lundi 5 janvier 2015

Euthúmèma XIV (réflexions)

[Depuis le 5 janvier 2015, avec mises à jour périodiques. — Since January 5th 2015, with periodical updates.]
«Avec le recul, et le passage du temps qui y autorise, il y a la pondération, mais aussi parfois — et peut-être souvent — l'emphase portée sur certains souvenirs et l'occultation, ainsi que l'oubli éventuel, de certains événements.» — Plérôme.

«Toute mythologie comporte au moins trois volets: celui qui explique et qui justifie par les mythes la raison d'être de la réalité des choses, telles qu'elles apparaissent à la conscience des peuples et des cultures; celui qui fait apparaître des issues optimales aux situations et aux événement qui choquent le sens inné de la justice fondamentale et la pudeur idéaliste des âmes pures, en proposant des résolutions qui viendraient rétablir l'état normal, parce qu'il est le reflet du bien, qu'une aberration incompréhensible, pour ne pas dire maléfique, a pu déformer et transformer en une réalité contraire au bien et pour cette raison insupportable; et celui qui, aidé en cela par le passage du temps qui tend à offusquer les souvenirs et à effacer les mémoires, voile aux consciences, peu propices à en recevoir les vérités qu'elle énonce, l'essence profond de son mystère et le contenu inaltérable de son enseignement.» — Plérôme.

«Une philosophie, qui souhaiterait donner raison à tous devrait néanmoins se résigner à exclure de ses parvis ou de son enceinte à la fois ceux qui ne sauraient être d'accord avec cette position, pour quelque raison que ce soit, et ceux qui, sans se prononcer à ce sujet, continueront à fonder la philosophie sur la vérité, puisque ainsi ils établiraient et démontreraient le critère par lequel et au nom duquel l'on ne saurait logiquement et raisonnablement admettre en même temps un principe et son contraire.» — Plérôme.

«Si seul ce qui est falsifiable est scientifique, comme l'affirment certains épistémologues, pour ne pas nommer Popper et peut-être même simplifier jusqu'au point de l'absurdité sa pensée, une telle proposition, interprétée à la limite de ses implications mène à la conclusion étonnante que rien de ce qui est vrai ne saurait prétendre au statut et au rang de science, et encore moins ce qui serait absolument et irréfutablement vrai.» — Plérôme.

«Le hasard, comme étant l'explication d'un effet à ce point extraordinaire qu'il dépasse hâtivement et que l'on ne saurait même pas imaginer qu'il puisse ressortir à une causalité, vaut bien, superficiellement et peut-être même hâtivement, toute autre explication, sauf qu'en évoquant le hasard, tout en ne risquant pas d'identifier un agent causal spécifique, l'on parvient à préserver le principe de causalité, comme principe heuristique à l'échelle du matériel et du sensible, sans oser le généraliser à l'ensemble des phénomènes, expliqués, explicables, inexpliqués et inexplicables.» — Plérôme.

«L'orgueil fait craindre la défaite plus que le déshonneur; l'échec plus que la faute; l'humiliation plus que l'ignominie; et l'infortune plus que la corruption: et pourtant, il y a plus de déchéance dans les afflictions morales que dans tous les aveux d'une impuissance à surmonter les innombrables défis qui s'offrent à l'individu dans le courant d'une vie entière.» — Plérôme.

«La recherche du pouvoir pour le pouvoir est en soi un acte amoral et ressortit à la motivation psychologique (la crainte, le besoin de sécurité, l'ambition, la haine, la jouissance, etc.) plutôt qu'à la philosophie; par ailleurs, c'est la nature de la cause qui est servie par l'utilisation du pouvoir qui fait à proprement parler l'objet de la philosophie, en tant qu'elle constitue le fondement et la finalité de son exercice et de son effectivité même, et qui donc devient le critère de la moralité. De sorte qu'un pouvoir qui s'exerce en toute légitimité sera celui qui recherchera à accomplir la plus haute des moralités, laquelle ne saurait être que la réalisation la plus élevée possible du bien et la protection de la liberté qui autorise à ce dessein et à cette fin.» — Plérôme.

«Toute science s'attache à la connaissance de l'Être, car il ne saurait y avoir de connaissance de ce qui n'est réellement pas, sauf peut-être celle de ce qui, ayant souffert de privation, d'injure ou de mutilation, n'est pas entièrement selon son essence, et donc éprouve une absence d'être, lorsque l'on compare son état actuel à l'état idéal que promettait d'atteindre sa nature originelle et sa destination transcendante. Mais ce qui distingue la métaphysique des sciences générales et particulières, c'est que, si elles s'intéressent toutes aux causalités premières (le pourquoi?), aux manifestations essentielles et substantielles (le quoi ?, le comment?, l'où? et le quand ?) et aux finalités ultimes (le ce en vue de quoi ?), celles-ci considéreront ces essences à des degrés d'abstraction divers, proportionnellement à celui qui caractérise le genre et l'espèce de son objet, alors que la métaphysique, le plus abstrait et le plus élevé parmi les savoirs, étudie l'Être dans son objet, avant toute spécification et avant toute catégorisation, simplement sur la base de ce qu'Il est et en tant qu'Il s'offre à l'esprit et à l'intelligence du sujet qui le connaît et qui donc, étant lui-même un être existant, se connaît lui-même à travers cette activité épistémique et heuristique de l'esprit.» — Plérôme.

«Le seuil prophétique d'un peuple, en référence à la vocation dont sont mystérieusement investies certaines personnes à l'intérieur de la tradition judéo-chrétienne, soit d'enseigner au peuple des vérités connues, mais d'un petit nombre seulement, soit de lui rappeler son devoir, soit de révéler au peuple le sens des mystères qui échappent même à leur élite, soit d'apporter au peuple la civilisation et de l'éduquer aux mœurs grâce auxquelles il parviendra à atteindre un haut niveau de culture et de raffinement moral, se définit à la préparation dont il fait preuve d'accueillir les vérités qui lui sont présentées de surmonter les préjugés qui pourraient s'opposer à leur efficace et de neutraliser les tabous qui, en fermant les cœurs et les esprits, les yeux et les oreilles, empêcheraient qu'elles puissent transformer les dispositions et les mentalités, dans le sens de l'accomplissement du plus grand bien susceptible de suivre les principes édifiants qui sont véhiculés par leurs propos et par leur exemple.» — Plérôme.

«Tels sont ceux qui déforment ou travestissent la réalité pour encore mieux pouvoir la railler et s'en moquer.» — Plérôme.

«Le scepticisme, et l'agnosticisme qui en constitue souvent le fond, ne s'accompagnent pas moins d'une volonté de vivre ainsi que de schémas de pensée, lesquels sont culturellement hérités ou même implantés dans la première nature de l'individu, qui elle-même peut s'avérer multiple et complexe sur ce qui en réaliserait le flot énergique et désidératif irrésistible. De sorte que toute contrariété opposée à ces schémas par l'expérience réelle deviendra l'occasion d'une réaction émotive qui associe à la fois l'incompréhension des motifs profonds de cette opposition, laquelle semblera alors absurde, et la dévalorisation de l'instance contradictoire de cette entorse appréhendée à l'expression de la vie selon lesdits schémas, lesquels susciteront une dénonciation allant de la forme bénigne de l'humour jusqu'au ton grinçant du sarcasme, en passant par la satire et l'ironie. Or ces formes que prend la critique ne sont nulles autres que des protestations s'adressant à une situation incomprise, et peut-être même incompréhensible, en l'absence des éléments qui permettront de pouvoir se les expliquer, mais possédant une valence existentielle hautement significative, quant à la compromission vitale, apparente ou réelle, entraînée par cette instance.» — Plérôme.

«L'on revendique pour soi et l'on défend pour autrui, une multitude de droits politiques, à l'expression, à l'association, à la conscience, à la conviction, etc., qui sont autant de moyens de parvenir à l'instaurer une vie et une liberté collectives, mais on néglige parfois de considérer que si ces libertés s'érigent autour d'idées et de valeurs contraires, elles sont inévitablement vouées à l'affrontement, subséquemment à l'illustration de la volonté de les préserver, de la conserver et de les maintenir. Il s'ensuit par conséquent que s'impose de cultiver un travail social et idéologique afin d'éviter les polarisation s radicales et de faciliter l'unification essentielle des points de vue divergents, de manière à transformer ces droits et libertés en véritables avenues conduisant à la liberté, la vie et l'épanouissement véritable, pour l'ensemble social comme pour les individus qui en font partie et qui participent à ce mouvement d'émancipation et de libération, lequel procède d'une impulsion générique de tous les individus à réaliser toutes leurs virtualités et à accomplir pleinement leur nature physique et spirituelle.» — Plérôme.

«Lorsque l'on évoque la «vie éternelle», l'on peut vouloir signifier plusieurs choses: la continuation indéfinie de la vie actuelle, si celle-ci est heureuse; la transformation de la qualité de celle-ci pour qu'elle le devienne, si elle manque de l'être, pour qu'alors elle puisse être jugée estimable d'une telle continuité; ou encore l'accession à un état social qui, n'offrant aucune résistance ou aucun empêchement à l'épanouissement vital des particuliers, dans le sens d'atteindre pour eux  le plus grand bien possible, deviendrait alors le gage de la possibilité d'une persistance ininterrompue de l'être qui soit temporelle et historique. § Pourtant, un fait majeur, pour ne pas dire incontournable, vient contredire ces espérances et leur conférer un caractère chimérique: peu importe le degré de bonheur atteint à l'intérieur d'une existence, l'organisme humain est destiné, avec le passage du temps et en raison de son activité, à l'usure de ses facultés et de ses organes et éventuellement la cessation de ses fonctions vitales. D'où un quatrième sens au concept de la «vie éternelle», qui est celui de béatitude, accompagnée d'un état où la réalisation de l'âme et l'activité de l'esprit s'accompagneront d'une plénitude de la vie, qui soutiendront, conserveront et protégeront un corps physique indestructible ainsi qu'un corps social en lequel régnera la plus parfaite des libertés et des justices. Mais puisqu'il est inaccessible en cette vie, il doit pour être possible, c'est-à-dire non pas seulement velléitaire et imaginatif, trouver à se réaliser en une autre vie qui lui soit favorable, signifiant ainsi ce que serait effectivement un triomphe sur la mort.» — Plérôme.

«Les amis, les vrais, sont aussi précieux que la vie car ils en sont l'expression et le témoignage.» — Plérôme.

«La plus haute philosophie est celle qui recherche la forme la plus élevée, la plus profonde et la plus extensive de la vérité et, afin de la découvrir, elle n'hésitera pas à emprunter les voies qui s'offrent à elle pour mener vers la finalité qui est l'objet de son désir, assurée qu'elle est — d'une certitude que  personne ne peut avoir la présomption de garantir définitivement —, non pas de la réussite mais de la valeur d'une quête qui l'amènera plus près du sens réel et véritable de la vie.» — Plérôme.

«Certains souhaiteraient connaître la plénitude de la vie pour l'éternité; certains autres se contenteraient d'en faire l'expérience pour la durée d'une existence seulement, ce qui n'est déjà pas un mince accomplissement.» — Plérôme.

«En l'absence d'une conception morale commune, généralisée à l'unité politique dans son ensemble et susceptible d'éclairer les consciences en vue d'atteindre le meilleur bien possible, autant d'institutions, pour canaliser les énergies spirituelles et orienter les actions qui en procèdent, autant de patries de l'intérêt et de forteresses de l'indifférence.» — Plérôme.

«Le problème qui consiste à réconcilier l'Être d'un Dieu absolument bon et tout-puissant avec la possibilité avérée de l'existence du mal dans le monde, une question qui fait l'objet de la théodicée, est en réalité le problème de la liberté, telle que, étant voulue par Dieu, elle est à la fois transcendante et immanente à la Création et qu'elle se réalise (ou fait défaut) dans l'Histoire.» — Plérôme.

«Il semble à celui-ci de la plus haute évidence qu'il existe un lien organique entre les doctrines de Socrate, de Platon et d'Aristote, qui assure et garantit la continuité historique de la philosophie, malgré les ruptures parfois radicales qui pourraient amener l'historien de la philosophie à conclure du contraire: car la rivalité philosophique et idéologique existant entre Aristote, l'élève, et Platon, le maître, explique que l'on ne saurait adéquatement comprendre la doctrine du premier sans la comparer à celle du second. Et puisque la théorie philosophique de celui-ci s'inscrit en droite ligne d'une continuation de la doctrine de Socrate, car il se donne pour mission de la révéler au grand jour et de la publiciser pour les générations futures — rappelons-nous qu'elle n'avait été prononcée, du vivant de Socrate, qu'aux oreilles d'un petit nombre de proches et de concitoyens —, l'on ne saurait adéquatement comprendre ni Aristote, ni Platon sans connaître ni caractériser, d'une manière intelligente, les principes et les idées contenues dans l'enseignement de Socrate.» — Plérôme.

«La vie dans son expression est une concaténation et une opposition de verbes qui, en l'absence d'une référence à un Verbe unique et parfait qui constitue pour eux la norme et le critère, par l'action ultime qui en procède et en émane, risquent bien, dans leurs actions souvent contradictoires et parfois même contraires, de s'annuler et de s'entre-détruire, à l'intérieur d'un magma d'indifférence où toutes les actions se valent entre elles, puisque aucune d'entre elles n'est estimée supérieure à l'autre.» — Plérôme.

«En général, avant l'accession à un éveil général de la conscience, l'homme se promène d'un état d'inconscience vers un autre, sans connaître quels sont les véritables principes de ses actions et vers quelles finalités elles tendent, ni appréhender quels sont ceux d'autrui comme du monde de la nature et de la culture, ni en quoi tous ceux-ci peuvent être, dans la liberté pleine et entière de l'action consciemment assumée, constitutifs d'une unité réelle et bienfaisante.» — Plérôme.

«Tels sont ceux qui, étant inconscients de la portée effective de leurs actions, objective mais prévisible, s'étonnent du déplaisir qu'elles peuvent susciter; tels sont ceux qui feignent cette inconscience, pour encore mieux paraître surpris des réactions engendrées par elle.» — Plérôme.

«Lorsqu'elles sont formées par une conscience bonne et droite, les lois définiraient quel serait le degré de l'immoralité tolérable; mais lorsqu'elles le sont par un esprit malveillant et retors, elles identifieraient plutôt quelle serait la moralité intolérable.» — Plérôme.

«Un droit parfait ne rétribuerait pas seulement les auteurs des actes qu'il serait appelé à juger, pour récompenser le mérite et punir la malveillance, mais il agirait également, lorsqu'un délit a été commis, sur les fortunes de ceux que ces actes ont transformées, pour compenser ceux qui en seraient les victimes imprévues et rétablir dans leur état antérieur celles qu'ils auraient, voire sans qu'ils ne s'en attendent ou qu'ils n'y contribuent, injustement favorisées.» — Plérôme.

«Nul ne saurait remettre en question l'existence d'un état bon, sauf pour instaurer un état meilleur — et non seulement prétendre le faire —; comme nul ne souhaiterait transformer un état pire que celui que l'on peut imaginer de manière à faire naître un état pis encore. D'ailleurs le droit naturel ne l'y autoriserait pas. Et pourtant, voilà ce qui risque de se produire lorsque l'on prête son assentiment à une critique qui n'est pas suffisamment fondée pour en assurer la pertinence ou que l'on refuse d'accréditer une critique qui, étant énoncée de bonne foi et d'une manière désintéressée, selon les règles de l'art, porte sur l'actualité réelle des choses pour en identifier les manques, les carences et les limites antérieurement inaperçus et possède, en raison de ces qualités et de cette initiative, une valeur indéniable et irrévocable .» — Plérôme.

«L'atomisation et le cloisonnement de la société mènent à un état social où le sentiment de la déresponsabilisation face à autrui, résultant d'une préoccupation exclusive avec sa propre situation, en l'absence des mécanismes sociaux susceptibles d'appuyer les efforts pour répondre aux exigences qui sont faites sur elle ou de la possibilité pressentie de compter sur son prochain, lequel fait face lui-même à un même isolement, caractérise les rapports sociaux et crée peu à peu une aliénation des individus coupés de leur nature grégaire et sociale, marquée par l'absence de l'entraide et de la mutualité bénéfiques des rapports qui définissent cette dimension de l'humanité.» — Plérôme.

«La pleine conscience des choses seulement, telle qu'elle puisse exprimer complètement et adéquatement ses aperceptions, peut prétendre atteindre à la vérité, en ce que non seulement elle parvient à exprimer son contenu selon les formes appropriées à un discours clair et cohérent, mais encore saisit-elle les principes qui sont la compréhension et la révélation de l'essence et de la substance de la vérité. De sorte qu'une philosophie qui n'en reste qu'au  niveau formel de son exercice, si elle réussit à échafauder des théories parfois brillantes, ne saura jamais prétendre qu'à être le simulacre d'une connaissance réelle et l'ersatz d'un éveil véritable de la conscience qui, pour l'essentiel, ne saurait se contenter de rien de moins qu'une appréhension achevée de la vérité, pour se dire parfaitement réalisée. Voilà pourquoi une intuition spontanée de la vérité et des principes qui en constituent la nature est plus près de la véritable philosophie que les théories les plus savantes et les thèses les plus magnifiques, autant par leur complexité que par leur architecture.» — Plérôme.

«Une vision absolutiste de l'humanisme reprend la thèse de Protagoras et affirme, voire implicitement, que tout doive se réduire à la réalité de l'homme et donc à sa conception sur les choses.» — Plérôme.

«L’Université, à son insu peut-être — car il serait trop pénible d’imaginer que cela se fît sciemment —, tout en étant une source indéniable de connaissance, fait en même temps la promotion de l’ignorance et cela de trois manières: primo, en sectorisant la connaissance en départements et en facultés distincts, elle crée une segmentation et un cloisonnement épistémologiques, qui enlèvent au savoir la liberté de circuler et d’influencer les autres formes qu’elle est susceptible de prendre; secundo, en limitant l’accès à la connaissance à des personnes choisies, selon des critères qu’elle établit, elle prive ainsi l’ensemble de la population de ce qui en constitue la forme et la matière, sans préjuger toutefois de la possibilité que celles-ci puissent généreusement se constituer en vecteur de transmission du savoir; et enfin, en spécifiant les formes de la connaissance, autorisés ou privilégiées, elle voue à l’occultation et à l’oubli celles qui échappent à ce choix, ce qui est d'autant regrettable qu'elles pourraient participer d'une vérité ainsi marginalisée et vouée à l'extinction.» — Plérôme.

«Une conception fixe et invariable de la vie, qui ramène tout à la forme actuelle de l’existence et à sa conservation, opposera une résistance à tout ce qui pourrait transformer, même dans le sens d’une amélioration dont on ne perçoit cependant ni la possibilité, ni la nature, le cours habituel que l’on s’est accoutumé à poursuivre — peut-être temporairement cependant, alors que l’on pourrait éventuellement entretenir la secrète espérance de pouvoir orienter et définir les paramètres essentiels de son existence, directement ou par association, selon le schéma implicite que l’on en possède.» — Plérôme.

«Si apte fût-elle à assurer une mission d’éducation, auprès de la population qui la requiert et la recherche, en raison de l’excellente qualité des clercs qu’elle se recrute en ce sens, l’Église ne doit jamais perdre de vue quelle est sa véritable vocation: la conversion des âmes et la défense de la Vérité, ce qui suppose en même temps qu’elle fût connue et préservée intégralement, en vue de leur salut, du salut du monde et de son propre salut.» — Plérôme.

«L’inconscience, c’est vivre dans l’ignorance de la causalité susceptible d’exister entre les événements actuels et des effets éventuels, à la fois subjectifs et objectifs, aptes à être produits par eux sur l’individu et à se répercuter jusque dans sa physiologie, ou encore de reconstituer de tels effets lorsqu’ils supposent une interaction causative avec des événements et des situations vécues, transportés dans la mémoire et ancrés dans le souvenir d’un passé, plus ou moins enfoui et lointain.» — Plérôme.

«Dans sa sensibilité quintessenciée, raffinée, subtile, grande et magnifique, l’esprit ainsi disposé aperçoit les issues et les finalités bien avant qu’elles ne se manifestent, un fait qui est au fondement du prophétisme et de la capacité d’anticipation intellectuelle et en même temps explique l’écart historique parfois énorme entre le moment où la prophétie est énoncée ou l'avenir est pressenti et celui de leur réalisation pleine et effective.» — Plérôme.

«L'humanité joue depuis toujours son avenir sur sa capacité à vivre l'amour, dans le plein sens du terme, de préférence à suivre la voie de la décadence, pour nier la dure lutte qui a contribué à le découvrir et à surmonter les empêchements à le réaliser, comme de prendre conscience de sa valeur spirituelle, nouménale et sacrée, en succombant à l'impulsion et parfois même à l'intérêt de le profaner, de la dépriser, de le déprécier, de le dévaloriser et de le dégrader.» — Plérôme.

«Le plus grand de tous les crimes, et celui qui n'est que très rarement nommé, peut-être parce que l'on parvient encore plus rarement à l'identifier et à reconnaître les moyens parfois très subtils employés à l'accomplir: la subversion et la profanation de l'amour.» — Plérôme.

«Une manière de duplicité morale consisterait à interdire, au nom d'un principe moral valable, pour tous autant que pour soi-même, ou simplement en raison d'un motif utilitaire ultérieur, à interdire aux autres les actes, les conduites, les avantages et les prérogatives dont on revendiquerait allègrement pour soi la possibilité en même temps de les réaliser ou d'en profiter.» — Plérôme.

«L’exclusivisme, parce qu’il centre toute sa considération sur ce qui assure l’unité et la cohésion de l’ensemble qui le préoccupe, est donc une position qui aliène radicalement toute différence: ainsi, pour qu’elle trouve une culmination réelle, c’est-à-dire une réalisation qui mène à l’accomplissement et à la plénitude de la réalité, dans ce qu’elle offre de meilleur, elle doit être à la fois universelle et nécessaire. Car la tendance à l’exclusion, et donc à la formulation des idées et des principes qui en fonderont l’action, étant naturelle, puisqu’elle est une défense contre l’altérité absolue et fonde le concept de légitime défense, ne saurait elle-même être exclue de l’horizon existentiel. Et puisqu’il existe une position idéologique ainsi qu’un fait historique tout aussi absolus, c’est-à-dire le nihilisme, l’on ne saurait rester indifférent à une option qui rend nécessaire l’adoption de la seule position opposée qui puisse la contrer. D’où la nécessité de viser, par les principes qui sont posés, une fin susceptible de les réaliser pleinement et en même temps d’éradiquer ceux qui pourraient en compromettre effectivement l’illustration adéquate de la possibilité.» — Plérôme.

«Toute mesure légale, si légitime fût-elle, et si parfaite fût-elle dans son intention, est susceptible de corruption, autant par les excès que par les lacunes qu’elle risque d'entraîner, pour des raisons différentes, dans son application.» — Plérôme.

«La finalité idéale de tout système d’éducation est d’identifier un talent brut — qui peut cependant comprendre une multiplicité d’aspects et de dimensions — et de le former, de l’exprimer, de le façonner, et de le perfectionner, pour le plus grand bien de la collectivité comme pour le plus grand épanouissement de l’individu. Mais le résultat du processus éducatif est souvent moins reluisant, puisqu’il consiste parfois — et peut-être trop souvent — à encadrer le talent particulier et à lui autoriser une expression qui confirme toutes les formes réelles et actuelles de l’unité sociale mais à interdire, ou à brimer toute velléité en ce sens, qu’il n’en empêche, ou n’en fasse autrement ressortir, aucune des limites, des lacunes et des imperfections, même en utilisant les moyens qui sont légitimement reconnus pour que cela pût s'effectuer.» — Plérôme.

«À quoi peut bien servir la morale, quand on peut faire ce que l’on veut ? Telle est la question que se posent ceux qui ne font aucune distinction entre le bien et le mal, mais aussi ceux qui n’en veulent faire aucune et qui, peut-être malgré eux, tout en imaginant faire le bien, se font les instruments du mal qui résulte de ne savoir ou se montrer impréparés à faire mieux.» — Plérôme.

«Il y a, dans l’amour, un caractère anarchique qui fasse qu’il cherchera à s’épanouir malgré tous les obstacles qui s’opposeront à sa réalisation pleine et entière. Mais il n’est pas lui-même anarchique en ce sens où, dans le sens véritable de son essence, sa finalité est, dans l’accomplissement et la perfection du Bien, la préservation, la conservation, la perpétuation et la diffusion de la Vie, sans laquelle ni lui, ni les êtres qui en témoignent ne sauraient prétendre à l’existence. § Par ailleurs, cette disposition à l’insoumission devant ce qui prête obstacle à sa possibilité magnifique et infinie est celle qui la rend si vulnérable à son utilisation à des fins désordonnées. Car en appelant «amour» ce qui en est réellement la profanation, en réduisant ce sentiment noble et élevé à n’être plus qu’un simulacre de lui-même, par sa réification et sa transformation hédoniste à n’être plus que la voie utilitaire vers un plaisir sensible, voire dans la réciprocité, pour aller dans cette recherche jusqu’à en déformer les moyens de son expression, l’on soumet en réalité l’amour à un dessein anarchique sur tout ce qui est proprement vie pour l’assujettir à un mode politique de l’existence. Celle-ci en vient alors à perdre la fraîcheur de la vitalité et l’impulsion de l’innocence, pour tôt ou tard sombrer dans une forme de décadence qui est celle de tous les empires désordonnés et de toutes les civilisations moralement régressives .» — Plérôme.

«Avant de conclure à l’hermétisme impénétrable d’un propos, il serait recommandable d’en étudier et d’en approfondir le message.» — Plérôme.

«Toute liberté digne de ce nom se voue à l’avancement et à la propagation du bien mais elle peut néanmoins, sous des formes plus ou moins augustes, déroger à cette louable finalité. Ainsi, l’on peut alors concevoir que tout gouvernement légitimement institué et constitué devienne l’assurance de la possibilité de parvenir à cet idéal élevé et la garantie contre les excès engendrés par une dérogation à celui-ci, lorsqu’ils s’opposent, parfois au nom de la justice, à la liberté de poursuivre les avenues par lesquelles le Bien pourra se vivre, s’instaurer et se cultiver.» — Plérôme.

«Les mesures de sécurité accrues, établies pour garantir un régime politique, doivent servir d’abord à protéger la liberté de ses citoyens plutôt qu’assurer une implantation plus rigide de ses formes, une issue qui ne peut mener qu’à l’installation d’une fixité et à l’empêchement de l’évolution naturelle dudit régime. Car la finalité de tout régime politique serait dans l’idéal l’évolution naturelle de ses formes en vue du bonheur et du bien-être de ses citoyens, laquelle ne saurait se produire en l’absence d’une répartition équitable et proportionnelle de la liberté, de sorte que tout empêchement durable de son épanouissement ne saurait qu’étouffer la vie de la communauté et devenir la cause de son éclatement, résultant du défaut d’assurer le moyen par lequel chacun, animé par un esprit d’amour et de justice, a la possibilité de contribuer au bien-être et au bonheur de ses concitoyens et, du même coup, aux siens propres.» — Plérôme.

«La distinction et la vertu sont souvent estimées dignes de louange et d’admiration mais plus rarement méritoires d’imitation et d’émulation .» — Plérôme.

«Se pourrait-il que, de fait comme de droit, ce qui est crime chez certains devienne action vertueuse chez les autres ?» — Plérôme.

«Quelle que soit la forme de gouvernement adoptée par une société, dès qu’elle est jugée par ses membres comme étant la meilleure, cette issue est l’évidence qu’elle est considérée comme étant celle qui, par l’entremise de ses institutions, de ses officiers et de ses magistrats est particulièrement apte à assurer le bonheur et le bien-être de ses citoyens, puisqu’elle est animée (en principe) par l’esprit de charité et de justice susceptible de les leur procurer: autrement, la confiance qui lui est apportée est illusoire et sa destinée vouée à une durée (relativement) courte.» — Plérôme.

«Serait-ce pécher par excès de simplicité que de proposer que la distinction effective entre la morale et l'éthique, c'est que la première énonce quels sont les principes qui caractérisent la dignité de l'inclusion à l'intérieur de la grande société alors que la seconde prononcera quels sont ceux qui en mériteraient, pour l'agent libre et moral, l'exclusion.» — Plérôme.

«Il est parfois facile, de trop bien apercevoir les défauts chez autrui et d'en faire la publicité généreuse, car alors cela peut autoriser à cesser de porter toute son attention sur l'accomplissement des qualités les plus élevées qui sont les siennes et d'accorder toutes ses aspirations et tous ses efforts dans le sens de cette réalisation.» — Plérôme.

«Le travail, rémunéré ou bénévole, reflète la sanction par l'État de l'activité créative et bienfaisante, telle qu'elle est estimée bénéfique à la vie de la grande société et de ses membres.» — Plérôme.

«On peut bien renoncer aux œuvres de Satan, rien n'assure que cet acte de piété solennel trouve sa contrepartie dans l'attitude correspondante de celui-ci.» — Plérôme.

«Les mesures de sécurité accrues, établies pour garantir les assises d'un régime politique, doivent servir d'abord à protéger la liberté de ses citoyens plutôt qu'assurer une implantation plus rigide de ses formes institutionnelles, ce qui ne peut mener qu'à l'installation d'une fixité et à l'empêchement de l'évolution naturelle dudit régime. Car la finalité de tout régime politique serait dans l'idéal l'évolution spontanée de ses formes en vue du bonheur et du bien-être de ses citoyens, laquelle ne saurait se produire en l'absence d'une répartition égale de la liberté, de sorte que tout empêchement durable de celle-ci ne saurait qu'étouffer la vie de la communauté et devenir la cause de son éclatement, résultant du défaut d'assurer le moyen par lequel chacun, animé qu'il est par un esprit d'amour et de justice, a la possibilité de contribuer au bien-être et au bonheur de ses concitoyens et, du même coup, aux siens propres.» — Plérôme.

«La distinction et la vertu sont souvent estimées dignes de louange et d'admiration mais plus rarement méritoires d'imitation et d'émulation.» — Plérôme.

«Se pourrait-il que, dans un quelconque univers non spécifié, ce qui est crime, de fait comme de droit, chez certains, serait héroïsme et action vertueuse chez d'autres ?» — Plérôme.

«Quelle que soit la forme de gouvernement adoptée par une société, dès qu'elle est estimée par ses membres comme étant la meilleure, c'est qu'elle est considérée comme étant celle qui, par l'entremise de ses institutions, de ses officiers et de ses magistrats, est particulièrement apte à assurer le bonheur et le bien-être de ses citoyens puisqu'elle est animée par l'esprit de charité et de justice susceptible de les leur procurer.» — Plérôme.

«La notion d'avantage réciproque dans l'établissement d'un contrat ne saurait nullement constituer une raison suffisante de sa légitimité et de sa validité puisqu'elle peut aussi bien gouverner les motifs d'aventuriers et d'opportunistes (qui espèrent sans trop d'effort ni risque réaliser un gain rapide avec leurs entreprises) que les projets d'idéalistes et de saints (qui visent le plus grand bien futur pour fruit de leurs sacrifices, sans trop escompter en recevoir dans l'immédiat). Or seule la valeur du principe visé et des moyens employés à cette fin peuvent constituer une raison légitime de s'entendre entre des citoyens civilisés, animés par une bonne volonté, pour qui le service du bien de la collectivité est le seul moyen de parcourir à celui des individus qui la composent.» — Plérôme.

«Une critique qui ne vise pas, sciemment, en toute connaissance de cause, à établir un meilleur bien que l'on sait et dont on a la possibilité d'en défendre le principe et d'en instituer le moyen risque de s'avérer plus nuisible que souhaité par la subversion qui s'opère d'une forme qui, tout en étant perfectible, n'est pas sans comporter elle-même un bien dont elle constitue le moyen d'une réalisation.» — Plérôme.

«Ne sait-on pas que, pris dans son sens le plus large, la peine d'amour est une maladie vénérienne, et peut-être la plus sérieuse d'entre elles par la souffrance morale qu'elle occasionne, une douleur que démultiplient l'indifférence dont on témoigne à en reconnaître la nature et la présence ou la désinvolture avec laquelle l'on en diminue l'importance et la profondeur.» — Plérôme.

«En l'absence de la vérité objective, seules n'existent que les vérités subjectives, lesquelles ne parviennent pas toujours à s'entendre.» — Plérôme.

«Sans nier que l'on puisse vivre longtemps, tout en accomplissant le bien, il semble parfois que le choix soit entre vivre longtemps et vivre selon le bien, c'est-à-dire dans le sens du plus grand bien possible à réaliser, la première option signifiant penser à soi avant de penser à autrui alors que la seconde commande l'inverse, c'est-à-dire penser à autrui avant de penser à soi.» — Plérôme.

«Un usage mal avisé de la morale et de l'éthique pourrait conduire à l'excuse de ses propres fautes au nom de la relaxation des principes de la morale tout en accentuant et en amplifiant les erreurs d'autrui, en invoquant les principes d'éthique auxquels celles-ci contreviendraient.» — Plérôme.

«Quelle ironie lorsque, ayant investi l'entièreté de ses énergies spirituelles à découvrir et à établir la simplicité de la sincérité et la profondeur de l'authenticité, en tant que représentant l'idéal personnel formel le plus élevé que l'on serait susceptible d'atteindre, l'on en vient à s'apercevoir que l'ensemble de la société oriente sa compréhension et sa conduite sur la norme de la fausseté et de l'inauthenticité que l'on met au service du calcul intéressé.» — Plérôme.

«Toute loi se forme sur une raison, un principe à promouvoir ou une valeur à défendre, et conditionne les conduites générales, actuelles et futures, en vue de ces fins. Or, plus les principes promus et plus les valeurs préservées sont profonds et compréhensifs, plus ils sont essentiels et concernent la généralité de l'ensemble pour lequel les lois sont conçues et formées, plus la loi sera équitable, quant à la largeur de son application et juste quant au dessein parcouru. Le défi réside précisément là pour le Sage qui est en même temps législateur: découvrir le principe le plus élevé et la valeur la plus précieuse, étant la plus inspirante, susceptibles d'être promus et défendus par l'ensemble le plus complet et les spécifier par des lois susceptibles de recevoir l'acquiescement désintéressé de la population à laquelle elles s'adressent, comme reflétant le plus grand bien susceptible d'être voulu réellement par elle.» — Plérôme.

«L'on vise à connaître tous les codes, mais l'on aspire plus rarement à maîtriser et à mettre en œuvre les plus profondes significations auxquelles ceux-là renvoient.» — Plérôme.

«La vie en société est d'abord et avant tout une expérience et une éducation de la vie sentimentale.» — Plérôme.

«Une culture où chacun est enjoint à se mêler sagement de ses affaires, et uniquement de ses affaires, produit une société où la vie publique et communautaire, constituée de principes et de valeurs tenus en partage, se voit réduite à néant.» — Plérôme.

«Cronos émascule son père, Ouranos, et dévore ses propres enfants, pour ne pas être limogé par l'un d'entre eux; Zeus, ayant échappé à ce sort indigne et barbare, en même temps que Poséidon, grâce à une ruse de Rhéa leur mère, parvient à le remplacer après l'avoir banni, mais il doit consentir au sacrifice homicide de son fils Dionysos par les Titans, avant qu'il n'éteigne dans le feu et le sang leur rébellion: tels sont les débuts violents de la geste humaine, du moins selon la version qu'en proposent les Grecs.» — Plérôme.

«La paix et la sécurité sont les conditions essentielles pour l'apparition, la conservation, la préservation et la propagation de la vie, laquelle tend en tout temps, dans sa virtualité, à l'épanouissement et à la plénitude de son état. Mais alors que l'homme sait agir directement sur la nature pour se procurer celles-là, en vue d'une force et d'une puissance physiques qui constituent son genre, la femme, en raison de la précarité et de la fragilité dont l'a doué cette même nature, doit agir par personne interposée afin de garantir que les conditions existeront pour elle de pouvoir combler ses aspirations et ses ambitions de plénitude. Voilà pourquoi elle a, dans son développement ancestral, privilégié une action qui fût plutôt sociale, par comparaison à celle plutôt physique de l'homme, dans la réalisation d'une vertu de vie qui, tout en étant équivalente à celle que peut espérer celui-ci, est appropriée typiquement à son propre genre.» — Plérôme.

«Lorsque les formes sociales se sont rigidifiées et devenues intransigeantes, plutôt que se montrer fluides et prêtes à s'adapter aux fluctuations d'un milieu en devenir, l'impréparation de la société à voir se remettre en question, voire d'une manière légitime et sanctionnée par la coutume, les moyens que la paix et la sécurité se sont données afin de continuer à exister, devient plus grande et s'exprime souvent au prix de libertés politiques et sociales qui auparavant étaient reconnues et encouragées, pour dans sa forme la plus excessive justifier l'iniquité au nom de la tranquillité qu'elle souhaite parvenir à conserver.» — Plérôme.

«La souvenance intégrale est l'unique voie vers la pleine assomption de soi.» — Plérôme.

«Une éducation qui ne vise pas la connaissance de la vérité infinie, dans ses manifestations les plus vastes et ses principes les plus profonds, ne saurait qu'aspirer à saisir les complexités d'un savoir qui, tout en prétendant à une valeur absolue, en tant qu'il fonde une manière de voir et de vivre en fonction de principes éprouvés et établis — une coutume implicite et inédite en somme —, ne saurait que viser à se conserver à l'intérieur de limites qui sont autant de frontières qu'il coûterait chèrement de dépasser, puisque mettant en péril, dans l'imaginaire commun, le salut de la collectivité.» — Plérôme.

«Le monde de l'intelligence semble actuellement s'être divisé en deux camps: les partisans de l'oubli et de la dénégation du passé, comme réalisant l'unique moyen de s'autoriser à entrevoir un avenir plausible et positif, et les partisans du souvenir intégral, comme étant celui d'un futur possible et durable. Or, il s'agira tôt ou tard de considérer le problème de l'avenir — qui ne s'est pas encore réalisé, mais qui est engagé sur la voie de l'être — à la lumière de ces deux lemmes et d'adjuger entre celui qui doit prévaloir, car aucun des deux, en vertu du principe de non-contradiction, ne saurait être en même temps vrai et admettre la pleine conception de l'autre.» — Plérôme.

How can one bring about the understanding that, if the past is creative of the future no more — a responsibility and an accomplishment which belong to the present —, save through the archetypes which it reveals in its continually existing realizations, it is nevertheless, since it results from the inspired work of the human spirit, both educational and inspirational, being evocative altogether of a moment in the origins of time, of a journey travelled, of a demarcation with respect to what once was, of the values which inspired it, and which perhaps always are being transmitted in the most edifying attitudes, beliefs, and values held in common, and which remain actual. And for these reasons, it is worthy of being preserved ? / Comment faire comprendre que, si le passé n'est plus créateur de l'avenir — une responsabilité et un accomplissement qu'il incombe au présent d'assumer —, sauf par les archétypes qu'il révèle dans ses réalisations toujours existantes, il est, étant dû au travail inspiré de l'esprit humain, à son tour éducatif et inspirant, en étant évocateur à la fois d'un moment antérieur dans l'origine du temps, d'un trajet parcouru, d'une démarcation par rapport à ce qui fut déjà, des valeurs qui l'ont inspiré et qui peut-être toujours se transmettent dans les attitudes, les croyances et les valeurs les plus accomplies tenues en partage, et qui sont toujours actuelles Et que pour ces raisons, il mérite d'être préservé ?  — Plérôme.

«Le problème de l'oppression des sexes, autant celle de la femme par l'homme que celle de l'homme par la femme, chacune s'opérant en vertu de la nature respective de l'un et de l'autre genre, en visant à imposer à l'autre des visées qui ne lui sont ni bénéfiques, ni conformes à sa liberté, peut se résoudre uniquement dans l'harmonie des rapports entre les genres, fondée sur une parfaite connaissance qui s'acquiert d'autrui, en autant que cela se peut, compte tenu de la profondeur énigmatique propre à chaque être vivant et à plus forte raison à chaque être humain, et d'un sentiment d'amour complet qui vise à l'acquérir, malgré les difficultés inhérentes à la découverte d'un mystère qui offre au désir d'en pénétrer les voiles, l'opacité d'une réalité qui échappe à la pleine connaissance que l'on souhaiterait en apercevoir.» — Plérôme.

 «Parfois, l'intelligence semble être un bien frêle esquif, lancé sur l'océan sans confins de l'ignorance, avec pour la conforter les quelques îlots de la connaissance seulement, auxquels l'on parvient non sans quelque effort de navigation et de lutter contre les vents contraires de l'épreuve propres à toute heuristique scientifique, lesquelles terres représentent, dans leur vastitude relative, tout le savoir de l'homme accumulé depuis la nuit des temps.» — Plérôme.

«L'émulation constante et persévérante par soi de la bonté présente en autrui est le seul gage de la réalisation de l'entéléchie personnelle, individuelle et sociale alors que la rivalité imitative et l'escalade dans la présentation du mal, autant celui que l'on subit que celui que l'on fait subir à autrui, est la plus sûre assurance d'une régression dans la décadence et la barbarie, d'où nous a extrait, avec bien des peines et des efforts, la moralité évangélique.» — Plérôme.

«L'excès conservateur résulte en la stagnation de l'incomplétude, puisqu'il se fonde sur la conviction que tout doit être préservé de ce qui est, sans chercher à perfectionner ou transformer en vue d'un meilleur bien véritable, l'état établi; par ailleurs, l'excès libéral, en supposant que tout doit être changé et que rien de ce qui existe est digne de préservation, tombe dans une aberration contraire, puisqu'il entraîne inéluctablement vers l'état de révolution aveugle. D'où la nécessité de faire la part judicieuse et adéquate des choses en préservant ce qui mérite de l'être, en vertu de sa valeur éminente, en transformant dans le sens d'une optimalisation ce qui peut être amélioré et en innovant pour créer des conditions susceptibles de mener le monde dans la direction su plus grand bien possible et susceptible d'être réalisé.» — Plérôme.

«Si un professionnel a souvent des fonctions administratives à accomplir, celles-ci ne devraient jamais être à ce point onéreuses qu'elles éclipsent ses responsabilités et portent préjudice à la réalisation de son action au plan moral, dans le sens le plus noble et le plus louable du terme (ce qui suppose l'exercice libre de la volonté en vue de réaliser une intention), pour à toute fin pratique le transformer en fonctionnaire, sauf peut-être de nom.» — Plérôme.

«Une des difficultés que pose la philosophie empirique et positive, c'est qu'elle n'est pas ouverte à l'effet de l'absence, laquelle s'exprime, au plan des actes, par une réserve, une inhibition, un refus de l'engagement, et dont les conséquences prévisibles pour tout être dont l'intelligence est éveillée, de la non-intervention, sont susceptibles d'une valorisation et par conséquent d'un jugement, au même titre que les actions positivement menées. Ainsi, il serait possible, pour un être libre et moral, de se priver d'intervenir, alors qu'il serait de son devoir d'agir, soit par manque de conviction ou encore par peut, mais aussi parce qu'il fait passer son intérêt individuel avant celui d'autrui, alors qu'il serait dans intérêt de celui-ci et de l'ensemble qu'il agît autrement, les circonstances s'y prêtant, tout en ayant la possibilité de le faire, bien évidemment.» — Plérôme.

«La convoitise qui ne connaît nul frein est peut-être la caractéristique la plus typique que partagent en commun les Barbares occidentaux de l'Antiquité tardive.» — Plérôme.

«La science politique consiste en l'étude de la multitude de manières et de moyens employés par les États afin de structurer, par les constitutions, diriger, par les décrets, former, par les écoles, encadrer, par les administrations, et formaliser, par les législations, la liberté de ses sujets et citoyens; la sociologie, celle de la multiplicité des façons par lesquelles les membres de la société interagissent avec les données culturelles, ainsi que celles en provenance de leur héritage culturel, afin de faire l'usage optimal de l'élan de liberté naturel et inné qui est le leur.» — Plérôme.

«Quant à vouloir réaliser un idéal, qu'il soit le plus haut possible; quant à se laisser animer et motiver par un désir, qu'il soit le plus noble et le plus pur susceptible d'être ressenti; quant à fournir un effort intelligent en ce sens, qu'il soit le plus constant, le plus abondant et le plus soutenu dont on soit capable.» — Plérôme.

«Comment peut-on désigner le sentiment qui, sans être dirigé proprement vers un individu en particulier ou sans révéler de manière a priori une antipathie réelle à son sujet (comme ce serait le cas pour la haine), peut néanmoins, au nom de l'ambition et de l'intérêt personnels, d'une idéologie politique ou d'une ferveur nationaliste, ou même du motif de l'instauration et de la défense sincères et désintéressées des principes de justice, de vertu et de liberté, mener à sa ruine et causer son malheur, y compris jusqu'à sa destruction et à son extinction ?» — Plérôme.

«La vie qui se réalise serait-elle la manifestation du désir d'échapper à la contrainte et aux pressions en provenance du milieu ambiant ainsi qu'à la spécification des conceptualisations et des tentatives de classification sur elle, le tout afin de mieux encore parvenir à illustrer la profondeur de son essence et la diversité de sa possibilité ?» — Plérôme.

«L'on remarquera peut-être que tous deux, le désir et l'idéal, répondent à une absence, de ce qui fut et qui n'est plus, pour le premier, et de ce qui n'est pas et pourrait se réaliser, les circonstances s'y prêtant, pour le second. Ainsi paraît-il que ce sont deux états de la conscience qui visent, respectivement, à retrouver un passé qui n'est plus et dont l'impression laissée est à ce point profonde et significative, marquante et essentielle, qu'elle presse l'individualité organique à le reconstituer afin de pouvoir en revivre et à se donner des fins qui agiront en ce sens, pour dynamiser les actions et inciter les efforts, en plus de s'adresser aux causes présentes qui s'en s'enracinent dans les manques et les carences de la nature et de la culture actuelles et motivent à en motiver l'organisation et la structuration dans le sens d'une ambiance et d'un encadrement plus sains, c'est-à-dire plus appropriés à la nature individuelle et sociale de l'homme. § Et là où ces deux dimensions se rencontrent, c'est au plan de la perfection: d'une perfection que l'homme peut réaliser car elle répond à une entéléchie de perfection; mais aussi d'une perfection que l'homme a un jour réalisé et qui s'est trouvée à disparaître, à s'évanouir, et que celui-ci réclame comme procédant légitimement de son mérite et de son effort, de sa dignité et de sa réussite. § Car si l'homme s'engage sur le chemin de la perfection, en vertu d'une entéléchie naturelle à réaliser la nature, se l'approprier par son travail et la transformer en ce qui devient l'évidence d'une culture, et, cela faisant, dans la promiscuité plus ou moins intime et étroite, personnelle et indépendante, de ses rapports avec ses semblables, amener son être naturel et spirituel au point culminant de son accomplissement, c'est par la réalisation des perfections qu'il qu'il se signifie à lui-même, et lui est signifié, qu'il est bel et bien engagé sur la voie où sa perfectibilité reçoit une réponse satisfaisante à son existence, douée de sens (plutôt que nageant dans le contre-sens et dégageant l'absurdité).» — Plérôme.

«La perfection tantôt existe et tantôt n'existe pas: elle existe, en tant qu'elle signifie concrètement ce que la réalisation aboutie d'une chose et/ou d'un état et exprime l'aboutissement d'un effort qui, s'il peut s'avérer comparable et devenir susceptible de recevoir une estimation, demeure néanmoins la plus haute expression d'une idée qui pouvait être amenée d'elle, en ce moment et en ce lieu de l'existence de l'agent; mais elle n'existe pas, en tant qu'elle représente, pour tous les lieux et pour les temps, et éventuellement dans l'éternité et l'infinité mêmes,  l'accomplissement le plus élevé que l'on souhaiterait réaliser d'une chose et/ou d'un état. Par ailleurs, afin d'éviter que l'on tentât de justifier par là une quelconque paresse, il demeure du devoir de chacun de fournir le plus grand effort possible et d'investir la plus entière mesure de ses ressources et de son talent, afin d'assurer que l'expression actualisée et présentée soit effectivement de la meilleure qualité qui soit et qu'elle représente effectivement ce qui serait comme un hublot sur la perfection en tant qu'elle est l'expression d'une transcendance indépassable.» — Plérôme.

«Les recherches génétiques contemporaines les plus récentes sembleraient proposer que la culture subsume effectivement l'héritage génétique, parfois avec plus ou moins de succès à l'échelle générationnelle, mais d'une manière incontestable à l'échelle historique et géologique, dans le sens le plus large du terme.» — Plérôme.

«L'expression «ne plus pouvoir se supporter» pour signifier l'exaspération ressentie mutuellement, n'est-elle pas l'affirmation et la confirmation d'un lien mutuel et essentiel, dans la relation, entre l'appui que se donnent les particuliers, amis, amoureux, conjoints, simples collègues ou connaissances de passage, du sentiment qui les habite l'un face à l'autre ainsi que de la solidarité réciproque qui serait censée exister dans la coopération qui guide un idéal auquel ils aspirent en commun et qui s'alimente à un désir qui unit leurs aspirations ?» — Plérôme.

«L'absence qui n'est pas appréciée adéquatement, en proportion de la valeur et de la signification que prenaient pour nous la présences évanouies, doublement occultées par les causes de leur disparition et par l'oubli que l'on s'impose d'en faire, crée les conditions d'une existence individuelle et collective fondée sur l'ersatz, qui cherche alors à combler le vide laissé par elles.» — Plérôme.

«En termes sociologiques, la seule vérité réellement admissible, sans égard pour la profondeur et la signification réelles de son propos, est celle qui ne remet pas en cause l'ordre établi des choses, aveugle en cela à la qualité et à la direction prises par lui, car il affirme par ses principes et ses valeurs une forme que prend la vie sociale et organisée, laquelle, comme toute vie, aspire à sa propre continuité, à sa conservation, à sa préservation, à sa perpétuation, à sa propagation et à sa diffusion.» — Plérôme.

«Selon  une perspective Freudienne, le Golgotha représente la puissance de Thanatos qui se retourne complètement contre la grâce et la perfection d'Éros.» — Plérôme.

«Le cinéma consiste en la représentation de la conscience de soi, laquelle est apte à être perçue et appréciée par toute conscience de soi et même par la conscience de soi universelle.» — Plérôme.

«Le sentiment, c'est la métaphysique de la vie; l'œuvre, celle de la nature, en vertu de la logique propre à sa formation et sa modélisation, son édification et sa spiritualisation; la poésie, celle de l'une et de l'autre, sentiment éprouvé et action opérante, vie et nature, en tant que leur caractère ineffable et leur spiritualité intangible peuvent être adéquatement rendus par la conception que l'on en formule et que l'on en exprime par le langage.» — Plérôme.

«Le texte, dans sa forme, peut être comparé à une pyramide dont les mots constituent les éléments du corps et le sommet représente le sens.» — Plérôme.

«L'épreuve est le «remède» imposé à l'âme poétique, le cas échéant, par les cœurs inextricablement empêtrés dans les attraits irrésistibles de la nature et les exigences contraignantes de la réalité.» — Plérôme. 

«Pour emprunter à la logique stylistique et oppositionnelle de Kant, la raison sans une expérience qui en constitue la matière de la réflexion est une chimère; l'expérience sans la raison qui en appréhende les principes et le sens, y comprises les finalités, est une supposition inimaginable.» — Plérôme. 

«La superficialité morale consiste à apprécier la valeur morale d'une action ou d'un événement, non pas en se fondant sur la nature et la qualité des raisons, des mobiles, des fins, de l'intention et même de la possibilité de leur commission, lorsqu'ils semblent seulement apparents, pour recouvrir une tout autre réalité, mais uniquement en se fiant au fait de leur production et du lien apparent existant entre ceux-ci et leurs auteurs présumés.» — Plérôme.

«Il y a ceux qui sont; il y a ceux qui ne sont pas; il y a ceux qui sont, tout en semblant être ce qu'ils ne sont pas; et il y a ceux qui ne sont pas, tout en se donnant l'apparence d'être autre chose que ce qu'ils seraient, s'ils s'autorisaient à devenir ce qu'ils sont: ce sont respectivement les personnes accomplies; les personnes inaccomplies; les acteurs; et les imposteurs. Le rôle de tout État, par conséquent, toujours en respectant la liberté des particuliers, est de favoriser la pleine authenticité de ses sujets et de ses citoyens par ses institutions, ses politiques, ses législations et ses interventions, de sorte que ceux qui sont sur la voie de l'accomplissement deviennent plus accomplis encore, que ceux qui n'y sont pas engagés, le deviennent dorénavant, et que tous les rôles assumés par les membres de la société le soient toujours dans le plein sens de l'accomplissement réel et intégral de ses concitoyens et de soi-même par conséquent.» — Plérôme. 

«L'oubli du passé que ce soit par choix personnel ou que cela implique une obligation que l'on s'impose, en tant que répondant à l'imposition culturelle d'un courant social, ne peut que conduire à deux sentiments négatifs: l'ingratitude pour les bienfaits que l'on a reçus et qui sont le produit d'une agence extérieure à soi, laquelle devient alors méritoire de la reconnaissance et de la distinction qu'il lui convient de recevoir; et le ressentiment général envers autrui, susceptible de se cristalliser autour de groupes commodément identifié, résultant de l'incapacité à savoir reconnaître quels sont les agences particulières qui éventuellement contribueraient au malheur éprouvé, le cas échéant, et qui, habitant le passé, ne sauraient être appréciés pour qui ils sont, formellement, par un processus de justice institutionnelle, ou informellement, par l'opinion entretenue à leur endroit, et, si la disposition y est, être pardonnés de la malveillance dont ils seraient peut-être imputables.» — Plérôme.

«Toute prise de conscience réelle requiert une compréhension du rapport intime existant entre la causalité existentielle et la réalité trans-existentielle préexistante.» — Plérôme.

«Si l'on admet qu'il existe une raison d'être à toute chose, le fait d'en percevoir, intuitivement ou suite à un effort intellectuel acharné ou incessant en ce sens, les tenants et les aboutissants, les causes, les agents, les moyens, les fins, ne changera rien à leur existence, sauf en agissant sur ceux-ci pour s'insérer à l'intérieur de la chaîne des causes et en transformer les effets possibles, dès que ceux-ci ne se sont pas encore produits, ou les conséquences actuelles, sans pouvoir les modifier entièrement, lorsqu'elles ont trouvé l'aboutissement qui leur était destiné.» — Plérôme.

«Quelle est donc la nature de ce Destin auxquels même les décrets des Grands Dieux Grecs étaient soumis, soit pour leur bonheur, soit pour leur malheur ? Voilà quel est le problème fondamental de la théologie Grecque de l'Antiquité.» — Plérôme. 

«L'Esprit transcende, infuse, informe et subsume la Culture qui, à son tour, transcende, infuse, informe et subsume l'Individualité. / The Spirit transcends, infuses, informs, and subsumes Culture which in turn transcends, infuses, informs, and subsumes Individuality.» — Plérôme.

«Devant la justice éternelle et providentielle de la Divinité, l'innocent clame haut et fort son innocence, et avec raison, mais également le criminel.» — Plérôme.

«La progression de l'esprit se fait de l'inconscience (ou de la conscience réellement diminuée des enjeux moraux) vers le champ de la moralité (ou de la liberté pleinement assumée, même en présence des empêchements à la vivre selon ses principes véritables), avec pour terrain l'existence d'une vie qui aspire à la plénitude de son expression, se réalisant dans le sens du plus grand bien possible à atteindre, et dont la précarité l'expose à une cessation plus ou moins abrupte.» — Plérôme.

«On se montre souvent très habile à reconnaître et à identifier les problèmes, mais parfois un peu moins à découvrir et à proposer les solutions qui conviennent.» — Plérôme.

«À l'intérieur d'une conjoncture politique laïque, ou  fortement laïcisante, où existe une séparation nette de la légalité et de la moralité, la loi obligera uniquement à ce qui est légal et donc à rien de ce qui est expressément moral, de manière à s'ériger effectivement en seule moralité. Car elle se pose ainsi en seul bien susceptible d'être considéré tel par tout agent moral, puisque méritant que celui-ci en fasse l'objet unique de son devoir, tout en prétendant n'être que la loi et refusant de se considérer comme étant autre chose.» — Plérôme.

«La pensée mythique passe, dans sa genèse et son établissement, non plus par le regard attentif et perspicace de la chose selon son être réel, mais par sa conception selon les idées que l'on s'en forme et que l'on propage, lesquelles prennent comme une vie en elles-mêmes et deviennent considérées comme un en-soi, alors qu'elles sont uniquement des représentations dont la valeur épistémologique repose sur le rapport adéquat qu'elles entretiennent avec la chose qu'elles parviennent à se reconstruire dans l'esprit, certaines fois plus habilement que d'autres.» — Plérôme.

«L'homme sans la femme est incomplet; mais la femme sans l'homme est inachevée. Mais quel homme ? et quelle femme ? Voilà résumé tout le drame de l'humanité dont témoignent les péripéties et les retournements de l'histoire, certains étant plus heureux que les autres.» — Plérôme.

«L'on pille allègrement et impitoyablement le pommier cultivé avec soin, pour ensuite, en songeant couvrir le délit, affirmer qu'étant stérile, il n'a pas et n'a jamais porté de fruits, ou encore, en expliquant qu'il s'y trouve encore des fruits qui n'étaient pas tout à fait désirables, que la récolte fut mauvaise ou le rendement particulièrement pauvre pour ce spécimen.» — Plérôme.

«Tôt ou tard, l'on doit se poser la question: vaut-il mieux pardonner et ne pas oublier ou oublier et ne pas pardonner ?» — Plérôme.

«La sagesse fonde son pouvoir de persuasion sur la profondeur, la pondération et l'envergure de la vérité, reflétée par son propos; le sophisme sur les artifices de l'argumentation, la fausseté de ses prémisses et l'imposition contrainte, parfois subtilement, de ses vues.» — Plérôme.

«L'anarchie essentielle, la source de toutes les corruptions et de tous les maux qui guettent l'humanité, a consisté à établir la rupture entre l'être et l'action, entre l'amour et la génération ainsi qu'entre l'essence et la naissance.» — Plérôme.

«Une question relative à la question de la prière publique: attendu que la Constitution canadienne est fondée sur les principes conjugués de la suprématie de Dieu et de la primauté du droit, comment comprendre leur affirmation effective dans la vie publique, si toute évocation de la Divinité et si toute possibilité d'entrer en relation spirituelle explicite avec Celle-ci sont bannies de la sphère publique ? / A question pertaining to public prayer: whereas the Canadian Constitution is founded on the combined principles of the supremacy of God and the rule of law, how may one understand their effective affirmation in public life, if any evocation of the Divinity and if all possibility of entering upon an explicit spiritual relationship with the Latter are banned from the public sphere ? » — Plérôme.

«Le manque d'une chose crée une absence qui demande à être comblée et la justice requiert que lorsque cette privation s'est opérée de manière illégitime, elle fût compensée par une chose de valeur équivalente. Mais que dire lorsque le bien dont on est injustement privé est de l'ordre de l'intangible et de l'invisible, tout en étant hautement prisé, tels que le bonheur, l'amour, la liberté et même jusqu'à la vie? § Quelle réparation adéquate peut-on apporter à une liberté perdue, sauf à restaurer pleinement celle-ci ? à un bonheur perdu, à un amour perdu, sauf en recréant les conditions qui éventuellement mèneront à son rétablissement ? Et que dire lorsque la victime de cette perte est tout un peuple à qui elle doit être restaurée en tant que peuple ? § Que dire, en plus, lorsque cette réparation est exigible pour une situation aussi irréversible qu'une vie perdue ? La justice requerrait qu'elle fût restaurée dans l'intégralité des conditions où elle apparaissait, lorsqu'elle fut interrompue: mais comment, à quel moment et par qui ? La même question et la même solution s'appliquent aussi lorsqu'il s'agit de considérer une situation où l'existence de tout un peuple s'est vu mise en jeu. § Or l'on conviendra peut-être que, si l'on croit possible la restauration, par les hommes, d'une liberté ou d'un bonheur injustement perdus — par une erreur judiciaire, disons —, celle de la liberté collective, de la vie individuelle ou de celle d'une multitude, suite à un détournement de l'histoire et sans que les victimes n'aient personnellement quoi que ce soit à se reprocher, semblera plus problématique et au-delà de toute possibilité humaine. Et sauf à admettre qu'aucune telle réparation n'est possible, qu'il existe donc des injustices pour lesquelles aucun remède concevable ne puisse exister, une position qui choque profondément et intensément un sens inné de la justice, tel que spontanément il puisse s'éprouver, l'on doit alors s'en remettre à la justice d'une Puissance suprême, pour que s'abattent tous les obstacles à une rentrée dans ses droits des victimes lésées et que ceux-ci se voient assurés dans leur pleine actualité.» — Plérôme.