[Depuis le 18 mars 2013, avec mises à jour périodiques. — Since March 18th 2013, with periodical updates.]
[action]«L’action qui se fonde sur l’ignorance est au mieux aléatoire et au pire fautive; comme l’intelligence qui se résout dans l’inaction, lorsqu’une action est requise, se condamne à l’inefficacité de la virtualité: seule l’intelligence qui gouverne l’action et seule l’action qu’infuse la connaissance fournissent les principes et les valeurs émanant d’une jugement sain et peuvent produire un résultat satisfaisant, c’est-à-dire juste et valable, pour les situations et les circonstances sur lesquelles elles s’exercent; l’économique en procure le moyen, en multipliant la richesse et en fournissant les conditions matérielles nécessaires à cette fin; le politique en adjuge la valeur, en reconnaissant le mérite des sujets moraux qui y participent de leurs idées et de leurs efforts; et la liberté, pleinement actualisée, en réalise adéquatement l’accomplissement.» — Plérôme.
[action]«La conviction intime d’une personne — ses conceptions subjectives relativement à la forme la plus haute que prend éventuellement la perfection, quant aux idées-valeurs transcendantes (la bonté, la vérité, la beauté, la justice, la constance et la vertu) qui en sont le reflet et en traduisent la réalité, en vue d’assurer la permanence et la continuité de l’être — constitue le fond idéologique et moral auquel elle mesure son sens du devoir et les actions qu’il commande, autant quant à l’enthousiasme déployé à le réaliser que quant aux choix positifs et réels qu’elle effectuera, afin de qualifier l’excellence de son action ou de motiver l’inaction relative à laquelle elle se sent obligée de recourir.» — Plérôme.
[amitié]«Lorsqu’il s’en montre capable et que, en s’illustrant réellement, il se révèle à la hauteur de lui-même, le meilleur ami de l’homme est effectivement l’homme.» — Plérôme.
[amitié]«Toutes les amitiés ne présentent pas le même aspect et ne présagent pas d’une même issue: certaines amitiés sont comme le germe timide d’un brasier que le temps prépare à alimenter du combustible de l’expérience commune; alors que d’autres amitiés sont comme la faible étincelle qui sommeille parmi les cendres de souvenirs du temps qui s’est écoulé, de moments, parfois agréables et parfois éprouvants, passés ensemble et peut-être aussi d’occasions perdues; et que d’autres amitiés encore crépitent joyeusement et offrent au monde la lueur constante de cœurs qui entrent en une communion continuelle et constante, avec les joies qui subsistent et peut-être même éclatent spontanément, malgré les épreuves qui viennent en compromettre l’existence ou peut-être aussi grâce à elles; pourtant, même le brasier le plus intense peut, par négligence, se s’éteindre progressivement et entièrement; comme le plus petite étincelle peut devenir une source de lumière et de chaleur qui pourrait sembler inépuisable, en lui prodiguant le plus grand des soins.» — Plérôme.
[amour]«L’amour trouve son expression avec deux personnes qui se rencontrent autour de la liberté pleine et entière dont ils disposent, se désirant même avant de se connaître, puisque pressentant en leur for intérieur, voire généralement et confusément, l’absence de l’autre qui requiert d’être comblée, se complétant mutuellement, puisque étant constituées dès l’origine d’une substance identique, autant spirituelle que psychique, qui, tout en se distinguant à l’intérieur des personnes, répond entièrement à celle qui est présente en l’autre, et se perfectionnant dans la réciprocité de leur accomplissement personnel et individuel, puisque ne cessant jamais d’aspirer à la réalisation de leur propre complétude, comme à celle de leur amour, comme de celle également des personnes qui le vivent et l’éprouvent, à l’intérieur de la puissance harmonieuse et de l’énergie bienfaisante de la vie.» — Plérôme.
[amour]«L’occultation ontologique du rapport qui existe entre la sexualité et la phylogénie, en banalisant la relation entre les sexes et en réduisant l’intimité à n’être plus que l’occasion de vivre l’expérience d’un hédonisme sensuel, mène directement à l’entretien d’une séparation entre la sexualité et l’amour, par lequel le désir ontogénique de la personne d’autrui, en tant qu’il est un être en soi, en vue de son inscription à l’intérieur de l’histoire biologique et spirituel de l’espèce humaine — un désir qui s’exprime mutuellement et de manière désintéressée par chacune des individualités impliquées —, devient le motif essentiel du rapprochement intime et permanent entre les amants.» — Plérôme.
[amour]«Les «choses» — la substance subtile et insaisissable, immanente à la plénitude de la vie et nourrissant les âmes qui la recherchent —, se devinent mystérieusement, mais non moins réellement, entre deux êtres qu’accorde et que syntonise l’amour, pleinement, spontanément, mutuellement et avec abnégation.» — Plérôme.
[autrui]«Le principe fondamental de l’altruisme, et ultérieurement de l’abnégation, de l’héroïsme et du sacrifice, repose sur la prise de conscience que paradoxalement, le premier intérêt de l’homme, comme de chaque homme, consiste à manifester le courage de veiller d’abord à l’intérêt d’autrui, dans les moments critiques, puisque c’est uniquement avec cette kénose, cet oubli de soi qui peut aller jusqu’au sacrifice de sa propre existence, que réside le salut de l’espèce et le bien-être, dans la dignité, de la personne.» — Plérôme.
[communication]«Plût au Ciel que savoir manier les mots, ce fût aussi savoir reconnaître et transmettre le caractère indicible et ineffable de la vérité pleine et entière.» — Plérôme.
[communication]«S’il est possible de concevoir la parole comme étant le signe par excellence de la moralité de la personne qui la profère, lorsqu’elle révèle la qualité véritable de la nature de son intériorité, combien plus ne le serait l’action qui confirme en elle la présence de la bonté et inscrit la sublimité de ses virtualités à l’intérieur de la nature, physique et culturelle, de son entourage, pour l’informer à l’avantage de tous, à l’intérieur de la durée en laquelle elle s’exprime en vertu pour l’individu de réaliser sa destinée et, pour l’âme de tous ceux qui y participent, d’en éprouver la capacité sustentatrice et formatrice qui en procède .» — Plérôme.
[connaissance]«L’observation sélective procure les faits notables et l’observation systématique, les faits irréfutables, toutes deux renvoyant par le jugement à une catégorie préalablement définie qu’ils servent à confirmer: cette confirmation, se produisant sur une longueur de temps suffisante et un échantillon suffisamment grand et divers, fournit des conclusions apparemment indiscutables, relativement à cette catégorie, mais aucun fait ainsi obtenu ne saurait échapper à l’interprétation, laquelle suppose que lui soit attribuée la dimension sémantique de la signification, laquelle en illustre la raison d’être, autant en raison de la causalité que l’intelligence lui découvre que par la finalité qu’elle identifie pour lui, ainsi que la dimension morale, par le critère de la valeur qu’elle invoque et contre lequel elle la compare, ce qui lui permet d’en apprécier l’entière importance et d’en constater la bonté ainsi que la justice éventuelles.» — Plérôme.
[connaissance]«Lorsque la perspective que la conscience entretient sur l’objet dont elle fait l’estimation est pour l’essentiel gouvernée par la valeur qu’elle prend pour soi, il devient plus difficile alors d’en apprécier adéquatement la substance fondamentale et de découvrir la valeur qu’elle comporte en soi.» — Plérôme.
[conscience]«Ce n’est pas parce que la conscience n’aperçoit pas clairement la réalité qu’elle n’entend pas adéquatement que celle-ci ne compte pas; ce n’est pas parce que l’intelligence ne sait pas ce qui en caractérise les moments essentiels que ceux-ci ne l’affectent pas: tels sont les principes qui arguent en faveur du développement de la conscience et de la saisie réelle par l’esprit de la relation intime qui existe entre le monde de la nature et celui du vivant.» — Plérôme.
[courage]«Il existe un émoi moral purement esthétique, que caractérise le sentiment de la plus vive admiration pour l’action héroïque et vertueuse qu’illustre un compatriote, en l’absence de la résolution et du courage d’effectuer le passage du sentiment au désir, puis à la volonté et à l’action de manifester une disposition analogue, si jamais la situation se présentait d’avoir à témoigner à son tour d’une telle qualité éminente.» — Plérôme.
[courage]«La constance est l’illustration sereine et la manifestation tranquille du courage.» — Plérôme.
[culture] «S’il est bien vrai (selon la version de la Bible de Jérusalem) que "la cupidité (l’amour de l’argent) est la racine de tous les maux" (1 Tm 6, 10) et que "l’oisiveté enseigne tous les mauvais tours" (Ecc.23, 28), rien ne serait plus funeste alors, d’un point de vue moral, pour une culture, qu’une société oisive — celle qui, forte de ses richesses, s’abîme dans la complaisance et la suffisance et ne s’autorise à accomplir aucune activité bienfaisante qui ne risque de les entamer — ou qu’une société cupide — celle qui ne s’autorise à aucune activité, sauf celle qui est menée en vue de l’accumulation et de l’accroissement de ses biens —, l’une n’excluant pas l’autre, car ils deviendraient alors les moyens de sa décadence comme de la déchéance des hommes qu’elle encadre et qui la composent.» — Plérôme.
[culture]«L’histoire de la civilisation humaine consiste en l’actualisation de son perfectionnement moral, dont l’avènement est aperçu et conçu non pas d’une manière linéaire et progressive cependant, mais plutôt comme une alternance de pics et de vallons, d’une succession de périodes qui tendent soit vers l’apogée, soit vers la décadence de la culture de l’ensemble, qui comportent chacune différents degrés d’expression et qui pouvent caractériser différemment et alternativement des sous-cultures distinctes et confluentes, existant en un état de co-existence simultanée, avec l’espoir, suscité et encouragé par les autorités, que les moments florissants de son histoire le soient d’une manière durable et permanente, mais aussi avec le risque continuellement présent que ses virtualités latentes engendreront des périodes sombres et que leur exacerbation la feront basculer dans un état qui, ayant franchi un seuil critique, puisse s’avérer irrémédiable ou irrécupérable, si les membres de l’humanité sont laissés à leurs propres moyens: d’où l’importance accrue que prend en ces occasions la dimension surnaturelle de la vie humaine, comme de la vie en général, dans la conscience qu’acquiert l’humanité de ses ressources, de ses qualités et de ses virtualités, lorsqu’elle opère la constitution de l’univers qu’elle habite.» — Plérôme.
[culture]«La rencontre des cultures ne saurait faire l’objet d’une opposition, présentée au nom de la paix, susceptible d’être entreprise par le sujet moral, dès que la compréhension existe que chacune d’elles comporte une valeur intrinsèque, positive ou négative, puisqu’elle incarne, dans l’histoire et sur un territoire particulier, une forme expresse de la spiritualité; que cette valeur la distingue en même temps de toutes les autres, lorsque cette forme montre son originalité, ou se rapproche d’une originalité particulière dont elle ferait l’émulation ou encore la simulation; qu’elle est susceptible de les inspirer et de les édifier, comme parfois aussi de les rendre conscientes de leurs imperfections, lorsqu’elle s’illustre avec excellence; et aussi qu’elle comporte la possibilité, au plan de la transcendance, d’encourager et de faciliter une rencontre des spiritualités où règnent la conscience d’un héritage spirituel commun et l’amour de vouloir le réaliser, dans la mutualité des principes complémentaires et de l’espérance qu’elle fait naître en vue de l’accomplissement complet des idées-valeurs transcendantes que sont le bien, le vrai et le beau.» — Plérôme.
[culture]«Les bibliothèques, ces trésors du savoir et ces puits admirables qui recueillent en leur sein la connaissance de l’humanité, sont aussi la preuve concrète que, pour un grand nombre, le sens des mots leur échappe entièrement, et que, plutôt que d’exposer les œuvres qui sont leur réceptacle à l’ignorance d’esprits étroits, impréparés qu’ils sont à en goûter et à en apprécier la richesse, en préférant l’assouvissement intégral de leurs passions et de leurs désirs, ou simplement le maintien et l’entretien des impératifs de leurs conceptions singulières et fermées et en opposant à la sagesse qui serait issue de leur entourage, le mur grossier et impénétrable d’une surdité et d’une cécité intellectuelles qu’ils se complaisent à perpétuer, mieux vaut les conserver pour un autre temps et une autre époque, en lesquels les esprits, étant plus cultivés et plus ouverts à recevoir les enseignements élevés qui y sont contenus et préservés, mais que les générations de leur prédécesseurs ne se sont même pas montrées prêtes à examiner, pour en retour donner corps aux leurs et pouvoir les communiquer à leur tour à leur progéniture.» — Plérôme.
[écriture]«La communication qui est sans substance est superficielle et vide; le propos qui reste sans véhicule pour le répandre et le disséminer est inerte et inutile: l’écrivain est celui qui illustre à la fois l’importance de la spiritualité et la valeur sociale de la matière qui l’exprime, avant même qu’elle ne soit mise en circulation; car avant même la lecture que l’on puisse effectuer du texte rédigé, on retrouve la plénitude de la signification du propos qui se révèle par lui et qui repousse les frontières comme les barrières de l’ignorance; et avant sa publication, on découvre l’action intelligente qui se connaît, dans l’entièreté de la possibilité qui est la sienne d’inspirer et d’éduquer ses semblables, alors même qu’elle n’est pas encore concrètement réalisée, et qui, pour cette raison, est pleinement valable et désirable.» — Plérôme.
[éducation]«Le cœur de l’éducation, c’est ce qui reste de son essence, une fois qu’en disparaissent l’artifice formel de la pédagogie qui l’a produite, ainsi que les fins accessoires, contingentes à l’esprit de l’époque et aux conditions du milieu, qui sont mises de l’avant afin d’en justifier l’activité; ainsi, l’œuvre éducatrice est-elle invisible, dans la transformation intime qu’elle opère sur la personne qui en reçoit l’empreinte — pupille, élève, étudiant ou disciple —, autant par les raisons réelles qui produisent sur elle une action définitive que par l’effet véritable qui en résulte pour celle-ci à l’avenir.§ D’ailleurs, c’est plutôt en raison de la bonté effective des éducateurs, dans la poursuite de leur vocation, qu’il existe pour elle la possibilité d’une action valable, en raison d’incorporer une finalité désirables, puisqu’aucune activité ne mérite de passer pour être utile, qui ne rende pas meilleur, moralement autant que socialement, l’objet légitime de ses visées, en ce cas-ci le sujet moral qui est le bénéficiaire de son action: ainsi l’éducation salutaire est-elle avant tout une action éminemment morale que seuls des êtres moraux, des sujets qui s’assument pleinement, seront dignes de poursuivre et sa tâche sera autant de nourrir les idéaux et les fins qui les inspirent fondamentales, que de favoriser leur évolution et leur développement, à l’intérieur de la conscience, que de faire naître en ceux qui s’avèrent déficients en matière de responsabilité morale le désir, l’aptitude et la satisfaction de concourir à cette perfection, en eux-mêmes comme en leurs semblables.» — Plérôme.
[éducation]«Le danger de l’étude poursuivie à des fins utilitaires, c’est-à-dire d’une étude dont la fin réside, non pas dans la recherche de la vérité ou dans les transformations, mélioratives et valorisantes, de la personne, mais dans les buts empiriques et pragmatiques qu’elle cherche à atteindre, grâce à la réussite de son parcours, c’est que l’étudiant ne fasse ses «classes» que pour mieux, et le plus rapidement possible, oublier les principes sublimes qu’elle lui proposent d’intérioriser et d’assimiler et les leçons capitales qu’elles lui invitent à retenir, une fois que les objectifs visés ont été touchés, pour leur substituer les maximes concrètes et pratiques qui sont requises par les conditions de la situation ou des circonstances et qui permettront de composer ponctuellement et adéquatement avec le milieu auquel elles le destinent, sans égard pour la moralité que cette attitude peut desservir, ni pour les vies qu’elle pourrait affecter capricieusement et aléatoirement.» — Plérôme.
[éducation]«On ne saurait espérer lutter contre l’ignorance avec la connaissance, ni à la folie par la sagesse, et espérer les surmonter facilement ou rapidement, car il est dans la nature de celles-là de se montrer complètement réfractaires à tout ce qui, dans les consciences qu’elles habitent, révélerait, du sujet moral qui les accueille, le vide de l’esprit et la vacuité de l’expérience en lesquels elles se complaisent trop bien: il importerait plutôt de créer et d’établir progressivement les conditions qui permettraient aux consciences de retirer tous les bénéfices qu’il y aurait pour elles de développer leur intelligence et leur sagacité, malgré l’effort et la discipline requis à faire leur acquisition et à faciliter leur développement, à l’intérieur d’une expérience diverse, susceptible d’éprouver l’utilisation de toutes les facultés physiques et morales de la personne.» — Plérôme.
[enfance]«L’enfant est l’image vivant que la femme compose au moyen de sa propre matière organique et corporelle et il renvoie à l’intention de la société et de la culture, comme aux valeurs qu’elles encouragent à perpétuer, ainsi qu’aux motifs des procréateurs que l’amour inspire à désirer cette œuvre intimement conçue et à vouloir naturellement en témoigner, à leur regard ainsi qu’à celui du monde entier, en lui donnant la possibilité de naître et de vivre — sans nier pour cela l’apport nécessaire et essentiel de l’homme à cette magnifique œuvre procréatrice —.» — Plérôme.
[esprit]«Le lecteur n’a toujours raison, comme l’affirme le dicton, que s’il fait prévaloir son interprétation du texte sur l’intention de l’auteur, ou encore lorsque la vérité qu’il y prétend découvrir prime sur celle qui est lui implicite, lorsqu’il l’a composé, puisqu’elle renvoie à une vérité fondamentale qui appartient à l’esprit de la culture et/ou à l’esprit universel, dont éventuellement la signification et la matière échappent jusqu’à la conscience qu’en possède l’auteur, mais dont le propos qu’il transporte fit foi: ceci n’est pas dire que la conscience du lecteur doive abdiquer devant les enseignements que lui apporte l’expérience, ni qu’elle doive refuser de reconnaître et de se laisser inspirer par les principes, émanant de l’esprit culturel et/ou universel au service duquel se met le texte, dans la critique qu’il en apporte, lorsqu’il est appelé à en faire l’interprétation, mais seulement qu’elle doive faire preuve d’une abnégation suffisante pour saisir à la fois l’originalité et la vérité émanant de la sincérité de l’auteur, tel que le texte présenté permet de le découvrir, comme elle doit se montrer prête à inscrire son action critique à l’intérieur du mouvement de l’esprit qui se recrute, afin de réaliser son action, autant le génie de l’auteur que le jugement du lecteur.» — Plérôme.
[esprit]«Quel est le seuil critique du nombre de coïncidences, se présentant toutes dans le même sens à l’intérieur de l’expérience, requis pour que l’esprit lucide et critique conclue à l’expression d’une conscience, à la présence d’une intelligence, à la manifestation d’une intention et à la réalisation d’un dessein, là où il était enclin à n’en voir aucun ?» — Plérôme.
[esprit]«Tout, dans la vie de l’esprit, repose sur l’harmonie de principes distincts et complémentaires afin d’assurer à la fois la cohérence de son activité et la continuité, ainsi que le rayonnement de son existence: ainsi observe-t-on, dans la réalisation de cette fin, l’action mutuelle et réciproque de la théorie et de la pratique, de la raison et du sentiment, du spirituel et du sensible, de l’intellectuel et de l’expérience, du sacré et du profane, du divin et de la nature, etc.: or, le tort, dans le rapport que l’homme entretient avec la nature, dans la constitution de la culture qui émane de la dimension symbiotique de cette relation, consiste à rompre l’équilibre judicieux, nécessaire et précaire qui s’établit entre ces polarités, en favorisant l’une sur l’autre et parfois même en illustrant cette préférence exclusivement et au détriment du terme contraire qui lui est opposé.§ La sagesse humaine consiste précisément en la prise de conscience qu’il existe un équilibre dialectique entre les concepts opposés et que la stabilité qui en procède favorise d’autant plus la vie que l’intelligence en connaît, en découvre et en respecte les lois qui les gouvernent et les réalités qu’ils représentent, pour préserver l’équilibre idéal, dans la mesure du possible, et le rétablir lorsque les circonstances, les forces physiques et les volontés agissantes l’ont rompu et que les éléments dynamiques qui la composent ne concourent plus afin de produire une conjoncture qui en soit la conséquence et exprime un état désirable.» — Plérôme.
[État]«À l’intérieur de l’État où règne véritablement la liberté, le rapport moral établi, autant par les autorités que par ses citoyens, entre la justice et la charité est à ce point intime et infus que sans la charité, aucun ne conçoit illustrer la justice, comme sans la justice, nul ne prétend exercer la charité: car si la justice exprime le retour adéquat des choses, par lequel il revient à un particulier ou à une institution sociale de toucher un bienfait ou un avantage qui leur est légitimement dû, en reconnaissance d’une réalisation méritoire qui repose sur l’illustration d’une vertu estimable et sur un effort remarquable, la charité quant à elle est au fondement du désir que ce principe devienne effectivement agissant, de manière désintéressée et par égard pour la personne ou pour l’organisme ainsi reconnus; ainsi, sans la notion qui fournit la matière de cette reconnaissance, aucun fondement n’existe qui permette à l’intelligence d’en apprécier l’instanciation comme sans le désir qui en inspire et en dynamise l’accomplissement, aucune raison intime n’existe qui motive la conscience à en vouloir effectivement la fin et à éprouver la satisfaction devant son aboutissement.» — Plérôme.
[État]«Le constructivisme social, lorsqu’il passe par l’aliénation des virtualités les meilleures chez les congénères et les compatriotes afin de mieux s’avantager en utilisant ce moyen, grâce à l’espace social qu’il libère pour soi ainsi qu’au prestige et à l’importance, qu’il permet de s’accorder, ne saurait en réalité que porter préjudice à la constitution et la préservation de la société qu’il prétend vouloir bénéficier et pour cette raison serait susceptible de recevoir la critique la plus sévère et le reproche le plus mérité, d’ainsi abuser de sa créativité en détournant son emploi à l’avantage exclusif de soi-même.» — Plérôme.
[existence]«Le loisir ne devrait jamais servir d’excuse à l’oisiveté: bien plus, les moments libres qu’il accorde au sujet moral devraient être employées par lui à mener des activités qui apporteront une amélioration de soi et/ou de la société.» — Plérôme.
[existence]«Un appel au changement qui n’apporte pas avec lui l’obligation de sacrifier, en partie du moins et lorsque nécessaire, la manière habituelle de vivre sa vie, s’avère en réalité une invocation factice et sans résultat qui ne saurait se résoudre autrement que par le maintien d’un statu quo ante: car l’application d’un changement de l’existence, sans que ne soit impliquée par là une transformation des conditions de la vie, d’autant plus radicale que le changement serait profond et significatif, ne saurait être autre chose qu’une contradiction insupportable et l’illustration d’un sophisme trompeur.» — Plérôme.
[expérience]«Ceux qui affirment, avec raison, que la conscience ne saurait parler d’autre chose que ce qu’elle sait effectivement devraient aussi ajouter, pour éviter toute ambiguïté, que la connaissance, procédant de l’expérience, s’acquiert de multiples façons complémentaires et plus ou moins distinctes: en agissant de manière positive, afin d’illustrer la matière de ce qu’elle en retient, en subissant de manière passive l’expérience qui, en se déroulant, lui permet d’en retirer des leçons qui orienteront son action future et en étant le témoin de l’expérience dont elle en appréhende abstraitement les principes, les causes et les conclusions qui s’imposent en général à l’intelligence, s’étant constituée elle-même en un participant épistémologique tiers.» — Plérôme.
[féminisme]«L’enjeu du féminisme se joue dans la vérité ou la fausseté de cette affirmation paulinienne: «ce n’est pas l’homme qui a été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme» (1 Cor., 11, 9); une asymétrie semblable, mais beaucoup plus marquée, se retrouve chez Napoléon lorsqu’il déclare que «la femme est notre propriété et nous ne sommes pas la sienne» [Lettre à son frère Joseph, le 8 septembre 1795].§ Pourtant, dans l’amour qui les unit, le cas échéant, toute distinction artificielle s’estompe et chacun des amoureux se retrouve l’un devant l’autre, comme l’un avec l’autre, pour ne pas dire l’un en communion avec l’autre, pour vivre l’harmonie parfaite dans la complémentarité et l’épanouissement de leur nature respective, le tout se fondant sur une intelligence adéquate des vertus et des qualités qui font ensemble et mutuellement leur force et leur grandeur que la relation particulière qu’ils entretiennent, ensemble et individuellement, avec leur progéniture vient confirmer et augmenter encore: comment comprendre alors que viennent à s’installer les discordances et les tiraillements qui justifieraient la naissance et le maintien de cette inégalité et des oppositions souvent funestes qu’elle engendre ?» — Plérôme.
[générosité]«Dans un monde en lequel prévaut l’égoïsme le plus soutenu et le plus résolu, la magnanimité désintéressée apparaît comme étant un défaut et une faiblesse que l’on peut exploiter, lorsque cela est utile, et que l’on cherchera à éliminer, comme étant antithétique à la moralité spécifique qui gouverne la conduite de l’ensemble.» — Plérôme.
[guerre]«La concurrence qui règne entre les États pourrait acquérir un visage pacifique et significativement plus utile si, au lieu de chercher à exceller entre eux, en participant à une course aux armements et en concevant des armes de destruction massive, plus développées en puissance et plus nombreuses en quantité, les nations de la planète se résolvaient à coopérer, en élaborant des stratégies et en découvrant des moyens qui, en harnachant et en apprivoisant l’énergie atomique et en la déployant judicieusement, parviendraient éventuellement à éliminer les dangers qui prévalent à l’intérieur de l’espace inter-planétaire, inter-galactique et inter-sidéral, se présentant sous la forme d’astéroïdes et d’autres bolides cosmiques dont la trajectoire constituerait une menace pour les régions peuplées de la terre.» — Plérôme.
[histoire]«Parce qu’ils en ignorent les déterminismes, et par conséquent les effets durables que ceux-ci exercent sur la constitution physique et spirituelle des individus et des sociétés, les consciences qui méprisent l’histoire et refusent d’en connaître les événements, comme d’en approfondir le mouvement, autant quant à ses causes réelles que ses finalités véritables et des significations morales qu’il transporte avec lui pour ceux qui s’avèrent sensibles à ce langage, se condamnent à vivre selon les schémas contraignants du passé, sans chercher ni à s’en extraire — car l’on ne saurait se défaire d’un joug ou se libérer de chaînes que l’on ignore porter —, ni à transformer les structures mentales et/ou institutionnelles qui en procèdent, autant passivement, à l’intérieur de ceux qui en subissent les déterminations, qu’activement, chez ceux qui s’en constituent les agents effectifs, soit par habitude, en raison de la sécurité que cette conformité leur apporte, soit sciemment, en raison des avantages que cela procure pour eux.» — Plérôme.
[homme]«Il appartient au narcissisme de l’homme de croire que tout le savoir a été inventé afin de satisfaire aux exigences et aux besoins de sa contemporanéité et que le seul savoir qu’il importe vraiment de posséder est celui qui est disponible à la compréhension actuelle des choses et à l’horizon qu’elle lui autorise à entrevoir sur elles: pourtant, une étude de l’histoire de l’humanité lui enseigne que chaque moment dans l’histoire est préparé depuis ses origines et que seule une extraction de la conscience des contingences de l’actualité lui permet de comprendre ce principe, avec l’intelligence, et d’anticiper, avec l’imagination, sur un futur qu’il parvient à édifier avec la volonté d’utiliser toutes les facultés à le rendre le meilleur possible, pour lui-même, ses congénères et les générations futures, en concourant avec la nature dans la réalisation de cette éventualité.» — Plérôme.
[idéal]«Une conception de l’idéal que la conscience asservirait à un désir qui existe exclusivement pour soi constitue en réalité le déni et la corruption de cette fin: car l’idéal suppose, par définition, une extériorisation de soi en réponse à une finalité qui est, dans son essence, bonne et désirable en soi, de sorte que voir en lui l’occasion d’une complaisance à des velléités particulières, plutôt que de l’accomplissement d’une fin valable généralement, sinon universellement — même si tous ne seraient pas prêts à concourir à sa réalisation —, c’est en restreindre la portée et détourner le caractère propre de sa valeur réelle, c’est-à-dire la forme sublime et la puissance infinie du bien dont le schéma se constitue réellement par la volonté, conformément aux conditions immédiates d’une situation présente.» — Plérôme.
[Idée]«Le monde (sous les formes qu’il recouvre en tant que mundus, cosmos, physis) est le texte de la philosophie; l’Idée, émanant l’action de l’esprit, du sentiment et de la raison (sans exclure la forme particulière que sont l’intuition, l’inspiration et la révélation), en est l’intelligence, l’interprétation, l’organisation, la réorganisation et la communication.» — Plérôme.
[intelligence]«Afin d’apercevoir clairement le baril fumant du pistolet, l’esprit intelligent doit s’être dégagé de la fumée qui l’entoure: ainsi, l’on ne saurait découvrir l’essentiel d’une réalité sans que l’intelligence ne se soit libérée de l’effet distrayant que produisent les contingences et les artifices qui, dans le phénomène, en déguisent le fait et portent à comprendre, à son sujet, autre chose que sa vérité.» — Plérôme.
[intelligence]«L’expression veut que, lorsque le sujet épistémique considère une position théorique innovatrice ou une opinion controversée, il ‘en prenne’ et il ‘en laisse’: l’important alors serait de prendre l’essentiel et laisser l’accessoire, plutôt que la situation inverse afin de faire preuve de pénétration et tirer les conclusions appropriées et ne pas tomber dans le piège de la superficialité intellectuelle.» — Plérôme.
[intelligence]«L’intelligence est la plus fondamentale et primordiale des facultés de l’esprit: sans elle, la raison n’aurait aucun moyen d’exister, puisque c’est par elle que cette dernière reçoit la matière qu’elle interprète à sa façon, selon les règles qui président à son opération, pour en communiquer le contenu à d’autres intelligences, d’une manière cohérente et complète, ou encore pour conformer, dans l’action et l’activité, les idées et les principes qu’elle extrait de l’expérience à la réalité que, par leur entremise, elle transforme et édifie en produits constitutifs de la culture.» — Plérôme.
[intelligence]«L’on peut bien suspecter qu’il existe une anguille sous la roche, mais encore faudrait-il savoir quelle roche et, dans l’éventualité où celle-ci, ou une roche voisine, cachait plus d’une anguille, reconnaître laquelle parmi ce nombre l’on recherche.» — Plérôme.
[intelligence]«Les réflexions ponctuelles, qui prennent l’aspect de sentences, partagent à la fois les avantages et les désavantages des clichés, au sens propre du terme: d’un côté, elles figent un moment de la pensée, éventuellement conditionnée qu’elle serait par la conjoncture sous laquelle elle se pose à l’esprit, le contexte historique qui lui donne naissance, et la qualité de l’intelligence qui en interprète le contenu, sans que l’on ne considère la fluidité de la pensée et le mouvement qui caractérise le déroulement de l’événement; mais de l’autre, elles mobilisent la faculté législative et régulatrice de l’esprit et sa capacité, lorsqu’elle fait preuve du désintéressement requis, de transcender les conditions particulières et changeantes de l’événement qu’il envisage objectivement, ainsi que les fluctuations intérieures, subjectives et momentanées, de la conscience et du sentiment, de manière à parvenir à penser l’essence des choses, pour ensuite la poser et la proposer à la généralité des consciences comme étant constitutive, dans sa nécessité et son universalité, d’une loi ou d’un principe qui sont susceptibles d’être aperçus et vérifiés par l’ensemble de la communauté épistémologique; ce n’est que lorsque la réflexion générale qui est proposée à la conscience collective prend l’aspect d’une banalité, soit qu’elle exprime une tautologie, en formulant sous d’autres concepts l’idée ou la proposition convenue au point de départ, soit qu’elle communique un topos, un lieu commun tellement évident qu’il ennuie l’intelligence de sa simplesse, qu’elle méritera l’appellation de cliché, au sens littéraire et analogique du terme.» — Plérôme.
[intention]«En faisant de la volonté, et du désir qui l’inspire, l’unique justification d’elle-même, en l’absence d’un critère ultime de la perfection qui puisse en fonder la légitimité de l’impulsion, l’on en vient à nier, pour l’ignorer et peut-être même la déprécier, la valeur effective, immédiate et originelle, de la sagesse, qui représente la vertu en opération, et de la vertu, qui constitue la sagesse en puissance.» — Plérôme.
[justice]«Le devoir-être est un concept qui comprend quatre formes: le devoir-être proprement dit, le devoir ne-pas-être; le ne pas devoir-être; et le ne pas devoir ne-pas-être.» — Plérôme.
[justice]«Peut-être l’état d’esprit le plus tragique est-il l’indifférence devant l’injustice et, éventuellement encore plus, l’ignorance par la raison de l’essence qui en constitue la nature ou le défaut par l’intelligence de la reconnaître: c’est que l’idée de la justice repose sur un devoir-être qui se réalise de sorte que, en niant cette nécessité, se trouve compromise la possibilité même de l’existence qui en dépend, avec pour résultat une carence apte à se répercuter éventuellement sur l’univers entier de l’être.» — Plérôme.
[liberté]«La liberté, en raison de sa nature spontanée et inspirée, ne saurait s’imposer à quiconque, sauf à se nier elle-même cela faisant: elle se vit, en se découvrant, comme elle se découvre, en se vivant, par ce processus mystérieux qui retrouve en chaque action la vie qui en est l’essence et qui ne saurait s’exprimer sans manifester en même temps les possibilités infinies de sa puissance suprasensible.» — Plérôme.
[liberté]«La liberté réelle ne peut que s’opposer à l’idée que la conscience se forme de la liberté, au mieux, afin de lui permettre de se réaliser selon la conception la plus élevée qu’elle est possible de recevoir et, au pire, afin de l’empêcher de déchoir du haut niveau où elle se trouve lorsqu’elle s’exprime adéquatement, c’est-à-dire celui, toujours, de la vie.» — Plérôme.
[liberté]«La liberté bien entendue que manifeste le sujet moral se situe quelque part entre l’uniformité et la rigidité de l’action qui est imposée par une autorité impérieuse ou une circonstance contraignante, lesquelles n’autorisent à aucun effort individuel à concevoir et à mettre en œuvre des formes morales créatives, susceptibles de réaliser une notion légitime et effective du bien, et l’absence complète d’une autorité ou d’un encadrement, qui donc ne spécifient aucune conception moralement désirable apte à inspirer l’action individuelle, et qui laissent croire aux consciences individuelles réfléchissantes que toutes les conduites se valent, autant quant à leurs intentions que par leurs effets, dès lors qu’elles procèdent d’une subjectivité qui les pose comme étant possibles et dont la désirabilité procède des mouvements de l’âme qui les suscitent.» — Plérôme.
[liberté]«La volonté qui reconnaît intégralement la liberté d’autrui est capable de la plus complète abnégation: or, c’est une position morale qui exige de son semblable qu’il témoigne d’une réalisation morale tout aussi élevée, en vertu de cette loi millénaire, universelle et nécessaire pour le salut de la société, lorsqu’elle est considérée dans son principe, que chacun doive être et agir ainsi envers autrui comme il souhaiterait qu’autrui soit et agisse envers lui-même; car nul ne saurait sciemment rechercher son propre désavantage, en s’oubliant lui-même en faveur d’autrui, car une telle disposition irait à l’encontre du principe même de la conservation et de la préservation de son existence.§ Bien au contraire, c’est le plus grand avantage mutuel qui est recherché par l’oubli de soi: car la reconnaissance intégrale d’autrui par soi-même ne saurait qu’inviter à la reconnaissance intégrale de soi-même par autrui, en même temps qu’en principe, elle rechercherait l’accomplissement de son plus grand bien, plutôt que son plus grand désavantage, ou, à tout le moins, le propre avantage de soi, au détriment d’autrui, puisque la reconnaissance réelle de son semblable inclut le désir qu’il s’épanouisse et réalise au plus haut point, dans la mutualité des relations, la perfection qui existe discrètement, comme germe et comme aspiration, au cœur de l’être intime de sa personne.§ Ainsi, cette reconnaissance du prochain devient-elle la manifestation de la forme la plus haute que prend la moralité, lorsqu’elle désire le bien d’autrui, et celle-ci se voit, à son tour, reconnue dans la possibilité qui existe pour lui de désirer le bien de son prochain et de réaliser la liberté de travailler à cette fin: elle n’est pas un pacte de dupes ou une complicité de lâches, par lesquels la possibilité pour chaque individu de s’illustrer devient en même temps, pour chacun, l’opportunité de s’avantager exclusivement, devant un protagoniste inconscient ou inintelligent qui ne lui laisserait craindre aucune rétorsion; elle est plutôt l’expression d’une société d’êtres éclairés qui ont compris que seule la coopération désintéressée et mutuelle peut absolument garantir l’avenir de l’humanité et des sociétés, ainsi que des cultures, qu’elle engendre et que la plus haute fin que puisse servir le travail social — le travail compris comme avantageant réellement l’ensemble de la société, y compris celui qui le réalise —, c’est pour chacun de mettre l’effort qu’il emploie à transformer son environnement, au service, non seulement de la fin immédiate qui suscite l’action qui la réalisera, mais aussi de l’organisation sociale et de son érection en une société cohérente et finalisée qui en même temps satisfasse et épanouisse la personne de chacun, en produisant l’extériorisation de sa nature humaine et sociale la plus élevée et de l’idéal moral qui s’évertue à la réaliser en tous et pour tous.» — Plérôme.
[moralité]«À l’intérieur d’un monde dualiste et archétypal, en lequel toute dynamique s’articule autour de pouvoirs supérieurs contraires et opposés, c’est la moralité qui distingue Dieu et l’Adversaire, celle-là se concevant comme étant la bonté dont la conscience de chacun assume l’obligation de faire l’émulation et le mal auquel nulle personne ne doit s’associer, ni pour le commettre directement, ni pour en favoriser ou en tolérer la commission.» — Plérôme.
[moralité]«C’est un témoignage à l’amoralisme lorsque, pour ne pas avouer qu’il fausse la vérité, le sujet moral prétend plutôt faire preuve d’une imagination fertile.» — Plérôme.
[moralité]«Devant l’effet pervers d’une action qui se commet, deux choix s’imposent: soit que l’agent moral s’adresse à cet effet et qu’il tente d’en neutraliser les conséquences, soit qu’il s’adresse à l’action qui la produit afin de mieux encore perfectionner la volonté, de manière à éviter qu’elle engendre de tels effets.§ Or, la personne responsable est celle qui assume les conséquences de ses choix, et en particulier de ceux qui président aux actions menant à des conséquences indésirables: et si dans un premier temps, elle tentera de minimiser leur impact — et non pas seulement pour elle-même, puisque les retombées négatives qui en émanent sont susceptibles de procéder des réactions qu’elles suscitent chez ses semblables —, elle ne se soustraira pas à la prise de conscience qu’elle en a été la cause, le cas échéant, pour faire en sorte que, en améliorant son caractère et en perfectionnant à la fois sa disposition et sa technique, de tels résultats ne se reproduisent plus à l’avenir; c’est à ce titre seulement qu’elle pourra prétendre faire partie d’un monde qui a retrouve la pureté originelle du principe qui l’a créé et qui l’a constitué et participer à cette œuvre qui consiste à le remettre sur la voie de la civilisation pleine et complète, fondée sur une culture juste, harmonieuse et pacifique, inspirée par l’amour du prochain et le respect mutuel de ses membres.» — Plérôme.
[moralité]«Il existe certes une inconsistance lorsque l’abus qui est déploré et dénoncé, permet néanmoins de récolter les bienfaits de son occurrence, sans que le sujet moral ne cherche réellement à enrayer ses causes et à neutraliser ses effets.» — Plérôme.
[moralité]«La promesse que l’on énonce, avec toute l’apparence d’une sincérité invincible, mais dont on reporte à jamais la réalisation, en invoquant des raisons artificieuses et en exigeant que soient remplies des conditions superflues et accessoires, est cause à la fois de la désaffection en amour, de la méfiance qui s’installe entre les sexes et de la détérioration des rapports qui existent entre les hommes.» — Plérôme.
[moralité]«La pureté du mobile fonde la vérité de l’intention: l’authenticité du sujet moral est la garantie effective de l’existence de ce rapport intime comme sa sincérité assure que la cohésion et la cohérence en caractérisent l’essence.» — Plérôme.
[moralité]«La véritable moralité révèle le passage effectif qui s’effectue dans l’action, entre le bien que l’on sait et celui que l’on réalise, dans la plénitude de sa possibilité et de sa capacité individuelle, en réponse et en conformité aux conjonctures exogènes qui se présentent à la personne morale et aux possibilités effectives et réelles qui sont inhérentes à celle-ci.» — Plérôme.
[moralité]«Le désintéressement moral est le véritable facteur — et peut-être le seul — de la distinction qu’il est possible d’établir entre la conduite vertueuse, que motive l’intérêt concret et immédiat, et celle qui se produit uniquement par conviction morale, qui est le produit de la liberté et de l’autonomie de la conscience et qui possède la faculté de définir objectivement un idéal de vie moral, reposant sur une valeur éthique universelle, plutôt qu’elle ne se contente d’aspirer à la poursuite de fins particulières, ultérieurement fondées sur l’hétéronomie du principe hédonique.» — Plérôme.
[moralité]«Lorsque n’existent aucun principe ou critère, objectifs, évidents ou explicites, pour éclairer la valeur d’une action ou en gouverner l’acceptabilité, la conjoncture est idéale pour la naissance et l’opération de l’arbitraire le plus aléatoire et capricieux, dans l’activation et la direction des rapports, formels ou informels, qui sont susceptibles de se produire et d’exister entre les particuliers qui subissent l’incertitude qu’apporte avec elle cette forme de vacuité sociale et d’anomie sociale.» — Plérôme.
[mythe]«Les mythes font naître, maintiennent et entretiennent le tabou, une interdiction formelle, souvent devenue implicite avec le passage des générations qui, avec le temps, ont perdu jusqu’au souvenir de la raison première de son instauration, qu’aucune action ne transgresse impunément, ni même celle de la pensée qui révèle le secret de son existence et s’aventure à le mettre en pleine lumière, sauf à encourir la censure sévère de son expression, même en ces États où le droit à la libre expression est expressément reconnu et garanti politiquement: c’est que l’idée du tabou s’ancre dans une idée plus grande encore, l’idée du sacré dont personne ne saurait porter atteinte à la valeur absolue, sans qu’il n’en résulte un préjudice radical au fondement véridique, tout aussi sacré, ou tenu pour tel, de l’ordre politique et social qui en émane et qui justifie implicitement, mais non moins réellement, son existence.» — Plérôme.
[perfection]«L’état d’une chose est le visage fluctuant de son être: ainsi est-il plus ou moins durable dans sa manifestation et plus ou moins permanent dans sa réalisation comme est-il également susceptible de détérioration et de corruption, mais aussi habilité à constituer l’expression suprême de sa possibilité, en reflétant l’excellence du principe et la nature de la cause qui agissent sur lui et qui interagissent avec lui.» — Plérôme.
[perfection]«Une conduite qui est entièrement intégrée à l’environnement qui l’encadre aura tendance à reproduire les schémas sociaux qui le caractérisent et à répondre aux imperfections des situations sociales correspondantes par une manière d’être incomplète et à la perfection qui régit l’ordre établi par la volonté de présenter une attitude personnelle accomplie: par ailleurs, la recherche de la perfection qui s’accomplit, celle-ci étant comprise dans son sens le plus profond et le plus vrai, une perfection dont l’unique moteur susceptible de la légitimer est ultérieurement l’amour, existant sous sa forme la plus élevée et la plus consommée, dictera la réaction du sujet moral à des situations sociales imparfaites par l’illustration d’une manière d’être parfaite — l’héroïsme devant l’adversité — et la réponse à une situation sociale perfectible, un ordre établi qui repose sur des principes intelligents, mais aptes à trouver une forme encore plus accomplie, en adoptant une manière d’être imparfaite — la révolte devant un ordre stagnant, susceptible de recevoir une amélioration —; c’est que le principe ultime et indépassable n’est pas un terme statique, mais une perfection qui se perfectionne incessamment.» — Plérôme.
[philosophie]«Autant d’hypothèses divergentes et contraires sur la vie, autant de conceptions irréconciliables sur l’existence: d’où la nécessité de développer une théorie philosophique compréhensive apte à servir également, voire différemment, les besoins de l’intelligence et les nécessités de la pratique.» — Plérôme.
[philosophie]«C’est sous le mode de l’objectivité et de la subjectivité que se distinguent respectivement les deux disciplines de l’éthique et de la morale: car l’éthique est la discipline intellectuelle qui définit les principes qui servent à légitimer, en vertu du bien visé, la qualité bienfaisante, objectivement appréciable, de l’action d’un individu libre et autonome, lorsqu’elle s’exerce sur son milieu physique et social, y inclus sur ses semblables; et la morale est celle qui identifie, toujours au nom de la valeur transcendante du bien, les principes qui légitiment la qualité de l’action susceptible d’être entreprise par la personne libre et autonome, en tant qu’elle est subjectivement ainsi, engagée qu’elle est de vivre avec bienveillance le rapport qu’elle entretient avec son milieu physique et social, y compris avec les participants au règne de la vie et avec tous ses congénères.» — Plérôme.
[philosophie]«L’ironie se laisse découvrir par ce que la philosophie — qui est nulle autre que la recherche de la certitude, à défaut de prétendre découvrir la vérité —, puisse s’avérer être à l’origine du sentiment généralisé de l’incertitude épistémologique, et du scepticisme intellectuel qu’elle engendre, sans parler du cynisme amer qu’elle suscite parfois, qui résultent de l’ensemble des théories contradictoires et parfois contraires qu’elle propose aux consciences et dont elle laisse aux générations montantes et futures la responsabilité, loin d’être légère et insignifiante, de dénouer l’écheveau de plus en plus complexe qui résulte des perspectives divergentes qui en caractérisent l’histoire.» — Plérôme.
[philosophie]«Le paradoxe de la philosophie consiste en ce que l’étude de cette discipline se fait moins en raison de la substance de la matière qui y est présentée (qui, sans enlever à sa valeur et à son importance historiques, évolue sans cesse, suite aux interprétations diverses et aux intuitions innovatrices qu’elle est susceptible de générer), que pour la méthode avec laquelle elle se déploie, en servant de modèle à celles qu’elle encourage à développer et pour les idées nouvelles, souvent hypothétiques et aléatoires, qu’elle est apte à produire (dont l’architectonique se montrera propice à sa réception par des intellects réalisés, ou en voie de l’être, et qui sont susceptibles de l’accueillir): seule la vérité du propos qui est énoncé par elle est susceptible de le résoudre puisque l’universalité et l’éternité qui la caractérisent permettent de transcender les aléas de la méthodologie et confèrent à son contenu une valeur certaine et irrésistible, par l’importance qu’il revient à l’esprit affranchi de lui accorder, autant au plan théorique que pratique.).» — Plérôme.
[philosophie]«Les disciplines de l’éthique et de la morale se ressemblent en ce qu’elles cherchent toutes les deux à déterminer les principes qui légitiment une action posée en vue du Bien qui en résulte et à spécifier les conditions qui établissent la responsabilité de personnes libres, autonomes et bienfaisantes: mais alors que l’éthique considère cette recherche sous la forme objective de l’activité dont le sujet moral pourrait s’attendre de son semblable qu’elle soit la manifestation en lui d’une disposition sincère et d’un engagement réel à réaliser le bien, la morale quant à elle étudie ce que serait la réalité, subjectivement présente en la conscience, de ces mêmes principes et de ces mêmes conditions, chez une personne douée de ces qualités, lorsqu’elle est disposée et commise à réaliser les bienfaits qui en découlent pour ses semblables et, plus généralement, pour l’ensemble de la collectivité.» — Plérôme.
[philosophie]«Pour certains, il importerait plutôt de restreindre le terrain épistémologique de leurs délibérations et de leurs déductions, d’une manière qui est conforme à leur position épistémologique fondamentale, afin d’assurer que les principes qui en fondent la matière parviennent à s’imposer d’une manière irréfutable à la conscience de l’ensemble, que d’examiner lucidement et de manière impartiale la réalité et l’expérience qu’ils en font en recourant aux trois champs philosophiques que sont la théorie, la pratique et la poématique, afin d’en tirer une vérité qui, sans convenir à tous et peut-être même sans être recevable à une généralité, émanerait d’une source incorruptible et serait agréable aux esprits qu’inspireraient au plus haut point la quête et la transmission de la vérité pure qu’aucune considération n’adultérerait: tel est un des sens de la subreption kantienne — qui consiste à représenter, parfois subtilement et imperceptiblement, une chose autrement qu’elle n’est —, une pratique qui est si funeste à la philosophie, lorsque la conscience voit en elle est une vocation morale et une discipline spirituelle.» — Plérôme.
[philosophie]«Une matière prend tout son sens, dont l’envergure infinie se laissera embrasser par un regard impartial et pénétrant, autant en raison des interprétations qu’elle reçoit de la part de ceux qui en prennent connaissance que des thèmes qu’elle privilégie et qu’elle développe, mais qui, dans la démarche herméneutique, peuvent se voir passés sous silence, obnubilés qu’ils sont part le biais sous lequel ils sont considérés, ou simplement ignorés, en raison de ne pas paraître évidents à l’intelligence qui les aborde.» — Plérôme.
[politique]«Au nom de quel principe autoriserait-on à l’idéologie, qui est une espèce et une forme de la croyance, d’informer la démarche publique mais interdirait-on à la croyance, qui informe l’idéologie sous sa forme doctrinale, d’opérer un efficace sur l’orientation que la conscience souhaite apporter à la chose publique ?» — Plérôme.
[politique]«En somme, par les normes, les règles, les conventions et les lois qui en sont issues, le politique est l’art qui définit la pratique de la moralité, telle qu’elle est apte à se réaliser dans la sphère publique: ainsi, une politique qui refuserait de s’en référer à la dimension morale afin d’orienter la pratiques avec les principes qu’elle décrète serait une politique qui, en s’exerçant au nom du bien commun qu’elle prétend réaliser, — qui est, implicitement ou explicitement, la fin de la moralité publique —, ne chercherait en réalité que faire la promotion et l’avancement des intérêts particuliers de ses affidés, plutôt que pour l’ensemble de la population.» — Plérôme.
[politique]«En période de guerre, la première idée-valeur qui est sacrifiée est souvent la vérité; en politique, elle est surtout la justice, en raison des rivalités que l’on y retrouve et du désir, éprouvée par ses praticiens, de prévaloir quel qu’en soit le prix moral à payer.» — Plérôme.
[politique]«Il existe deux positions politiques fondamentales: celle qui se fonde sur la préservation du statu quo et qui conforte en général les idées et les attitudes de ceux que favorise cet état actuel; et celle qui remet en question le statu quo et qui attire en général ceux que l’état établi défavorise réellement ou heurte dans leur idéal de justice; ces deux positions reçoivent respectivement, par convention, le nom de conservatisme et de libéralisme, ou pour utiliser une analogie spatiale, de droit et de gauche.§ Par ailleurs, puisqu’aucune position politique, lorsqu’elle estime et adjuge la légitimité d’une idéologie, y comprise la sienne, ne saurait se satisfaire de critères qui sont entièrement subjectifs, alors que ceux-ci se fondent en général sur des appréciations qui sont pour l’essentiel partisanes et éphémères, une pensée politique approfondie et sagace devra recourir à une estimation objective et à un critère extérieur, ou une série cohérente de critères extérieurs, afin de se légitimer aux yeux de consciences citoyennes, pénétrantes et désintéressées, possédant la qualité qui permettent d’en apprécier la valeur réelle, c’est-à-dire des esprits honnêtes, vertueux et sages: or, les seuls critères politiques qui puissent satisfaire de telles consciences étant le bien, en tant qu’il révèle et caractérise la fin qui est visée par les mesures que prennent les gouvernants, au nom de la collectivité dont ils sont les dépositaires et les avocats de l’intérêt, et le juste, en tant qu’il exprime la juste répartition des bienfaits qui en émanent, en vertu de la dignité, de la qualité, du mérite, de l’effort et de la contribution de chacun de ses membres à l’obtention de ladite fin, toute préservation du statu quo, comme toute remise en question de l’état actuel, en proposant la nécessité d’opérer sa transformation et de veiller à son amélioration, pourront se défendre en droit uniquement au nom du bien et du juste qui, par ces actions, seront visés et servis.» — Plérôme.
[politique]«La forme bien entendue de l’activité, c’est-à-dire de celle que gouverne la recherche sincère et approfondie du bien qui se réalise par elle, mène celle-ci vers un aboutissement et une perfection qui en constituent le couronnement, en manifestant l’excellence qui révèle leur présence: une conception étroite du politique aura pour résultat de définir — et donc de limiter — ce mouvement en spécifiant quels seraient les paramètres de la création qui le restreindraient et, par conséquent, elle étouffera la virtualité grâce à laquelle l’objet implicite et avoué de l’activité qui lui est propre — la recherche du bien commun— en vient à pouvoir se réaliser; car si le bien commun ne saurait se comprendre comme étant la somme du bien que réalise chacun des membres de l’ensemble politique, en l’absence d’une coordination et d’une direction qui pourraient assurer que les initiatives individuelles se complètent sans interférer les unes avec les autres, le sujet moral ne saurait imaginer pouvoir l’accomplir sans que le bien particulier, actualisé par les individus, en constitue à la fois le fondement et la matière essentielle, ni l’accomplir suprêmement sans que cette forme du bien ne tende lui-même à illustrer, en se réalisant, la plus haute forme imaginable et réalisable.» — Plérôme.
[politique]«Le grand tort de la théorie de la lutte des classes, ou encore de l’idéologie du nationalisme étroit, consiste à causer, en raison des convictions et des valeurs socio-politiques mutuellement et radicalement incompatibles qu’elles produisent, la naissance a priori de l’esprit partisan qui illustre les deux tendances, l’inimitié entre des parties qui seraient autrement tout entiers disposées à se lier d’amitié, et parfois même l’éclatement des amitiés existantes, malgré toute la sincérité et la profondeur des sentiments sur lesquels elles se fondent: par ailleurs, n’est-ce pas le propre de l’amitié justement, lorsqu’elle est sincère et réelle, de transcender de telles oppositions et de tels obstacles ?» — Plérôme.
[politique]«Le paradoxe de la liberté se révèle par ce que l’excès de la liberté mène au fatalisme, en occasionnant une multiplicité innombrable de conduites diverses et de situations divergentes, souvent opposés sinon contradictoires qui ne laissent prévoir aucune direction qui puisse orienter les propres choix rationnels et éclairés du sujet moral, sauf à l’encourager à contribuer au phénomène de la multiplication des comportements apparemment aléatoires et de la prolifération de situations absurdes; le paradoxe de l’autoritarisme réside en ce que l’excès de la régulation politique et de l’imposition des contraintes sociales conduisent par ailleurs à la liberté, en accordant la possibilité à la créativité — voire même qu’elle s’exerce malgré les volontés de l’autorité constituée — d’améliorer l’état de sclérose sociale qui prévaut et qui résulte de la diminution de la responsabilité individuelle, une issue qui, tout en fondant le motif sincère des innovations recherchées, aux yeux d’une autorité éventuellement récalcitrante, lorsqu’elles visent le plus grand bien de tous et de chacun, acquiert le statut d’une participation socio-politique valable qui rejoigne les mobiles et les motifs fondamentaux d’une autorité légitime, pour la communauté des esprits éclairés de l’état social, autant à l’intérieur de ses frontières que parmi sa diaspora, lorsque cette autorité se montre capable d’une réflexion politique réelle, mûre et désintéressée.» — Plérôme.
[psychologie]«L’authenticité est la conformité en la personne de l’être et de l’idéal, de l’idée qui trouve son expression dans la manière d’être qu’adopte judicieusement l’individu libre, en répondant aux conjonctures et aux circonstances qui se présentent à lui, et de l’être pour qui l’idéal est devenu la manière actuelle d’une réalisation ponctuelle et appropriée à la réalité ambiante et qui, à l’échelle de l’histoire, est apte à se transformer en habitude individuelle et en coutume collective: ainsi conçue, l’authenticité peut sembler, comme le pensent certains, un état illusoire, puisqu’elle supposerait une perfection qui se prétend réalisée alors qu’en réalité, la plénitude de l’actualisation se pose toujours comme étant seulement possible.§ Par ailleurs, l’expectative que la conscience entretient implicitement envers autrui, de se montrer à la hauteur d’un idéal qui est socialement formulé, voire même implicitement, devient la démonstration qu’elle est inspirée par une foi implicite en la possibilité effective de l’authenticité, alors que c’est la dérogation que la conscience s’autorise à elle-même d’en fausser l’exemplification qui constitue la preuve, sinon de son impossibilité, du moins de son improbabilité, en ces circonstances où le regard discernant de son semblable pourrait en même temps le lui reprocher.Ainsi pourrait-on conclure que le problème de l’authenticité réside dans la possibilité, pour la conscience, de réconcilier effectivement, dans la mutualité des relations interpersonnelles et réciproques, à la fois l’expectative qui est entretenue par la conscience à l’endroit de son semblable et l’obligation qui lui appartient de savoir se réaliser le plus intégralement possible auprès de sa personne et dans son regard.§ Or, une telle réconciliation passe nécessairement par la possibilité pour l’individu de se mettre à la place de son semblable, c’est-à-dire par l’aptitude que révèle la sympathie de voir en son semblable un autre soi-même et de se comporter avec lui comme il souhaiterait sincèrement et honnêtement que son semblable se comporte avec lui.Car alors seulement devient-il possible pour la conscience de comprendre quelle est la nature de la perfection qu’autrui souhaiterait qu’elle exemplifiât d’une manière réaliste à son égard, de sorte à convenir, ou non, si cela est du tout possible pour elle, comme elle peut appréhender aussi quelle serait la réaction de son semblable à la perfection qu’elle serait susceptible de réaliser, de manière à décider si celle-ci serait susceptible d’être avalisée et en même temps de réaliser en soi l’humanité, sous la forme qu’il serait possible de réaliser pour elle.§ Car une véritable co-existence sociale suppose au moins deux humanités en présence: elle illustre une condition qui est immanente et inhérente à la nature de personnes humaines, celles-ci étant non seulement le produit d’une éducation qui est sociale, mais encore le dépositaire et le véhicule du souvenir de l’histoire de leur personne, de la réalisation qu’elles ont atteintes et de la voie par laquelle elles y sont parvenues, une expérience qui servira de fondement à toutes leurs relations et à toutes leurs réalisations, autant celles qui sont actuelles et que celles qui constitueront leur futur.» — Plérôme.
[psychosexualité]«N’y a-t-il pas d’autre sort réservé à l’homme, et de lot meilleur, que d’avoir à répondre exclusivement de son état archétype, d’une manière qui corresponde à l’image que la femme en acquiert, en possède et en construit pour lui avec le passage du temps, des générations et de l’aléas des événements qui marquent leur histoire commune ?» — Plérôme.
[raison]«L’aspect merveilleux de la raison réside en ce qu’elle inclut, parmi ses potentialités celle de pouvoir se projeter spontanément et imaginer de manière créative ce qui pourrait être actuellement, ou ce qui pourrait être en un ailleurs, en un autre temps ou en un autre lieu, sans que cela ne relève de l’expérience pratique immédiate et sans que cela ne soit encore, ou ne soit encore ici, maintenant.§ Pourtant, l’imagination ne saurait s’exercer à l’exclusion de la mémoire et du souvenir qui en constituent le contenu et en alimentent les productions, de sorte qu’une imagination entièrement spontanée et créatrice, qui ne ferait aucun usage d’une expérience antérieure, récente ou éloignée, serait à vrai dire improbable puisqu’elle se réaliserait alors à contre-courant de sa nature, de sorte qu’il incombe à chacun de prendre conscience, dans tout acte créateur, de ce qui en constitue l’aspect innovateur et ce qui procède d’une matière qui habite en l’intelligence à même la dimension mnémonique qui fournit la substance de son action.» — Plérôme.
[réalité]«Dire qu’une chose concrète ou une personne réelle seraient «impossibles», c’est obligatoirement parler d’une manière figurée, puisque affirmer l’impossibilité de ce qui est manifestement, renferme une contradiction implicite et renvoie à l’absurdité: or, ce que figure une telle proposition, c’est en réalité l’inconcevabilité, par l’imagination, et l’incompréhensibilité , par l’intelligence, de son objet, ce qui laisse supposer, soit que la raison est insuffisante à en appréhender et à en expliquer la nature, comme devant un phénomène naturel inédit, jamais auparavant rencontré dans l’expérience, soit que qu’elle se trouve confrontée à une réalité mystérieuse et inexplicable, un événement dont l’essence particulière se situe au-delà de tout entendement humain et rationnel et qui, par conséquent, serait du genre dont sont constituées les mythologies et les théologies.» — Plérôme.
[réalité]«La seule alternative légitime à la conception d’un monde perfectible est un monde parfait, c’est-à-dire un monde qui sait reconnaître, préserver, augmenter et perpétuer la perfection qui est déjà existante en lui, voire que ce fût virtuellement: car si un monde perfectible renvoie à l’imperfection comme celle d’un principe fondamental, puisque plus un monde est imparfait, plus il s’avère perfectible, un monde parfait admet l’imperfection, mais uniquement comme en étant éventuellement la négation, et voit dans la perfection qui est agissante et effective, par le principe qui la représente et la personnifie, le moyen continuel de sa réalisation, de sa continuation, de sa complétude et de sa régénération.» — Plérôme.
[réalité]«Si l’on pose que l’univers est éternel dans sa manifestation, l’on suppose alors qu’il procède d’un principe qui en fonde la pérennité et qu’il requiert une Cause éternelle, autonome et créatrice pour justifier l’actualisation de la matière finie que l’on y trouve; or, une telle prémisse et une telle concaténation laisseraient supposer un paradoxe inouï, à savoir que l’Éternité puisse embrasser, dans la réalité de son concept, celui d’ une éternité moindre, contradictoire en raison de sa finitude et, par conséquent, le principe de la manifestation éternelle de l’univers est logiquement insoutenable.» — Plérôme.
[sagesse]«La sagesse se situe au confluent des temps et des différents plans en lesquels s’exerce l’esprit: au plan théorique, c’est la sagesse qui se sait et qui résume, en l’état qu’elle a atteint, tous les moments passés grâce auxquels elle se réalise, en raison de l’expérience que leurs éléments lui autorisent d’acquérir; au plan pratique, c’est la sagesse qui se découvre à l’intérieur des possibilités qu’elle s’autorise de vivre et de réaliser éventuellement — c’est-à-dire à un moment futur plus ou moins éloigné —, en conformité à la réceptivité générale des consciences qui caractérise l’esprit du temps, et d’une manière toujours plus complète, le bien qui pourra en procéder et plus généralement la perfection de l’âme et du caractère dont elle porte en elle toujours le germe et le désir; et au plan poématique, c’est la sagesse qui se réalise actuellement — dans l’immédiateté du moment présent —, en faisant usage, non seulement des possibilités qui sont inhérentes à son état, qui expriment au moment même la culmination de son actualisation, lorsqu’elle répond adéquatement aux conditions de sa situation, en interpellant à une créativité et à un génie dans la conscience qui sont susceptibles de surmonter les défis que posent à elle une matière constituée, résistante par conséquent à tout changement qui ne serait pas immanent au mouvement qui est propre à sa substance et opaque en ce qui concerne les possibilités qu’elle pourrait laisser entrevoir, d’opérer une transformation ou une utilisation, en vertu de réaliser une finalité qui est à prime abord étrangère à son objet et qui est donnée à celui-ci par une conscience réfléchie et morale.» — Plérôme.
[sagesse]«Un paradoxe: la personne est rarement aussi sage qu’elle prétend, lorsqu’elle prétend être sage, mais elle est souvent plus sage qu’elle le laisse entendre, lorsqu’elle ne cherche nullement à le laisser croire.» — Plérôme.
[science]«Au plan de la science qui, avec le passage du temps et l’épreuve de l’expérience, se constitue et se réalise, seul l’essentiel vaut la peine d’être connu: tout le reste n’est que vaine distraction et aliment vide de substance pour l’intellect, voire que souvent ce contenu accessoire serve de véhicule à la vérité qui se révèle par lui et conserve son mérite en raison de cette utilité.» — Plérôme.
[science]«Le principe fondamental de la science, issu de sa finalité même, qui consiste ultérieurement à se rendre utile à l’homme, en raison de l’application de la connaissance que son activité produit, est la réduction épistémologique par laquelle l’on dépouille l’objet de son essence singulière pour la redéfinir, la recomposer et la reformer en fonction des visées techniques et culturelles entretenues sur lui par la conscience morale.§ Cette conception ne pose guère de problème lorsqu’il s’agit pour la raison de diriger son action sur la matière inerte, puisque, par définition et en principe, celle-ci est naturellement au service du règne du vivant, de sorte que, en respectant le rapport fondamental et équilibré qui lie ces deux aspects, elle respecte concurremment un ordre immanent dont la métaphysique peut ou non reconnaître la dimension transcendante.Mais lorsque l’activité de la raison est dirigée sur le vivant, en vue d’en façonner l’existence et d’en modifier la qualité de façon évidente, et comporte pour objet la vie et sa manifestation, le problème se transforme radicalement.§ Car nul appel à la vie ne saurait justifier que l’on porte atteinte, même de manière réductionniste, aux conditions extrinsèques et intrinsèques qui seraient censées la préserver et lui procurer éventuellement la plénitude et seul l’empêchement de virtualités négatives qui autrement pourraient empêcher la continuation et le déploiement de la vie, selon la force que peut prendre son essence la plus élevée, seraient susceptibles de recevoir l’action désintéressée — mais non pas indifférente — de la raison, soit pour en assujettir et en modifier les tendances délétères, soit pour s’opposer radicalement à elles, lorsque celles-ci révèlent une nature vicieuse et perverse, réfractaire aux actions qui visent à la rendre bénéfique et vivifiante.» — Plérôme.
[science]«Toute science part de l’évidence dont on interprète l’occurrence dans l’événement et la conjoncture dans la situation en vue de produire une connaissance certaine, fondée sur la justesse de ses observations et la vérité de ses affirmations, susceptible de se rallier l’ensemble des consciences, suffisamment objectives et désintéressées dans leur appréciation pour en appréhender adéquatement la réalité.» — Plérôme.
[sentiment]«Pour se dire touché, il faut désirer se laisser toucher et donc croire implicitement en la valeur indéniable de son semblable: par ailleurs, le ‘cœur de pierre’ est celui pour qui n’existe ni ce désir, ni cette conviction.» — Plérôme.
[société] «Comment donc s’expliquerait-on que, à l’échelle historique, l’on assiste à l’érosion progressive de la valeur accordée à l’idée du patriarcat en faveur de celle qui est attribuée à la collectivité et aux fonctions sociales qui sont mises à son service, un mouvement historique que nous révèle le passage, maintes fois observé à l’intérieur des civilisations, de l’idée de monarchie, fondée sur l’expression de la volonté d’un chef de famille à l’ensemble de la société, dont l’autorité est cautionnée par un aboutissement historique progressif et déterminant et maintenue par un ordonnancement hiérarchique et un droit incontestable, fondés sur l’idée de la transcendance et du sacré, vers l’idée républicaine, que fonde l’autorité d’un seul que cautionne et soutient la volonté de la généralité, immanente à l’existence historique et soutenue dans son expression par une élite influente, à l’intérieur de laquelle celle du père ne prévaut que si elle est appuyée par une prévalence numérique ?» — Plérôme.
[société]«À l’intérieur d’un système social clos, qui conçoit l’avenir comme étant infailliblement la continuation de l’état présent, c’est-à-dire l’illustration adéquate d’une perfection formelle dont la complétude appréhendée irait uniquement dans le sens de la plénitude de l’état actuel, la seule différence qui est autorisée est souvent celle qui confortera, pour ses membres, le sentiment d’une sécurité qui procède de l’inertie de l’état que, par conséquent, la société entretient et maintient.» — Plérôme.
[société]«Avec la relégation de l’amitié dans l’espace privé, l’on en vient à opposer cet état à l’amour pour souvent exiger de celui-ci, par l’exclusivité que l’on accorde à la confluence des existences, en vue de favoriser la complétude des personnes et la régénération de l’espèce, d’en assimiler et d’en absorber les attributs — ce qui n’est pas en assurer la pérennité et la constance de son expression — : or, l’amitié vise à établir l’harmonie des existences et à réaliser la perfection éventuelle de l’état social, propre à fournir aux individualités la conjoncture structurelle, institutionnelle et inter-individuelle susceptible de lui assurer une continuité et une permanence dans son rapport intégré avec la nature, une fin que l’exclusivité et l’impulsivité de l’amour permettent difficilement d’actualiser, en l’absence d’une amitié qui en tempère les ardeurs .» — Plérôme.
[société]«C’est une vérité sociologique, indéniable et incontournable, qui veuille que toute institution ne saurait continuer d’exister si en même temps, dans l’exercice de son mandat, elle ne justifie et perpétue, par son organisation et sa direction, la raison d’être que vit effectivement la société qui la fonde et la préserve — sous la forme réelle que prend le bien commun que la conscience morale collective réalise plus ou moins adéquatement —, en incorporant les valeurs, explicites ou implicites, qui en garantissent la conservation et la persistance dans le temps, en tant qu’elles sont le reflet de la pensée collective des classes, des ethnies et des élites qui, étant les auteurs, les gardiens et les défenseurs des idées qu’elle génère, ainsi que des mentalités qui les caractérisent, en spécifient le contenu, c’est-à-dire les termes sous lesquels on doit les respecter, les normes qui réalisent cette fin ainsi que les moyens concrets d’y parvenir.§ Par ailleurs, c’est en autant que ces groupes et ces individus s’inspirent des valeurs transcendantes que sont le bien, le beau, le vrai, la justice, la vertu et la constance, se laissant orienter par la perfection ultime qui en constitue la seule finalité valable et dynamiser par l’amour qui en motive et en active la poursuite avec désintéressement, qu’ils donneront aux institutions une raison digne de fonder leur engagement et de justifier leur dévouement, autant par la structure de leur opération que par la conviction de leurs membres à contribuer, de la manière la plus consciencieuse et significative possible, à la mission qui devient l’expression véridique de leur insertion sociale légitime.» — Plérôme.
[société]«Comment, étant un illustre inconnu, parvient-on à acquérir reconnaissance et renommée ? Est-ce même désirable ? Telles sont les questions qui préoccupent les individus qui souffrent de vivre un anonymat à l’intérieur d’une société qui est dépersonnalisée, que seuls les médias du spectacle, de la communication et de l’information peuples de persona reconnaissables et identifiables.» — Plérôme.
[société]«D’un point de vue phylogénique, la société est le miroir vivant de l’homme générique dont l’image, d’autant plus estimable qu’elle est réellement et profondément bonne et vraie, est enracinée dans la progéniture qui est engendrée par la femme, comme elle est entretenue et perpétuée par elle, grâce au concours et à la contribution essentielle de l’homme spécifique.» — Plérôme.
[société]«L’ordre social, tel qu’il existe actuellement, n’est que le vestige d’une époque où la société humaine fondait ses rapports sur le principe de l’amitié et sur la spontanéité dans la réalisation que chacun en faisait: de nos jours, l’organisation sociale, ainsi que le commerce des personnes qu’elle suppose, obéissent à une dynamique interpersonnelle comme si le principe de l’amitié était toujours celui qui inspire la mentalité collective.§ En réalité cependant, la moralité contemporaine a substitué au principe de l’amitié, et de l’abnégation qui est requise dans la considération désintéressée d’autrui, celui de la concurrence et de la primauté exclusive du moi, qui prend l’aspect de l’absoluité dans ses formes extrêmes: cherchant à en atténuer les effets pervers, dont la déliquescence de la société en raison de l’atomisation sociale et de l’asservissement du semblable qui en résulte, la société érige un ordre et gouverne celui-ci au moyen d’une réglementation codifiée, avec la conséquence que plus l’ordre est rigide, et plus les rapports entre les individus sont réglés, plus il doit compenser pour la rareté de la qualité essentielle, seule apte à inspirer la réalisation manifeste de l’état social idéal, c’est-à-dire l’amitié, dont l’idée se maintient néanmoins dans la mémoire collective que préserve la poésie, dans le sens le plus inclusif et le plus compréhensif du terme, mais dont la substance fondamentale du sens, telle qu’elle est révélée dans les mœurs collectives, a perdu progressivement de sa vitalité avec le passage historique des générations et des époques qui l’ont progressivement évacuée de leurs conceptions et l’ont aliénée dans la réalité.» — Plérôme.
[société]«La notion de père et la notion de chef ont ceci en commun qu’ils se fondent tous les deux sur un même complexe, celui du devoir qu’anime l’amour de l’unité sociale pour lequel ils se dévouent, la famille pour le premier et la société pour le second, de sorte qu’il est possible de dégager un lien analogique qui est commun aux deux dignités: il est possible, par conséquent, de constater l’existence d’une interpénétration et d’une intersection des deux fonctions qui, tout en fondant l’autre pour la première — car l’organisation basée sur la famille est logiquement et ontologiquement antérieure à celle qui regroupe les membres d’une même progéniture en vue de réaliser une fin vitale commune, plus ou moins consciemment appréhendée —, trouveront dans le désintéressement du service rendu à autrui et de la coopération en vue de réaliser un objectif commun, mutuellement bénéfique, les motifs justificateurs et les mobiles idéaux d’une action intelligente, sensée et source d’une satisfaction générale, puisqu’elle est aussi évidente par ses résultats qu’elle est bénéfique par ses effets.» — Plérôme.
[société]«Une société qui conçoit son accomplissement, tout en empêchant ses meilleurs éléments de se réaliser, peut se comparer à un jardinier qui aspire à créer le plus beau jardin, mais refuserait de s’occuper de ses plus beaux spécimens et de les faire profiter: en agissant ainsi, celui-ci voue sa culture à un retour plus ou moins rapide et constant vers un état d’indifférenciation qui le rapproche de l’état sauvage, en lequel la présence de plantes remarquables est le fruit d’un ordonnancement aléatoire (à la différence d’un jardin sauvage où le cultivar qui le compose existe spontanément et naturellement à l’état de nature mais fait l’objet d’une transplantation et d’un arrangement intentionnels), la société qui se laisserait gouverner par cette conviction laisserait entendre à ceux de ses membres qui s’en enquerraient qu’elle fonderait leur avenir sur la promotion du principe de la médiocrité avec pour conséquence l’installation graduelle et progressive d’un état d’indifférenciation qui favoriserait la reproduction de plus en plus fréquente de schémas culturels qui la rapprochent de sa primitivité initiale, mais sans le bénéfice d’une vertu originelle qui pourrait assurer qu’elle ne rétrograderait pas et ne déchoirait pas vers un état bestial.» — Plérôme.
[spiritualité]«Ce qui distingue la «main invisible» de l’homme de celle de Dieu, pour utiliser l’allégorie bien connue d’A.Smith, c’est que la première recourt à des moyens physiques pour réaliser son action imperceptiblement, alors que l’autre opère son effet en mettant à contribution des moyens spirituels, alors même que l’effet physique observable, pour l’agent à l’origine de laquelle une causalité se laisse présumer ne permet pas d’opiner immédiatement sur la nature de cette causalité.§ D’ailleurs, l’on pourrait affirmer que la criminologie appliquée a pour fin première d’opérer une distinction entre la causalité spirituelle et la causalité physique et d’identifier les agences qui, étant contraires à une fin désirée, qu’elle soit morale ou physique, parce qu’elle s’oppose au mal bien entendu dont la conscience d’une coterie prépondérante érige les caractéristiques et les manifestations en raison publique, produiraient une action qui engendrerait intentionnellement une causalité physique, par contraste à une agence morale dont l’intentionnalité supraphysique serait à l’origine du miracle et du prodige, deux phénomènes qu’aucune évocation du hasard, ce concept ambigu et polysémique, ne saurait pleinement expliquer ou suffisamment justifier.» — Plérôme.
[vérité]«C’est à se demander parfois si l’homme ne cherche pas à édifier sa connaissance sur les ruines de la vérité que l’on mine, en conservant l’accessoire et en niant l’essentiel, plutôt que l’inverse, tout en affleurant de manière asymptotique l’essence, la qualité principale et intime qui sied au cœur des choses, s’en inspirant formellement, sans jamais la rejoindre, afin de rendre encore plus plausible son action.» — Plérôme.
[vérité]«La seule substance qui soit digne de remplir l’âme de la personne, lorsqu’elle espère en la plénitude de la vie, c’est la vérité qui, justifiant cette expérience, en comble l’attente et qui, fondant la foi qui en exprime l’essence, prend à témoin l’inspiration de l’esprit qui en révèle les mystères.» — Plérôme.
[vérité]«Qu’elle soit transcendante ou immanente, spirituelle ou naturelle, métaphysique ou physique, toute vérité est, et se laisse découvrir, dans le principe qui la fonde: elle ne saurait apparaître, dans son intégralité pure et immarcessible, si elle n’est pas révélée à la conscience par un esprit éclairé qui la possède effectivement, ou au contraire la nier, la trafiquer ou tenter de déroger à elle, en supposant un esprit malin et trompeur qui lui substituerait un ersatz, censé faussement la lui représenter adéquatement à l’esprit.» — Plérôme.
[vérité]«Qu’il est triste pour l’histoire de l’esprit humain lorsque l’art du mensonge et du trafic de la vérité, motivé souvent par la poursuite de l’intérêt, prévaut sur la vertu de l’honnêteté, de la sincérité et de la véridicité, dans la quête et dans l’expression que l’on en fait.» — Plérôme.
[vertu]«L’expérience constitue le creuset de la vertu morale, lorsqu’elle se pratique sans calcul ni arrière-pensée: car seulement alors, lorsque l’effet d’une conduite constante et admirable puisse la révéler, sans avantager l’agent moral qui l’illustre, et peut-être alors même qu’elle risque de jouer à son très grand désavantage, la disposition vertueuse persistera-t-elle à se manifester et à caractériser son possesseur, en révélant l’essence pure et irréprochable, c’est-à-dire l’ingénuité que ne viennent altérer ni corrompre aucun motif ultérieur, ni aucune poursuite cachée.» — Plérôme.
[vertu]«La générosité est un libéralisme véritablement désintéressé, puisqu’il tend à réduire l’écart matériel entre les particuliers qu’une injustice sociale a causé à s’installer à l’intérieur de la société, comme la prudence est un conservatisme profondément inspiré, puisqu’il vise à maintenir un état au nom du plus grand bien que produit celui-ci, lorsqu’il est comparé à d’autres états actuels ou éventuels: outre que l’un et l’autre témoignent de la vertu de la personne qui les démontre, étant centrées sur la pureté du cœur, pour celle-là, et sur la clairvoyance de l’intelligence, pour celle-ci, elles ne renvoient pas pour autant à des champs distincts de l’être vivant, puisque l’inspiration qui guide la conduite avisée comme la décision sage peut aussi reconnaître dans la générosité un état d’âme qui est salutaire pour la conservation de la société, comme l’oubli de soi qui caractérise la bienfaisance de la disposition peut aussi procurer une ouverture de l’esprit, réceptive aux meilleures solutions aptes à répondre adéquatement à une situation complexe et problématique, au moyen d’un discernement et d’un jugement exemplaires; de plus elles préserveront, en exemplifiant une synergie dans leur rapport, contre les excès possibles, autant de l’une que de l’autre, puisque la prudence neutralisera les tendances à faire preuve d’une prodigalité mal avisée comme la générosité empêchera que ne s’installe l’inertie d’un état social qui, par souci de conserver ses acquis, cesse de progresser sur la voie de la justice et de l’équité pleinement accomplies .» — Plérôme.
[vertu]«La vertu doit-elle se dérober du regard de la perversité, afin de ne pas lui imposer le poids de sa propre entropie et qui, dans le nihilisme de sa disposition, risque d’emprisonner jusqu’aux intentions les plus lumineuses de la bienveillance qui inspire ses actions ?» — Plérôme.
[vertu]«La vraie foi se reconnaît à l’espérance véritable qu’elle permet d’entrevoir, à la charité véritable que témoigne l’activité qu’elle anime et qu’elle inspire ainsi qu’à la sagesse véritable qui reconnaît la vérité de sa substance et des principes constitutifs de son essence et qui possède la compétence de concrétiser réellement et effectivement et de transmettre avec intelligence les enseignements qui en procèdent.» — Plérôme.
[vertu]«Seule l’âme qui est véritablement innocente et pure sait laisser agir sa vertu d’une manière désintéressée, non seulement parce qu’elle n’en éprouve aucune incitation réelle, n’étant aucunement motivée à rechercher, en posant une action intéressée, une récompense qui lui est déjà virtuellement assurée, en vertu de la bonté transcendante de la Justice éternelle, qui ne saurait nier à l’être ce qui lui est dûment redevable, mais encore en raison de sa nature, dont l’état et la constitution ne l’inclineraient pas à se nier elle-même, sauf peut-être en croyant sincèrement, ou en étant tentée de le faire — éventuellement faussement —, qu’elle pourrait se montrer être encore plus à la hauteur de la valeur de la moralité qui l’inspire et de la qualité sublime qu’elle est parvenue à réaliser en elle-même.» — Plérôme.
[vie]«Le merveilleux, autant celui qui se réalise que celui que la conscience espère, est la perfection de la vie et l’amour en est l’essence constitutive et originelle.» — Plérôme.
lundi 18 mars 2013
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