mardi 29 octobre 2013

Euthúmèma XI (réflexions) — Révision du 3 novembre 2021

[Depuis le 29 octobre 2013, avec mises à jour périodiques. — Since October 29th 2013, with periodical updates.]

[action]«Chaque décision comporte avec elle, en même temps que la possibilité qu’il en résultera effectivement d’une action bienfaisante et positive, à la fois l’hypothèse implicite qu’il en procédera une issue heureuse et la confiance qui est corrélative à cette prévision qu’elle est à la fois possible et susceptible d’une réalisation.» — Plérôme.

[action]«Toute activité suppose un mélange de sérieux, quant à la finalité qui est recherchée à travers elle, et de plaisir, quant à la nature du parcours qu’il est nécessaire d’emprunter afin de l’atteindre: lorsqu’elle tend plutôt à accentuer le plaisir, sans ou avec peu d’égard pour la fin vers laquelle tend l’esprit et les mobiles qui le déterminent en ce sens, l’activité tend à favoriser l’abandon de l’effort conscient et, consécutivement, l’expression de l’inconscient et des tendances qui en conditionnent la manifestation; par ailleurs, lorsqu’elle tend à privilégier le sérieux, sans ou avec peu de considération pour le plaisir qui est éprouvé à réaliser la fin souhaitée, elle favorisera alors la poursuite déterminée de l’effort, jusqu’au terme qui en signale la réussite, sans trop se préoccuper des conséquences que la conscience juge secondaires au but recherché, dès qu’elles ne constituent pas pour lui une entrave décisive. § Dans l’idéal donc, il ressortira à l’activité équilibrée de chercher à réaliser la fin qui est désirée par la conscience d’une manière qui est à la fois agréable et compétente, c’est-à-dire qui atteint les objectifs proposés — ce qui est une source de satisfaction, dès lors qu’ils sont gouvernés par des choix et des principes qui, parce qu’ils cherchent à actualiser le bien, sont moraux —, sans porter préjudice, ce faisant, ni à l’intégrité d’autrui, ni à la sienne propre. Une telle activité se trouve alors à illustrer la moralité de l’agent qui l’entreprend, puisqu’elle vise une fin qui est bonne et qu’elle la réalise d’une manière qui est également bonne. Seulement alors l’action qui la constitue peut-elle être considérée légitime et justifiable, autant aux yeux de l’agent qui l’accomplit qu’à ceux des individus qu’elle affecterait éventuellement, qu’à ceux aussi des témoins qui sont conscients de son déroulement et de son accomplissement et qui sont impressionnés par la valeur morale de sa nature ainsi que de la désirabilité et de l’acte de sa réalisation. § Le paradoxe cependant, c’est que l’habileté qui caractérise l’aisance dans la compétence et dont l’éducateur et le pédagogue, au sens large de ces termes, visent à épauler l’acquisition, risque d’être celle qui occasionne le plus de désagrément, autant chez ceux qui la développent, que chez ceux qui font l’expérience directe de son incomplétude, que chez ceux qui observent le processus par lequel elle se perfectionne, en raison de l’effort dépensé et de l’abnégation requise afin de se hausser progressivement au niveau d’excellence qui est visé et finalement à atteindre, conserver et perfectionner la qualité nécessaire afin de se maintenir à ce pallier. Que l’on songe seulement, afin d’étayer cette conclusion, à la maîtrise de l’instrument qui est requise afin de réaliser une virtuosité musicale, en considérant qu’il y aurait lieu de généraliser ce principe de l’expérience à la production de l’excellence qui entre dans l’illustration de chaque talent et de chaque aptitude qu’un agent moral désire porter à leur achèvement ...» — Plérôme.

[amitié]«L’ami véritable se réjouit de la bonne fortune de son ami et compatit à la mauvaise fortune qui peut l’accabler, comme il contribue, à la mesure de ses capacités et de ses possibilités, à protéger son bonheur, lorsqu’il se manifeste, et cherche à l’épauler dans le malheur, si jamais les circonstances se liguent contre lui; comme il peut, en toute légitimité, s’attendre à ce que son ami agisse envers lui ainsi, dans la plus complète des mutualités.» — Plérôme.

[amitié]«Lorsque la personne morale considère la manière ignominieuse avec laquelle certains de leurs semblables traitent leurs amis, elle peut alors se demander si elle ne devrait pas alors, sans déroger à son honneur, sympathiser avec leurs ennemis ou encore les prendre en pitié, d’ainsi fausser ce qui est peut-être la partie la plus noble de leur âme, celle qui est capable d’un amour désintéressé à l’égard de son semblable, laquelle est la plus essentielle à la fondation et à la perpétuation d’une société aussi achevée qu’elle sera durable.» — Plérôme.

[amour]«Dans l’amour, tout est exception ... mais pour le mieux, qui se veut éventuellement un meilleur, lorsqu’il connaîtra l’exacerbation et l’aboutissement de son entéléchie.» — Plérôme.

[amour]«L’amour, étant un sentiment et un état qui puisent à l’éternité comme ils s’éprouvent en puissance universellement, n’a donc ni âge pour le vivre, ni culture propre à l’expérience qui en résulte, et pourtant il se trouve conditionné, et parfois même déterminé, par les expectatives, les valeurs et les coutumes propres aux sociétés et aux générations qui en accueillent la manifestation.» — Plérôme.

[amour]«L’on doit éviter de confondre, dans la mesure du possible: d’un côté l’amour, qui révèle l’engagement désintéressé et mutuel que deux personnes se promettent l’une à l’autre, en vue d’accomplir le perfectionnement moral et spirituel vers lequel elles tendent ‘naturellement’ et de contribuer à la réalisation de l’espèce et de la plénitude de ses virtualités, physiquement, avec la fondation d’une famille, et culturellement, en produisant des œuvres qui émanent des talents et du dévouement personnel et professionnel des membres du couple; et de l’autre, l’«amour», qui est pour l’essentiel la forme nouvelle — peut-être aussi ancienne, dans le fait de sa constitution, que la plus ancienne des civilisations — que peut prendre l’alliance socio-politique pour les intéressés, sous la forme d’une entente éphémère qui se noue entre eux, avec en vue simplement l’avancement social, économique et politique, des partenaires, une complicité dont le plaisir qu’ils se confèrent mutuellement devient, dans leur souvenir immédiat, le gage de leur «bonne foi», mais une union qui est vouée à la dissolution, dès que le commande l’évolution des intérêts et des aspirations des particuliers qui sont engagés à l’intérieur de cette relation.» — Plérôme.

[amour]«La réduction de l’amour uniquement à l’expression sexuelle que l’on en fait est peut-être le signe le plus révélateur de la décadence culturelle et sociale d’une société: car plutôt que fonder la relation spéciale que vivent les couples qui s’aiment sur un principe éternel et infini, elle l’établit sur l’effet éphémère et limité du plaisir, de manière à engendrer, en se généralisant progressivement, de proche en proche et de partenaire en partenaire, un ensemble social qui se complaît dans l’expérience des relations fugitives et superficielles plutôt que dans la fondation de liens interpersonnels durables, constants et profonds.» — Plérôme.

[connaissance]«La seule chose qui vaut réellement la peine d’être connue est l’essentiel alors que cependant, le penseur accède parfois à son intuition, à son appréhension et à la connaissance qu’il en formule par des moyens indirects qui, s’ils ont la possibilité de le renseigner pleinement, laissent place aussi à l’imagination et à l’interprétation créative qui puisent à la richesse de l’expérience, en procurant à la conscience un jugement définitif.» — Plérôme.

[crime]«L’homicide et le mensonge de la calomnie sont deux atteintes que l’on porte à l’individu, le premier en s’attaquant à sa personne physique et l’autre à sa personne morale, et ils comportent des préjudices d’autant plus déplorables que la personne visée par ces actions perfides est avancée sur la voie de la perfection de sa nature morale et spirituelle, lorsqu’elle succombe à leurs coups vicieux et pernicieux.» — Plérôme.

[critique]«Déprécier, jusqu’à parfois la nier, la valeur d’une chose pour en exagérer les défauts, parfois lui en ajouter et peut-être même, à l’occasion, aller jusqu’à lui attribuer de toute pièce des manquements, grâce à l’imagination, telle semble être trop souvent l’utilisation vulgaire à laquelle l’on soumet l’attitude critique, en oubliant alors que la raison d’être véritable de cette activité philosophique n’est pas de faire progresser, d’une manière globale, aveugle et partisane, le parti-pris subjectif, mais de reconnaître et de défendre les plus hautes valeurs qui peuvent être reflétées en son objet, comme d’identifier et de promouvoir en quoi ces perfections pourraient recevoir un accomplissement et une plénitude encore plus grands, lorsque la pensée dépense l’effort d’accomplir cette fin, avec toute la charité que commande la justice en ce sens.» — Plérôme.

[culture]«La sentence: «La plume est plus puissante que l’épée (The pen is mightier than the sword)», que songea le poète Bulwer-Lytton dans une de ses œuvres [Richelieu (1839), Act II, scene II], en reprenant un topos traditionnel remontant jusqu’à la tradition des anciens sages, n’est vraie en définitive que pour un peuple de lettrés achevés et à l’intérieur des cadres sociologiques que sa société a adoptés afin de faire prévaloir l’usage de l’intellect sur l’emploi de moyens plus physiques afin d’assurer l’unité et la conformité sociales des citoyens.» — Plérôme.

[droit]«La force qui devient ipso facto le principe de sa propre légitimation ne saurait laisser de place à aucune autre légitimité que celle qu’elle défend implicitement, c’est-à-dire elle-même, ainsi que l’usage que l’agent moral en fait: ce qui est affirmer que soit la vitalité qui est à l’origine de son exercice manifeste la forme la plus élevée que celle-ci peut prendre — autrement dit qu’elle est parfaite —, soit qu’elle s’exerce sans discernement en répondant à une impulsion qui certes sert ses fins, mais qui n’alloue pas pour un principe extérieur et supérieur, qu’il soit immanent ou transcendant, qui puisse informer son action, au nom d’une raison supérieure, voire suprême, qui justifierait qu’elle donnât, ou qu’elle retînt de donner, libre cours à son commencement, ainsi qu’aux effets subséquents qui en procéderaient — autrement dit qu’elle est aveugle —. § Or, la perfection s’entend dans l’un de deux sens: ou bien dans le sens d’un mouvement qui, initié préalablement par l’efficience d’un agent, a trouvé l’accomplissement désiré et connu l’aboutissement voulu de la fin visée; ou encore dans le sens d’une situation qui, ayant subi toutes les améliorations destinées à en accomplir les virtualités premières qui sont inhérentes à sa nature, ne saurait prétendre pouvoir atteindre un perfectionnement plus grand. Comme l’on sait que nulle vitalité ne saurait exister, sans qu’une conjoncture n’en favorise l’éclosion, le maintien et l’épanouissement, l’exercice même aveugle de la force ne saurait pas ne pas favoriser, voire indirectement, ou chercher à le faire, la continuation de cette conjoncture et ainsi confirmer la perfection relative dont celle-ci témoigne du fait de la préservation de l’état qui caractérise son existence. § Mais cette perfection n’est que relative, rappelons-le, puisqu’elle ne saurait prétendre avoir atteint l’actualisation d’un point ultime tel que nulle autre perfection plus grande ne saurait être envisagée ou espérée pour en compléter davantage la réalisation et lui conférer encore plus de plénitude. En effet, la légitimation extérieure de l’exercice de la force se fait en vertu d’un principe qui reconnaît l’existence éventuelle d’un état qui se rapprocherait encore plus d’un état de perfection ou de plénitude, en recourant à l’utilisation de cette force, autrement dit d’un principe dont l’accomplissement procéderait directement de l’usage de la force qui ainsi, par voie de conséquence, lui servirait de moyen exclusif en vue d’atteindre à une fin, un moyen sans lequel il ne saurait raisonnablement espérer produire ce résultat. § Autrement dit, le recours à la force deviendrait alors l’unique moyen susceptible d’être envisagé afin, non seulement de préserver l’état de l’actualisation d’une situation préalable, ainsi que des conditions grâce auxquelles cette actualisation fut rendue possible, mais aussi de l’amener à son accomplissement ultime, dans le sens du perfectionnement de sa possibilité naturelle jusqu’à un état pour laquelle, dans l’idéal, la conscience ne saurait entrevoir l’accession à une plénitude plus grande, conformément aux virtualités qui appartiennent à l’objet dont elle entrevoit, par son action, l’achèvement. § Telle est donc, en fait, l’unique légitimation réelle de la force, à savoir la perfection d’une chose ou d’une situation en vertu desquelles la force, avec tous ses inconvénients, y compris le sacrifice éventuel de choses matérielles ou des êtres vivants (librement et courageusement consenti, comme il convient à des êtres sentients, dignes d’estime puisque doués de moralité), sert de moyen afin de protéger leur intégrité comme leur intégralité et de leur permettre d’atteindre à la pleine réalisation de la possibilité qui est inhérente à leur nature. § En considérant l’instance de la force qui s’exerce aveuglément, la conscience parvient à la révélation implicite de cette finalité qui est implicite à l’usage de la force, telle qu’elle est conçue d’une manière uniquement relative et immanente à la raison qui est à l’origine de cette action, à savoir la vitalité de l’être vivant qui en est à l’origine. Mais seule la force qui est éclairée par un principe qui, en reconnaissant cette finalité légitime, conserve la possibilité de décider si, oui ou non, son usage permettra d’atteindre la perfection objective qui constitue son aboutissement désirable, ou de s’en approcher suffisamment pour signifier un progrès réel en ce sens, est susceptible d’être considérée comme étant parfaitement et réellement légitime. § Ainsi se définit le rapport du droit à la force, par lequel l’intelligence appréhende et la raison formule quelles seront les conditions susceptibles de légitimer et de justifier l’emploi de la force en même temps que s’aperçoit quelle est la véritable signification du droit, qui est celle de penser et d’instaurer quelles sont les conditions générales sous lesquelles une société peut atteindre à la plénitude de la réalisation de sa possibilité inhérente, telle qu’elle s’exprime dans chacun de ses membres, y compris en recourant à un usage intelligent et moral de la force qui est requise afin de parvenir à cette fin, selon un principe de proportionnalité qui fait l’économie des moyens, comme des conséquences indésirables. » — Plérôme.

[droit]«Le droit exprime le degré de l’harmonie que l’homme atteint lorsqu’il tente de réconcilier, par sa pensée et par son action, les lois de la nature, les aspirations de sa conscience ainsi que l’intention de la volonté divine pour sa Création, en vue de réaliser le meilleur bien qui est actuellement concevable.» — Plérôme.

[éducation]«Une école qui fonde sa raison d’être principalement sur la perpétuation de son organisation et de sa structure, sans égard ni pour la qualité d’un enseignement engagé sur le chemin de la découverte et de la propagation de la vérité, ni pour l’avenir qu’elle assure à ses élèves et étudiants, en forgeant leur caractère, grâce au recours à de principes éducatifs objectifs dont l’excellence est reconnue, lorsque ceux-là auront à se tailler une place à l’intérieur de la société que dessert et dont fait partie l’institution pédagogique, est une école qui a oublié sa mission première, qui est celle à la fois d’éveiller les consciences, de perfectionner moralement et d’enrichir culturellement la civilisation et d’accomplir la société des hommes en l’incitant à atteindre la plénitude de la vie sociale et individuelle.» — Plérôme.

[égalité]«Lorsqu’il est poussé jusqu’à sa limite extrême, le principe de l’égalité — dont on souhaiterait alors qu’elle soit absolue — ne peut qu’apporter, avec son instauration, l’indifférenciation totale, puisqu’alors toute les qualités métaphysiques, même celles qui sont contraires, se trouveraient sur le même pied — le beau comme le laid, le vrai comme le faux, la vertu comme le vice, le bien comme le mal, le sublime comme le vulgaire, le juste comme l’injuste —: ainsi, une véritable égalité, désirable pour la société et existante à l’intérieur de celle-ci, consisterait, non pas à établir l’indistinction, qui encouragerait chacun à illustrer sa nature d’une manière uniforme, en reproduisant approximativement celle que son voisin exprimerait en retour, mais à déterminer et à adopter un critère, une valeur unique qui permettrait que s’effectue une distinction adéquate entre les particuliers et contre lequel chacun serait susceptible d’apprécier sa réalisation propre, en cherchant à rencontrer ce critère idéal. § Et puisque cette valeur serait universelle, étant susceptible d’inspirer la totalité des consciences individuelles, lorsqu’elles expriment et qu’elles extériorisent leur nature essentielle et particulière, sans qu’elle ne constitue un frein à la possibilité que chacun puisse agir d’une manière analogue, et puisqu’elle procédera nécessairement de la nature qui caractérise son individualité— autrement elle ne saurait prétendre actualiser ce dont la puissance ne comporte aucune virtualité réelle —, le critère dont il s’agit sera à la fois métaphysique par son universalité et physique par sa particularité, puisqu’il s’ancrera dans une nature qui appartient autant à l’individualité qui propre à chacun qu’à l’ensemble des individualités qui constituent l’univers de tous ceux avec lesquels chacun est appelé à interagir librement (d’une manière qui permet d’assumer son individualité intégrale) et harmonieusement (de sorte à produire une cohésion durable afin d’assurer la pérennité de la coexistence et de la connaturalité de tous les congénères). § Telles seraient donc les conditions préalables de l’idéal qui est digne d’inspirer légitimement la marche vers la perfection des consciences humaines et qui contribuera à réaliser une égalité de bon aloi, c’est-à-dire une égalité qui permette à chacun de se réaliser conformément à ses virtualités propres, à l’intérieur d’une communauté où chacun concourt dans la convivialité et dans l’harmonie, à générer un tel accomplissement, en participant à celui de son semblable, et qui mènera à la plus grande des distinctions possibles, dans l’instauration d’une société où l’harmonie recherchée par tous et par chacun exprime d’une manière excellente ces idées-valeurs transcendantes que sont le beau, le vrai, la vertu, le bien, le sublime et le juste qui la subsument et forment la cohésion morale de l’ensemble.» — Plérôme.

[épistémologie]«Il semble parfois que l’homme illustre souvent, par son attitude épistémologique, un négativisme noétique et qu’il argue du faux pour mieux encore connaître le vrai, voire que la découverte de la vérité passe par la destruction de l’objet ou de l’agent qui permettraient de la révéler, avec l’inévitable regret et la nostalgie conséquente, pour la chose qui autoriserait à la vivre intégralement, et non plus seulement théoriquement ou idéologiquement, une constatation qui rejoint la dialectique augustinienne, comportant les trois termes de la vertu, du vice et du défaut du vice, telle qu’elle s’inscrit dans la disposition existentielle et anthropologique qui l’actualise moralement. § Pourtant, cette compréhension est la clef de la rédemption qui produit la restauration de la vertu originelle et permet d’acquérir, par la réflexion que son actualité suscite en la conscience, la disposition de dissiper, voire toujours incomplètement son mystère, de sorte à éliminer la nécessité du regret ou de la nostalgie de ce qui était ou ce qui aurait pu être —l’actualité de cette régénération rendant caduques ces sentiments —, tout en devenant conscient de la nature de la participation que chacun apporte, le cas échéant, à l’habitus qui en dénie l’efficace ou en retarde l’accomplissement. Car en possédant directement une vision intuitive de la vertu, sans avoir à passer par le mécanisme expérimental de l’essai et de l’erreur, qu’elle fût inspirée par l’action énigmatique de l’Esprit-Saint ou qu’elle fût révélée par un enseignement éclairé qui puisse se revendiquer de Lui, ou encore avoir recours à l’expérimentation aléatoire pour la découvrir, la conscience peut maintenant procéder à produire les actions et les conduites morales qui en révèlent la présence effective l’intérieur de l’âme qui témoigne dorénavant de ses bienfaits et de ses œuvres salutaires.» — Plérôme.

[épistémologie]«Un esprit prudent est celui qui pèse chaque affirmation qu’il est susceptible de rencontre et qui cherche à en évaluer la justesse et la profondeur, en vue de reconnaître et d’apercevoir intégralement la part de vérité qu’il est susceptible de retrouver en elle; un esprit sceptique est celui pour qui toute affirmation est apte à être remise en question a priori et à être estimée fausse, sauf à devoir s’imposer invinciblement comme étant vraie, en raison de l’évidence incontournable et irréfutable qu’elle transporte en elle: le premier s’expose à adopter comme étant vrai ce qui se révélerait ultérieurement comme étant manifestement faux; et le second risque de rejeter comme faux ce qui à un moment futur se révélerait comme étant évidemment et réellement vrai. § La question épistémologique devient alors: est-il plus sérieux d’accepter pour vrai ce qui est faux, ou comme faux ce qui est vrai ?, car, sauf exception, tout esprit est susceptible d’erreur et, par conséquent, il est exposé à voir un jugement auquel il est arrivé de bonne foi être contredit par une nouvelle information qui, se manifestant subséquemment, s’avère irréfutable et fiable et qui, par sa substance, vient ébranler l’édifice des croyances qui, étant tenues pour être vraies, en étayaient auparavant les convictions.» — Plérôme.

[épistémologie]«Une estimation et une appréciation adéquates de l’intelligence passent nécessairement par l’aperception de la qualité, de la profondeur et de la globalité du rapport qu’elle entretient à la vérité: mais comment effectuer une telle détermination si, au départ, l’intelligence n’a aucune conception de sa nature, ni de connaissance à la fois extensive et intensive de son essence et de sa substance, ou encore si la raison ne croit pas en l’existence d’un tel état transcendant, qui permette d’appréhender et de cerner la plénitude de la réalité, celle-ci étant comprise à la fois dans son ensemble, dans sa finalité, dans son origine et dans sa justification, et qui, en raison de cette limite qu’il s’impose à lui-même, autorise à en examiner seulement une partie, telle la nature, ou encore à considérer ce qui tombe sous une faculté seulement, et en particulier la faculté sensible, sans nier ou autrement méconnaître les fondements métaphysiques de son activité épistémologique, mais sans les reconnaître ni les admettre non plus.» — Plérôme.

[histoire]«En constituant la connaissance vraie et complète des antécédents et des causes véritables, à l’origine des événements qui la constituent, comme des principes qui ont formé leur occurrence et des agents qui les ont produits, ainsi que les finalités qui président à leur déroulement et à leur accomplissement, l’histoire est la discipline qui est l’opposé de la mythologie; mais en tant que cette action lui échappe, en tant que les antécédents, les principes, les agents et les causes des événements font l’objet d’une connaissance incomplète ou que leurs explications se construisent sur des conjectures, des allusions, des personnifications, vagues ou symboliques, et des analogies, l’histoire participe actuellement du processus de la narration mythologique, par laquelle la causalité historique, ses configurations temporelles ainsi que les acteurs qui participent à leur élaboration font l’objet, non pas d’une spécification rationnelle, mais d’une évocation appartenant à l’imagination, autant dans sa formulation que dans son interprétation.» — Plérôme.

[histoire]«La négation de l’histoire, ou simplement l’ignorance persistante avec laquelle le sujet moral en méconnaît les actions et l’influence qu’elles exercent sur les temps actuels et futurs, comme les conséquences qu’elles comportent pour l’aspect qu’ils revêtiront, ont pour effet de susciter l’illusion d’un surgissement spontané des événements qui constituent l’actualité, sans qu’aucune cause antécédente, ancrée dans la liberté humaine, n’en expliquer la production, et dont la nature soit autre que celle appartenant à la contiguïté immédiate des relations, dont la nature résulte des circonstances, des institutions, des individualités, celles-ci répondant aux conjonctures qui ont façonné l’aspect sous lequel elles se présentent. § Aucune possibilité n’existe donc alors, pour l’esprit que l’étude de l’histoire rebiffe, de s’en référer à des conditions qui sont éloignées dans le temps et dans l’espace afin de comprendre et d’expliquer les incidents et les événements qui, tout en trouvant à s’exprimer actuellement, procéderaient d’un moment qui, les ayant préparés et ayant posé les conditions de leur avènement, échappe à la prise de conscience que l’intelligence est susceptible d’en posséder actuellement. § Aussi, l’idéologie du présentisme, qui est la conséquence de cet obscurantisme, est-il passible de faire naître en l’esprit, ainsi privé d’une perspective qui transcende l’actualité, en raison de se voir subtiliser des informations qui essentielles à une appréhension complète de l’histoire, l’impression artificielle et fictive d’une liberté qui est absolue et le sentiment qu’il suffit de désirer un effet et de vouloir une certaine issue, comme de travailler positivement à son instanciation, pour que celle-ci se réalise effectivement, puisque qu’il posséderait la certitude indéniable et absolue que nul facteur dirimant n’existe préalablement et réellement dans l’imagination, qui puisse contrarier ou infléchir cette action, autrement que celui qui puisse être le produit de consciences qui existent actuellement et qui sont, elles aussi, l’expression d’une spontanéité qui trouve sa racine uniquement dans une entéléchie qui s’ancre uniquement dans l’instant présent.» — Plérôme.

[histoire]«Le présent est, par son actualité, l’un des innombrables aspects qu’est apte à prendre, dans la conscience, le déroulement infini de l’éternité .» — Plérôme.

[homme]«Certains iront peut-être jusqu’à croire que le pouvoir de la pensée et de l’imagination, bref du génie humain, est tel que l’homme pourrait recourir à sa puissance et détruire le monde pour ensuite le recréer et le reconstruire sous une forme qui est encore meilleur qu’elle l’était auparavant: admettant que la puissance infinie de cette faculté humaine puisse aller jusqu’à produire cette illustration dont les limites, si elles existent, restent toujours à découvrir — ce qui représenterait néanmoins une supposition énorme — quelle assurance pourrait-il offrir de pouvoir concevoir et réaliser un monde aussi parfait que celui qui existe présentement ? En réalité, il n’en est aucune. § Même que la question, telle qu’elle est posée, est gravement hyperbolique. Car il est dans la réalité de l’homme — comme dans celle de sa pensée — d’être entièrement connaturel avec le monde, de s’insérer, de vivre et d’agir à l’intérieur d’une scène dont il doit convenir n’être pas l’auteur et de participer, par sa vitalité, au dynamisme propre à l’univers afin d’ériger, sur ce théâtre naturel, un habitat qui lui est propice, qui convienne autant au maintien et à la durée de son existence qu’à l’exemplification de sa possibilité créatrice, une virtualité qui est en réalité une procréation puisqu’elle invente et qu’elle façonne ses objets et qu’elle aménage son environnement avec une matière utile qui ne procède pas immédiatement de son pouvoir, mais qui lui est plutôt donnée ab origino.» — Plérôme.

[homme]«La conscience de l’homme est à la nature, comme le fut la Conscience suprême dans l’Acte par lequel Elle a produit et réalisé celle-ci ab origino, et comme Elle continue à l’être, dans l’Acte par lequel Elle la conserve et la perpétue: pour le meilleur bien qu’il est possible d’accomplir en elle, chacun des membres de l’espèce humaine selon le pouvoir qui lui est accordé d’agir en ce sens (la liberté) et la puissance dont il est doué par essence et qu’il a pu développer par son expérience (la nature).» — Plérôme.
 
[honneur]«Il existe certes là l’évidence d’une dianoesis morale lorsque le sujet moral se trouve légitimé à constater que, d’un côté, l’on retrouve ceux qui veulent épingler les médailles appropriées aux poitrines méritoires, et de l’autre, ceux qui voudraient à tout prix les priver de cet honneur et même le leur enlever, lorsqu’il le leur a été accordé.» — Plérôme.

[humanité]«Une compréhension lucide de l’histoire de l’humanité révèle au penseur que la montée de la conscience — un événement capital, s’il n’en est un, à l’intérieur de celle-ci —, accompagne en réalité une involution qui frappe la vertu originelle de l’espèce, suite à la déchéance qu’a connue la bonté de sa nature primordiale. § La notion de perfectibilité, en palingénésie philosophique, tend à évoquer furtivement cette conception, puisque sans possibilité de réaliser la bonté et d’effectuer l’exacerbation ultime, d’une virtualité qui est déjà présente en l’être, comment un agent moral peut-il espérer accomplir l’entéléchie qui la révèle ? Mais lorsque le penseur ajoute à ce concept l’observation qu’il existe un mouvement, à l’intérieur de la civilisation occidentale, qui tend à l’éloigner du centre optimal de l’apogée de son idéal — lequel s’est exprimé progressivement, mais d’une manière indéniable, avec la chute de l’Empire romain, opérée en deux temps, avec la migration, puis l’invasion de son territoire par les tribus Nordiques, durant le milieu du premier millénaire de notre ère, pour ce qui est de l’Empire romain d’Occident, puis avec l’avancée conquérante des peuplades Islamiques durant le milieu du second millénaire, qui a mis un terme à son surgeon oriental —, le penseur ne saurait éviter de comprendre que deux forces métaphysiques et morales se trouvent en opposition et accomplissent leur opération, en rivalisant l’une avec l’autre: l’élan à réaliser, d’une manière excellente, un idéal de civilisation admirable et l’impulsion qui lui substitue une conception alternative, mais sans jamais réussir complètement à la remplacer, puisque la bonté qui caractérise celle-là ne peut être entièrement déracinée par l’ersatz de l’exemplaire qui est subséquemment imposé. § Car quelle que soit la justification optimiste que le penseur tente d’apporter, afin de voir en ces moments tourmentés de l’histoire l’expression d’une volonté providentielle qui accomplit, au moyen d’une alternance des civilisations, un état encore plus élevé de la perfection sociale, les guerres, les révolutions et les catastrophes qu’elle suscite — et que le penseur peut observer et constater en étudiant cette histoire —, expriment une rupture brutale et croissante de l’harmonie et de la paix qui sont nécessaire à l’expression d’un état de civilisation effective — sans parler qu’elles apportent avec elles, au plan politique, la discontinuité qui est propre à la substitution des élites et à l’importation de matières idéologiques, de formes juridiques et de structures hiérarchiques étrangères —: ainsi, ces dérangements et ces perturbations, aboutissant à une réalité sociale et culturelle qui caractérisent la déchéance morale, ne peuvent que signaler, plutôt qu’un mouvement ascendant qui rapproche l’humanité d’un idéal qui s’accomplit infailliblement, un mouvement descendant qui entraîne avec lui la décadence des cultures. § C’est que, se situant à un point de vue Gréco-romain, qui est devenu celui d’une conception laïque de l’histoire occidentale — puisque les philosophes œuvrant à l’intérieur de ce complexe culturel ont dépouillé la pensée de cette civilisation de toute référence religieuse directe, en adoptant la raison humaine comme unique moyen légitime de l’acquisition de la connaissance  —, l’idéal qu’ont embrassé les élites et les membres des sociétés qui ont adhéré à cette perspective, afin de parachever le mouvement de l’esprit qui en inspire la réalisation, jusqu’aux confins de l’Asie et de l’Europe où son influence se fait sentir, la déchéance que l’historien de la pensée observe se produit au plan immanent de la réalité, comme s’étant insinuée à l’intérieur de la nature de l’homme et comme s’y inscrivant profondément: elle représente alors un mouvement d’entropie, causant que l’esprit de la civilisation procède inévitablement, malgré les sursauts que chaque civilisation majeure illustre en réaction à ce cours inéluctable, d’un état de civilisation plus parfait, associant les intuitions spirituelles transcendantes de la religion avec les lumières immanentes de l’intelligence, vers un état de civilisation moins accompli, en lequel prévaut une confiance exclusive en la puissance de cette faculté; c’est que l’affaissement de la civilisation est précédé d’une déchéance qui s’accentue de plus en plus et dont l’exacerbation par ses membres, en raison de perpétuer la décadence morale d’une mentalité dont elle ne peut s’extraire, constitue la cause de sa chute finale. § Par ailleurs, en se situant au point de vue Judéo-chrétien, qui est celui d’une théorie religieuse de l’histoire occidentale, l’idéal qui est adopté afin de réaliser les aspirations les plus élevées et les plus intimes de la civilisation appartient aussi à la constitution de la nature de l’humanité, mais d’une humanité qui, à l’intérieur de l’immanence qui la caractérise, réalise une essence et une substances divines, renvoyant à une dimension transcendante donc: cette distinction illustre, par conséquent, une rupture à l’intérieur des événements, des circonstances et des situations qui sont propres à son déroulement, l’action pour la culture de tourner le dos à une situation antérieure, et présage l’effondrement radical de la civilisation, un mouvement que seule peut renverser et rénover une action transcendante, celle-ci trouvant son aboutissement avec le rétablissement de l’harmonie verticale de l’homme dans son rapport avec Dieu, lequel vient parfaire et accomplir la restauration de l’harmonie horizontale des membres de la civilisation, dont la convivialité retrouvée est manifestation du redressement qui a pu s’opérer avec le renouveau de l’état civilisé. § En somme, selon cette perspective, plus la civilisation s’éloigne, avec la progression du temps et la marche des événements, du centre métaphysique et spirituel comme de la source historique et événementielle de la nature humaine, telle qu’elle en conçoit l’optimum et qu’elle en réalise l’idéal, plus elle s’écarte, dans la réalité, de l’état d’innocence originelle dont elle procède, jusque dans le souvenir que la mémoire de la culture peut en avoir, soit en raison du glissement immanent et progressif qui caractérise le cours historique de la civilisation humaine, en raison d’un mouvement entropique qui est inhérent à sa nature, soit en vertu d’une rupture avec son essence transcendante qui, étant primitive et fondamentale, a fondé et a réalisé la coupure décisive et radicale de l’humanité à partir de son essence première. Cette disjonction exprimerait aussi éventuellement, la décadence tantôt progressive et tantôt en saccades dont le penseur historique serait en mesure de constater l’évidence dans les indices de la détérioration générale du climat social et politique, caractérisée par des périodes de disharmonie et de conflits plus longues et plus intenses, que l’histoire moderne et contemporaine de l’homme rend encore plus évidentes avec la progression géométrique des crises et des guerres qui en marque le parcours. § Ainsi seul un retour, accompli effectivement, à l’état originel d’une innocence primitive, plus proche de l’essence véritable de l’humanité et plus révélatrice de la pureté de sa substance réelle — une transformation qui serait susceptible d’éclairer au quotidien, dans les moments actuels, les actions de ceux qui ont embrassé l’importance d’accomplir ce renouvellement —, constituera la solution à l’involution radicale de l’humanité et son abaissement au point de l’abrutissement complet de ses virtualités, c’est-à-dire au point d’un nihilisme désolant et déplorable. § Or telle est l’originalité de la tradition Judéo-chrétienne bien comprise, qui est celle d’offrir le moyen à la fois immanent, par l’effort et l’engagement de chacun, et transcendant, dans la relation du particulier avec la Divinité, de rétablir un état autrement irréversible, en raison du mouvement fatal et inéluctable sur lequel l’humanité est autrement entraînée, une restauration qui s’accomplit sous le regard de la Divinité, qui baigne l’homme de Sa grâce bienveillante, ainsi que dans la sincérité de la foi et de l’authenticité de l’action qui en témoigne. § Si la solution proposée ne saurait donc tenir entièrement de la philosophie, au sens où cette discipline comprend actuellement son action, c’est qu’elle touche à un domaine qui dépasse la dimension naturelle et morale que se propose d’élucider la philosophie — et en particulier la philosophie moderne et contemporaine —, et que le rétablissement d’une innocence perdue requiert pour cela une évocation de la dimension transcendante — dont la raison théologique établit la probabilité et que la foi éclaire de ses illuminations spontanées et persuasives — une dimension dont la réalité effective se laisse entrevoir dans et par la nature transcendantale des facultés humaines, lesquelles sont toujours avouées implicitement à l’intérieur de la démarche philosophique, mais ne sont jamais suffisamment fondées ni justifiées par elle pour en légitimer la possibilité et l’action, sans recourir à une amplification de sa pensée par la matière des disciplines apparentées (de l’histoire, de l’ethnologie, de la sociologie, de l’anthropologie (philosohique et culturelle), de la mythologie, des sciences religieuses et de la théologie, proprement dite).» — Plérôme.


[idéal]«L’esprit rebelle nie souvent la vision de l’idéal qui lui est proposée, non pas parce qu’elle ne comporte peu de valeur en soi, mais pour ne pas avoir à se conformer aux valeurs qu’il représente, malgré la légitimité à laquelle elle peut prétendre et le fondement historique qui en établit l’importance pour la culture et la désirabilité qu’il y aurait à l’actualiser, sans pourtant nier a priori le principe du mouvement par lequel toute culture cherche à se perfectionner, en raison des virtualités qui sont propres à son essence et en vertu de l’inépuisabilité de la qualité de l’âme et de l’esprit à laquelle elles renvoient, tout en lui refusant par lesquels elle puisse se réaliser.» — Plérôme.

[ignorance]«L’ignorance est, à bien le considérer, un état moralement ambigu: car si, d’une part, chacun est responsable de l’état d’ignorance en lequel il se trouve, en ce sens qu’il l’est en même temps de l’effort dépensé à le lever et à faire l’acquisition de la connaissance qui le dissiperait, comment, d’autre part, peut-il être tenu entièrement responsable des effets d’un état d’ignorance qui est préalable à la conscience qu’il peut en avoir, lorsqu’il existe, et que le sujet épistémique et moral n’est en aucune façon à l’affût de sa présence, et cela d’autant plus que s’il avait eu le savoir requis pour choisir librement s’il agirait ou non adéquatement selon les principes de ce savoir, il n’aurait pas eu la disposition d’agir autrement que selon les dictées d’une morale que la culture lui impose comme étant suprêmement bonne et donc obligatoire pour toute conscience éclairée et sage. § De plus, lorsque le penseur apprécie le rôle considérable que joue son semblable, un sujet et un acteur moral comme lui, dans la levée du voile de l’apparence sous lequel se cache l’ignorance, autant à l’intérieur de la famille, que dans le cercle des proches et des amis, que dans la société organisée en général, comme en atteste sa participation aux institutions qui sont mises en place afin de fournir des lumières qui dissiperont les ombres de l’ignorance, peut-il légitimement se laver les mains de l’ignorance de celui que est plongé en un tel état, et surtout lorsqu’il sait quelles conséquences déplorables résulteront de sa continuation et de son maintien, autant pour la société en général et pour les individus qui la composent et qui participent à sa culture. Compte tenu de cette responsabilité sociale, autrui serait éventuellement légitimé de réclamer, au nom du principe de la civilité, sinon de ceux de l’honneur et de l’amitié, que lui soit fournie l’accès à toute connaissance qui soit susceptible de lui aider à pallier à ce risque. § Le problème de l’ignorance s’avère donc éminemment complexe, si l’on s’arrête à en évaluer la multitude des aspects sous lequel il est apte à être considéré: ainsi est-ce une forme de paresse épistémologique et de lâcheté morale que la préférence à mieux rester dans la méconnaissance de cette difficulté plutôt que de s’aventurer à en découvrir les complexités et à se heurter aux apories qui se révéleraient avec leur examen.» — Plérôme.

[ignorance]«Pire encore à supporter que le poids moral de l’ignorance, dont la conscience devient sensible en raison de la réprobation qu’elle fait naître en celle-ci, est le poids de la conduite, des actions et des fondations qui en procèdent, en raison des torts, des injustices, des injures et des insultes qu’elle produit réellement.» — Plérôme.

[intelligence]«Ce n’est pas en éteignant la lanterne du phare que le gardien fait disparaître les écueils qui l’entourent et contre le danger desquels il a le devoir de protéger les marins et les voyageurs.» — Plérôme.

[intelligence]«Sans intelligence, la raison est au mieux aléatoire, au pire erratique et, lorsqu’elle se laisse influencer par une intention maléfique, au pis malicieuse; mais sans raison, l’intelligence demeure simplement une virtualité et une possibilité, confinée qu’elle est à la subjectivité qui en ressent les intuitions et qui en éprouve les lumières, sans que celles-ci ne reçoivent par là quelque effectivité concrète, au-delà de la transformation mystérieuse qui en résulte pour l’intériorité de la personne.» — Plérôme.

[justice]«L’esprit de justice, qui se fonde sur un sens de l’équité et de l’impartialité, requiert que l’esprit examine, à la lumière des valeurs de la bonté, de la vérité et de la beauté, non seulement les idées qui font partie du lexique fondamental des croyances intimes qui sont propres à l’agent moral et que l’expérience vécue l’a conduit à adopter, mais encore celles qui, pouvant procéder de raisons autres et de sagesses différentes, provenant d’une source qui est extérieur à son intelligence et à sa conscience, pourraient ne pas se réconcilier spontanément avec celles qui sont les siennes, au risque même parfois de le heurter et d’offusquer le sens moral qui l’habite. § Peut-être alors l’esprit devrait-il examiner encore plus scrupuleusement, au nom de ce même esprit de justice, ces idées qui sont trop ressemblantes à celles que porte en lui l’agent moral, comme pouvant éventuellement confirmer trop facilement des conceptions qui, tout en n’étant pas aussi adéquates, dans leur substance, qu’elles pourraient l’être en réalité, sont néanmoins épousées par lui comme étant dignes d’informer les choix qu’il pose et de fonder les préférences qu’il affiche.» — Plérôme.

[justice]«Un des aspects importants, et non des moindres, de la maturité sociale consiste pour l’agent moral à savoir dépasser le projet de l’établissement de la justice, uniquement pour et en vertu de soi-même, afin de concourir à établir, d’une manière désintéressée, mais nécessairement imparfaite, l’aséité de la justice, et en visant l’accomplissement intégral et complet des idéaux les plus élevés qui émanent de son essence, d’actualiser l’efficace de son action et de perpétuer l’état éminent de sa présence.» — Plérôme.

[liberté]«Autre chose est la répression que l’on encourt pour vouloir être libre; autre chose la sanction qui est imposée de ne pas se montrer à la hauteur de la liberté qu’il importe de réaliser pleinement.» — Plérôme.

[liberté]«C’est aussi une expression de la liberté, et du désir de réaliser positivement son essence, que l’action de refuser l’ignorance dans laquelle baigne éventuellement la conscience et de répondre, avec l’énergie et la détermination qui sont requises, à volonté de transcender les conditions de la société et les déterminismes de la nature individuelle, afin de parvenir à la Vérité Suprême, en se donnant concrètement les moyens intellectuels de percer le voile qui obnubile les vérités de la pensée et du cœur, ainsi que celles de la nature, de l’histoire et de la vie.» — Plérôme.

[matérialisme]«C’est un fort indice de l’incrustation profonde de l’idéologie matérialiste lorsque les élites et les gouvernants sont plus susceptibles de dénoncer, à l’intérieur du discours public, l’aliénation des biens que l’aliénation du bien.» — Plérôme.

[médecine]«La médecine est la vie qui agit intelligemment, intentionnellement et méthodiquement sur la vie, telle qu’elle s’accomplit actuellement, en vue de réaliser la plénitude de la vie, telle qu’elle est susceptible de s’accomplir encore plus complètement.» — Plérôme.

[médecine]«Si excellent que fût le médecin, si expert que soit son traitement et si efficace que soit son approche, c’est toujours à une certaine fatalité qu’il répond — celle qui a produit l’état que lui présente le patient et qu’il évite soigneusement de reproduire dans son action, conformément à l’adage du «primum non nocere» hippocratique, en tentant, par son expertise, d’obvier aux inconvénients que présente la condition du malade et de favoriser, sinon de produire, sa guérison —: ainsi pourrait-on conclure que le plus grand des médecins serait celui qui, de la manière la plus judicieuse et sagace qui soit, serait susceptible d’infléchir et de gouverner le cours des événements, afin d’éviter que cette fatalité ne se produise, ce qui serait en définitive une exigence trop sévère puisque, par définition, la fatalité gouverne les circonstances qui émanent d’une puissance supérieure et dont l’occurrence est, au moment où elle se produit, imparable ce qui fait que l’acte du médecin est avant tout un acte de compassion, celle d’une personne bien portante qui assiste une personne éprouvée par le sort, jusque dans son état physique, et que la compétence avec laquelle il exerce son art et son métier repose sur la science avec laquelle il illustre la solidarité existentielle qui est le mobile de sa profession.» — Plérôme.

[mensonge]«Le mensonge peut se comparer à une forteresse immense dont la pensée véridique et vertueuse a l’obligation d’en exploiter les failles, d’en ouvrir les brèches et d’en faire s’écrouler les murs, qui en garantissent à fois la possibilité de se maintenir, de se propager et de se perpétuer: lorsqu’elle en pénètre l’enceinte, son but sera de détruire les faux principes et les funestes conséquences qui risquent de s’ensuivre, s’il lui est permis de continuer à se répandre et de subvertir les principes vrais qui sont les seuls dignes à inspirer les consciences et à former les actions qui procèdent de l’intentionnalité qui procèdent de celles-ci et de l’exercice de la volonté qu’elles informent.» — Plérôme.

[mensonge]«Le mensonge le plus important est celui qui fait mentir la réalité, en faussant le bien le plus élevé qu’elle représente et après lequel les sujets moraux qui composent la société aspirent, autant dans son essence que dans le devenir qu’elle serait destinée d’accomplir, en vertu de la virtualité qui est inhérente à celle-là.» — Plérôme.

[métaphysique]«Au nom du principe qui veuille que toute transformation préserve quelque chose de la matière originelle sur laquelle porte cette action et qui en constitue l’objet, si infimes fussent les traces qui perdurent et qui révèlent la validité de son contenu, l’intelligence devrait, en théorie, être en mesure de constater les rémanences psychiques du vide ou du tohu bohu initiaux dont procèdent l’homme, ainsi que l’ensemble de la nature, et qui, tantôt selon la science physique moderne (y comprise la biologie) et tantôt selon les Écritures judéo-chrétiennes, seraient les conditions premières, quoique toujours indéfinies et mystérieuses dans leurs formes, de la Création qui les ont générées.» — Plérôme.

[moralité]«Au jeu du poutre et de la paille, par lequel l’esprit tendancieux attire l’attention sur la paille minuscule qui pend aux lèvres de son semblable afin de distraire de la réalité de l’existence de l’énorme poutre dont il est le porteur, plus la paille prend de l’importance aux yeux de l’interlocuteur, plus celui-ci a l’impression que celle de la poutre a pu diminuer; et plus est énorme la taille de la poutre qui apparaît au porteur, plus il importerait de remarquer la présence de la paille aux lèvres de son semblable, lorsqu’il le croise, et combien celle-ci vaudrait la peine d’être signalée, en lui attribuant ainsi une qualité exagérée qui obnubile celle de l’objet et qu’il souhaiterait ainsi qu’elle passe inaperçue.» — Plérôme.

[moralité]«La pièce du Tartuffe, que Molière a contribué à la culture française et, par elle, à celle de l’humanité, nous enseigne que le prix en complications, si élevé fût-il, de créer pour soi le masque d’une apparence vertueuse et de vivre en se cachant derrière lui, est encore moindre que la difficulté que pose au sujet moral de vivre en tout, conformément à la nature d’une individualité, qu’anime et motive une âme pure et irréprochable et pourtant, c’est le désir d’éviter cette peine imposée par la recherche de la vertu qui est le motif du camouflage moral, cet artifice auquel le sujet moral aura recours.» — Plérôme.

[moralité]«Le plus grand renversement politique imaginable consisterait en ce que le mal se substitue au bien et devienne la cause de ce que la perversité serve désormais de critère contre lequel adjuger de la vertu et de décider de sa désirabilité.» — Plérôme.

[moralité]«Le principe de la non-assumance de soi pourrait mieux s’exprimer ainsi: d’abord, se féliciter soi-même de chaque bienfait qui survient dans son existence et chercher ensuite systématiquement à faire entièrement reposer le blâme sur les épaules d’autrui de tous les malheurs, susceptibles d’être éprouvés ou subis; son corollaire, le principe de la non-reconnaissance de son semblable, s’énoncer ainsi: d’abord, attribuer au hasard, à la fortune ou à la chance, mais jamais au talent, à la vertu ou à l’effort, les bienfaits qui adviennent à autrui et ensuite ne jamais supposer une autre cause, aux malheurs qu’éventuellement il essuierait, que les tares de son caractère ou les erreurs de son jugement.» — Plérôme.

[moralité]«Tels sont ceux qui exigent de leurs semblables le respect qu’ils refusent de leur accorder en retour: c’est que la considération qu’ils se donnent à eux-mêmes et l’estime en lequel ils tiennent leur personne dépassent largement ceux avec lesquels ils envisagent généralement leurs semblables.» — Plérôme.

[moralité]«Toute personne, comme tout ensemble, sont appelés à dépasser, dans le sens du meilleur bien qu’il est possible d’accomplir, les contingences de son histoire, sans pour autant nier — et même pour éventuellement en faire l’émulation —, les modèles historiques qui, en ces occasions qui les ont interpellés en ce sens, représentent, par la valeur et la qualité de leurs conduites et de leurs actions, la réalisation la plus élevée des virtualités les plus élevées de cette idée-valeur transcendante et des agents moraux qui l’adoptent pour idéal.» — Plérôme.

[mythe]«Certains mythes dénient à l’esprit la révélation de la vérité, puisqu’elle est trop sublime à contempler et que, par conséquent, l’estimation qu’en ferait une conscience, peu encline à savoir l’apprécier adéquatement, courrait le risquerait de la dénaturer ou d’en diminuer l’importance, par la réduction à laquelle elle la soumettrait; d’autres mythes la lui cèlent, puisqu’elle est trop laide à considérer et qu’elle risquerait de constituer le motif d’un scandale pour des consciences naïves, par trop innocentes ou impressionnables.» — Plérôme.

[mythe]«Si tout tient du mythe — qui est la consolidation, dans la mémoire collective, d’un événement ou d’une réalité comportant pour l’ensemble social, une importance pédagogique, en raison de l’enseignement moral que l’on pressent pouvoir en tirer, et qui trouve sa résolution dans la reconstitution du récit dont la narration constitue un moment de cet enseignement significatif —, quelle place faire alors à la vérité ? Par contre, si tout est une fonction de la vérité, quel sens donner alors au mythe ?» — Plérôme.

[philosophie]«La philosophie est née du désir et de la volonté, à la fois d’atteindre à une conception unique, compréhensive, profonde et véridique de la réalité, autant dans la profondeur et la compréhension de son essence, que dans la direction et la vivacité de son mouvement, que dans les rapports que ses éléments constitutifs entretiennent entre eux et que dans la signification ultime qu’elle acquiert pour l’esprit et d’accomplir cette finalité d’une manière consensuelle, apte à interpeller et à rallier toutes les intelligences, conformément à la capacité perceptive, herméneutique et estimative, analytique et synthétique, qui est propre à la nature de cette faculté et de ce pouvoir spirituels.» — Plérôme.

[philosophie]«La sociologie de l’idéologie s’intéressera à découvrir quelle est la pensée fondamentale d’une société et les valeurs sous-jacentes qui inspirent à la fois son état, ses choix collectifs, ses lois, ses institutions et ses actions; par ailleurs, la philosophie sociale et politique se donnera pour tâche de définir quelle serait une conception valide et adéquate, transcendante, universelle et éternelle, de l’État et de la société; de comparer en quoi la société actuelle rencontre les exigences d’une telle conception; et d’estimer quelle est la qualité réelle d’une telle société historique et substantielle, lorsqu’elle est jaugée à la lumière de l’essence de la société idéale, dont on aperçoit le germe des possibilités déjà présentes en elle et l’évidence subtile des virtualités qui sont à l’œuvre à l’intérieur de celle-là.» — Plérôme.

[philosophie]«Le personnalisme nous enseigne que l’aliénation des rapports sociaux se fonde en réalité sur celle des rapports personnels, dans leur essence la plus profonde, puisqu’ils sont nécessaires à la constitution de la nature et de la culture humaines.» — Plérôme.

[politique]«À l’éducateur, pour qui comptent prioritairement le développement et l’épanouissement des qualités, des talents et de la personnalité de l’individu et de l’ensemble social, lorsqu’il s’illustre dans sa profession, s’oppose le dominateur, dont l’unique préoccupation est de faire valoir souverainement, par son activité, les valeurs et les principes qui fondent sa compréhension de la réalité et qui constituent l’armature de la théorie du réel qu’il a échafaudée, autant quant aux principes qui lui ont donné naissance qu’à ceux qui dynamisent son mouvement et qui guident son développement, en vue de l’aboutissement d’une finalité qui est implicite à ses thèmes. § Alors que le premier établit son action sur la liberté dont l’importance se révèle à la conscience, comme étant la première valeur existentielle à cultiver en soi, sur la motivation à se surpasser soi-même, comme étant le moyen moral par excellence de la réaliser, et sur l’inspiration à réaliser, à travers elles, d’une manière autonome, la propension au bien qui se découvre en soi — ce qui est en même temps actualiser, dans l’immanence de l’histoire, l’univers de la transcendance —, l’autre illustre l’obligation de conformer sa conduite et son action à une théorie du bien qui, malgré les imperfections qu’il est possible d’en déceler, est donnée comme étant primordiale et nécessitante par l’autorité qui la définit, parce qu’elle est fondamentale et ultérieurement indépassable, et de diriger ses initiatives sur des finalités prescrites, lesquelles sont vues comme étant les conséquences de la théorie qui est proposée à l’idéal individuel et collectif, sans que pourtant les consciences qui s’en inspirent ne puissent contribuer à sa compréhension et à son élaboration, en complétant la conception ordonnée avec les lumières spontanées de son intelligence et son actualisation par des actions librement engendrées et initiées. § Or cette tension, entre la liberté qui s’exprime en l’individu, lorsqu’il effectue la plus grande compréhension possible du bien moral, dont il assume la réalisation, et du devoir qui est imposé unilatéralement et indiscutablement de l’extérieur, par une figure autoritaire qui en serait l’incarnation actuelle et effective, est peut-être l’antinomie la plus radicale susceptible de se manifester à l’intérieur de la sphère de l’action sociale et politique. § Et le penseur réfléchi comme l’acteur social ne sauraient la considérer comme étant résolue que si elle parvient à déterminer la matière d’une conception personnelle et particulière de la bonté en même temps qu’elle illustre une théorie de l’idée-valeur transcendante du bien qui est recevable par tous et réalisable par chacun, puisqu’elle convient à une nature générique, commune à l’ensemble de l’humanité, tout en sachant réconcilier les gradations distinctives, qui sont présentes en chaque individu, étant l’expression pour lui de la variété de manières dont cette nature est apte à se réaliser, lorsqu’elle aspire à achever la dimension morale de son être spirituel. § Peut-être alors le penseur pourrait-il conclure qu’une solution à ce paradoxe constitue le défi le plus grand susceptible d’être présenté à la conscience du souverain, qui oppose le désir de la liberté des citoyens aux nécessités d’imprimer à la société une direction politique et sociale déterminante, pour lequel l’accomplissement des destinées individuelles importe autant que la réalisation de la finalité collective sur laquelle il exerce une puissance bienveillante et régulatrice, lorsqu’il en saisit les tenants avec son intelligence et qu’il en induit les aboutissants au moyen de son jugement, le tout en faisant preuve de la plus grande authenticité et de la plus grande sincérité du caractère.» — Plérôme.

[politique]«C’est Machiavel [in Le Prince, chapitre XVII] qui a donné une actualité à la question du mérite respectif d’être craint ou d’être aimé en politique. § Or, à première vue, la réponse semblerait simple, alors qu’il s’agirait d’affirmer que, puisque la politique crée les situations où naissent, se maintiennent et se cultivent à la fois des amitiés constantes et des haines tenaces, il vaudrait mieux, face à celles-ci, inspirer la crainte et, face à celles-là, témoigner de l’amour, tout en ajoutant que l’impression laissée sur l’ensemble social par un amour aussi profond qu’il est magnifique, puisqu’il est susceptible de tout embraser, peut, lorsqu’il s’illustre effectivement, créer un émerveillement tel qu’il réussit à sidérer les adversaires — et ainsi de les tenir en respect — en même temps qu’il galvanise les alliés et les partis amis. § Mais la situation se complique davantage lorsque la conjoncture politique repose sur un genre d’indifférenciation sociale, souvent propre aux situations historiques et aux conjonctures politiques, marquées par la culmination de crises existentielles, axiologiques et idéologiques profondes, lesquelles sont susceptibles de caractériser une société qui éprouve un bouleversement profond de ses structures et de ses croyances fondamentales. Car alors, le penseur observera, chez la généralité de ceux qui font l’expérience de cet état, une tendance à vouloir conserver une attitude de neutralité prudente et réservée face à ses semblables et à n’admettre ou n’exprimer ni sympathie, ni antipathie réelles à son endroit, cette apathie étant néanmoins mitigée par un désir de convivialité propre à la vie en société et s’installant en réponse au désir de se ménager une situation qui soit la plus favorable possible, c’est-à-dire qui soit propice à la conservation des acquis économiques de l’individu et à l’avancement de son prestige social, devant l’incertitude de l’issue qui puisse survenir afin d’apporter une résolution à l’état d’indécision politique qui est apte à caractériser l’état d’indifférenciation préexistant. § Or, ce genre de réserve commande que la prudence individuelle se fonde tantôt sur l’émulation bienveillante de l’adversaire, afin de garantir un modus vivendi qui soit vivable, à défaut d’être entièrement convivial, et tantôt sur la feinte de l’amitié, pour assurer de conserver les avantages acquis, et peut-être même de les augmenter et de les bonifier, lorsque la simulation permet, chez ceux qui sont disposés en ce sens, de s’avantager au moyen de la duperie qu’elle occasionne. Or, ni l’une, ni l’autre de ces tactiques ne conduit à exprimer un sentiment sincère et explicite à l’égard de son semblable et l’équivoque qu’ils produisent causerait alors que le sujet moral puisse tantôt se trouver à aimer celui qui n’en serait pas digne et tantôt à craindre celui qui mériterait de recevoir la sympathie, en raison de l’ambiguïté qui règne à l’intérieur de l’ambiance sociale et qui caractérise la nature des rapports, existant entre les individus qui en éprouvent les influences et qui réagissent à celle-ci. § Ainsi, lorsque prévaut le règne de l’indifférenciation, à l’intérieur de la situation sociale, l’équivoque qui caractérise les indices et les signes sociaux, émis par les membres de la société, ne saurait encourager la tenue d’une attitude franche face à son congénère, sauf chez le sujet moral qui estime préférable d’afficher ouvertement, par sa conduite, le courage requis afin de se montrer à la hauteur des valeurs de l’amitié et de la sociabilité, voire même que ce fût au prix de subir les contrecoups négatifs que ce choix moral serait susceptible d’occasionner, à l’intérieur d’une société hostile à cette attitude, un peu à la manière d’un paratonnerre qui s’attirerait les foudres célestes, lorsque sévit un orage violent. § Par ailleurs, la présence d’un tel climat d’indifférenciation pourrait conduire à la naissance éventuelle du héros admirable et du chef charismatique, propres à assurer, l’un par ses actions et l’autre par sa direction, en vertu de leurs qualités morales et de leurs talents intellectuels respectifs, l’existence et la perpétuation de la société, éprouvée par les circonstances qui les suscitent et les maintiennent, comme au rétablissement de l’harmonie qui exprime sa cohésion et son unité, alors que, s’il se maintenait sur une période de temps indéterminé et s’il aboutissait à la violence qui en est le terme inéluctable, le pouvoir dissolvant de l’indifférenciation destine la société, à une échéance plus ou moins brève, au sort contraire du désordre et de l’anarchie qui sont associés à la décadence de la culture et de la civilisation.» — Plérôme.

[politique]«Dans un monde idéal, mais non pas à ce point éloigné, dans sa conception, de la réalité de sa nature et de ses possibilités, à en paraître absurde à l’esprit de ceux qui en apprécient les virtualités, ainsi que les qualités éventuelles et les réalisations possibles qui en seraient issues, les gouvernants et leurs affidés devraient d’abord être choisis en raison du désintéressement avec lequel ils illustreront, par un effort soutenu, leurs compétences et leurs talents à servir résolument la chose publique, en recevant un rang à l’intérieur de la hiérarchie des pouvoirs de manière à refléter adéquatement la gradation qualitative, susceptible d’être observée, en comparant les niveaux de la réalisation de cette perfection à l’intérieur de la société dont ils constituent l’autorité législative et administrative.» — Plérôme.

[politique]«La liberté, sans la justice, c’est l’anarchie; la justice, sans la liberté, c’est le despotisme: ainsi s’aperçoit-on du lien intime et essentiel qui existe entre ces deux notions, et les états qu’elles déterminent dans l’expérience, puisque l’exclusion de l’une, tout en préservant l’autre, mène aux deux formes les plus déplorables de l’existence collective, d’une part, celle où les actions sont conditionnées par le caprice de tous et, de l’autre, celle où celles-ci sont déterminées par les fantaisies d’un seul.» — Plérôme.

[politique]«Un pouvoir qui, tout en se prétendant honnête et vertueux, passerait par la corruption de la société qu’il inciterait activement, afin de mieux s’établir, se développer et se propager, à l’intérieur des structures de l’État et des institutions de la société, ne saurait être autre chose qu’un pouvoir qui feint la légitimité.» — Plérôme.

[politique]«Une considération morale du champ politique, qui en même temps respecterait les libertés particulières et le perfectionnement moral qui résulterait pour elles de son efficience actuelle, pourrait se résumer avec ce principe unique, mais comportant deux facettes: aucune option conservatrice, visant à protéger, à l’intérieur d’une société, les acquis sociaux, politiques et économiques, ne saurait vouloir préserver et conserver ceux qui, en raison de promouvoir le mal, favoriseraient les intérêts et les institutions avantagés par cette optique, au détriment de ceux qui réalisent le bien; comme aucune option libérale, dans sa volonté de rénover l’esprit de la société et les structures constituées par elle afin de refléter cette métamorphose à tous les plans, ne saurait vouloir autre chose que la promotion du bien par les mesures qui sont proposées, malgré les libertés sociales que désavantagent une telle perspective.» — Plérôme.

[psychologie]«L’homme a beau changer ses habitudes, il n’a pas pour autant neutralisé les besoins, au sens Mazlovien du terme, qui en forment la présence et qui, par le sens de la nécessité qui résulte de leur reproduction, souvent sur une multitude de générations, constituent un empêchement à la perfection véritable des consciences et des individualités.» — Plérôme.

[psychosexualité]«La nature et la qualité de la relation qui existe entre l’homme et la femme, autant au point de vue personnel qu’au plan de son institutionnalisation sociale, est au cœur de la question anthropologique: l’élucidation de cette question est apte à clarifier et à amplifier la compréhension, autant des fondements de la civilisation comme des formes subséquentes qu’elle se donne, que dans l’avenir qu’elle est susceptible de produire et la promesse qu’elle porte en elle de la réalisation des virtualités, humaines et sociales, dont il est le gage éventuel de son accomplissement.» — Plérôme.

[psychosexualité]«L’état du monde s’est radicalement transformé et il s’est rapproché de la décadence, lorsque la moralité collective en est venu à confondre l’amour et la sexualité et à voir en celle-ci la représentation et parfois même le substitut du premier: car alors, autant l’homme que la femme, plutôt que voir en sa contrepartie la raison d’être d’une considération spéciale, et peut-être même exclusive, fondée sur l’estime et la valorisation réciproques, sur la dignité de la personne vertueuse ainsi que sur l’unicité de sa nature et de sa réalisation, en sont venus à se concevoir l’un et l’autre comme étant l’instrument d’un plaisir qui, si intense et si agréable fût-il, reposait avant tout sur une sensation proprement subjective ainsi qu’à la qualité d’une expérience physique qui fait entièrement abstraction de la valeur propre de l’individu qui le suscite, celui-ci devenant ainsi l’objet d’une réification que l’agent moral rapporte à soi, plutôt que le sujet moral libre d’une relation mutuelle qui se constitue en vue de réaliser la plénitude de la vie, dont témoigne le bienfait réciproque que les amants exercent l’un sur l’autre dans le plus complet des bonheurs.» — Plérôme.

[psychosexualité]«L’homme doit avoir la lucidité et l’humilité de reconnaître et d’accepter, à l’intérieur de la relation affective amoureuse, intense et profonde, qu’il a réussi à établir avec une femme qui, tout en étant éminemment désirable, est en même temps mature et complète, que ce n’est pas tant lui qui a réussi à la séduire, grâce au charme et à l’amabilité qu’il a su démontrer, mais que c’est plutôt celle-ci qui fut l’agent subtil, mais o! combien efficace, de la séduction qui a effectivement donné naissance à l’intimité qui est apparue dans leur relation et que c’est dans l’ordre naturel des choses qu’il en fût ainsi.» — Plérôme.

[psychosexualité]«Puisque, dans l’idéal, le véritable travail de la femme, en tout conforme à la sublimité de son essence et à la subtilité de sa nature, consiste à agir d’une manière invisible, c’est-à-dire intangible et éthérée, sur la subjectivité des cœurs et des consciences, des âmes et des intelligences, en vue de leur édification profonde et permanente et de l’acquisition en elles d’une perfection qui se découvre et qui se réalise continuellement, comment alors distinguer le devoir qui s’accomplit chez elle de celui qu’elle ne parvient jamais à réaliser ? La même question se pose pour l’homme, mais à un plan plus concret et sensible, puisque son action s’effectue d’une manière qui est plus manifeste et évidente.» — Plérôme.

[raison]«En privilégiant la raison sur le cœur, la conscience privilégie la logique sur l’amour et, si l’une n’est pas exclusive a priori de l’autre, s’il est possible à la fois d’aimer avec son cœur et d’illustrer la justesse ainsi que la cohérence de la pensée par ses œuvres, par sa conduite et par ses actions, un usage exclusif de la logique en vue de réaliser des fins qui obéissent uniquement aux intérêts de la raison particulière conduit inévitablement à une négation de la situation existentielle de son semblable et du sentiment qui révèle que celle-ci est connaturelle et équivalente à celle qui est propre au penseur, lorsque tous les deux — la pensée et le cœur — portent sur une réalité identique, en espérant composer adéquatement et heureusement avec elle, en vertu du principe de l’équité et de la justice fondamentales qui obligent que l’on soit (ou que l’on ne soit pas) avec autrui tel que l’on souhaiterait qu’il soit (ou qu’il ne soit pas) avec soi-même.» — Plérôme.

[raison]«Il y a un type de l’esprit qui, tout en ayant la prétention de rallier à sa nature la conscience de l’humanité ou, à défaut, de s’imposer irrésistiblement à elle, souffre cependant du rétrécissement de l’horizon spirituel qui caractérise un intellect complet et parfait. Cet esprit, qui est le produit du XVIIIième siècle et s’est généralisé à l’ensemble de la population, a été peu à peu embrassé par la collectivité, comme étant le moyen du salut intellectuel de l’humanité. Cet esprit a voulu combattre la superstition, en exorcisant tout ce qui, dans la pensée et la conduite humaine, n’était pas rationnel, mais il n’a pas compris à la fois que la raison, en l’absence de l’intelligence, aussi bien théorique que morale, n’a pas plus de valeur qu’un outil privé de l’artisan qui le manie avec expertise, et qu’en limitant son exercice au champ naturel et sensoriel, à l’empirie dont l’objectivité physique est vérifiable de manière consensuelle, on l’ampute de tout ce qui, dans la réalité, tient à la fois de l’ineffable, de l’inexplicable et du mystère de la subjectivité — tout en créant un espace rétréci d’inexpliqué et d’intangibilité qui est propre à son activité, sans qu’il n’engage ce qui entoure celle-ci comme étant ce qui en serait à la fois la condition et la possibilité ultimes, apte cependant à trouver le champ de son existence réelle autant dans l’objectivité d’une nature extérieure que dans la subjectivité d’une présence intérieure —. § Cet esprit n’a surtout pas compris que, au nom du refus de la superstition, il est possible de créer une superstition de la superstition, qui élargit le sens de l’idée pour embrasser toute action efficace, mais dont la raison d’être est inexpliquée — telle cette action, pour un médecin, de se laver les mains avant d’accomplir une procédure, comme l’encouragea à le faire le Dr. Semmelweis, afin d’enrayer les propagation des maladies contagieuses, avant que cette notion ne fût généralement acceptée par l’ensemble du corps médical — et une superstition de la raison qui serait censée la combattre, en créant un mythe de la raison qui lui accorde un pouvoir qui outrepasse les limites de sa puissance — souvent au dépens de l’imagination dont le caractère irrationnel comporte pour celle-là l’effet d’en augmenter le potentiel, en découvrant d’autres façons d’optimaliser sa manifestation et d’autres domaines, situations et circonstances en lesquels accomplir cela —. § Car tel est l’aboutissement du rationalisme, lorsqu’ils est poussé à l’extrême limite de son principe: non seulement fait-il de l’homme un dieu, en imaginant pour lui la possibilité d’accomplir une maîtrise complète de la nature, mais encore lui accorde-t-il la foi en la toute-puissance de sa faculté raisonnante, de sa capacité d’élucider les arcanes de l’empirie et de découvrir les solutions aux problèmes qu’elle pose à la condition humaine, et l’espérance que tout ce qui est bien pour lui puisse en procéder comme en étant l’unique source de tout ce qui est le bien, le beau et le vrai, susceptibles d’être réalisés à l’échelle de l’univers, pour transformer cette conviction en une espérance que son action positive serait susceptible de transformer la vie de tout un chacun, dans le sens de ce qui est le plus propice à son épanouissement et à son accomplissement: or, ce sont deux ordres de conviction qui tiennent de l’irrationnel et qui donc contredisent le principe de l’essence de la raison comme elles en exagèrent les possibilités en même temps qu’ils nient aux autres facultés de l’esprit, nommément l’imagination, l’intuition et l’inspiration, une puissance distinctive mais complémentaire. § Or, en réalité, c’est une pseudo-religion que l’idéologie de la raison propose à l’humanité, sous l’apparence d’une forme logique qui tairait cette métamorphose subtile, d’un perfectionnement de la faculté rationnelle qui devient l’unique raison d’être de l’esprit humain, avec toutes les dénégations requises afin d’occulter les choses qui lui donnent le moyen de devenir ce qu’elle se défendrait d’aspirer à être. Et elle ne fait que servir d’excuse au fait accompli historique, sans que la raison n’exerce son esprit critique et n’examine ni le bien-fondé, ni la justice de l’état qui le procure et le maintient, ni la direction qu’il empruntera, dans un avenir plus ou moins éloigné, laquelle en constitue l’ultime justification, voire qu’elle suppose un principe extérieur à elle-même qui en fonde et en justifie l’essence, comme la puissance de l’existence et l’entéléchie de son accomplissement et de sa perfection.» — Plérôme.

[reconnaissance]«La vie en société, hélas !, est trop souvent empreinte de l’ingratitude, d’autant plus appréciable parfois que ne serait importante la raison qui justifierait le témoignage de la reconnaissance serait susceptible d’éprouver.» — Plérôme.

[religion]«L’esthétisme religieux, l’apparence édifiante qui fonde et qui constitue l’aspect civilisateur de la religion, a pour contrepartie l’admiration qui est entretenue pour les formes sensibles de la foi (la liturgie, l’art religieux, le cérémonial, le rituel, le corps des doctrines et les enseignements qui en procèdent) et pour l’héroïsme avec lequel les fidèles illustrent une compréhension profonde et intégrale des principes qui la constituent, dans leur propre conduite et dans les choix qui en procèdent, y compris jusqu’au sacrifice de ce qui leur est le plus cher; la véritable foi, la conviction profonde qui fonde l’aspect salutaire et rédempteur de cette dimension formelle, puise à ce sentiment et, à l’instar des saints qui la personnifient, adhère sincèrement et entièrement à ces vérités sublimes qui sont à la source de la religion et leur accorde de guider infailliblement leur action et leur liberté.» — Plérôme.

[responsabilité]«On en peut reprocher à l’homme d’être né avec un handicap, ni d’être devenu infirme sans qu’il ne fût en quelque manière responsable de son état, mais seulement de ne pas accomplir tout l’effort requis pour vivre la plénitude de sa vie, à l’intérieur d’une condition existentielle qui est survenue pour lui sous la forme d’une fatalité imparable, lorsqu’elle s’est produite.» — Plérôme.

[sagesse]«Si la sagesse, qui consiste en l’action adéquate, fondée sur une perception profonde ainsi qu’une évaluation juste de la situation sur laquelle porte celle-ci, n’est pas spécifique à l’âge qui serait censé la révéler — puisqu’une telle conception peut caractériser une conduite que l’on retrouve autant chez les sujets moraux plus jeunes que chez ceux qui sont plus avancés en âge, et par conséquent plus exposés aux aléas de l’existence — elle aura cependant davantage l’occasion de se manifester lorsque le cumul et la variété des expériences de la vie lui auront fourni la substance de son développement et de son accomplissement, en fournissant à la conscience un plus grand nombre de possibilités pour elle de réaliser infailliblement la sagacité qui en illustre la qualité, d’en augmenter éventuellement la constance et la plénitude et de fournir en même temps l’abondance de la matière existentielle, apte à alimenter les réflexions qui l’interpréteront et leur accorderont un sens et susceptible d’inspirer les conduites et les actions menant à l’exercice d’une prudence de plus en plus achevée.» — Plérôme.

[sentiment]«L’idéal moral ne consiste pas à vivre une vie apathique, indifférente aux sentiments et aux émotions suscités par l’expérience, comme le préconisent les Stoïciens et les Sceptiques, mais plutôt de procurer à ses passions la possibilité d’une résolution, en se laissant complètement ouvert à la possibilité d’effectuer une herméneutique de l’existence, grâce à laquelle chaque nouvelle situation et chaque nouvel événement de la vie deviennent l’occasion, non seulement pour la personne de se mettre en valeur, de la manière la plus excellente possible, mais aussi de prendre conscience de la continuité du présent et du passé, en recourant à la réminiscence et à la reconstitution pleines et entières des souvenirs qui se rapportent à son antériorité, et en particulier aux événements majeurs qui en composent la trame et ont laissé une empreinte particulière sur la conscience. § Alors seulement, en comprenant qu’il existe une continuité réelle entre ce qui est survenu, ce qui survient et ce qui est apte à survenir, la conscience est-elle apte à faire l’intuition du point auquel l’exubérance de l’énergie qui alimente la passion résulte d’une antériorité inaccomplie, laquelle laisse des séquelles dans la mémoire puisqu’elle représente une agrégation et une cumulation d’émotions dont l’intensité, la profondeur et la force n’ont pas trouvé un exutoire adéquat à ce qu’elles s’authentifient et s’expriment, en leur permettant ainsi de se dissiper, peu à peu ou instantanément, selon le cas, et de laisser une place plus grande encore aux sentiments qui surgissent de l’expérience actuelle ainsi qu’à la possibilité de les vivre adéquatement, dans toute la subtilité de leur couleurs, de leur nuances et de leurs gradations émotives, comme de s’autoriser à reconnaître, autant en quantité qu’en qualité, ceux que la trop grande part, faite aux passions inexprimées par une conscience qui se défendait contre leur puissance envahissante, a empêché de reconnaître et de laisser se vivre proprement dans leur intégralité et selon leur authenticité.» — Plérôme.

[société]«L’on retrouverait certes là l’évidence d’une contradiction lorsque, pour atteindre à une certaine hauteur dans la considération des honnêtes gens, le sujet sente devoir rivaliser en bassesses avec ses semblables afin de se mériter leur admiration et leur estime.» — Plérôme.

[société]«Lorsqu’une administration effectue l’évaluation professionnelle d’un individu, elle accomplit une finalité, implicite ou explicite, qui forme son action, mais aussi elle porter au candidat tout le poids d’une culture et d’une histoire, afin de déterminer s’il rencontre la positivité qui est espérée de lui et si l’estimation plus ou moins élevée qui lui est attribuée sera le reflet réel de la dignité de son caractère et de son aptitude personnelle à illustrer l’idéal que l’institution et la société, inscrites dans le mouvement axiologique de leur histoire, lui proposeront de vivre.» — Plérôme.

[vérité]«Il ne faudrait pas que l’esprit informatique batte la campagne de la vérité, en opposant au travail herméneutique, heuristique et philosophique qui est requis afin de la servir intégralement, un amoncellement de faits auxquels la pensée accorderait une importance immédiate et exagérée.» — Plérôme.

[vérité]«La promotion du biais épistémique, par lequel la conscience valide et établit objectivement une perception commune, sinon consensuelle, de la réalité, plutôt que l’évidence démontrée de la réalité elle-même, voire qu’elle contredise cette perception, est une forme que prend la subreption, en ce qu’elle tente de fonder, souvent avec un succès déplorable, lorsqu’elle se rallie l’assentiment erroné des consciences, non pas ce qui est digne d’être cru, mais ce que l’on est préparé à croire. § Toutes les erreurs juridiques de l’histoire, des plus insignifiantes aux plus grandes, se fondent sur cette manière de sophisme qui réussit à décevoir les consciences qui sont exposées à ses pièges, malgré la sincérité apparente de l’intention qui est affichée, de présenter les choses comme elles sont, pour un observateur critique et impartial, plutôt que comme elles semblent l’être, pour la généralité qui est entraînée par son mouvement artificiel.» — Plérôme.

[vérité]«La vérité, affirme saint Thomas d’Aquin [Somme théologique, Question 16, art. 1, 3] et les scolastiques après lui, c’est la proposition qui est conforme à son objet: cependant, si l’objet est une donnée, la faculté intellectuelle qui est disposée à formuler la proposition véridique, et donc l’esprit dont elle provient, sont préalables à la vérité intellectuelle qui l’appréhende au moyen de la proposition véridique. § Or, dans la conception et l’énonciation de cette proposition, il existe un rapport préalable, celui de la possibilité de l’esprit à énoncer la véridicité et à réaliser celle-ci à l’intérieur de la proposition juste qui en témoigne. C’est un rapport qui oppose l’esprit vrai à l’esprit faux et qui déterminera que celui-là est non seulement susceptible de dire vrai, en vertu d’une nature correspondante qui le dispose en ce sens, mais aussi de réaliser effectivement cette aptitude. Ainsi, la vérité de l’esprit illustre sa qualité avec l’usage pratique de la faculté intellectuelle, habilitée à faire preuve de la véridicité requise afin d’en témoigner. § Par contre, l’on ne saurait attribuer à l’esprit une aptitude à la véridicité en l’absence d’un autre rapport, celui de l’esprit à l’être qui le porte en lui et qui témoigne de son existence en lui. Sans cet être, qu’une adéquation réelle relie à la nature, il n’existerait aucune possibilité pour l’esprit d’illustrer sa véridicité. En réalité, cette adéquation est double, puisqu’elle suppose d’une part une médiation entre l’être et l’esprit qui le caractérise et, de l’autre, une médiation entre l’être et la nature qui le spécifie. C’est une médiation grâce à laquelle se réalise à la fois la vérité de l’être en tant qu’il est un être et la vérité de l’être en tant qu’il illustre l’aptitude avérée de l’esprit à démontrer la véridicité, lorsqu’il est engagé activement dans un rapport avec la nature. Or, la première médiation est inhérente à la puissance de la vie et le seconde, à celle de la conscience — l’ontologie de la vie et de la conscience ne pouvant se distinguer réellement l’une par rapport à l’autre, mais le pouvant seulement au moyen des termes logiques qui sont utilisés afin de signifier des aspects séparés appartenant à une même réalité, qui est celle de la vie, strictu senso, laquelle embrasse et subsume toutes les autres dimensions de l’être vivant, la conscience, l’aptitude à dire vrai, l’idée de la véridicité elle-même, sans inclure toutefois la matérialité de l’objet qui coexiste avec l’être pensant particulier, qui peut être connaturel à lui, mais qui est existentiellement distinct de lui —. § De sorte que la première vérité susceptible d’être appréhendée est l’être qui est doué de la vie et de la conscience, existant à l’intérieur d’une nature qui est susceptible de les lui procurer, de les sustenter et de les conserver, et elle illustre de ce fait le premier rapport, nécessaire et fondamental, dont émane l’essence de toute vérité intellectuelle. D’où il résulte que toute vérité se fonde sur cette vérité première et que, lorsque sa manifestation est entravée et empêchée, en l’individualité de l’être vivant et conscient qui est apte à l’exprimer, cet état signifie le non-être de la vie et/ou de la conscience enclines à faire preuve de véridicité, brimées qu’elles sont alors dans leur conation à réaliser la virtualité épistémologique qui est propre à leur essence et à leur nature. Si le penseur ignore cela, ou s’il passe sous silence ce principe fondamental, en supposant qu’il est implicite à toute démarche philosophique et que, par conséquent, il est accrédité informellement par tous ses interlocuteurs, c’est qu’il ignore aussi — ou qu’il tait, en omettant de l’énoncer — la vérité de la loi naturelle en vertu de laquelle la véridicité est rendue possible et qu’il veut reconnaître l’idée de la vérité, sans qu’il n’alloue en même temps pour la possibilité que celle-ci ne connaisse son actualisation.» — Plérôme.

[vérité]«Le mensonge peut se comparer à une forteresse imposante que l’esprit faux érige afin de le protéger et dont l’esprit contraire — celui que le souci de la vérité préoccupe —, se doit d’exploiter les failles qu’il y découvre et d’ouvrir les brèches qu’il y pratique afin de faire s’écrouler les murs qui garantissent la possibilité pour lui à la fois qu’il se maintienne, se propage et se perpétue, et de pénétrer son enceinte, pour mieux encore détruire les faux principes sur lesquels il se fonde ainsi qu’enrayer les conséquences funestes qui risquent de s’ensuivre de lui.» — Plérôme.

[vérité]«Si sublime que soit la vérité, par son contenu et par l’expression que le penseur en formule, par ses principes, les conséquences qui en découlent et les conclusions auxquelles elle mène, c’est avec son effectivité qu’elle se réalise vraiment et adéquatement: ainsi, les ennemis de la vérité, pour neutraliser la portée qu’elle peut prendre et rendre inopérantes les actions qui la révèlent, n’ont pas tant à taire sa voix et les moyens que la conscience choisit pour se dire et se manifester qu’à empêcher les initiatives qui pourraient en procéder, soit en inhibant leur production par des consignes contraires, soit en interdisant à ses agents de se laisser guider par ses enseignements et de pouvoir en témoigner, ou encore à distraire les consciences et les porter à ne pas considérer les situations et les événements qui, en raison de leur excellence, commanderaient aux intelligences saines qu’autrement elles soient légitimées à vouloir rayonner et à éclairer le monde, en témoignant de sa présence active.» — Plérôme.

[vérité]«Tous peuvent prétendre, d’un point de vue subjectif, avoir atteint l’état de vérité au plan objectif, mais sa possession comporte néanmoins sa part de contradictions et d’oppositions, lorsqu’il s’agit d’en communiquer les principes et d’en démontrer l’essence à des consciences autres, même les plus accueillantes et les plus bienveillantes: c’est qu’il existe un écart parfois infranchissable entre la vérité qui s’impose invinciblement à la conscience subjective et celle que la raison réussit à exprimer, voire que ce fût, dans les mots de Descartes, «clairement et distinctement», en raison de son caractère ineffable et de la qualité unique de l’expérience par laquelle elle s’acquiert, auxquels ne peuvent s’identifier ni l’individualité du semblable, ni la nature des expériences qu’il a lui-même rencontrées.» — Plérôme.

[vérité]«Un choix essentiel s’impose, entre l’oubli sélectif des faits, des événements, des situations et des circonstances qui composent l’expérience et le souvenir intégral que l’on en conserve: pourtant, si la conscience observe avec justesse tous les mécanismes par lesquels se produit, autant au plan individuel qu’au plan culturel, l’occultation de la réalité, le choix évident qui spontanément s’offre à la conscience véridique, qui consiste, en principe, en celui de favoriser le souvenir adéquat sur l’oubli sélectif — une discrimination que fait nécessairement appel à la liberté, puisque le sujet moral ne saurait, en ignorant ou en taisant certaines choses essentielles et en admettant d’autres qui soient seulement accidentelles et contingentes, s’attendre à produire des décisions qui ont une portée existentielle significative et qui soient en même temps acceptables, puisqu’elles sont le reflet d’une perfection indéniable —, s’avérera souvent moins préférable au plan pratique, pour une variété de raisons qu’il vaudrait éventuellement la peine, pour la conscience, d’explorer et d’expliciter.» — Plérôme.

[vérité]«Une analyse sérieuse et approfondie de l’histoire nous apprend que l’esprit radicalement révolutionnaire fait table rase de tout ce qu’auparavant, l’esprit collectif considérait comme étant vrai pour lui substituer en lieu, une nouvelle conception jugée digne d’être dorénavant tenue pour vraie: en admettant cela, la question qui se pose à l’esprit qui est judicieusement critique serait alors de saisir en quelle mesure tout ce qui passait jadis pour être vrai serait devenu entièrement faux et que tout ce que l’on tiendra dorénavant pour être vrai sera entièrement et indéniablement juste ? § Car seule la vérité que l’on conçoit intégralement, autant dans la profondeur que dans l’extension de sa compréhension, comme de son application, est le principe et l’état qui sont dignes d’inspirer l’esprit, lorsqu’il compose avec la réalité, de sorte que l’intention de sacrifier celle-ci à un impératif existentiel quelconque ne saurait constituer un critère suffisant à la fondation d’une conception universelle, à la fois du mouvement de l’histoire et de l’action morale, constructive et bénéfique sur le monde, et qui soit apte à se montrer effectivement juste dans l’estimation de la bonté et de la sincérité avec lesquels les individualités se livrent à l’exercice de leur liberté.» — Plérôme.

[vertu]«La fidélité est la trame de fond de la Bible, autant pour l’Ancien que pour le Nouveau Testament, dans l’illustration autant de la relation de l’homme avec Dieu — elle prend alors la forme de la fidélité salutaire —, que de la relation de Dieu avec l’homme — elle prend alors la forme de la fidélité rédemptrice —: par conséquent, puisque le lien qui unit l’homme et la femme est organique, autant l’un que l’autre sont appelés naturellement à participer de cette fidélité et découvrent leur honneur à réaliser et à exprimer la loyauté qui en émane.» — Plérôme.

[vie]«Aime-t-on la vie parce qu’on la respecte ou respecte-t-on la vie parce qu’on l’aime ? Voilà un dilemme qui mériterait plus de réflexion que celle qui lui est accordée ordinairement et qui associe le respect, non pas à la crainte qui entraîne la soumission de l’individu, mais à l’estime qui encourage l’accomplissement de la personne.» — Plérôme.

[vie]«Toute poursuite intellectuelle comporte deux aspects: la recherche de la vérité en soi, laquelle suppose être présent, en la conscience épistémologique, le désir désintéressé d’atteindre à la vérité profonde et compréhensive, quelle qu’en soit l’essence et la substance; et la confirmation par l’expérience de l’état noétique et existentiel fondamental qui permet de l’acquérir, sans laquelle celle-là ne saurait souhaiter procéder à cette découverte. § Or, en cherchant à maintenir et à conserver l’être qui parcourt le chemin qui mène à la découverte de la vérité, le penseur ne saurait prétendre être animé par un désintéressement véritable; comme en aspirant à effectuer une appréhension désintéressée de la vérité pure et intégrale, il ne saurait prétendre ignorer qu’un état existentiel existe grâce auquel cette finalité puisse espérer rencontrer un aboutissement qui soit effectivement réel. § Ainsi, toute recherche de la vérité doit savoir en même temps réconcilier la fin qu’elle se propose et le moyen d’accéder à celle-ci: de sorte que, en poursuivant ce but, la démarche heuristique ne nie pas la démarche qui y mène, et qu’en maintenant celle-ci, l’esprit qui l’accomplit ne déroge pas à la possibilité de rencontrer celui-là. Dit succinctement, le pour soi et l’en soi de l’action produite par la conscience doivent se reconnaître l’une et l’autre et se rejoindre, se compléter à l’intérieur d’une même quête, qui soit à la fois consciente d’elle-même et affirme la puissance intellectuelle et morale qui la réalise. § Maintenant, la seule essence qui existât et qui fû digne d’être considérée à la fois sous le regard de son être et de son activité, de son être parce qu’elle donne un sens et qu’elle apporte une importance à son activité, de son activité parce qu’elle est l’unique moyen de réaliser intégralement ce sens et de satisfaire à la condition de cette importance, est la vie. Car seule la vie constitue à la fois la plénitude de l’essence de sa propre vérité et la plénitude de la substance par laquelle la conscience, qui en est une manifestation, puisse assurer à cette essence de posséder une réalité substantielle et effective, également adéquate à cette essence. Par conséquent, toute aspiration désintéressée à réaliser la puissance de la vie, en tant qu’elle est un objet inépuisable et vivant de l’intellect, cherchera à découvrir le moyen de la réaliser effectivement et d’en accomplir la plénitude; comme toute confirmation de l’état fondamental, propre à cette recherche, veillera à découvrir quelles sont les conditions, non seulement de l’appréhension de sa plénitude, mais encore de l’assurance et de la garantie de l’accomplissement intégral et excellent de sa nature réelle et véritable. § Ainsi la vie est-elle à la fois la raison de la quête qui la réalise et le moyen d’en réussir l’aboutissement — une entéléchie et une conation —, le tout dans la connaissance, la conscience articulée que possède l’être intelligent de soi-même et du milieu physique de son existence, et dans la réalisation ultime de sa perfection, lesquels, étant consubstantiels et connaturels à l’intérieur de l’être vivant, ne sauraient que se dynamiser et se potentialiser les uns et les autres, pour l’intelligence en proposant à la volonté quelle est la nature de la finalité qui est la sienne, pour la volonté en assurant à l’intelligence que la fin parcourue, que définit pour elle la raison, sera adéquate à son essence — le sentiment alors spontanément éprouvé à l’intérieur de la conscience confirmant cette validité —, tout en étant conforme à la puissance qui en autorise l’accomplissement. § Voici ainsi résolue l’aporie qui opposait le désintéressement de la recherche intellectuelle et l’intérêt que la conscience aura de l’accomplir, cet argument démontrant que ces deux mobiles ne sont point antinomiques et par conséquent exclusifs mutuellement.» — Plérôme.

mardi 30 juillet 2013

Euthúmèma X (réflexions) — Révision du 12 juillet 2021

[Depuis le 30 juillet 2013, avec mises à jour périodiques. — Since July 30th 2013, with periodical updates.]

[action]«L’exacerbation de l’esthétisme, qui consiste en un mélange de révérence et d’admiration, pouvant aller jusqu’à l’adulation, pour une chose créée ou produite et qui procure à l’esprit le réconfort moral de pouvoir communier à cette chose et jouir de la beauté éminente de son spectacle — une valeur esthétique qui est à sa façon insurpassable et digne de la plus vive considération —, s’avère parfois être un facteur d’inaction lorsque la conscience se complaît dans la bonté et dans la force du sentiment qui sont vécues par elle et qu’elle se satisfait d’éprouver la douceur intemporelle et vivifiante de sa puissance, en oubliant alors que la personne, et tout être vivant en général, s’inscrivent également à l’intérieur d’un mouvement historique dont les forces sont prépondérantes et qui, à défaut de participer adéquatement et avec ardeur à leur déploiement, risquent de prévaloir d’une manière qui est étrangère au bonheur et au bien-être des individus.» — Plérôme.

[action]«La vérité fait rarement l’unanimité, puisqu’elle s’adresse à la perfectibilité humaine dont une des caractéristiques est l’inertie qui apporte avec elle la résistance au changement, y compris et peut-être surtout celui qui concerne et qui engage la personne propre des particuliers.» — Plérôme.

[aliénation]«Mieux vaut, pour une personne, avoir perdu tout ce qu’elle pourrait avoir désiré et de néanmoins avoir découvert son essence véritable que d’avoir gagné tout ce qu’elle tenait pour être souhaitable et d’avoir perdu en même temps le sentiment de son identité réelle: car un individu peut toujours connaître un revers de la fortune et retrouver ce qui lui a été enlevé, et peut-être plus et mieux encore, mais une fois qu’il s’est perdu lui-même, dans le plus essentiel de son individualité, il est difficile de le regagner puisque cela signifierait alors retrouver un état que, tout en étant gratuit, il ne lui revenait pas initialement de pouvoir en disposer impunément, comme étant une fantaisie sans signification ni importance réelle, puisqu’il était l’émanation de sa vie propre.» — Plérôme.

[amour]«La véritable amitié, comme le véritable amour, se reconnaissent moins au plaisir que la conscience peut mutuellement en dériver qu’au bien-être que les amis ou les amoureux se donnent pour fin d’accomplir pour l’autre et pour les autres et qui n’est pas sans produire l’indicible plaisir qui est associé au bonheur qui résulte de cette action.» — Plérôme.

[amour]«La véritable amitié, comme le véritable amour, sont des états qui, procédant de la vie, ne sauraient être autre chose, dans la réciprocité des cœurs et des sentiments qui en vivent la réalité, que des mobiles fondamentaux et essentiels de la vie, autant pour ceux qui vivent en conformité à la disposition intérieure qui en procède, que ceux qui en éprouvent les émanations bienfaisantes, que ceux qui en feront éventuellement l’expérience, grâce à la communion intime et privilégiée qui les expriment et par laquelle ils verront le jour et qui ont l’occasion de naître et de se découvrir par eux.» — Plérôme.

[amour]«Une lecture approfondie des Écritures nous enseigne qu’une analogie profonde existe qui puisse caractériser la réalisation incomplète de la nature de la femme comme de celle de l’homme, à savoir que l’on peut voir en l’adultère, pour celle-là, la contrepartie de l’homicide pour celui-ci: car si le phénomène est plus apparent dans un cas que pour l’autre, chacun de ces délits est révélateur d’une violence qui est radicale, puisque l’adultère porte atteinte à l’amour profond et légitime qui existe à l’intérieur du couple, le constituant et l’édifiant, pour éventuellement le détruire et l’éteindre; et que l’homicide s’attaque à la vie d’un homme et remet définitivement en cause son existence physique et son appartenance à la société dont il était jusqu’alors un membre à part entière: car l’amour est à l’essence de la vie comme l’existence est à sa manifestation. De plus, l’amour caractérise l’affinité mystérieuse qui unit les deux amants et les réunit au monde intemporel de la spiritualité, en créant un lien indissoluble entre tous ces éléments, proportionnellement à la plénitude de sa réalisation, un état qui n’est pas sans se refléter sur leur vie, comme sur celle de la collectivité en laquelle elle s’enracine, autant par la progéniture qu’elle peut lui apporter que par la contribution à la qualité bienfaisante de l’ambiance qui en résulte. § En brisant ce lien, l’adultère devient le moyen effectif, intelligible mais néanmoins réel, de la dissolution de cette exhaussement de l’âme et de l’esprit, comme de la disparition des bienfaits qui sont susceptibles d’en procéder, et de l’arrachement des personnes concernées à un plan spirituel et existentiel dont la causalité leur échappe, mais qui s’articule néanmoins autour de forces et de puissances énigmatiques qui sont inhérentes à la vie, autant au plan de l’immanence matérielle et temporelle de l’existence qu’à celui de sa transcendance immatérielle et intemporelle. § Bref, l’infidélité des amants porte préjudice à la destinée de deux êtres voués l’un à l’autre, par le sentiment qu’ils éprouvent l’un pour l’autre et qu’ils cultivent dans leurs rapports quotidiens, la promesse qu’ils ont échangé dans la réciprocité représentant la prise de conscience de la réalité de cette prédestination et le désir sincère de vivre toutes les apparences qu’elle est apte à revêtir, selon les aléas de l’expérience et les conditions historiques et changeantes de la culture.» — Plérôme.

[communication]«Il semblerait parfois que l’injonction de l’Église, lorsqu’elle enjoint à détester le péché, mais à aimer le pécheur, ait été transformée, dans la société exclusivement laïque, par celle d’aimer le message ou le discours (lorsqu’il convient à la raison commune et à la conviction publique), mais d’en ignorer ou autrement d’en méconnaître l’auteur.» — Plérôme.

[communication]«Les propos perdent tout leur sens lorsque la fin de leur élocution est uniquement ‘phatique’ et qu’ils ont premièrement pour but de souder les sympathies et de créer les liens sociaux d’une appartenance à un groupe ou à un ensemble, ou encore lorsque leur intention précise devient la justification de l’institution ou de la société qui les encadrent et à l’intérieur desquels ils s’inscrivent: car si ces ensembles deviennent d’abord fusionnels, aucune signification intellectuelle, procédant de leur originalité caractéristique, ne vient éclairer leur conscience commune et orienter les actions qui répondraient adéquatement aux situations particulières qui les rendent nécessaires.» — Plérôme.

[connaissance] «Le mystère doit toujours être une incitation à développer son intelligence comme il doit constituer l’occasion d’offrir à l’esprit un défi, celui de savoir pénétrer ses arcanes et à atteindre la richesse de son essence, peu importe l’incomplétude du résultat auquel la tentative d’une heuristique arrivera, non pas tant en raison de l’insuffisance des moyens intellectuels qui sont déployés par lui, mais surtout en vertu de la vastitude et de la profondeur inhérentes à l’objet sur lequel porte cette activité exploratrice.» — Plérôme.

[connaissance]«C’est un bien pauvre échange que celui qui consiste à offrir, en contrepartie d’une intuition originale et géniale, une bribe de connaissance qui appartient au fond de la culture commune et qui circule entre les esprits, ayant la valeur d’un thème qu’il importe de véhiculer, si l’individu désire être accepté par l’ensemble du hoi polloi.» — Plérôme.

[connaissance]«Lorsque le scepticisme et l’empirisme deviennent les deux moyens exclusifs de la connaissance, ces attitudes épistémologiques conduisent à une atrophie de l’intelligence, puisqu’ils limitent l’action réflexive de l’esprit à ne considérer que la nature sensible et ne s’autorisent à concevoir uniquement les réalités qui sont susceptibles d’une vérification par les sens, pour douter de la réalité épistémologique de tout objet de la raison qui est ni concret, ni tangible; par conséquent, ces réflexions qui tiennent de l’exercice du souvenir, de la mémoire et de l’impression intime à la conscience et au sentiment, y inclus l’exercice de la raison portant sur ces facultés et sur une appréhension et une analyse de leur contenu, ne tombent pas sous leur considération épistémologique: ainsi le monde de la réalité est-il réduit uniquement aux choses qui renvoient à une objectivité sensible, sans allouer pour l’apport de l’expérience et de la vérité subjectives à la constitution d’un savoir authentique, sur lequel se fonde une pratique légitime et valide, susceptibles tous les deux d’enrichir la culture et la civilisation ambiantes à l’intérieur desquelles s’exercent les consciences, les intelligences, les esprits et les raisons, lorsqu’ils participent à leur enrichissement, à leur extension et à leur pérennité.» — Plérôme.

[culture]«L’histoire nous apprend qu’aucun grand peuple n’a vu le jour, n’a excellé au plan culturel ni n’a exercé une influence importante et bienfaisante sur ses voisins, en favorisant des vues et en réalisant des actions qui procédaient d’une pauvreté et d’une étroitesse d’esprit.» — Plérôme.

[culture]«L’incroyance, qui n’admet plus aucune réalité qui soit transcendante et supérieure à la conscience individuelle, ni mystère qui en intime la présence actuelle; l’impiété, parce qu’elle n’aperçoit en autrui ni n’alloue pour lui aucune dignité réelle qui lui appartienne en propre et qui soit fondée sur une valeur intangible et intrinsèque, et qu’elle considère uniquement celui-ci comme étant un moyen parmi d’autres qui lui permette de parvenir à ses fins; et l’inscience, qui réduit le champ intellectuel de son semblable à n’être plus que la lecture superficielle du champ de son expérience immédiate, sont en vérité à la fois les trois mères et les trois filles de la décadence, par les conséquences qui résultent d’elles, pour la culture et pour les formes variées qui sont aptes à être générées par elle au cours de l’histoire.» — Plérôme.

[culture]«Le principe de la décadence se fonde sur un état de médiocrité morale qui se substitue, dans la raison et dans le cœur de la généralité, aux valeurs de l’excellence et de la grandeur de l’âme, en produisant un habitus qui, se justifiant à lui-même du fait même de son existence, en vient à se proposer comme étant l’idéal de la perfection et de l’accomplissement des individus.» — Plérôme.

[Dieu]«Dieu étant et existant, voire que la preuve de ce fait tînt uniquement d’une ardeur de la foi subjective ou qu’elle se défendît simplement au moyen de l’argument ontologique, aucune dénégation ne saurait altérer ni Sa nature, ni le fait de Sa réalité: un athéisme généralisé n’aurait donc, pour tout effet, que celui de séparer l’incroyant de Sa vérité et de vouloir vivre exclusivement jouissant néanmoins de bienfaits qui procèdent d’une Source ultime dont la nature et l’efficace se passeraient de toute intelligence, de toute reconnaissance et de toute louange: or, que pourrait vouloir dire une telle rupture épistémologique et psychologique pour ceux qui propagent la doctrine athée et en vantent le mérite? l’analogue, au plan strictement humain, trouverait sa contrepartie avec la situation de celui qui, sans contribuer à sa production ou à sa fabrication, mange le pain de l’artisan qui le réaliserait intégralement, tout en niant qu’un tel agent n’existât et en considérant par conséquent qu’il pourrait s’abstenir de lui en savoir gré.» — Plérôme.

[duplicité]«Le combat résulte lui aussi, avec la victoire de l’une des parties qu’il oppose, en l’échec que représente la défaite du rival: mais la lutte se fonde sur le principe de l’égalité des chances, procédant de celle des deux adversaires qui, à travers l’épreuve agonistique, en viennent à faire valoir la qualité et l’amplitude de leurs talents physiques et mentaux respectifs. § Il en va autrement de la fraude qui, plutôt qu’exacerber, pour les surpasser, l’habilité et le courage d’un adversaire qui a l’opportunité de s’illustrer sur une lice, en vertu de règlements acceptés mutuellement et de manière consensuelle comme étant susceptibles de produire un résultat équitable — si parfois malheureux, lorsque l’enjeu du concours est élevé —, comme en un concours honnête et franc, cherche à exploiter la vulnérabilité d’une victime, à l’intérieur d’un état social stable qui serait censé prévaloir — où règne un état que caractérisent la confiance et la coopération réciproques, fondées sur l’espérance qu’entretiennent les participants de produire un avantage mutuel, consécutif à l’accomplissement d’un effort que servent des fonctions et des statuts clairement établis, dont la finalité est de favoriser cette issue —, le tout en vue de retirer  des avantages accrus qui favoriseront l’agent du dol, voire qu’ils seront pour lui, ainsi que pour tout observateur impartial, l’expression d’un rapport injuste et d’un résultat inéquitable.» — Plérôme.

[duplicité]«Si, de l’avis de certains, rien ne ressemble plus à un échec qu’une fraude, c’est que l’échec qui est encaissé est souvent la conséquence de la fraude puisqu’il atteste sa réussite, étant associé au dol dont la fin première est surtout d’avantager l’agent qui en bénéficie au détriment du semblable dont il profite.» — Plérôme.

[esprit]«Ce qu’il y a de merveilleux avec la pensée, c’est qu’elle semble posséder une possibilité qui est à la fois illimitée et inépuisable, lorsqu’elle s’engage sur toutes les avenues qui s’ouvrent à elle et qui sollicitent l’abondance et la diversité de ses ressources épistémologiques.» — Plérôme.

[esprit]«L’esprit révèle à la conscience bien des secrets au sujet d’elle-même, même et peut-être surtout à travers les utopies qu’il invente et se constitue, pour corriger les lacunes et les dérives actuelles que la réalité oppose à la pureté et à la plénitude des virtualités de sa nature essentielle.» — Plérôme.

[esprit]«Une compréhension adéquate de l’histoire de la spiritualité humaine devrait aussi inclure une intelligence des raisons qui font que la montée du laïcisme s’accompagne en même temps d’une exacerbation de l’impiété du déplacement des énergies désidératives vers la culture du matérialisme, plutôt que leur concentration sur les valeurs de l’épanouissement et du perfectionnement spirituel et leur recentrement sur ces activités, advenant que l’esprit s’en trouvât distrait ou éloigné.» — Plérôme.

[État]«Un État qui se prétend neutre, et qui aspire à atteindre la complète neutralité, ne saurait être en réalité entièrement neutre, puisqu’il ne saurait rester indifférent à sa propre existence comme à sa propre durée et à sa propre persistance dans le temps: or puisque cette continuité repose sur l’actualisation de la conception que nourrit l’essence de l’État et du sens que prend sa raison d’être pour ceux qu’elle infuse, cette idée exprime quelles sont les valeurs réelles de l’État, aptes à garantir à la fois sa justification ainsi que sa survie; en cherchant quelles sont ces valeurs, le penseur parviendra éventuellement à la connaissance des véritables motifs, des valeurs authentiques et des mobiles réels qui sont au fondement de l’identité, de la réalisation et de l’activité de l’État. § Puisqu’il est dans la nature des valeurs qui inspirent et qui impulsent un être de viser à sa plénitude et à son accomplissement, qu’il soit individuel ou collectif, et de pouvoir se définir à un plan idéel et rationnel, par une intelligence qui est disposée à faire l’effort en ce sens, mais qu’elles ne sauraient influer sur les conduites qu’à la condition d’être désirables et recevoir une adhésion complète au plan du sentiment, de manière à susciter la volonté qui cherchera à les concrétiser et à les incorporer aux schémas du corps social ainsi qu’aux institutions qui en procèdent, de sorte à former les consciences qui se revendiquent de lui et à orienter leur vie collective, le penseur doit convenir alors qu’elles sont le production d’une action qui est de nature religieuse: car l’adoption qu’elles sont susceptibles de recevoir spécifiera en quelque sorte les convictions qu’il vaudra mieux extérioriser par la conduite de chacun et défendre face à tous par son discours et par ses actions, face à celles qui pourraient en diverger sérieusement et porter atteinte à leur crédibilité comme à leur fondement. § Admettant cela, toute volonté qu’exprime un État de spécifier les valeurs qui en animent l’idéal, lorsqu’il entre en rapport avec ses citoyens, constitue une démarche religieuse qui, si elle cherche à s’accomplir d’une manière autonome, et à réaliser l’unité de la citoyenneté, sans référence aucune à un schème religieux pré-existant, en raison d’être issu de la tradition de la pensée, conditionnée par les aléas de son histoire sociale, politique et naturelle, ne saura que réaliser la définition d’une religion de l’État (par opposition à une religion d’État), c’est-à-dire d’un ensemble de croyances et de pratiques communes, officialisées par le corps des gouvernants et des élites, dont  la finalité sera d’assurer la vitalité et la survie de l’État, en se conciliant les forces et les puissances, de quelque nature qu’elles soient, qui pourraient autrement en compromettre la stabilité, en affaiblir la cohésion réelle et éventuellement en signifier la disparition. § Tel est le paradoxe de l’État qui, désirant afficher une neutralité confessionnelle, se voit placé devant l’obligation de définir une confession laïque qui, offrant une alternative aux confessions existantes, quelles qu’elles soient, se réservera un champ idéologique et doctrinaire privilégié qui tiendra de son autorité exclusive sur les consciences, qui ne souffrira ni opposition, ni contestation et qui, en même temps, s’arrogera le droit de faire un usage prépondérant de la force afin de maintenir le droit qui légitime ses prétentions. § Affirmer qu’une telle démarche ne s’effectuera pas sans soulever d’émoi, de la part des esprits pour qui le fondement réel de l’État repose sur une vérité éternelle et immuable constituera alors, soit un exercice en naïveté sociale et politique, soit sciemment la volonté d’entretenir une culture de l’illusion qui puisse constituer la raison d’être de l’État, au nom du principe de l’unité des consciences qui requiert un narratif ou une théorie qui en assure l’actualité, sauf à supposer qu’il existerait un véritable intérêt pour celui-ci à voiler les yeux de la population afin de donner à l’État un visage et une finalité laïciste. La question serait alors, pour le penseur, d’identifier et de comprendre le motif profond de cette occultation immuable qui transcende, sans les nier, les contingences de l’existence naturelle — une question qui ne fut nullement entrevue, au commencement de l’exercice, lorsqu’il s’agissait de comprendre la justification du principe selon lequel l’État prétendait pouvoir pratiquer une forme de neutralité bienveillante, face à l’ensemble des conceptions, des convictions et des pratiques formelles, comme des intuitions, des croyances et des idées informelles, susceptibles d’être adoptées par ses sujets, tout en cherchant à définir les conditions existentielles, nécessaires au maintien de l’État et de la société, en anticipation d’un consensus idéologique et religieux salutaire, fondé sur la compréhension et la profondeur consciemment appréhendés de la Vérité.» — Plérôme.

[excellence]«La médiocrité réprouve autant, sinon plus, l’excellence que l’insuffisance: c’est que celle-ci l’attire vers un état de décadence absolue qui nie la possibilité aux consciences qui autrement s’en satisfont de conserver un statu quo et un modus vivendi suffisants; mais que celle-là l’oblige à quitter un état d’inertie qu’elle ne désire nullement abandonner, en raison de la zone de confort et de sécurité qu’elle maintient grâce à elle.» — Plérôme.

[excellence]«Sans diminuer l’importance de l’autre attribut, ni exclure que la même personne puisse réaliser en elle-même la possibilité intégrale de leur amalgame et de leur concertation, vaut-il mieux être une personne de substance, dont les idées de génie, susceptibles d’orienter la culture dans des directions excitantes, marquent la pensée de ses contemporains,  ou une personne de qualité, dont la vertu et la magnanimité transforment leur conscience et édifient leur âme ?» — Plérôme.

[existence]«Une maxime qui, étant accessible à l’esprit de tous et de chacun, serait susceptible d’assurer le succès d’un effort réalisé en vue de susciter un progrès: en partant de l’état où la personne se situe actuellement, toujours en faire un peu plus par jour, de manière régulière et constante, dans le sens d’apporter une amélioration désirable à la situation de son existence.» — Plérôme.

[expérience]«Derrière tout choix que produit le jugement, il est possible de retrouver la somme totale de l’expérience de vie du sujet moral, avec les dispositions qu’elle l’incline à vivre, appariée au degré de résolution par laquelle il souhaiterait, soit en reproduire l’excellence en d’autres lieux et situations, soit en dépasser là la médiocrité, soit en améliorer et en perfectionner la substance en ces occasions.» — Plérôme.

[femme]«S’il est vrai que, paradoxalement, le véritable pouvoir de la femme consiste à n’en exercer aucun — et à l’illustrer en puissance dans le champ psychique et spirituel de l’intangible et de l’invisible —, la mesure de son efficace réside, comme pour tout pouvoir, en la bonté des fins qu’elle recherche et qu’elle produit, en la constance qu’elle démontre à les atteindre, ainsi qu’en la sagesse et la vertu qu’elle illustre tout au long de l’accomplissement de cette quête.» — Plérôme.

[foi]«L’erreur que l’esprit commet, lorsqu’il oppose, en les distinguant radicalement, la foi et les œuvres, c’est-à-dire la croyance religieuse profonde d’une personne et les actes qui en procèdent, ne peut que résulter d’un artifice de l’esprit: car l’esprit ne saurait posséder des mystères de la vie une compréhension riche et fondamentale sans que celle-ci n’influe sur les actions de la personne qui en témoignent, comme la noblesse et la sublimité d’une action, réalisée sincèrement et gratuitement par un agent moral désintéressé, ne saurait révéler autre chose qu’une disposition, présente en son âme, à révéler une sagesse, même intuitive et implicite, des vérités transcendantes et universelles. § Autant la foi conditionne les œuvres, en leur procurant un sens et un motif qui en atteste la vérité, autant les œuvres témoignent de la foi, en confirmant sa pertinence pratique véritable pour les instances concrètes de l’existence; par conséquent, la foi sans les œuvres exemplifie une conviction vide, comme les œuvres sans la foi illustrent un engagement vain.» — Plérôme.

[foi]«La croyance que l’intelligence paraît adopter spontanément peut éventuellement révéler, lorsque le cheminement qui l’a produit apparaît clairement, un long travail de gestation philosophique: ainsi, l’effort d’une réminiscence approfondie, accompli sur les convictions les plus intimes qu’elle nourrit, permettrait-il de retrouver quels sont les fondements rationnels qui l’enracinent et de communiquer à l’interlocuteur qui ne les partage pas, les raison profondes qui sont sous-jacentes à la foi qui inspire ses convictions, qu’elle embrasse comme étant la source intarissable de la plénitude de la vérité et pour laquelle la conscience persiste à témoigner d’une fidélité inébranlable.» — Plérôme.

[foi]«Le penseur adopte intuitivement et suit spontanément une croyance, mais il étudie objectivement et il approfondit consciencieusement une pensée, pour s’en laisser pénétrer et conditionner la Weltanschauung qui procède d’une démarche semblable, maintes fois et cumulativement répétée, édifiant les principes qui la constituent sur la perspective transcendante et synthétique qui caractérise ce processus; d’où il résulte que, d’un point de vue pratique, ce qui est une religion pour les uns peut se transformer en une philosophie pour les autres, selon qu’il existe, ou non, une prétention à l’universalité de la vérité ainsi représentée et un pouvoir irrésistible et prépondérant de celle-ci à susciter une foi, une adhésion invincible et un assentiment imparable à l’intérieur des âmes et des consciences qui lui sont exposées.» — Plérôme.

[histoire]«L’histoire est le théâtre de la vie et le terrain de la réalisation des enjeux qu’elle présente aux consciences participantes, et elle embrasse autant sa continuation que son interruption, comme sa perpétuation et sa disparition, son épanouissement et son avilissement; autant sa perfection que sa corruption et la décadence de la société qu’elle affecte; autant la réalisation de la vérité, de la bonté et de la beauté qui commande son accomplissement dans l’amour que la dénégation de ces idées-valeurs, leur déformation et leur travestissement; autant l’actualisation de toutes ses possibilités vitales, en vue de parvenir à la plénitude de la majesté, de la grandeur et de la diversité qu’il lui appartient de manifester et de refléter, que le refus de ces virtualités et des œuvres qui en témoignent, en exprimant plutôt ce qui en serait la vulgarité, la médiocrité, la trivialité et l’uniformisation de ces traits. § Car l’histoire est aussi le lieu de la moralité, en vertu de cette puissance intime et intrinsèque de la vie, qui réside en la liberté de son accomplissement et l’illustration de la volonté de vivre par chaque être vivant et conscient, deux facultés qui s’expriment autant dans la qualité de l’existence qui le caractérise que par l’attachement qu’il témoigne envers sa conservation, sa perfection, sa diffusion et sa perpétuation: en effet la liberté, autant celle qui se manifeste individuellement, par la socialité, la compassion, l’amitié et la sympathie, que celle qui s’assume collectivement dans la convivialité, l’entraide et la coopération, distingue toutes les fins de la vie comme aussi l’excellence de leur réalisation comme étant à la fois possibles, puisque émancipées d’une force naturelle absolument contraignante, et désirables, comme faisant l’objet d’un choix lucide et conscient de la part de la volonté agissante.» — Plérôme.

[histoire]«La bonté est l’idée de l’être, pris dans son sens général; la vérité se trouve dans sa réalisation, autant dans la conscience qu’à l’intérieur du monde concret; et la beauté, dans l’adéquation pleine et entière de cette actualisation à la conception qui l’a produite actuellement: et comme la gradation caractérise tout ce qui, lorsqu’il se compare à l’absoluité qui en signifie l’accomplissement ultime, en laisse entrevoir la possibilité d’une amélioration future, autant la bonté que la vérité que la beauté ne peuvent se concevoir logiquement comme étant des moments discrets, mais comme des états ontologiquement contemporains et actuellement accomplis, tout en étant promis à un avenir éventuellement meilleur, que la réalisation de plus en plus infinie dont est susceptible tout être révélera l’achèvement, en vertu de l’entéléchie qui est la sienne. § Par ailleurs, l’on peut aussi concevoir des moments à l’intérieur desquels cette aspiration à la perfection et la direction que la conscience lui donne s’expriment par une conception et une réalisation moindres que celles qui sont anticipées ou espérées: la dévolution devient alors le fait accompli d’une évolution qui s’annonçait, comme étant le sens que prendra désormais le cours des choses, en considérant leur idéalité initiale, entrevue dans l’imagination productive, et l’écart qui s’est installé entre elle et l’actualité effective de la civilisation, d’où  ces moments de l’histoire que l’on nomme décadence et qui sont comme le rappel, non pas de l’inadéquation des idées transcendantales, lorsqu’elles sont appelées à influer sur l’éclosion de la possibilité humaine, mais des défis parfois insurmontables qui sont opposés à la manifestation effective de sa nature par des forces et des orientations idéologiques contraires.» — Plérôme.

[histoire]«Le refus de l’histoire, qui est une saisie, par l’intelligence, à la fois de l’occurrence des événements, de l’intrication de leurs développements dans le temps et des conjonctures qui en expliquent l’apparition et en justifient et la réalisation, constitue en même temps le déni  du contexte en lequel s’inscrit le présent temporel qu’elle a préparé à se réaliser et de l’intentionnalité sous-jacente, mais néanmoins agissante, en vertu desquels tout événement prend son sens réel.» — Plérôme.

[histoire]«Serait-il trop osé d’affirmer que l’éducation de l’esprit de l’humanité, dans l’histoire de sa progression vers la civilisation, va dans le sens de la formation à la liberté: pour la femme dont la constitution est plus facilement vaincue pas le déchaînement des forces de la nature et de l’apprentissage à la vertu; pour l’homme dont la virilité le porte à espérer pouvoir triompher de toutes les adversités qui peuvent se présenter à lui, sauf peut-être les plus sévères, y compris de celles qui procéderaient de ses propres actions et de celles de ses semblables ?» — Plérôme.

[homme]«Ce sont de bien tristes sires, en effet, qui réduisent l’essentiel des rapports humains à la concurrence et à la domination, ne fût-ce qu’au plan idéologique et théorique, en omettant de considérer l’importance que prennent, pour la vie collective, les états de l’amitié, de l’entraide, de la compassion et de la coopération.» — Plérôme.

[homme]«L’histoire de la civilisation humaine s’édifie en vertu du rapport dynamique et complémentaire qu’entretiennent entre elles les deux formes que prend l’idéation, l’une se fondant sur le principe de la réminiscence et l’autre se fondant sur celui de l’oubli: mais en réalité, puisque le second est une forme lacunaire et incomplète du premier, seule la réminiscence, plus ou moins réalisée et plus ou moins achevée, peut prétendre fonder le mouvement de la civilisation humaine et prévaloir, à l’intérieur de la conscience collective, sous la forme d’une inspiration subjective des valeurs et des choix de l’humanité; car nulle matière inanimée n’est passible de ressouvenir et seuls l’être et l’âme doués de vie le sont, et d’autant plus qu’ils sont accomplis et réalisés, autant sur le plan des espèces que sur celui des individualités. § D’où il ressort que, à défaut de reconnaître complètement la capacité de l’individu à se ressouvenir, autant au plan individuel qu’aux plans social et historique, et de la développer en chacun par l’éducation, le principe du matérialisme s’avère malencontreusement la seule issue au dilemme qui résulte de cette méconnaissance, puisque, à travers lui, la pensée s’en réfère, uniquement à un objet qui, n’étant pas doué de mémoire, ne saurait être interrogé quant à un quelconque contenu mnémonique; par ailleurs, le danger d’une approche objectale, qui cherche à obvier à la difficulté que pose la pleine accréditation de la réminiscence, en refusant de contempler l’esprit, et en particulier la mémoire, qui en illustre l’entière complexité, c’est en même temps pour ceux-ci de se modeler exclusivement sur l’objet qui constitue l’unique champ épistémologique qui est estimé digne de recevoir une attention soutenue, à savoir une chose sensible qui est sans histoire et donc qui ne possède aucune identité propre. D’où la tendance de l’homme contemporain à se dépersonnaliser lui-même et à concevoir la réalité uniquement comme étant l’expression du moment présent que l’on traverse actuellement, sans avoir à en saisir toutes les complications historiques, ni à en concevoir tous les enjeux axiologiques, et peut-être même à refuser, soit par habitus, soit par suffisance, soit par complaisance, d’effectuer le travail d’effectuer une aperception rétroactive et une synthèse proactive, lorsque se présente à lui l’occasion d’éprouver l’éveil de l’esprit et que l’y prédisposent les intuitions qui l’encouragent en ce sens.» — Plérôme.

[homme]«La question fondamentale sur laquelle l’archéologie lève le voile avec chaque nouvelle découverte, parfois avec arduité, en raison des difficultés théoriques qu’elle oblige à surmonter, consiste à savoir ce que l’espèce humaine était avant de devenir ce qu’elle est présentement, peut-être pour encore mieux anticiper sur ce qu’elle sera un jour, en appréciant les virtualités qu’il est d’ores et déjà possible de d’apercevoir, autant dans le passé dont l’archéologue prend connaissance que dans le présent dont il est le témoin privilégié, en raison de son point de vue unique.» — Plérôme.

[idéal]«Lorsque l’illustration du mauvais, du faux, et/ou du laid se produit d’un côté, celle de leur contraire, lorsqu’elle est avérée, se trouve de l’autre; et lorsque l’exemplaire du bon, du vrai et/ou du beau se choisit un parti, son contraire, lorsqu’il est avéré, ne saurait que trouver domicile en un autre, sauf à tenter de subvertir le premier en recherchant, par une cohabitation des contraires, son affaiblissement, sa déliquescence et sa corruption.» — Plérôme.

[idée]«L’idéologie hélas ! est la plaie de la philosophie, par son désir de réduire l’idée à n’être plus uniquement que l’outil d’une volonté qui s’impose implicitement à la réalité et qui est susceptible de la transformer uniquement en réponse à des aspirations particulières, c’est-à-dire contingentes et éphémères, plutôt que d’en faire le reflet juste, véridique et pondéré d’une conception droite et adéquate, que seule l’intention de réaliser à travers elle l’exemplaire d’une plénitude universelle et éternelle anime, dans l’effort qui est exprimé de contribuer à son évolution.» — Plérôme.

[idée]«Un édifice que construit l’architecte, en employant des matériaux friables, ne saurait espérer résister longtemps aux avatars du temps, sauf à remplacer progressivement ce matériel par une substance plus durable: il en va ainsi de l’édifice idéologique, érigé par l’esprit de l’humanité, lorsqu’il effectue une représentation de la vérité, en s’assurant que la structure de l’édifice intellectuel que la raison s’est construite ne se fonde sur aucun faux principe et aucune croyance illusoire; car alors, seul leur remplacement progressif par des notions véridiques et des convictions réelles pourra assurer la pérennité de l’ensemble, dont la valeur principale et essentielle réside dans la quête épistémologique qui vise à aboutir à une théorie cohérente et complète de la vérité.» — Plérôme.

[ignorance]«L’ignorance peut servir de principe actuel au fondement du pouvoir politique: la conséquence de ce choix est énorme, voire que cet état fût désolant, puisque l’inertie qui en résulte se révèle être autant amorphe, par les nombreuses directions aléatoires qu’il engage à prendre, sans entraîner nécessairement de décision concluante, qu’il est aveugle, par la méconnaissance complète de la direction véritable qu’il serait susceptible de reconnaître, d’avaliser et d’emprunter. § Puisque l’ignorance ne sait admettre la vérité que d’une manière aléatoire et accidentelle, celle-ci devient par conséquent une fin consciemment irréalisable, en raison de la forme incomplète que prend alors pour la conscience l’aspiration à la réaliser: ainsi, toutes les croyances et toutes les convictions qui fonderont l’action que produit l’ignorance auront pour principe dans l’intellect une compréhension inadéquate de la réalité, une réalité dont l’appréhension est inspirée par de faux principes, soit qu’ils soient fantaisistes, soit qu’ils soient erronés, dont le contenu approximatif et seulement plausible cherche à combler l’incomplétude intellectuelle et le vide épistémologique qui sont laissés par le voile de l’illusion qui en masque la présence, comme elle procure à l’ignorance une apparence de crédibilité. § Par conséquent, les certitudes de la raison se situeront constamment en-deçà du seul champ épistémologique véridique qu’autorise à entrevoir et à espérer le principe de la vérité ultime et intégrale, dont la plénitude toujours plus accomplie est l’objet et la fin légitimes de sa réalisation, comme de la voie métaphysique qui la découvre et parvient à la réaliser.» — Plérôme.

[intelligence]«La décontextualisation de l’incident ou du propos, qui les isole de l’événement ou  du processus thématique qui fournissent la circonstance de leur naissance, est peut-être le défaut le plus commun qui caractérise le biais herméneutique: en succombant à ses pièges, le penseur fonde une théorie, non pas sur l’aperception véridique de l’histoire, qu’accompagnerait une compréhension adéquate et nuancée des causalités, des contingences, des conséquences, des intrigues, des calculs et des influences qui sont sous-jacentes à une action et à un événement, mais sur la cohérence artificielle de faits et d’éléments, glanés aléatoirement mais organisés systématiquement en fonction d’une unité dont la cohésion appartient uniquement au pouvoir unificateur et constructeur de la raison, pour laquelle la réalité qu’elle prétend expliquer sert seulement de prétexte à ses ratiocinations plutôt qu’elle n’inspire, par l’entéléchie qui est propre à son déroulement, la matière, le contenu, la signification et le mouvement.» — Plérôme.

[justice]«La charité, c’est la justice qui s’intéresse, en vue de la redresser, à la situation irrégulière de ceux qui sont privés de leur dû en raison d’essuyer une iniquité réelle; la justice, c’est la charité d’une action corrective menée auprès de ceux qui transgressent effectivement le droit de leurs semblables et ainsi font une entorse à la paix et à l’harmonie de la société qui est ensemble le lieu de leur appartenance.» — Plérôme.

[liberté]«Comment expliquer, comme les leçons retenues de l’histoire nous l’enseignent trop bien, que la liberté des uns soit la tyrannie des autres: car comment voir autrement l’aspiration de certains à vivre une liberté entière, indépendamment de celle que peuvent entretenir leurs semblables, que comme une négation ou un détournement de celle-ci à leurs propres fins exclusives et particulières ?» — Plérôme.

[liberté]«Le paradoxe de la liberté, c’est que, même lorsqu’elle est complète, même lorsqu’aucune entrave ou empêchement, quels qu’ils soient, ne s’exercent sur la conduite ou sur la pensée de ceux qui en jouissent, pour en détourner la destination ou en corrompre la vertu — deux actions qui vont souvent de pair — , elle est destinée, entre les mains d’individus perfectibles, à créer des conditions existentielles qui détermineront les possibilités futures, puisque ceux-ci ne sauront jamais exercer leur liberté à la hauteur de la possibilité qu’elle autorise à imaginer, à savoir celle de pouvoir créer un monde en lequel chacun parvient à vivre et à agir selon la plénitude de son être: car seulement alors la liberté peut-elle espérer apporter tous ses fruits: de sorte que l’accession à la liberté implique nécessairement la vertu de pouvoir la réaliser et elle signifie non plus seulement la possibilité d’exercer, sans entrave ni contrainte, la plénitude de la liberté, mais encore celle de la réaliser pleinement en vue du plus grand bien possible, un idéal qui est seul susceptible d’émaner de l’individualité vertueuse, c’est-à-dire possédant et actualisant toutes les dispositions personnelles à cet effet.» — Plérôme.

[liberté]«Ou la liberté est, par essence, morale, ou elle n’est pas: car dans l’exacerbation des conduites injustes qui procéderaient d’un état où les agents qui seraient responsable de son occurrence feraient fi de la moralité — la moralité étant la disposition à agir d’une manière juste et équitable à l’endroit de ses semblables et par égard pour leur dignité —, il ne peut que résulter de cette iniquité une dépréciation plus ou moins appréciable de la fibre sociale qui rend possible la réciprocité de cette inclination, laquelle peut conduite jusqu’à l’éventualité de sa dissolution et sa déliquescence complètes, avec pour conséquence que, à l’intérieur de la société qui encourage un tel état de corruption, la seule liberté qui sera autorisée sera celle de faire entorse à la justice et à la bienséance, jusqu’à ce que celles-ci ne soient plus dans leur état que l’ombre de l’idée que l’on en possède. § Il s’ensuivra alors pour cette société une spirale dévolutive où chaque action nouvelle, nourrie par une conception immorale, révélera autant, sinon plus, cette propension à nier le bien, en raison de cette loi par laquelle chacun justifiera sa raison d’être par une manière d’être dont l’essence — en ce cas-ci, l’‘inessence’ — sera d’une qualité égale ou supérieure à celle que manifeste son semblable. Suite à celle-là, l’on assistera à l’instauration d’une rivalité qui se soldera nécessairement par une détérioration complète de la cohésion et de l’organisation sociales, caractéristique de la décadence, laquelle présagera de la perte totale de toute distinction individuelle, opérée en fonction de valeurs morales estimables et positives auxquelles chacun adhérera librement. § Or, un tel état de la société ne peut engendrer la liberté, qui protège aussi la possibilité de faire usage de son libre arbitre, en vue de réaliser le bien et de pouvoir l’accomplir intégralement, sans entrave, ni contrainte dans le sens opposé, et par conséquent il en signifie progressivement l’atténuation jusqu’à sa disparition complète, avec l’illusion systématique, sciemment entretenue par un pouvoir trompeur, qu’elle puisse néanmoins s’accomplir réellement, dans l’indifférence des sentiments, quant à la nature réelle des actions qu’elle autorise à commettre, et la confusion des esprits, quant à leur valeur effective, autant pour les individus que pour la société en général.» — Plérôme.

[mal]«Si l’on observe que parfois le mal surgit gratuitement et spontanément, en ce sens que les conditions de son apparition et de sa production ne sont pas évidentes, et que, par conséquent, elles semblent défier les principes de la relation de la cause et de l’effet, tels qu’objectivement ils peuvent se laisser constater par un observateur impartial et désintéressé, l’on ne saurait pour autant affirmer que son occurrence et sa manifestation sont indifférentes, et qu’elles se produiront sans égard ni considération pour la nature et la qualité des conséquences qui sont susceptibles d’en procéder: en ce sens donc, le mal pur est sa propre cause sui generis et il se définit plutôt en vertu des mobiles qui sont propres à la rationalité intrinsèque de l’agent moral qui en est à l’origine, plutôt qu’il ne serait l’exercice d’un désir de rectification et de correction qui appartient à la dynamique punitive (tout en pouvant lui ressembler) et qui viserait l’instauration d’un bien qui éventuellement en procéderait. § Par contre, il est aussi dans la nature de l’agent moral d’agir sur son milieu, autant physique que social, et d’employer ses ressources ainsi que sa détermination à en améliorer la qualité de sorte qu’alors, la présence du mal dans le monde deviendrait pour lui l’occasion d’exercer son libre arbitre, de galvaniser sa résolution, d’illustrer son courage et de recruter son effort en vue de les surpasser, afin de transformer, par une alchimie existentielle, les circonstances adverses qui, l’affectant à son détriment, deviennent réprouvables pour lui, en occasions bienfaisantes qui sont aptes à générer des situations plus agréables en même temps qu’un contentement, une satisfaction et un bonheur proportionnels à l’importance de cette réussite et à la plénitude de cet accomplissement.» — Plérôme.

[métaphysique]«L’en-soi est le principe intrinsèque en vertu duquel les choses sont ce qu’elles sont et deviennent ce qu’elles deviennent, conformément à une essence à la fois concevable et ineffable qui est inhérente à leur nature substantielle propre.» — Plérôme.

[moralité]«Ce qui règne «au-delà du bien et du mal», pour reprendre une expression qui fut aussi le titre d’une œuvre de Nietzsche, ne peut être que le bien pur et absolu, puisque alors les forces qui chercheront à en atténuer la présence et la manifestation auront cessé d’en prévenir la plénitude de l’actualité et le rayonnement de son action chaleureuse et bienfaisante.» — Plérôme.

[moralité]«Puisque le mal qui se commet ne résulte pas uniquement d’un choix moral, mais qu’il incarne aussi en la conscience de l’agent moral un principe de vie, et qu’il est dans la nature de toute vie de tendre à se perpétuer et à se reproduire au meilleur de sa capacité, tout mal répondra donc à un principe de la contagion, puisqu’il tendra à se répandre, par influence et par sympathie, il requerra, pour s’en défendre, une action positive et énergique, se réalisant tour à tour dans la discipline qui apprend à lui résister et dans la coopération et la solidarité qui suscite l’entraide des particuliers, en vue d’empêcher et de prévenir que la pureté et la bonté des natures ne subissent l’influence expansionniste et corruptrice de ces éléments qui, étant moins parfaits, pourraient altérer et trafiquer l’essence qui en révèle la valeur estimable.» — Plérôme.

[mythe]«Ceux qui rejettent intégralement, sans examen, le mythe risquent de n’en pas apercevoir la vérité profonde et éternelle qu’il recèle.» — Plérôme.


[pensée]«Le passé ne doit pas servir d’étouffoir à l’avenir, tout comme une perspective sur celui-ci ne doit pas faire fi du passé: car autant il serait injuste de nier la vérité qu’ont proclamée haut et fort de nombreux grands personnages de jadis — parmi lesquels certains sont allés parfois jusqu’à verser leur sang en témoignage de la valeur intrinsèque indéniable de leurs convictions, de leurs croyances et de leurs enseignements —, et qu’il serait inopportun de ne pas incorporer leurs préceptes aux directions qu’emprunte et que se donne la société, en prévision d’un avenir meilleur et en raison de la sagesse incontournable qui inspire et infuse leur contenu, autant il serait inique d’empêcher la production d’initiatives nouvelles, en invoquant, en guise de justification, la lettre d’une tradition figée qui chercherait à reconstituer un passé qui n’est plus, en réponse à une nostalgie qui prétendrait ramener l’humanité à des jours meilleurs, et non en proposant de créer (ou de recréer) les conditions qui sont essentielles à la production d’un tel état et en faisant appel à une imagination renouvelée, mais non sans reconnaître la valeur qui réside dans les formes de la pensée, issues des consciences ancestrales.» — Plérôme.

[philosophie]«Devant une problématique apparemment insoluble, soit que sa solution apparaisse, en raison de sa complexité, comme étant insaisissable, soit que cette complexité requiert un génie plus développé que celui que l’agent est préparé à illustrer, soit encore que l’effort requis afin de produire une solution plausible, ou de comprendre une solution proposée, serait prohibitif, en raison des limites de la science et de la technologie, ou plus grand que celui que, par inclination déontologique ou morale, il est prêt à dépenser pour l’élucider, le stratagème adopté pour obvier à toutes ces difficultés, sauf à devoir reconnaître celles-ci, est analogue à celui qu’emploie le général d’une armée lorsqu’il cherche à avantager ses soldats par le choix du meilleur terrain disponible sur lequel livrer la bataille, et consiste souvent à proposer à l’intelligence un problème alternatif dont les avenues de solution sont à la fois plus aisées à parcourir et plus prometteuses de conduire à une résolution heureuse.» — Plérôme.

[philosophie]«En se situant au plan de l’idée, la philosophie touche implicitement à la dimension de la perfection: car si elle ne constitue pas une recherche formelle de la perfection, autant au plan de l’appréhension, de la conception et de l’articulation de son essence qu’à celui de sa réalisation concrète au plan de la nature, elle se voue à croupir dans l’insignifiance et à sombrer dans l’oubli, puisqu’elle manque à la véritable vocation de la pensée et de l’activité philosophiques., à savoir celle de toucher à l’essence métaphysique, transcendante, universelle et éternelle des essences, y compris dans la plénitude de leurs formes réelles.» — Plérôme.

[philosophie]«Étant la théorie épistémologique qui développe ses idées uniquement à partir de l’expérience sensible, c’est-à-dire de l’expérience telle que les sens peuvent la révéler à la conscience, l’empirisme en vient à concevoir la possibilité comme étant seulement l’expression manifeste la plus élevée de l’expérience ou encore l’exacerbation adventice de la réalité, à l’intérieur de la temporalité qui règle ce processus, telle que l’expérience sensorielle autorise à la concevoir, de sorte qu’à la limite, l’on ne saurait affirmer comme existant une réalité qui se refuserait explicitement aux sens. D’où cette réflexion du cosmonaute qui, en orbite autour de la terre dans son vaisseau spatial, ne peut confesser l’existence de Dieu puisque Celui-ci ne s’est pas matériellement révélé à lui. Or, dans la démarche empiriste, nulle place pour l’induction, ni encore pour l’intuition qui, à partir du connu, procéderait vers l’inconnu et, en ce cas-ci un inconnu qui dépasse non pas l’entendement lui-même, mais la possibilité pour lui d’en concevoir, d’une manière déterminée, à la fois l’immensité de la grandeur et l’infinité de la puissance.» — Plérôme.

[philosophie]«Il existe une dimension créatrice à la philosophie qui résulte indirectement de l’activité heuristique en laquelle elle s’engage: car en découvrant, en apercevant et en systématisant un courant ou un mouvement de pensée auparavant inédit, qu’elle isole de son champ épistémologique et sociologique qui les occultait, pour les révéler à l’ensemble des communautés idéologiques qu’ils pensent intéresser, elle leur procure une crédibilité théorique et intellectuelle, digne d’inspirer les consciences, éventuellement d’une manière qui les permette de surpasser les courants et les mouvements de pensée qui prévalent jusqu’alors, dont la naissance et la perpétuation historique se sont produites et se sont effectuées selon un processus analogue. § Par contre, cette nouvelle forme de la pensée est effectivement digne de figurer d’une manière durable parmi les orientations idéologiques majeures de l’histoire, lorsqu’elle puise à la vérité d’une manière qui est originale et profonde, puisqu’elle illustre alors la légitimité de la faculté créatrice de l’esprit de l’humanité, tout en remplissant l’intérêt premier de la raison à être l’instrument par excellence de la conscience et de l’intelligence, lorsqu’elles se communiquent adéquatement aux autres consciences philosophiques. § Autrement, elle s’inscrit parmi les modes et les tendances intellectuelles éphémères, dont la précarité épistémologique est la suite directe de la superficialité et de a marginalité épistémologiques qui la caractérise, lorsqu’elles se comparent à une appréhension effective de la Vérité sous sa forme la plus absolue et la plus compréhensive, telle qu’en puissance, elle est susceptible d’être reçue par la conscience de l’homme, dès les premiers instants de son apparition à l’intérieur du schéma de la création, et telle qu’elle se trouve illustrée par les esprits les plus réalisés du genre humain, qu’elle naisse spontanément à l’intérieur des intelligences particulières qui la manifestent ou qu’elle soit le résultat d’un enseignement ou d’une inspiration qui expriment la solidarité des consciences les unes avec les autres et leur rapport à la Forme suprême que prend la conscience, supérieurement active et intellectuellement achevée.» — Plérôme.

[philosophie]«L’on devient pleinement philosophe seulement lorsque l’on réalise pratiquement les plus hauts principes de cette discipline: ainsi, le titre noble et distingué du philosophe convient-il seulement à celui (ou à celle) qui non seulement a acquis la sagesse théorique, de par la connaissance, implicite ou explicite, qu’il a acquis et qu’il possède de la loi éternelle et universelle qui régit et dynamise la création et qui est immanente à la vie qui en informe l’essence, mais qui encore réussit à mettre en pratique, au gré des circonstances et des défis qui s’offrent à la conscience individuelle, les plus hautes maximes qui découlent de cette loi.» — Plérôme.

[philosophie]«La moralité épistémologique ne saurait consister en la prétention qu’afficherait un esprit à tout savoir, puisque l’omniscience ne saurait être la véritable finalité de l’homme, vu que la possibilité d’acquérir un savoir véritablement universel, embrassant tous les champs épistémologiques, applicable à toutes les cultures et valable pour toutes les époques, échappe par nature à la capacité de son intelligence, sans rien enlever, cela étant dit, à l’incroyable potentiel qui caractérise l’intellect humain: elle consiste plutôt à reconnaître humblement que l’ignorance est une qualité constante de l’état que réalise la conscience intellectuelle, que celui-ci exprime une carence, à des degrés divers, de son actualisation et que le véritable discernement, comme le vrai courage, consiste à faire l’intuition des thèmes du savoir qui sont cruciaux à l’avancement de la connaissance humaine et à les élucider, en opérant les choix théoriques et pratiques qui s’imposent en ce sens et qui consistent reculer les frontières de l’ombre qui offusque l’illumination de la conscience par le rayonnement de la vérité, alors même que cette action risque de révéler des avenues inattendues, compliquées et peut-être même risquées, par le danger que court l’esprit de s’engager dans des ratiocinations superficielles, stériles et incessantes, pour ceux qui désireraient s’aventurer à explorer, jusqu’à son ultime destination, le tracé périlleux qu’elles laissent entrevoir.» — Plérôme.

[philosophie]«Le meilleur argument que le penseur puisse opposer à l’empirisme sensualiste est la raison elle-même: car si celle-ci n’existe pas, pourquoi alors fonder la possibilité même d’une argumentation qui puisse légitimer la justesse de cette position, sa pertinence épistémologique et son orientation idéologique; et si elle existe, comment en démontrer l’existence en évoquant le critère de l’évidence sensible — le pilier axiomatique de cette école — afin de juger de la validité épistémologique des jugements susceptibles d’être énoncés par ses partisans afin de fonder sa science ?» — Plérôme.

[philosophie]«Le nihilisme professé par certains est le rappel à la conscience, et peut-être même pour certains la nostalgie, du néant dont fut tirée la Création, puisqu’il devient pour elles un principe de l’existence ou de l’action.» — Plérôme.

[philosophie]«Plutôt qu’être une discipline et une science qui se construit sur les vérités adéquates aperçues antérieurement par les grands esprits de l’humanité, la philosophie se serait-elle engagée plutôt dans un mouvement de fuite en avant qui, en énonçant des principes novateurs qui ignorent leur rapport à une vérité historique et transcendante, s’éloignerait de l’idéal épistémologique qui seul peut fonder et apporter une connaissance juste et profonde et illustrerait la brillance apparente des esprits qui les énoncent actuellement, en laissant le soin aux penseurs qui appartiendront aux générations successives et futures de confirmer, s’il y a lieu, la qualité extraordinaire du génie qui fut auparavant gratifié de recevoir ces intuitions incomparables ?» — Plérôme.

[philosophie]«Toute philosophie suppose une forme de metanoïa, une manière de transformation intérieure par laquelle la conscience aperçoit la réalité sous un nouveau jour, soit en l’appréhendant réellement, dans ce qu’elle a de plus profond ou de plus essentiel, soit en rapport avec la direction que prend le mouvement qui est inhérent au déroulement de la potentialité de sa nature, lequel ne saurait être par définition actuel ni aperçu véritablement comme l’étant, n’ayant pas encore abouti et ne s’étant pas encore manifesté dans son actualité. § Par contre, toute pensée repose sur une base, un fondement qui en recèle la puissance d’accéder à la vérité, dont l’attribut sera d’être plus ou moins complète et plus ou moins profonde, selon l’essence qu’elle parvient à révéler à la conscience, lorsqu’elle aspire à la perfection et que, par conséquent, elle manifeste une tension à réaliser cette fin: ainsi, le problème de la metanoïa se préoccupe aussi, et peut-être même essentiellement, de concevoir et d’actualiser la transformation de cette virtualité en réalité théorique et conceptuelle. § Or, par définition, ce qui n’est pas la conception de la vérité, ou ce qui n’est pas encore une conception intégrale de la vérité, est en réalité l’ignorance, à savoir un état négatif, c’est-à-dire a-véridique, qui se maintient dans cette négativité, soit en raison de l’inertie propre à l’automatisme d’un habitus, soit par la disposition contraire ou soit par l’inclination accessoire à ne recevoir et entretenir des conceptions fausses, en raison de la distraction intellectuelle qui subvertit le processus d’un épanouissement intellectuel de bon aloi, lorsque sa poursuite motive l’esprit qui s’engage dans ce sens, une distraction qui peut simplement résulter de la priorité, accordée par la conscience, à l’état intérieur du contentement, procédant d’une homéostasie accidentelle entre les conjonctures exogènes et endogènes à l’organisme, alors que tous les désirs immédiats semblent comblés par l’ordre naturel et social qui prévaut, sans que ne soit prévisible ou même anticipé un changement dans cet ordre, en raison de la suffisance que génère en la conscience cet état qui ne laisse supposer aucune imperfection, aucune déficience ou aucune lacune. § Ainsi, étant satisfait de son sort, l’esprit ne saurait remettre en question les schémas intellectuels qui sont associés à l’ordre de son expérience — et peut-être même cherchera-t-il à le justifier et à le préserver, en imaginant, en concevant et en produisant des schémas théoriques et explicatifs additionnels, afin d’étayer une fortune heureuse, sans devoir s’inquiéter des aléas qui peuvent survenir à l’intérieur d’un état extérieur qui ne tombe pas sous le contrôle immédiat de la volonté. Cette telle démarche comporte alors toutes les caractéristiques de la subreption, alors que le contenu de la subjectivité  devient le gage d’une normalité existentielle et le reflet d’une constance objective, comme il représente les principes qui président à leur maintien et à leur continuation. § Par ailleurs, nul ne saurait remettre en cause le principe selon lequel la connaissance de la vérité, si relative fût-elle, vaut plus que l’ignorance que l’on en aurait et que c’est l’immaturité intellectuelle qui caractériserait à la fois l’état de la personne qui baigne en cette ignorance et l’attitude subjective dans la conscience qui souhaiterait qu’elle se perpétue indéfiniment, même si rien dans l’expérience ne suscitait les conditions aptes à provoquer le passage qu’elle pourrait accomplir du non-être de la vérité à sa plénitude. L’ébranlement de la conscience et l’instanciation du mouvement vers cet accomplissement représenterait donc le moment initial pratique de la metanoïa et interpelle l’esprit analytique à saisir quelles pourraient être les conditions, objectives ou subjectives, susceptibles d’en susciter l’apparition à l’intérieur de la conscience individuelle et/ou collective. § Ainsi pourrait-on dire que la metanoïa est le passage d’une raison subjective qui se complaît en un habitus conventionnel de la pensée et de l’action à l’appréhension de plus en plus profonde et complète d’une raison objective qui lui échappe pour l’instant, mais qui repose sur l’intuition initiale — tenant lieu de découverte lorsqu’elle ébranle la conscience d’une lumière nouvellement aperçue — qu’il existe une raison supérieure, extérieure à la sienne propre, qui puisse prévaloir sur elle. Et que c’est la tâche de l’éducateur, pour ne pas dire sa mission ou sa vocation, au sens le plus large et le plus élevé de ces termes, de conduire l’esprit hors de l’état d’ignorance relative en lequel il baigne, peut-être conforté à y demeurer par les aléas d’une conjoncture heureuse, mais incomplète, vers un état d’aperception véridique de plus en plus intégrale, et donc de savoir susciter le processus par lequel la finalité d’initier et de réaliser la metanoïa trouvera son accomplissement, en prévoyant pourtant que, en raison même des conditions qui entretiennent l’état de l’ignorance primitive, un refus ou une résistance caractériseront cette démarche et que seuls, une résolution ferme à les surmonter ainsi que la production par la volonté de l’effort subséquent permettront de les dépasser. Les récits du jeune homme riche du Nouveau Testament et de la lutte de Jacob avec l’Ange dans l’Ancien Testament ne sont que des exemples qui servent à la confirmation de cette thèse du refus ou de la résistance à la metanoïa.» — Plérôme.

[philosophie]«Une pierre jonchant le sol, de taille moyenne et légèrement aplatie, telle pourrait être la représentation et le symbole, peut-être caricaturaux par la simplification qui les produisent, du Dasein heidegerrien: c’est que déjà ce concept prend l’aspect réducteur d’un objet que l’intellect situe et détermine en un lieu précis, sans faire intervenir ni la subjectivité d’une vie qui est consciente de son état, ni celle de la conscience vivante qui en appréhende la réalité.» — Plérôme.

[politique]«L’on oublie trop souvent que la thèse de la séparation de l’Église et de l’État, qui représente en réalité une régression idéologique, puisqu’elle s’inspire d’un principe politique, idéologique et pratique qui prévalait effectivement avant la reconnaissance du Christianisme par Constantin et qu’elle est, en même temps, une théorie de la distinction de la conscience sociale de l’État, dont l’Église — l’assemblée des fidèles animée par une même foi en Dieu et une même conscience religieuse en procédant — est le fondement idéologique et le principe de son influence active, généralisée à l’ensemble de la société, et de la conscience uniquement existentielle de sa réalité, qui réside dans sa capacité à garantir la survie politique et économique de la société, sans s’en référer pour cela à une notion métaphysique et transcendante de la société et de la culture, et de la responsabilité concomitante à réaliser ces impératifs mondains, que garantit l’action d’une élite sur la population, en constituant pour elle un ressort législatif et juridique, fondé sur l’assentiment général, constitutif de la paix sociale, au maintien de la société, à sa continuation dans le temps et à son enracinement dans l’espace.» — Plérôme.

[politique]«La kleptocratie a pour résultat l’exclusion économique de l’homme honnête — celui qui n’a pas recours à de tels expédients —, et elle en représente éventuellement la mort sociale, par la privation des moyens objectifs de sa participation à la société, dès lors qu’il persiste sur la voie de l’intégrité et de la droiture morales.» — Plérôme.

[politique]«La thèse politique de la séparation de l’Église et de l’État, c’est la naissance de la religion de l’État, en raison de la nécessité pour l’État de fonder sa raison d’être, son existence et sa pérennité sur une croyance commune qui réunisse les consciences citoyennes et que, ne désirant la trouver en une doctrine religieuse et transcendante à laquelle les membres de la société pourront s’identifier, l’État se met dans l’obligation d’inventer une mythologie et un rituel qui puisse réaliser cet effet, tout en ancrant leurs principes sur une réalité qui apparaisse à tous comme n’étant pas identifiable à une forme religieuse établie.» — Plérôme.

[politique]«Le pouvoir politique devient inquiétant lorsque sa conservation constitue l’unique justification de sa raison d’être: car un pouvoir ne doit jamais être en soi une fin, mais uniquement un moyen, celui de viser, de parcourir, éventuellement d’atteindre et de perpétuer un but qui est en même temps bon, c’est-à-dire à la fois utile à la vie et susceptible d’assurer son épanouissement et contribuer à sa perfection, autrement il constitue un bien social uniquement en raison du partage qui lui est associé, de l’importance et de la sécurité qu’il accorde, sans que ceux-ci ne s’inscrivent à l’intérieur d’une démarche morale. § Ainsi le pouvoir devient-il, en la personne de l’agent qui l’exerce, la capacité pour lui de se perfectionner elle-même, en recherchant l’accomplissement de fins qui sont elles-mêmes, en raison de la perfection qui est inhérente à leur essence, susceptibles d’une amélioration infinie à l’échelle de l’éternité.» — Plérôme.

[politique]«Un fonctionnaire qui n’a pas un niveau de conscience suffisant pour appréhender le bien que son action professionnelle aurait la possibilité de réaliser, qui n’est pas enclin à produire cet effet, n’ayant ni le courage, ni la fibre morale, ni la vision que requiert cette action, ou qui ne dispose pas de la liberté d’action susceptible d’initier et de produire les actions qui mènent à son actualisation, est donc condamné à perpétuer l’inefficacité de l’institution qui cautionne par inertie, peut-être même en servant les desseins implicites de l’organisation qui l’emploie et du régime que celle-ci représente activement au sein de la société qu’elle dessert et de la population qui la compose.» — Plérôme.

[psychologie]«Il est dans la nature de la personne humaine que son esprit, fatigué de l’exercice incessant, sans repos ni interruption, à développer sa lucidité, ou encore abattu par la contemplation des implications que comporte cette intelligence claire et limpide pour l’entendement humain, qui en vient à saisir, par elle, avec profondeur et pénétration, sagesse et pondération, les conséquences morales et physiques de ses jugements et de ses actions, cherchera à se créer un univers artificiel qui lui permette un répit et peut-être même lui redonne le courage et l’espérance de pouvoir derechef envisager la réalité vraie et de conformer son intelligence à celle-ci, en l’autorisant à apercevoir les choses telles qu’elles sont; les inclinations théâtrales de la personne humaine deviennent alors, avec leur instanciation inspirée et leur spontanéité créatrice, l’expression de cette vacance que se donne l’intelligence, pour ne pas avoir à trop longtemps et trop exhaustivement contempler la vérité pure et inaltérée, surtout lorsqu’elle s’avère éprouvante par les souvenirs pénibles d’une expérience dévastatrice qu’elle est apte à réveiller dans la conscience.» — Plérôme.

[psychologie]«L’ombre jungien peut se concevoir comme étant l’agir d’un individu qui révèle, par sa qualité, une nature antérieurement constituée par l’expérience, mais dont le souvenir immédiat lui échappe, étant occulté, soit par l’oubli simple, consécutif au passage du temps qui effectue dans la conscience une sélection des souvenirs qu’il importe de conserver activement présents dans la mémoire, soit par les dynamiques émotionnelles, ainsi que leurs contreparties physiologiques, au sens large du terme, qui en forcent l’écrasement à l’intérieur de la mémoire, et dont la réminiscence, parfois occasionnée par un choc existentiel et une transformation radicale des conditions de l’existence, permettra d’en retrouver la valeur efficiente.» — Plérôme.

[psychosexualité]«Au plan de l’action, la complémentarité des identités psychosexuelles se réalise dans la confluence du visible et de l’invisible: car l’on peut dire en général que l’efficace de la femme s’opère plutôt au plan subtil et invisible des influences; alors que, pour l’homme, le phénomène est inversé, et que son efficace se manifeste et s’exprime de préférence au plan physique et visible des actions concrètes; quant à la qualité morale de la complémentarité, elle se laisse estimer à la bonté des actions qui les manifestent, lorsque leur finalité intrinsèque ultime se résout sciemment dans l’accomplissement du bien auquel chacun concourt librement, à la mesure de ses moyens et de ses talents.» — Plérôme.

[psychosexualité]«L’on ne saurait affirmer que l’instinct de survie, le désir de vivre ou la volonté de puissance existent plus intensément chez l’un ou l’autre, la femme ou l’homme, mais simplement qu’ils s’expriment différemment, en vertu de la nature particulière à l’un et à l’autre genre distinctif et de leur convenance au schéma socio-culturel que la société à laquelle ils appartiennent, à l’intérieur de la tradition qu’elle a engendré pour eux, sous la forme que prend l’expression normative et usuelle de leur identité phylogénique et de l’identité individuelle qui lui correspond, façonnée au gré des expériences et de la liberté qu’elles interpellent à illustrer.» — Plérôme.

[psychosexualité]«L’aperception sympathique et l’appréciation mutuelle que se portent les deux sexes autorise à une communication de l’amour qui infuse et amplifie leur sentiment et qui, tout en ne niant pas la distinction avec laquelle ils éprouvent respectivement ce sentiment et cet état intérieur l’un pour l’autre, autorise à leur expression et à leur manifestation de la façon la plus complète, la plus profonde et la plus accomplie qui soit.» — Plérôme.

[psychosexualité]«L’illusion la plus réconfortante pour l’homme, mais aussi peut-être la plus trompeuse pour lui, c’est d’en arriver à croire que, dans le jeu de la séduction, son habileté à le jouer puisse l’emporter sur la subtilité des stratagèmes érotiques de la femme et le charme du charisme séducteur qui lui appartient naturellement, lorsqu’ils s’illustrent à ce plan.» — Plérôme.

[psychosexualité]«Selon un schéma idéalisé et épuré de leurs natures psycho-sexuelles respectives, l’observateur impartial pourrait proposer que le propre de l’homme est de transformer, par son action, la possibilité qui est présente en la personne ou en la chose, en l’actualisation qu’il peut en accomplir; alors que celle de la femme serait de produire l’effet complémentaire, à savoir de faire se révéler, dans l’actualité qui est manifestée, la latence subtile, souvent imperceptible, qui permet d’espérer l’actualisation d’une possibilité encore plus grande.» — Plérôme.

[psychosexualité]«Serait-ce que la communion banale, prosaïque et commune des sexes serait devenue le sacrement profane qui définisse la nouvelle religion contemporaine qu’engendre la doctrine de la laïcité politique et informe les rapports qui existent entre les adeptes et les prosélytes qu’elle se gagne?» — Plérôme.

[raison]«La brutalité rationnelle consiste en l’usage abusif de la raison afin de transmettre et de communiquer ses principes, en vue d’imposer, — i.e. de faire prévaloir, d’une manière autoritaire et impérieuse, et de procurer une efficace — à une opinion qui est soit non-avérée, soit incomplète et par conséquent déroge et se montre inadéquate à l’expression de la vérité bien entendue.» — Plérôme.

[raison]«Si lucide, si limpide, et si sage que soit la raison, lorsqu’elle énonce les principes qui l’inspirent et les propose à l’examen de la raison de ses semblables, elle est trop souvent condamnée à échouer devant la mauvaise foi et la mauvaise volonté qui lui sont éventuellement opposées, puisqu’elle se heurte à la cécité intellectuelle et spirituelle qui les caractérise.» — Plérôme.

[raison]«Une recherche approfondie nous enseigne que le «Credo quia absurdum est», attribué à saint Augustin mais censément inspiré d’un passage que l’on retrouve chez Tertullien, n’aurait jamais été prononcé ou tout au moins n’aurait aucun fondement historique: pourtant, cette sentence est devenue un trope qui, en raison de sa pérennité et de sa persistance, ne cesse d’illustrer une tension réelle entre l’inexpliqué, et peut-être même le mystère inexplicable, et la raison dont la perplexité rend son élucidation plus attractive à l’esprit que la connaissance de tous les méandres empruntés éventuellement par l’esprit, afin de se rendre plus familière la réalité et éventuellement l’apprivoiser, en la remodelant dans l’intellect et en construisant un univers mental qui soit moins réfractaire à l’intelligence qu’il peut en acquérir et aux explications qu’il pourrait en formuler. § Pourtant, si cette phrase a surgi des tréfonds de l’inconscient collectif et si elle possède une telle longévité, en apparaissant en certaines instances où la raison semble impuissante à conforter l’esprit avec une pénétration intellectuelle, suffisante et satisfaisante, c’est qu’elle illustre un défi qui est constamment posé à la raison, en raison de la conjoncture événementielle énigmatique qui oppose la raison à elle-même, en évoquant, pour l’expliquer, des raisons qui pourraient éventuellement lui échapper, tout en étant parfaitement intelligibles, en partant d’une raison plus compréhensive et universelle. Car celle-ci serait susceptible d’inclure des mobiles irrationnels — non pas négateurs de la raison, mais obéissant à une raison ancrée dans la réalité de la nature des choses, la plus évidente de laquelle serait celle qui est désignée par le vocable de «la vie» —, des mobiles empiriques dont l’essence surpasserait l’intelligence immédiate et ponctuelle que l’esprit en possède et qui sert les déductions, les analyses et les conclusions de la raison. § En somme, le «Credo quia absurdum est»  pourrait en réalité signifier «Credo quia est, quanquam absurdum videtur», et inviter à formuler une interprétation qui invoquerait la présence, pour le moment inconcevable, d’une raison supérieure: soit qu’elle soit présentement inaccessible à la conscience de l’homme, en vertu d’une perfection que celle-ci serait susceptible d’atteindre un jour, avec la progression historique de son intelligence, mais qui lui échappe encore pour le moment; soit qu’elle requière à la fois qu’elle admette son impuissance effective à dépasser les cadres de l’entendement naturel dont elle est douée et qu’elle reconnaisse le besoin qu’elle reçoive, d’une provenance alternative, des lumières qui lui permettront de découvrir un sens — et donc une signification — aux phénomènes qu’elle éprouve, une fin qui risque de lui échapper toujours, en raison d’une limitation inhérente à sa substance et que, pour cette raison, elle ne saurait espérer dépasser.» — Plérôme.

[reconnaissance]«La reconnaissance adéquate, de la valeur et du mérite de son semblable, a pour fondement à la fois la capacité d’un regard désintéressé sur le non-moi et la formulation, implicite ou explicite, d’un critère objectif adéquat, représentant un idéal susceptible d’être valorisé et contre lequel jauger l’aperception que le jugement entretient à son égard, en formulant une appréciation qui soit véridique et réelle quant à la présence effective de l’idéal qui est recherché: d’où il ressort qu’en l’absence, soit d’un l’idéal formel contre lequel évaluer cet état actuel, soit de la disposition requise à le réaliser, soit de l’aperception adéquate et de l’exercice efficient de la faculté de l’esprit qui produit un jugement vrai, aucune reconnaissance n’est susceptible de refléter adéquatement l’excellence d’une réalisation actuelle qui soit le fruit de son agence.» — Plérôme.

[reconnaissance]«Même le don qui est accompli avec abnégation, en révélant la plus entière des gratuités, n’abdique pas de la reconnaissance qui lui est naturellement et légitimement due, puisque la reconnaissance est la réponse spontanée de la conscience à la générosité dont le sujet moral a la grâce de bénéficier, mais elle ne saurait s’attendre à ce que la gratitude qu’elle inspire soit moins gratuite que le geste qui en est à l’origine.» — Plérôme.

[renaissance] «Tous ont-ils la possibilité de s’illustrer, conformément à leur créativité et à leur ingéniosité, comme tous, s’étant montré préparés à le faire, ont-ils la possibilité adéquate de se voir reconnus, autant en raison de la qualité de leur contribution qu’en vertu de la valeur réelle qu’elle prend pour le bien actuel et l’avenir prometteur de la collectivité ?» — Plérôme.

[sagesse]«Faire et agir d’abord, puis philosopher ensuite: voilà la devise du héros; philosopher d’abord, puis faire et agir ensuite: voilà celle du saint; ces deux formes de l’accomplissement de la personne vertueuse représentent en outre les deux moments de la sagesse, l’action et la contemplation, ainsi que les deux inclinations de la conscience, la réflexion de l’intelligence et la poésie de la raison.» — Plérôme.

[sagesse]«Un aphorisme ou une maxime qui comportent une résonance juste et générale résume souvent de nombreuses années d’une expérience variée et d’une vie aussi complexe qu’elle fut intense et ils surgissent tels une leçon de sagesse, en couronnant le temps qui en ont rendu possibles le vécu et la réflexion, ainsi que la perspicacité, qui accompagnent la recherche d’un sens aux événements dont la conscience fut le témoin durant cette période. § La question épistémologique que soulèvent ces formulations: au nom de quel principe seraient-ils susceptibles alors d’être interrogés par la conscience qui en reçoit et en critique le contenu, alors que sa propre maturation n’inclut pas la même somme, la même profondeur et la même intensité des expériences, semblables ou analogues, que celles éprouvées par leur auteur, ni la nature ou la qualité de l’intelligence qui les ont rendu possibles ?» — Plérôme.

[société] «C’est un drame lorsqu’une personne est appelée à vivre sa vie sans avoir découvert à celle-ci un sens véritable, profond et inspirant, mais c’est encore et surtout une tragédie lorsque tout un ensemble social existe, sans qu’aucune finalité, extérieure à sa propre réalité et digne d’être tenue pour hautement estimable, pour ne pas dire sacrée, n’anime l’âme collective qui l’habite, tout en prétendant néanmoins constituer pour ses membres la raison d’être essentielle, nécessaire et irrévocable de leur existence sociale.» — Plérôme.

[société]«À l’intérieur d’un système dynamique, ou lorsqu’un agent tente d’agir sur un système dynamique, trop tôt ou trop tard, le résultat qu’il atteint effectivement, ou qui est la conséquence qui s’ensuit réellement de son action, obéit à un principe temporel: lorsque l’agent souhaite connaître un résultat positif, c’est-à-dire bienfaisant et agréable, mieux vaut pour lui d’agir diligemment et ponctuellement; mais lorsqu’il s’agit d’éviter la production d’une conséquence négative, mieux vaut alors d’effectuer une action dilatoire dont le risque d’aboutir est minime.» — Plérôme.

[société]«En pratique, sinon en principe, une distinction s’impose généralement entre la manière d’être que chacun choisit d’adopter avec ses collègues, ses subordonnés et ses connaissances et celle qui caractérise les rapports avec ses proches, ses familiers et ses amis. § Pourtant, cette dichotomie qui s’effectue dans la conscience, entre le monde professionnel et le monde personnel, lorsqu’il s’agit pour lui d’envisager la nature des relations entretenues avec ses semblables, pose problème pour l’unité de l’ensemble social et l’intégration des personnes à sa dynamique et à sa finalité lorsqu’une distinction étanche en vient à caractériser ces deux aspects d’une même existence, régie par une codification à la fois individuelle et sociale. Car au devoir et à la discipline qui sied principalement au premier, le penseur peut opposer la spontanéité et la créativité que l’on retrouve plutôt dans l’autre, comme à l’aspect informel et à la désinvolture qui caractérisent le second, l’on pourrait comparer le sérieux et le formalisme qui sont inhérents à celui-là. § Par ailleurs, nul ne saurait voir dans les uns et les autres de ces attributs, pour en légitimer l’existence, autre chose qu’un aspect positif et désirable, lesquels renvoient alors respectivement à une dimension de l’individualité intégrale à sa personne, un aspect qui ne saurait être a priori remis en question ni devenir passible d’une réprobation, sauf d’une manière conventionnelle, puisqu’ils émanent d’une même essence et d’une même puissance, celles de la vie. D’autant que chacun de ces éléments pourraient parfois puiser, selon le contexte, à l’esprit de l’autre afin de faciliter la qualité des rapports qui s’établissent entre les individualités et améliorer la bonté de leur efficience. § Ainsi, la situation formelle qui commande habituellement, pour la première d’entre elles, une concentration et une concertation des attentions, des énergies et des efforts afin d’accomplir une tâche urgente pourraient se voir augmentées et bonifiées, si elle incorporait en l’attitude de ses constituants la détente et la sérénité qui sont typiques de l’autre, alors que la situation informelle, risquant par moments de se perdre dans un état de désorganisation complète, subséquent au caractère informel des rapports, lorsqu’ils mènent à oublier les distances sociales qu’il importerait de savoir cultiver et respecter, afin de la maintenir et de la préserver, gagnerait à se composer et à adopter une façon plus contenue d’opérer. § Chacun serait par conséquent bien avisé de considérer les dimensions professionnelle et personnelle de la vie comme étant, non pas des aspects mutuellement exclusifs de l’existence, mais comme des pôles opposés à l’intérieur d’un continuum, lesquels peuvent parfois se fondre les uns dans les autres, mais peuvent aussi à l’occasion conserver une distinction claire et indéniable. Quant à savoir où, à l’intérieur de cette continuité, chacun serait susceptible de se situer en telle ou telle circonstance, la décision reposerait sur un usage judicieux du jugement expérientiel, qui évaluerait quelles sont les dispositions personnelles ainsi que les conjonctures naturelles et sociales qui sont en présence afin de savoir distinguer celles qui se conjuguent et qui se concertent pleinement et d’adopter l’attitude et les mesures qui sont adéquates, autant à la perfection des éléments qu’à une harmonie ponctuelle et bienfaisante, aptes à caractériser leurs efforts.» — Plérôme.

[société]«Qu’elle serait triste la société à l’intérieur de laquelle chacun serait valorisé, moins pour les bonnes actions, commises généreusement et héroïquement, que pour les mauvaises que l’agent moral réussit à accomplir impunément.» — Plérôme.

[société]«Quand en viennent à ne plus compter, dans l’esprit de l’ensemble social, que les incidents de la vie quotidienne, les relations qui se tissent entre eux, les interprétations anecdotiques qu’elles engendrent, afin de leur procurer une signification valable, et jusqu’aux mots eux-mêmes, utilisés afin d’étoffer leur propos, en viennent à perdre de leur sens, puisque n’exerçant aucun effet percevable sur leurs causes qui, n’étant pas clairement identifiées, ni quant à la source de leur provenance, ni quant à l’agent spécifique qui les ébranle, ni même quant à la nature de l’intention qui forme leur occurrence, sont implicitement acceptées comme primant sur les conditions que pourraient lancer contre elles ceux qui, en étant affectés, chercheraient à transformer et à améliorer la nature de leurs effets.» — Plérôme.

[société]«Une société fondée sur le principe du négativisme, dont elle promeut au besoin l’exacerbation, se vouerait elle-même à l’inertie et à la banalité de ses activités comme elle ne se préoccuperait que de préserver, d’une manière coutumière et quasi-rituelle, un certain modus vivendi, une condition vitale qui exigerait de ses membres qu’ils préservent et perpétuent l’homogénéité de leur état personnel, en pratiquant une économie de l’énergie dans les déplacements physiques (la parcimonie de leur effort) ou en encourageant le maintien d’un état stationnaire en lequel concentrer la dépense de leur énergie (le report de l’ailleurs), dont la conséquence serait de culminer éventuellement dans une activité futile et une mobilité minimales qui seraient le fait de tous.» — Plérôme.

[vérité]«En se fermant à la vérité, et en se défendant de ses principes, comme de leurs conséquences, en adoptant des interprétations qui, motivées par l’intérêt, déforment et transforment, en faussant ceux-là, la réalité qui s’offre à elle, la pensée risque aussi fort bien de mettre un terme à la possibilité d’actualiser la finalité suprême de sa nature et de son essence, une entéléchie qui achemine vers la vérité ultime, puisqu’elle engage l’intelligence de l’esprit sur la voie de l’infinité et de l’éternité.» — Plérôme.

[vérité]«Il est dans la nature de l’homme d’interpréter les maximes qui sont proposées à son intelligence morale, les obligations qui sont imposées à sa conscience par l’influence que celle-là acquiert sur elle, les paroles qui sont prononcées par ses semblables afin de conditionner ses choix ainsi que les situations qui lui sont offertes comme étant censées favoriser a priori leur effet heureux, quitte parfois à rejeter certaines vérités par trop inconvenantes, et parfois même déstabilisateurs, qui pourraient avoir l’heur de heurter le préjugé subjectif avantageux qu’il souhaite cultiver, entretenir et perpétuer dans le temps: tel est l’obstacle que doit surmonter, avec ténacité et courage, la conscience qui est engagée à découvrir et à défendre ardemment la vérité.» — Plérôme.

[vérité]«L’intelligence est à l’âme et à l’esprit ce que la vue est au corps: la faculté d’apercevoir clairement et fidèlement les choses, autant dans la singularité et dans la distinction de leur nature propre que dans celle de leur signification profonde, et par conséquent la place qu’ils occupent dans l’ordre de la réalité et le sens véritable que prend cet ordonnancement, autant quant à l’intention originelle et originale de leur définition que dans le principe et dans l’agence qui la leur confère, autant qu’à la perception de la réalité de leur existence que dans l’aperception de la possibilité inhérente à leur substance que dans l’adéquation avec laquelle communiquer leur existence que dans la formation de l’action qui les produiront effectivement et respectivement.» — Plérôme.

[vérité]«Même s’il est dans la visée du mensonge de trafiquer la vérité, et d’asservir celle-ci à des fins qui lui sont particulières, il ne saurait altérer la nature profonde de son essence, laquelle s’offre néanmoins à l’esprit sincère et perspicace qui cherche constamment à s’en infuser et s’efforce de l’atteindre d’une manière adéquate et constante.» — Plérôme.

[vérité]«Plus triste encore que de vivre à l’intérieur d’un monde que conditionne l’illusion, c’est vivre à l’intérieur de ce monde et en être conscient, mais sans posséder ni le désir, ni l’incitation, ni le courage d’en transformer l’existence pour le rendre pleinement conforme à une réalité, nullement déformée par les falsifications de l’onirisme: car telle est l’exigence de parvenir à améliorer ce qui est perfectible et à préserver ce qui est pleinement valable.» — Plérôme.

[vertu]«Il semble parfois que déjà, l’individu était estimé pour la qualité de la personne qu’elle est devenue alors qu’aujourd’hui, ce serait en vertu du contenu, du style et de la manière de penser, comparée à celle de ses semblables, qu’il serait maintenant digne de considération.» — Plérôme.

[vertu]«La vertu qui se pratique par esprit de crainte s’avère être en réalité un acte de soumission; seule la vertu qui embrasse spontanément l’action qu’elle informe et qu’elle produit est un gage véritable de la liberté personnelle.» — Plérôme.

[vertu]«La promotion de l’intérêt national, comme celle de l’intérêt particulier, ne devraient jamais refuser de reconnaître, en la personne de son semblable, les qualités éminentes qui lui appartiennent, et d’autant plus encore que ces qualités représenteraient ce qui, appartenant au caractère national ou individuel, sont tenues pour être les plus louables et dignes d’admiration par l’ensemble social comme elles seraient aptes à susciter l’émulation chez ces membres qu’elles inspirent et qu’elles motivent à désirer se surpasser et se perfectionner moralement.» — Plérôme.

[vertu]«La pudeur est l’‘orgueil’ de la vertu , puisqu’elle en manifeste obligatoirement la présence, lorsqu’elle réelle et authentique.» — Plérôme.

[vie]«Lorsque l’on sait que, en vertu des lois de l’auto-préservation, de l’inscription dans le milieu et de la permanence dans la durée, propres à tout organisme, voire à toute organisation, les actions commises et les propos émis pour les caractériser justifient le fait de leur existence, de sa propagation dans l’espace et de sa continuité dans le temps, il s’agit alors de saisir et de comprendre, au nom de la plénitude de la conscience à laquelle toute intelligence aspire, quelle est l’origine, la nature et la finalité de cette entité, au nom de laquelle la plupart de ses membres, sinon la totalité de ceux-ci, se montreraient prêts à sacrifier leur vitalité, et jusqu’à leur existence, individuelle ou collective, en vue d’assurer sa protection, sa maintenance et à sa perpétuation.» — Plérôme.

[vie]«Toute unité organique vivante, en raison de posséder le principe de sa naissance, de sa croissance, de sa subsistance et de sa perpétuation, se justifie (comme elle se critique) en vertu d’un ordre des valeurs, susceptible de représenter un idéal pour l’œuvre qui informe sa conduite et son action, mais elle se révèle effectivement, selon les qualités sous-jacentes et fondamentales qui la singularisent et qui vise, par les actes qui en témoignent, son enracinement dans l’existence, sans qu’elle ne sache être entièrement indépendante de celle qui est illustrée par les autres organismes et les autres organisations avec lesquelles elle partage en commun l’espace et les ressources qui sont nécessaires à leur bien-être mutuel et à leur continuité respective.» — Plérôme.