcendante de leur esprit et donc accédaient à la dimension intemporelle de l’histoire et des êtres illustres, hommes, héros, saints, sages, anges et dieux, qui ont inspiré l’édification de l’entendement que l’on est susceptible d’en posséder et si elles étaient encouragées par la culture, ainsi que par les agents et les institutions de la société qui la développe, en ce sens admirable et louable.» — Plérôme.

[travail]«Si dans l’idéal, le travail représente un épanouissement, gratuit et libre, de la personne qui l’accomplit, le salaire, les honoraires et les émoluments qui lui sont versés expriment la reconnaissance qu’éprouve la société équilibrée et harmonieuse de l’excellence de l’activité constructive, bénéfique et inspirante, qui en procède pour les cœurs et les esprits qui la composent; dans la pratique, la réalité sociologique reflète souvent une situation qui est aux antipodes de cette conception, alors que, en défiance d’un droit fondamental, les hommes se sentent aliénés dans l’exercice d’un métier qui ne convient guère à leur talent inné et à leur disposition naturelle, qu’ils se voient obligés de revendiquer une compensation juste et adéquate pour un travail réalisé avec une excellence et une compétence suffisantes et parfois même que l’on exige qu’ils sacrifient la qualité de l’œuvre qu’ils réalisent aux exigences ponctuelles et expéditives que la société, telle que la mentalité ambiante et prévalente les font connaître et que les lois les imposent à ses membres actifs.» — Plérôme.

[travail]«Tels sont ceux pour qui le travail consiste à entraîner autrui à imiter la forme particulière que prend la médiocrité en l’ouvrage qui procède de leur effort.» — Plérôme.

[vérité]«Ce n’est pas ce qui se dit d’une chose qui compte en définitive, mais ce qui, de celle-ci, se laisse apercevoir comme étant vrai.» — Plérôme.

[vérité]«Deux défis majeurs sont posés à l’entendement: l’être qui se présente sous l’apparence du non-être; et le paraître qui se manifeste en l’absence de l’être; et alors que tous les deux états sont trompeurs, l’un a pour source le désir de témoigner de l’abnégation, l’autre a comme origine la volonté de cultiver l’illusion. § Ainsi, celui-ci fait preuve d’un débordement de l’être dont en réalité le sujet moral ne dispose pas, alors que celui-là illustre la contenance de l’être qu’en réalité la personne possède adéquatement et pleinement. Et si le premier désire récolter un certain nombre d’avantages et préserver ceux dont il bénéficie actuellement, en maintenant un état qui est éventuellement aussi ostentatoire qu’il n’est apparent, l’autre préfère jouir de ceux qui résultent de l’état et de la qualité de l’âme qui existent réellement, sans égard pour l’opinion qu’il serait susceptible de faire naître en autrui, voire qu’il appréciera néanmoins celle qui ne lui serait pas défavorable, issue du fait d’être authentiquement qui il est, c’est-à-dire comme il est, aussi intégralement que possible. Ainsi, l’un s’ancre dans l’orgueil et la complexité du paraître qui est en réalité vide de l’être tandis que l’autre se fonde sur l’humilité et la simplicité de l’être qui se contente de son être tout simplement, voire en aspirant à en réaliser la plénitude. § Or, certains feront autant de l’un comme de l’autre une tactique de survie et de maintien de l’existence, l’une étant équivalente à l’autre, dans l’expression qu’elle fait de l’intention d’illustrer la volonté de vivre  qui est la sienne. Et peut-être est-ce exact, en ce sens où, selon les mots de l’Écriture, le soleil brille sans discrimination sur les bons comme sur les méchants, la distinction étant que ceux-ci démontreront alors d’un principe moral qui est entièrement différent de celui qui inspire ceux-là et, à la limite, qui est diamétralement opposé au leur, pour inspirer et guider une même propension à la vie et, éventuellement, une même intensité de cette disposition. Mais une telle phénoménologie n’est pas faire la part entre la vérité ou la fausseté de ce qui est, ni n’est-elle apte, en suivant ce relativisme, à trancher objectivement entre les événements ou les circonstances qui sont désirables celles qui sont indésirables , sauf à proposer que serait indifférente, la question d’adjuger entre des qualités métaphysiques opposées et contraires et, de ce fait, supposer que des mondes puissent se fonder sur des principes fondamentalement incompatibles, puisqu’ils sont de nature contraire, et en même temps coexister indépendamment, sans que l’un ne heurte l’autre, ni ne comporte d’influence significative sur lui, au-delà de savoir constater son existence. En réalité, d’une telle dynamique naîtront, soit la transformation d’un monde par l’autre, qui, lorsqu’elle s’opère dans la mutualité, occasionnera la naissance d’un monde nouveau, soit la rivalité entre un monde et l’autre menant soit à l’assimilation de l’un par l’autre, soit à sa destruction. § Ne reconnaissons-nous pas là deux thèmes religieux majeurs, présents en de nombreuses religions: en premier lieu, à défaut d’afficher la plus complète des indifférences, le désir enthousiaste de convertir l’Infidèle ou l’Incroyant à des croyances et à des valeurs dont l’excellence et la supériorité apparaissent indéniables à l’adepte, soit par la persuasion du prosélytisme missionnaire, soit par l’argument prépondérant de la force et des armes, et, en second lieu, la nécessité historique d’une Apocalypse, d’une guerre pour terminer toutes les guerres, pour que l’on dépasse la simple juxtaposition de conceptions morales  antinomiques et irréconciliables et que triomphe définitivement l’essence du bien sur celle du mal ?» — Plérôme.

[vérité]«La vérité objective est une représentation qui porte sur l’état d’une réalité ou l’expression d’un phénomène qui sont invariables et constants pour toutes les consciences, en tous les temps et en tous les lieux; la vérité subjective est celle qui porte sur ceux qui pourrait ne comporter un pareil caractère que pour un individu, ou certains individus particuliers, en réponse à une condition singulière qui trouve à se réaliser à l’intérieur d’une réalité commune à tous, mais qui ne se révèle qu’à leurs consciences individuelles.» — Plérôme.

[vérité]«La vérité intégrale ne saurait faire l’objet d’une critique: elle se perçoit plutôt, dans la conscience que le sujet moral en acquiert, elle se saisit, parfois même avec un travail acharné à en reconnaître les contours et à en connaître les principes, elle se médite, elle se contemple, elle s’approfondit, quant à ses raisons, ses fondements, ses racines et ses origines, et elle se découvre quant à ses possibilités actuelles et ultérieures, grâce à la réflexion qui procure ces effets, mais jamais on ne saurait remettre en question les perspectives qu’elle révèle, sauf à admettre l’incomplétude qu’elles peuvent transporter en elles, puisque celles-ci sont et ne sauraient ne pas être et que telle est la nature de la vérité d’être à la fois immuable, parce qu’elle est éternelle, et incontestable, puisqu’elle est nécessaire, tout en étant éminemment flexible, puisque dans ses multiples aspects, elle s’adapte à toutes les circonstances et à toutes les situations afin de constituer toutes les réalités; d’ailleurs, et même plus encore, c’est au nom de la vérité que toute critique s’opère, puisqu’elle est la mère de toute possibilité, de sorte que renier ou déformer la vérité, c’est en même temps effectuer le retrait radical à la critique de toute prétention à la légitimité de son essence, de son existence et de son caractère.» — Plérôme.

[vérité]«Le mème, dont le slogan, politique ou publicitaire, est l’illustration par excellence de la vétusté de son emploi dans le discours public, est une idée qui s’insère et se transmet à l’intérieur de la conscience collective comme représentant une vérité à ce point évidente qu’elle est indiscutable ou jugée irréfutable par ceux qui la transportent: en cela, il s’apparente à l’axiome en mathématiques et à un principe original et fondamental, jugé recevable en raison de cette qualité; et pourtant, comme toute idée qui est proposée à une conscience libre et morale, dont l’intelligence peut apprécier la pertinence, la congruence et la possibilité pratique, il mériterait d’être considéré sous l’angle de la vérité, d’une manière objective et détachée, afin d’assurer qu’il ne devienne pas le véhicule de quelque valeur ou quelque contenu qui véhicule, en les occultant, des convictions ou des croyances qui, si elles ne sont pas fausses, du moins restent inavérées.» — Plérôme.

[vérité]«Le paradoxe de l’homme, ou peut-être son inconsistance, s’exprime dans le désir que l’on frappe son imagination, en exigeant même parfois que l’on y parvienne, alors que si l’éclat du message s’avère être trop fort, il ne peut s’empêcher de détourner son regard de ce qui irritait ses conceptions antérieurement; c’est contre cette tendance d’ailleurs que luttait symboliquement la secte antique des fixateurs du soleil, à laquelle la légende rapporte que Homère appartenait, et dont les adeptes les plus convaincus se reconnaissaient à la cécité qui les frappait.» — Plérôme.

[vérité]«S’il est vrai qu’une formulation, si bien tournée et si sincère fût-elle, n’est pas pour autant vraie, il n’en résulte pas pourtant qu’elle serait fausse, puisque seule la vérité est garante du vrai et que seules sa perception et sa communication adéquates peuvent se transmettre fidèlement, indépendamment de l’excellence de la valeur esthétique du style qui en rende certes plus agréable la réception, mais sans en altérer le fond d’une manière qui est significative et essentielle.» — Plérôme.

[vérité]«Si la vérité se définit comme étant l’adéquation de la pensée aux choses sur lesquelles elle accorde son attention pénétrante, et, dans l’absolu, celle de la pensée à toute chose, y compris à elle-même, l’intelligence en est la perception juste, complète, profonde et fidèle que complète une raison apte à en apporter une formulation de son universalité qui est compréhensive, de son essence qui est profonde et de son éternité qui est transcendante.» — Plérôme.

[vérité]«Tels sont ceux qui aiment la vérité parce qu’elle est vraie; tels sont ceux uniquement qui l’apprécient parce qu’elle est utile et convenable.» — Plérôme.

[vérité]«Un brin de vérité peut se comparer au point infime de lumière qui se laisse apercevoir au bout d’un tunnel que parcourt le voyageur qui autrement est entièrement envahi et rempli par des ténèbres opaques, ou encore à celui qui est émis au loin par un phare dans la nuit et qui néanmoins oriente infailliblement le pilote dans sa course libre sur l’océan.» — Plérôme.

[vertu]«L’honnêteté que le sujet moral assume est une vertu complexe car elle est toujours accompagnée de la vérité et du courage: soit de la vérité que l’on sait et du courage que l’on exprime de l’énoncer, lequel se nomme la franchise; soit de la vérité que l’on croit et de celui dont on témoigne de l’exprimer néanmoins, lequel se nomme alors la sincérité.» — Plérôme.

[vertu]«Tels sont ceux qui se contentent de bien paraître, plutôt qu’ils ne cherchent à être, sincèrement et réellement, une personne de bien.» — Plérôme.

[vie]«Chacun tient à la vie, bien sûr, car il n’est rien de plus naturel que cette attitude : le tort c’est de croire que, ou d’agir comme si, la plénitude de la vie est un bien que l’on peut posséder, dont la manifestation dans les biens que l’on posséderait effectivement serait l’évidence, plutôt qu’un état intérieur, celui de l’être et de la conscience, auquel l’esprit atteint et dont la possibilité d’en éprouver la présence est restreinte à une classe limitée d’individus — celle à laquelle chacun appartient bien évidemment — , et que par conséquent le désir de vivre que l’on porte en soi dusse s’exercer à l’encontre et malgré celui qu’autrui se sentirait en droit de manifester.» — Plérôme.

[vie]«Le penser, le dire et l’agir sont les trois aspects du vivre, qui est l’adéquation de l’individu, impliqué dans un rapport intégré et équilibré avec le milieu naturel, et de l’être, qui accomplit la plénitude de cette adéquation, conformément aux virtualités qui sont les siennes et aux efforts appropriés et constants à les réaliser, le tout à l’intérieur d’un univers social où les individus sont mutuellement engagés à se parfaire, dans l’accomplissement qu’ils réalisent de la nature et qui, par les produits qui en manifestent concrètement l’opération, définit la culture qui procède de cette action et des activités qui en procèdent.» — Plérôme.