vendredi 11 novembre 2011

Euthúmèma V (réflexions) — Révision du 20 décembre 2020

[Depuis le 11 novembre 2011, avec mises à jour périodiques. — Since November 11th 2011, with periodical updates.] 

[action]«Ceux qui enjoignent au changement oublient trop souvent que celui-ci peut se faire autant dans le sens du meilleur que dans celui du pire: par conséquent, l’on ne saurait exiger, de celui dont la conscience et l’intention sont droites, pures et entièrement dévouées au bien, celui d’autrui comme celui de lui-même, de réévaluer et de modifier son attitude, sauf à l’inciter à vouloir un plus grand bien encore et à appuyer une mesure qui réponde à la bonté d’un tel désir (ou à refuser d’appuyer une mesure dans le sens contraire): ce principe suppose alors que les voies existent, de mener à bien cette fin, qu’existe un accueil effectif et bienveillant au bien-être espéré et à l’action qui le produit, et que, par conséquent, aucune mauvaise volonté ne caractériserait la culture de la société et l’esprit de ses dirigeants, ni aucune incompétence n’en entraverait délibérément et impunément l’impulsion comme l’effet, ce qui accorderait à cette volonté d’amélioration de se révéler être autre chose que l’expression illusoire d’un vœu pieux, superficiel et éphémère.» — Plérôme.

[action]«Une attitude de la pensée contemporaine particulière pose problème, en même temps qu’elle illustre une décadence regrettable, pour la conscience historique et épistémologique de la culture occidentale: c’est qu’elle a réduit l’action d’informer à n’être plus que la communication et l’échange de renseignements alors qu’en réalité, l’information est le principe même de la spécification de toute action et de toute effectivité sur le monde, conformément aux particularités de la nature de l’agent, de la conjoncture à l’intérieur de laquelle il est appelé à agir ainsi que des mobiles et des motifs qui président à l’initiation libre, spontanée et créative de son interaction avec elle; ainsi, la communication en est venue à se concevoir en opposition à l’agir — le temps d’entendre et d’écouter signifiant une suspension de la volonté et de l’action qui en procède —,  alors qu’en réalité, elle serait censée, comme pour toute action en général, procéder d’une cause supérieure, intelligente et rationnelle, et constituer une manière d’agir qui améliore et enrichit fondamentalement la faculté de l’action et complète toutes les autres formes particulières de l’action susceptibles d’être influencées par elle, en lui fournissant sens et direction, y comprises celles qui sont ambiantes et, par leur présence, prédisposantes, voire contraignantes.» — Plérôme.

[âme]«La véritable quête de l’âme trouve sa résolution avec la plénitude de la vie: le moyen de cet achèvement est l’amour dont l’accomplissement se parfait dans l’inclusivité de l’essence particulière de son semblable, y compris de ses virtualités propres, en autant qu’elles tendent vers leur finalité vitale; et l’évidence, la preuve de sa réalisation est le bonheur, dont la profondeur et l’intensité sont proportionnels au degré de la complétude qui est atteinte.» — Plérôme.

[âme]«Le paradoxe de l’âme: si, en vertu de sa substance immatérielle, l’âme participe de l’éternité et de l’immortalité, l’exercice des capacités et des possibilités inhérentes à la nature vivante devient conditionné, lorsqu’elle participe à l’expérience immédiate, par la réalité qui circonscrit son existence et qui s’inscrit dans un temps historique, mais sur laquelle elle agit pour la transformer et en altérer les conditions pour les générations actuelles ou futures.» — Plérôme.

[amour]«Ceux qui sont préparés à sacrifier l’avenir du bonheur que promet l’amour à l’immédiateté du plaisir que leur autorisent à entrevoir l’immaturité de leur désir ou la fantaisie apparemment aléatoire de leur caprice ont peu compris quelles étaient, autant pour le bonheur de l’individu que pour le bien-être de l’humanité, l’importance de cet état et la valeur réelle de ce sentiment, dont la manifestation la plus élevée se réalise dans l’intensité, dans la profondeur et dans la plénitude de la subjectivité, ressentie par le sujet et exprimée par lui, laquelle ne se laisse pas réduire à être simplement la réponse à un appétit physiologique  et l’assouvissement d’un instinct biologique.» — Plérôme.

[amour]«L’amour devient l’ultime principe de la justification morale, lorsque l’action du sujet moral est remise en question et qu’il exige de lui que son mobile déterminant s’abreuve à la source pure et inaltérable du principe qui en fonde absolument la raison d’être et la finalité, comme le choix des moyens qui permettent de les actualiser.» — Plérôme.

[amour]«Où est l’amour et quelle importance lui accorde-t-on réellement, dans l’infinie variété des manières que se choisissent les individus afin de mieux se distinguer et affirmer leur autonomie et leur différence irréductible ? — voilà la question fondamentale qu’il convient de se poser, à l’intérieur d’un monde où règne l’idéologie du pouvoir et de la richesse qui à la fois l’accorde, par les moyens qu’elle démultiplie de l’acquérir, et en signifie la possession, en accordant à ses détenteurs le prestige qui les singularise et les valorise aux yeux de la multitude.» — Plérôme.

[amour]«Peut-on imaginer plus blessant que l’avilissement, par la personne aimée, de l’amour sincère et profond qui lui est porté, quels que soient la forme revêtue par cette déconsidération ou le motif invoqué afin de la justifier, quoique la raison la plus fréquente d’en témoigner serait la désinvolture avec laquelle l’espèce humaine en est venue à diminuer et à banaliser l’amour et à le réduire à n’être plus que l’occasion d’un plaisir sensuel.» — Plérôme.

[apparence]«Il arrive parfois que la beauté d’une chose soit tellement accomplie que la sublimité de son apparence et l’effet saisissant qui en résulte pour l’âme fassent oublier à la conscience que ladite chose ne saurait être sa propre cause et que par conséquent son arrivée à l’existence doit être attribuée à une cause extérieure qui lui est supérieure: quelles ne seraient donc pas alors la beauté et la sublimité qui appartiendraient en propre à cet agent et à cet agent étiologique ?» — Plérôme.

[ascendant]«Le principe inexorable de la solidarité des «forts» contre les «faibles», outre qu’il témoigne d’une dureté impitoyable chez ceux qui le défendent, en raison d’exprimer un manque de compassion, qu’aucun argument moral ne parvient à ébranler, manifeste d’une ignorance injustifiable des moyens naturels des principes qui fondent leur mise en œuvre et par lesquels opèrent les forces du destin ainsi que des raisons comme des causes sous-jacentes qui sont susceptibles de départager, en recourant aux moyens par lesquels les formes de la suprématie des créatures vivantes se manifestent dans la nature et impriment leur mouvement sur elle, de celles qui peuvent imposer le pouvoir de leur volonté sur autrui et de celles qui en subissent l’arbitraire.» — Plérôme.

[bureaucratie]«Comment peut-on caractériser un ordre social et bureaucratique, gouvernant un membre de la société, et qui constituerait une épreuve à son intégration sociale, en raison de ses imperfections, lorsque les aléas de la fortune l’obligent à recourir aux programmes qui ont été prévus et conçus justement afin de pallier aux inconvénients occasionnés par ces éventualités imprévues et parfois même imprévisibles ?» — Plérôme.

[changement]«Le changement pour le changement n’a aucun sens et n’en acquiert un que s’il vise à apporter une amélioration effective et durable de l’objet sur lequel il porte.» — Plérôme.

[changement]«Nombreux sont-ils à accueillir le changement avec enthousiasme, pourvu qu’ils voient en lui une amélioration de leur condition matérielle et qu’ils n’aient pas à payer le prix de sa production, mais rarement le perçoivent-ils comme étant un défi posé à leur mode d’existence et l’occasion de contribuer éventuellement à leur perfectionnement, en favorisant leur accession à un niveau de maturation et de sagesse plus élevées.» — Plérôme.

[communication]«Si l’euphémisme de la litote peut être une marque de finesse ou de délicatesse, en exprimant sous des couverts lénifiants, mais évocateurs, des vérités, des principes ou des réalités qui sont beaucoup plus substantiels et essentiels que l’expression employée pour les révéler pourrait le laisser entendre; si elle peut témoigner d’une ingéniosité de l’esprit, dans la découverte des formules par lesquelles elle se réalise dans l’intelligence et sous lesquelles elle se manifeste à la conscience de ceux qui en reçoivent la communication; elle peut aussi constituer un genre de faux-fuyant, qui cacherait l’essentiel d’une chose, non par pudeur, mais par intérêt, en raison du caractère troublant et peut-être même inavouable de la réalité qui est ainsi voilée à l’intelligence.» — Plérôme.

[compétence]«La compétence, qui réfère à une habileté technique, peut en effet se concevoir en dehors de l’univers moral, lorsqu’elle réalise mécaniquement la fin qui est commandée à l’agent qui en fait preuve: mais lorsqu’elle s’exercera, sans référence à un principe de moralité, ou conformément à un principe de moralité, minimaliste et par conséquent incomplet, l’exercice d’une compétence, si excellente fût-elle autrement quant au résultat qui est recherché, et qui est implicite à sa finalité, produit une actualisation qui s’effectue, non pas pour les bonnes raisons, mais pour les mauvaises raisons, ou à tout le moins pour des raisons médiocres, qu’elles émanent de l’extrincésité hétéronome d’une autorité extérieure ou qu’elles soient l’expression de l’intrincésité autonome de la conscience individuelle.» — Plérôme.

[connaissance]«Dans la volonté de réconcilier la connaissance, qui ne se sait pas encore complètement, puisqu’elle ne s’est pas accomplie dans la plénitude de sa possibilité, et l’ignorance qui lui oppose, dans la conscience, l’inertie d’une incapacité ou d’un refus de déloger en elle cet état stagnant, pour ne pas avoir à ébranler les structures d’un statu quo favorable à son maintien ou simplement par l’impossibilité de recruter en son for intérieur les énergies morales requises à cet effet, on ne saurait retrouver autre chose qu’illusion, demi-vérités, mensonges, affabulations, délires et théories partielles ou incomplètes qui, si elles ne sont pas dénuées de contenu réel, ne courent aucun risque d’avoir à éprouver la vérité de leur matière, vu qu’elles ne recevront aucune impulsion à se voir converties en action, soit que la volonté subisse la corruption de l’intérêt, soit encore que celle-ci procède de son indifférence, de sa lâcheté ou de sa complaisance.» — Plérôme.

[conscience]«En dehors d’une conception adéquate de l’essentiel, toute connaissance est à la fois vaine et futile, c’est-à-dire illusoire et dévoreuse de temps, puisque seule cette idée et cette valeur constituent une fin légitime qui est digne de ses efforts et en justifiet l’espérance ainsi que les actions qui en procèdent.» — Plérôme.

[couple]«Comme la femme éprouve viscéralement le manque de son complément masculin, l’homme quant à lui souffre tout aussi vivement de l’absence de l’être de la femme qui est son complément: mais alors que, pour la femme, le manque est perçu vaguement mais non moins fortement comme étant une privation qui la presse à la combler, ce qui la mène à rechercher activement l’âme-sœur dont elle pressent l’existence, pour se réjouir de cette intuition et voir se préciser en elle l’imago de celui qu’elle cherchait, lorsqu’enfin elle l’a trouvé; pour l’homme, l’évidence sentimentale de cette existence se fait sentir d’abord comme étant un avènement inespéré, une sorte de cadeau providentiel, susceptible plus tard d’être vécu comme étant une perte importante, c’est-à-dire un chagrin profond, si jamais l’âme-sœur venait à disparaître de sa vie. Selon cette perspective, l’enfant qu’ils concevront éventuellement devient la preuve de l’amour infini et de l’attachement indissoluble qu’ils ont l’un pour l’autre, en ce qu’il est l’aboutissement de la quête de la femme, pour celle-ci, et le témoignage pour lui d’avoir été jugé digne d’être choisi par elle afin de parfaire sa nature et d’être parfait par sa nature. § Voilà pourquoi il importe de protéger la liberté dont dispose intrinsèquement la femme de choisir celui en qui elle trouvera son complément unique et parfait et de cultiver la relation qui s’ensuivra pour le couple, tout comme il est essentiel pour l’homme de pouvoir reconnaître en ce choix la possibilité de faire l’expérience d’un bonheur inégalable pour lui-même, pour le couple et la famille qui procéderait de cette union, par le lien qui naîtra en lui pour celle qu’il épousera comme lui étant destiné de tout temps et dont le chagrin réel éprouvé par sa perte serait le témoignage le plus éloquent, si jamais par malheur elle se produisait. § Voilà peut-être aussi pourquoi la civilisation s’est constituée en reconnaissance de ce que la nature a voulu, en encourageant la formation des couples autour d’un homme qui serait plus âgé que la femme: celui-là étant plus susceptible qu’elle d’éprouver l’intensité de la douleur qui accompagne la perte du conjoint, un tel arrangement, qui prévoit pour la survivance de la femme, lui évitera le terrible malheur de se retrouver seul, comme ce serait le cas si elle quittait ce monde avant lui. Car on peut remarquer, en général, qu’il existe en la femme une maturité et une sagesse émotionnelles plus grandes qu’en l’homme, et que cet état constitue une acquisition historique et culturelle, peut-être en raison du risque plus élevé pour elle de perdre son conjoint à une nature parfois intransigeante et à une réalité culturelle marquée par la violence alors qu’elle-même bénéficie de la paix relative qui résulte de la reconnaissance par la société du rôle essentiel que comporte sa personne pour la survivance et l’éducation de ses enfants.» — Plérôme.

[crime]«Une des «découvertes» de la criminologie moderne consiste en la victimologie, la science par laquelle l’on prétend illustrer une manière de synergie inconsciente entre le délinquant et sa victime, et qui pour celle-ci constituerait l’expression d’une complicité tacite ou involontaire avec son bourreau, en lui fournissant l’occasion et le moyen de la transformer en patient. § Une telle thèse pourrait s’avérer dangereuse cependant, puisqu’elle tend à transformer la victime en l’agent actif et assumé de son propre malheur, voire qu’il le fût par des mécanismes et des dynamismes inconscients, pour faire du bourreau le sujet passif, déterminé par la situation, d’une action déplorable qu’il n’aurait pas voulue, tout en niant à l’un et/ou à l’autre la possibilité d’influer d’une manière déterminante sur leur sort propre et d’échapper à une fatalité qui autrement lierait mutuellement leurs existences respectives. Plus encore, cette théorie pourrait également s’avérer vicieuse, lorsqu’elle aboutirait à cautionner l’indifférence qui est éprouvée devant l’injustice commise ou encore l’inaction par laquelle cette «danse du malheur» puisse s’exercer, sans que l’on ne songe à intervenir pour empêcher que se produise l’inévitable, ou ce qui en prend l’apparence clairement probante. § En somme, cette «science» qu’est devenue la victimologie, et qui repose, en l’occurrence et pour l’essentiel, sur une interprétation des coïncidences et des corrélations, pose doublement, d’une manière nette et claire, le problème sociologique du déterminisme social et la question morale de la liberté, autant celle que l’agent moral endosse et assume que celle que celui-ci refuse ou qu’il se montre incapable d’assumer. Elle est donc au cœur des relations susceptibles d’exister, entre des individus qui sont libres ou qui sont réputés l’être, comme elle remet en question la possibilité effective de la liberté, de constituer une essence réelle et de s’en faire une idée qui participe à un mythe dont la fonction serait de maintenir un quelconque statu quo en lequel on distingue ceux que l’existence favorise et ceux que la fatalité néglige ou condamne à l’épreuve de la souffrance.» — Plérôme.

[destin]«Il semblerait parfois que le changement réussirait à faire l’unanimité, pour autant que personne n’ait à remarquer ou encore à éprouver les effets des transformations qui seront apportés, conformément au mouvement historique et social par lequel il trouve à s’instaurer.» — Plérôme.

[destin]«Le destin politique, c’est le fait accompli que révèlent le souvenir personnel de l’âme ou la mémoire collective de l’histoire sociale: la moralité cherche à en définir les conditions de la bonté, afin de la réaliser à travers leur participation à l’ensemble, et le droit, celles de sa justice, afin d’inciter les consciences agissantes à l’en imprégner; par contre, lorsque ces formes idéales sont devenues inopérantes, soit complètement, soit en partie, c’est alors que le destin prend l’aspect d’une contrainte intolérable qui serait, entièrement ou sélectivement, aveugle, excessive et aléatoire.» — Plérôme.

[devoir]«À l’intérieur d’une société où domine le principe subversif, tout l’essentiel de l’action consistera à empêcher autrui d’accomplir ce qu’il doit accomplir et à l’inciter à ne pas accomplir ce qu’il devrait accomplir: ainsi déroge-t-elle du principe de la solidarité éthique, qui requiert que les institutions sociales encouragent chacun des membres de la société à remplir son devoir, adéquatement conçu, et à ne pas manquer à ses exigences les plus essentielles et fondamentales.» — Plérôme.

[devoir]«Tels sont ceux qui ne tiennent pas leurs engagements, qui par la suite se plaignent que l’on ne tient pas les engagements que l’on aurait contractés à leur endroit et qui parfois même imaginent qu’il existe en contrepartie des engagements légitimes auxquels leurs semblables seraient tenus, sans que la réciproque ne soit en même temps vraie.» — Plérôme.

[Dieu]«Le refus moral de Dieu, c’est le refus moral de l’autorité: non pas de toute autorité cependant, mais de l’autorité qui se fonde sur la reconnaissance de la liberté profonde et l’innocence intérieure propre à l’essence primitive de l’homme, fondées sur une bonté à la fois transcendante et innée, susceptible d’être retrouvée, advenant qu’elle ait été perdue par malheur; la conscience morale admettra donc une forme naturelle de l’autorité, celle qui se fonde sur la contrainte, autant celle que l’on serait susceptible de faire naître que celle sur laquelle nul puissance d’exercice ne saurait infléchir et détourner, mais elle ne saurait se satisfaire d’une autorité qui s’exerçât aveuglément ou capricieusement, au détriment des virtualités les plus nobles, pures, saintes et élevées des hommes et des autres habitants de la création. » — Plérôme.

[duplicité]«Se jouer d’autrui est peut-être, hélas, le sport le plus répandu et le plus méconnu de tous les jeux sociaux qui se pratiquent: peut-être cet état est-il la résolution logique de l’insociable sociabilité de l’homme, que propose Kant comme étant à la base de la dynamique sociale et culturelle, par laquelle l’homme insociable cherche se donner une respectabilité, afin de se hausser au niveau de la civilisation qu’il ambitionne d’atteindre, et l’homme sociable à se réconcilier avec une nature égoïste dont il ne peut complètement se départir, malgré toutes les tentatives accomplies en ce sens.» — Plérôme.

[duplicité]«Tels sont ceux qui fondent leur notoriété uniquement sur la réputation et le crédit que leurs semblables, par leur inestimable valeur et la qualité de leur travail, leur permettent d’acquérir, de maintenir, de conserver, de préserver et de perpétuer.» — Plérôme.

[duplicité]«Tels sont ceux qui, lorsqu’ils nécessitent de recevoir la confiance aveugle de leurs semblables, afin de mieux encore pouvoir en abuser, leur reprocheront amèrement de ne pas la leur accorder, avec tout l’enthousiasme et l’entrain requis afin de produire l’effet souhaité.» — Plérôme.

[duplicité]«Tels sont ceux qui s’autorisent à pratiquer tous les coups déloyaux et à manigancer toutes les combines décevantes, mais qui néanmoins, pour ainsi parer à leur déconfiture, jouent les vierges offensées et se plaignent amèrement de ce que leur adversaire ne joue pas franc jeu avec eux, lorsqu’ils se sont vu déjoués par lui dans leurs entreprises douteuses,.» — Plérôme.

[épistémologie]«La philosophie ne serait-elle en réalité qu’un perpétuel recommencement du cheminement qui mène à la découverte de la vérité, en raison des doutes qui surgissent à l’intérieur des consciences individuelles, lorsqu’elles sont exposées à sa manifestation et à sa présence, ou bien se fonderait-elle plutôt sur une vérité qui les transcende et qui est implicite à tous ces doutes, apte à n’être jamais remise en question par ceux-ci, puisqu’elle est une acquisition irréversible de la conscience collective de l’humanité et qu’elle représente le franchissement d’un seuil épistémique, suite au travail millénaire effectué par des consciences réfléchissantes: en ce dernier cas, il s’agirait de concevoir quelle est la substance de cette vérité qui agit implicitement et tacitement sur les consciences, avant même qu’elles ne produisent leur action critique et leur interrogation signifiante.» — Plérôme.

[esprit]«La transcendance est la capacité innée en l’homme de s’élever, au moyen de l’esprit, au-delà des contingences, des conditionnements et des déterminismes inhérents à l’existence et à la nature, y inclus ceux qui procèdent de la coexistence des espèces vivantes les unes avec les autres et dont la plus haute manifestation, mais non la seule, s’exprime à l’intérieur de la société humaine.» — Plérôme.

[existence]«Devant l’importance et la valeur que prennent éventuellement les enjeux existentiels majeurs pour chaque individu — tels le bonheur, la durée et la qualité de la vie, la nature des relations sociales et l’essence des rapports intimes —, certains ne connaissent nullement leur intérêt alors que d’autres ne le connaissent que trop.» — Plérôme.

[foi]«La philosophie n’est pas en principe en rivalité avec la religion, lorsqu’elle constitue une tentative à connaître et à comprendre les principes qui sont à l’origine et fondent la raison des élans du cœur qui portent l’adepte et le fidèle à élever leur âme vers une réalité qui est sue par elle, ainsi que la conscience qu’elle en développe, et à dépasser les limites de l’entendement, sans peut-être chercher à déterminer l’essence de cette réalité et à concevoir spécifiquement quelle en serait la nature. § La rivalité s’installe entre ces disciplines seulement lorsque les principes religieux ne se découvrent pas spontanément à l’esprit comme étant en puissance légitimes ou même concevables et donc laissent croire à la possibilité qu’existât, de la part d’une autorité constituée, une volonté d’abuser de la crédulité d’une population naïve, en proposant à sa conscience des illusions et des chimères, avec le scepticisme et peut-être même le cynisme qui pourraient accompagner la suspicion qu’une telle machination prévalût. D’où l’importance, pour les fidèles et les adeptes qui sont ainsi disposés en ce sens, de faire la tentative de communiquer les raisons de leur foi, aussi clairement que cela leur serait possible, même si au départ, par définition, la matière suprasensible sur laquelle portera leur herméneutique — l’âme, l’esprit, l’immortalité, l’éternité, la Divinité, l’infini — peut se montrer réfractaire à un tel exercice, en raison même de l’ineffabilité de leur concept.» — Plérôme.

[ignorance]«Qu’elle est réconfortante et rassurante, cette ignorance dont on ne soupçonne même pas l’existence, mais qui laisse comme un parfum d’insatisfaction dans l’esprit curieux qui éprouve les lacunes de son actualité.» — Plérôme.

[imagination]«L’ingéniosité fait du crottin le moyen d’un sport; la magie le fait disparaître comme par enchantement; la science en analyse la constitution et, grâce à la technologie qu’elle a développée, l’utilise à des fins maraîchères ou agricoles; et le miracle de la vie le transforme en nutriment qui font croître la prairie, le jardin et jusqu’à la forêt.» — Plérôme.

[intérêt]«Lorsque le désintéressement moral est absent, c’est l’intérêt qui dirige l’action et contraint la passion comme il conditionne la générosité et la lésine: celles-là ne prennent alors en elles-mêmes nulle dénotation morale, mais adoptent du mobile profond qui les fonde l’entièreté de la valeur morale à laquelle elles peuvent prétendre, laquelle se détermine pour l’essentiel par celle que reçoit l’intérêt, au service duquel se porte l’intention qui commande à leur présence ou leur absence. La question devient maintenant de savoir s’il y a quelque intérêt pour l’homme de faire preuve de désintéressement et si l’on peut assister à la juste rétribution des actions et des conduites, en l’absence des revendications qui accompagnent toujours la défense de l’intérêt, autrement que par l’action d’un esprit qui est véritablement désintéressé, dont les motifs et les mobiles s’enracinent dans une moralité authentique et profonde et un sens entier et complet de la justice véritable et réelle.» — Plérôme.

[justice]«Quel remède peut-on espérer apporter à l’atteinte à la réputation, résultant de la procédure qui vise à inculper un particulier mais qui aurait abouti, soit à un non-lieu, soit à une exonération complète, surtout lorsque l’on sait que ces retombées délétères sont inévitables en de telles occasions et que peut-être même une conscience malheureuse pourrait chercher à les susciter, précisément en vue d’occasionner ces effets calomnieux pervers, même lorsque le moyen employé s’avère défectueux, comme lorsque le succès politique qui est produit — l’avilissement et la neutralisation d’un opposant — est la récolte de l’insuccès judiciaire qui en fut le garant ?» — Plérôme.

[liberté]«La véritable liberté consiste à se montrer à la hauteur de la vertu qui est requise à réaliser la plénitude de la vie à laquelle chacun est appelé, laquelle ne saurait s’accomplir dans l’ignorance d’autrui et de ses propres virtualités quant à cette virtualité.» — Plérôme.

[liberté]«La plus grande liberté est de comprendre quel sens la vie prend pour soi et quelle destinée elle réserve à chaque particulier, pour ensuite disposer du pouvoir d’agir selon ces connaissances, sans épargner l’effort pour traduire l’idéal en réalité, malgré les contrariétés qui se présentent à l’agent moral dont l’horizon existentiel prend en considération la liberté de ses semblables et concourt alors à la réaliser dans la mutualité des rapports.» — Plérôme.

[liberté]«La liberté est un état que tous désirent, en vue de la plénitude du bonheur à laquelle elle permet d’aspirer et qu’elle encourage à actualiser — un bonheur qui est inhérent au fait même de la possibilité d’en disposer et de la réaliser —, mais que peu réalisent effectivement, en raison des exigences qui accompagnent cette quête suprême et qui doivent être rencontrés afin de garantir la réussite qui signifie son aboutissement.» — Plérôme.

[liberté]«Le problème de la liberté consiste à réconcilier le principe de son illustration intégrale et complète avec les manifestations particulières qui sont issues des personnalités notables qui seraient censées incarner cette valeur et qui, au contraire, en détruisent, ou visent à le faire, l’essence et la substance même.» — Plérôme.

[mal]«La conscience morale réfléchie conviendra que le mal est la limite du bien; mais d’où vient-il donc que le bien dusse se trouver à être limité et quelle justification peut-on apporter à cet état, sauf peut-être à ne pas chercher à contester l’évidence du fait accompli et de la prépondérance de la force et/ou de la ruse qui serviront à l’occasionner, en évoquant un agnosticisme radical qui ne saurait proposer un principe supérieur, ou éventuellement suprême, dont la bonté fonderait l’actualité bienfaisante ?» — Plérôme.

[médecine]«La chirurgie, lorsqu’elle vient compléter son travail, révèle hélas! l’échec de la médecine clinique et thérapeutique.» — Plérôme.

[métaphysique]«Au nom de l’autonomie de l’homme, ceux qui en préconisent la valeur éminente du principe cherchent à édifier le monde sur des conceptions immanentes, alternatives aux valeurs transcendantes du beau, du bien et du vrai, ou plus radicalement négatrices d’icelles, tout en adoptant néanmoins les noms qui se rapportent à elles, mais n’en représentent en réalité que des ersatz et des approximations incomplètes. Car seule la transcendance parvient à donner à l’œuvre humaine le fondement de sa sublimité, qui repose sur l’exacerbation dans l’excellence de ces idées, et sans la transcendance, l’homme ne saurait se contenter que de réaliser la médiocrité. § Ainsi, tout refus de la transcendance constitue-t-il en principe un déni à l’humanité de la possibilité qu’elle pourrait autrement légitimement revendiquer de réaliser au plus haut point, pleinement et sans réserve, les virtualités qui sont intimes à sa nature. De plus, la volonté de propager un immanentisme strict, fondé sur la rationalité empirique et positive de l’homme, et ainsi de généraliser la négation d’une transcendance devient-il le motif profond de l’instauration, à plus ou moins long terme, de la décadence de la culture et de la déchéance de l’homme ainsi que du nihilisme qui en fonde, au cœur de l’âme, l’impulsion implicite. Rome et Jérusalem en savent particulièrement quelque chose, puisque leur histoire s’est caractérisée, mais de manière différente, par un refus radical de la transcendance: celle-là en conditionnant ses mœurs par un épicurisme décadent, celle-ci en les centrant sur une observance religieuse stricte et sans spiritualité réelle.» — Plérôme.»

[moralité]«La notion du bien se réduit-elle seulement à l’estimation et à l’interprétation que l’on peut en posséder subjectivement, individuellement ou collectivement, en raison du plaisir ou du déplaisir qui en résulte pour le particulier ou pour l’ensemble social, ou n’implique-t-elle pas la référence à un idéal et à un critère objectifs, par lesquels on peut concevoir une essence indépendante des conditions à l’intérieur desquels elle est appelée à s’exercer et qui interpelle l’agent à se surpasser, tout en inspirant son action en ce sens, en même temps qu’un barème qui serve à évaluer celle-ci et qui ne se fonde pas uniquement sur une appréciation subjective et éventuellement biaisée, qu’une conscience morale pourrait spontanément s’en former et s’en représenter ?» — Plérôme.

[moralité]«Paradoxalement, on peut retrouver, chez certaines personnes qui illustrent des conduites moralement répréhensibles, l’expression d’une indignation qui n’est autre chose que la révolte, profondément sentie, contre le déshonneur qui un jour leur fut imposé malgré elles: peut-être cela constitue-t-il l’attestation de la thèse rousseauiste de l’effet corrupteur de la société sur les âmes pures, sans pourtant excuser l’individu de ne pas faire preuve du courage de s’en extraire.» — Plérôme.

[moralité]«Personne ne manque consciemment ce qu’il ignore qu’il n’a pas (alors que la présence de ce manque peut être délétère à l’accomplissement de sa nature véritable): tel est le principe sur lequel se fondent les forces qui basent leur ascendant sur la culture de l’ignorance, sans égard pour la légitimité des actions par lesquelles ils maintiennent leurs charges dans un état de privation et d’insuffisance; si le mensonge et la propagande, qui tissent un narratif plausible mais inexact, ainsi que, à un plan plus général, le mythe dont on trafique sans vergogne les interprétations véridiques, sont les moyens historiques les plus sûrs, employés à entretenir cet état d’inégalité politique, ces stratégies et ces manœuvres opèrent sans compter sur l’idéal transcendant de la justice et de la vérité qui inspirent toutes les actions et tous les propos, voire à des degrés différents; et qui tôt ou tard se réalisera, en tant qu’il est essentiel à l’accomplissement de la nature humaine et à la plénitude des sujets moraux, telle que la bonté, originelle et innée, de celle-là est appelée à se manifester en ceux-ci, dans la liberté d’une conscience qui fait l’effort de se réaliser entièrement.» — Plérôme.

[moralité]«Qu’elle émane d’une technologie, éprouvée en vue de produire une fin recherchée, ou qu’elle soit le produit de la liberté créative, qui s’exerce spontanément en vue de la promotion, du maintien et de l’avancement de la vie, il n’existe aucune action qui ne renvoie à la moralité et à la conception de la meilleure perfection possible, susceptible d’être atteinte et rencontrée par un agent moral autonome et responsable, pour autant que celui-ci serait susceptible de s’assumer comme tel.» — Plérôme.

[moralité]«Quel mérite peut-il y avoir à accomplir le bien, si cette action consiste simplement à suivre aveuglément les injonctions qui en définissent le contenu et les moyens de sa réalisation éventuelle, sans qu’elle ne réalise en même temps la condition de la liberté qui est au cœur de la nature humaine, lorsqu’elle est conçue par l’intelligence comme étant pleinement accomplie ?» — Plérôme.

[moralité]«Tels sont ceux qui, enjoignant continuellement autrui à être, ne soupçonnent pas qu’en réalité, ils expriment en même temps, non pas uniquement leur propre non-être, mais aussi la suffisance de leur contentement à le maintenir et l’insuffisance de leur volonté devant le  changement qu’ils pourraient apporter à leur état.» — Plérôme.

[mythe]«Le sain usage du mythe, qui interpelle l’intelligence herméneutique de ceux qui prennent conscience de la puissance de son influence et de son action sur les consciences, c’est non pas d’entretenir l’inexistence au détriment de l’existence, mais de favoriser, d’entraîner et d’exacerber l’épanouissement de l’existence, en suscitant dans l’âme un processus mystérieux par lequel elle parviendrait à s’extraire de l’inexistence relative en laquelle elle est tenue par la force des circonstances.» — Plérôme.

[mythologie]«Une conception imparfaite de la divinité grecque voudrait qu’elle s’installât en observateur impartial de la condition humaine, un peu à la manière de fonctionnaires impassibles et critiques, ou encore de spectateurs uniquement impliqués esthétiquement par l’action, les propos et les émotions exprimés par des personnages de théâtre, sans éprouver de sentiment pour les malheurs qui frappaient l’humanité, ni d’espoir en la possibilité de voir une amélioration de la situation décadente des hommes ou encore de désir de participer à l’effort d’instaurer la véritable justice dans le monde. § Or, cette perspective est indéfendable, lorsque l’on considère l’histoire des dieux particuliers (v.g. Dionysos, Athéna, Zeus, Hercule, qui portait en lui autant l’espoir de son père Zeus, que de Héra dont il portait le nom dans le sien, Apollon, etc.), qui ne cessent d’entrer en interaction avec les hommes, et non pas seulement pour des motifs subjectifs et intéressés. Par ailleurs, les sentiments divins n’étaient pas toujours bénéfiques pour les hommes, puisque l’influence de Dionysos sur le monde rapproche celui-ci toujours plus du chaos et que la vanité des trois déesses, Athéna, Héra et Aphrodite, conduit au désastre de la guerre de Troie qui mit fin à la maison des Atrides et à la civilisation Mycénienne. Peut-être peut-on voir en le genre de ces interactions avec l’espèce humaine une manifestation de l’avatar qui est particulière à la théologie Grecque, sans que celle-ci n’en accrédite ni l’idée, ni la réalité.» — Plérôme.

[patience]«L’impatience veut déjà ce qui se prépare encore et parfois même se laisse emporter par ce qui est déjà près, en répondant aux signes qui l’annoncent, mais sans entrevoir ce qui pourrait, encore mieux et plus, répondre à son désir, si elle avait su tempérer l’urgence de son sentiment et lui suppléer la patience de pouvoir anticiper avec pondération sa réalisation plus juste et plus adéquate.» — Plérôme.

[perfection]«L’ambition personnelle exagérée, pour ne pas dire hyperbolique, se découvre à ce que chacun, non content d’être un modèle, souhaiterait être en définitive le modèle: le malheur se produit lorsque, tel individu s’érigeant de son propre gré et de manière tout-à-fait gratuite en modèle unique, il en vient à exiger d’autrui, sans s’imposer ni flexibilité, ni latitude de conscience ou de sentiment, qu’il fasse correspondre ses jugements et ses conduites aux schémas et aux représentations issus de l’imagination du premier, sans égard pour les conceptions que la conscience de celui-ci lui dicterait, voire même que ce fût au nom d’une compréhension transcendante, hautement sage, délibérée et réfléchie, de l’essence et de la nature de la liberté.» — Plérôme.

[perfection]«La voie de la perfection est un cheminement inépuisable, en vertu de la nature de cet état qui appelle à chercher continuellement à se parfaire, en cette vie bien sûr, en réponse aux contingences et aux conditions qui en caractérisent la manifestation et l’état, mais aussi dans l’au-delà indéfini où elle se réalise dans l’éternité et dans l’infinité de l’univers de Dieu.» — Plérôme.

[perfection]«On peut volontiers comparer l’occasion qui se prépare à un fruit qui arrive lentement à maturation; mais contrairement à ce fruit qui, arrivé au terme de sa croissance, tombe de l’arbre et jonche le sol, pour lentement se décomposer et, avec la passage du temps, enrichir le sol de sa semence et de son compost, s’il n’est pas cueilli au bon moment, une occasion féconde qui se développe ne souffre pas d’être manquée et de ne pas être mise à contribution ponctuellement, puisqu’elle profitera toujours du passage du temps pour se parfaire encore, dans l’attente du jour où toutes les conjonctures se mettront en place pour qu’elle soit exploitée de manière optimale.§  Par ailleurs, lorsque l’occasion manquée implique deux personnes qui sont promises l’une à l’autre et qu’elle est accompagnée d’un sentiment qui, étant pleinement préparé à faire fructifier ces possibilités, se voit indûment frustré dans son désir légitime de n’en point pouvoir disposer, étant arrivé au terme assigné de son attente, n’étant pas suffisamment accrédité par la personne aimée et se trouvant sommé par les circonstances devoir plutôt patienter jusqu’au jour où la satisfaction de son sentiment deviendra possible, la souffrance que cause ce délai, d’autant plus intense que le désir était profond et authentique, pourrait requérir de l’autre, contre laquelle les circonstances se seront liguées pour l’éprouver, qu’elle connût aussi une souffrance équivalente afin d’expier celle qu’elle aura causée, en vertu d’une loi naturelle mais immanente, exerçant son action à l’insu des intéressés et d’une manière subtile mais néanmoins efficace, qui commande que tous éprouvent le feu purificateur de l’expérience et que chacun devienne pour son semblable l’occasion d’une catharsis salutaire, conformément à un dessein providentiel, là où une telle purification serait désirable et exigible en vertu de l’exercice d’une justice naturelle.» — Plérôme.

[perfection]«Ultérieurement, la question morale se reporte, pour l’essentiel, sur celles qui concernent la vie et la perfection de sa forme, dans toute l’efflorescence de la complexité et de la variété qu’elle est susceptible d’acquérir et sans laquelle l’intelligence ne saurait se la représenter: conséquemment, qui dit moralité, implique en même temps la question de l’essence et de l’état de la vie ainsi que la recherche de son accomplissement et de sa plénitude; et qui dit immoralité, évoque son contraire, i.e. la cessation gratuite et insensée de la vie ou encore ce qui en cause l’amenuisement, la déchéance et la corruption.» — Plérôme.

[philosophie]«La philosophie est la discipline de l’esprit qui soit apte à façonner l’intelligence que la conscience acquiert de la réalité et à définir l’action qui puisse agir fructueusement sur elle, lorsqu’elle fait preuve à la fois de la perspicacité de la vision, de la droiture du jugement et de l’excellence créatrice de l’effort requis,.» — Plérôme.

[philosophie]«La philosophie doit représenter autre chose qu’un abîme intellectuel et spirituel, susceptible d’engloutir les esprits qui, en toute bonne foi, désirent s’aventurer sur la voie de l’élucidation des questions essentielles, propres à la volonté d’approfondir et d’éclaircir l’énigme de l’univers et les autres considérations dérivées de cette interrogation fondamentale, et un abysse cosmique dont la singularité est prudemment entourée par ses gardiens et ses praticiens, dont le rôle consisterait pour l’essentiel à voiler ce qui serait le but fondamental de leur action futile et oisive, qui s’accomplirait en abordant toutes les questions qui se présentent à leur esprit, en formulant pour elles des réponses aussi savantes qu’elles sont complexes et développées, mais en omettant surtout celles qui toucheraient à l’essentiel, un domaine qui serait censé attirer et concerner le véritable philosophe dans sa quête de la vérité et de la conception adéquate et complète de la réalité.» — Plérôme.

[philosophie]«Le paradoxe de Zénon est l’exemple d’une pétition de principe, par laquelle on parvient à prouver nulle autre chose que la proposition qui était implicitement contenue dans la prémisse: car, en cherchant à démontrer le principe de l’immobilisme de Parménide, lequel nierait le mouvement de l’être dans l’expérience empirique et sensible, et en réduisant successivement par la moitié la distance parcourue par un objet, vivant ou inerte, qui est en mouvement, le rapport entre la distance parcourue et la vitesse requise à cette fin condamnait nécessairement l’objet qui se déplace à se figer en une immobilité ultime, laquelle fondait le principe que le paradoxe tentait d’illustrer.» — Plérôme.

[philosophie]«Les réponses tranchées et univoques, comme la prétention à les détenir, sont en effet rarissimes en philosophie, et elles mènent concrètement, le cas échéant, en raison des oppositions inévitables des points de vue qui s’ensuivent, à l’établissement d’une série indénombrable d’antinomies irréconciliables, qui prétendent néanmoins à fonder la  compréhension de la réalité que peut faire le philosophe ou toute autre personne intelligente: outre que celles-ci mènent à une division et une dichotomie sans fin des conceptions, elle explique mal comment l’on puisse se construire, a priori et d’une manière certaine et crédible, des concepts unitaires et absolues, telles l’univers, l’être, l’Un, l’infini, le tout, Dieu, etc. En réalité, pour peu que l’on s’arrête à considérer les problèmes philosophiques sous les multiples points de vue possibles, l’on en arrivera nécessairement à des conceptions nuancées et éventuellement complémentaires, sauf se trouver devant la position épistémologique intenable d’accréditer simultanément une idée ou une proposition et leur contraire.» — Plérôme.

[philosophie]«Lorsque l’on affirme que la philosophie est une forme de la littérature, ce n’est pas enlever la spécificité à cette discipline, mais simplement affirmer quelle est sa vocation littéraire: car si la littérature, telle qu’on l’entend ordinairement, cultive la forme littéraire et, pour se réaliser, s’appuie le plus souvent sur le sentiment, c’est-à-dire la vérité du cœur, la philosophie quant à elle s’intéresse surtout à la vérité de l’esprit, qu’elle rejoint et qu’elle suscite, tel qu’elle apparaît à la conscience du penseur et qu’elle se déploie en vue de l’instruction de l’esprit de ses semblables, lorsqu’elle informe leurs enseignements. § Mais ce n’est pas dire que, de la même manière que la littérature n’oserait ni ne pourrait s’exercer à l’exclusion des facultés de l’esprit, la philosophie n’oserait ni ne pourrait s’exercer à l’exclusion du cœur: c’est bien plutôt le contraire qui se produit, puisque la littérature, tout en parlant de préférence le langage du cœur, appuiera son initiative sur l’action de l’esprit, telle qu’elle commande la formation et l’usage de la langue, comme la philosophie, tout en interprétant les vues et les visées de l’esprit, parlera en même temps au cœur, en tant qu’il est l’ultime juge de la pertinence morale de la philosophie à ce qui en fonde l’exercice, c’est-à-dire la vie, conformément à la manifestation et à la réalisation les plus élevées qu’elle souhaiterait atteindre, autant chez autrui que pour soi. Or, autant la littérature que la philosophie s’appuient sur les mêmes moyens pour se communiquer à un public identique, à savoir «la république des lettres», autant celles de l’écrit que celles du discours. Et cela seul suffirait à donner à la philosophie un statut littéraire valide, voire d’un genre autre, mais tout aussi ancien, que celui qui est accordé traditionnellement à la littérature.» — Plérôme.

[philosophie]«Une question qui est au fondement de la naissance du romantisme: la philosophie, par sa dépendance quasi-exclusive sur la raison, a-t-elle tué l’homme de cœur ?» — Plérôme.

[philosophie]«Une question que devra se poser, tôt ou tard, l’histoire de la philosophie: pourquoi l’humanité a-t-elle pris beaucoup moins longtemps à découvrir la faculté de la raison et de l’esprit qu’à faire la découverte de celle du cœur ? Et, accessoirement, mais non pas moins essentiellement, s’agit-il réellement d’une découverte ou ne serait-ce pas plutôt la réminiscence, ou l’anamnèse, d’une faculté négligée, voire oubliée ?» — Plérôme.

[politique] «En théorie, nul État ne saurait être plus grand que le plus grand de ses citoyens; et en pratique, rares sont les États qui, sans passer par la violence, seraient susceptibles de la magnanimité requise à reconnaître à leur juste valeur, les particuliers qui naissent, vivent et croissent sous leur gouvernance, en présentant des qualités qui, en raison de leur vérité supérieure, éclipsent celles qui sont actuellement illustrées par leurs souverains, leurs dirigeants ou leurs élites, même si elles ne déprécient pas pour autant celles dont ils témoignent néanmoins.» — Plérôme.

[politique]«Chacun possède une idée simple et claire de la guerre et de la paix: l’une, plutôt phénoménale et esthétique, se présente comme étant l’expression d’une réalité, i.e. un mélange en lequel s’affrontent l’ordre et le désordre et qui résulte dans la souffrance, la dégradation et la destruction aveugles de la nature, vivante et/ou inerte, et des populations qui l’habitent; l’autre, principalement téléologique, comme finalisant les manifestations de cette réalité désolante en vue d’établir (ou de rétablir) l’harmonie, le bonheur et la paix, au bénéfice de la vie apte à prévaloir et à régner parmi les protagonistes désormais pacifiés. § Car l’État culturel qui n’a pas accédé à celle-ci, sans pourtant qu’elle n’ait sombré dans la déchéance qui caractérise celle-là, est celui qui soit n’a pas encore identifié le moyen de parvenir à l’état parfait et accompli d’une paix perpétuelle, soit fait défaut d’y concourir, par manque de courage politique et/ou de la prévoyance nécessaire à y engager des effectifs suffisants, soit préfère emprunter la voie contraire pour des motifs qui sont le plus souvent associés à des intérêts particuliers que les agents moraux préfèrent cultiver au détriment des idéaux collectifs de la justice sociale et de moralité individuelle: le premier cas, il servira à caractériser un État amoral par manque d’inspiration et d’éclairage intellectuel; le second, un État amoral par impuissance morale ou imaginative; et le troisième, un État nettement immoral, uniquement réglé par l’intérêt égoïste et détruit par la corruption des idéaux et des valeurs.» — Plérôme.

[politique]«D’un point de vue empirique, la plupart des législateurs exercent leur activité au nom de l’ensemble, mais ils accomplissent cette fonction à l’intérieur des paramètres exigus de leurs intérêts particuliers, qu’ils soient simplement individuels ou qu’ils renvoient à la société et aux groupes d’appartenance et de référence qui sont constitutifs de leur identité. Le principe parlementaire, pris dans son sens le plus général, se fonde sur la diversité et la variété de ces intérêts afin de prétendre atteindre à généralité du bien-être de l’ensemble, par les tensions qui se produiront nécessairement entre eux, lorsqu’ils entreront en interaction, et dont le résultat serait un compromis qui représenterait ponctuellement la meilleure solution possible, susceptible de lier obligatoirement la conduite de l’ensemble jusqu’à une révision, habituellement reléguée à un futur indéterminé, de la politique législative qui en serait issue. § Ainsi, la démarche politique, qui se situe ordinairement et nécessairement à l’échelle historique de décennies, de siècles et peut-être même de millénaires, en raison de sa prétention à interroger la nature des circonstances et des événements et à proposer des solutions qui les transcendent, par la compréhension de leurs mesures et l’envergure de leur effectivité, repose sur deux actes de foi implicite, à savoir que, (1) premièrement, peu importe la nature des intérêts en présence, les législateurs s’en référeront in foro interno à l’intériorité de leur conscience morale, à l’exercice de la meilleure nature juridique, combinant une intelligence sensible et morale, qu’il est possible de réaliser, afin de définir des politiques et de spécifier des lois qui conviendront au plus haut point à l’ensemble, compte tenu des circonstances et des événements auxquelles elles s’adressent; et (2) deuxièmement, que l’éventuelle bonté de la résultante repose sur la prépondérance du bien, vers lequel tendraient le corps politique et l’appareil étatique — lorsqu’ils réalisent la conjoncture heureuse et harmonieuse du législatif, de l’exécutif et du judiciaire, en vue de définir le droit qui est apte à procéder de son travail politique et social —,  sur tout mal susceptible d’apparaître et d’être préconisé à l’intérieur de ces corps organiques. § Le corollaire de cette foi politique énonce que, lorsque les correctifs internes au système s’avéreront insuffisants à rétablir un ordre qui soit le reflet d’une bonté adéquate, telles que les consciences politiques, pures, matures et évoluées, sont susceptibles de l’entendre, y comprises celles des législateurs intègres que leur devoir inspire toujours et a rendu imperméables aux égarements déontologiques, lorsque en somme la corruption et la prévalence des intérêts particuliers se sont substituées à la bienveillance collective qui serait censée exister, sans que celle-ci ne parvienne à reprendre ses droits effectifs sur les dérogations qui se produisent, le corps politique aura recours à des mécanismes qui les lui imposeront de l’extérieur, au moyen des formes politiques que la démarche parlementaire s’était donnée pour but d’éliminer du paysage politique, sauf à devoir composer avec une anarchie conséquente et la possibilité qu’elle apporte avec elle un changement de régime et, avec lui, au-delà d’une rigidité systémique fondée sur le maintien illusoire d’une apparence d’excellence et de normalité, une conception alternative de réaliser effectivement la justice, avec toutes les conséquences qu’apporte avec elle cette nécessité d’opérer une réorganisation nécessaire et salutaire.» — Plérôme.

[politique]«Ironie politique: l’égalité entre les individus, dans la liberté pour tous, régnera ... jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire au gré des caprices de l’histoire et non pas en vertu de la valeur incontestable du principe et l’immuabilité de l’état qui le révèle !» — Plérôme.

[politique]«L’imperfection politique se définit par l’incapacité de l’État à défendre son intégrité contre les mouvements intestins par lesquels les mélanges de l’ordre et du désordre qui caractérisent toute organisation naturelle se combinent afin de satisfaire à des intérêts qui ne sont nullement concernés avec le bien-être légitime et adéquatement réalisé, i.e. moralement poursuivi, du grand ensemble social, mais uniquement et d’une manière éphémère et intangible, avec les individualités de l’heure et les groupes particuliers dont le bien-être individuel est réputé par eux prévaloir sur celui qu’une justice pleine, entière, élevée et désintéressée lui procurerait, ainsi qu’à chacun de ses membres.» — Plérôme.

[politique]«L’indifférence éprouvée devant l’injustice, souvent engendrée par la confusion qui se fixe et se maintient dans les esprits, quant à la nature réelle de la justice et l’expression adéquate, concrète et particulière qu’elle serait censée recevoir, est probablement le plus grand fléau qui puisse s’imaginer, pour une société harmonieuse et saine, ordonnée par une moralité collective excellente, ainsi que pour l’humanité en général qu’une raison d’État adéquate gouverne selon les principes purs et éternels du droit, bien entendu.» — Plérôme.

[politique]«Pour un grand nombre, le politique se limite à la défense exclusive et étroite de leurs intérêts immédiats, sans égard ni pour une quelconque notion de communauté, sauf en ce qu’elle peut contribuer à leurs préoccupations égoïstes, ni même pour la conception d’un insuffisance naturelle, préalable à une nature sociale épanouie, susceptible d’inclure éventuellement autrui dans son horizon existentiel et à le considérer comme étant une personne autonome, apte à posséder une valeur et une dignité en soi.» — Plérôme.

[psychologie]«Lorsque les exigences de l’individualité deviennent trop pressantes, en raison de la demande implicite à découvrir et à assumer les particularités et les spécificités appropriées à sa propre nature, telles que l’expérience oblige à leur éclosion véritable et que l’intuition les révèle à la conscience, l’anonymat égalitaire et impersonnel du groupe devient un abri réconfortant et salutaire; lorsque par contre les contraintes du groupe deviennent trop aliénantes, par la force étouffante qui s’exerce et qui impose la privation d’une reconnaissance individuelle, fondée sur la profondeur de la conscience personnelle et sur la mutualité authentique des personnes, qui soit comme la nécessité d’obéir au code uniforme et indistinct de l’ensemble, l’individualité revendique le droit à l’accréditation et à la distinction de la valeur irréductible de la personne, ainsi qu’au sentiment de la dignité qui en procède pour soi. § Or, c’est dans la dialectique de l’individu et du groupe, comme de la dynamique qui en procède, par les résonances qu’elle trouve dans les intériorités individuelles et les manifestations qu’elle dans les phénomènes de masse, que réside la clef de la compréhension de la phénoménologie sociale et de tous les mouvements susceptibles de naître à l’intérieur d’une société: voilà quels sont le principe et la clef de la psycho-sociologie, qui cherche à faire la part, autant à la réalité intégrante de l’ensemble collectif qu’à la valeur intégrale de l’individu conscient et doué de sentiment qui compose cette unité et qui participe, à part entière, à la constitution, à la direction et au mouvement qu’elle reçoit de leur interaction.» — Plérôme.

[psychologie]«Tels sont ceux qui, ayant réévalué leur perspective sur les choses, et donc ayant effectivement procédé à une transformation de leurs schémas de pensée, s’imaginent qu’en réalité, c’est la manière de réfléchir qui appartient à autrui qui a changé: peut-être est-ce là l’indice qu’une transformation plus radicale encore, portant sur leur intériorité profonde, serait sur le point de se produire et de se révéler.» — Plérôme.

[psychosexualité]«L’espérance fondamentale et secrète de tout homme, c’est que la femme, par sa conduite, son attitude et son action, confirme en tout temps la forme de la virilité qui est exprimée par lui, comme celle de toute femme, c’est que l’homme témoigne envers elle à chaque instant, par cet état manifeste, la reconnaissance de la féminité qui est l’essence de son être: la difficulté, apte à expliquer les problèmes que rencontrent les couples, le cas échéant, c’est que les conceptions de la virilité, comme celles de la féminité, sont multiples et varient selon les individus, les cultures, les époques, les sociétés et les circonstances. § Il en résulte alors que le seul moyen d’obvier à la variabilité et à la relativité qui caractérisent les perceptions et les conceptions susceptibles d’êtres entretenues, tantôt par les hommes envers les femmes, et tantôt par les femmes envers les hommes, c’est de retrouver autant l’éternel Féminin en la femme et l’éternel Masculin en l’homme, de manière à refléter constamment ces essences et ces états dans les manières que l’un et l’autre choisissent d’agir, de réagir, de se manifester, de se communiquer et de s’exprimer.» — Plérôme.

[psychosexualité]«La femme de tous les hommes, mais l’épouse d’aucun; le mari de toutes les femmes, mais de nulle l’époux: telle est la conséquence morale du libertinage qui prétend retrouver en chacun des partenaires du plaisir sensuel qui est recherché par lui un complément social, voire qu’il fût superficiel, et un partenaire, voire éphémère, de la vie.» — Plérôme.

[réalité]«L’exemple d’un ordre naturel qui est ordonné en vue d’un bien, celui de la vie: un organisme vivant, existant en harmonie avec les autres organismes vivants et parcourant à leur bien-être comme au sien (v.g. le cultivateur qui cultive son champ en vue de nourrir sa famille et qui en même temps assure la conservation et la propagation de l’espèce cultivée); l’exemple d’un ordre qui existe en vue d’un mal, celui de la mort: une espèce qui accomplit aveuglément la destruction systématique de la vie comme étant la condition nécessaire à sa propre continuité et à sa propre perpétuation (v.g. une colonie de fourmis guerrières qui, en effectuant sa migration, détruit toutes les espèces vivantes qui se trouvent sur son passage, indépendamment de la valeur intrinsèque des autres espèces, lesquelles sont soumises obligatoirement aux impératifs de l’existence de cette unique espèce); l’exemple d’un désordre qui se produit aléatoirement en vue d’un bien, celui du maintien de la vie: une force de la nature qui, opérant indistinctement sur un territoire, le transforme et agit sur lui dans le sens de la conservation et de la propagation des espèces qui l’habitent et y vivent (v.g. les vents qui soufflent sur une contrée et qui apportent avec eux les nuages procurant une pluie bienfaisante et salutaire qui abreuvent les récoltes, les bestiaux et les humains qui en subissent les effets, ou encore les courants océaniques qui, malgré leurs fluctuations apparemment incertaines et imprévisibles, servent à transporter les espèces vivantes vers de nouveaux territoires et de nouveaux climats); l’exemple d’un désordre qui se produit aléatoirement en vue d’un mal, qui est l’empêchement de la vie: des forces de la nature dont l’action violente est indistinctement et généralement catastrophique et destructrice (v.g. les vents et les courants tropicaux qui, se mélangeant sous les tropiques chauffés par un rayonnement solaire intense et soutenu, forment les ouragans et les cyclones qui sont susceptibles de tout balayer et de tout détruire sur leur passage, y compris les espèces vivantes qui subissent leur fureur; ou encore les volcans et les séismes qui, en se produisant, refaçonnent entièrement la géologie ambiante du territoire sur lequel ils font irruption et empoisonnent l’atmosphère avec les gaz toxiques qui émanent de leurs cheminées et de leurs cratères, en causant l’extinction d’une grande variété d’espèces végétales et animales qui ne peuvent parer à leurs effets nocifs et funestes).» — Plérôme.

[réalité]«La pensée habituelle des idées reçues a accoutumé les consciences à concevoir l’ordre comme tendant nécessairement vers une perfection morale et le désordre comme exprimant ce qui en dévierait: mais si l’ordre, comme le désordre, peuvent s’interpréter comme pouvant réaliser, soit le bien, lorsqu’ils tendent vers l’accomplissement effectif de la perfection, soit le mal, lorsqu’ils portent à en réaliser la corruption et la décadence, seule une conception qui admettrait un amalgame de l’ordre et du désordre qui, en se combinant, réaliseront et produiront le bien, serait susceptible d’inspirer les ratiocinations d’une conscience honnête, lucide, critique et éclairée.» — Plérôme.

[réalité]«La réalité est un mélange d’ordre et de désordre, opéré naturellement et spontanément, et obéissant à sa propre dynamique et à ses propres lois: la physique en étudie la composition, la direction et les principes de la régularité qui la caractérise, en l’état où elle se trouve et à une époque particulière de son histoire; la morale énonce quelle est la nature de l’effort de l’homme requis afin d’en conditionner savamment, dans la mesure du possible, les manifestations en vue de créer l’harmonie entre l’état naturel et social des hommes et des autres espèces vivantes ainsi qu’entre tous ceux-ci et la nature physique en général, d’apporter de manière durable la paix qui en procède et le bonheur qui en résultera pour eux, grâce au succès de cette initiative.» — Plérôme.

[réalité]«Le penseur ne peut s’empêcher de remarquer deux grands paradoxes en philosophie sociale: (1) plus on étudie l’ensemble d’un groupe, d’une association, d’une institution ou de la société en général et plus on découvre l’individu qui les compose comme plus on étudie l’individu à l’intérieur de ces totalités et plus on découvre l’ensemble qui les abrite; (2) plus l’on considère l’ordre d’un ensemble, plus le désordre qui s’y trouve devient apparent comme plus le désordre d’une totalité se révèle à la conscience, plus le désir est grand en celle-ci de produire l’ordre, là où il n’existait pas, ou de le rétablir, lorsqu’il y était, mais s’était par la suite trouvé absent. § Or, autant l’individu que l’ensemble, l’ordre que le désordre, sont des concepts insaisissables en eux-mêmes, sans se référer à leur contraire, puisque ce sont ceux-ci qui révèlent soit la présence, soit l’absence de leur opposé; et pourtant, lorsque l’un semble être une option optimale, susceptible d’être préférée pour l’esprit lucide, l’autre ne cesse de s’imposer naturellement et nécessairement, comme étant essentiel à une vision complète et intégrale, pure et objective pourrait-on dire, de la réalité: ainsi, ce qui ferait l’objet d’une critique de celle-ci serait non pas la présence exclusive de l’un ou de l’autre, mais la nature et les principes de la relation de l’un à l’autre, considérées sous les catégories de la quantité et de la qualité respective de ces états.» — Plérôme.

[réalité]«Une vision nette de la réalité n’est pas pour autant entièrement intensive: pour autant qu’elle est exprimée avec intelligence et cohérence, la conception qui la transmet se laisse saisir, par ceux qui se donnent l’effort d’atteindre à l’essence du propos qu’elle exprime; mais pour ceux qui espèrent trouver en elle la matière d’une intelligence complète et intégrale de l’être, elle risque de devenir l’objet d’une confusion, celle qui émane de l’appréhension de la signification d’un discours, tout en sachant que, celui-ci étant au départ incomplet — puisque le devoir qu’il renferme n’est pas exhaustif de l’entièreté de sa captation — , elle ne saurait combler le désir inassouvi d’un savoir pleinement accompli, n’ayant pas réuni toutes les conditions qui en assureraient la plénitude, ni même aperçu quelles seraient celles-ci. § Or la confusion créée procède justement de cet écart entre la perspective intelligente, voire incomplète, et l’absoluité à laquelle elle saurait prétendre, si elle était en même temps entièrement réalisée, un écart qui ne se serait jamais laissé deviner, si la vision nette de la réalité, qui en l’occurrence y prétendait peut-être, ne s’était pas communiquée. Ainsi, la confusion qui trahit l’incomplétude d’une même  conception appartient avant tout au propos qui la révèle, si net et si précis fût-il autrement, puisqu’il dégage une forme de l’ignorance qui la situe au-delà de l’horizon de sa possibilité appréhensive, devient-elle pour l’intelligence l’incitation et le tremplin vers une compréhension plus universelle et absolue encore et, en ce sens, plutôt qu’elle ne caractérise un vice déplorable et indépassable de la connaissance, elle représentera pour elle le terme initial et salutaire d’une connaissance qui est apte à devenir plus parfaite encore.» — Plérôme.

[relation]«Le problème avec l’effet placebo, qui se fonde à la fois sur la confiance portée en la puissance de la vie, que l’âme estime être susceptible de voir se rétablir en elle-même, malgré la présence de forces contraires, et sur le désir de croire en la bienveillance des intervenants et en celle de leur engagement à se mettre au service de la vie, en exprimant ainsi la forme la plus élevée de la nature sociale de l’homme, c’est que la même confiance, positive et encourageante, peut se voir transformer en une crédulité désarmante, dès lors que les particuliers en qui la conscience a placé sa confiance consentent à utiliser de leur ascendant naturel, que leur position sociale vient confirmer, afin de faire la promotion, non pas d’un désintéressement, conformément à la déontologie qui correspond à la profession qui est la leur, mais d’un intérêt à favoriser les mesures qui serviraient leurs propres fins, et peut-être même au détriment de ceux qui ont recours à leur service et qui se fient sur leur bonne foi et sur l’excellence de leur compétence.» — Plérôme.

[relation]«Tels sont ceux qui cherchent avant tout le vice caché en autrui afin de s’avantager à son détriment; tels sont ces autres pour qui toute lacune présente en son semblable est l’occasion d’en prendre conscience et d’en découvrir la cause et, en s’associant à lui, de contribuer à l’éliminer, et ainsi de débloquer l’immense potentiel qui est éventuellement empêché de se réaliser en lui, soit en raison de cette lacune qui le subvertit et amenuise à des degrés variables ses moyens, soit en raison de la mauvaise lumière sous laquelle son entourage en est venu à le considérer et qui constituerait  une entrave à la confiance et au respect requis, afin de lui permettre d’exercer la bonté de ses forces et l’excellence de sa capacité à l’intérieur de son milieu social.» — Plérôme.

[religion]«Puisque le principe fondamental de toute religion est le bien, accessible à la conscience droite, sous la forme d’une essence pure, éternelle et divine, voire qu’elle soit conçue différemment peut-être par chacune d’elles, sans toutefois que ces conceptions ne se contredisent radicalement entre elles, horreur à ceux pour qui la religion sert premièrement de prétexte à l’accomplissement du mal !» — Plérôme.

[science]«L’érudition est une forme spéciale de la science, par laquelle l’intellect cherche à épuiser l’état des connaissances sur une question précise, tel qu’il s’est développé au cours de l’histoire et tel qu’elle se reconnaît en l’ensemble des esprits qui se sont intéressés à elle, à chaque moment de son parcours intellectuel, et elle est d’autant plus vaste que son entreprise est profonde et compréhensive.» — Plérôme.

[science]«La science n’est nulle autre chose que la conscience qui, se confrontant elle-même à sa propre ignorance, et s’assumant entièrement comme possédant cette lacune, cherche à combler, au moyen de la raison, par les questions auxquelles elle tente d’apporter une réponse adéquate, le vide épistémologique laissé par cette insuffisance radicale de sa capacité intellectuelle.» — Plérôme.

[société]«D’un point de vue strictement philosophique, la difficulté majeure, éventuellement insurmontable, avec la théorie rousseauiste de la bonté naturelle de l’homme, que la corruption de la société parvient à faire déchoir de son innocence primitive, c’est qu’elle n’explique pas l’opposition fondamentale qui est dressée entre la nature de l’homme et l’essence de la société, elle-même constituée d’hommes, et qui ne saurait exister et se continuer sans la contribution active, formative et  informative de ces membres à qui, puisqu’ils participent activement à son état, l’on imputerait l’influence décadente et perverse. § Or, pour qu’une société puisse se révéler dépravée, et en même temps être constituée d’hommes qui seraient les vecteurs et les agents de son influence corrosive sur d’autres hommes, il faudrait alors expliquer comment l’homme, qui est à l’origine disposé à réaliser la bonté, puisse avoir déchu de cette vertu primitive, pour s’associer à une société qui, elle, ne manifesterait pas la même inclination à faire la promotion de l’innocence et qui, de toute façon, ne saurait exister sans lui, quelle que soit la qualité morale qu’elle illustre en se constituant. § Ou la société est née de l’homme, ou elle ne l’est pas. Si elle n’est pas née de l’homme, comment peut-elle prétendre être composée d’hommes qui chercheront à aliéner la pureté d’autres hommes ? Si elle est née de l’homme, quelle raison peut expliquer la déchéance de ses membres d’une éventuelle pureté originelle et devenir alors un facteur de corruption sur ses semblables ? § Ainsi, sans explication additionnelle, la thèse de l’influence corruptrice de la société, comme relevant de sa nature essentielle, apparaît comme étant gratuite et inexpliquée. En somme, en soulevant le problème du mal — ce qu’il fait en proposant que la société puisse exercer une influence corruptrice sur ses membres —, Rousseau n’apporte aucune réponse, ni quant à la genèse effective du mal, ni quant à la cause susceptible d’expliquer que la société soit arrivée à exercer l’effet maléfique proposé sur la nature de l’homme et de l’humanité.» — Plérôme.

[société]«L’homme contemporain vit à l’intérieur d’une société hautement symbolique où la matière de sa constitution économique en est venue, non pas simplement à fournir la possibilité à l’action, mais à représenter idéalement aux consciences les individus avec des images modèles dont le contenu est archétype et informant: or il importerait de remarquer que, dans cette fonction, il existe un glissement implicite, vers l’objet social qu’est devenu l’individu dont la qualité et l’identité de sa personne avaient reçu une transformation, au moyen de la qualité inscrite dans la matière et qui agit sur la nature animée de la personne qui lui est exposée. § Devant cet effet aliénant de la matière, l’homme doit, pour ne pas se laisser engloutir par sa création morale et ainsi se perdre, retrouver le sens de la primauté de l’être et du vivre sur l’avoir et le paraître, de la dignité effective de la présence humaine sur le prestige qui se manifeste, par le truchement des attributs sociaux accordés à la possession des biens matériels accumulés, afin de se libérer de l’emprise que les artifices de la nature civilisée ont prise sur lui, à un moment de l’histoire de l’humanité qui a précédé l’époque de son actualité et qui a réussi à supplanter, dans sa conscience, un sens plus complet de la réalité métaphysique du monde et de l’intériorité de sa propre spiritualité, et aussi de celle que, implicitement, la sphère de l’organisation politique a consenti aux concepteurs et aux organisateurs de l’univers en fonction de critères qui sont pour l’essentiel matériels. § Car, sauf à accomplir ce retour à une innocence de l’âme et de l’esprit plus originelle et primitive, l’homme sera condamné à devenir de plus en plus tel que l’objet issu de sa propre ingéniosité, cette faculté créative étant devenue non plus simplement un outil, une manière de décupler son pouvoir sur la matière et de faciliter son action spirituelle et intellectuelle sur le monde, mais le moyen par lequel son intentionnalité et son désir sont réduits à la limite de son expression, par les objets mêmes qui, s’ils avaient été utilisés avec sagesse, devaient servir à les accomplir; autrement, l’homme en viendra à troquer la maîtrise sur son âme contre la possibilité de lui accorder une puissance sur la nature qui, tout en créant l’impression factice de pouvoir la dominer, lui fait oublier en quoi elle en est aussi une partie intégrale, intégrante et essentielle, de sa propre nature vivante et spirituelle.» — Plérôme.

[société]«Quelle que soit la puissance de l’énergie vitale, appartenant aux générations montantes, quelles qu’en soient l’habileté, les motifs et les incitations, à vouloir supplanter, au nom de ces considérations et en vertu de ces virtualités, les générations qui l’ont précédée — lesquelles ont elles aussi un jour goûté à l’ivresse et à la joyeuse inconscience de la jeunesse —  et à imposer son hégémonie par leurs idées et par leurs pratiques sur celles qui lui succéderont, il y a une mouvement qui lui échappera toujours: celui par lequel, en vertu d’une loi biologique inéluctable, elle sera appelée à occuper la place dorénavant vacante que son initiative a occasionnée et à devoir composer subséquemment elles-mêmes avec de nouvelles générations montantes qui peut-être, elles aussi, pourraient remettre en question la légitimité, ou simplement la réalité, de l’ascendant qu’elle exerce sur elles.» — Plérôme.

[sottise]«Il n’y a rien de plus désolant, lorsque l’on en a été privée, que de voir la liberté, acquise au prix de patience, de sueur et de sang, être dissipée avec désinvolture par ceux-là même qu’elle serait censée profiter, lorsqu’ils la transformeront, non pas en l’occasion d’un bonheur fondé sur la vertu, qui est l’essence même de la liberté qui se connaît et s’estime, mais de plaisirs sensibles que justifient superficiellement des fantasmes creux, oisifs, décadents et jouissifs, qui sont susceptibles d’impressionner uniquement des mentalités superficielles et futiles plutôt qu’ils n’attirent des esprits aussi éveillés qu’ils sont aptes refléter la maturité et la profondeur d’une conscience des enjeux véritables et réels de l’existence.» — Plérôme.

[sottise]«Tels sont ceux à qui l’on doit tout dire, concernant les choses les plus essentielles, les plus réelles et les plus vraies de la vie, et qui pour toute réponse à la révélation de cette quintessence, trouvent non pas à en méditer la portée et la profondeur, pour se les approprier et les adapter aux circonstances de leur propre existence, mais uniquement à rechercher l’abondance des mots qui distrairait de leur incapacité à se mettre véritablement à l’écoute de conceptions qui pourraient remettre en question leur manière d’être, de vivre, de penser et d’entrer en relation avec autrui.» — Plérôme.

[symbolisme]«Comme Berkeley l’a entrevu, le langage de la nature est le plus grand des symboles qu’il soit donné à l’homme d’interpréter: soma sema.» — Plérôme.

[temps]«L’expérience du temps est la manifestation subjective, appartenant proprement à la conscience des choses, de l’insertion de l’être de l’homme à l’intérieur du monde naturel des choses, possédant des propriétés et opérant selon des lois qui sont indépendantes de la conscience humaine, mais qui sont aussi, mais à un moindre degré, influençables et susceptibles d’être conditionnées par elles, tout en faisant naître en l’âme et en l’esprit des êtres vivants un sentiment qui est inhérent à leur qualité et une impression qui en constitue la vivacité dans l’imagination et la durée dans le souvenir.» — Plérôme.

[université]«Dans l’État profondément et radicalement laïc, l’université, fidèle en cela à son origine spirituelle et sacrée,  représente en réalité une forme de la théocratie et un temple du haut savoir, en lequel règnent les dieux de la connaissance que sont les théoriciens, le découvreurs et les auteurs de prestige, en qui les autorités intellectuelles et les traditions culturelles, dont les enseignants sont les ministres, les oracles, les prophètes et les sacerdotes.» — Plérôme.

[vérité]«Certains passeront des années, et peut-être même des décennies, à formuler une théorie sur la réalité et sur la vie, qui s’attendraient impatiemment à ce que la critique fasse preuve d’une désinvolture et qu’elle adopte ou qu’elle réfute instantanément leur conception, sans recourir à l’étude de ses propositions, à la délibération intérieure sur leur valeur ou même à un débat public qui permettrait d’apprécier sa validité ou son incorrection. Bref, l’exigence implicite qui est formulée, c’est que le public formule au sujet de ses idées une opinion sensée et pondérée, sans privilège d’examen et de réflexion, ce qui constitue le moyen le plus sûr d’atteindre à une polarité radicale des conceptions et à la division inhérente à une telle antinomie, fondées non pas sur des positions mûrement réfléchies, mais sur des parti-pris émotifs et éminemment subjectifs: pourtant, c’est la sagesse qui commande que le penseur pondéré et impartial procède à une telle évaluation, en sachant que le creuset de l’expérience, qui ne s’est peut-être même pas encore produite afin de remplir cette fonction utile, est le meilleur garant de sa vérité inconditionnelle et de sa validité réelle.» — Plérôme.

[vérité]«Il semble parfois que, afin de faire triompher la vérité, l’on ne doive pas uniquement en connaître tous les canons, afin de les énoncer clairement et de les illustrer adéquatement, tous les principes et toutes les nuances, mais encore tous les moyens, historiques et actuels, toutes les ruses et toutes les dénégations par lesquels ses adversaires réussissent à en occulter la réalité et à en discréditer l’importance, afin de déjouer leurs faux semblants et d’empêcher qu’ils n’en annulent les effets bénéfiques.» — Plérôme.

[vérité]«La vérité lie tous ceux qu’elle concerne, ou elle ne lie personne: car il est injuste de faire reposer sur le dos uniquement de celui qui la découvre et la révèle, l’entière responsabilité de vivre, à l’exclusion de tout autre, selon ses canons, lorsqu’elle a été ainsi produite au grand jour.» — Plérôme.

[vérité]«On n’exige souvent de connaître la vérité que pour mieux encore la nier, ainsi que son énonciateur, lorsqu’elle s’avère par trop inconvenante, pour les idées reçues et les conceptions acceptées, ou exigeante, pour les habitudes ancrées et les coutumes établies.» — Plérôme.

[vérité]«Seule la fausseté qui évite de se laisser apercevoir, et donc d’être reconnue, mérite de recevoir l’appellation de «fausseté», comme seule la vérité qui se manifeste pour ce qu’elle est, au grand jour, mérite d’être nommée «vérité»; car une vérité qui est tue, ou que l’on tient sciemment cachée, ne saurait être tenue généralement pour vraie, vu qu’elle ne soit connue que d’un petit nombre, comme une fausseté qui se déclare fausse, sans dire en quoi consiste cette fausseté, ne peut être estimée complètement fausse, puisqu’elle révèle un état qui n’a pas encore effectivement nié la vérité de la réalité qui l’intéresse et par conséquent laisse persister un doute quant à sa qualité.» — Plérôme.

[vérité]«Si parfois elle peut être utile, en raison des bienfaits politiques et économiques qui sont susceptibles d’en résulter, comme l’apaisement des populations et l’orientation de leurs désirs vers d’autres terrains d’exploration intellectuelle et d’autres spéculations imaginaires, la vérité, par la nature et l’ampleur des découvertes qui en procèdent, servira uniquement et véritablement à ceux qui veulent bien l’entendre, dans ce qu’elle comporte de plus fondamental et de plus essentiel à révéler.» — Plérôme.

[vérité]«Toute vérité serait factice et contradictoire, qui tendrait à ériger en matière indubitable les principes qui la fondent, tout en niant, au nom de la vérité qu’elle se représente comme étant complète, d’autres vérités qui sont toutes aussi vraies, mais qui se présentent sous d’autres aspects et sous d’autres apparences — philosophiques, religieux, culturels (linguistiques et symboliques), ainsi que littéraires — que celles qui sont habituelles pour elle et qui constituent l’objet de son expectative.» — Plérôme.

[vertu]  «La déconsidération avec laquelle les âmes bonnes, nobles et saintes, tiennent l’injustice érigée en norme d’action se manifeste dans la conviction qu’il vaille mieux être la victime d’une iniquité, particulière ou collective, que d’en être l’auteur et que, plutôt qu’agir en agent de l’injustice commise, il vaille mieux, comme l’enjoignait Blanche de Castille à son fils, supporter la maladie la plus ignoble et la plus dégradante.» — Plérôme.

[vertu]«Ami au prêter, ennemi au rendre: l’on est souvent plus prompt à exiger le désintéressement d’autrui, dans la considération dont il témoigne face à sa propre situation, que l’on ne l’est à se montrer soi-même désintéressé, lorsqu’il s’agit de comprendre avec justesse et sympathie la situation compliquée et les circonstances difficiles que peut affronter autrui.» — Plérôme.

[vertu]«Dans un monde idéal, le désir de la femme se réalise par l’attrait et le magnétisme qu’elle peut exercer sur autrui, lorsqu’elle exprime une qualité profonde, authentique et estimable; celui de l’homme, par l’extériorisation et l’illustration de qualités morales qui, étant honorables, réelles et admirables, impressionnent la conscience et l’imagination de ses semblables.» — Plérôme.

[vertu]«En raison des obligations qu’elle impose, de ne pas céder sans discrimination aux premières impulsions qui se présentent à l’âme, la vertu s’avère une contrainte parfois fâcheuse et à l’occasion incommodante, mais elle constitue aussi le moyen de la libération profonde de la personne, ce qui en confère la dignité et la grandeur, dans ce qu’elle comporte de plus fondamental, puisqu’elle touche aux virtualités essentielles de son essence.» — Plérôme.

[vertu]«L’on ne doit pas confondre les états de la dignité et de l’orgueil: la première accompagne la force de l’âme qui, face à l’adversité, conserve l’intégrité de sa pureté et poursuit sans défaillir son idéal d’impeccabilité; le second, la façade qui est élevée et cultivée afin de conserver l’illusion de réussir dans cet effort et dans cette entreprise.» — Plérôme.

[vertu]«La vertu feinte, qui fut l’effet de la mimique de Tartuffe, peut certes se révéler utile, lorsqu’elle est constituée en stratégie politique et existentielle, mais la vertu authentique est en définitive l’unique voie vers la finalité réelle qu’elle sert, laquelle est, en raison de sa sublimité, l’unique visée que peut choisir de réaliser une humanité qui aspire à la perfection et à l’achèvement de son essence: celle-ci commande donc de voir en elle le seul recours que la moralité puisse envisager, pour que la conscience incarne l’accomplissement des personnes qui s’inspirent de ses principes.» — Plérôme.

[vertu]«Le talent, comme toute qualité qui promet de se réaliser et qui renferme en soi la forme d’une existence particulière et spécifique, est une possibilité qui n’est pas encore complètement réalisée dont la vertu, qui en représente l’accomplissement, vient en confirmer la présence réelle par l’évidence de son actualisation: c’est ainsi que celle-ci vaut mieux que le talent, mais qu’elle ne saurait prétendre exister, en l’absence de sa virtualité et dont elle manifeste l’achèvement et la compétence de la conscience qui l’exprime. § Mais dans la la distinction et la division ontologique qui s’est effectuée entre la vertu sociale et la vertu personnelle, on en est venu à divorcer le talent de sa réalisation intégrale et effective. Car, en mettant l’emphase sur l’apparence qui se manifeste sur la place publique, indépendamment de la nature qui peut s’éprouver au plan intime et personnel, l’on cultive l’illusion que la seule perfection qui importe est celle qui consiste à intérioriser un rôle social, sans que ne reçoive d’importance l’accomplissement et la plénitude de la personne, tel qu’elle peut s’exprimer au plan individuel de la relation privée. § En raison de clivage donc, la société qui le perpétue dans ses activités, ses normes et ses structures tend à produire deux types d’individus, ceux qui excellent au plan de l’individualité, sans se préoccuper de rencontrer un stéréotype social qui en modèlerait extrinsèquement la forme idéale, et ceux qui savent cultiver une image sociale qui est adéquate à un idéal de perfection qui est valorisé officiellement par la collectivité, sans que cette apparence ne renvoie effectivement à un état d’accomplissement réel, tel que la personne individuelle pourrait l’exprimer dans l’actualité de son être véritable. D’où procède une culture du faux-semblant, du mensonge et de la théâtralité à l’intérieur de la société comme de celle qui se satisfait, dans le choix de ses élites, de faire la promotion d’être vertueux simplement au plan social — ceux qui cultivent le talent de l’entregent superficiel —, sans que cette vertu ne s’enracine dans une authenticité et une sincérité personnelles qui valorisent l’excellence de la perfection morale. Au plan de l’intimité, le mensonge social (d’une apparence superficielle qui n’émane d’aucune substance réelle) se révélera dans une culture de la mascarade et du cinéma, qui se contentera de transposer au plan personnel la fausseté qui émane d’un calque de la vertu sociale, officiellement proclamée dans ses normes légales et sociales, plutôt de vivre réellement selon les exigences de l’actualisation de la personne morale la plus accomplie et la plus parfaite possible, en vertu d’avoir développé au plus haut point ses virtualités personnelles, telles qu’elles appartiennent de manière innée à son individualité et qu’elles apparaissent à un observateur sympathique et désintéressé comme représentant son talent.» — Plérôme.

[vertu]«Pour les partisans de la prépondérance de la force, dont l’usage est soumis uniquement au caprice de son agent, ou encore conformément à une moralité fausse, dont les principes sont souvent invoqués a posteriori seulement, afin d’offrir une justification fictive à l’exercice incontrôlé d’une impulsion qui est pour l’essentiel amorale, qui est parce qu’elle est, sans égard à la bonté de la conséquence ou à une conception même informelle ou esquissée du bien, la vertu devient la manifestation évidente d’une faiblesse et d’une impuissance. Ainsi, une morale qui se comprend en réalité uniquement en se référant à une conception de la moralité dont le fondement échappe à une anthropodicée radicale et qui justifie l’usage de la force, exclusivement en vertu d’une conception transcendante du droit qui trouve son principe originel et son fondement dans la Divinité, dans l’état de la Bonté qui en est l’attribut et dans la conception qu’une conscience juste et informée est susceptible d’en établir, demeure totalement étrangère au culte de la force et de la puissance qui trouvent leur source et leur justification pour l’essentiel dans l’immanence et dans l’historicité de l’espèce humaine.» — Plérôme.

[vertu]«Si l’on considère la vertu dans son essence et que l’on voit en elle l’état profond d’une chose,  i.e. l’essence et la qualité intime par lesquelles celle-ci réalise la plénitude de son être et de sa présence optimale à l’intérieur de l’univers qui est le sien et à laquelle elle appartient, l’on s’aperçoit que, bien avant que d’être une fin en soi, elle est en réalité le moyen d’un accomplissement et d’une perfection et qu’elle acquiert, dans la conscience, le statut d’une fin légitime seulement en regard de la finalité ultime de la tendance qu’elle poursuit, consécutivement à l’illumination, à l’intuition ou à l’inspiration par laquelle l’intelligence reçut cette compréhension et cette conception.» — Plérôme.

[vie]«Toute vie, de son expression la plus simple à ses formes les plus évoluées, croît à la manière d’une plante: elle part d’une semence qui, lorsque les conditions ambiantes sont suffisantes et y prédisposent, sur une période de temps qui est appropriée à l’espèce, se développe pour atteindre la maturité, en vertu d’une disposition qui, étant propre à son essence, se réalise d’une manière qui est à la fois autonome et symbiotique, puisqu’elle repose sur une interdépendance plus ou moins grande avec ses congénères, tout en affrontant et en subissant, pour devoir les surmonter et les optimiser, les conditions de son existence, jusque parfois dans la plus grande des solitudes.» — Plérôme.