samedi 6 octobre 2012

Euthúmèma VIII (réflexions) — Révision du 19 avril 2021

[Depuis le 06 octobre 2012, avec mises à jour périodiques. — Since October 06th 2012, with periodical updates.]

[action] «Lorsqu’elle s’illustre sous sa forme pure, la volonté de puissance ne connaît, ni ne désire connaître, aucune limite et, s’il en advenait qu’elle fût exposée à en recevoir, en provenance d’une nature autrement et supérieurement plus puissante qu’elle, elle accomplirait tout ce qui est en son pouvoir afin d’en neutraliser les contraintes, les surmonter et même en éradiquer la source. § Pourtant, elle ne peut que reconnaître une limite implicite, celle qui vise à conserver et à inscrire dans la durée la possibilité qu’elle a de s’exercer, sans être certain au départ de connaître un succès invincible, en même temps qu’elle se résout à accepter qu’elle est soumise à un principe de la réalité, à savoir que, devant la force prépondérante de la nature, elle gagne à voir décupler sa puissance brute effective, en la combinant avec l’usage de la raison afin de se pourvoir en outils qui faciliteront son action, ainsi qu’en produisant une association durable avec les facultés conatives de ses semblables qui, dans l’alliance de l’intuition, de l’intelligence, de l’inspiration, de la créativité et de la force, parviendront à démultiplier les possibilités individuelles, en raison des avantages que présente l’action collective et des lois sociales qui en garantissent l’effectivité. § Or, déjà là, nous constatons l’illustration d’une volonté de puissance qui s’impose des limites à elle-même, en vertu du bien qu’elle espère récolter de cette contenance et de cette discipline: ce sont des limites qui sont d’abord négatives, puisqu’il s’agira de ne pas nuire à l’exercice qu’elle fait de ses capacités ou encore de ne pas nuire à celui qu’en feraient les associés, puis ensuite qui deviennent positives, puisqu’elles enjoindront à n’entamer que ces actions qui visent à produire une fin qu’elle estime être  bénéfique, la première en importance — voire qu’elle ne fut pas la première au plan ontologique ou chronologique — étant la possibilité de coopérer avec ses semblables en vue de produire et de maximiser l’efficacité d’une action qui résulte d’une pluralité de volontés qui aspirent à se concerter avantageusement en vue de réaliser une fin commune; d’où se dessinera le paradoxe d’une volonté de puissance qui, tout en tendant à incarner la toute-puissance, reconnaît qu’il importe de limiter sa propre puissance afin de mieux encore surmonter les obstacles que lui présente la nature sous toutes ses formes, en la combinant avec celle de ses semblables, et ainsi de voir se réaliser dans l’œuvre commune, conjointement avec celle des autres, la plénitude de sa possibilité.» — Plérôme.

[action] «L’important, en archerie, ce n’est pas tant la distance parcourue par la flèche, ni la puissance, soit de l’instrument, soit de l’archer, qui la lui procure, mais la justesse et la précision du tir avec lequel atteindre le but, auquel contribuent cependant l’un et l’autre conjointement.» — Plérôme.

[amitié] «On dit souvent qu’en affaire, il n’y a pas d’amis; comme il n’y en aurait pas, non plus, ni aux cartes, ni en amour, ni certes surtout à la guerre: en réalité cependant, l’expérience nous apprend que si l’on retrouve de l’amitié en toutes ces circonstances, c’est au moment de vivre les épreuves les plus pénibles et les plus exigeantes que se manifestent les véritables amis et qu’ils peuvent, parfois et même souvent, s’avérer n’être pas ceux que l’on croyait, étant de purs étrangers.» — Plérôme.

[amour] «Si élevé que soit l’amour, lorsqu’il révèle la plus haute nature de ceux qui savent exprimer avec sublimité la pureté de cet état et le désintéressement de ce sentiment, il est aussi le plus ingrat de ces virtualités, puisqu’il se heurte souvent à l’incompréhension et à l’esprit de «tout-m’est-dû» présent chez un grand nombre et qu’il expose ceux qui s’inspirent de ses principes à vivre une situation de vulnérabilité, précisément en raison de la position de faiblesse qui est apte à résulter de l’altruisme qui guide les motifs de ses actions, car elle invite à l’exploitation d’une générosité qui ne trouve aucune contrepartie dans la mutualité de ses semblables.» — Plérôme.

[amour] «L’aporie de l’amour consiste dans le fait que, dans l’idéal, sous sa forme pure, il est un élan inconditionnel, c’est-à-dire complètement gratuit et désintéressé, mais que, dans la réalité, sous sa forme sensible et historicisée, il est plutôt conditionné par les valeurs de la culture et de la société, telles que les révèlent les expectatives et les désirs entretenus à l’endroit de chaque être, celui-ci étant censément appelé à en incorporer les qualités et à en accomplir les virtualités, d’une manière qui est préalablement définie, implicitement par la tradition et la coutume, explicitement par les normes et les lois, par les formes sociales imposées à l’ensemble de la société, lesquelles ont pour effet de construire un idéal artificiel de l’être aimé et risque, par conséquent, d’aliéner la véritable nature de cette qualité et de cet état, lorsqu’il est adéquatement conçu et entendu.» — Plérôme.

[amour] «Sans l’ingéniosité et la créativité de la femme, l’amour serait en effet ennuyeux et monotone, mais sans la conviction de l’homme et l’enthousiasme à la concrétiser et à la propager, l’amour serait-il du tout possible ?» — Plérôme.

[amour] «Le plus grand courage que le sujet moral puisse exprimer est celui de son amour: et il sera d’autant plus élevé que son amour est sincère, constant, profond et élevé et que la patience à l’exprimer sera profonde et constante.» — Plérôme.

[apparence] «Pourquoi la ressemblance qui appartient au soi lui appartient-elle en propre ? Et pourquoi celle d’autrui leur appartient-elle aussi, d’une manière qui est également spéciale ? C’est une question double qu’il conviendrait à chacun de se poser, une question dont les deux aspects complémentaires révèlent les rapport organique nécessaire qui existe entre le soi et celui de ses semblables, car elle interpelle un champ immense de significations connaturelles qui se rapportent à la singularité et à l’originalité, autant de chaque personne que des événements grâce auxquels cette unicité est apparue et qui définissent le moment initial de sa présence, de sa manifestation, de sa durée, de son entéléchie et de son terme, le cas échéant.» — Plérôme.

[art] «De par le lien qui se continue avec le moment de sa création, toute œuvre d’art constitue, en même temps que l’expression de l’intériorité et du génie de l’artiste, une fenêtre ouverte sur le passé et révèle, en plus de l’état de la pensée humaine à la période de l’histoire où elle a été conçue, celui de la culture pour laquelle elle a été produite.» — Plérôme.

[art] «Sous sa forme mitigée, la décadence est le refus de la poésie sous toutes ses formes: autant la poésie qui se sait — la vérité de sa relation à la nature et à la culture —, que la poésie qui se désire — la beauté de la forme qui exprime la perfection de sa vertu —, que celle qui se réalise — la bonté de la représentation qui exprime la valeur de ses fins —; la violence n’étant que la manifestation et l’illustration de cette dénégation: sous sa forme modérée, elle en est la dévalorisation; sous sa forme explicite, elle en est le mépris et l’avilissement; et sous sa forme extrême, elle en est la corruption et l’altération.» — Plérôme.

[autrui] «Ce n’est qu’en étant, dans le sens idéal le plus élevé du terme, et en le pouvant être soi-même, conformément à l’identité qu’il convient à chacun de cultiver en propre, que le jugement du sujet moral peut parvenir à faire l’appréciation adéquate de la personne et de la réalité de son semblable, pris comme individu ou existant en société.» — Plérôme.

[bonheur] «L’état social, l’expérience individuelle ainsi que la constitution biologique sont les trois facteurs qui, étant en interaction constante les uns avec les autres, constituent le bonheur des particuliers qui, lorsqu’il est généralisé, définit une société heureuse pour ses membres: ainsi serait-il inique de faire reposer uniquement sur les épaules d’un particulier la responsabilité de réaliser le bonheur et d’atteindre à l’état après lequel il aspire, comme il serait injuste d’exiger de la société qu’elle soit l’unique cause et la seule raison du bonheur dont ses membres jouissent. § Car on peut dire qu’en général, un bonheur qui se constitue résulte à la fois de la liberté individuelle que le sujet moral assume pleinement, lorsqu’il exprime continuellement une tension morale à réaliser le plus grand bien possible, autant de ses semblables que du sien propre, et la conjonction qui l’unit à des conditions sociales positives, laquelle est créée et entretenue par la collectivité, composée d’individus libres et moraux, participant intégralement à son organisation, visant à permettre l’actualisation du plus grand bien, physique, moral et spirituel, de ces individualités.» — Plérôme.

[connaissance] «La connaissance nouvelle que l’on propose à la conscience collective n’est pas ipso facto — ni ne saurait l’être, pour qu’elle comporte une valeur épistémologique, indéterminée mais réelle —, le déni de vérités que les penseurs de l’histoire auraient découvertes antérieurement et que la culture aurait adoptées par la suite, comme elle ne saurait être légitimement l’occasion pour l’esprit de les mettre en veilleuse pour éventuellement en venir à les oublier: une telle conception aurait uniquement pour effet de mettre au rancart des idées vraies, par définition universelles et éternelles, et de consigner à l’avenir la nécessité d’effectuer leur redécouverte, que le vide laissé par leur oubli enjoindrait à réaliser.» — Plérôme.

[conscience] «De par sa subjectivité, ainsi que par la perspective privilégiée et unique que celle-ci autorise à avoir sur le monde, puisque chacun est alors situé par elle au centre de son expérience immédiate et de la conscience qu’elle en acquiert, avec la possibilité pour elle de se voir accordée une valeur objective, l’homme devient le point de référence du regard qu’il en vient à former sur la réalité. § Lorsqu’il découvre et reconnaît la valeur de cette vérité psychologique fondamentale, en même temps que la possibilité, présente chez les êtres animés, doués comme lui d’une nature psychique analogue, de la possibilité de vivre ses manifestations, selon une singularité qui leur est propre, c’est alors seulement qu’il acquiert le désir de surpasser sa perception du monde et de la fondre en une perception commune, apte à révéler une vérité qui transcende les subjectivités et qui soit passible d’une réception comparable par tous les membres de la collectivité. § Lorsque, cependant, cette subjectivité individuelle se voit accordée une valeur préalable et une dignité prépondérante uniquement par soi, simplement en vertu de considérer sa perspective comme étant irrévocablement supérieure à celle d’autrui, c’est à ce moment que la conscience qui en émane se jugera digne d’être imposée aux autres membres de la collectivité comme étant obligatoirement assimilable par eux et susceptible d’inspirer leurs actions. § Et à défaut de pouvoir interroger ces deux types de la conscience — la conscience commune et la conscience hégémonique — quant à leurs croyances et à leurs motifs profonds, le philosophe scientifique  parvient souvent à les identifier et à les distinguer par les méthodes de leur propagation, car le moyen du premier est la communication qui informe les intelligences, l’enseignement qui forme les raisons et l’exemple qui édifie les consciences et celui du second est l’utilisation de la ruse, de la force et de la violence qui atteignent leur soumission à la volonté prépondérante des élites dirigeantes et gouvernantes.» — Plérôme.

[culture] «C’est uniquement avec la recherche, par chacun de ses membres, de la réalisation honnête, constante et sincère, des virtualités les plus élevées de leur nature que la culture de l’humanité peut espérer atteindre le point optimal de sa actualité esthético-morale: esthétique, puisqu’elle se réalise au plan historique, dans l’espace de la société et dans le temps de la culture; morale, puisque la conscience agissante ne saurait refléter, à son plus haut point possible, d’éventualité autre que bienfaisante, si elle désire produire cette fin: pourtant, d’aucuns se contenteront de ne pas reculer, devant les situations et les circonstances qui l’inclinent à faire le moindre effort, plutôt que se dépasser et ainsi viser à atteindre l’état qui pourrait effectivement apporter l’augmentation et l’agrandissement de sa promesse.» — Plérôme.

[culture] «L’esprit ne sert ni la conservation, ni la perpétuation de l’humanité en substituant à ses valeurs les plus élevées et les mieux éprouvées, sous prétexte de l’améliorer et de la perfectionner, des valeurs qui, en prétendant innover, porteraient ses semblables à vouloir les nier plutôt que les approfondir et les maintenir — aucune essence ne pouvant se contredire sans se nier en quelque façon elle-même —, et ainsi illustreraient le caractère éphémère de leur essence et la précarité fondamentale de la forme qu’elles prendront dans l’existence.» — Plérôme.

[destin] «Le destin peut se concevoir comme étant la circonstance ou l’événement qui se produisent infailliblement, lorsque l’agent moral a exacerbé toutes les possibilités que lui autorise à exercer sa liberté: mais puisque la liberté est infinie et que, chez celui-là, elle tend vers le bien absolu et la réalisation de tout ce qui en constitue l’expression, alors le destin trouverait ultérieurement son accomplissement le plus achevé avec la manifestation de la perfection.» — Plérôme.

[devoir] «Lorsqu’une personne déroge à son obligation, elle révèle un défaut; lorsqu’un ensemble de personnes le fait, cela manifeste une vogue: c’est que l’on tient plus encore rigueur aux manques de l’individu qu’à ceux du groupe, derrière l’anonymat duquel il est plus aisé pour celui-là de se réfugier.» — Plérôme.

[droit] «Qu’elle serait déplorable, la société en laquelle la loi servirait uniquement de prétexte à l’instauration d’un ordre socio-politique qui, tout en se prétendant fonder une société de droit, ne servirait en réalité aucune idée du droit, si ce n’est celle, en vérité anarchique, qui se forme et qui se détermine, par les élites gouvernantes, à partir des caprices individuels comme elle établit et qu’elle défend la possibilité pour ceux-ci de les manifester impunément et de manière irresponsable, sans égard pour les droits fondamentaux, inaliénables et réels, individuels et collectifs, de leurs semblables.» — Plérôme.

[droit] «Regrettablement, il y a que pour certains, le droit n’est qu’un moyen parmi tant d’autres de faire valoir des intérêts particuliers et spécieux, plutôt qu’il n’est l’état nécessaire à assurer la stabilité, la conservation et la durée de la société et à garantir la sûreté, la croissance et le perfectionnement de ses membres, le tout dans une harmonie des consciences et une complémentarité des devoirs, des actions comme des fins, conformément à un idéal culturel fondé sur les valeurs spirituelles du bien, du vrai et du beau, tel que la conjoncture de l’histoire et de la géographie le leur a permis de les découvrir, dans l’éveil et l’activité des consciences qui y participent à leur évolution et contribuent à leur développement.» — Plérôme.

[droit] «Toute Charte des droits comporte un présupposé majeur: à savoir que les individus, couverts par les droits qu’elle énonce et spécifie, et s’inspirant d’elle afin de recevoir la protection de l’État, conformément à ses principes juridiques, lorsqu’ils estiment avoir été effectivement lésés dans les droits qui sont garantis par elle, sont des personnes morales, capables donc de distinguer entre le bien et le mal, des personnes qui sont en même temps imbues de leur dignité citoyenne et qui assument, pleinement et en toute conscience, les devoirs et les responsabilités qui leur incombent en conséquence: ainsi, au droit écrit de toute Charte des droits et libertés correspond le droit implicite et inédit d’une Charte qui est silencieuse et muette, mais non pas illogique, inintelligente, incompréhensive, inintelligente et incohérente, et qui néanmoins serait censée, par ses principes, éclairer la conscience de chaque citoyen dans l’exercice de ses droits et libertés légitimes, à savoir une Charte qui recouvre leurs devoirs et leurs responsabilités, en reconnaissance du fait que chaque citoyen est un sujet moral et qu’au droit de chacun correspond une responsabilité qui est celle de tout concitoyen à son égard et que, réciproquement, au droit de celui-ci correspond une responsabilité, celle qui est censée inspirer la conduite de tout autre citoyen à son endroit.» — Plérôme.

[duplicité] «L’on dit parfois que l’imitation est la plus haute des flatteries: or, nonobstant que, par définition, la flatterie est rarement désintéressée — puisque le flagorneur s’abaisse à utiliser cette tactique en vue du vil avantage qu’elle lui apporte —, elle comporte en plus comme vice constitutif, en se contentant uniquement de renvoyer le reflet d’une présence et d’une manière d’être singulières, de ne pas puiser à la créativité essentielle et substantielle de la particularité identitaire de son auteur et, par conséquent, de ne pas révéler la valeur unique, réelle, intime et profonde, qui constitue l’originalité de sa personne.» — Plérôme.

[économie] «L’être de l’avoir, matériel ou immatériel, est un être qui est conditionné par la substance qui constitue son existence alors que l’être en soi transcende celle-ci afin de parvenir à la découverte des idées et des valeurs intemporelles qui, en inspirant l’entéléchie de sa substance, sont au fondement de la pérennité humaine, autant pour ce qui est de l’individualité par laquelle l’humanité s’exprime que dans la collectivité qui en suscite, en encadre, en modèle et en assure l’existence; l’avoir de l’être est l’être par lequel l’individualité est inscrite dans son historicité et sa temporalité, afin d’en soutenir les fondements existentiels concrets, tout en devenant un outil pour la réalisation de l’être, dont la satisfaction, éprouvée en raison de cet accomplissement, se ressent et se révèle avec l’épanouissement véritable des virtualités de la personne individuelle et sociale qui en témoigne par le bien qu’elle accomplit, alors que l’avoir en soi devient pour la conscience économique une finalité qui reçoit l’entièreté de son sens du fait de son accomplissement et des satisfactions résultant des biens qui en manifestent la production et la reproduction.» — Plérôme.

[égalité] «Si l’égalitarisme nierait être l’argument en faveur de la perpétuation de la médiocrité, lorsque cette idéologie établit le rendement du plus petit commun dénominateur comme étant la norme idéale de l’œuvre par laquelle chacun contribue à la société, autant par la quantité de sa production que par la qualité de sa réalisation, il peut difficilement s’en défendre: car en refusant formellement de consentir à l’émulation, visant à actualiser l’excellence la meilleure, comme étant le moteur d’une dynamique sociale qui puisse recevoir l’assentiment de l’ensemble  — même si un tel refus s’opposait à une inclination, naturellement présente en chaque conscience, d’admirer un idealtyp, tel qu’un parangon et un modèle puisse l’incarner, et de mesurer sa personne à cette représentation idéale —, pour lui substituer un idéal abstrait (v.g. la paix, l’amour, la liberté, la richesse, la popularité, l’honorabilité, la distinction, etc.) auquel chacun serait susceptible à tendre, il prive les individus des modèles susceptibles d’éveiller chez eux le goût du surpassement de leurs aptitudes et de leurs habiletés, en vertu de développer les capacités et de cultiver les talents qui sont inhérents à sa nature individuelle, et du dépassement de soi qui en résulterait à l’intérieur d’un univers social où chacun viserait à réaliser, par son action, une telle distinction, lorsque la valeur de ses réalisations serait comparée à celle qui est accordée aux accomplissements de ses semblables.» — Plérôme.

[épistémologie] «Il serait peut-être souhaitable, à l’intérieur d’un univers intellectuel où la société, et l’autorité qui la gouverne, accordent aux sous-ensembles sociologiques une autonomie réelle, qu’elles érigent formellement ceux-ci en unités homogènes, susceptibles non seulement d’illustrer une puissance singulière et individuelle sur l’ensemble social, appropriée à leur nature et à leur actualisation, mais aussi de définir une philosophie propre à fournir l’essence, le principe et la finalité propres au phénomène social particulier qui le caractérise manifestement, et encore de cerner quelle serait la nature de la pensée qui naîtra éventuellement de l’esprit des individus qu’il conditionne et qui s’associent intégralement à lui, comme en constituant une partie intégrante et comme assumant leur état présent et leur expérience actuelle, en voyant en ceux-ci l’horizon probable de leur réalité humaine, s’ils le jugent implicitement comme étant indépassable, et peut-être même de la réalité humaine, s’ils le jugent implicitement comme étant unique. § Ainsi pourrait-on développer, non seulement une philosophie de l’éducation — une gnoséologie pédagogique —, mais encore une philosophie des éducateurs sur l’éducation, comme à la fois émanant d’une autorité intellectuelle abstraite, habituée et habilitée à penser en principes généraux, exclusive de l’épreuve qu’une pratique concomitante en fait dans l’expérience, et prolongeant ainsi que spécifiant la précédente d’une manière qui, tout en considérant la forme de la pensée générale qui la caractérise, se distingue d’elle dans le quotidien des réalités concrètes et des cas individuels. En poussant l’illustration plus loin, il serait possible de proposer qu’il existe en même temps une philosophie de la jeunesse et une philosophie des jeunes sur la jeunesse; une philosophie du travail et une philosophie des travailleurs sur le travail; une philosophie du droit et une philosophie des magistrats sur le droit; une philosophie de la médecine et une philosophie des médecins sur la médecine; etc. Car force est-il au praticien de constater que cette division des mentalités, non seulement conditionnerait la marche de la philosophie en général, par définition intéressée, pour l’essentiel, à découvrir et à définir les principes universels et nécessaires qui président à l’ordre des phénomènes de l’expérience, en tant que cette philosophie serait recevable et applicable par la généralité des penseurs, mais encore les expectatives pratiques que l’on serait légitimé d’entretenir à son endroit, puisque cette distinction prendrait acte d’une réalité sociologique concrète, celle qui résulte de l’écart existant entre l’idéalité que le philosophe se charge de définir, d’une manière désintéressée, et la réalité pratique des esprits qui entrent en action et qui transforment en opérations pratiques des conceptions générales afin d’accomplir leur fonction sociale, en constatant combien celles-ci sont influencées fortement par des particulières, objectives et/ou subjectives, mais néanmoins concrètes et déterminantes, dont la première caractéristique est d’exister, qui exigent souvent que le praticien doive compromettre, dans le feu de l’action, les principes élevés de l’idéalité morale qui lui sont proposés en théorie et que seule une pratique intensive, portant sur des expériences semblables, permet peu à peu, et sur une durée plus ou moins longue, de faire l’approximation de plus en plus justement. § D’ailleurs, cette division répond à celle que la scolastique a définie entre la science générale et la science spéciale, sauf qu’elle transpose le domaine de l’intellect passif à celui de l’intellect actif pour voir en celui-là un générateur de principes intellectuels qui n’allouent pas, dans l’application que l’on en fait et l’illustration de la volonté qui mène à elle par la délibération et par l’action, pour les résistances, les contraintes et les conditions empiriques qui en compliquent la réalisation.» — Plérôme.

[esprit] «Toute conversion (métanoèse) — tout changement radical de la pensée, du sentiment et de la conduite subséquente, fondé sur une perception transformée de la réalité et de la conviction qu’elle apporte avec elle — repose sur l’aperception claire d’une vérité qui jusque lors n’était perçue qu’obscurément ou confusément par la conscience ou encore n’était aucunement conçue comme telle par celle-ci: lorsqu’elle se produit seulement dans la conscience, pour uniquement transformer la conception théorique que le sujet moral acquiert de la réalité, on peut la dire intellectuelle; mais lorsqu’elle infuse l’être dans son entièreté, pour transformer, non seulement sa vision des choses, mais encore, par les conduites adoptées, le rapport de la personne à la réalité, c’est-à-dire aux choses et aux autres individus qui la composent, on peut la dire ontologique. § Or, si les deux formes que prend la conversion ne s’opposent pas a priori, et même souvent se complètent l’une et l’autre dans l’expérience — car comment autrement concevoir un changement dans l’attitude d’un individu, sans en même temps comprendre qu’elle se fonde sur une altération de la conscience —, il arrive cependant qu’elle puisse se limiter à l’univers conceptuel de l’individu, sans que ne s’opère une action correspondante sur les gestes et sur les pratiques qu’elle serait apte à informer: une telle distinction devient problématique, dès lors que l’esprit moral s’enquiert sur la légitimité de l’action vraie, lorsqu’elle se compare à celle de la conception qui se satisfait uniquement de la qualité métaphysique de la substance qui la réalise ou qui serait censée aboutir à cet accomplissement.» — Plérôme.

[esprit] «Le sentiment amplifie l’instinct, pour éventuellement le bonifier et le sublimer, dans la subjectivité de la conscience; l’instinct accomplit le sentiment, en lui fournissant la matière dynamique de l’élan qui la propulse; et la pensée inscrit dans le temps, l’amalgame de ces deux potentialités, sous la forme de la conduite qui l’exprime, de l’action qui la révèle et de l’œuvre qui en constitue la manifestation, toutes trois concourant à réaliser, dans la mutualité des complémentarité et des effets, la spiritualisation à la fois de la personne et de la culture qui la nourrit et sur laquelle celle-ci agit.» — Plérôme.

[esprit] «Le réductionnisme qui résulte de l’application de l’esprit à la connaissance de son objet peut conduire en même temps la conscience à éprouver le sentiment d’une transcendance face à celui-ci, un état ayant la possibilité de se résoudre implicitement en l’entretien de l’illusion de la supériorité par l’agent épistémologique qui est opposé à l’objet de sa considération: un tel état d’esprit risque de causer un moindre problème, lorsque l’objet en question appartient au règne de l’inanimé ou de l’animé inférieur — un organisme vivant, plus primitif et moins complexe —, car alors, tout en exprimant chez lui un ascendant de facto, il peut informer la qualité de l’objectivité requise afin de l’appréhender adéquatement; mais elle devient effectivement problématique lorsqu’elle s’inscrit à l’intérieur de rapports sociologiques hiérarchisés, d’une manière plus ou moins formelle, et qu’elle se fonde sur des attentes correspondantes, prescrites par la tradition dont les valeurs gouvernent la situation en laquelle elles deviennent opérantes, avec le risque qu’il puisse en résulter une attitude de hauteur et le sentiment d’une supériorité morale, contraire à une déontologie fondée sur l’empathie et la considération authentique de la dignité et de la valeur inhérentes à chaque membre de la société, en créant le terrain artificiel d’une inégalité sociale fondée sur la réification des personnes au moyen de constructions théoriques abstraites et de concepts ‘dépersonnalisants’.» — Plérôme.

[État] «Si l’État, par l’entremise de ses agents politiques et moraux, ne récompense pas ceux qui le méritent, quel est effectivement le mérite de ceux qu’il récompense, car il ne peut s’estimer et se laisser apprécier que par comparaison à celui qui est plus élevé que le leur ?» — Plérôme.

[État] «Quelle que soit par ailleurs sa prétention, l’État, en vertu du droit de vie et de mort qu’il exerce sur ses ressortissants, au nom de la raison d’État qui ne saurait tolérer que l’on porte atteinte à son Autorité, à sa Majesté et à son Existence même, ouvertement ou selon des moyens occultes et clandestins, constitue la représentation institutionnelle et organique de la Divinité sur terre et son chef en devient ipso facto, nolens volens, l’agent moral et politique par excellence, de facto, à l’intérieur d’une République laïque, selon l’adage du «Vox populi, vox Dei», de jure et de facto à l’intérieur de la République monarchique, selon l’adage du «Cujus Regio, ejus religio».» — Plérôme.

[excellence] «La médiocrité est un état qui se situe quelque part entre l’excellence qui, étant consciente de sa virtualité, se manifeste actuellement, ou que le sujet moral cherche vivement à atteindre, et l’inaction, ou l’inertie, qui n’osent l’exprimer et qui trouvent leur résolution en la stagnation de son état: d’où sa tendance à confirmer l’un comme l’autre de ces états, car le premier en exprime manifestement et, simultanément, en dénonce implicitement l’insuffisance alors que la seconde compromet la possibilité même qu’elle puisse se maintenir indéfiniment.» — Plérôme.

[excellence] «Le modèle que l’on propose en exemple à autrui s’expose toujours à une susciter surenchère qui cherche à surpasser en existence le prototype et par conséquent à attirer sur l’heureux émule qui relève avec succès le défi à la fois les faveurs de la gloire et la bonne fortune du sort: ainsi chacun, étant conscient de cette dynamique, doit-il chercher en tout temps à représenter le plus haut idéal dont il est capable, en sachant que la réalisation qui en résultera devient alors un modèle de perfection pour ses semblables et que la qualité morale de l’action qu’elle engendrera orientera leur conscience à désirer accomplir la suprême bonté, par les actions subséquentes qui résulteront de leur initiative, en devenant par là le garant du meilleur avenir possible pour la société en particulier et pour l’humanité en général.» — Plérôme.

[existence] «Il semble parfois que la vie se résume à concevoir des idées magnifiques et à rêver des projets grandioses, mais à devoir se contenter d’engendrer des réalisations humbles.» — Plérôme.

[expérience]  «Tous deux, l’être et l’avoir, se définissent dans le champ de l’expérience qui la réalise et la complète: mais alors que l’un s’exprime dans l’acte du faire et du faire-faire qui est issu de l’aptitude; l’autre se réalise dans l’action qui procède du souvenir immédiat et qui fonde le devenir, en accomplissant par conséquent le moi profond.» — Plérôme.

[expérience] «La fonction sociale constitue l’individu; l’état social définit le particulier; l’expérience, par la qualité de l’âme et de l’esprit qui résultent d’y répondre, aussi adéquatement qu’il est possible pour elle, édifie et accomplit la personne.» — Plérôme.

[féminisme] «Le sexisme serait-il uniquement l’affaire des hommes, comme trop souvent la propagande culturelle serait portée à le laisser entendre, lorsqu’elle se déploie afin d’enrayer ses effets nuisibles sur la société, et ceux-ci sont-ils les seuls à démontrer, à l’endroit du sexe complémentaire, un préjugé qui compromettrait la pleine réalisation de son essence, selon les virtualités qui sont propres à son genre et qui néanmoins l’inscrivent à l’intérieur du mouvement vital et général de l’espèce humaine: la question se pose légitimement, à la lumière de l’originalité qui est propre à l’essence féminine de la femme et des structures sociales que l’histoire a mise en place afin de la reconnaître et de la protéger.» — Plérôme.

[histoire] «Par la possibilité qu’elle offre de comparer des perspectives divergentes issues de réalités semblables, suscitées par le temps, à l’intérieur d’une même culture et rejaillissant sur une pluralité de cultures, dont le passage est marqué par les événements qui les distinguent et qui contribuent à leur perfectionnement, leur remplacement et leur transformation, la connaissance de l’histoire est essentielle à une perception adéquate et complète de la vie de l’âme et de l’esprit, autant celle des particuliers que celle qui dynamise et anime les associations, les institutions et les sociétés qui la forment et en procèdent.» — Plérôme.

[histoire] «Les germes de la Révolution française furent semés dès le jour où les princesses échangèrent la vertu et la grâce, qui leur ont mérité l’état social dont elles ont hérité et l’estime dont elles jouissaient, contre les charmes de la courtisane; et les princes, l’honneur d’une conscience irréprochable et la fidélité inébranlable aux principes moraux les plus élevés, avec la vaillance dans la résolution de les maintenir et de les perpétuer, contre les attraits du séducteur et la recherche des satisfactions hédonistes qui en résulteraient.» — Plérôme.

[histoire] «Lorsque la conscience ignore le passé, lorsqu’elle fait comme si le passé n’existait pas, elle se condamne bien sûr à en répéter les erreurs, comme l’affirmait le philosophe espagnol G. Santayana, reprenant en cela une idée du politicien anglais, E. Burke, car elle aura tendance, par habitude, à appliquer les solutions identiques douteuses à des situations problématiques semblables, avec pour résultat d’en reproduire les mêmes effets regrettables, mais elle s’expose surtout à ne pas reconnaître que des mouvements et des courants actuels en sont issus réellement et que leurs effets et leurs conséquences sont toujours agissants, lorsque se réalise l’actualité en raison de cette inconscience, une issue d’autant plus significative qu’elle risquerait d’affecter concrètement des existences particulières et toucher sensiblement des vies individuelles d’une manière qui, n’étant pas toujours heureuse, ni bienfaisante, aurait été évitable si la conscience s’était alimentée, pour en prendre connaissance, aux sources de ces événements.» — Plérôme.

[histoire] «Le passage du temps, i.e. des siècles, des ères et des époques, contribue à l’oubli, en la conscience de l’homme, de vérités irréfutables et irréductibles, auparavant aperçues et acquises par la culture, par l’habitude qu’elles suscitent de conformer les idées et les actions subséquentes aux principes qu’elles contiennent, lesquelles certitudes n’en demeurent pas moins vraies pour autant: soit qu’elles aient sombré dans l’abîme de l’inconscience, soit qu’elles aient subi les avatars de la défaveur et de la désuétude, elles se voient condamnées à s’effacer devant les nouvelles connaissances que la conscience collective offre en substitution aux intelligences individuelles. § Par la publicité qu’elles reçoivent désormais, engendrée par une élite qui voit en elle le moyen d’établir la base épistémologique de l’avenir de la société, et l’acceptation générale qui en résulte parmi la conscience de l’ensemble, puisqu’elles définissent momentanément l’horizon moral des idées, des principes et des valeurs qui sont dignes d’être retenus et propagés publiquement — différemment selon que ce processus opère à l’intérieur de la société traditionnelle ou de la société industrielle et technologique —, les matières intellectuelles qui les constituent obtiennent à leurs détenteurs un statut politique et un prestige social qui obnubilent ceux qui autrefois revenaient à leurs défenseurs et à ceux qui incarnent, en leur personne, les principes au fondement des vérités passées, maintenant oubliées par la généralité, mais toujours transportées dans l’intimité des consciences qui s’en sont un jour infusées, ont laissé leur être se transformer profondément par les significations qui les ont pénétrés et ont transmis à leur progéniture et à leurs successeurs les valeur des convictions qui en ont procédé. § Ainsi se créent, à l’intérieur de la société, des classes épistémologiques qui sont susceptibles de définir une perspective, sinon une doctrine unificatrice, et de consolider un consensus, plus ou moins généralisé, autour de la valeur comparative accordée aux consciences, individuelles ou collectives, selon les valeurs sociales et morales qui animent leurs actions et qui inspirent leurs communications, un phénomène sociologique qui s’érige autour du processus historique de la fragmentation, de la hiérarchisation, de la suppression et de la substitution de la vérité, que seule une réminiscence parviendra à retrouver et que seul un esprit de critique et de synthèse réussira à rétablir, en lui apportant clarification, compréhension et cohérence.» — Plérôme.

[histoire] «De nombreux siècles d’histoire se sont écoulés entre le mot d’ordre de Montcalm: «Mieux vaut la défaite dans l’honneur que la victoire dans le déshonneur» et la boutade de Y. Deschamps: «Mieux vaut être riche et en santé que pauvre et malade»; entre la description du peuple Canadien, que fit le général Britannique Murray, au lendemain de la conquête de 1760, comme étant «le peuple le meilleur et le plus brave de la terre» et celle que lui attribua le gouverneur Britannique Lord Durham, quatre-vingts ans plus tard, d’être «un peuple sans histoire et sans littérature».» — Plérôme.

[homme] «Tout le mal de la société vient de ce que, avec le passage du temps et des générations, la conscience collective a tantôt oublié, en le réduisant à l’accomplissement des formes qui l’exprimeraient habituellement, et tantôt déformé, souvent en le pervertissant, le principe naturel fondamental, émanant de la sagesse des âges, comme décrivant proprement la finalité de la Création, qui veuille que, dans leur complémentarité providentielle, telle qu’elle est désirée par la Sagesse divine, l’homme est le rempart et la force de la femme, devant les puissances physiques et métaphysiques, naturelles et sociales, qui cherche à prédominer face à leur réalité conjointe, comme la femme est l’âme et la muse inspiratrice de l’homme, pour dynamiser sa puissance et orienter son action, lorsque leur couple illustre sa créativité afin de transformer leur milieu et le rendre le plus compatible possible à la réalisation et à la perfection de l’essence de leur nature, et que c’est à cette condition seulement — d’un rapport complet, organique, interactif et symbiotique entre leurs genres — que l’humanité peut espérer réaliser et accomplir la plénitude de sa destinée.» — Plérôme.

[homme] «C’est autour du thème de la réconciliation que la liturgie et la thérapie trouvent leur recoupement: pour l’une, la réconciliation de l’humanité avec Dieu; pour l’autre, la réconciliation de l’humanité avec elle-même: or, puisque ces deux pratiques concernent une nature identique et gravitent autour d’elle, celle de l’homme qui se conçoit selon l’idéal le plus élevé qu’il puisse se représenter de lui-même, mais en vertu de deux polarités distinctes, l’ontogénie qui réalise une virtualité transcendante dans l’élévation de l’esprit et la phylogénie qui requiert une harmonie fondamentale afin d’assurer la continuité et la perpétuité de l’espèce humaine, leur complémentarité devrait apparaître clairement, lorsqu’il se produit effectivement une rupture qui sépare ces deux plans et qui instaure une aliénation dans la conscience de l’homme pour la signifier. § Car comment concevoir le rapport de l’humanité avec Dieu, autrement que dans la réalisation optimale de la spiritualité des hommes, dont la dimension sociale et grégaire est le fondement de la convivialité, à l’intérieur de leur société qui procède de cette virtualité, par la culture qui en est issue, elle-même requérant une harmonie pour qu’elle puisse naître et croître; ou encore comment se représenter l’harmonie de l’humanité avec elle-même, autrement que dans la réalisation d’une finalité infinie qui serait la même pour tous, dont l’entéléchie, la possibilité conative de tendre vers elle et de s’efforcer de la rencontrer, émanerait d’une Volonté suprême, et qui trouverait sa contrepartie effective dans une nature vivante spécifique, apte à actualiser librement cette éventualité ? Et comment concevoir la normalité, comme reflétant à la fois la confluence de l’humanité en Dieu et l’aptitude des hommes à vivre les uns avec les autres une concorde véritable, qui reconnaisse et qui mette à contribution la singularité et l’individualité qui leur est propre, autrement que comme la réalisation d’une perfection, une fin bonne qui autorise alors à initier et à mener ces deux pratiques dans le sens de son accomplissement ? § Et en quel lieu situer alors l’autorité légitime et ultime qui permettrait de fonder et de décerner l’autorité pratique de certains membres de la société qui en sont investis sur des congénères, compte tenu de la perfection morale qui en est le principe fondateur et des difficultés que pose cette reconnaissance pour des consciences finies, engagées elles-mêmes sur la voie de la poursuite de la perfection ? Autant de questions qui devraient intéresser ceux que préoccupe le thème de la place réelle de l’homme, capable de vie et de spiritualité, et par conséquent de perfectionnement, dans un monde qu’il n’a pourtant pas voulu et qui pourtant est le théâtre de la réalisation de son être, de l’expression de sa volonté et de la moralité de son action: car toute pratique constitue et définit une action qui la spécifie comme toute action est inconcevable sans la pratique qui l’exprime.» — Plérôme.

[ignorance] «L’ignorance n’est pas uniquement l’état négatif de l’intelligence, issu d’une connaissance lacunaire et imparfaite, mais elle possède une contrepartie active et intentionnelle avec la falsification des connaissances vraies ou la perpétuation de conceptions déficientes, sans désir véritable de les voir se compléter, dans la conscience de leurs semblables, ou encore dans le refus de reconnaître les limitations et les erreurs, engendrées en raison de cette incomplétude.» — Plérôme.

[illusion] «L’illusion peut se concevoir comme étant la promesse qui, tout en autorisant à toutes les espérances en sa réalisation, puisqu’elle est fondée sur la sincérité et la moralité indéfectible de son auteur, comme sur la perception assurée qu’elle puisse s’accomplir, ne trouve jamais à s’actualiser, puisque tout en empêche l’accomplissement et que rien ne concoure à son achèvement.» — Plérôme.


[ingratitude] «L’idée de porter une dette envers autrui est à ce point intolérable chez certains que, plutôt que se sentir obligés à témoigner de la reconnaissance pour le bienfait qu’ils ont reçu, voire gratuitement et sans arrière-pensée, le sentiment d’ingratitude qu’ils éprouvent les poussera à nier l’action bienfaisante, malgré la présence continue de ses effets bénéfiques, ou encore recourir à l’artifice et à inventer quelque formalité qui niât la légitimité de sa production ou encore quelque excuse qui rendît celle-ci nulle et non avenue.» — Plérôme.

[intelligence] «Étant la capacité de capter adéquatement l’essence, l’intégrité et l’intégralité de la réalité, l’intelligence est la faculté par excellence, susceptible de reconnaître entièrement et d’apprécier pleinement le génie, autant celui qui est présent dans le propos énoncé par la raison que celui qui est illustré par la conscience, dans l’action qui est entreprise et qui est menée par elle.» — Plérôme.

[intelligence] «L’intelligence est le regard, à la fois extensif et en profondeur, qui se pose sur la réalité, pour en saisir à la fois l’essence de l’être et son mouvement, autant quant à son origine qu’en vertu du dessein qui la justifie et de la finalité qu’elle poursuit, et, en vertu de la possibilité actuelle que démontre l’agent moral et la liberté fluctuante qui lui est autorisée en ce sens, tantôt par les contraintes de la nature, tantôt par les conditions sociales et tantôt par leur association dans l’expérience, de l’exprimer et, ainsi, de contribuer à en réaliser l’accomplissement, conformément aux virtualités qui sont les siennes.» — Plérôme.

[intérêt] «Si tristes et si déplorables que soient les conséquences d’un méfait, rares sont ceux qui, prenant conscience de sa production et se dissociant de ses auteurs, songeraient à renoncer aux retombées qui en ont procédé, même indirectement, à leur insu, n’ayant en rien participé à sa commission, ni même par sympathie ou en l’encourageant tacitement.» — Plérôme.

[justice] «L’apparence de la justice est la mieux servie par l’accomplissement de la justice elle-même, complètement et intégralement, c’est-à-dire aussi complètement et intégralement qu’il est humainement possible de la réaliser: car, sauf à proposer que l’on dusse se satisfaire d’un état où l’on se contenterait — souvent en mettant à contribution la procédure —, d’une justice formelle sans qu’une justice substantielle ne soit réellement servie par ce théâtre, la qualité de la justice et l’apparence qu’elle prend se confondent, se complètent et coexistent en état de compénétration mutuelle.» — Plérôme.

[liberté] «Quelle réalité possède la liberté de l’homme, s’il existe toujours une force prépondérante, qu’elle soit endogène ou exogène, sociologique ou physiologique, pour établir sa priorité et sa primauté sur celle-là et en subjuguer l’expression.» — Plérôme.

[liberté] «Selon une perspective théiste, la liberté ne se définit pas d’abord et avant tout comme étant une transgression — une interprétation qui découle de proche en proche, implicitement et radicalement, de la doctrine du péché originel et qui fonde autant la culture du blâme que celle de la culpabilité —: la conscience doit plutôt voir en elle l’illustration de la faculté, présente en l’homme, d’assumer entièrement la possibilité de réaliser, avec la grâce de Dieu, ce qui serait en lui la propension à accomplir la bonté la plus élevée dont il serait capable et de tendre de tout son être à cette finalité.» — Plérôme.

[liberté] «Tels sont ceux pour qui la liberté consiste à agir impunément d’après les pulsions immédiates de l’état actuel de leur être, indépendamment de la qualité, de la profondeur et de la sublimité qui caractérisent leur nature véritable.» — Plérôme.

[mal] «Si déplorable que soit elle-même la commission du mal, l’incitation qui dispose au mal et la détermination qui entraîne son semblable à le commettre sont pires encore, puisqu’ils deviennent la cause active et la raison efficiente de sa perpétuation, sans compter qu’elles sont à l’origine de la décadence culturelle et de l’avilissement moral des sujet moraux qui subissent cette influence calamiteuse.» — Plérôme.

[moralité] «C’est une entorse radicale au droit que de confondre l’erreur et la faute, de manière à convertir la faute en simple erreur et à ériger l’erreur en faute: car l’erreur repose pour l’essentiel sur l’imperfection du jugement qui résulte en une interprétation inadéquate des situations et des événements, sans que l’esprit du sujet moral ne mette nullement en cause sa bonne foi, en poursuivant malgré tout la formation d’un jugement impeccable, alors que la faute consiste à commettre une action malveillante en connaissance de cause, tout en étant prêt à assumer la contrainte des conséquences légitimes qui se présenteraient par la suite, souvent avec la résolution de s’y soustraire, si l’occasion s’en présentait. [Faisons remarquer qu’il est également possible, comme dans les moments de persécution religieuse, d’agir en bonne conscience et de poursuivre des fins objectivement morales, susceptibles d’être cautionnées et même louangées par des consciences droites, avec la possibilité qu’elles soient néanmoins tenues pour être fautives par un régime altéré ou indifférent à la moralité et, par conséquent, réprouvées et châtiées par lui]. § Par conséquent, si l’erreur engage pour l’essentiel l’intelligence et le jugement du sujet moral, et, pour expliquer son action, repose plus particulièrement sur des conditionnements sociaux ou individuels inadéquats et sur l’ignorance personnelle des enjeux, tout en conservant une intention droite dans la conduite de ses actions, la faute met en cause la valeur effective des motifs réels de l’individu et le portent à s’interroger lui-même sur la constitution profonde de sa nature morale et sur la qualité de la disposition avec laquelle elle s’exprime. § Confondre ces deux notions, pour attribuer à l’une la dynamique et les motivations qui reviendrait à l’autre à l’autre, équivaudrait donc, dans le premier cas, à flétrir l’erreur qui serait excusable et, dans l’autre, à justifier une déviation condamnable: l’une mériterait le blâme et le redressement; et l’autre, la punition et la correction. § Mais qu’en serait-il du principe socratique qui veuille que toute action mauvaise résulte d’une inconscience qui, une fois qu’elle est levée, ne conduirait plus à l’acte méchant ?» — Plérôme.

[moralité] «Le discernement de la pensée ainsi que la prudence de la pratique commandent constamment à l’intelligence de se rappeler que toute réalité, sans exception, est une entéléchie, un procès en voie de réalisation, comportant une fin donc, laquelle possède alors nécessairement une connotation et une valeur morales, puisqu’elle est apte à être jugée bonne, estimable et désirable.» — Plérôme.

[moralité] «Une interprétation éclairée de l’histoire révélera à l’intelligence, lorsqu’elle se montre réceptive à l’évidence de cette vérité, que la moralité — autant celle que chacun illustre dans la conduite et l’activité de sa personne comme celle dont la culture et de la société encouragent la présence chez ses membres et que chacun de ceux-ci inspire à ses semblables de vivre réellement et sincèrement, d’autant plus vaillamment que la situation et la conjoncture des événements seraient le motif d’un profond découragement en ce sens —, constitue la différence essentielle entre un monde qui évolue vers la perfection originelle qu’il a retrouvée dans son souvenir et celui qui entre en décadence, en divergeant d’une manière significative, de la finalité ultime qui illustre la sublimité de sa promesse, inscrite à même son entéléchie.» — Plérôme.

[moralité] «Nulle notion du respect ne saurait se comprendre sans une conception relative à la valeur ontologique et morale implicite de la personne ou encore à la destination à la fois particulière et sociale qui peut lui être accordée par la conscience morale, en tant que l’individu appartient et participe à un ensemble culturel, à la fin qui le dynamise, intériorisée qu’elle est, à des degrés différents, par chacun de ses membres, ainsi qu’au mouvement historique qui le caractérise.» — Plérôme.

[moralité] «Sauf à être absolue, c’est-à-dire à exprimer d’une manière suprêmement parfaite la valeur du bien et de tendre avec sincérité et conviction à le réaliser superlativement, une morale qui s’érigerait sur l’illégalité de la conduite serait en principe tout aussi absurde qu’une légalité formelle qui se fonderait sur l’immoralité de la conscience.» — Plérôme.

[moralité] «L’ignorance et l’inconscience sont les deux piliers de la malveillance: la première, puisqu’elle ne sait pas la reconnaître, puisque ne possédant ni les principes, ni l’expérience afin de pouvoir l’identifier; la seconde, puisqu’elle n’est pas suffisamment éveillée à la chaîne des causalités physiques et morales et à l’effet que comporte en puissance la liberté personnelle sur elles, apte à recruter en soi-même la disposition, le désir, la volonté et le courage de la réaliser, à résister à la fausseté de son expression et de l’employer à poursuivre les idées-transcendantes de la bonté, de la vérité et de la beauté.» — Plérôme.

[moralité] «Une conception morale du désir et de la volonté consiste à déterminer s’il est légitime en tout temps de vouloir ce que l’on désire et de spécifier les critères d’une adéquation justifiable, et à quelles conditions, de la volonté au désir.» — Plérôme.

[mythe] «Le fondement du mythe est le mystère, autant celui que l’on tente d’expliquer que celui que l’on désire transmettre, mais aussi celui dont on désire voiler ou déguiser les significations, afin de prévenir tout détournement des significations que la raison pourrait lui apporter, en risquant d’en altérer le sens profond et incommensurable, que peut seule concevoir l’intelligence qui a, en elle, la lumière d’en apercevoir les reflets et les contours, à l’intérieur de l’expérience de la réalité qui la lui présente: d’où l’opacité et l’impénétrabilité apparente du mythe, soit qu’il s’épuise à interpréter un mystère qui, par définition, échappe à toute explication; soit qu’il transporte en lui les nombreuses déformations qui accompagnent sa reconstitution, par les diverses intelligences qui l’ont interprété, et sa communication, par les nombreuses bouches qui l’ont véhiculé, à travers les âges et les cultures qui l’ont pressenti; soit aussi qu’il masque une vérité qui ne saurait être perçue que par les esprits qui sont disposés à en pénétrer les arcanes et préparés à accueillir ses enseignements.» — Plérôme.

[nature] «Lorsque l’on y songe, la nature en entier offre à la conscience un mystère dont la représentation que l’on en préserve sélectivement dans le souvenir et l’invitation à en pénétrer l’énigme afin de parvenir au secret du sens profond qu’il renferme constituent les témoins intentionnels de sa réalisation esthétique.» — Plérôme.

[perfection] «Reconnaître qu’il existe toujours plus parfait que soi, ce n’est pas, pour tel particulier spécifique, nier le degré de perfection que celui-ci a atteint et qu’il peut légitimement revendiquer comme lui appartenant, sauf évidemment à en avoir réellement démérité, et tout en visant à l’augmenter encore plus avec les nouvelles expériences qui se présentent à lui.» — Plérôme.

[perfection] «On ne saurait comprendre ce qu’est un état négatif, ou encore ce qui serait la corruption ou la perversion d’un état positif, sans comprendre ce qui serait à la fois la nature de sa perfection et la réalisation que le sujet moral serait susceptible d’en accomplir, autant quant à ce qu’elle représente dans l’idéal qu’en rapport avec la réalité qui représenterait son action achevée ultérieurement.» — Plérôme.

[philosophie] «Une question, et une seule, devrait intéresser prioritairement la philosophie métaphysique: celle de l’essence, autant celle de sa nature que celle de ses manifestations, puisqu’elle touche à l’en soi de la réalité et qu’elle est au cœur de toutes les distinctions qui peuvent apparaître à l’intérieur de cette discipline, y compris de la substance par laquelle elle s’exprime.» — Plérôme.

[philosophie] «La philosophie bouddhique, lorsqu’elle fonde son principe sur la contemplation du néant qui réside au cœur de chaque être, est peut-être celle qui est la plus près de la nature humaine, de l’«état» qui en constitue l’origine la plus radicale et la plus fondamentale et de l’accomplissement de l’originalité de son essence: car elle se fonde sur le principe même de l’existence avant toute Création, le néant dont Dieu tira la réalité de l’existence de sorte que, en tentant sincèrement d’apercevoir en soi cette vacuité et en s’efforçant sérieusement de se la représenter, par un retour sur ce qui, dans la conscience, en serait comme le vestige et l’empreinte, elle se met en position de concevoir intuitivement quelle peut être la plénitude de l’homme, telle qu’elle est voulue par le Créateur, et de se donner éventuellement les moyens de réaliser l’entéléchie qui l’accomplit.» — Plérôme.

[philosophie] «La philosophie peut se comparer à l’art de naviguer avec justesse et précision, en s’inspirant des préceptes, clairement aperçus par l’intelligence morale, de la vérité pleine et entière, et qui en est comme l’étoile du marin qui guide le pilote, parmi le labyrinthe compliqué et autrement inextricable que constituent les écueils de la fausseté, de l’illusion, de l’ignorance, des ambiguïtés et des contre-vérités.» — Plérôme.

[philosophie] «La philosophie ne saurait se contenter d’être la justification du statu quo politique et du modus vivendi existentiel du praticien de cette discipline qui, effectuant l’analyse sérieuse de la situation actuelle et présente, en viendrait à déterminer ce qui, de son point de vue singulier, mériterait d’être préservé et continué, pour son plus grand bonheur et celui de ceux qui en partagent les bienfaits: car une telle approche aurait uniquement pour effet réveiller les consciences et de susciter les conclusions correspondantes chez ceux qui, en recourant à une méthode intéressée similaire, trouveront à critiquer leur état présent et l’actualité à laquelle ils sont exposés, au nom d’un bonheur qui leur échappe et d’une réalité qui les néglige de sorte que l’ultime aboutissement dialectique, procédant d’une telle dynamique, ne saurait être autre chose que la division sociale et les inévitables conflits qui accompagneront cette démarche, en l’absence d’une pensée transcendante qui, en reconnaissant les contradictions et les oppositions implicites à une démarche perspectiviste et égocentrique, parviendra à les dépasser et à les résoudre.» — Plérôme.

[philosophie] «Il y a beaucoup de bien à dire de la méthode cartésienne, qui, en recourant au doute méthodologique, a procuré au monde de la pensée le moyen d’établir la possibilité d’une certitude subjective qui permette de fonder l’existence sur la vérité des principes de la raison et, par conséquent, la possibilité d’effectuer des raisonnements ultérieurs qui ne fussent ni capricieux, ni fantaisistes, ni illusoires; par contre, le problème qu’elle présente pour l’histoire de la pensée, c’est que le scepticisme qui inspire sa démarche crée les conditions d’une rupture épistémologique avec les conceptions antérieures de la vérité, qui auparavant étaient peu susceptibles de susciter un questionnement, en raison d’une disposition droite de l’esprit à faire l’intuition claire de l’essence, sans qu’il ne soit lui-même spontanément enclin à en fausser la matière: en le soumettant aux artifices d’un Malin Génie, dont l’unique préoccupation serait de tromper la conscience humaine et de fonder les principes ou les convictions qui en sont issus sur des apparences illusoires et des mystifications captieuses, en allouant pour la possibilité qu’un tel agent puisse recourir à la duplicité et chercher activement à brouiller la pensée et la confiance qu’elle peut avoir en sa faculté de discerner le vrai du faux, il réalise cette discontinuité épistémologique. Car si ferme et inébranlable que fût la certitude subjective pour la conscience individuelle, elle n’en demeure pas moins subjective pour autant, de sorte que la possibilité d’apercevoir une vérité objective indéniable, indépendamment du désir de l’esprit de l’attester ou de refuser de la reconnaître, n’en demeure pas moins problématique pour la conscience qui s’interroge sur la validité de ses connaissances. § Un «Je» qui se sait indubitablement, dans l’affirmation du «Je pense», peut éventuellement se conforter de posséder cette certitude, il ne saurait trouver en elle le critère qui lui permettrait de distinguer ce qui, dans le monde sensible, serait illusoire de ce qui serait réel. Seul un regard qui pénétrerait les arcanes de la nature et découvrirait, dans l’expérience de la relation avec les situations, les événements et des circonstances qui procèdent de son essence multiple, compliquée et dynamique, les lois et les principes qui sont susceptibles d’en justifier la raison d’être et d’en exprimer la réalité serait susceptible d’une telle réalisation et seul un sens objectif, apte à fonder en ce sens la pénétration et le discernement de l’intelligence permettent d’y parvenir. § Or, si le philosophe découvre, dans la proposition du Cogito, l’évidence de l’activité de la raison, liée inextricablement, à l’intérieur de la métaphysique subjective cartésienne, au sujet épistémique qui en est l’agent, cette même proposition s’avère insuffisante à fonder adéquatement la nature dynamique de la relation épistémique par laquelle la conscience engage à établir, dans l’immédiateté de son expérience réelle, une connaissance véridique sur le monde, sans la médiation d’un Cogito qui se réfléchit lui-même, mais uniquement grâce à un «Je» qui exerce sa pensée directement à élucider le monde, à l’intérieur de la démarche scientifique. Établir un «Je» capable de science, et de toute science, en raison de ne pas être une construction illusoire ou factice, procédant d’une imagination influençable, s’avère peut-être une démarche nécessaire à la fondation de la connaissance légitime, elle n’est pas suffisante à faire l’acquisition définitive d’une connaissance particulière et de la science qui l’organise et la systématise. Le problème devient donc, à l’intérieur de l’activité épistémologique qui mène au savoir, de pouvoir cerner et définir ce que serait une condition suffisante à la possibilité pour toute conscience d’acquérir une connaissance qui serait, en même temps et de manière unifiée, adéquate, indéniable et irréfutable, pour la conscience comme pour celle de ses semblables, sans qu’elle ne soit susceptible d’être altérée ou déformée par le filtre de sa subjectivité, autant celle du penseur que celle de son auditoire. Bref, il consiste à déterminer s’il existe effectivement une objectivité scientifique par laquelle, invinciblement, le sujet épistémique est apte à ériger une connaissance vraie, éternelle et universelle, qui soit subjectivement recevable, indépendamment de toute propension contraire, et ainsi à agir dans un sens qui porte défi à l’historicité et à la particularité culturelle — «Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà» [Pensée 94. Pascal (édition Sellier)] — .» — Plérôme.

[philosophie] «La thèse de l’immobilité de l’Être, telle que préconisée par Parménide, est hautement problématique en ce que, en ancrant la mobilité de la Nature dans l’immobilité qui en serait le principe premier réel — nonobstant que cette approche occasionne pour l’esprit le défi d’expliquer en quoi un principe défini pourrait trouver sa cause dans un principe opposé et absolument contraire —, il ferait de celle-là une forme moins parfaite que la forme qui la sublime, pour reléguer tout être, en tant qu’il est véritablement un être, et donc un être qui participe à l’univers de l’Être, à n’être qu’une substance invariable et fixe, ce qui, à toute fin pratique, en niant le mouvement, l’autonomie de l’agent moral et la liberté d’agir sur la réalité à sa guise, condamne le monde des essences à exister selon le principe du fatalisme, en vertu duquel toute chose tendrait inéluctablement vers la condition inaltérable de son existence.» — Plérôme.

[philosophie] «L’action philosophique, qui se manifeste d’abord dans la sagesse qui inspire les conduites, puis dans celle que transmettent la parole, l’image et l’écriture, en est la dimension sociale, lorsqu’elles servent à la formation morale des consciences, et politique, lorsqu’elles concourent à la perpétuation et à la transformation de la société, par les œuvres et les actions qui en procèdent.» — Plérôme.

[philosophie] «Si l’on peut dire de la ‘non-philosophie’ qu’elle est une philosophie, dès lors qu’elle entreprend de justifier ses principes, son originalité et sa raison d’être, qu’en est-il donc de ce qu’il est convenu d’appeler la ‘philosophie’ ? La négation de la ‘philosophie’ est-elle la seule condition sous laquelle cette discipline serait appelée, soit à se renouveler, soit à pénétrer sa propre essence avec une perspicacité accrue ? Dans la critique d’une certaine philosophie, n’y a-t-il pas un élément de ‘non-philosophie’, spécifique à la philosophie critiquée, et ne trouve-t-on pas, dans l’élaboration d’une philosophie nouvelle, une ‘non-philosophie’ de celle à laquelle elle prétend se substituer, sans pouvoir accomplir complètement cette action, en raison des principes indéniables sur laquelle la philosophie précédente se fonde et que la philosophie concurrente choisit, soit d’incorporer, soit d’ignorer.» — Plérôme.

[philosophie] «La certitude du Cogito à laquelle parvient Descartes n’élucide pas non plus la question de l’excellence, soit l’excellence morale et eudémonique du sujet pensant, soit de l’excellence qualitative et plénière de son existence.» — Plérôme.

[philosophie] «La philosophie est une science, certes, mais elle est une science qui se construit en s’édifiant sur une science fondamentale, celle qui inspire implicitement les actions de tout homme, lorsqu’il est engagé dans un rapport épistémologique à la nature et que celui-ci conditionne l’existence qui en procède et qui en même temps inscrit, parfois d’une manière indélébile, sur la qualité et la fin de sa matière qui en transporte les indices, mais le plus souvent d’une manière subtile, à l’intérieur du souvenir de l’esprit et du cœur qui en retiennent les empreintes, la présence de l’activité et de l’actualité de chaque être à l’intérieur du grand schéma de l’univers auquel il participe et il contribue en le façonnant à la mesure de ses capacités et de son génie.» — Plérôme.

[philosophie] «Tels sont ceux pour qui le tout de la philosophie se limite fondamentalement à exprimer fondamentalement un négativisme total — en autant de mots requis pour ne pas en révéler la présence, autrement cette position pourrait prendre l’aspect d’un positivisme de la négativité —, lequel se montre imperméable à toute autre forme de pensée positive, y compris celle qui se revendique de la sagesse réelle, par la profondeur et la vérité de son propos, ainsi que sa pertinence effective à l’expérience qui est susceptible de se vivre et de se transmettre, autant dans la continuité de son état que dans les leçons qu’elle permet au sujet moral d’en retirer.» — Plérôme.

[philosophie] «Le devoir du philosophe est de découvrir, de définir et de communiquer ce que seraient le principe et la manière la plus élevée de l’être — autant dans son essence que dans son entéléchie et dans sa manifestation —, afin de les réaliser et d’actualiser au quotidien, par sa conduite et par ses actions, ce qui apparaît à son esprit comme étant la nature et la substance de la perfection qu’il lui incombe de recevoir.» — Plérôme.

[philosophie] «Le défaut de la philosophie, telle qu’elle est pratiquée de nos jours, c’est de constituer presque exclusivement sa science sur la connaissance de penseurs antérieurs, telle que la substance de leurs réflexions théoriques la rend accessible à leur esprit, en omettant cependant, soit de mettre celles-ci à l’épreuve de l’expérience pratique, soit encore de dériver ses propres réflexions à partir d’une expérience actuelle et contemporaine de la vie, apte alors à servir de garantie de la véracité et de l’applicabilité des vérités qui sont énoncées par la conscience, sans qu’elle ne soit apte à se confronter à celle de leurs semblables, au nom du principe de l’expérience intégrale et du rapport singulier qu’elle entretient avec l’unicité de la personne individuelle. § Or, ce rapport idoine de l’idée à l’expérience naturelle est à ce point crucial que, sans cette relation, nulle vérité prononcée par la conscience n’est en réalité recevable comme étant, non pas adventice, mais réelle, tant et aussi longtemps qu’elle ne trouve pas son complément éventuel dans l’expérience sensible: cette généralisation est à ce point vraie que, même à l’intérieur de l’univers théologique, qui est l’univers invisible par excellence, en raisons des concepts et des notions apophatiques qu’elle utilise et qui renvoient à l’indétermination de la Divinité et au mystère de son essence, les conclusions qui se formulent ne sauraient contredire les principes et les lois ordinaires de l’expérience naturelle, tout en sachant en dépasser les contraintes et les déterminations physiques, puisque c’est en raison de cette expérience de l’état physique du monde que peut procéder l’interrogation philosophique, lorsqu’elle débouche sur la réalité transcendante, et que nul questionnement de ce genre ne saurait s’estimer possible, en dehors du substrat sensible de la conscience qui en fonde et en soutient l’activité, en lui fournissant les informations factuelles et réelles, susceptibles d’étayer et de fonder les conclusions métaphysiques qui en seraient issues.» — Plérôme.

[philosophie]  «Une erreur très importante se commet dans l’histoire de la pensée lorsqu’elle admet de séparer catégoriquement les disciplines de la philosophie et la religion et d’énoncer catégoriquement, pour ne pas dire absolument, que la philosophie n’est pas la religion, comme la religion n’est pas la philosophie — une affirmation qui n’implique en aucune façon que l’on ne saurait faire de distinction entre les deux disciplines et désirer poursuivre leur étude et leur pratique en reconnaissant, par les connaissances qui en résultent, l’essence qui leur est propre —: car si les deux domaines (comme les réalisations auxquels ils donnent lieu) se distinguent, l’on doit aussi comprendre que la philosophie n’est que la religion sous un certain aspect et la religion, la philosophie sous un autre et que, si on ne les identifie pas de cette manière, c’est que l’esprit humain est entraîné par l’illusion qu’il existe une dichotomie stricte et irréconciliable entre les genres de la réalité que les concepts désignent — nommément le physique et le spirituel, la res extensa et la res cogitans —, sans égard pour la continuité et la pérennité substantielles de la réalité à laquelle l’on impose arbitrairement et artificiellement cette dichotomie ainsi que l’unité et l’harmonie qui la caractérisent et sont les garants de leur possibilité effective. § Ainsi pourrait-on proposer que, alors que la religion nourrit, de la matière de sa croyance en le noumène et du sacré de l’action qui le reconnaît, voyant en lui une procession de la Divinité, la perpétuation de l’unité et de l’harmonie de la réalité, tout en communiant à elle et au principe ultime qui en serait à la fois et tout ensemble l’Origine, la Source et la Raison d’être, la philosophie, une fois qu’elle en a constaté l’évidence qui se présente à ses sens, cherchera à comprendre et à spécifier quelles en sont les conditions concevables, de manière à la rendre conforme autant à la nature de l’homme qu’à celle du cosmos, en vertu de la compréhension la plus élevée et adéquate que l’intelligence peut avoir de cet objet. § L’une est impressionnée par l’immensité et la puissance de la Cause qui produit la réalité, la maintient et lui procure sa destination; et l’autre par l’esprit, la cause et la puissance qui siéent à la nature particulière de l’homme, qui permet de le concevoir comme appartenant au Grand Tout, en tant qu’il est un être intelligent et libre, susceptible d’agir sur lui d’une manière qui est conforme à un dessein, provenant de la raison, et appropriée à la nature respective de l’un et de l’autre, alors que l’esprit, constitué par l’intelligence (nous pathètikos) et la raison (nous poètikos) qui en procèdent, participe tout ensemble, intégralement mais de façon distincte et différente pour chacun des éléments qui le composent, à la réalisation de l’unité et de l’harmonie de la Création, en procurant ces mêmes qualités à leurs conceptions, à l’intérieur de la discipline respective, la religion ou la philosophie, dont ils choisissent d’illustrer le principe. § Mais cette compréhension permet de soulever une autre question car, si l’on admet la justesse de ces propositions, ne peut-on pas dire alors que le nihilisme serait une manière consciente d’assurer cette participation de l’homme à l’unité et à l’harmonie du cosmos et au principe qui est l’agent de cette réalisation ?  Car nombreux sont-ils à voir en le nihilisme radical une manière de philosophie et, par la ferveur qu’il suscite dans l’esprit de ses adhérents, une manière de conviction religieuse: or, le nihilisme propose que le cosmos provient du rien et est destiné à retourner au rien dont il provient, en l’absence de toute causalité, de toute agence et de tout Être préexistant, susceptible de lui procurer l’existence, une théorie inouïe, pour ne pas dire absurde puisque, comme l’ont aperçu les Anciens, rien ne saurait être issu de rien (le néant ne saurait ‘engendrer’ autre chose que le néant, si tant est que le néant puisse constituer une cause et ‘engendrer’ quelque chose) et, comme la logique nous le révèle, la raison ne peut conclure, de ce que l’entropie gouverne l’entéléchie des substances physiques, qu’elle pourrait expliquer et justifier leur existence.» — Plérôme.

[philosophie] «Une théorie que ne supporte aucune réalité n’est qu’une fumée illusoire; une réalité qu’aucune intelligence n’éclaire, en lui apportant une compréhension formelle, n’est qu’un état sans raison, ni dessein, ni finalité.» — Plérôme.

[politique] «Sous sa forme radicale, le laïcisme est une idéologie paradoxale, pour ne pas dire contradictoire puisqu’il manifeste une forme de religion qui est immanente, fondée sur l’idéalité qu’il professe d’illustrer l’irréligion sur la scène politique, sous la forme de la neutralité religieuse, et sur la nécessité légale d’en défendre les principes.» — Plérôme.

[politique] «Le fascisme de l’amour, la réduction de cette forme essentielle et existentielle, siégeant au cœur de la vie, à sa simple utilité sociale et politique, celle d’une idée-valeur qui garantit le maintien et la stabilité de l’ordre public, comporte deux formes: sous sa forme passive, il consiste simplement pour l’autorité, ou un de ses représentants, à exiger de ses semblables l’amour qu’elle ne serait pas prête à illustrer elle-même, en raison de l’ascendant qui autorise à définir et à dicter unilatéralement sa volonté, sans démontrer ni obligation ni responsabilité analogue en contrepartie; sous sa forme active, il consiste pour elle à susciter artificiellement des conditions de vie difficiles — qui sont en réalité des épreuves insurmontables — par lesquelles elle encourage ses semblables à démontrer l’amour, alors qu’elle se garde bien d’avoir à exemplifier cette forme et cet état elle-même.» — Plérôme.

[politique] «Aucune politique ne saurait espérer s’accomplir, sans qu’elle ne réfère à un ordre de valeurs et donc à une forme de la moralité: car s’il s’agit en politique d’exercer une influence prépondérante sur la nature, la société et la culture de ses semblables, celle-ci ne saurait jamais se montrer exclusive d’une fin ou d’une direction qui rallierait les consciences et qui donc paraîtrait comme illustrant un bien à accomplir; or, l’option choisie serait préférée et préférable, lorsqu’elle se compare aux autres fins et aux autres directions qui se présenteraient aux consciences et leur apparaîtraient être, elles aussi, désirables. § Ainsi, il s’effectue, en la conscience politique qui choisit de poursuivre une fin ou une direction, la préférant sur une ou plusieurs autres qui se présenteraient concurremment à elle, une gradation implicite des formes du bien qu’il conviendrait à la société de rechercher, c’est-à-dire un ordonnancement moral qui fait primer sur le tout l’ordre qui est susceptible de constituer l’objet du choix prioritaire, ce qui est définir la caractéristique essentielle de l’action morale et de toute action morale.» — Plérôme.

[politique] «C’est une énigme que celle de découvrir quelles sont les raisons qui donnent un sens au mouvement spirituel qui entraîne l’ensemble d’une population, tel que peuvent l’exprimer les goûts, les croyances, les mœurs et les valeurs qui sont partagées en commun à l’intérieur de cette unité; mais c’est une quête, comportant une importance plus grande encore, que celle d’en cultiver l’excellence et d’en orienter les possibilités afin de réaliser l’épanouissement le plus élevé de la mentalité collective auquel autorise de prétendre la qualité de la nature et de la substance de son essence.» — Plérôme.

[politique] «Tout projet révolutionnaire suppose la rupture catégorique d’une société avec son passé et requiert pour cela que ses membres se distancient absolument et radicalement des événements qui l’ont constitué et des acteurs qui l’ont façonné: or, à défaut de proposer que le moment révolutionnaire, fondateur de l’institution étatique qui en a procédé, fût la conséquence d’une génération spontanée, le philosophe doit admettre une seule exception à cette règle, à savoir la reconnaissance à l’intérieur du passé, de ces événements qui ont servi de prélude à la révolution et des acteurs qui ont participé à leur déroulement et qui ont contribué à les produire. De plus, ni l’un, ni l’autre ne sauraient cependant prétendre exister à l’intérieur d’un vide existentiel, ni eux-mêmes se réclamer être entièrement indépendants, soit d’un contexte culturel — c’est-à-dire d’une conjoncture de faits constitutifs et des valeurs collectives qui les fondent et que reflètent en retour ceux-ci par leurs agissements —, soit d’un théâtre d’action — un lieu social et politique sur lequel peuvent agir les acteurs en vue de réaliser le but révolutionnaire qu’ils se proposent de mener à bien afin de réaliser leur action constitutive — . Or, autant l’un que l’autre ne sauraient se présenter tout faits sur la scène de l’événement déjà réalisé, à la manière d’un regroupement spontané d’éléments qui, en s’associant, se donnent une configuration reconnaissable, surgie de nulle part, là où rien de tel n’existait auparavant. § Ainsi, afin de réaliser une histoire, même une histoire transfigurée, le facteur du temps, de son écoulement et de son développement, ne saurait être tenu pour être négligeable et insignifiant, de sorte que le refus du passé que suppose la rupture révolutionnaire signifie en réalité le bris sélectif qu’effectue la conscience collective avec une certaine forme que prend le temps et par conséquent le choix moral, pour des raisons idéologiques, de ne pas considérer certains éléments et certaines personnalités marquantes, qui ont laissé leur empreinte sur leur passage, pour leur substituer en lieu d’autres éléments, qui ont constitué son parcours, et d’autres personnalités, plus conformes à l’idéal révolutionnaire, plus essentiels à sa réalisation et plus susceptibles d’illustrer à la fois la nécessité, le bien et la raison d’être de la situation culturelle et politique qui en a résulté. § En somme, seul un nihilisme radical pourrait souhaiter la négation systématique du passé et proposer de voir en lui, non pas un facteur de changement dans la continuité de la vie collective, menant à sa transformation et à sa reconstitution, et fondée sur la métamorphose ou la réinvention des institutions et des personnalités qui les organisent et les inspirent, mais un désir irréaliste de perpétuer la vie, sans comprendre que celle-ci requiert, pour qu’elle se maintienne, une infrastructure existentielle qui se fonde sur une mémoire collective et sur la conscience entretenue de partager ensemble un ordre de valeurs qui s’inscrit ponctuellement dans le temps, mais non pas instantanément, en vertu de la naissance et de la progression, jusqu’à leur échéance, des réalisations qui en étoffent la substance culturelle et sociologique. § Ainsi, s’il existe bien des velléités qui disposent à nier l’histoire, celles-ci s’avéreront éphémères et vaines, puisque ne sachant être en aucun temps réalisables en vérité, c’est-à-dire conformes aux possibilités inhérentes à la nature humaine, malgré que cet offusquement ontologique et cette oblitération de la conscience collective revendiquent illusoirement la prétention de les combler.» — Plérôme.

[politique] «Sous sa forme pure, le laïcisme politique, qui commande la séparation radicale du religieux et du politique, et qui, par conséquent, refuse à la conscience sociale la possibilité que ses actions soient guidées par des virtualités autres que celles qui sont déjà naturellement inscrites en elle, n’est en tout et partout qu’une forme extrême de l’immanentisme, où l’homme tirerait son principe et sa finalité de lui-même et uniquement de lui-même: loin de divorcer le religieux et le politique, il les fusionne et il les confond en situant l’absolu et le transcendant en l’homme qui, tout en orientant ses choix culturels et sociaux, devient en réalité la matière exclusive de la considération religieuse.» — Plérôme.

[politique] «À l’intérieur d’un système démocratique, la loi est uniquement, lorsqu’aucun critère de droit et de justice ne l’inspire, la formalisation et l’institutionnalisation de la contrainte collective, fondée sur l’intérêt de la survie qui est commun à tous; à l’intérieur d’un régime autocratique, elle devient, sous la même condition de l’arbitraire pur, la contrainte des individus que fonde l’intérêt de la vie collective et la conception particulière que l’élite ou le dirigeant unique s’en forment.» — Plérôme.

[psychosexualité] «L’on peut dire, en général, qu’il est de l’ordre naturel des choses, pour l’homme, de s’illustrer à l’intérieur de l’action sociale et, pour la femme, de se réaliser premièrement dans la maternité, si ce n’est qu’en raison d’une constitution physiologique qui prédispose les deux genres, chacun en un sens qui les particularise: ce qui n’est pas dire que l’action sociale ne comporte aucune responsabilité familiale et que la maternité prédispose uniquement à un investissement familial, avec le soin prodigué à la progéniture et à l’éducation des enfants, sans qu’elle ne comporte, au plan social, aucune dimension, ni conséquence, ni responsabilité morale.» — Plérôme.

[psychosexualité] «Il appartient autant à la femme qu’à l’homme de savoir illustrer la vertu et le courage de l’illustrer, mais l’un comme l’autre d’une manière qui est conforme à la nature de leur genre et la constitution de leur individualité, laquelle révèle la qualité morale particulière de leur personne, fondée sur l’identité biologique, psychique, sociale et spirituelle qui est la sienne.» — Plérôme.

[raison] «L’exacerbation de la raison, effectué par l’homme dans son rapport à l’environnement, physique et social, mène à voir en toutes choses la possibilité d’en retirer la plus haute utilité, en raison de la distance intellectuelle et conceptuelle, toujours réductrice, qui se crée entre l’être raisonnable et l’objet de ses conjectures, de ses hypothèses et de ses projections pratiques: appliquée à ses congénères, cependant, et en général à toutes les espèces vivantes, cette approche mène obligatoirement à leur réification, ce qui pose la problème moral du sacrifice de la dignité humaine, et de celui de la dignité de tout être vivant, à des fins scientifiques et technologiques.» — Plérôme.

[sacrifice] «Le prix de l’être et celui de l’avoir ne sont pas identiques, puisque le sacrifice qu’exige le premier pour le développer est différent en qualité de celui qui est requis afin de produire l’autre: car le prix de l’avoir se mesure en termes d’un effort, dépensé intentionnellement et de façon mesurée, que le sujet moral réalise en vue d’acquérir la chose qui suscite le désir et il se verse d’une manière conditionnelle, c’est-à-dire seulement s’il est entendu que, en retour, la contrepartie matérielle ou immatérielle qui fait l’objet de la discipline imposée sera touchée dans un temps déterminé et suffisamment rapproché pour jouir adéquatement de sa possession; par ailleurs, le prix de l’être correspond à celui que requiert un investissement de soi dont les retombées, si elles sont garanties en vertu du principe de justice qui veuille que tout dévouement et toute abnégation, réalisés en vue d’accomplir le bien, méritent à l’agent moral une récompense adéquate, ne sont pas immédiatement perçues, ni ne sont même aptes à l’être dans un futur qui puisse se laisser anticiper: le premier affecte l’image sociale que peut cultiver l’acquéreur et devient l’occasion d’un éventuel prestige aux yeux de ses semblables, non sans occasionner le plaisir associé au sentiment de la satisfaction personnelle, alors que l’autre transforme, d’une manière durable et permanente, la personne profonde du sujet moral qui a couru le risque d’illustrer une action ou d’achever une réalisation, en recherchant uniquement le succès de l’acte lui-même et la récolte du bienfait raisonnablement anticipé et qui éventuellement en résulterait, sans même que le bienfaiteur n’ait quelque confiance de survivre à son initiative pour en recueillir quelque satisfaction, laquelle commande qu’elle réside uniquement dans le bonheur d’avoir parcouru, avec humilité et abnégation, le chemin qui mène à son accomplissement.» — Plérôme.

[sagesse] «Si la contemplation de la Vérité est la plus haute philosophie — de l’Être, en tant qu’il est Bonté et Beauté —, alors la plus haute Sagesse consiste à adapter les principes de sa réalisation et les préceptes que l’esprit extrait de l’exemplification qu’il produit aux contraintes, aux conditions et aux exigences de la réalité; et le plus haut Savoir est de pénétrer les arcanes de son existence ainsi que les mystères de son essence et de communiquer, sous la forme d’un enseignement, sa substance à ses congénères, en les incitant à découvrir à leur tour la voie qui mène à cette noble et digne poursuite et à partager leurs intuitions avec leurs semblables.» — Plérôme.

[science] «Par définition, la science positive s’intéresse à tout phénomène sensible, accessible aux sens directement, par le mécanisme physiologique de la sensation, et indirectement, en recourant à l’instrumentation qu’elle invente afin de saisir celui qui se trouve en dehors du registre immédiat des sens, tout en comportant une manifestation physique: voilà pourquoi elle prétend à l’universalité. § Le phénomène pour lequel elle n’alloue pas, cependant, est celui qui appartient au champ du suprasensible et sur lequel tous s’entendent implicitement — c’est-à-dire le champ de l’esprit, de la pensée, de l’imagination, de l’intelligence et du sentiment, accessibles par l’introspection accomplie par la conscience — qui, en étant une condition nécessaire, rend l’activité de la science possible, mais que ne permettent pas de vérifier les moyens ordinaires de la science. § Doit-on pour autant considérer ce domaine comme n’étant pas scientifique, ou doit-on  simplement voir en lui l’expression d’une autre forme épistémologique que peut alors s’efforcer de concevoir et d’étudier la science afin de mieux asseoir et étendre ses connaissances ? Quant au champ suprasensible, qui n’est pas sans posséder ses propres limites, lorsqu’il s’agit de percer le secret de l’inénarrable et le mystère de l’ineffable et de chercher la clef de l’indicible, de l’incommunicable, de l’inconcevable et de l’inimaginable, ne constitue-t-il pas simplement le champ de la totalité de l’expérience, dont procède celui de la science sectorisée et partielle, lorsqu’elle trouve en elle sa matière et qu’elle cherche à mieux encore s’accorder le privilège et de se mériter le prestige de constituer l’unique voie vers la connaissance, en élaborant à partir de son point de vue une mathesis universalis, alors que d’autres connaissances, possédant des ambitions analogues, mais non pas moins élevées, seraient toujours dignes d’être poursuivies, dont celles qui fondent la possibilité et l’actualité de l’activité scientifique elle-même ?» — Plérôme.

[science] «Et si le trou noir, en astrophysique, était une rémanence de l’état fondamental de l’univers, tel qu’il existait avant la Création, c’est-à-dire avant sa naissance ...» — Plérôme.

[science] «Dès que la science, dès que ses connaissances sont appliquées à réaliser le bien-être de l’humanité, cesse de considérer le facteur humain, c’est-à-dire la qualité qui est spécifique et originale à la nature pleine et entière de l’homme, distincte de la culture à l’intérieur de laquelle il est appelé à se développer et à s’épanouir, mais connaturelle à celle-ci et considérée jusque dans les individualités qui la composent, elle devient alors pour lui un facteur d’aliénation, de corruption, de déformation et de déchéance: telle est la limite de la science humaine, lorsqu’elle prétend atteindre à une objectivité pure puisque l’agent épistémologique, en se retirant d’une manière méthodologique de l’univers de l’objet auquel il appartient par nature, nie la subjectivité par laquelle seul celui-ci peut interagir de manière significative avec ses semblables.» — Plérôme.

[société] «Toute association, qui tend à se «renouveler», tout en perpétuant des formes surannées et sclérosées qui, lorsqu’elles furent instaurées, fournissaient à l’ensemble social qui les adoptait une signification, une raison d’être et une pertinence historique, et qui cherche à coopter à cet effet des mentalités dont la conformité étroite qui sévit entre elles ne risquera pas d’ébranler l’usage qui les perpétue, est donc vouée à une extinction plus ou moins progressive, selon la nature et la force du degré de similitude qui existe entre les pensées, les croyances et les valeurs qui, quoique obsolètes, fondent le désir de sa continuation; lorsque, par ailleurs, les motifs qui dirigent l’esprit, en embrassant dans leur principe l’universalité, la nécessité et l’éternité qui caractérisent la Vérité, illustrent la rigidité de l’imagination, et donc l’incapacité pour celle-ci de parvenir à un renouvellement des formes, par lesquelles elle se représente pouvoir réaliser cette pérennité, le résultat sera le même, voire pour des raisons différentes.» — Plérôme.

[société] «La qualité de l’être comme la hauteur de ses vues, l’effort mis à les réaliser et les occasions offertes en ce sens sont les quatre vecteurs principaux qui sont à la source et au fondement de l’épanouissement, de la perfection et du bonheur individuels; la coopération mutuelle et généreuse de chacun au développement de l’excellence de ses semblables est le gage de l’édification d’une société accomplie, laquelle voit dans le bien-être de chacun de ses membres le gage de l’harmonie et de la complétude de l’ensemble, dont attestent l’organisation intelligente de ses institutions sociales et la valeur spirituelle de ses réalisations culturelles.» — Plérôme.

[société] «Une société d’amis se reconnaît à ce que chacun de ses membres, en veillant aux intérêts de ses compagnons, au gré des aléas que présentent les circonstances et les affinités, mais sans nier le lien émotionnel profond qui réunit étroitement, les uns avec les autres, chacun des amis, assure que les intérêts de tous soient sauvegardés, protégés et reçoivent la promotion qu’ils méritent: ce sont l’égoïsme et l’égocentrisme, lorsqu’ils sont parvenus à s’installer parmi les hommes, qui ont fait éclater le contrat social originel, fondé sur le sentiment de réciprocité bienfaisante, et causé la dissolution de l’unité sociale, avec pour résultat l’atomisation individualiste qui caractérise la société actuelle, en négation directe du principe de la société bonne, que fondent la bienveillance, la concorde, l’entraide et la convivialité. » — Plérôme.

[spiritualité] «Il n’y a rien de plus néfaste à la découverte et au développement de la spiritualité, ainsi que des valeurs qui en assurent la propagation et la perpétuation, rien donc de plus propice à la décadence de la culture, que la poursuite de fins matérielles et financières au détriment de la moralité qui doit en orienter et en diriger l’usage en vue du bien qui puisse en résulter, autant pour les particuliers que pour l’ensemble de la société.» — Plérôme.

[travail] «Le sens essentiel du travail que le sujet moral accomplit, c’est le bien-être que, par lui, il apporte à ses semblables et, à travers lui, à la société en général: la rémunération que touche le travailleur, en complétant son activité laborieuse — un effort qui n’est pas étranger à la possibilité pour son auteur d’exister et de s’épanouir à l’intérieur de la communauté, à la mesure du talent qui le caractérise et des dispositions qui lui appartiennent en propre —, représente pour l’essentiel la reconnaissance, exprimée par la collectivité, de la valeur et de l’importance de la contribution qui lui est apportée par l’entremise de l’action laborieuse: d’où il résulte, par conséquent, que nul individu, dont la production, par le travail, de l’action bienfaisante constitue une contribution positive au bien-être de la collectivité, ne devrait se voir obligé de mettre un terme à cette action en raison du défaut de la reconnaissance qu’il incombât à la société de lui rendre, en raison de la générosité de son effort et de sa contribution.» — Plérôme.

[vérité] «La première aliénation que l’homme est susceptible d’éprouver est celle de se voir éloigné de la Vérité, soit que, étant exposé à ses enseignements, il refuse de l’accepter, intégralement ou en partie, n’étant pas prêt d’en recevoir la hauteur des principes — et allant même parfois jusqu’à les travestir, si ce refus est l’expression d’une mauvaise foi ou d’une conscience torturée par la distance trop grande qui sépare l’idéal qu’elle représente et la préparation qu’il démontre à l’actualiser —, soit qu’il ne consente pas faire l’effort nécessaire afin de la découvrir, lorsqu’il a toutes les possibilités de le faire et que ses éléments ainsi que l’unité de sa cohésion sont à la portée de son entendement; soit que la culture dans laquelle il baigne entretienne pour lui, activement ou passivement, un climat d’ignorance qui ne lui offre aucun autre choix que transiger empiriquement avec la réalité et de se voir réduit à devoir agir intelligemment certes, mais sans avoir à sa disposition toutes les informations intellectuelles et spirituelles requises pour que se réalise cette obligation: toutes trois conditions répondent à l’entéléchie de son esprit, alors que la première répond à sa nature intellectuelle et à la plénitude de son désir de comprendre et de connaître intégralement la vérité; la seconde, à sa nature morale et à son désir de réaliser le bien; et la troisième à sa nature sociale et à la nécessité pour lui d’appartenir à un ensemble social qui subvienne au développement de sa dimension intellectuelle et au perfectionnement de son sens moral, ainsi qu’à la possibilité de le réaliser d’une manière bienfaisante à l’intérieur d’une collectivité bienveillante, le tout dans la réciprocité des consciences et des intelligences et dans la mutualité des désirs et des volontés.» — Plérôme.

[vérité] «C’est un grand malheur lorsque la vérité est conçue uniquement comme étant un fâcheux inconvénient, susceptible seulement, si l’on y regarde trop près, d’ébranler l’édifice, ingénieusement construit et patiemment entretenu, de conceptions fausses et de croyances illusoires, chéries au-delà de toute imagination: car la vérité que l’on aspire à réaliser, est une idée-valeur transcendante qui inspire l’intelligence en ce sens, certes, mais la vérité que l’on actualise est un état réel et elle possède une valeur en soi qui est inhérente à son essence, d’une essence qui, tout en pouvant susciter des conceptions qui, par rapport à elle, sont incomplètes, inexactes, inadéquates et, dans le sens opposé d’une réaction, parfois même négatrices de sa véridicité, les transcende absolument en raison de la qualité irréfutable et inébranlable, de l’universalité et de l’éternité, de sa substance, de sa source, de son objet et de sa finalité.» — Plérôme.

[vérité] «Il existe, pour le penseur, un risque à préférer le mythe qu’il s’est formé illusoirement sur la vérité — la représentation qui définit les idées, les pensées, les valeurs, les croyances et les doctrines que la culture tient pour être éminemment vraies, malgré la pluralité souvent divergente des conceptions portant sur un même état des choses, susceptibles de résulter singulièrement de l’action cognitive de divers ensembles de consciences, et que cautionne le magistère culturel qui gouverne et qui adjuge entre ces conceptions particulières au nom de la Vérité elle-même — à la conception encore plus juste et plus adéquate de la réalité qu’ils pourraient formuler, suite à un examen plus approfondi des champs de vérité qui sont hérités de la tradition et qui deviennent problématiques pour lui, soit en raison des contradictions multiples que laisse apparaître cette pluralité, soit en vertu du sentiment de l’incomplétude qu’ils font naître en lui, lorsqu’il compare les théories qu’ils proposent à l’immensité et à la diversité de la réalité qu’elles prétendent expliquer et qu’il y découvre, tantôt des inexactitudes, tantôt des faussetés, tantôt des conceptions imparfaites en raison de les embrasser formellement, superficiellement et insuffisamment.» — Plérôme.

[vérité] «Le voile du mystère s’épaissit souvent avant qu’il ne parvienne à se lever et ne laisse découvrir la vérité de l’apparence sur laquelle il a été posé pour la recouvrir, grâce à l’inspiration, à l’intuition, à la réflexion que l’esprit porte sur elle ou à l’éducation qui transmet le fruit de ces opérations.» — Plérôme.

[vérité] «Le nœud de la pensée réfère sans doute à la nature et à la qualité de la logique qui en caractérisent le mouvement, mais il s’articule bien plus autour de la substance formelle qui s’en dégage, à laquelle attestent l’originalité du contenu et la profondeur de la signification qui en émane et que justifie la durée de son influence sur les esprits, la perspicacité de leur esprit et la pénétration de leur intelligence les disposant à en apprécier la valeur réelle de ces facteurs pour la marche de l’Esprit en général. § Par ailleurs, si l’expression ultime de cette valeur réside dans l’énonciation intégrale de la vérité, et si la matière de toute pensée se mesure à l’aune de cette idée-valeur transcendante, l’essence de la pensée, lorsqu’elle exprime une perspective historique  singulière — sans qu’elle ne soit pour autant uniquement ou même essentiellement conditionnée par l’histoire — peut participer de la vérité, par la justesse de son propos et la disposition de la raison à l’admettre, sans pour autant être exclusivement le reflet entier, complet et total, de son essence. § Ainsi la pensée devient-elle un témoignage particulier à l’intérieur d’un univers de témoignages possibles, dont le principal critère de son importance réside néanmoins en sa capacité à révéler la possibilité de la Vérité et à fonder, pour évaluer la pertinence de ce propos, la réalité comme l’éventualité de formuler une conception de la Vérité qui soit à la fois compréhensive et adéquate.» — Plérôme.

[vertu] «Quelle valeur morale comporterait la pureté dans la vertu, si le sujet moral ne sait en reconnaître la présence et l’expression, ni n’en désire réaliser, pour autrui comme pour soi, l’essence et la possibilité, ni ne défende, en soi comme en autrui, les agents moraux qui en témoignent, parfois avec constance, des affronts, parfois répétés et affligeants, qu’ils peuvent être appelés à subir, pour simplement vivre héroïquement selon son principe, de son essence et de ses enseignements ?» — Plérôme.

[vie] «Comme l’importance excessive et l’exclusivisme accordés à la transcendance de l’esprit mèneront à la suppression et à la répression de l’expression de l’être, lorsqu’ils incitent à la négation de ce qui constitue légitimement celle-ci, ces mêmes exhaussements extrêmes de la raison présupposent l’imposition du silence au sentiment: or, cet excès de la négativité ne saurait se produire impunément puisque l’instinct et le sentiment, étant des expressions naturelles de la vie, autant par son actualité que dans la recherche de sa conservation et de sa persévération, se chercheront des milieux où ils parviendront à s’exprimer librement et sans contrainte, d’où la possibilité de sombrer dans l’excès contraire d’un instinct débridé, qu’aucune spiritualité n’inspire, et d’un sentiment incontrôlé, qu’aucune raison ne dirige. § La seule solution à de tels débordements, dont l’existence peut se constater autant au plan du suprasensible qu’à ceux du sensible et de l’hypersensible, consiste à rétablir la juste place de l’instinct, du sentiment, de la raison et de la spiritualité au sein de l’état de la vie bien entendue, de sorte qu’elle puisse composer adéquatement avec les aléas du milieu et de chaque être particulier qui en constitue la substance de manière à garantir que l’humanité, ainsi que l’homme en elle, puisse réaliser sa destinée, laquelle consiste à perpétuer, à l’intérieur de l’univers, la perfection de sa forme et l’individualité de ceux qui en incarnent, en cherchant à la réaliser, ses possibilités infinies et sublimes: or, une telle résolution ne saurait survenir, sans la prise de conscience que l’esprit acquiert de cette finalité et la sublimation, en même temps que la conjugaison, de toutes les énergies vitales en vue de l’accomplissement de cette destination.» — Plérôme.