[Depuis le 30 juillet 2013, avec mises à jour périodiques. — Since July 30th 2013, with periodical updates.]
[action]«L’exacerbation de l’esthétisme, qui consiste en un mélange de révérence et d’admiration, pouvant aller jusqu’à l’adulation, pour une chose créée ou produite et qui procure à l’esprit le réconfort moral de pouvoir communier à cette chose et jouir de la beauté éminente de son spectacle — une valeur esthétique qui est à sa façon insurpassable et digne de la plus vive considération —, s’avère parfois être un facteur d’inaction lorsque la conscience se complaît dans la bonté et dans la force du sentiment qui sont vécues par elle et qu’elle se satisfait d’éprouver la douceur intemporelle et vivifiante de sa puissance, en oubliant alors que la personne, et tout être vivant en général, s’inscrivent également à l’intérieur d’un mouvement historique dont les forces sont prépondérantes et qui, à défaut de participer adéquatement et avec ardeur à leur déploiement, risquent de prévaloir d’une manière qui est étrangère au bonheur et au bien-être des individus.» — Plérôme.
[action]«La vérité fait rarement l’unanimité, puisqu’elle s’adresse à la perfectibilité humaine dont une des caractéristiques est l’inertie qui apporte avec elle la résistance au changement, y compris et peut-être surtout celui qui concerne et qui engage la personne propre des particuliers.» — Plérôme.
[aliénation]«Mieux vaut, pour une personne, avoir perdu tout ce qu’elle pourrait avoir désiré et de néanmoins avoir découvert son essence véritable que d’avoir gagné tout ce qu’elle tenait pour être souhaitable et d’avoir perdu en même temps le sentiment de son identité réelle: car un individu peut toujours connaître un revers de la fortune et retrouver ce qui lui a été enlevé, et peut-être plus et mieux encore, mais une fois qu’il s’est perdu lui-même, dans le plus essentiel de son individualité, il est difficile de le regagner puisque cela signifierait alors retrouver un état que, tout en étant gratuit, il ne lui revenait pas initialement de pouvoir en disposer impunément, comme étant une fantaisie sans signification ni importance réelle, puisqu’il était l’émanation de sa vie propre.» — Plérôme.
[amour]«La véritable amitié, comme le véritable amour, se reconnaissent moins au plaisir que la conscience peut mutuellement en dériver qu’au bien-être que les amis ou les amoureux se donnent pour fin d’accomplir pour l’autre et pour les autres et qui n’est pas sans produire l’indicible plaisir qui est associé au bonheur qui résulte de cette action.» — Plérôme.
[amour]«La véritable amitié, comme le véritable amour, sont des états qui, procédant de la vie, ne sauraient être autre chose, dans la réciprocité des cœurs et des sentiments qui en vivent la réalité, que des mobiles fondamentaux et essentiels de la vie, autant pour ceux qui vivent en conformité à la disposition intérieure qui en procède, que ceux qui en éprouvent les émanations bienfaisantes, que ceux qui en feront éventuellement l’expérience, grâce à la communion intime et privilégiée qui les expriment et par laquelle ils verront le jour et qui ont l’occasion de naître et de se découvrir par eux.» — Plérôme.
[amour]«Une lecture approfondie des Écritures nous enseigne qu’une analogie profonde existe qui puisse caractériser la réalisation incomplète de la nature de la femme comme de celle de l’homme, à savoir que l’on peut voir en l’adultère, pour celle-là, la contrepartie de l’homicide pour celui-ci: car si le phénomène est plus apparent dans un cas que pour l’autre, chacun de ces délits est révélateur d’une violence qui est radicale, puisque l’adultère porte atteinte à l’amour profond et légitime qui existe à l’intérieur du couple, le constituant et l’édifiant, pour éventuellement le détruire et l’éteindre; et que l’homicide s’attaque à la vie d’un homme et remet définitivement en cause son existence physique et son appartenance à la société dont il était jusqu’alors un membre à part entière: car l’amour est à l’essence de la vie comme l’existence est à sa manifestation. De plus, l’amour caractérise l’affinité mystérieuse qui unit les deux amants et les réunit au monde intemporel de la spiritualité, en créant un lien indissoluble entre tous ces éléments, proportionnellement à la plénitude de sa réalisation, un état qui n’est pas sans se refléter sur leur vie, comme sur celle de la collectivité en laquelle elle s’enracine, autant par la progéniture qu’elle peut lui apporter que par la contribution à la qualité bienfaisante de l’ambiance qui en résulte. § En brisant ce lien, l’adultère devient le moyen effectif, intelligible mais néanmoins réel, de la dissolution de cette exhaussement de l’âme et de l’esprit, comme de la disparition des bienfaits qui sont susceptibles d’en procéder, et de l’arrachement des personnes concernées à un plan spirituel et existentiel dont la causalité leur échappe, mais qui s’articule néanmoins autour de forces et de puissances énigmatiques qui sont inhérentes à la vie, autant au plan de l’immanence matérielle et temporelle de l’existence qu’à celui de sa transcendance immatérielle et intemporelle. § Bref, l’infidélité des amants porte préjudice à la destinée de deux êtres voués l’un à l’autre, par le sentiment qu’ils éprouvent l’un pour l’autre et qu’ils cultivent dans leurs rapports quotidiens, la promesse qu’ils ont échangé dans la réciprocité représentant la prise de conscience de la réalité de cette prédestination et le désir sincère de vivre toutes les apparences qu’elle est apte à revêtir, selon les aléas de l’expérience et les conditions historiques et changeantes de la culture.» — Plérôme.
[communication]«Il semblerait parfois que l’injonction de l’Église, lorsqu’elle enjoint à détester le péché, mais à aimer le pécheur, ait été transformée, dans la société exclusivement laïque, par celle d’aimer le message ou le discours (lorsqu’il convient à la raison commune et à la conviction publique), mais d’en ignorer ou autrement d’en méconnaître l’auteur.» — Plérôme.
[communication]«Les propos perdent tout leur sens lorsque la fin de leur élocution est uniquement ‘phatique’ et qu’ils ont premièrement pour but de souder les sympathies et de créer les liens sociaux d’une appartenance à un groupe ou à un ensemble, ou encore lorsque leur intention précise devient la justification de l’institution ou de la société qui les encadrent et à l’intérieur desquels ils s’inscrivent: car si ces ensembles deviennent d’abord fusionnels, aucune signification intellectuelle, procédant de leur originalité caractéristique, ne vient éclairer leur conscience commune et orienter les actions qui répondraient adéquatement aux situations particulières qui les rendent nécessaires.» — Plérôme.
[connaissance] «Le mystère doit toujours être une incitation à développer son intelligence comme il doit constituer l’occasion d’offrir à l’esprit un défi, celui de savoir pénétrer ses arcanes et à atteindre la richesse de son essence, peu importe l’incomplétude du résultat auquel la tentative d’une heuristique arrivera, non pas tant en raison de l’insuffisance des moyens intellectuels qui sont déployés par lui, mais surtout en vertu de la vastitude et de la profondeur inhérentes à l’objet sur lequel porte cette activité exploratrice.» — Plérôme.
[connaissance]«C’est un bien pauvre échange que celui qui consiste à offrir, en contrepartie d’une intuition originale et géniale, une bribe de connaissance qui appartient au fond de la culture commune et qui circule entre les esprits, ayant la valeur d’un thème qu’il importe de véhiculer, si l’individu désire être accepté par l’ensemble du hoi polloi.» — Plérôme.
[connaissance]«Lorsque le scepticisme et l’empirisme deviennent les deux moyens exclusifs de la connaissance, ces attitudes épistémologiques conduisent à une atrophie de l’intelligence, puisqu’ils limitent l’action réflexive de l’esprit à ne considérer que la nature sensible et ne s’autorisent à concevoir uniquement les réalités qui sont susceptibles d’une vérification par les sens, pour douter de la réalité épistémologique de tout objet de la raison qui est ni concret, ni tangible; par conséquent, ces réflexions qui tiennent de l’exercice du souvenir, de la mémoire et de l’impression intime à la conscience et au sentiment, y inclus l’exercice de la raison portant sur ces facultés et sur une appréhension et une analyse de leur contenu, ne tombent pas sous leur considération épistémologique: ainsi le monde de la réalité est-il réduit uniquement aux choses qui renvoient à une objectivité sensible, sans allouer pour l’apport de l’expérience et de la vérité subjectives à la constitution d’un savoir authentique, sur lequel se fonde une pratique légitime et valide, susceptibles tous les deux d’enrichir la culture et la civilisation ambiantes à l’intérieur desquelles s’exercent les consciences, les intelligences, les esprits et les raisons, lorsqu’ils participent à leur enrichissement, à leur extension et à leur pérennité.» — Plérôme.
[culture]«L’histoire nous apprend qu’aucun grand peuple n’a vu le jour, n’a excellé au plan culturel ni n’a exercé une influence importante et bienfaisante sur ses voisins, en favorisant des vues et en réalisant des actions qui procédaient d’une pauvreté et d’une étroitesse d’esprit.» — Plérôme.
[culture]«L’incroyance, qui n’admet plus aucune réalité qui soit transcendante et supérieure à la conscience individuelle, ni mystère qui en intime la présence actuelle; l’impiété, parce qu’elle n’aperçoit en autrui ni n’alloue pour lui aucune dignité réelle qui lui appartienne en propre et qui soit fondée sur une valeur intangible et intrinsèque, et qu’elle considère uniquement celui-ci comme étant un moyen parmi d’autres qui lui permette de parvenir à ses fins; et l’inscience, qui réduit le champ intellectuel de son semblable à n’être plus que la lecture superficielle du champ de son expérience immédiate, sont en vérité à la fois les trois mères et les trois filles de la décadence, par les conséquences qui résultent d’elles, pour la culture et pour les formes variées qui sont aptes à être générées par elle au cours de l’histoire.» — Plérôme.
[culture]«Le principe de la décadence se fonde sur un état de médiocrité morale qui se substitue, dans la raison et dans le cœur de la généralité, aux valeurs de l’excellence et de la grandeur de l’âme, en produisant un habitus qui, se justifiant à lui-même du fait même de son existence, en vient à se proposer comme étant l’idéal de la perfection et de l’accomplissement des individus.» — Plérôme.
[Dieu]«Dieu étant et existant, voire que la preuve de ce fait tînt uniquement d’une ardeur de la foi subjective ou qu’elle se défendît simplement au moyen de l’argument ontologique, aucune dénégation ne saurait altérer ni Sa nature, ni le fait de Sa réalité: un athéisme généralisé n’aurait donc, pour tout effet, que celui de séparer l’incroyant de Sa vérité et de vouloir vivre exclusivement jouissant néanmoins de bienfaits qui procèdent d’une Source ultime dont la nature et l’efficace se passeraient de toute intelligence, de toute reconnaissance et de toute louange: or, que pourrait vouloir dire une telle rupture épistémologique et psychologique pour ceux qui propagent la doctrine athée et en vantent le mérite? l’analogue, au plan strictement humain, trouverait sa contrepartie avec la situation de celui qui, sans contribuer à sa production ou à sa fabrication, mange le pain de l’artisan qui le réaliserait intégralement, tout en niant qu’un tel agent n’existât et en considérant par conséquent qu’il pourrait s’abstenir de lui en savoir gré.» — Plérôme.
[duplicité]«Le combat résulte lui aussi, avec la victoire de l’une des parties qu’il oppose, en l’échec que représente la défaite du rival: mais la lutte se fonde sur le principe de l’égalité des chances, procédant de celle des deux adversaires qui, à travers l’épreuve agonistique, en viennent à faire valoir la qualité et l’amplitude de leurs talents physiques et mentaux respectifs. § Il en va autrement de la fraude qui, plutôt qu’exacerber, pour les surpasser, l’habilité et le courage d’un adversaire qui a l’opportunité de s’illustrer sur une lice, en vertu de règlements acceptés mutuellement et de manière consensuelle comme étant susceptibles de produire un résultat équitable — si parfois malheureux, lorsque l’enjeu du concours est élevé —, comme en un concours honnête et franc, cherche à exploiter la vulnérabilité d’une victime, à l’intérieur d’un état social stable qui serait censé prévaloir — où règne un état que caractérisent la confiance et la coopération réciproques, fondées sur l’espérance qu’entretiennent les participants de produire un avantage mutuel, consécutif à l’accomplissement d’un effort que servent des fonctions et des statuts clairement établis, dont la finalité est de favoriser cette issue —, le tout en vue de retirer des avantages accrus qui favoriseront l’agent du dol, voire qu’ils seront pour lui, ainsi que pour tout observateur impartial, l’expression d’un rapport injuste et d’un résultat inéquitable.» — Plérôme.
[duplicité]«Si, de l’avis de certains, rien ne ressemble plus à un échec qu’une fraude, c’est que l’échec qui est encaissé est souvent la conséquence de la fraude puisqu’il atteste sa réussite, étant associé au dol dont la fin première est surtout d’avantager l’agent qui en bénéficie au détriment du semblable dont il profite.» — Plérôme.
[esprit]«Ce qu’il y a de merveilleux avec la pensée, c’est qu’elle semble posséder une possibilité qui est à la fois illimitée et inépuisable, lorsqu’elle s’engage sur toutes les avenues qui s’ouvrent à elle et qui sollicitent l’abondance et la diversité de ses ressources épistémologiques.» — Plérôme.
[esprit]«L’esprit révèle à la conscience bien des secrets au sujet d’elle-même, même et peut-être surtout à travers les utopies qu’il invente et se constitue, pour corriger les lacunes et les dérives actuelles que la réalité oppose à la pureté et à la plénitude des virtualités de sa nature essentielle.» — Plérôme.
[esprit]«Une compréhension adéquate de l’histoire de la spiritualité humaine devrait aussi inclure une intelligence des raisons qui font que la montée du laïcisme s’accompagne en même temps d’une exacerbation de l’impiété du déplacement des énergies désidératives vers la culture du matérialisme, plutôt que leur concentration sur les valeurs de l’épanouissement et du perfectionnement spirituel et leur recentrement sur ces activités, advenant que l’esprit s’en trouvât distrait ou éloigné.» — Plérôme.
[État]«Un État qui se prétend neutre, et qui aspire à atteindre la complète neutralité, ne saurait être en réalité entièrement neutre, puisqu’il ne saurait rester indifférent à sa propre existence comme à sa propre durée et à sa propre persistance dans le temps: or puisque cette continuité repose sur l’actualisation de la conception que nourrit l’essence de l’État et du sens que prend sa raison d’être pour ceux qu’elle infuse, cette idée exprime quelles sont les valeurs réelles de l’État, aptes à garantir à la fois sa justification ainsi que sa survie; en cherchant quelles sont ces valeurs, le penseur parviendra éventuellement à la connaissance des véritables motifs, des valeurs authentiques et des mobiles réels qui sont au fondement de l’identité, de la réalisation et de l’activité de l’État. § Puisqu’il est dans la nature des valeurs qui inspirent et qui impulsent un être de viser à sa plénitude et à son accomplissement, qu’il soit individuel ou collectif, et de pouvoir se définir à un plan idéel et rationnel, par une intelligence qui est disposée à faire l’effort en ce sens, mais qu’elles ne sauraient influer sur les conduites qu’à la condition d’être désirables et recevoir une adhésion complète au plan du sentiment, de manière à susciter la volonté qui cherchera à les concrétiser et à les incorporer aux schémas du corps social ainsi qu’aux institutions qui en procèdent, de sorte à former les consciences qui se revendiquent de lui et à orienter leur vie collective, le penseur doit convenir alors qu’elles sont le production d’une action qui est de nature religieuse: car l’adoption qu’elles sont susceptibles de recevoir spécifiera en quelque sorte les convictions qu’il vaudra mieux extérioriser par la conduite de chacun et défendre face à tous par son discours et par ses actions, face à celles qui pourraient en diverger sérieusement et porter atteinte à leur crédibilité comme à leur fondement. § Admettant cela, toute volonté qu’exprime un État de spécifier les valeurs qui en animent l’idéal, lorsqu’il entre en rapport avec ses citoyens, constitue une démarche religieuse qui, si elle cherche à s’accomplir d’une manière autonome, et à réaliser l’unité de la citoyenneté, sans référence aucune à un schème religieux pré-existant, en raison d’être issu de la tradition de la pensée, conditionnée par les aléas de son histoire sociale, politique et naturelle, ne saura que réaliser la définition d’une religion de l’État (par opposition à une religion d’État), c’est-à-dire d’un ensemble de croyances et de pratiques communes, officialisées par le corps des gouvernants et des élites, dont la finalité sera d’assurer la vitalité et la survie de l’État, en se conciliant les forces et les puissances, de quelque nature qu’elles soient, qui pourraient autrement en compromettre la stabilité, en affaiblir la cohésion réelle et éventuellement en signifier la disparition. § Tel est le paradoxe de l’État qui, désirant afficher une neutralité confessionnelle, se voit placé devant l’obligation de définir une confession laïque qui, offrant une alternative aux confessions existantes, quelles qu’elles soient, se réservera un champ idéologique et doctrinaire privilégié qui tiendra de son autorité exclusive sur les consciences, qui ne souffrira ni opposition, ni contestation et qui, en même temps, s’arrogera le droit de faire un usage prépondérant de la force afin de maintenir le droit qui légitime ses prétentions. § Affirmer qu’une telle démarche ne s’effectuera pas sans soulever d’émoi, de la part des esprits pour qui le fondement réel de l’État repose sur une vérité éternelle et immuable constituera alors, soit un exercice en naïveté sociale et politique, soit sciemment la volonté d’entretenir une culture de l’illusion qui puisse constituer la raison d’être de l’État, au nom du principe de l’unité des consciences qui requiert un narratif ou une théorie qui en assure l’actualité, sauf à supposer qu’il existerait un véritable intérêt pour celui-ci à voiler les yeux de la population afin de donner à l’État un visage et une finalité laïciste. La question serait alors, pour le penseur, d’identifier et de comprendre le motif profond de cette occultation immuable qui transcende, sans les nier, les contingences de l’existence naturelle — une question qui ne fut nullement entrevue, au commencement de l’exercice, lorsqu’il s’agissait de comprendre la justification du principe selon lequel l’État prétendait pouvoir pratiquer une forme de neutralité bienveillante, face à l’ensemble des conceptions, des convictions et des pratiques formelles, comme des intuitions, des croyances et des idées informelles, susceptibles d’être adoptées par ses sujets, tout en cherchant à définir les conditions existentielles, nécessaires au maintien de l’État et de la société, en anticipation d’un consensus idéologique et religieux salutaire, fondé sur la compréhension et la profondeur consciemment appréhendés de la Vérité.» — Plérôme.
[excellence]«La médiocrité réprouve autant, sinon plus, l’excellence que l’insuffisance: c’est que celle-ci l’attire vers un état de décadence absolue qui nie la possibilité aux consciences qui autrement s’en satisfont de conserver un statu quo et un modus vivendi suffisants; mais que celle-là l’oblige à quitter un état d’inertie qu’elle ne désire nullement abandonner, en raison de la zone de confort et de sécurité qu’elle maintient grâce à elle.» — Plérôme.
[excellence]«Sans diminuer l’importance de l’autre attribut, ni exclure que la même personne puisse réaliser en elle-même la possibilité intégrale de leur amalgame et de leur concertation, vaut-il mieux être une personne de substance, dont les idées de génie, susceptibles d’orienter la culture dans des directions excitantes, marquent la pensée de ses contemporains, ou une personne de qualité, dont la vertu et la magnanimité transforment leur conscience et édifient leur âme ?» — Plérôme.
[existence]«Une maxime qui, étant accessible à l’esprit de tous et de chacun, serait susceptible d’assurer le succès d’un effort réalisé en vue de susciter un progrès: en partant de l’état où la personne se situe actuellement, toujours en faire un peu plus par jour, de manière régulière et constante, dans le sens d’apporter une amélioration désirable à la situation de son existence.» — Plérôme.
[expérience]«Derrière tout choix que produit le jugement, il est possible de retrouver la somme totale de l’expérience de vie du sujet moral, avec les dispositions qu’elle l’incline à vivre, appariée au degré de résolution par laquelle il souhaiterait, soit en reproduire l’excellence en d’autres lieux et situations, soit en dépasser là la médiocrité, soit en améliorer et en perfectionner la substance en ces occasions.» — Plérôme.
[femme]«S’il est vrai que, paradoxalement, le véritable pouvoir de la femme consiste à n’en exercer aucun — et à l’illustrer en puissance dans le champ psychique et spirituel de l’intangible et de l’invisible —, la mesure de son efficace réside, comme pour tout pouvoir, en la bonté des fins qu’elle recherche et qu’elle produit, en la constance qu’elle démontre à les atteindre, ainsi qu’en la sagesse et la vertu qu’elle illustre tout au long de l’accomplissement de cette quête.» — Plérôme.
[foi]«L’erreur que l’esprit commet, lorsqu’il oppose, en les distinguant radicalement, la foi et les œuvres, c’est-à-dire la croyance religieuse profonde d’une personne et les actes qui en procèdent, ne peut que résulter d’un artifice de l’esprit: car l’esprit ne saurait posséder des mystères de la vie une compréhension riche et fondamentale sans que celle-ci n’influe sur les actions de la personne qui en témoignent, comme la noblesse et la sublimité d’une action, réalisée sincèrement et gratuitement par un agent moral désintéressé, ne saurait révéler autre chose qu’une disposition, présente en son âme, à révéler une sagesse, même intuitive et implicite, des vérités transcendantes et universelles. § Autant la foi conditionne les œuvres, en leur procurant un sens et un motif qui en atteste la vérité, autant les œuvres témoignent de la foi, en confirmant sa pertinence pratique véritable pour les instances concrètes de l’existence; par conséquent, la foi sans les œuvres exemplifie une conviction vide, comme les œuvres sans la foi illustrent un engagement vain.» — Plérôme.
[foi]«La croyance que l’intelligence paraît adopter spontanément peut éventuellement révéler, lorsque le cheminement qui l’a produit apparaît clairement, un long travail de gestation philosophique: ainsi, l’effort d’une réminiscence approfondie, accompli sur les convictions les plus intimes qu’elle nourrit, permettrait-il de retrouver quels sont les fondements rationnels qui l’enracinent et de communiquer à l’interlocuteur qui ne les partage pas, les raison profondes qui sont sous-jacentes à la foi qui inspire ses convictions, qu’elle embrasse comme étant la source intarissable de la plénitude de la vérité et pour laquelle la conscience persiste à témoigner d’une fidélité inébranlable.» — Plérôme.
[foi]«Le penseur adopte intuitivement et suit spontanément une croyance, mais il étudie objectivement et il approfondit consciencieusement une pensée, pour s’en laisser pénétrer et conditionner la Weltanschauung qui procède d’une démarche semblable, maintes fois et cumulativement répétée, édifiant les principes qui la constituent sur la perspective transcendante et synthétique qui caractérise ce processus; d’où il résulte que, d’un point de vue pratique, ce qui est une religion pour les uns peut se transformer en une philosophie pour les autres, selon qu’il existe, ou non, une prétention à l’universalité de la vérité ainsi représentée et un pouvoir irrésistible et prépondérant de celle-ci à susciter une foi, une adhésion invincible et un assentiment imparable à l’intérieur des âmes et des consciences qui lui sont exposées.» — Plérôme.
[histoire]«L’histoire est le théâtre de la vie et le terrain de la réalisation des enjeux qu’elle présente aux consciences participantes, et elle embrasse autant sa continuation que son interruption, comme sa perpétuation et sa disparition, son épanouissement et son avilissement; autant sa perfection que sa corruption et la décadence de la société qu’elle affecte; autant la réalisation de la vérité, de la bonté et de la beauté qui commande son accomplissement dans l’amour que la dénégation de ces idées-valeurs, leur déformation et leur travestissement; autant l’actualisation de toutes ses possibilités vitales, en vue de parvenir à la plénitude de la majesté, de la grandeur et de la diversité qu’il lui appartient de manifester et de refléter, que le refus de ces virtualités et des œuvres qui en témoignent, en exprimant plutôt ce qui en serait la vulgarité, la médiocrité, la trivialité et l’uniformisation de ces traits. § Car l’histoire est aussi le lieu de la moralité, en vertu de cette puissance intime et intrinsèque de la vie, qui réside en la liberté de son accomplissement et l’illustration de la volonté de vivre par chaque être vivant et conscient, deux facultés qui s’expriment autant dans la qualité de l’existence qui le caractérise que par l’attachement qu’il témoigne envers sa conservation, sa perfection, sa diffusion et sa perpétuation: en effet la liberté, autant celle qui se manifeste individuellement, par la socialité, la compassion, l’amitié et la sympathie, que celle qui s’assume collectivement dans la convivialité, l’entraide et la coopération, distingue toutes les fins de la vie comme aussi l’excellence de leur réalisation comme étant à la fois possibles, puisque émancipées d’une force naturelle absolument contraignante, et désirables, comme faisant l’objet d’un choix lucide et conscient de la part de la volonté agissante.» — Plérôme.
[histoire]«La bonté est l’idée de l’être, pris dans son sens général; la vérité se trouve dans sa réalisation, autant dans la conscience qu’à l’intérieur du monde concret; et la beauté, dans l’adéquation pleine et entière de cette actualisation à la conception qui l’a produite actuellement: et comme la gradation caractérise tout ce qui, lorsqu’il se compare à l’absoluité qui en signifie l’accomplissement ultime, en laisse entrevoir la possibilité d’une amélioration future, autant la bonté que la vérité que la beauté ne peuvent se concevoir logiquement comme étant des moments discrets, mais comme des états ontologiquement contemporains et actuellement accomplis, tout en étant promis à un avenir éventuellement meilleur, que la réalisation de plus en plus infinie dont est susceptible tout être révélera l’achèvement, en vertu de l’entéléchie qui est la sienne. § Par ailleurs, l’on peut aussi concevoir des moments à l’intérieur desquels cette aspiration à la perfection et la direction que la conscience lui donne s’expriment par une conception et une réalisation moindres que celles qui sont anticipées ou espérées: la dévolution devient alors le fait accompli d’une évolution qui s’annonçait, comme étant le sens que prendra désormais le cours des choses, en considérant leur idéalité initiale, entrevue dans l’imagination productive, et l’écart qui s’est installé entre elle et l’actualité effective de la civilisation, d’où ces moments de l’histoire que l’on nomme décadence et qui sont comme le rappel, non pas de l’inadéquation des idées transcendantales, lorsqu’elles sont appelées à influer sur l’éclosion de la possibilité humaine, mais des défis parfois insurmontables qui sont opposés à la manifestation effective de sa nature par des forces et des orientations idéologiques contraires.» — Plérôme.
[histoire]«Le refus de l’histoire, qui est une saisie, par l’intelligence, à la fois de l’occurrence des événements, de l’intrication de leurs développements dans le temps et des conjonctures qui en expliquent l’apparition et en justifient et la réalisation, constitue en même temps le déni du contexte en lequel s’inscrit le présent temporel qu’elle a préparé à se réaliser et de l’intentionnalité sous-jacente, mais néanmoins agissante, en vertu desquels tout événement prend son sens réel.» — Plérôme.
[histoire]«Serait-il trop osé d’affirmer que l’éducation de l’esprit de l’humanité, dans l’histoire de sa progression vers la civilisation, va dans le sens de la formation à la liberté: pour la femme dont la constitution est plus facilement vaincue pas le déchaînement des forces de la nature et de l’apprentissage à la vertu; pour l’homme dont la virilité le porte à espérer pouvoir triompher de toutes les adversités qui peuvent se présenter à lui, sauf peut-être les plus sévères, y compris de celles qui procéderaient de ses propres actions et de celles de ses semblables ?» — Plérôme.
[homme]«Ce sont de bien tristes sires, en effet, qui réduisent l’essentiel des rapports humains à la concurrence et à la domination, ne fût-ce qu’au plan idéologique et théorique, en omettant de considérer l’importance que prennent, pour la vie collective, les états de l’amitié, de l’entraide, de la compassion et de la coopération.» — Plérôme.
[homme]«L’histoire de la civilisation humaine s’édifie en vertu du rapport dynamique et complémentaire qu’entretiennent entre elles les deux formes que prend l’idéation, l’une se fondant sur le principe de la réminiscence et l’autre se fondant sur celui de l’oubli: mais en réalité, puisque le second est une forme lacunaire et incomplète du premier, seule la réminiscence, plus ou moins réalisée et plus ou moins achevée, peut prétendre fonder le mouvement de la civilisation humaine et prévaloir, à l’intérieur de la conscience collective, sous la forme d’une inspiration subjective des valeurs et des choix de l’humanité; car nulle matière inanimée n’est passible de ressouvenir et seuls l’être et l’âme doués de vie le sont, et d’autant plus qu’ils sont accomplis et réalisés, autant sur le plan des espèces que sur celui des individualités. § D’où il ressort que, à défaut de reconnaître complètement la capacité de l’individu à se ressouvenir, autant au plan individuel qu’aux plans social et historique, et de la développer en chacun par l’éducation, le principe du matérialisme s’avère malencontreusement la seule issue au dilemme qui résulte de cette méconnaissance, puisque, à travers lui, la pensée s’en réfère, uniquement à un objet qui, n’étant pas doué de mémoire, ne saurait être interrogé quant à un quelconque contenu mnémonique; par ailleurs, le danger d’une approche objectale, qui cherche à obvier à la difficulté que pose la pleine accréditation de la réminiscence, en refusant de contempler l’esprit, et en particulier la mémoire, qui en illustre l’entière complexité, c’est en même temps pour ceux-ci de se modeler exclusivement sur l’objet qui constitue l’unique champ épistémologique qui est estimé digne de recevoir une attention soutenue, à savoir une chose sensible qui est sans histoire et donc qui ne possède aucune identité propre. D’où la tendance de l’homme contemporain à se dépersonnaliser lui-même et à concevoir la réalité uniquement comme étant l’expression du moment présent que l’on traverse actuellement, sans avoir à en saisir toutes les complications historiques, ni à en concevoir tous les enjeux axiologiques, et peut-être même à refuser, soit par habitus, soit par suffisance, soit par complaisance, d’effectuer le travail d’effectuer une aperception rétroactive et une synthèse proactive, lorsque se présente à lui l’occasion d’éprouver l’éveil de l’esprit et que l’y prédisposent les intuitions qui l’encouragent en ce sens.» — Plérôme.
[homme]«La question fondamentale sur laquelle l’archéologie lève le voile avec chaque nouvelle découverte, parfois avec arduité, en raison des difficultés théoriques qu’elle oblige à surmonter, consiste à savoir ce que l’espèce humaine était avant de devenir ce qu’elle est présentement, peut-être pour encore mieux anticiper sur ce qu’elle sera un jour, en appréciant les virtualités qu’il est d’ores et déjà possible de d’apercevoir, autant dans le passé dont l’archéologue prend connaissance que dans le présent dont il est le témoin privilégié, en raison de son point de vue unique.» — Plérôme.
[idéal]«Lorsque l’illustration du mauvais, du faux, et/ou du laid se produit d’un côté, celle de leur contraire, lorsqu’elle est avérée, se trouve de l’autre; et lorsque l’exemplaire du bon, du vrai et/ou du beau se choisit un parti, son contraire, lorsqu’il est avéré, ne saurait que trouver domicile en un autre, sauf à tenter de subvertir le premier en recherchant, par une cohabitation des contraires, son affaiblissement, sa déliquescence et sa corruption.» — Plérôme.
[idée]«L’idéologie hélas ! est la plaie de la philosophie, par son désir de réduire l’idée à n’être plus uniquement que l’outil d’une volonté qui s’impose implicitement à la réalité et qui est susceptible de la transformer uniquement en réponse à des aspirations particulières, c’est-à-dire contingentes et éphémères, plutôt que d’en faire le reflet juste, véridique et pondéré d’une conception droite et adéquate, que seule l’intention de réaliser à travers elle l’exemplaire d’une plénitude universelle et éternelle anime, dans l’effort qui est exprimé de contribuer à son évolution.» — Plérôme.
[idée]«Un édifice que construit l’architecte, en employant des matériaux friables, ne saurait espérer résister longtemps aux avatars du temps, sauf à remplacer progressivement ce matériel par une substance plus durable: il en va ainsi de l’édifice idéologique, érigé par l’esprit de l’humanité, lorsqu’il effectue une représentation de la vérité, en s’assurant que la structure de l’édifice intellectuel que la raison s’est construite ne se fonde sur aucun faux principe et aucune croyance illusoire; car alors, seul leur remplacement progressif par des notions véridiques et des convictions réelles pourra assurer la pérennité de l’ensemble, dont la valeur principale et essentielle réside dans la quête épistémologique qui vise à aboutir à une théorie cohérente et complète de la vérité.» — Plérôme.
[ignorance]«L’ignorance peut servir de principe actuel au fondement du pouvoir politique: la conséquence de ce choix est énorme, voire que cet état fût désolant, puisque l’inertie qui en résulte se révèle être autant amorphe, par les nombreuses directions aléatoires qu’il engage à prendre, sans entraîner nécessairement de décision concluante, qu’il est aveugle, par la méconnaissance complète de la direction véritable qu’il serait susceptible de reconnaître, d’avaliser et d’emprunter. § Puisque l’ignorance ne sait admettre la vérité que d’une manière aléatoire et accidentelle, celle-ci devient par conséquent une fin consciemment irréalisable, en raison de la forme incomplète que prend alors pour la conscience l’aspiration à la réaliser: ainsi, toutes les croyances et toutes les convictions qui fonderont l’action que produit l’ignorance auront pour principe dans l’intellect une compréhension inadéquate de la réalité, une réalité dont l’appréhension est inspirée par de faux principes, soit qu’ils soient fantaisistes, soit qu’ils soient erronés, dont le contenu approximatif et seulement plausible cherche à combler l’incomplétude intellectuelle et le vide épistémologique qui sont laissés par le voile de l’illusion qui en masque la présence, comme elle procure à l’ignorance une apparence de crédibilité. § Par conséquent, les certitudes de la raison se situeront constamment en-deçà du seul champ épistémologique véridique qu’autorise à entrevoir et à espérer le principe de la vérité ultime et intégrale, dont la plénitude toujours plus accomplie est l’objet et la fin légitimes de sa réalisation, comme de la voie métaphysique qui la découvre et parvient à la réaliser.» — Plérôme.
[intelligence]«La décontextualisation de l’incident ou du propos, qui les isole de l’événement ou du processus thématique qui fournissent la circonstance de leur naissance, est peut-être le défaut le plus commun qui caractérise le biais herméneutique: en succombant à ses pièges, le penseur fonde une théorie, non pas sur l’aperception véridique de l’histoire, qu’accompagnerait une compréhension adéquate et nuancée des causalités, des contingences, des conséquences, des intrigues, des calculs et des influences qui sont sous-jacentes à une action et à un événement, mais sur la cohérence artificielle de faits et d’éléments, glanés aléatoirement mais organisés systématiquement en fonction d’une unité dont la cohésion appartient uniquement au pouvoir unificateur et constructeur de la raison, pour laquelle la réalité qu’elle prétend expliquer sert seulement de prétexte à ses ratiocinations plutôt qu’elle n’inspire, par l’entéléchie qui est propre à son déroulement, la matière, le contenu, la signification et le mouvement.» — Plérôme.
[justice]«La charité, c’est la justice qui s’intéresse, en vue de la redresser, à la situation irrégulière de ceux qui sont privés de leur dû en raison d’essuyer une iniquité réelle; la justice, c’est la charité d’une action corrective menée auprès de ceux qui transgressent effectivement le droit de leurs semblables et ainsi font une entorse à la paix et à l’harmonie de la société qui est ensemble le lieu de leur appartenance.» — Plérôme.
[liberté]«Comment expliquer, comme les leçons retenues de l’histoire nous l’enseignent trop bien, que la liberté des uns soit la tyrannie des autres: car comment voir autrement l’aspiration de certains à vivre une liberté entière, indépendamment de celle que peuvent entretenir leurs semblables, que comme une négation ou un détournement de celle-ci à leurs propres fins exclusives et particulières ?» — Plérôme.
[liberté]«Le paradoxe de la liberté, c’est que, même lorsqu’elle est complète, même lorsqu’aucune entrave ou empêchement, quels qu’ils soient, ne s’exercent sur la conduite ou sur la pensée de ceux qui en jouissent, pour en détourner la destination ou en corrompre la vertu — deux actions qui vont souvent de pair — , elle est destinée, entre les mains d’individus perfectibles, à créer des conditions existentielles qui détermineront les possibilités futures, puisque ceux-ci ne sauront jamais exercer leur liberté à la hauteur de la possibilité qu’elle autorise à imaginer, à savoir celle de pouvoir créer un monde en lequel chacun parvient à vivre et à agir selon la plénitude de son être: car seulement alors la liberté peut-elle espérer apporter tous ses fruits: de sorte que l’accession à la liberté implique nécessairement la vertu de pouvoir la réaliser et elle signifie non plus seulement la possibilité d’exercer, sans entrave ni contrainte, la plénitude de la liberté, mais encore celle de la réaliser pleinement en vue du plus grand bien possible, un idéal qui est seul susceptible d’émaner de l’individualité vertueuse, c’est-à-dire possédant et actualisant toutes les dispositions personnelles à cet effet.» — Plérôme.
[liberté]«Ou la liberté est, par essence, morale, ou elle n’est pas: car dans l’exacerbation des conduites injustes qui procéderaient d’un état où les agents qui seraient responsable de son occurrence feraient fi de la moralité — la moralité étant la disposition à agir d’une manière juste et équitable à l’endroit de ses semblables et par égard pour leur dignité —, il ne peut que résulter de cette iniquité une dépréciation plus ou moins appréciable de la fibre sociale qui rend possible la réciprocité de cette inclination, laquelle peut conduite jusqu’à l’éventualité de sa dissolution et sa déliquescence complètes, avec pour conséquence que, à l’intérieur de la société qui encourage un tel état de corruption, la seule liberté qui sera autorisée sera celle de faire entorse à la justice et à la bienséance, jusqu’à ce que celles-ci ne soient plus dans leur état que l’ombre de l’idée que l’on en possède. § Il s’ensuivra alors pour cette société une spirale dévolutive où chaque action nouvelle, nourrie par une conception immorale, révélera autant, sinon plus, cette propension à nier le bien, en raison de cette loi par laquelle chacun justifiera sa raison d’être par une manière d’être dont l’essence — en ce cas-ci, l’‘inessence’ — sera d’une qualité égale ou supérieure à celle que manifeste son semblable. Suite à celle-là, l’on assistera à l’instauration d’une rivalité qui se soldera nécessairement par une détérioration complète de la cohésion et de l’organisation sociales, caractéristique de la décadence, laquelle présagera de la perte totale de toute distinction individuelle, opérée en fonction de valeurs morales estimables et positives auxquelles chacun adhérera librement. § Or, un tel état de la société ne peut engendrer la liberté, qui protège aussi la possibilité de faire usage de son libre arbitre, en vue de réaliser le bien et de pouvoir l’accomplir intégralement, sans entrave, ni contrainte dans le sens opposé, et par conséquent il en signifie progressivement l’atténuation jusqu’à sa disparition complète, avec l’illusion systématique, sciemment entretenue par un pouvoir trompeur, qu’elle puisse néanmoins s’accomplir réellement, dans l’indifférence des sentiments, quant à la nature réelle des actions qu’elle autorise à commettre, et la confusion des esprits, quant à leur valeur effective, autant pour les individus que pour la société en général.» — Plérôme.
[mal]«Si l’on observe que parfois le mal surgit gratuitement et spontanément, en ce sens que les conditions de son apparition et de sa production ne sont pas évidentes, et que, par conséquent, elles semblent défier les principes de la relation de la cause et de l’effet, tels qu’objectivement ils peuvent se laisser constater par un observateur impartial et désintéressé, l’on ne saurait pour autant affirmer que son occurrence et sa manifestation sont indifférentes, et qu’elles se produiront sans égard ni considération pour la nature et la qualité des conséquences qui sont susceptibles d’en procéder: en ce sens donc, le mal pur est sa propre cause sui generis et il se définit plutôt en vertu des mobiles qui sont propres à la rationalité intrinsèque de l’agent moral qui en est à l’origine, plutôt qu’il ne serait l’exercice d’un désir de rectification et de correction qui appartient à la dynamique punitive (tout en pouvant lui ressembler) et qui viserait l’instauration d’un bien qui éventuellement en procéderait. § Par contre, il est aussi dans la nature de l’agent moral d’agir sur son milieu, autant physique que social, et d’employer ses ressources ainsi que sa détermination à en améliorer la qualité de sorte qu’alors, la présence du mal dans le monde deviendrait pour lui l’occasion d’exercer son libre arbitre, de galvaniser sa résolution, d’illustrer son courage et de recruter son effort en vue de les surpasser, afin de transformer, par une alchimie existentielle, les circonstances adverses qui, l’affectant à son détriment, deviennent réprouvables pour lui, en occasions bienfaisantes qui sont aptes à générer des situations plus agréables en même temps qu’un contentement, une satisfaction et un bonheur proportionnels à l’importance de cette réussite et à la plénitude de cet accomplissement.» — Plérôme.
[métaphysique]«L’en-soi est le principe intrinsèque en vertu duquel les choses sont ce qu’elles sont et deviennent ce qu’elles deviennent, conformément à une essence à la fois concevable et ineffable qui est inhérente à leur nature substantielle propre.» — Plérôme.
[moralité]«Ce qui règne «au-delà du bien et du mal», pour reprendre une expression qui fut aussi le titre d’une œuvre de Nietzsche, ne peut être que le bien pur et absolu, puisque alors les forces qui chercheront à en atténuer la présence et la manifestation auront cessé d’en prévenir la plénitude de l’actualité et le rayonnement de son action chaleureuse et bienfaisante.» — Plérôme.
[moralité]«Puisque le mal qui se commet ne résulte pas uniquement d’un choix moral, mais qu’il incarne aussi en la conscience de l’agent moral un principe de vie, et qu’il est dans la nature de toute vie de tendre à se perpétuer et à se reproduire au meilleur de sa capacité, tout mal répondra donc à un principe de la contagion, puisqu’il tendra à se répandre, par influence et par sympathie, il requerra, pour s’en défendre, une action positive et énergique, se réalisant tour à tour dans la discipline qui apprend à lui résister et dans la coopération et la solidarité qui suscite l’entraide des particuliers, en vue d’empêcher et de prévenir que la pureté et la bonté des natures ne subissent l’influence expansionniste et corruptrice de ces éléments qui, étant moins parfaits, pourraient altérer et trafiquer l’essence qui en révèle la valeur estimable.» — Plérôme.
[mythe]«Ceux qui rejettent intégralement, sans examen, le mythe risquent de n’en pas apercevoir la vérité profonde et éternelle qu’il recèle.» — Plérôme.
[pensée]«Le passé ne doit pas servir d’étouffoir à l’avenir, tout comme une perspective sur celui-ci ne doit pas faire fi du passé: car autant il serait injuste de nier la vérité qu’ont proclamée haut et fort de nombreux grands personnages de jadis — parmi lesquels certains sont allés parfois jusqu’à verser leur sang en témoignage de la valeur intrinsèque indéniable de leurs convictions, de leurs croyances et de leurs enseignements —, et qu’il serait inopportun de ne pas incorporer leurs préceptes aux directions qu’emprunte et que se donne la société, en prévision d’un avenir meilleur et en raison de la sagesse incontournable qui inspire et infuse leur contenu, autant il serait inique d’empêcher la production d’initiatives nouvelles, en invoquant, en guise de justification, la lettre d’une tradition figée qui chercherait à reconstituer un passé qui n’est plus, en réponse à une nostalgie qui prétendrait ramener l’humanité à des jours meilleurs, et non en proposant de créer (ou de recréer) les conditions qui sont essentielles à la production d’un tel état et en faisant appel à une imagination renouvelée, mais non sans reconnaître la valeur qui réside dans les formes de la pensée, issues des consciences ancestrales.» — Plérôme.
[philosophie]«Devant une problématique apparemment insoluble, soit que sa solution apparaisse, en raison de sa complexité, comme étant insaisissable, soit que cette complexité requiert un génie plus développé que celui que l’agent est préparé à illustrer, soit encore que l’effort requis afin de produire une solution plausible, ou de comprendre une solution proposée, serait prohibitif, en raison des limites de la science et de la technologie, ou plus grand que celui que, par inclination déontologique ou morale, il est prêt à dépenser pour l’élucider, le stratagème adopté pour obvier à toutes ces difficultés, sauf à devoir reconnaître celles-ci, est analogue à celui qu’emploie le général d’une armée lorsqu’il cherche à avantager ses soldats par le choix du meilleur terrain disponible sur lequel livrer la bataille, et consiste souvent à proposer à l’intelligence un problème alternatif dont les avenues de solution sont à la fois plus aisées à parcourir et plus prometteuses de conduire à une résolution heureuse.» — Plérôme.
[philosophie]«En se situant au plan de l’idée, la philosophie touche implicitement à la dimension de la perfection: car si elle ne constitue pas une recherche formelle de la perfection, autant au plan de l’appréhension, de la conception et de l’articulation de son essence qu’à celui de sa réalisation concrète au plan de la nature, elle se voue à croupir dans l’insignifiance et à sombrer dans l’oubli, puisqu’elle manque à la véritable vocation de la pensée et de l’activité philosophiques., à savoir celle de toucher à l’essence métaphysique, transcendante, universelle et éternelle des essences, y compris dans la plénitude de leurs formes réelles.» — Plérôme.
[philosophie]«Étant la théorie épistémologique qui développe ses idées uniquement à partir de l’expérience sensible, c’est-à-dire de l’expérience telle que les sens peuvent la révéler à la conscience, l’empirisme en vient à concevoir la possibilité comme étant seulement l’expression manifeste la plus élevée de l’expérience ou encore l’exacerbation adventice de la réalité, à l’intérieur de la temporalité qui règle ce processus, telle que l’expérience sensorielle autorise à la concevoir, de sorte qu’à la limite, l’on ne saurait affirmer comme existant une réalité qui se refuserait explicitement aux sens. D’où cette réflexion du cosmonaute qui, en orbite autour de la terre dans son vaisseau spatial, ne peut confesser l’existence de Dieu puisque Celui-ci ne s’est pas matériellement révélé à lui. Or, dans la démarche empiriste, nulle place pour l’induction, ni encore pour l’intuition qui, à partir du connu, procéderait vers l’inconnu et, en ce cas-ci un inconnu qui dépasse non pas l’entendement lui-même, mais la possibilité pour lui d’en concevoir, d’une manière déterminée, à la fois l’immensité de la grandeur et l’infinité de la puissance.» — Plérôme.
[philosophie]«Il existe une dimension créatrice à la philosophie qui résulte indirectement de l’activité heuristique en laquelle elle s’engage: car en découvrant, en apercevant et en systématisant un courant ou un mouvement de pensée auparavant inédit, qu’elle isole de son champ épistémologique et sociologique qui les occultait, pour les révéler à l’ensemble des communautés idéologiques qu’ils pensent intéresser, elle leur procure une crédibilité théorique et intellectuelle, digne d’inspirer les consciences, éventuellement d’une manière qui les permette de surpasser les courants et les mouvements de pensée qui prévalent jusqu’alors, dont la naissance et la perpétuation historique se sont produites et se sont effectuées selon un processus analogue. § Par contre, cette nouvelle forme de la pensée est effectivement digne de figurer d’une manière durable parmi les orientations idéologiques majeures de l’histoire, lorsqu’elle puise à la vérité d’une manière qui est originale et profonde, puisqu’elle illustre alors la légitimité de la faculté créatrice de l’esprit de l’humanité, tout en remplissant l’intérêt premier de la raison à être l’instrument par excellence de la conscience et de l’intelligence, lorsqu’elles se communiquent adéquatement aux autres consciences philosophiques. § Autrement, elle s’inscrit parmi les modes et les tendances intellectuelles éphémères, dont la précarité épistémologique est la suite directe de la superficialité et de a marginalité épistémologiques qui la caractérise, lorsqu’elles se comparent à une appréhension effective de la Vérité sous sa forme la plus absolue et la plus compréhensive, telle qu’en puissance, elle est susceptible d’être reçue par la conscience de l’homme, dès les premiers instants de son apparition à l’intérieur du schéma de la création, et telle qu’elle se trouve illustrée par les esprits les plus réalisés du genre humain, qu’elle naisse spontanément à l’intérieur des intelligences particulières qui la manifestent ou qu’elle soit le résultat d’un enseignement ou d’une inspiration qui expriment la solidarité des consciences les unes avec les autres et leur rapport à la Forme suprême que prend la conscience, supérieurement active et intellectuellement achevée.» — Plérôme.
[philosophie]«L’on devient pleinement philosophe seulement lorsque l’on réalise pratiquement les plus hauts principes de cette discipline: ainsi, le titre noble et distingué du philosophe convient-il seulement à celui (ou à celle) qui non seulement a acquis la sagesse théorique, de par la connaissance, implicite ou explicite, qu’il a acquis et qu’il possède de la loi éternelle et universelle qui régit et dynamise la création et qui est immanente à la vie qui en informe l’essence, mais qui encore réussit à mettre en pratique, au gré des circonstances et des défis qui s’offrent à la conscience individuelle, les plus hautes maximes qui découlent de cette loi.» — Plérôme.
[philosophie]«La moralité épistémologique ne saurait consister en la prétention qu’afficherait un esprit à tout savoir, puisque l’omniscience ne saurait être la véritable finalité de l’homme, vu que la possibilité d’acquérir un savoir véritablement universel, embrassant tous les champs épistémologiques, applicable à toutes les cultures et valable pour toutes les époques, échappe par nature à la capacité de son intelligence, sans rien enlever, cela étant dit, à l’incroyable potentiel qui caractérise l’intellect humain: elle consiste plutôt à reconnaître humblement que l’ignorance est une qualité constante de l’état que réalise la conscience intellectuelle, que celui-ci exprime une carence, à des degrés divers, de son actualisation et que le véritable discernement, comme le vrai courage, consiste à faire l’intuition des thèmes du savoir qui sont cruciaux à l’avancement de la connaissance humaine et à les élucider, en opérant les choix théoriques et pratiques qui s’imposent en ce sens et qui consistent reculer les frontières de l’ombre qui offusque l’illumination de la conscience par le rayonnement de la vérité, alors même que cette action risque de révéler des avenues inattendues, compliquées et peut-être même risquées, par le danger que court l’esprit de s’engager dans des ratiocinations superficielles, stériles et incessantes, pour ceux qui désireraient s’aventurer à explorer, jusqu’à son ultime destination, le tracé périlleux qu’elles laissent entrevoir.» — Plérôme.
[philosophie]«Le meilleur argument que le penseur puisse opposer à l’empirisme sensualiste est la raison elle-même: car si celle-ci n’existe pas, pourquoi alors fonder la possibilité même d’une argumentation qui puisse légitimer la justesse de cette position, sa pertinence épistémologique et son orientation idéologique; et si elle existe, comment en démontrer l’existence en évoquant le critère de l’évidence sensible — le pilier axiomatique de cette école — afin de juger de la validité épistémologique des jugements susceptibles d’être énoncés par ses partisans afin de fonder sa science ?» — Plérôme.
[philosophie]«Le nihilisme professé par certains est le rappel à la conscience, et peut-être même pour certains la nostalgie, du néant dont fut tirée la Création, puisqu’il devient pour elles un principe de l’existence ou de l’action.» — Plérôme.
[philosophie]«Plutôt qu’être une discipline et une science qui se construit sur les vérités adéquates aperçues antérieurement par les grands esprits de l’humanité, la philosophie se serait-elle engagée plutôt dans un mouvement de fuite en avant qui, en énonçant des principes novateurs qui ignorent leur rapport à une vérité historique et transcendante, s’éloignerait de l’idéal épistémologique qui seul peut fonder et apporter une connaissance juste et profonde et illustrerait la brillance apparente des esprits qui les énoncent actuellement, en laissant le soin aux penseurs qui appartiendront aux générations successives et futures de confirmer, s’il y a lieu, la qualité extraordinaire du génie qui fut auparavant gratifié de recevoir ces intuitions incomparables ?» — Plérôme.
[philosophie]«Toute philosophie suppose une forme de metanoïa, une manière de transformation intérieure par laquelle la conscience aperçoit la réalité sous un nouveau jour, soit en l’appréhendant réellement, dans ce qu’elle a de plus profond ou de plus essentiel, soit en rapport avec la direction que prend le mouvement qui est inhérent au déroulement de la potentialité de sa nature, lequel ne saurait être par définition actuel ni aperçu véritablement comme l’étant, n’ayant pas encore abouti et ne s’étant pas encore manifesté dans son actualité. § Par contre, toute pensée repose sur une base, un fondement qui en recèle la puissance d’accéder à la vérité, dont l’attribut sera d’être plus ou moins complète et plus ou moins profonde, selon l’essence qu’elle parvient à révéler à la conscience, lorsqu’elle aspire à la perfection et que, par conséquent, elle manifeste une tension à réaliser cette fin: ainsi, le problème de la metanoïa se préoccupe aussi, et peut-être même essentiellement, de concevoir et d’actualiser la transformation de cette virtualité en réalité théorique et conceptuelle. § Or, par définition, ce qui n’est pas la conception de la vérité, ou ce qui n’est pas encore une conception intégrale de la vérité, est en réalité l’ignorance, à savoir un état négatif, c’est-à-dire a-véridique, qui se maintient dans cette négativité, soit en raison de l’inertie propre à l’automatisme d’un habitus, soit par la disposition contraire ou soit par l’inclination accessoire à ne recevoir et entretenir des conceptions fausses, en raison de la distraction intellectuelle qui subvertit le processus d’un épanouissement intellectuel de bon aloi, lorsque sa poursuite motive l’esprit qui s’engage dans ce sens, une distraction qui peut simplement résulter de la priorité, accordée par la conscience, à l’état intérieur du contentement, procédant d’une homéostasie accidentelle entre les conjonctures exogènes et endogènes à l’organisme, alors que tous les désirs immédiats semblent comblés par l’ordre naturel et social qui prévaut, sans que ne soit prévisible ou même anticipé un changement dans cet ordre, en raison de la suffisance que génère en la conscience cet état qui ne laisse supposer aucune imperfection, aucune déficience ou aucune lacune. § Ainsi, étant satisfait de son sort, l’esprit ne saurait remettre en question les schémas intellectuels qui sont associés à l’ordre de son expérience — et peut-être même cherchera-t-il à le justifier et à le préserver, en imaginant, en concevant et en produisant des schémas théoriques et explicatifs additionnels, afin d’étayer une fortune heureuse, sans devoir s’inquiéter des aléas qui peuvent survenir à l’intérieur d’un état extérieur qui ne tombe pas sous le contrôle immédiat de la volonté. Cette telle démarche comporte alors toutes les caractéristiques de la subreption, alors que le contenu de la subjectivité devient le gage d’une normalité existentielle et le reflet d’une constance objective, comme il représente les principes qui président à leur maintien et à leur continuation. § Par ailleurs, nul ne saurait remettre en cause le principe selon lequel la connaissance de la vérité, si relative fût-elle, vaut plus que l’ignorance que l’on en aurait et que c’est l’immaturité intellectuelle qui caractériserait à la fois l’état de la personne qui baigne en cette ignorance et l’attitude subjective dans la conscience qui souhaiterait qu’elle se perpétue indéfiniment, même si rien dans l’expérience ne suscitait les conditions aptes à provoquer le passage qu’elle pourrait accomplir du non-être de la vérité à sa plénitude. L’ébranlement de la conscience et l’instanciation du mouvement vers cet accomplissement représenterait donc le moment initial pratique de la metanoïa et interpelle l’esprit analytique à saisir quelles pourraient être les conditions, objectives ou subjectives, susceptibles d’en susciter l’apparition à l’intérieur de la conscience individuelle et/ou collective. § Ainsi pourrait-on dire que la metanoïa est le passage d’une raison subjective qui se complaît en un habitus conventionnel de la pensée et de l’action à l’appréhension de plus en plus profonde et complète d’une raison objective qui lui échappe pour l’instant, mais qui repose sur l’intuition initiale — tenant lieu de découverte lorsqu’elle ébranle la conscience d’une lumière nouvellement aperçue — qu’il existe une raison supérieure, extérieure à la sienne propre, qui puisse prévaloir sur elle. Et que c’est la tâche de l’éducateur, pour ne pas dire sa mission ou sa vocation, au sens le plus large et le plus élevé de ces termes, de conduire l’esprit hors de l’état d’ignorance relative en lequel il baigne, peut-être conforté à y demeurer par les aléas d’une conjoncture heureuse, mais incomplète, vers un état d’aperception véridique de plus en plus intégrale, et donc de savoir susciter le processus par lequel la finalité d’initier et de réaliser la metanoïa trouvera son accomplissement, en prévoyant pourtant que, en raison même des conditions qui entretiennent l’état de l’ignorance primitive, un refus ou une résistance caractériseront cette démarche et que seuls, une résolution ferme à les surmonter ainsi que la production par la volonté de l’effort subséquent permettront de les dépasser. Les récits du jeune homme riche du Nouveau Testament et de la lutte de Jacob avec l’Ange dans l’Ancien Testament ne sont que des exemples qui servent à la confirmation de cette thèse du refus ou de la résistance à la metanoïa.» — Plérôme.
[philosophie]«Une pierre jonchant le sol, de taille moyenne et légèrement aplatie, telle pourrait être la représentation et le symbole, peut-être caricaturaux par la simplification qui les produisent, du Dasein heidegerrien: c’est que déjà ce concept prend l’aspect réducteur d’un objet que l’intellect situe et détermine en un lieu précis, sans faire intervenir ni la subjectivité d’une vie qui est consciente de son état, ni celle de la conscience vivante qui en appréhende la réalité.» — Plérôme.
[politique]«L’on oublie trop souvent que la thèse de la séparation de l’Église et de l’État, qui représente en réalité une régression idéologique, puisqu’elle s’inspire d’un principe politique, idéologique et pratique qui prévalait effectivement avant la reconnaissance du Christianisme par Constantin et qu’elle est, en même temps, une théorie de la distinction de la conscience sociale de l’État, dont l’Église — l’assemblée des fidèles animée par une même foi en Dieu et une même conscience religieuse en procédant — est le fondement idéologique et le principe de son influence active, généralisée à l’ensemble de la société, et de la conscience uniquement existentielle de sa réalité, qui réside dans sa capacité à garantir la survie politique et économique de la société, sans s’en référer pour cela à une notion métaphysique et transcendante de la société et de la culture, et de la responsabilité concomitante à réaliser ces impératifs mondains, que garantit l’action d’une élite sur la population, en constituant pour elle un ressort législatif et juridique, fondé sur l’assentiment général, constitutif de la paix sociale, au maintien de la société, à sa continuation dans le temps et à son enracinement dans l’espace.» — Plérôme.
[politique]«La kleptocratie a pour résultat l’exclusion économique de l’homme honnête — celui qui n’a pas recours à de tels expédients —, et elle en représente éventuellement la mort sociale, par la privation des moyens objectifs de sa participation à la société, dès lors qu’il persiste sur la voie de l’intégrité et de la droiture morales.» — Plérôme.
[politique]«La thèse politique de la séparation de l’Église et de l’État, c’est la naissance de la religion de l’État, en raison de la nécessité pour l’État de fonder sa raison d’être, son existence et sa pérennité sur une croyance commune qui réunisse les consciences citoyennes et que, ne désirant la trouver en une doctrine religieuse et transcendante à laquelle les membres de la société pourront s’identifier, l’État se met dans l’obligation d’inventer une mythologie et un rituel qui puisse réaliser cet effet, tout en ancrant leurs principes sur une réalité qui apparaisse à tous comme n’étant pas identifiable à une forme religieuse établie.» — Plérôme.
[politique]«Le pouvoir politique devient inquiétant lorsque sa conservation constitue l’unique justification de sa raison d’être: car un pouvoir ne doit jamais être en soi une fin, mais uniquement un moyen, celui de viser, de parcourir, éventuellement d’atteindre et de perpétuer un but qui est en même temps bon, c’est-à-dire à la fois utile à la vie et susceptible d’assurer son épanouissement et contribuer à sa perfection, autrement il constitue un bien social uniquement en raison du partage qui lui est associé, de l’importance et de la sécurité qu’il accorde, sans que ceux-ci ne s’inscrivent à l’intérieur d’une démarche morale. § Ainsi le pouvoir devient-il, en la personne de l’agent qui l’exerce, la capacité pour lui de se perfectionner elle-même, en recherchant l’accomplissement de fins qui sont elles-mêmes, en raison de la perfection qui est inhérente à leur essence, susceptibles d’une amélioration infinie à l’échelle de l’éternité.» — Plérôme.
[politique]«Un fonctionnaire qui n’a pas un niveau de conscience suffisant pour appréhender le bien que son action professionnelle aurait la possibilité de réaliser, qui n’est pas enclin à produire cet effet, n’ayant ni le courage, ni la fibre morale, ni la vision que requiert cette action, ou qui ne dispose pas de la liberté d’action susceptible d’initier et de produire les actions qui mènent à son actualisation, est donc condamné à perpétuer l’inefficacité de l’institution qui cautionne par inertie, peut-être même en servant les desseins implicites de l’organisation qui l’emploie et du régime que celle-ci représente activement au sein de la société qu’elle dessert et de la population qui la compose.» — Plérôme.
[psychologie]«Il est dans la nature de la personne humaine que son esprit, fatigué de l’exercice incessant, sans repos ni interruption, à développer sa lucidité, ou encore abattu par la contemplation des implications que comporte cette intelligence claire et limpide pour l’entendement humain, qui en vient à saisir, par elle, avec profondeur et pénétration, sagesse et pondération, les conséquences morales et physiques de ses jugements et de ses actions, cherchera à se créer un univers artificiel qui lui permette un répit et peut-être même lui redonne le courage et l’espérance de pouvoir derechef envisager la réalité vraie et de conformer son intelligence à celle-ci, en l’autorisant à apercevoir les choses telles qu’elles sont; les inclinations théâtrales de la personne humaine deviennent alors, avec leur instanciation inspirée et leur spontanéité créatrice, l’expression de cette vacance que se donne l’intelligence, pour ne pas avoir à trop longtemps et trop exhaustivement contempler la vérité pure et inaltérée, surtout lorsqu’elle s’avère éprouvante par les souvenirs pénibles d’une expérience dévastatrice qu’elle est apte à réveiller dans la conscience.» — Plérôme.
[psychologie]«L’ombre jungien peut se concevoir comme étant l’agir d’un individu qui révèle, par sa qualité, une nature antérieurement constituée par l’expérience, mais dont le souvenir immédiat lui échappe, étant occulté, soit par l’oubli simple, consécutif au passage du temps qui effectue dans la conscience une sélection des souvenirs qu’il importe de conserver activement présents dans la mémoire, soit par les dynamiques émotionnelles, ainsi que leurs contreparties physiologiques, au sens large du terme, qui en forcent l’écrasement à l’intérieur de la mémoire, et dont la réminiscence, parfois occasionnée par un choc existentiel et une transformation radicale des conditions de l’existence, permettra d’en retrouver la valeur efficiente.» — Plérôme.
[psychosexualité]«Au plan de l’action, la complémentarité des identités psychosexuelles se réalise dans la confluence du visible et de l’invisible: car l’on peut dire en général que l’efficace de la femme s’opère plutôt au plan subtil et invisible des influences; alors que, pour l’homme, le phénomène est inversé, et que son efficace se manifeste et s’exprime de préférence au plan physique et visible des actions concrètes; quant à la qualité morale de la complémentarité, elle se laisse estimer à la bonté des actions qui les manifestent, lorsque leur finalité intrinsèque ultime se résout sciemment dans l’accomplissement du bien auquel chacun concourt librement, à la mesure de ses moyens et de ses talents.» — Plérôme.
[psychosexualité]«L’on ne saurait affirmer que l’instinct de survie, le désir de vivre ou la volonté de puissance existent plus intensément chez l’un ou l’autre, la femme ou l’homme, mais simplement qu’ils s’expriment différemment, en vertu de la nature particulière à l’un et à l’autre genre distinctif et de leur convenance au schéma socio-culturel que la société à laquelle ils appartiennent, à l’intérieur de la tradition qu’elle a engendré pour eux, sous la forme que prend l’expression normative et usuelle de leur identité phylogénique et de l’identité individuelle qui lui correspond, façonnée au gré des expériences et de la liberté qu’elles interpellent à illustrer.» — Plérôme.
[psychosexualité]«L’aperception sympathique et l’appréciation mutuelle que se portent les deux sexes autorise à une communication de l’amour qui infuse et amplifie leur sentiment et qui, tout en ne niant pas la distinction avec laquelle ils éprouvent respectivement ce sentiment et cet état intérieur l’un pour l’autre, autorise à leur expression et à leur manifestation de la façon la plus complète, la plus profonde et la plus accomplie qui soit.» — Plérôme.
[psychosexualité]«L’illusion la plus réconfortante pour l’homme, mais aussi peut-être la plus trompeuse pour lui, c’est d’en arriver à croire que, dans le jeu de la séduction, son habileté à le jouer puisse l’emporter sur la subtilité des stratagèmes érotiques de la femme et le charme du charisme séducteur qui lui appartient naturellement, lorsqu’ils s’illustrent à ce plan.» — Plérôme.
[psychosexualité]«Selon un schéma idéalisé et épuré de leurs natures psycho-sexuelles respectives, l’observateur impartial pourrait proposer que le propre de l’homme est de transformer, par son action, la possibilité qui est présente en la personne ou en la chose, en l’actualisation qu’il peut en accomplir; alors que celle de la femme serait de produire l’effet complémentaire, à savoir de faire se révéler, dans l’actualité qui est manifestée, la latence subtile, souvent imperceptible, qui permet d’espérer l’actualisation d’une possibilité encore plus grande.» — Plérôme.
[psychosexualité]«Serait-ce que la communion banale, prosaïque et commune des sexes serait devenue le sacrement profane qui définisse la nouvelle religion contemporaine qu’engendre la doctrine de la laïcité politique et informe les rapports qui existent entre les adeptes et les prosélytes qu’elle se gagne?» — Plérôme.
[raison]«La brutalité rationnelle consiste en l’usage abusif de la raison afin de transmettre et de communiquer ses principes, en vue d’imposer, — i.e. de faire prévaloir, d’une manière autoritaire et impérieuse, et de procurer une efficace — à une opinion qui est soit non-avérée, soit incomplète et par conséquent déroge et se montre inadéquate à l’expression de la vérité bien entendue.» — Plérôme.
[raison]«Si lucide, si limpide, et si sage que soit la raison, lorsqu’elle énonce les principes qui l’inspirent et les propose à l’examen de la raison de ses semblables, elle est trop souvent condamnée à échouer devant la mauvaise foi et la mauvaise volonté qui lui sont éventuellement opposées, puisqu’elle se heurte à la cécité intellectuelle et spirituelle qui les caractérise.» — Plérôme.
[raison]«Une recherche approfondie nous enseigne que le «Credo quia absurdum est», attribué à saint Augustin mais censément inspiré d’un passage que l’on retrouve chez Tertullien, n’aurait jamais été prononcé ou tout au moins n’aurait aucun fondement historique: pourtant, cette sentence est devenue un trope qui, en raison de sa pérennité et de sa persistance, ne cesse d’illustrer une tension réelle entre l’inexpliqué, et peut-être même le mystère inexplicable, et la raison dont la perplexité rend son élucidation plus attractive à l’esprit que la connaissance de tous les méandres empruntés éventuellement par l’esprit, afin de se rendre plus familière la réalité et éventuellement l’apprivoiser, en la remodelant dans l’intellect et en construisant un univers mental qui soit moins réfractaire à l’intelligence qu’il peut en acquérir et aux explications qu’il pourrait en formuler. § Pourtant, si cette phrase a surgi des tréfonds de l’inconscient collectif et si elle possède une telle longévité, en apparaissant en certaines instances où la raison semble impuissante à conforter l’esprit avec une pénétration intellectuelle, suffisante et satisfaisante, c’est qu’elle illustre un défi qui est constamment posé à la raison, en raison de la conjoncture événementielle énigmatique qui oppose la raison à elle-même, en évoquant, pour l’expliquer, des raisons qui pourraient éventuellement lui échapper, tout en étant parfaitement intelligibles, en partant d’une raison plus compréhensive et universelle. Car celle-ci serait susceptible d’inclure des mobiles irrationnels — non pas négateurs de la raison, mais obéissant à une raison ancrée dans la réalité de la nature des choses, la plus évidente de laquelle serait celle qui est désignée par le vocable de «la vie» —, des mobiles empiriques dont l’essence surpasserait l’intelligence immédiate et ponctuelle que l’esprit en possède et qui sert les déductions, les analyses et les conclusions de la raison. § En somme, le «Credo quia absurdum est» pourrait en réalité signifier «Credo quia est, quanquam absurdum videtur», et inviter à formuler une interprétation qui invoquerait la présence, pour le moment inconcevable, d’une raison supérieure: soit qu’elle soit présentement inaccessible à la conscience de l’homme, en vertu d’une perfection que celle-ci serait susceptible d’atteindre un jour, avec la progression historique de son intelligence, mais qui lui échappe encore pour le moment; soit qu’elle requière à la fois qu’elle admette son impuissance effective à dépasser les cadres de l’entendement naturel dont elle est douée et qu’elle reconnaisse le besoin qu’elle reçoive, d’une provenance alternative, des lumières qui lui permettront de découvrir un sens — et donc une signification — aux phénomènes qu’elle éprouve, une fin qui risque de lui échapper toujours, en raison d’une limitation inhérente à sa substance et que, pour cette raison, elle ne saurait espérer dépasser.» — Plérôme.
[reconnaissance]«La reconnaissance adéquate, de la valeur et du mérite de son semblable, a pour fondement à la fois la capacité d’un regard désintéressé sur le non-moi et la formulation, implicite ou explicite, d’un critère objectif adéquat, représentant un idéal susceptible d’être valorisé et contre lequel jauger l’aperception que le jugement entretient à son égard, en formulant une appréciation qui soit véridique et réelle quant à la présence effective de l’idéal qui est recherché: d’où il ressort qu’en l’absence, soit d’un l’idéal formel contre lequel évaluer cet état actuel, soit de la disposition requise à le réaliser, soit de l’aperception adéquate et de l’exercice efficient de la faculté de l’esprit qui produit un jugement vrai, aucune reconnaissance n’est susceptible de refléter adéquatement l’excellence d’une réalisation actuelle qui soit le fruit de son agence.» — Plérôme.
[reconnaissance]«Même le don qui est accompli avec abnégation, en révélant la plus entière des gratuités, n’abdique pas de la reconnaissance qui lui est naturellement et légitimement due, puisque la reconnaissance est la réponse spontanée de la conscience à la générosité dont le sujet moral a la grâce de bénéficier, mais elle ne saurait s’attendre à ce que la gratitude qu’elle inspire soit moins gratuite que le geste qui en est à l’origine.» — Plérôme.
[renaissance] «Tous ont-ils la possibilité de s’illustrer, conformément à leur créativité et à leur ingéniosité, comme tous, s’étant montré préparés à le faire, ont-ils la possibilité adéquate de se voir reconnus, autant en raison de la qualité de leur contribution qu’en vertu de la valeur réelle qu’elle prend pour le bien actuel et l’avenir prometteur de la collectivité ?» — Plérôme.
[sagesse]«Faire et agir d’abord, puis philosopher ensuite: voilà la devise du héros; philosopher d’abord, puis faire et agir ensuite: voilà celle du saint; ces deux formes de l’accomplissement de la personne vertueuse représentent en outre les deux moments de la sagesse, l’action et la contemplation, ainsi que les deux inclinations de la conscience, la réflexion de l’intelligence et la poésie de la raison.» — Plérôme.
[sagesse]«Un aphorisme ou une maxime qui comportent une résonance juste et générale résume souvent de nombreuses années d’une expérience variée et d’une vie aussi complexe qu’elle fut intense et ils surgissent tels une leçon de sagesse, en couronnant le temps qui en ont rendu possibles le vécu et la réflexion, ainsi que la perspicacité, qui accompagnent la recherche d’un sens aux événements dont la conscience fut le témoin durant cette période. § La question épistémologique que soulèvent ces formulations: au nom de quel principe seraient-ils susceptibles alors d’être interrogés par la conscience qui en reçoit et en critique le contenu, alors que sa propre maturation n’inclut pas la même somme, la même profondeur et la même intensité des expériences, semblables ou analogues, que celles éprouvées par leur auteur, ni la nature ou la qualité de l’intelligence qui les ont rendu possibles ?» — Plérôme.
[société] «C’est un drame lorsqu’une personne est appelée à vivre sa vie sans avoir découvert à celle-ci un sens véritable, profond et inspirant, mais c’est encore et surtout une tragédie lorsque tout un ensemble social existe, sans qu’aucune finalité, extérieure à sa propre réalité et digne d’être tenue pour hautement estimable, pour ne pas dire sacrée, n’anime l’âme collective qui l’habite, tout en prétendant néanmoins constituer pour ses membres la raison d’être essentielle, nécessaire et irrévocable de leur existence sociale.» — Plérôme.
[société]«À l’intérieur d’un système dynamique, ou lorsqu’un agent tente d’agir sur un système dynamique, trop tôt ou trop tard, le résultat qu’il atteint effectivement, ou qui est la conséquence qui s’ensuit réellement de son action, obéit à un principe temporel: lorsque l’agent souhaite connaître un résultat positif, c’est-à-dire bienfaisant et agréable, mieux vaut pour lui d’agir diligemment et ponctuellement; mais lorsqu’il s’agit d’éviter la production d’une conséquence négative, mieux vaut alors d’effectuer une action dilatoire dont le risque d’aboutir est minime.» — Plérôme.
[société]«En pratique, sinon en principe, une distinction s’impose généralement entre la manière d’être que chacun choisit d’adopter avec ses collègues, ses subordonnés et ses connaissances et celle qui caractérise les rapports avec ses proches, ses familiers et ses amis. § Pourtant, cette dichotomie qui s’effectue dans la conscience, entre le monde professionnel et le monde personnel, lorsqu’il s’agit pour lui d’envisager la nature des relations entretenues avec ses semblables, pose problème pour l’unité de l’ensemble social et l’intégration des personnes à sa dynamique et à sa finalité lorsqu’une distinction étanche en vient à caractériser ces deux aspects d’une même existence, régie par une codification à la fois individuelle et sociale. Car au devoir et à la discipline qui sied principalement au premier, le penseur peut opposer la spontanéité et la créativité que l’on retrouve plutôt dans l’autre, comme à l’aspect informel et à la désinvolture qui caractérisent le second, l’on pourrait comparer le sérieux et le formalisme qui sont inhérents à celui-là. § Par ailleurs, nul ne saurait voir dans les uns et les autres de ces attributs, pour en légitimer l’existence, autre chose qu’un aspect positif et désirable, lesquels renvoient alors respectivement à une dimension de l’individualité intégrale à sa personne, un aspect qui ne saurait être a priori remis en question ni devenir passible d’une réprobation, sauf d’une manière conventionnelle, puisqu’ils émanent d’une même essence et d’une même puissance, celles de la vie. D’autant que chacun de ces éléments pourraient parfois puiser, selon le contexte, à l’esprit de l’autre afin de faciliter la qualité des rapports qui s’établissent entre les individualités et améliorer la bonté de leur efficience. § Ainsi, la situation formelle qui commande habituellement, pour la première d’entre elles, une concentration et une concertation des attentions, des énergies et des efforts afin d’accomplir une tâche urgente pourraient se voir augmentées et bonifiées, si elle incorporait en l’attitude de ses constituants la détente et la sérénité qui sont typiques de l’autre, alors que la situation informelle, risquant par moments de se perdre dans un état de désorganisation complète, subséquent au caractère informel des rapports, lorsqu’ils mènent à oublier les distances sociales qu’il importerait de savoir cultiver et respecter, afin de la maintenir et de la préserver, gagnerait à se composer et à adopter une façon plus contenue d’opérer. § Chacun serait par conséquent bien avisé de considérer les dimensions professionnelle et personnelle de la vie comme étant, non pas des aspects mutuellement exclusifs de l’existence, mais comme des pôles opposés à l’intérieur d’un continuum, lesquels peuvent parfois se fondre les uns dans les autres, mais peuvent aussi à l’occasion conserver une distinction claire et indéniable. Quant à savoir où, à l’intérieur de cette continuité, chacun serait susceptible de se situer en telle ou telle circonstance, la décision reposerait sur un usage judicieux du jugement expérientiel, qui évaluerait quelles sont les dispositions personnelles ainsi que les conjonctures naturelles et sociales qui sont en présence afin de savoir distinguer celles qui se conjuguent et qui se concertent pleinement et d’adopter l’attitude et les mesures qui sont adéquates, autant à la perfection des éléments qu’à une harmonie ponctuelle et bienfaisante, aptes à caractériser leurs efforts.» — Plérôme.
[société]«Qu’elle serait triste la société à l’intérieur de laquelle chacun serait valorisé, moins pour les bonnes actions, commises généreusement et héroïquement, que pour les mauvaises que l’agent moral réussit à accomplir impunément.» — Plérôme.
[société]«Quand en viennent à ne plus compter, dans l’esprit de l’ensemble social, que les incidents de la vie quotidienne, les relations qui se tissent entre eux, les interprétations anecdotiques qu’elles engendrent, afin de leur procurer une signification valable, et jusqu’aux mots eux-mêmes, utilisés afin d’étoffer leur propos, en viennent à perdre de leur sens, puisque n’exerçant aucun effet percevable sur leurs causes qui, n’étant pas clairement identifiées, ni quant à la source de leur provenance, ni quant à l’agent spécifique qui les ébranle, ni même quant à la nature de l’intention qui forme leur occurrence, sont implicitement acceptées comme primant sur les conditions que pourraient lancer contre elles ceux qui, en étant affectés, chercheraient à transformer et à améliorer la nature de leurs effets.» — Plérôme.
[société]«Une société fondée sur le principe du négativisme, dont elle promeut au besoin l’exacerbation, se vouerait elle-même à l’inertie et à la banalité de ses activités comme elle ne se préoccuperait que de préserver, d’une manière coutumière et quasi-rituelle, un certain modus vivendi, une condition vitale qui exigerait de ses membres qu’ils préservent et perpétuent l’homogénéité de leur état personnel, en pratiquant une économie de l’énergie dans les déplacements physiques (la parcimonie de leur effort) ou en encourageant le maintien d’un état stationnaire en lequel concentrer la dépense de leur énergie (le report de l’ailleurs), dont la conséquence serait de culminer éventuellement dans une activité futile et une mobilité minimales qui seraient le fait de tous.» — Plérôme.
[vérité]«En se fermant à la vérité, et en se défendant de ses principes, comme de leurs conséquences, en adoptant des interprétations qui, motivées par l’intérêt, déforment et transforment, en faussant ceux-là, la réalité qui s’offre à elle, la pensée risque aussi fort bien de mettre un terme à la possibilité d’actualiser la finalité suprême de sa nature et de son essence, une entéléchie qui achemine vers la vérité ultime, puisqu’elle engage l’intelligence de l’esprit sur la voie de l’infinité et de l’éternité.» — Plérôme.
[vérité]«Il est dans la nature de l’homme d’interpréter les maximes qui sont proposées à son intelligence morale, les obligations qui sont imposées à sa conscience par l’influence que celle-là acquiert sur elle, les paroles qui sont prononcées par ses semblables afin de conditionner ses choix ainsi que les situations qui lui sont offertes comme étant censées favoriser a priori leur effet heureux, quitte parfois à rejeter certaines vérités par trop inconvenantes, et parfois même déstabilisateurs, qui pourraient avoir l’heur de heurter le préjugé subjectif avantageux qu’il souhaite cultiver, entretenir et perpétuer dans le temps: tel est l’obstacle que doit surmonter, avec ténacité et courage, la conscience qui est engagée à découvrir et à défendre ardemment la vérité.» — Plérôme.
[vérité]«L’intelligence est à l’âme et à l’esprit ce que la vue est au corps: la faculté d’apercevoir clairement et fidèlement les choses, autant dans la singularité et dans la distinction de leur nature propre que dans celle de leur signification profonde, et par conséquent la place qu’ils occupent dans l’ordre de la réalité et le sens véritable que prend cet ordonnancement, autant quant à l’intention originelle et originale de leur définition que dans le principe et dans l’agence qui la leur confère, autant qu’à la perception de la réalité de leur existence que dans l’aperception de la possibilité inhérente à leur substance que dans l’adéquation avec laquelle communiquer leur existence que dans la formation de l’action qui les produiront effectivement et respectivement.» — Plérôme.
[vérité]«Même s’il est dans la visée du mensonge de trafiquer la vérité, et d’asservir celle-ci à des fins qui lui sont particulières, il ne saurait altérer la nature profonde de son essence, laquelle s’offre néanmoins à l’esprit sincère et perspicace qui cherche constamment à s’en infuser et s’efforce de l’atteindre d’une manière adéquate et constante.» — Plérôme.
[vérité]«Plus triste encore que de vivre à l’intérieur d’un monde que conditionne l’illusion, c’est vivre à l’intérieur de ce monde et en être conscient, mais sans posséder ni le désir, ni l’incitation, ni le courage d’en transformer l’existence pour le rendre pleinement conforme à une réalité, nullement déformée par les falsifications de l’onirisme: car telle est l’exigence de parvenir à améliorer ce qui est perfectible et à préserver ce qui est pleinement valable.» — Plérôme.
[vertu]«Il semble parfois que déjà, l’individu était estimé pour la qualité de la personne qu’elle est devenue alors qu’aujourd’hui, ce serait en vertu du contenu, du style et de la manière de penser, comparée à celle de ses semblables, qu’il serait maintenant digne de considération.» — Plérôme.
[vertu]«La vertu qui se pratique par esprit de crainte s’avère être en réalité un acte de soumission; seule la vertu qui embrasse spontanément l’action qu’elle informe et qu’elle produit est un gage véritable de la liberté personnelle.» — Plérôme.
[vertu]«La promotion de l’intérêt national, comme celle de l’intérêt particulier, ne devraient jamais refuser de reconnaître, en la personne de son semblable, les qualités éminentes qui lui appartiennent, et d’autant plus encore que ces qualités représenteraient ce qui, appartenant au caractère national ou individuel, sont tenues pour être les plus louables et dignes d’admiration par l’ensemble social comme elles seraient aptes à susciter l’émulation chez ces membres qu’elles inspirent et qu’elles motivent à désirer se surpasser et se perfectionner moralement.» — Plérôme.
[vertu]«La pudeur est l’‘orgueil’ de la vertu , puisqu’elle en manifeste obligatoirement la présence, lorsqu’elle réelle et authentique.» — Plérôme.
[vie]«Lorsque l’on sait que, en vertu des lois de l’auto-préservation, de l’inscription dans le milieu et de la permanence dans la durée, propres à tout organisme, voire à toute organisation, les actions commises et les propos émis pour les caractériser justifient le fait de leur existence, de sa propagation dans l’espace et de sa continuité dans le temps, il s’agit alors de saisir et de comprendre, au nom de la plénitude de la conscience à laquelle toute intelligence aspire, quelle est l’origine, la nature et la finalité de cette entité, au nom de laquelle la plupart de ses membres, sinon la totalité de ceux-ci, se montreraient prêts à sacrifier leur vitalité, et jusqu’à leur existence, individuelle ou collective, en vue d’assurer sa protection, sa maintenance et à sa perpétuation.» — Plérôme.
[vie]«Toute unité organique vivante, en raison de posséder le principe de sa naissance, de sa croissance, de sa subsistance et de sa perpétuation, se justifie (comme elle se critique) en vertu d’un ordre des valeurs, susceptible de représenter un idéal pour l’œuvre qui informe sa conduite et son action, mais elle se révèle effectivement, selon les qualités sous-jacentes et fondamentales qui la singularisent et qui vise, par les actes qui en témoignent, son enracinement dans l’existence, sans qu’elle ne sache être entièrement indépendante de celle qui est illustrée par les autres organismes et les autres organisations avec lesquelles elle partage en commun l’espace et les ressources qui sont nécessaires à leur bien-être mutuel et à leur continuité respective.» — Plérôme.