[Depuis le 05 mai 2012, avec mises à jour périodiques. — Since May 05th 2012, with periodical updates.]
[action]«Aucun argument, si sage et si articulé fût-il, ne saurait empêcher quelqu’un d’agir dans le sens contraire des principes moraux qui y sont énoncés et défendus, si tel est son désir, son plaisir et son inclination, voire son impulsion prévalente et sa tendance irrésistible.» — Plérôme.
[action]«L’action peut se définir comme étant la pensée qui se réalise implicitement, à l’intérieur des gestes et des conduites particulières qui l’expriment ainsi que des accomplissements et des œuvres qui en émanent et qui la révèlent, des productions qu’explicitent tantôt la communication, quant à la représentation formelle de sa substance, abstraite ou figurée — l’idée —, et tantôt les comportements, quant à la manifestation concrète, publique ou privée, de son essence — le phénomène—.» — Plérôme.
[amitié]«On pourrait dire qu’en général, une relation harmonieuse se passe de mots à l’intérieur de l’espace de la communication qui existe entre de vrais amis, en raison d’une intuition indicible et mutuelle des états de l’âme et de la pensée de l’autre, et la félicité qui en émane fait place à un sentiment de trahison, d’autant plus pénible que la croyance en l’existence de cette complicité innocente est profonde et sincère, lorsque le lien est rompu sans raison apparente, par caprice, au nom de l’intérêt qui prétend trouver ailleurs une satisfaction plus grande ou plus complète que celle qui est éprouvée actuellement.» — Plérôme.
[amour]«Il y a plus à la relation saine et accomplie que peuvent vivre ensemble deux amoureux que la complicité des tyrannies, s’érigeant sur le principe illusoire de la réalisation de leur bonheur, au détriment direct de celui qu’autrui est légitimement apte à espérer et à revendiquer pour lui-même, en conséquence de l’effort adéquat dépensé à le réaliser.» — Plérôme.
[amour]«Lorsque l’on considère le degré d’improbabilité que se produise la conjoncture qui mène à la rencontre de deux âmes, destinées depuis toujours à s’aimer pleinement et entièrement, surtout lorsque l’on connaît quelles sont les distractions innombrables, aptes à survenir afin d’en contrecarrer l’occasion et d’en détourner le cours anticipé, l’on ne peut que s’émerveiller du désir héroïque, susceptible malgré tout d’être cultivé par les promis contre tous les obstacles qui se présentent à lui, d’entretenir la flamme et de nourrir l’espérance que survienne cette éventualité heureuse, voire invraisemblable.» — Plérôme.
[art]«L’art consiste en cette capacité d’appliquer, de façon mystérieuse comme d’une manière qui est appropriée, autant à son action qu’au talent singulier qui la produit, les principes scientifiques constitutifs de la connaissance à la représentation originale d’une réalité naturelle, c’est-à-dire d’une réalité qui fait l’objet d’une aperception plausible dans la conscience et qui requiert, pour la figurer objectivement, une idée esthétique qui résulte d’un jugement qui porte sur elle et qui inspire l’action qui la transforme en une œuvre concrète et sensible.» — Plérôme.
[art]«L’écriture, comme tout art et toute poèsis, est une manière de sublimer l’énergie vitale, qui ne trouve pas la possibilité actuelle de sa réalisation adéquate la plus élevée, en vertu des dispositions qui sont propres à la constitution de l’individu, ainsi qu’à ses convictions spirituelles, religieuses et morales, que conditionne la conjoncture physique, culturelle, sociale et politique qui s’offre à elle.» — Plérôme.
[art]«La danse est peut-être la forme de l’art qui exprime le mieux la vérité profonde qui veuille obligatoirement que la liberté morale, afin de s’actualiser, doit affronter les conditions d’une extériorité physique qui à la fois oppose son expression spontanée effrénée et stimule en l’esprit la créativité de l’imagination qui découvre une issue satisfaisante à cette contrainte.» — Plérôme.
[art]«Si difficile que soit l’édification de constructions théoriques brillantes, elle ne l’est jamais autant que le projet de réaliser pratiquement, sub specie aeternitatis, leur application quotidienne à l’intérieur de la réalité naturelle et de la conjoncture culturelle qui, dans la mesure du possible, organise et conditionne celle-ci.» — Plérôme.
[art]«Tout comique doit un jour ou l’autre s’interroger, afin de savoir s’il est avant tout un clown, un amuseur humoristique, habilité à distraire son public en suscitant une jovialité qui frôle parfois la moquerie, ou une personne d’esprit, apte à impressionner par la finesse de sa sensibilité, l’extension de sa culture et la profondeur de son intelligence.» — Plérôme.
[bonheur]«Personne ne devrait être acculé au dilemme terrible qui le voit obligé de choisir entre l’amour de la vie et l’amour de sa vie: car non seulement la culture des valeurs de la vie prend-elle tout son sens avec l’existence qui rend possible leur actualité, mais encore l’opposition du bien-être matériel et du bonheur moral représente-t-elle un choix factice, puisqu’elle laisse croire que le premier pourrait conduire au second, alors que celui-ci peut fort bien exister sans celui-là (malgré qu’une telle mésaventure n’est ni désirable, ni souhaitable), et que la réalisation achevée et complète, de la personne, à tous les plans, au plan physique comme au plan moral, est, de tous les biens, celui qui est le bien supérieur, puisqu’il est la condition essentielle de l’existence de son bien-être intégral.» — Plérôme.
[communication]«L’exacerbation du discours public, lorsqu’il prend la forme d’une propagande qui est destinée à faire progresser l’intérêt particulier, et souvent même égoïste, des individus et des groupes, a pour effet combiné de vider l’arène sociale de la communication personnelle, profonde, véritable et sincère, et de détourner les énergies individuelles, de la priorité axiologique accordée à l’authenticité de la personne et au développement de ses virtualités morales les plus élevées, vers la sphère de l’exhaussement de soi et de la valorisation de l’apparence sociale, visant à refléter un prestige et un statut enviables: car dès lors que l’intérêt singulier prime sur l’évolution et la perfection de la société, fondée sur le respect et la défense des principes de la justice, les qualités individuelles et personnelles nécessaires à cette entéléchie se voient déconsidérées au profit des désirs et des motifs égoïstes qui leur sont opposés.» — Plérôme.
[connaissance]«C’est un paradoxe qui veuille qu’il faudrait déjà tout connaître, sinon consciemment, du moins implicitement, afin de savoir apprécier si une œuvre théorique ou pratique présente effectivement une connaissance essentielle qu’il importerait de savoir afin de contribuer à la connaissance de tout ce qui vaudrait la peine d’être su.» — Plérôme.
[conscience]«Les deux manières d’être, susceptibles de faire surgir un désaccord viscéral, lorsqu’elles se révèlent ne pas être conforme à une notion implicite de la moralité idéale sont de ne pas faire (ou dire) ce que l’on devrait et faire (ou dire) ce que l’on ne devrait pas, d’où l’importance de concevoir ce que serait cette idéalité et, afin de s’élever, par la conscience, au-dessus de cette émotion diffuse et informe, comprendre en quoi l’imperfection existe qui soit susceptible d’une amélioration, en appréhender la nature et en réaliser l’accomplissement, conformément à son entéléchie.» — Plérôme.
[couple]«Si l’on argue en faveur d’un dessein transcendant, dont les principes président au déroulement final de l’univers, sans que ne soit pour autant niée la liberté humaine dans leur rayonnement, l’on ne peut rejeter a priori l’idée que ce même dessein puisse aussi régner sur la formation des couples, sans infirmer pour autant le principe de la liberté: d’ailleurs, ce problème, de la prédestination des couples, possède, dans sa structure et dans sa solution, des analogies remarquables avec celui du salut et de la grâce qui reconnaît la liberté à la fois de la Providence à les prodiguer et du sujet moral à les recevoir et à les accepter.» — Plérôme.
[crime]«À défaut de pouvoir illustrer soi-même, le talent et le pouvoir de création requis afin de le réaliser, l’on trouve plus judicieux, voire moins original et honorable, de s’approprier l’œuvre qui les attesteraient.» — Plérôme.
[culture]«Avec l’apparition du langage est né le mensonge, ou du moins la possibilité de l’énoncer: mais le langage est-il par essence mensonger, sinon dans son intention de tromper, du moins dans l’effet de sa production, en ce sens qu’il formulerait toujours incomplètement ou imparfaitement la substance du propos qu’il entreprend de transmettre et qui procède de l’esprit qui en fait l’usage ?» — Plérôme.
[culture]«Le degré de la civilisation d’une culture se laisse apercevoir à la manière dont elle reconnaît ses éléments les plus défavorisés et ses sujets les plus vulnérables et qu’elle est susceptible de leur rendre une justice adéquate, équitable et constante.» — Plérôme.
[culture]«S’il est possible que ce qui paraissait normal hier paraisse étrange aujourd’hui, ne serait-il pas tout aussi possible que ce qui semble étrange aujourd’hui semblera normal demain: tel est le travail du temps qui peu à peu dégage l’essentiel, l’essence de la vérité qui s’accomplit dans l’histoire, de l’artifice que la culture substitue de manière éphémère à celle-là, par intérêt, par utilité, par commodité ou par habitude.» — Plérôme.
[culture]«Telle est la puissance de la culture, qu’elle parvient à imposer ses dynamiques et ses mouvements au sujet moral, de sorte que ceux-ci, lorsqu’ils sont en quelque sorte définis par des valeurs imparfaites et des principes incomplets, iront à l’encontre de sa nature la plus profonde et de ses inclinations les plus fondamentales et risquent de devenir pour lui la cause d’une aliénation profonde au lieu qu’ils représentent des idéaux louables et des fins admirables, pour mieux favoriser so développement sain et son épanouissement complet.» — Plérôme.
[devoir]«En tant qu’elle est un vice, la notion de la corruption révèle le défaut, chez le sujet moral, de ne pouvoir accomplir son devoir par désintéressement; en tant qu’elle est une action répréhensible et condamnable, elle devient pour lui l’incitation, subtile ou évidente, tantôt négative à négliger son devoir et tantôt positive à agir à l’encontre des exigences qui en découlent, en échange des avantages, en nature ou en espèces, qu’il espère retirer de recourir à cette inaction à de cette forfaiture, en récompense de les avoir conduites.» — Plérôme.
[Dieu]«L’idée de l’Être immobile, telle que l’interprétation commune de Parménide nous la présente, est une conception illusoire de l’esprit dont la proposition est doublement niée, à la fois par l’existence et par l’état de la nature elle-même: car, sauf à soutenir que la nature est incréée et donc qu’elle est éternelle — une doctrine que consigna Aristote dans ses écrits et que soutient encore et toujours le matérialisme contemporain —, un Être immobile n’aurait pas nié son propre principe en faisant surgir du néant une nature auparavant inexistante et encore moins en créant une nature dont la stabilité repose sur une substance changeante en perpétuel mouvement.» — Plérôme.
[Dieu]«Le problème de Dieu subsume tous les problèmes, y compris celui qui, en décrétant la théorie qui nie Son existence, surgirait de l’effort, pour le penseur qui insiste à faire prévaloir ses propres raisons, si élevées fussent-elles, afin d’expliquer le monde dans son actualité et dans sa possibilité, à déconsidérer l’existence de la Raison suprême qui puisse effectivement les lui fournir et à laquelle il tenterait de substituer son propre entendement, souvent contradictoire lorsqu’il compare ses conclusions à celles que produisent d’autres penseurs qui affichent une prétention analogue.» — Plérôme.
[Dieu]«Le prophète précède et annonce la manifestation de la Divinité; l’apôtre lui succède et la révèle; le martyr est celui qui, a priori ou a posteriori, en témoigne de son sang, au prix de souffrances et jusqu’à la vie.» — Plérôme.
[Dieu]«Une des caractéristiques de la modernité rationaliste qui, malgré tous ses efforts à nier la Divinité, au nom de l’autonomie et de la suffisance de la raison, ne saurait le faire en vertu de l’existence de cette raison elle-même, puisque la sublimité de sa nature dépasse l’entendement que l’humanité peut entretenir à son égard, relativement à son origine et à la possibilité qu’elle puisse exister, sauf à concevoir qu’un Agent transcendant en serait le principe et la source originels: c’est que cette période de l’histoire de la pensée L’a dépouillée de sa dimension personnelle, qui la porte à se manifester avec bienveillance à l’humanité, voire en des circonstances exceptionnelles, grâce à son action et à sa présence providentielles, pleinement reconnaissantes des possibilités de la liberté humaine, mais aussi éminemment conscientes des limites qu’elle est apte à illustrer à l’échelle de l’histoire, pour voir en Elle uniquement, lorsqu’elle En admet l’existence, un Être impersonnel qui, tout en démontrant Sa tout-puissance, trônerait avec complaisance, indifférence et détachement au-dessus de la mondanité des affaires humaines.» — Plérôme.
[droit]«À l’intérieur d’un système légaliste, l’injustice qui parvient à se commettre selon les règles de la procédure vaut mille fois la justice qui s’établit et qui rayonne, en marge des règlements qui sont établis et mis en place afin de conditionner les actions de l’ensemble, lesquelles normes se revendiquent souvent même de l’idéal officiel légitime qu’elles seraient censées servir et qu’à la longue, par la conformité des pensées, des conduites et des actions qui est exigée de la population aux spécifications étroites qu’elles définissent, ils parviennent progressivement à étouffer presque complètement.» — Plérôme.
[droit]«L’état de guerre existe de facto lorsqu’un État, ou une de ses parties, ne peut trouver à s’augmenter que par la destruction d’un autre État ou d’un élément rival indigène, existant à l’intérieur de ses frontières: en ce dernier cas, il s’agirait d’une guerre civile; lorsqu’un État exerce sciemment, mais sournoisement, cette influence délétère au dépens de son antagoniste, tout en laissant croire, par sa conduite officielle, que les relations politiques caractérisent toujours un état de droit et de paix, il est alors judicieux de considérer de jure que l’état de guerre est occulte et illégitime, c’est-à-dire qu’il s’exerce en recourant à des tactiques de subversion et qu’ils se produisent à l’encontre du droit international qui interdit de telles pratiques déloyales et déshonorables, puisque déshonorantes.» — Plérôme.
[droit]«La loi ne saurait faire naître la moralité — tout en créant les conditions qui lui permettraient de croître et de s’épanouir —, alors que c’est la moralité qui donne sa forme à la loi, en vertu de qualifier la fin que l’intelligence spécifie pour elle: ainsi l’individu comme la collectivité ne peuvent-ils, dans l’absolu, espérer être libres, uniquement que si la loi qui est instituée à la fois s’avère conforme à une conception juste de la moralité la plus élevée et fait activement la promotion de la justice — de l’essence qui est la cause de ce que la loi s’identifie à elle —, dans l’obligation qu’elle impose à tous les sujets, par les respect qu’elle inspire en ceux-ci, de conformer leurs conduites et leurs actions aux devoirs et aux injonctions qu’elle préconise.» — Plérôme.
[droit]«Quel malheur pour la société lorsque l’état de droit qui la définit, comme étant l’obligation unilatérale et exclusive que chacun se sentirait habilité à exiger péremptoirement de son concitoyen, sans pour autant se tenir en quelque manière obligé envers lui d’une action, d’une attitude ou d’une pensée qui ressortirait à un droit, général ou particulier, qui lui serait reconnu en contrepartie, symétriquement et de manière analogue.» — Plérôme.
[duplicité]«La diffamation s’avère l’arme de l’ambition vile, haineuse et sans conscience, d’autant plus lâche qu’elle réalise son effet sous le couvert de l’anonymat et à l’insu de la personne visée, qui en devient conscient seulement au moment où ses effets se révèlent pleinement à elle.» — Plérôme.
[duplicité]«Pour certains, le secret de la réussite sociale repose sur la possibilité pour eux de détourner à leur avantage, par la déception ou par toute autre manœuvre déloyale, le crédit, la gloire et les bénéfices dont la jouissance reviendrait légitimement à l’auteur qui a réalisé l’œuvre, susceptible ainsi d’être admirée, ou à l’agent qui a accompli l’action, passible par conséquent d’être honorée.» — Plérôme.
[duplicité]«Rien ne ressemble plus à l’impuissance réelle que l’impuissance feinte, un état qui laisse supposer un motif ultérieur, servi par cette inaction.» — Plérôme.
[duplicité]«Tel est celui qui, s’adressant à son complice et jugeant de la conduite d’une victime qu’ils ont cruellement trompée et sans vergogne dépossédée et qui, ayant découvert le forfait et le stratagème utilisé afin de le décevoir, réclame son dû légitime et entreprend d’agir de manière correspondante, confie pour le discréditer à son comparse: voyez combien il est envieux de nous !» — Plérôme.
[éducation]«Il y a certes un malaise dans le monde de l’éducation lorsque les derniers à savoir apprécier la finalité réelle de l’éducation et la qualité que réalisent les éducateurs, lorsqu’ils y tendent effectivement et l’atteignent réellement, sont les éducateurs eux-mêmes.» — Plérôme.
[éducation]«Le jardinier est celui qui, tout en apportant à ses plantes les soins qu’elles requièrent, démontre la patience d’attendre que la nature suive son cycle et que s’écoulera le temps nécessaire pour que s’épanouisse la fleur, sans disposer de la certitude que celle-ci ne parviendra jamais à maturité, tout exposée qu’elle est aux exactions et aux aléas de la sauvagerie et de la barbarie, présentes à l’intérieur de la nature, ou encore tout prédisposée qu’elle est, vue la fragilité de sa constitution physiologique, à ne pas connaître la longue carrière qui est inscrite à même la nature de son espèce.» — Plérôme.
[égalité]«La parfaite complémentarité des êtres suppose leur parfaite égalité, sous la possibilité réelle de leur accomplissement: car aucune réalisation, si élémentaire fût-elle, ne saurait se produire en l’absence, en général, du perfectionnement des natures individuelles, accompli en vue cet aboutissement, et, spécifiquement, de l’amélioration de la dimension unique de chacun; et lorsque cette réalisation requiert la concertation de deux personnes en vue d’atteindre un but extérieur, commun qu’elles se posent à elles-mêmes, ou qu’elles ressentent comme étant essentiel et/ou nécessaire à l’optimalisation de leur état, l’harmonie qu’elles génèrent et qu’elles entretiennent, en sollicitant et en affirmant la nature la plus profonde qui sied au cœur d’elles-mêmes devient la condition sine qua non de cet accomplissement. § Or, puisque l’égalité se fonde sur la possibilité dont dispose chaque individu d’être et de vivre, c’est-à-dire de se réaliser intégralement, dans l’occasion que lui offrent les situations et les circonstances de devenir réellement et de se situer à la hauteur de son potentiel le plus élevé — bref, sur la possibilité qu’il possède de réaliser sa bonté —; et puisque nulle complémentarité ne saurait exister en l’absence de la bienveillance individuelle et mutuelle qui fonde son action, en assurant que la concertation des consciences se produise dans l’harmonie, en vue d’une fin qui devient accessible uniquement en raison de cet état, aucune complémentarité ne saurait exister en l’absence d’une égalité réelle des consciences, ni la perfection de l’une s’avérer en l’absence de cette entéléchie qui se développe en l’autre, dans la pleine liberté des personnes qui aspirent à la réaliser, la dérogation à cette règle constituant la source première et fondamentale de l’inégalité entre les individus.» — Plérôme.
[égocentrisme]«L’égoïsme de l’homme se manifeste par son incapacité ou par son impréparation à illustrer judicieusement et avec humilité le désintéressement moral, qui importe autant à la reconnaissance adéquate de l’originalité et de la singularité de ses semblables, qu’à la sienne propre, comme reposant sur la perception également humble et désintéressée de ceux-ci à son égard.» — Plérôme.
[égocentrisme]«Tels sont ceux qui occultent, pour des raisons qui leur appartiennent en propre, tout un aspect de leur expérience intellectuelle pour ensuite reprocher à ceux que l’intuition de sa richesse et de sa profondeur attirerait, et parfois même les condamner, pour le motif de vouloir s’intéresser vivement à la possibilité de s’en nourrir.» — Plérôme.
[esprit]«La créativité requise afin de réaliser la vérité que l’intelligence aperçoit, à l’intérieur de la multitude des situations, des événements et des phénomènes qui se présentent à elle, et conformément à la pléthore de moyens physiques et moraux qui sont offerts à l’esprit afin d’accomplir cette action, les uns par la nature et les autres par l’âme de l’être vivant, est au moins aussi importante que le génie qui est employé à la nier et à en adultérer les enseignements profonds et pertinents, lorsque ceux-ci paraîtront irrecevables, en raison de compromettre une manière usuelle et établie de concevoir la réalité.» — Plérôme.
[État]«La finalité d’un État et d’un gouvernement iniques consiste à favoriser le bien-être de ceux qui, par intérêt, en maintiennent et en étayent l’action; son moyen, c’est de priver les honnêtes gens, en les rendant inaccessibles, ou de les décourager de s’en prévaloir, des moyens juridiques et extra-juridiques par lesquels ils pourraient faire valoir leurs réclamations légitimes et ainsi de prévenir la spoliation à laquelle les expose la corruption de l’état social et de l’appareil administratif, législatif et exécutif, institués à l’origine afin d’assurer la conservation et la préservation l’idéal d’un État sain, mais actuellement détournés afin de servir des visées particulières iniques et malsaines.» — Plérôme.
[existence]«Autant de vies, autant de métamorphoses et autant de voies empruntées pour qu’elles se produisent et autant de conceptions afin d’illustrer les théories qui tenteront de décrire et d’expliquer l’existence.» — Plérôme.
[existence]«La montagne et le gouffre sont les deux pôles archétypes extrêmes, aptes à représenter le rapport de la conscience à l’entropie physique et la nature du défi que celle-ci pose à la qualité et à la pérennité de l’existence.» — Plérôme.
[existence]«La vie est une néguentropie, c’est-à-dire une lutte continuelle, accomplie avec persévérance, de l’âme et de la conscience, lorsqu’elles s’opposent aux forces de l’entropie, qui entraînent inéluctablement l’organisme vers la décadence et la mort: l’humanité est ainsi divisée entre ceux qui ont compris ce principe, qui adhèrent de toute leur âme à ce combat et consacrent toute l’énergie de leur esprit à le mener avec succès, tout en secondant autrui dans leur effort en ce sens; ceux, hélas !, qui se laissent aller à dévaler les pentes sur lesquels l’entraînent les facteurs de la corruption, de la fragilisation et de la dégradation qui la caractérisent; et, pis encore, ceux qui croient que leur salut réside dans leur génération de leur action et la facilitation de leurs effets délétères, comme s’ils pouvaient ainsi retarder leur propre dégénérescence physique, en niant les dispositions morales qui sont inhérentes à leur nature et en créant, ou en cultivant, les conditions qui accentueraient le dépérissement de leurs semblables.» — Plérôme.
[expérience]«C’est un perspectivisme très étroit, pour ne pas dire la manifestation d’une forme inavouée de solipsisme, qui consiste à concevoir l’essence de la réalité comme étant ce que la raison peut en concevoir et en définir, à partir uniquement de sa propre expérience, sans être véritablement ouvert à celle que son semblable est apte à exprimer et s’imaginer pouvoir l’appréhender, même en partie, à travers son regard et son sentiment, dans le sens le plus large du terme, en faisant preuve d’un désintéressement attentionné et en se laissant inspirer par les conceptions originales qui pourraient être issues de son entendement.» — Plérôme.
[expérience]«L’expérience peut se concevoir sous l’aspect de la lumière (et en général de la sensibilité qui l’accueille) qui prend à chaque fois une apparence nouvelle pour mieux encore susciter en la conscience le désir d’en capter les multiples dimensions et de vivre les possibilités innombrables que renferment les circonstances qu’elle lui révèle».— Plérôme.
[expérience]«La jeunesse est une vieillesse qui ne se connaît pas encore, puisque n’ayant pas encore acquis l’expérience de la vie qui en éprouvât les virtualités profondes et complètes ainsi que le sentiment d’une invincibilité morale qui leur sont associées; la vieillesse, une jeunesse qui se souvient, parfois avec bonheur, parfois avec tendresse, parfois avec nostalgie, parfois avec regret et parfois avec chagrin, mais toujours avec la satisfaction d’une sagesse acquise, susceptible d’être partagée avec ses semblables, les voies empruntées afin de réaliser ces virtualités et les expériences éprouvées afin de les actualiser, en transformant la témérité artificielle de l’inflation inconsciente qui l’a précédée en l’humilité salutaire d’une confiance réelle.» — Plérôme.
[expérience]«Le grand problème théorique que pose une théorie de la réminiscence, c’est d’établir qu’il puisse exister un champ du souvenir qui, remontant à une expérience antérieure à l’existence présente, soit à la fois réel et accessible à la conscience actuelle que l’esprit peut en recréer en son souvenir et en son imagination; le grand problème pratique, c’est de se remémorer effectivement ce qui n’est pas accessible immédiatement au souvenir, y compris jusqu’au sentiment subjectif de la possibilité même qu’un tel oubli puisse n’avoir jamais existé, tout en admettant que, pour que ce rappel soit possible, il en persiste néanmoins, enfoui dans l’inconscient de la personne, une rémanence susceptible de se manifester à lui.» — Plérôme.
[expérience]«Tels sont ceux qui souhaiteraient tout savoir ce qui mérite d’être su, sans devoir passer par l’expérience de la vie, qui en fournit l’occasion de se renouveler, par l’épreuve qui en apporte la confirmation, par l’effort qui permet de l’acquérir et de le consolider et éventuellement par le plaisir qui en accompagne la découverte.» — Plérôme.
[fantasme]«C’est une forme de subreption, parfois lourde de conséquences, puisqu’elle entraîne l’esprit dans des directions alternatives et souvent fausses, et toujours illusoire, lorsqu’elle n’est pas reconnue, que celle qui incline à prendre l’évocation sensible pour la chose réelle.» — Plérôme.
[foi]«Sans la foi, les œuvres sont vides; sans les œuvres, la foi est vaine: car si la foi inspire la plénitude de la réalisation des œuvres et de leur parachèvement; les œuvres, quant à elles, représentent ultérieurement l’expression adéquate et parfaite de la foi, profonde et sincère, à l’origine de l’action qui les accomplit, parfois avec difficulté et malgré l’opposition récalcitrante que lui présente le milieu en lequel elles s’inscrivent.» — Plérôme.
[génie]«La nouveauté que l’on invente sert souvent à éviter de comprendre l’ancienneté qui échappe à la conscience, ainsi qu’à la connaissance qui résulte du travail de l’intelligence qu’elle produit et qui porte sur elle, ou encore de faire l’effort d’en apprécier pleinement l’originalité de son essence et la pertinence de sa réalité, avec l’obligation éventuellement de se conformer à ses enseignements, voire bénéfiques, mais hélas jugées trop contraignants, par les exigences qui en découlent.» — Plérôme.
[histoire]«Dans le contexte d’une histoire politique, lorsqu’elle se définit pour l’essentiel par des rapports de force abrutissants et par la quête incessante pour les particuliers d’atteindre à un ascendant politique et à un prestige social, l’extrême complaisance ou l’indulgence exagérée dont témoigneraient les autorités invitent à un renversement inexorable de l’ordre établi et à la transformation radicale de la société; l’extrême rigidité la provoque.» — Plérôme.
[histoire]«Seule une histoire, reconstituée intégralement par le chercheur, permet de comprendre proprement quel est l’enchaînement adéquat des événements, des circonstances et des situations, lorsqu’ils sont appelés à interagir les uns sur les autres et servent entre eux de causes, et ultérieurement, afin d’expliquer les choses de la réalité, de postuler quelles en seraient les raisons fondamentales comme de clarifier ce qu’est la nature des conjonctures, susceptibles de maximiser leurs effets, d’en multiplier les intrications et d’en compliquer les effets.» — Plérôme.
[histoire]«Une chose que la Grèce antique n’a pu perfectionner, avec le génie qu’elle démontre de tout recevoir de l’étranger pour en reconnaître les virtualités sublimes et en réaliser dans l’intellect l’idéal le plus achevé, c’est le message évangélique qui en représente l’accomplissement moral, et face auquel elle se confronte à deux choix: soit qu’elle en reconnaisse la valeur insigne et qu’elle s’inspire intégralement de sa théorie en définissant sa morale et en élaborant son action; soit qu’elle l’ignore et, afin de réaliser son entéléchie épistémologique et culturelle, qu’elle cultive plutôt une sagesse parallèle qui parfois en rencontre les vérités, mais qui le plus souvent ramène l’histoire de la pensée humaine à un stade qui est antérieur à son expression et à son illustration, en raison de leur transcendance, de leur universalité et de leur nécessité, un passé qui n’est pas dénué d’honneur et de gloire, mais qui se révèle en-deçà de celui auquel elle pouvait aspirer, en eût-il été autrement.» — Plérôme.
[homme]«L’homme détruit souvent le mieux, pour ensuite se plaindre d’être confronté au pire.» — Plérôme.
[homme]«L’humanité donne parfois l’impression qu’elle ne s’aventure à découvrir la vérité que pour mieux encore, l’ayant pressentie et en ayant fait l’intuition, l’oblitérer de sa mémoire, étant pour les consciences trop épouvantable à contempler, et continuer à agir comme auparavant, selon son habitude, comme si cette vérité n’avait jamais existé, ou encore comme si elle ne saurait concrètement transformer l’existence ou influencer le déroulement quotidien des événements, étant trop générale et intemporelle.» — Plérôme.
[humanisme]«La fin de l’humanisme réside en la perfection la plus complète que l’homme est capable de réaliser, en vertu des possibilités immanentes qu’il révèle, et qui sont inhérentes à sa nature, et de l’effort réel accompli, prodigué en vue de leur accomplissement: le résultat de ce mouvement se découvre avec la substitution de sa volonté à celle de la Providence, allant parfois jusqu’à nier Celle-ci en même temps que la légitimité de Son existence, sous prétexte que Sa pleine reconnaissance entraverait son exercice souverain, produisant l’efficace d’une action qui autrement serait imputable à une puissance morale étrangère, voire qu’elle soit plus sublime et plus accomplie, en vertu de Son être et de Sa nature; en réalité, il ne fait qu’illustrer une aliénation fondamentale qui, en accentuant les possibilités immenses de la spiritualité de l’homme, la profane en réalité, en faisant d’elles un fait indéniable et indiscutable, qui rende superflue toute interrogation métaphysique, et la coupe intellectuellement de l’unique cause de sa possibilité d’exister et du seul principe qui puisse ultérieurement en justifier l’état comme l’accomplissement.» — Plérôme.
[idéal]«Si l’idéal comporte une valeur morale indéniable, en raison de l’inspiration et de l’espérance qu’il fait naître à l’intérieur de l’esprit et de l’âme des consciences qui l’entretiennent, sa contribution première et définitive à la vie de celles-ci réside en la capacité effective qu’elles démontrent à employer leur liberté à bien le réaliser et en la joie qu’elles éprouveront de s’être ainsi montrées à la hauteur de ses exigences.» — Plérôme.
[idée]«On peut comparer à un sentier, l’idée originale qui, étant la première à être énoncée, est jugée digne d’être adoptée et suivie par tous ceux qui, par la suite, avec la lucidité de leur esprit, ont contribué à concevoir la direction qu’ils devaient emprunter afin de rejoindre la destination qu’ils se sont imaginée, et, par l’effort constant de leurs pas, à façonner, la trajectoire par laquelle s’accomplirait le but qu’ils se sont fixé.» — Plérôme.
[ignorance]«Le plus grand ennemi du philosophe est l’ignorance: autant celle qui l’entoure, par la fausse connaissance qui est proposée afin de répondre aux questions fondamentales qui se présentent à l’esprit, que celle dont il s’entoure, lorsqu’il se satisfait des réponses partielles aux interrogations essentielles qu’il formule afin de l’éloigner, qu’il fournit à celles-ci les solutions incomplètes, imaginatives mais illusoires, ou encore qu’il voit dans les conjectures adéquates qui lui sont proposées des élucubrations artificieuses et fantaisistes, à défaut de les avoir examinées avec le sérieux et la profondeur qu’elles méritent.» — Plérôme.
[ignorance]«Tel est celui qui nie la vérité qui le dépasse ou l’accable, pour encore mieux se forger une conception qui lui convient et qui se révèle être à la mesure de la compréhension de l’intelligence et de l’effort qu’il est prêt à dépenser afin de rencontrer les conditions et les exigences qui en procèdent.» — Plérôme.
[intelligence]«Il arrive souvent que les explications les plus simples soient en même temps les plus vraies, sans pourtant qu’elles n’échappent complètement au mouvement qui obnubile et offusque l’aperception de l’évidence de son propos, en invoquant des théories dont la complexité et la multiplication des niveaux seraient censées rendre compte du phénomène problématique que le penseur se propose d’expliquer.» — Plérôme.
[intelligence]«Le défi le plus grand posé à la conscience collective, lorsqu’elle est engagée dans son cheminement vers l’accomplissement des virtualités intellectuelles les plus hautes de son esprit, consiste en la reconnaissance éventuelle de l’évidence d’une vérité actuellement inconnue, mais dont le problème qui suscite l’espoir de pouvoir y atteindre apparaît néanmoins clairement et sans offusquement à l’esprit de l’un des membres qui y participe lorsque, l’ayant découverte et formulée, il fait l’effort d’en révéler la matière à l’intelligence de ses congénères.» — Plérôme.
[intelligence]«Tout principe apparaît simple, dès que l’on parvient à en saisir et à en comprendre la vérité, à un point tel que, ayant révélé son évidence, l’esprit se demande comment il ait pu éviter de l’apercevoir auparavant: tel est le sens de l’eurèka archimédien.» — Plérôme.
[intelligence]«Un principe que l’on vient de découvrir apparaît si simple, dès que l’on parvient à en élucider l’énigme et à en comprendre la vérité, à un point tel que l’on se demande après coup comment l’on ait pu éviter d’en apercevoir auparavant l’évidence.» — Plérôme.
[liberté]«Il y a ceux qui croient, afin de fonder une conception abstraite de la liberté, que toute production de l’événement est le fruit du hasard et qu’aucun dessein transcendant ne préside au déroulement de l’univers; comme il y a ceux qui, adeptes d’un fatalisme tragique, croient que le destin de chaque individu est décidé à l’avance, en vertu d’une détermination issue de situations et de circonstances dont la génération échappe à son libre arbitre: il serait plus juste cependant de comprendre qu’en réalité, dès que la pensée est susceptible de recruter la puissance de son imagination et de s’adonner à la création, lorsqu’elle agit, au meilleur de sa capacité, sur un déjà-là qu’elle n’a jamais voulue — un fait accompli en quelque sorte —, elle témoigne de la plus grande forme de liberté qu’il lui est possible de réaliser; mais que, en désirant illustrer la liberté la plus complète qu’elle peut, elle se heurte aux conditions d’une situation et elle affronte l’opposition de circonstances qui ne dépendent pas entièrement de sa volition, sans même que, afin de l’expliquer, l’intelligence ne s’interroge sur les raisons de cette conjoncture, et qu’elle soit dans l’obligation d’évoquer une cause transcendante éloignée (sans en nier a priori l’éventualité et tout en admettant l’éventualité de sa possibilité), et que, en considérant cette contrainte, son action est influencée par un encadrement qui non seulement en limite la forme, mais encore en suscite souvent le mouvement et la nécessité qu’il se produise et qu’il se découvre un terme: ainsi, la condition et la liberté morale se conjuguent-elles afin de caractériser vraiment et réellement la nature du drame humain, la nécessité, pour la personne d’exprimer son entéléchie à l’intérieur d’un univers physique, de la manière la plus adéquate possible et selon les possibilités que lui autorisent à avoir son individualité propre, sous la forme de l’élan de la vie dont la liberté décrit la possibilité et l’actualité de la réalisation.» — Plérôme.
[liberté]«L’idée de la liberté ne se comprend pas uniquement en termes de son existence, lorsque le sujet moral en jouit, ou de son acquisition, lorsqu’elle souffre de ne pas être actuelle et qu’un effort est requis afin de l’établir, mais aussi en vertu de l’usage que l’on en fait, des raisons qui inspirent les conduites et les actions qui la manifestent et des motifs qui animent son épanouissement et qui suscitent la plénitude de son actualité, autant dans l’intériorité du sentiment de l’agent moral que dans celle de son semblable qu’à l’échelle sociale et collective de son rayonnement.» — Plérôme.
[liberté]«La liberté autorise-t-elle prioritairement à s’approprier ce qui est librement consenti par l’agent moral en son for intérieur; ou à accorder préalablement ce qui est susceptible d’être désiré et réquisitionné par lui, lorsqu’il est inspiré par la moralité la plus haute et la plus honorable?» — Plérôme.
[liberté]«La véritable liberté est l’expression du mouvement vital, intrinsèque à la nature intime de l’être, qui est celui de rechercher l’accomplissement de la plénitude de son être; la véritable justice, qui lui est complémentaire, car elle repose sur l’actualisation et la présence des critères objectifs de son expression, consiste à favoriser son extériorisation légitime et à décourager la production des actions et l’avènement des situations qui l’empêcheraient ou la nieraient.» — Plérôme.
[liberté]«Le grand paradoxe de la condition humaine: le sujet moral fuit, parce qu’il ne sait reconnaître la forme, ni comprendre l’essence, de la liberté qui pourrait contribuer à son épanouissement, mais il consent à celle qui risque plutôt de l’aliéner, parce qu’elle est conforme à l’illusion que la culture produit, afin de fonder la société et d’en justifier l’existence, et qu’elle entretient, afin de perpétuer les formes qui assurent sa pérénnité.» — Plérôme.
[liberté]«Le problème de la liberté est un problème éminemment moral: car si chacun revendique la liberté comme étant un bien en soi — avec raison puisqu’elle consiste en la possibilité d’illustrer ses choix en vue d’effectuer le meilleur bien possible, tel qu’entendu avec justesse et rectitude par l’agent moral —, la liberté n’est cependant pas une idée-valeur neutre, quant aux choix effectifs qui seront éventuellement poursuivis par elle et qui illustreront alors des formes de la compréhension, distinctes et souvent diamétralement opposées de l’essence qui constitue la nature du bien, ainsi que des formes de l’apparence qu’il peut prendre, en vue de réaliser son excellence et sa plénitude.» — Plérôme.
[liberté]«Le paradoxe de la liberté réside en ce qu’elle autorise et serve aussi parfois à justifier l’action des sujets moraux qui, en son nom et parfois dans l’exercice d’une fonction légitime, chercheront à contrôler son exercice, à façonner son expression et à diminuer son extension chez leurs semblables: le malheur se produit lorsqu’ils font correspondre leur propre notion subjective de la liberté à la conception absolue qu’ils imposent à l’ensemble social, en voulant modeler le monde entier à l’image partielle et incomplète, et par conséquent sclérosée, qu’ils en détiennent en raison d’une incapacité à inventer de nouvelles formes qui donnent satisfaction à la notion sublime et prolifique qu’elle renferme en son essence et qui n’attend que l’effort d’un esprit attentif et entreprenant pour la découvrir.» — Plérôme.
[mensonge]«Au royaume du mensonge, l’illusion est reine.» — Plérôme.
[mensonge]«Tels sont ceux qui voudraient laisser croire que, afin de donner une plus grande crédibilité à la vérité de leur propos, il suffit de faire disparaître toute trace de la preuve contraire, lorsqu’elle produirait la conséquence fâcheuse d’infirmer la prétention qui est la leur de détenir la véracité.» — Plérôme.
[moralité]«La subversion morale d’un peuple passe par l’aliénation ciblée de sa vertu et des personnes qui l’incarnent manifestement en leur âme et conscience.» — Plérôme.
[moralité]«La raison agit; le cœur réagit.» — Plérôme.
[moralité]«La forme que prend l’immoralité passe moins par un déni systématique et radical de la moralité mais plutôt par l’incapacité relative du sujet moral à ne pas savoir ou vouloir conformer ses actions à ses très hautes exigences, ou encore à ne pas avoir réalisé une aperception claire de ses principes, soit en raison d’une immaturité infantile de la conscience, soit en vertu de l’ignorance relative qu’entretient la culture sur leur existence ou sur leur essence; de sorte que, lorsque cette tendance vicieuse suit son cours ininterrompu, qu’aucune influence ou qu’aucun secours extérieur ne parviennent à ralentir ou même à faire cesser, le risque devient, pour l’esprit moral qui est soucieux de parvenir à une compréhension véridique et adéquate du phénomène, de conclure ponctuellement à la présence d’une décadence morale, alors que cet état a pourtant pris de nombreuses années à se développer, en suivant le sens d’une progression subtile et graduelle qui atteint peu à peu un point critique, objectivement vérifiable par un observateur impartial, et d’attribuer superficiellement cette occurrence à une série de facteurs qui sont approximativement contemporains de la détérioration perçue, mais qui sont en réalité historiquement éloignés de la situation déplorée, puisqu’ils renvoient à sa cause réelle et profonde ainsi qu’aux nombreuses ramifications qui, de proche en proche, ont occasionné la formation et l’information de son expression.» — Plérôme.
[moralité]«La responsabilité peut se concevoir comme étant la liberté qui se réfléchit elle-même en vertu des plus hautes virtualités du sujet moral et en vue de leur réalisation bienfaisante et effective, conformément à l’entéléchie de sa personne.» — Plérôme.
[moralité]«La responsabilité peut se définir comme étant la puissance dont dispose le sujet moral de faire tout le bien ou, au contraire, tout le mal en son pouvoir, lorsqu’il devient l’agent libre de ses actions.» — Plérôme.
[moralité]«Le principe de moralité, actif, formel et par excellence, qui est en même temps celui de la liberté positive, consiste à pouvoir faire ce que l’on doit faire ou de pouvoir agir comme l’on doit agir; le principe moral négatif par excellence, qui est en même temps celui de la liberté négative, réside en la possibilité de ne pas faire ce que l’on doit pas faire ou de ne pas agir comme l’on ne doit pas agir; au contraire, le principe de l’immoralité repose sur la corruption du sentiment moral: sous sa forme positive, il constitue une mimique de la liberté positive et il consiste à pouvoir faire ce que l’on doit pas faire ou à agir comme l’on ne doit pas agir; et, sous sa forme négative, il constitue un ersatz de la liberté négative et il consiste en la possibilité de ne pas faire ce que l’on doit faire ou de ne pas agir comme l’on doit agir.» — Plérôme.
[moralité]«Nombreux sont-ils encore à vivre comme si l’effet des actions, commises et réalisées par les sujets moraux, périssait avec l’extinction de la réalité physique qu’elles ont causée alors qu’en réalité, en raison des changements physiques produits de proche en proche sur la nature et des transformations indicibles, subtiles et imperceptibles, opérées sur les consciences, sur les cœurs et les esprits, leurs suites se font durablement sentir à l’échelle des essences intemporelles et feront connaître inéluctablement leur résolution dans les temps à venir.» — Plérôme.
[mythe]«C’est un paradoxe propre au mythe qui veuille que la fontaine de jouvence soit pure, cristalline, limpide et inaltérée alors que le dragon qui la garde, dans l’espoir de s’y désaltérer un jour ou, à défaut de réaliser ce désir, d’empêcher qu’un autre puisse y puiser, est d’autant plus féroce, cruel, sans vergogne et rusé: mais c’est seulement au prix de surmonter le défi qui illustre la force de son courage et l’innocence sa vertu que le preux chevalier pourra attester de son mérite de pouvoir jouir de ses bienfaits inépuisables.» — Plérôme.
[mythe]«Ce qu’il faut retenir du mythe de Cassandre, qui a été condamnée à l’infaillibilité de ses prospectives sans que personne n’accorde foi au propos qui les communique, pour n’avoir pas cru en l’amour d’Apollon pour elle et donc avoir refusé d’unir sa destinée à la sienne, c’est que la vérité est rarement reçue dans son intégralité, en raison des choses qu’elle aperçoit, jusqu’à ce jour où elle se manifestera ouvertement, dans l’ampleur de sa justesse de prévisions que confirmeront les événements, et que la généralité, empirique et pratique, de ce principe, en révélant la nature sceptique de l’homme plutôt qu’en illustrant une lacune fondamentale de la vérité, est d’autant plus prégnante que le contenu du propos qui l’énonce est significatif, substantiel et profond: d’où la nécessité de la voiler, comme le faisaient les Sibylles et les Pythies en recourant à des prononcements mystérieux, qui font usage de termes ambigus et d’images équivoques, à des prophéties qui sont susceptibles d’être interprétées fidèlement uniquement si les augures, préparés et disposés à la recevoir, démontrent une pénétration spirituelle et une sagesse éprouvée.» — Plérôme.
[mythe]«Le processus de la mythogénèse commence dès lors que l’on tente d’expliquer le présent, d’en donner une finalité, un sens, de remonter jusqu’à ses origines afin d’en mieux comprendre le déroulement futur: elle se distingue alors de la philosophie par la qualité, la justesse et la probabilité des principes qu’elle découvre et qu’elle énonce afin d’étayer les conceptions et les doctrines qui en procèdent.» — Plérôme.
[narcissisme]«Le narcissisme de la jeunesse consiste à croire que, parce qu’elle a effectué une découverte, celle-ci appartient exclusivement à sa génération et qu’elle est entièrement originelle, ne s’étant jamais produite auparavant dans l’histoire; celui de la vieillesse, à croire que les découvertes qui sont les siennes, dont une expérience éprouvée de la vie et une vaste érudition attestent de l’originalité indiscutable, vivront éternellement dans la mémoire des hommes et qu’elles seront reconnues intégralement, comme elles seront célébrées fidèlement, par toutes les générations montantes et suivantes, comme étant issues de leur fond intellectuel, de la perspicacité de leur esprit et de l’envergure de leur jugement.» — Plérôme.
[narcissisme]«Le narcissisme de la jeunesse, c’est de croire que, parce qu’elle est parvenue à découvrir la vérité, c’est elle qui l’a inventée; celui de la vieillesse, de croire qu’elle seule est susceptible de la trouver et d’en interpréter le sens véritable.» — Plérôme.
[nature]«Le grand miracle de la nature peut se concevoir ainsi: d’une entropie, le phénomène par lequel une quantité d’énergie, en se consommant, va progressivement en diminuant, surgit de façon mystérieuse la néguentropie, grâce à laquelle, en s’approvisionnant à même cette énergie — ou de la matière qui en illustre la déperdition —, la vie naît, éclôt, croît, s’épanouit, atteint un point culminant et décroît finalement, pour éventuellement disparaître, mais non pas sans avoir pour autant laissé derrière elle une progéniture qui perpétuera indéfiniment ce mouvement vital, que caractérisent en même temps l’autonomie des existences, la diversification des formes et à la démultiplication des espèces.» — Plérôme.
[perfection]«Tout être aspirera à la plénitude, qui n’a pas encore atteint à sa réalisation ou qui, par ailleurs, à tort ou à raison, s’est vue privé d’une exposition aux bienfaits de sa possession: la recherche de cet accomplissement devient donc le leitmotiv de l’âme et de la conscience dont il est doué et l’intelligence, lorsqu’elle prend conscience du mobile fondamental qui constitue pour lui la restauration, soit de l’unité perdue, soit de l’unité en puissance qui serait possible de réalisation, ne saurait se laisser distraire par des considérations arbitraires et des artifices futiles qui tendraient à empêcher que ce désir légitime en vienne à pouvoir s’épanouir entièrement et à se manifester intégralement.» — Plérôme.
[philosophie]«Dans l’idéal de sa pratique intellectuelle, le philosophe cherche la vérité et, dans celui de sa pratique existentielle, il découvre éventuellement la sagesse, là où il est susceptible de les trouver, fût-ce dans le silence de leur absence ou encore au sein des états et des situations qui tiendront, soit de l’erreur qui la fausse, pour celle-là, soit de la folie qui la contrefait, pour celle-ci.» — Plérôme.
[philosophie]«L’on oublie peut-être que, si un jour, à une époque éloignée, l’homme se mit progressivement à faire de la philosophie et d’en parler plus tard comme étant une véritable «philo-sophie» (ou amour de la sagesse), c’est qu’il dut y avoir aussi, implicitement, dans l’histoire, un discours ou une pratique qui réprouvaient, et même niaient, la sophia et que l’on pourrait peut-être désigner sous le vocable de «misosophie».» — Plérôme.
[philosophie]«La philosophie, c’est la tentative, souvent complexe et laborieuse, de l’esprit et de la raison qui le manifeste, de rendre évidente pour tous la vérité qui le serait pour soi, grâce à l’intuition de l’intelligence qui la lui fournit et l’inspiration de la conscience qui la lui révèle.» — Plérôme.
[philosophie]«La pensée droite qui se manifeste dans la justesse de ses vues, en vue d’accéder à la vérité, est le tout de la philosophie ... et ultérieurement sa perfection.» — Plérôme.
[philosophie]«La philosophie fonde son activité inébranlable sur une multiplicité de terrains mouvants: la nature, sur laquelle elle n’a aucun pouvoir créateur, mais seulement un pouvoir ponctuel de transformation de ses éléments stables et utiles et, éventuellement, d’anticipation sur les événements prépondérants suscités en elle par la puissance intrinsèque de sa dynamique; la raison, une faculté qui est un donné et un acquis, puisqu’elle ne saurait espérer parvenir à s’expliquer en elle-même en tant qu’elle est une substance et qu’elle ne saurait revendiquer pour elle-même l’ultime autonomie et la puissance irrépressible d’être à l’origine de sa propre existence; et la vie qui est une présence au monde, interactive et auto-soutenante, comportant une multitude de manifestations, parmi lesquelles l’existence de cet être qui se nomme l’homme et qui est doué d’une intelligence, d’un cœur, d’une raison et d’une volonté, susceptibles de s’exprimer dans la conduite et dans l’action, sans que pourtant ces facultés et ces productions ne puissent se justifier, autrement qu’en illustrant, à l’origine, la manifestation d’une spontanéité créatrice, entièrement gratuite et nullement commandée par la liberté délibérante de la conscience réfléchie de soi.» — Plérôme.
[philosophie]«La perfection de l’être ne saurait être dissociée, ni n’est dissociable, de la nature réelle et effective de l’être qui la révèle ou qui serait disposé à l’atteindre en soi, pour soi et pour autrui.» — Plérôme.
[philosophie]«Le moindre des exemplaires, du phénomène dont l’esprit s’interroge, vaut la théorie la plus parfaite, susceptible d’être émise afin d’en expliquer la nature et les principes: c’est une conclusion qui illustre la vaste distance qui reste à combler la puissance de l’intelligence des choses sensibles et celle de la volonté requise afin de la réaliser actuellement.» — Plérôme.
[philosophie]«Le mal épistémologique radical de la philosophie se révèle avec le divorce du principe et de la conséquence, de l’intelligence et de la connaissance, de la loi morale éternelle et de la disposition qui est démontrée par le sujet moral d’en illustrer, par son action, la compréhension qu’il en possède ainsi que la préparation dont il dispose à la réaliser en soi, pour soi et pour autrui, par l’action concrète qui la révèle, une dichotomie qui caractérise la séparation de la théorie et de la pratique.» — Plérôme.
[philosophie]«Le positivisme épistémologique constitue à son insu une forme d’hémiopie épistémologique, en ce qu’il a tendance à considérer uniquement l’évidence de la réalité qui est — au départ, l’unique objet de sa recherche —, mais aussi à omettre ou à négliger les manifestations qui résultent de celle qui n’est pas, principalement parce qu’il ne s’interroge pas sur la réalité qui devrait être, ou qu’il accepte l’absence de l’être, spécifique à la situation observée, en se résignant à voir en elle une fatalité inéluctable et irréversible sur laquelle il ne peut exercer d’emprise, en démontrant ainsi la pauvreté de son imagination.» — Plérôme.
[philosophie]«Le paradoxe de la philosophie résulte de ce que son activité s’exerce à l’intérieur du champ nécessaire et universel des idées transcendantes, comme il convient à une discipline de la pensée, mais que la vie qui fonde a priori la possibilité de s’accomplir elle-même est contingente, étant circonscrite à l’intérieur d’un espace-temps existentiel, et requiert par conséquent qu’elle découvre et qu’elle propose des réponses pratiques aux problèmes réels qu’elle rencontre, des solutions qui, par leur nature, exigent de l’idéalité qui en conditionne la forme, parfois d’une manière impérieuse et pressante, qu’elle quitte l’intemporalité et l’absoluité de l’univers mental en laquelle elle baigne pour s’intéresser plutôt à l’entéléchie, au mouvement et aux conditions d’une nature fluctuante, variable et en devenir perpétuel.» — Plérôme.
[philosophie]«Puisque la science s’intéresse aux rapports invariables entre les choses — à témoin le souci, pour qu’un nouveau principe ou une nouvelle loi soient admis par la communauté scientifique, de pouvoir reproduire fidèlement, autant de fois que requis pour qu’ils soient susceptibles d’une authentification, le phénomène dont il serait la raison informative et la cause explicative —, l’esprit qui s’aventure sur le terrain scientifique peut limiter son enquête, comme l’avait déjà pressenti Descartes dans ses Principes de la philosophie (§28), aux causes efficientes et à leur enchaînement, c’est-à-dire au comment ? des choses; et puisque l’art s’intéresse pour l’essentiel à l’appréciation et à la création de ce qui est à la fois beau et unique, lesquelles qualités sont pour l’une mystérieuse et pour l’autre irréductible, il ne saurait se contenter du comment ?, la cause de l’indicible étant inexplicable et celle de l’originalité ne pouvant se répéter et se reproduire; ainsi, l’esprit inquisiteur doit-il s’intéresser aux causes finales, au pourquoi ? de l’œuvre artistique, à ses significations, à ses raisons, à ses intentions, qui appartiennent autant à l’œuvre qu’à la conscience vivante de l’artiste qui l’a conçue: or, la philosophie étant à la fois un art et un science, puisqu’elle se donne pour mission d’expliquer les choses naturelles ou spirituelles, d’en interpréter la causalité, ce qui fait que telle chose ou telle catégorie de chose soit ou est apparue, autant que d’en comprendre la raison d’être réelle et profonde, à savoir autant les fins que sert cette chose, ou ce genre des choses, que sa raison d’exister et de perdurer, elle ne saurait s’intéresser entièrement et sélectivement ni au comment ?, ni au pourquoi ?, mais aux deux questions à la fois, en tant que le comment ? ne saurait se comprendre sans le pourquoi ?, sauf à sombrer dans l’explication entièrement mécanique des phénomènes, ni le pourquoi ? sans le comment ?, sauf à s’adonner à des extrapolations strictement fantaisistes de leur production.» — Plérôme.
[philosophie]«Seule la philosophie morale est apte à formuler une conception juste et adéquate du bien qui conviendra à l’illustration que fait le sujet moral de sa liberté; et seule cette discipline s’avérera utile à la découverte des critères en vertu desquels il accomplira cette gestion adéquatement, et qui serviront à définir les normes, grâce auxquelles opérer une sanction de l’usage apparemment insuffisant de cette liberté, d’où la nature morale essentielle du problème de la liberté.» — Plérôme.
[philosophie]«Tout concept philosophique est ontologiquement vide et nul concept ne peut prétendre à la plénitude de l’être, que celle-ci se constatât avec évidence, ou encore qu’elle soit en voie de la réaliser, s’il ne correspond effectivement à un existant réel, soit à titre actuel, en tant qu’il manifeste effectivement un objet qui possède une consistance ontologique, soit à titre virtuel, en tant que possédant la possibilité de se concrétiser réellement et de réaliser ultérieurement un tel état, soit dans la nature, soit dans la culture.» — Plérôme.
[philosophie]«Une aporie épistémologique se découvre en la tentative qui vise à démontrer le mensonge, avant la possession de la connaissance adéquate qui en révélerait la commission, alors que la nature même de l’action qui le produit et le manifeste consiste à dérober à la vue de l’esprit la matière et le contenu mêmes des signifiants qui en illustreraient la présence ?» — Plérôme.
[politique]«L’amour excessif et exagéré de l’ordre, qui le plus souvent soumet les exigences généreuses, bienfaisantes et altruistes de la vie bien entendue, aux impératifs de l’intérêt et de la préservation exclusive de la personne de ceux qu’il dynamise, se trouve alors à se substituer à l’ordre de l’amour, dévoué au maintien des conditions qui favorisent la naissance de la culture ainsi que la conservation et l’épanouissement de la vie: lorsque cela se produit, il court le risque de faire basculer l’anarchie bénigne qui procède de l’amour, de l’Éros qui met l’entièreté de l’énergie de son intelligence, de sa créativité propre et de sa bonne volonté au service de la vie — tel que le révèle l’évolution apportée aux structures en réponse aux changements constants qui sont le propre de la nature —, vers l’amour de l’anarchie, de l’Antéros qui est l’expression désordonnée des sentiments négateurs de l’amour, engendrés chez ceux que l’oppression et la répression briment dans leurs aspirations les plus légitimes, à réaliser les idées transcendantes du bien, du vrai et du beau, en faisant naître les conditions d’une conjoncture sociale et politique qui est susceptible d’entretenir l’injustice et, par conséquent, d’étouffer en profondeur les puissances de la vie, fondamentales à l’existence, à la continuité, à la diffusion et à la pérennité de l’ensemble.» — Plérôme.
[politique]«La contestation menée pour la contestation elle-même est peut-être la forme la plus infantile de manifester sa présence-au-monde puisqu’elle révèle un négativisme qui procède de valeurs implicites peut-être, mais qui ne s’enracine en aucun principe dont le sujet moral est conscient, une condition nécessaire à son extériorisation formelle, qu’elle s’accomplisse par la communication ou qu’elle mène à une action, apte à être interprétée adéquatement et effectivement par des sujets moraux de bonne volonté.» — Plérôme.
[politique]«Le politique, comme exprimant l’essence de l’action collective qui se concerte en vue du bien-être social susceptible d’en résulter, sans la politique qui l’actualise, c’est la pays de cocagne; la politique sans le politique, ainsi définis, c’est de la poudre aux yeux.» — Plérôme.
[politique]«Pour un grand nombre, la sécurité est recherchée, non en raison de l’harmonie qu’elle serait censé produire à l’intérieur d’une réalité unifiée, en aucune manière exclusive de la dimension suprasensible et transcendante des choses, en révélant un état social et d’un climat politique, équilibrés au plus haut point, mais uniquement en vertu de garantir à l’ensemble la préservation et de la promotion de soi qu’un désir naturel commande et impose de réaliser et de maintenir, comme illustrant un pouvoir individuel et/ou collectif adéquatement achevé.» — Plérôme.
[politique]«Tout l’art de la conquête consiste à s’accaparer, par la ruse ou par la force, les réalisations pacifiques de leurs semblables, accomplies avec ardeur et dévouement, ainsi que, sous la forme la plus extrême de cette pratique, les conditions matérielles objectives qui autorisent à une telle effectivité.» — Plérôme.
[politique]«Un peuple dont l’État n’est pas inspiré par des principes religieux, dont la qualité et la généralité de la moralité collective démontrent à la fois la justesse et l’universalité de sa doctrine, est comme un navire sans navigateur, un vaisseau qui sait comment se rendre à destination, mais non pas celle à laquelle il doit parvenir; et un peuple pour qui la Religion et sa pratique sont tout-à-fait indépendantes des politiques de l’État, des lois qui en découlent et des considérations séculières qui inspirent ses citoyens est comme un navire sans capitaine, qui sait qui sait quelle est sa destination, mais qui ignore comment l’atteindre.» — Plérôme.
[psychosexualité]«Lorsque la femme se compare à l’homme, elle accomplit cette action surtout en vue de récolter les avantages et les bienfaits susceptibles de résulter pour elle d’une telle opposition et rarement pour illustrer les malheurs, susceptibles d’être issus, autant chez l’un que chez l’autre genre, d’une incapacité ou d’un refus d’être à la hauteur, soit de leur nature la plus profonde et la plus élevée, soit de leurs devoirs respectifs et des obligations qui émanent de leur état naturel, lorsqu’il est pleinement assuré et qu’il est adéquatement cultivé.» — Plérôme.
[psychosexualité]«On pourrait dire, en général, que la rhétorique et le discours public sont à l’homme ce que la poésie et la confidence privée sont à la femme, au plan d’une communication formelle, assortie à la nature spécifique qui caractérise leur genre respectif.» — Plérôme.
[psychosexualité]«Si la femme est un facteur important de l’acculturation de l’homme et qu’il s’avère nécessaire à cette éducation sociale et morale, entendue dans le sens le plus élevé que peut prendre ce terme, c’est en raison des virtualités positives et bienfaisantes qu’elle découvre en lui et qu’elle lui inspire à vouloir en désirer la réalisation, lorsqu’il perçoit en elle l’honneur et la vertu qui témoignent au plus haut point de l’accomplissement de sa personne ainsi que, par conséquent, une dignité, apte à être estimée, respectée et aimée.» — Plérôme.
[psychosexualité]«Telle est la complémentarité, sous quelques égards seulement, du rapport qui gouverne les deux sexes, lorsque la mutualité de l’amour les réunit dans la perspective de l’accomplissement de leur nature générique, sans devoir sacrifier à l’entéléchie qui est inhérente à celle-ci: comme l’homme doit savoir naviguer entre les écueils de la fausseté, quelles soient les formes sous lesquelles elle se présente à lui, afin de ne pas échouer contre elles et devoir dépenser ses énergies à surmonter une situation qui l’éloigne du but réel de sa vie, la femme doit savoir éviter les pièges de l’insincérité et échapper aux liens artificiels qui, en procédant, la contraindraient à ne pas se réaliser elle-même; comme l’homme doit savoir gravir les plus hauts pics et réaliser les idéaux les plus élevés, la femme doit percevoir adéquatement la réalité et ne pas se laisser distraire par les voiles de l’illusion; comme l’homme doit savoir témoigner de son courage, afin d’offrir à la femme un havre de sécurité, et de sa constance, afin de lui présenter la solidité d’un roc inébranlable, en protégeant ainsi leur relation des influences néfastes et des forces préjudiciables à sa stabilité et à sa continuité, celle-ci doit lui présenter la lucidité d’un regard pur sur la vie et l’enthousiasme d’un esprit confiant qui lui communique combien sa personne désirerait se voir réaliser en lui et par lui, comme lui-même souhaiterait que son être s’accomplisse en elle et par elle.» — Plérôme.
[religion]«C’est en effet très mal connaître le Tao, pour ne pas dire le défigurer et le travestir, que de s’imaginer et de croire qu’il renferme, tout à la fois, le principe intégral et complet de l’Être et son contraire correspondant.» — Plérôme.
[religion]«L’effort millénaire des forces qui sont vouées à la corruption du genre humain et qui n’hésitent aucunement à sacrifier autant leur propre vertu que celle de leurs congénères à la morale de leur propre intérêt — la sécurité relative qui est associée à la consolidation des mécanismes du contrôle social qui sert à assurer leur sécurité, leur confort et leur plaisir —, c’est la déformation, la dissolution, la banalisation, la neutralisation et éventuellement la relégation dans l’oubli du message évangélique, conçu dans l’intégralité de son essence métaphysique et morale et dans le rapport intime et subsumant qu’il entretient avec la vérité universelle, inscrutable, impénétrable, inépuisable, transcendante, divine et éternelle qui infuse le monde et qui conditionne la finalité de son entéléchie.» — Plérôme.
[religion]«L’Être de Parménide étant un être physique, c’est-à-dire le cosmos ou l’univers, et donc laissant supposer que, puisqu’il a trouvé en elle une Divinité, sa doctrine religieuse serait panthéiste, il en procède nécessairement que le monde serait immuable et éternel, comme si elle était une matière qui ne connaît ni commencement, ni corruption: d’où l’utilité qu’elle comporte à implanter et à justifier l’idolâtrie, en induisant à prendre pour Dieu ce qui n’en est que l’expression et l’œuvre.» — Plérôme.
[richesse]«Un principe qui est un corollaire du droit de conquête, qui énonce que l’on peut unilatéralement disposer de ce dont on est parvenu de s’approprier et que l’on parvient toujours à conserver, soit par la ruse, soit par la force: en l’absence du travail, qui est l’unique fondement réel de la richesse, en raison du perfectionnement effectif et significatif apporté, par l’agent moral, à la matière sur lequel il porte, s’enrichir, c’est l’art de recevoir, et plus souvent de prendre, sans se sentir obligé de donner en retour quoique ce soit qui puisse être estimé avec justesse comme étant proportionnellement équivalent.» — Plérôme.
[sacrifice]«Le philosophe qui ne serait pas en même temps psychologue (mais non pas un psychologue) ne saurait connaître son objet qu’en le manipulant et le détruisant, puisque telle est l’issue de la connaissance pure, qui est en même temps une pratique objective, à témoin les sciences physiques et expérimentales, qui acquièrent la matière de leur savoir en oblitérant auparavant, voire d’une manière méthodique, quelques exemplaires soumis à leur examen et en les réduisant à leur forme la plus simple, et cela autant de fois qu’il sera utile, ce qui a pour effet de faire disparaître l’objet original. § Car toute science est, par sa nature, a priori réductionniste puisque les concepts qu’elle invente, afin de définir une chose, ne sauraient que capturer intellectuellement le phénomène qu’ils désignent, et les rapporter à la conception que la conscience réussit à formuler et à énoncer à leur sujet, sans faire usage de son introspection afin de percer la barrière de sa superficie et de pénétrer jusque dans l’intimité de son intériorité, en rendant ainsi justice à la nature et à l’essence qui la caractérisent. § Ainsi le philosophe objectiviste devra-t-il se contenter d’exercer son activité épistémologique sur les natures inertes, qui se prêtent mieux à ce genre de rétrécissement existentiel, et de sacrifier alors son intérêt intellectuel, si ardent fût-il, à l’égard des natures vives auxquelles le sujet moral ne saurait légitimement exiger d’elles qu’elles subissent le processus heuristique et l’action de la découverte qui s’exerceraient sur elles d’une manière impersonnelle, au prix de compromettre leur intégrité physiologique et d’hypothéquer leur intégralité organique. § Car, en l’étudiant et en la réduisant aux concepts et aux catégories scientifiques que sa discipline lui offre afin de la décrire, l’agent moral formule un jugement implicite, sinon explicite, sur la chose qu’il dénature, soit entièrement, en l’annihilant, soit en partie, en la privant de ce qui serait nécessaire à la réalisation du plein potentiel de sa nature ou encore en altérant ses fonctions et sa possibilité d’exister sainement et pleinement, à savoir que la valeur de cet objet est de loin inférieure au bienfait que l’on espère tirer de cette action et qui serait apte à être généralisé à l’ensemble au nom duquel elle est effectuée. Que ce principe s’appliquât à une chose inerte de manière intrinsèque, cela se justifie pleinement, puisque par nature et par essence elle est dénuée de toute dignité propre, sauf pour celle qui lui serait attribuée par une conscience extérieure pour une variété de raisons, relevant de la doctrine et de la croyance, et qui tiendrait d’une conception écologique et organique de la vie; mais qu’un être animé et vivant en fasse les frais, et qu’en raison de mobiles intéressés l’on en réifie la nature, en dépit d’une dignité qu’il lui appartient de recevoir en vertu de la qualité de son être et de la sublimité de son essence, une telle éventualité exige alors qu’elle puisse se justifier en démontrant que le scientifique ait adéquatement apprécié la valeur qu’il reviendrait à cette être vivant de recevoir, d’ainsi voir sa singularité mise au service d’une cause qui le dépasserait, tantôt malgré qu’il ne puisse y consentir ou s’y objecter, tantôt sans qu’il ne puisse le faire, en raison de la contrainte exercée par les circonstances physiques, culturelles ou morales. § Compte tenu de la sublimité a priori de la vie, et par conséquent de tout être qui en incarne les virtualités et les réalisations, non seulement cette cause se trouverait-elle attestée dans son importance propre, mais encore le choix librement consenti de subsumer son existence à sa promotion, à son avancement et à son éventuel succès deviendrait-il, par un genre d’osmose, une manière de sublimation encore plus consommée de cette finalité. Or, une telle conception est, depuis la plus haute antiquité, le principe fondamental qui justifie le sacrifice, autant celui que l’on exige de soi que celui qui est exigé d’autrui et le plus souvent celui que l’on exige d’autrui de préférence à celui que l’on se montrerait prêt d’exiger de soi-même.» — Plérôme.
[sacrifice]«Le bien accompli dans l’anonymat sert souvent à compenser, et peut-être même à expier, le mal qui se réalise dans l’ombre.» — Plérôme.
[sagesse]«À quoi peuvent bien servir l’aperception et la connaissance des vérités les plus hautes, à un monde qui se complaît, et peut-être même se félicite, à n’en pas avoir, ou encore qui remet en question les principes que les sagesses les plus élevées peuvent bien humblement proposer à la compréhension de leur intelligence, soit parce que celle-ci nie leur existence, soit parce qu’elle n’entrevoit pas la possibilité de les découvrir, soit parce qu’elle ne voit en elle aucune valeur pratique ?» — Plérôme.
[sagesse]«Ce n’est pas au fumier d’en dicter à la rose comment elle doit croître et s’épanouir, mais simplement de lui en fournir le moyen.» — Plérôme.
[sagesse]«La philosophie définit quelles sont la nature, la valeur, la désirabilité, les raisons et les obligations de la sagesse; la psychologie, les conditions essentielles de son acquisition et les empêchements éventuels à son obtention et à sa réalisation, autant dans la subjectivité du sujet moral que dans l’objectivité de son expérience naturelle.» — Plérôme.
[sagesse]«La possession de la sagesse est sans hésitation une qualité admirable: encore faudrait-il pouvoir ou savoir en apprécier la présence en la personne de celui que Dieu gratifia de ce don, en vertu de l’œuvre qui est produit par l’agent moral pour en témoigner.» — Plérôme.
[sagesse]«Les sages principes de vie sont valables universellement, en vertu de la vérité qu’ils renferment et de l’enseignement qu’ils contiennent, dès que la conscience fait l’effort de les découvrir et d’interroger les situations qui les révèlent, mais ils le sont d’abord et surtout pour soi, lorsque leur application est spontanée, étant issue d’une intuition implicite qui en inspire l’action et le mouvement, et ils transportent avec eux le plus de valeur subjective et de signification, lorsque leur élaboration est légitimement revendiquée par soi.» — Plérôme.
[science]«En suscitant les conditions qui créent, en l’homme, l’illusion de sa toute-puissance, la science, lorsqu’elle promet à ses adeptes la maîtrise totale de la nature et la possibilité d’en connaître les arcanes les plus intimes et d’en dompter les énergies incroyables et d’en réaliser complètement les possibilités innombrables, a cultivé en même temps le terrain d’une vanité «sacrée», en semant l’ivraie de l’impiété et de l’irréligion, parmi les plants qui baignent dans la lumière de l’amour de Dieu et du prochain et qui croissent allègrement, grâce à l’influence bienfaisante de ses effluves salutaires: car si la puissance nouménale de l’intelligence et de la raison est en effet admirable et digne de respect, en raison de toutes les virtualités qu’elles sont aptes à révéler, lorsqu’elles sont aptes à s’exercer à l’intérieur de conditions qui sont favorables à leur illustration, qu’en serait-il alors de la cause originelle et première qui les engendre et que révèle à la conscience l’impossibilité, admise par la raison elle-même, d’une régression à l’infini.» — Plérôme.
[science]«L’on peut présumer qu’est sans doute juste la théorie de la réminiscence de Platon, par laquelle le philosophe propose que la connaissance qui est acquise est en réel le rappel à la conscience d’une connaissance issue d’une expérience antérieure, si l’on admet que Platon ne s’illusionnait pas lui-même, ni ne cherchait à berner qui que ce soit, en énonçant un propos irréfléchi et que, par conséquent, il avait atteint un niveau supérieur de l’inspiration et de la conscience. § Le problème avec cet argument d’autorité, cependant, si l’on accepte aussi que chacun est appelé, éventuellement, à effectuer le genre d’anamnèse qui est supposé par une telle conception, en vertu d’une disposition fondamentale de l’âme humaine — rappelons que Platon n’aborde vraiment, avec cette théorie, que la question des connaissances oubliées, dont l’apprentissage n’était en réalité que la réapparition dans la conscience de ces formes qui en étaient disparues, étant demeurées enfouies dans un genre de limbes épistémologiques, et qu’il n’inclut pas la genèse de connaissances nouvelles, aptes à surgir d’expériences originales, susceptibles par la suite d’être confiées à un souvenir et à être par la suite remémorées par lui, dès que la conscience en conçoit pour elle-même une nécessité ou une utilité —, c’est la raison profonde du surgissement des souvenirs qui sont profondément insérés au sein de la mémoire: car, sauf à comprendre que les images du passé refont surface spontanément et aléatoirement, sans qu’elles ne soient suscitées par aucune expérience susceptible de les évoquer, il n’existerait aucune manière de provoquer leur apparition. § Elles reposeraient par conséquent sur un mécanisme énigmatique ou sur une dynamique mystérieuse qui, à défaut d’obéir aux lois du hasard, seraient l’effet d’une action prépondérante dont l’origine, immédiate ou éloignée, se trouve dans une volonté inconnue quelconque, mais possédant le pouvoir inexpliqué d’éveiller les consciences endormies. § Qu’il représente une dimension inexplorée de la nature, ou qu’il renvoie à une surnature comme seule explication possible de son occurrence, l’on ne peut, par ailleurs, que rester étonné par l’inconscience effective qui caractérise l’ensemble de la population, alors qu’est rarement évoquée, même dans les milieux professionnels spécialisés, jusqu’à la possibilité que puisse exister une vie subjective intérieure, qui trouvât ses racines en dehors de l’espace-temps constitutif de l’existence actuelle, et que cette théorie se trouve reléguée au rang d’opinions qui appartiennent à un domaine de spéculation excentrique — l’ésotérisme, l’occultisme ou la théosophie —, auquel s’intéressent seulement quelques esprits que ces penseurs scientifiques, fermement positivistes et empiristes, hésiteraient à qualifier d’éclairés.» — Plérôme.
[science]«Toute découverte repose sur au moins l’une de deux conjonctures: soit que le chercheur sache quel est l’objet de sa recherche et qu’il parvienne à l’identifier parmi tous les phénomènes qui s’offrent à sa conscience, malgré que la chose qui motive sa quête puisse se mêler d’une façon quasi-imperceptible à son entourage; soit qu’il devienne conscient de la présence d’un élément inusité à l’intérieur de son champ de conscience, lequel demande implicitement à l’intelligence de recevoir une explication par laquelle, en la reportant à des phénomènes connus, soit directement, soit de manière analogue, et qu’il convienne éventuellement que cet élément est une occurrence extraordinaire, dont la nouveauté exprime un phénomène encore inexploré et demeuré jusqu’alors inconnu, nécessitant un examen plus soutenu et approfondi pour le comprendre pleinement.» — Plérôme.
[sentiment]«La nostalgie est le feu, souvent pressenti dans l’âme, sans que l’esprit n’en prenne adéquatement conscience, de l’état que les romantiques ont dénommé le «spleen».» — Plérôme.
[société]«Aucune société, autant celle qui est la plus corrompue que celle qui est la plus vertueuse, ne saurait souhaiter se perpétuer indéfiniment, en raison des formes qu’elle s’est donnée afin d’instaurer l’ordre, la sécurité et la stabilité: la question qui se pose cependant, eu égard à cette continuité éventuelle, ne saurait être si ce désir existe en elle, mais si, oui ou non, elle est digne d’inscrire son existence collective de manière durable à l’intérieur du courant de l’histoire, compte tenu de ses propres idéaux ou en les comparant à ceux qu’une conception universelle et transcendante bien entendue peut entretenir, ou si plutôt, elle ne devrait pas réévaluer les qualités et les conditions de sa réalisation, à la lumière de la légitimité et de la bonté de conceptions inspirantes alternatives, aptes éventuellement à devenir constitutives pour elle, si jamais elle concluait à leur supériorité, en toute honnêteté et avec un complet désintéressement.» — Plérôme.
[société]«C’est le rêve de chaque homme d’être moralement en paix totale avec sa conscience et d’exister, parmi ses congénères, en démontrant une conduite irréprochable: le rôle d’une société opérante, légitimement et dûment constituée, sera de rendre possible la réalisation complète de cet idéal, en favorisant le développement d’une culture qui encourage l’épanouissement moral de ses citoyens, par la qualité des politiques qu’elle met en place et de la valeur des institutions qu’elle fonde, et la possibilité de réintégrer cet état, advenant qu’ils s’en détournent, individuellement ou collectivement.» — Plérôme.
[société]«En toute société où s’établit le règne de la paix véritable, l’erreur, le mensonge, la duplicité et la fausseté sont la pollution de l’esprit de la collectivité qu’elle imprègne et qu’elle caractérise; la trahison, la déception, le scandale, la perfidie et l’infamie sont la corruption de la vie sociale qu’elle dynamise et qui en émane; ainsi, toute société qui illustre ces vices se trouve en réalité divisée contre elle-même, qu’elle les pratique ouvertement ou qu’elle utilise le subterfuge afin de mieux encore masquer sa présence et d’opérer son effet dissolvant sur la fibre sociale et la conscience que ses membres peuvent en avoir: mais en réalité, quelle société peut se targuer d’être parvenu au niveau de réalisation qui cultive cette paix et de cultiver en son sein le degré de harmonie et de vertu qui en signifie la présence ?» — Plérôme.
[société]«L’anonymat, qui résulte du déni collectif de la valeur de l’honneur individuel, et la recherche du plaisir, qui fait oublier tantôt la précarité de l’existence et l’insécurité de la vie sociale, tantôt l’absence d’une finalité existentielle qui serait apte à caractériser une destinée réelle et tantôt l’inadéquation effective qui prévaut entre le bonheur profond que sont susceptibles d’éprouver les individus, dont la responsabilité de l’acquisition repose exclusivement sur leurs propres épaules, et le degré de sécurité qu’ils cherchent prioritairement à se donner, avec la bénédiction et l’encouragement de l’ordre social, sont les mots-clefs par excellence aptes à définir et à décrire la réalité de la société technologique et consommatrice de l’ère post-industrielle .» — Plérôme.
[société]«L’étude sociologique du problème de l’ostracisme social, endémique à une société, dont les formes majeures sont la maladie, l’exclusion, l’indigence et la criminalité, passe par une ré-évaluation des valeurs profondes, fondatrices et générales au nom desquelles s’opère le fractionnement produit en elle, autour de ces quatre pôles et de ces quatre aspects de la discrimination.» — Plérôme.
[société]«L’idée de l’enfer social exprime une forme subtile de l’esclavage lorsqu’il existe sans oser avouer sa présence et porter le nom de son phénomène: il trouve sa manifestation avec l’individu qui se trouve, par la force des circonstances, inséré à l’intérieur d’une conjoncture culturelle, socio-politique et socio-économique, où l’abnégation qui est à la source de l’action qu’il mène en vue de réaliser le bien-être et le bonheur de son semblable, — une fin qu’une intelligence éclairée et pondérée apprécie comme étant l’unique moyen de la conservation de ses membres et de perpétuation de la société bien entendue —, lorsqu’elle s’opère selon une mutualité parfaite et équitable, rencontre uniquement l’intérêt de son semblable à profiter des fruits et des réalisations de ses efforts et à en jouir, sans réciprocité ni reconnaissance, de la valeur de son action concurrente et correspondante.» — Plérôme.
[société]«L’intellectualisation de la société, grâce en très grande partie à la technologie de l’information, serait-elle responsable du renversement des termes du dicton: «si jeunesse savait, si vieillesse pouvait», vers son contraire: «si vieillesse savait [faire amplement usage des ressources de la technologie], si jeunesse pouvait [en transférer adéquatement les possibilités aux expériences immédiates de l’existence]»; et, en ce cas, que signifieraient respectivement le savoir et le pouvoir pour l’un et l’autre âge de la pyramide sociale ?» — Plérôme.
[symbolisme]«Lorsque le choix s’offre à la conscience, lorsqu’elle entreprend de concevoir et de réaliser une figure complexe qui associe ces deux formes, choisira-t-elle spontanément de faire envelopper le polygone avec un cercle ou préférera-t-elle faire se contenir un cercle à l’intérieur d’un polygone ?» — Plérôme.
[symbolisme]«Même avec la vogue d’entretenir un jardin sauvage, a-t-on jamais vu un jardinier spontanément cultiver des orties, de l’ivraie et des chardons ?» — Plérôme.
[temps]«Le devenir situe la conscience devant le futur, lorsqu’elle considère l’éventualité de l’accomplissement d’une réalisation, mais elle se rapporte au passé, lorsqu’elle examine une réalisation effectivement accomplie.» — Plérôme.
[tyrannie]«Quel malheur lorsque l’on oppose, afin de remédier, le cas échéant, à la tyrannie d’un individu influent, ou encore à celle d’une institution sociale prédominante ou d’une association importante, à celle que manifeste, mais sous une forme différente, un autre individu en vue ou une autre collectivité prépondérante, l’alternance des structures politiques qui en expriment la réalité — et qui révèlent, par leur disposition, quel est l’unique objet véritable de la motivation politique de l’âme de la culture et de l’esprit de la société en lesquelles elle perdure —.» — Plérôme.
[vérité]«Il semblerait parfois que, à l’intérieur de la société pluraliste, le leitmotiv serait que l’on puisse croire à la vérité de tous les points de vue et de toutes les doctrines, pourvu que cela n’engage que les consciences de certains et d’abord celles que cette conviction parvient à infléchir: comme si la vérité, dans le sens le plus profond et le plus compréhensif du terme, comme l’illusion de l’ignorance qui lui est opposée en contrepartie, étaient simplement une affaire de convenance, par conséquence une question privée dont les principes et leur énonciation, comme les conduites et les actions qui en procéderaient réellement, ne comportent aucune conséquence véritable pour l’esprit de l’ensemble qu’elle serait censée inspirer, étant par se définition même nécessaire et universelle.» — Plérôme.
[vérité]«La vérité se laisse apercevoir par l’intelligence: ce qui est susceptible de construction en elle, et en cela d’une manière qui est plus ou moins adéquate à sa substance inaltérable, c’est la manière de l’expression que choisit le génie afin de l’exprimer, plus ou moins complètement, selon le degré de l’information qui est opérée par elle sur cette faculté, de manière plus ou moins appropriée à l’intention et à la résolution que la conscience démontre en l’illustrant, d’en réaliser intégralement l’actualité.» — Plérôme.
[vérité]«Le courage de la vérité, c’est la préparation dont dispose le sujet moral à l’énoncer, malgré les résistances qu’il risquerait de rencontrer à l’intérieur de l’ensemble social, non pas premièrement en vue de satisfaire aux motifs d’une ambition personnelle qui le conduirait à une action héroïque, accompagnée de l’orgueil qui est issu de son accomplissement, mais d’abord parce qu’elle sert au salut, à la continuation et à la perpétuation de la société pour lequel il court le risque de la prononcer et qui sera le premier bénéficiaire de l’effet indiscutable de son illustration.» — Plérôme.
[vérité]«Les idéologies sont autant de vagues sur une mer houleuse, comme si elles venaient heurter la barque de l’intelligence, en provenance de multiples directions à la fois, afin d’empêcher l’esprit de tenir le cap sur la vérité, fermement et avec constance, contre les éléments qui se déchaînent contre lui.» — Plérôme.
[vérité]«Nulle faculté de la raison, si habile et pénétrante fût-elle, ne peut faire de la fausseté d’une prémisse ou d’une assertion qu’elle devienne vrai: car elle est seulement une expression de l’intelligence, dont la finalité première est de réfléchir sur le monde qui lui préexiste et de distinguer en ses objets, et les relations qui les caractériseraient entre eux, ce qui est le vrai, pour le séparer des conceptions et des idées qui, grâce à l’aperception que l’esprit acquiert de lui et au jugement qui en procède, serait le faux de cette représentation. § Le rôle premier de la raison, tel que pressenti par l’intelligence, est celui plutôt de pénétrer activement l’énigme que porte en elle l’apparence et de transformer la compréhension à laquelle elle parvient, dans l’intellect, en l’application pratique de la pensée — une communication ou une œuvre — qui, en puisant à sa créativité, lui permettra de façonner l’univers des substances, matérielles et immatérielles, conformément à l’idée qu’elle en conçoit, conformément aux possibilités de l’esprit qui sont les siennes. § Or cette action, si géniale, si inspirée et si édifiante fût-elle, ne sera possible qu’en vertu d’une aperception adéquate de cet univers, une activité dont l’accomplissement revient l’exercice le plus élevé de l’intelligence, lequel n’exclut pas qu’elle puisse être illuminée par une source intellectuelle qui est extérieure à sa propre nature et qui, dans l’expérience de la communication, admet son existence ainsi que l’influence exercée sur elle, voyant en son action la condition suffisante et nécessaire de son efficience.» — Plérôme.
[vérité]«Plus que la connaissance, c’est la vérité et le courage d’en témoigner qui font progresser le monde dans le sens de sa réelle destinée: car si les informations recueillies au sujet du monde le rendent moins étranger à la conscience et plus apte à répondre aux interrogations fondamentales le concernant, la vérité, qui résulte de l’examen de la raison et qui découvre l’écart entre la réalité que l’on en observe et la possibilité que l’on pressent exister en elle d’un accomplissement plus complet encore, est seule apte à réaliser cette métamorphose méliorative et heureuse, une conséquence qui convient autant à son entéléchie propre qu’à celles de ses habitants, conformément à un idéal transcendant (du bien, du vrai et du beau), adjointe au courage qui manifeste la résolution de l’actualiser.» — Plérôme.
[vertu]«Aucun coup n’est plus difficile à parer qu’un propos transmis et recueilli sur l’oreiller, dont l’effet délétère, lorsqu’il est issu d’une méchanceté consommée, s’avère d’autant plus important et tragique qu’il viserait la perte d’une personne dont la moralité est indiscutablement honnête et indéniablement vertueuse.» — Plérôme.
[vertu]«L’honneur, c’est la vertu qui possède le courage de s’autoriser à vivre; la vertu, l’honneur qui a la sagesse de reconnaître en elle-même sa substance réelle et ses fondements actuels.» — Plérôme.
[vertu]«On dirait parfois que l’honneur, comme la vertu dont il est l’expression, suit, mais dans le sens inverse, le vieil adage: «Ami au prêter; ennemi au rendre», car il est souvent plus commode, pour le sujet moral, de s’attendre à ce que son semblable témoigne à son égard des qualités du cœur et de l’esprit et de la noblesse de l’âme que lui-même n’est pas prêt d’illustrer.» — Plérôme.
[vice]«La corruption réside dans l’altération de la nature la plus achevée de l’être de l’homme, telle que sa possibilité est ressentie et connue par lui, telle qu’elle est susceptible de le devenir dans son actualité, et telle qu’elle est voulue par la Cause ultime de son existence, à l’intérieur de l’illustration de sa liberté.» — Plérôme.
[vie]«Cette vérité est tellement évidente que nous en oublions souvent l’existence: autant d’espèces vivantes, autant d’expressions de la vie.» — Plérôme.
[vie]«La liberté et l’amour sont les deux puissances synergiques, propres à l’essence de la vie: l’une garantit la possibilité de spécifier, grâce au génie théorique et pratique de l’intellect, la créativité de l’action qui vise à transformer et à perfectionner la nature, dès lors qu’une telle amélioration s’imposerait à elle; l’autre insuffle la disposition et la résolution à cultiver l’harmonie qui règne dans les rapports entre toutes les espèces naturelles, vivantes et inertes, lorsque les occasions s’avèrent propices à cette complémentarité, et l’apporter, dès lors qu’apparaissent les conjonctures antagonistes à la permanence, la continuité et la qualité de cet état.» — Plérôme.