[Depuis le 16 juillet 2015, avec mises à jour périodiques. — Since July 16th 2015, with periodical updates.]
«Le danger d’une médecine étatique, i.e. d’une médecine qui reçoit son financement directement de l’État, c’est d’évoluer dans le sens d’une iatrocratie, en raison des liens intimes qui avec le temps se tissent entre les pouvoirs publics et les intérêts individuels, qu’une telle association tendrait à faire se rencontrer, à l’exclusion plus ou moins grande du bien-être des usagers, censés être les premiers bénéficiaires d’une telle mesure.» — Plérôme.
«La liberté, c’est la possibilité de faire fructifier ses talents, dans le sens du plus grand bien possible susceptible d’être accompli, de jouir du fruit de ses efforts et de ses labeurs, d’assumer pleinement ses erreurs, le cas échéant, de se protéger adéquatement des vicissitudes de l’existence et de vivre en harmonie complète avec Dieu, ses semblables et l’ensemble de la Création.» — Plérôme.
«L'homme n'a tué Dieu — dans son esprit, mais non pas dans la réalité — que pour mieux encore s'exhausser aux dépens des vestiges, des nostalgies et des ruines qu'il croit avoir laissées.» — Plérôme.
«Les hommes sont, créent, possèdent, pensent et ressentent, signifient, communiquent et anticipent; les philosophes transcendent, réfléchissent, dissertent et publient.» — Plérôme.
«Peut-on assez le dire: la spontanéité, i.e. la liberté, est la condition a priori de la réalisation humaine et morale du Bien.» — Plérôme.
«Y a-t-il plus triste qu'une reine qui ne peut, ne veut ou ne sait s'assumer, s'accomplir et se réaliser et ainsi faire rejaillir sa mystique sur le peuple qu'elle est destinée à inspirer ?» — Plérôme.
«Selon une perspective pacifique, lorsqu'une situation sociale est truquée, et qu'il n'existe aucune manière de la changer dans l'immédiat, ou de faire s'amender ceux qui l'entretiennent et la maintiennent, deux choix seulement s'offrent à celui qui la subit: recruter son courage et faire le mieux qu'il peut avec la conjoncture, de manière à réaliser le plus qu'il est possible dans les circonstances et peut-être d'en retirer un bénéfice moral personnel, pour s'en confier à l'efficace de la Providence afin qu'Elle rétablisse la justice en Son temps; ou cesser de jouer, en attendant que peut-être les agents de l'iniquité se démasquent, ou, ce qui serait plus inouï, mais hautement admirable, qu'ils redécouvrent la vertu de l'honnêteté, réévaluent leur conduite et les mesures mises en place pour favoriser l'injustice, et fassent amende honorable.» — Plérôme.
«Seul un gouvernement parfait peut prétendre à exercer une justice parfaite, ce qui doit être un argument, non pas en faveur du refus de l'idéal et de l'effort requis pour le réaliser, sous prétexte qu'il serait inatteignable, mais d'une recherche constante de l'amélioration que les progrès accomplis, parfois mineurs, rendent évidents.» — Plérôme.
«Le plus grand défi d'une démocratie est de ne pas devenir l'instrument d'une ochlocratie perverse (puisque n'étant pas pour l'essentiel inspirée par le Bien) et dégénérée (puisque manifestant dans son être cette lacune), la proie d'une engeance, au nom et pour une engeance, et ainsi d'éviter le piège, peut-être le plus risqué pour lui, de sombrer dans une forme d'entropie collective, résolument funeste aux société et aux peuples qui se font engloutir par lui.» — Plérôme.
«Du point de vue du particulier, des groupes et des institutions, dans leur rapport à l'État, la question à se poser est celle de connaître et de comprendre quelle est la condition nécessaire et suffisante de leur accession pleine à une participation entière à la société et à leur situation juste, équitable et optimale, ainsi que leur dignité et leur force de rayonnement, à l'intérieur de celle-ci; du point de vue de l'État dans son rapport au particulier, aux groupes et aux institutions, cette question consiste à formuler, avec sagesse et justice, les termes de cette fondation et à veiller à ce qu'ils soient équitablement et réellement appliqués et respectés.» — Plérôme.
«Ce qui se demande ce qu'est Dieu ne pose pas la bonne question, laquelle serait plutôt de s'enquérir sur qui est Dieu: car serait-il légitime de s'imaginer vraiment qu'un Être, qui serait à l'origine de la personne individuelle, puisse être autre chose qu'une personne elle-même ?» — Plérôme.
«L'on se montre parfois réfractaire à reconnaître la grâce divine qui nous est faite lorsqu'elle résulte d'un acte gratuit alors que l'on s'imagine que, s'évertuant à l'atteindre, elle sera alors plus apte à être reçue en raison du mérite à laquelle elle répond. Mais en réalité, cela n'est qu'une illusion, cultivée par une mentalité qui ne nous autorise pas à concevoir qu'il puisse exister une gratuité, qui nous inculque le message que tout doit être le fruit d'un effort, et qui nous porte à mésestimer injustement la Source infinie qui est à l'origine de la gracieuseté de ce bienfait, au-delà de toute dignité personnelle qui puisse la justifier.» — Plérôme.
«Ce n'est pas tant Dieu qui change dans les perspectives historiques que l'on En cultive mais la nature et la disposition de la conscience de l'homme, dans l'appréhension qu'il est susceptible d'En posséder et d'En révéler à la culture, suivant les expériences de vie qu'il est amené à vivre sur une multitude de générations pour En saisir intuitivement l'essence et être inspiré à la percevoir et à la concevoir adéquatement.» — Plérôme.
«Comment peut-on se sentir méritoire devant un présent inespéré qui s'avère entièrement gratuit ? Plus le présent s'avère d'une valeur inestimable et plus la disposition à le recevoir révèle de l'humilité, plus fortement la question se pose. Car telle est la nature de la gratuité qu'elle défie l'intelligence présente dans toutes les conceptions causales et toutes les formes de l'estime de soi associées aux actions visant, par leur efficace, la production d'un effet désirable ou la récolte d'un résultat espéré. Et seuls ceux qui ne conçoivent pas qu'il soient possible que des causes gratuites soient à l'œuvre ne sauront accréditer et reconnaître un acte gratuit lorsqu'il se pose ... sauf lorsque son surgissement est complètement inattendu et que son importance est capitale puisque la certitude d'une issue entièrement négative est alors quasi-absolue. C'est uniquement à cette occasion que l'esprit pourra s'ouvrir à contempler la bonne fortune qui sourit à son existence et s'interroger sur la cause profonde de celle-ci, alors que son rayonnement ne peut être autrement apprécié que comme étant singulier et hautement personnel.» — Plérôme.
«Comme dit l'historien H. Guillemin dans une se ses conférences [L'Affaire Jésus (1981)]: "on ne doit pas penser qu'à l'immédiateté, mais à l'avenir et l'avenir, c'est la jeunesse". Mais seule une personne ayant eu une certaine expérience de vie peut penser ce principe qui émane d'une sagesse procurée par l'expérience, émanant d'elle et éprouvée par elle, puisque ce souci de l'immédiateté est souvent le gage d'une immédiateté qui accompagne la croissance et peu à peu s'assagira, avec le passage du temps et l'acquisition de l'expérience qui se réfléchit. D'où l'importance pour la jeunesse et pour son propre avenir de préserver les générations aînées qui seules peuvent constituer l'assurance de la reconnaissance de leur valeur réelle pour la continuité des choses.» — Plérôme.
«Si l'intelligence, c'est la capacité de comprendre la réalité des choses, autant dans leur nature que dans les relations qu'elles entretiennent entre elles, l'intelligence sociale est celle qui s'avère apte à percevoir celle dont témoigne autrui dans son appréhension de la réalité.» — Plérôme.
«Comme il n'y a que l'actualité pour parachever le sens de l'histoire, il n'y a que l'histoire pour mettre la découverte de ce que serait son contenu et sa possibilité véritable; et l'idéal pour orienter les conduites dans le sens de ce qui pourrait et même devrait être comme déterminer si ce qui est effectivement représente une réalisation optimale.» — Plérôme.
«Il semblerait parfois que la vie est un perpétuel effort à la rééducation qui suit l'oubli de notions essentielles amené par quelque mystérieux processus d'amnésie qui n'est jamais total, puisque la nostalgie existe pour signifier l'empreinte de la rémanence résultant de l'extinction du souvenir.» — Plérôme.
«Une République, qui ne proscrit pas la malice et la méchanceté, mais se contenterait simplement de définir et de déterminer les formes sous lesquelles elles peuvent s'exercer impunément, ne serait pas digne de s'estimer telle, puisqu'elle serait alors entièrement vouée à sa propre destruction, en couvant sur son sein le serpent qui en assurerait l'éventualité.» — Plérôme.
«La sauvagerie est l'état d'une culture qui, n'ayant pas reçu de révélation institutrice, se constitue selon des valeurs qui surgissent spontanément dans la conscience de leurs dirigeants, mais sans enseignement formel des principes qui pourraient en guider la généralisation à des situations analogues et la perpétuation à l'intérieur des générations à venir; la barbarie est l'état d'une civilisation qui, ayant reçu une révélation qui l'institue en fondant pour elle les principes de sa genèse et son de développement culturels, en a pratiquement quitté les enseignements et cessé d'en rechercher l'accomplissement le plus élevé, même en continuant à les professer ouvertement, ou de semblables qui en représenteraient faussement une valeur équivalente, pour retourner à un état de normativité et de conduite antérieures et surtout en deçà de celui que cette révélation avait informé et inspiré.» — Plérôme.
«La grande question en théologie morale et peut-être la plus fondamentale pour la foi: Satan peut-il réussir à se montrer plus puissant dans sa malice que Dieu parvient à le faire dans sa bonté ? Devant un questionnement aussi profond, aux enjeux aussi décisifs que vertigineux, l'humanisme se contente de tirer avantage, le mieux qu'il le peut, de la situation, avec pour devise implicite: «Je, premier servi».» — Plérôme.
«Le mensonge — qui semblerait souvent le plus crédible plus il emprunte à l'hyperbole — est parfois l'analogue du jet d'encre noir qu'éjecte la poulpe ou la seiche avant de se dérober: un écran de fumée sombre dont le but premier est de couvrir la fuite estimée salutaire.» — Plérôme.
«L'on pourrait comparer l'espace public qui définit la politique comme étant une école de vérité: d'une vérité qui se dit parce qu'elle étaie une cause; d'une vérité qui ne se dit pas, ou qui se dit incomplètement, parce que se sachent, elle ne l'avancerait en aucune façon et que même elle puisse la faire se rétrograder; d'une vérité qui se découvre, en raison des dynamiques mystérieuses propres au monde politique et des réalités changeantes qui se laissent observer à l'échelle de la nature et de la culture, tout en suscitant l'interrogation en raison de leur imprévisibilité, de leur étrangeté et de leur nouveauté. Ainsi, cet espace devient-il formateur des consciences comme se montre-t-il susceptible d'imaginer les solutions dans l'espérance de parvenir à une gestion adéquate de la république et à une perfection du monde social qui en spécifie les termes et en oriente la constitution présente comme leur projection dans l'avenir. Comme il repose sur la valeur de la cause épousée comme de la qualité de ceux qui en défendent les principes et qui en réalisent les idéaux. » — Plérôme.
«Le comble de la tartufferie: on détache et on isole les incidents de leur contexte réel pour exagérer la moindre peccadille, le moindre écart d'une norme arbitraire dont on en fait une règle fixe et immuable, pour ensuite vouloir châtier à merci celui (ou celle) à qui on fait endosser la faute putative.» — Plérôme.
«Une hypothèse à approfondir: l'invention grecque, dans l'histoire, fut d'avoir non pas découvert la raison, ni même d'en avoir perfectionné les possibilités inhérentes à sa nature réelle, mais d'avoir opposé celle-ci à la faculté du cœur et réussi à substituer ses puissances aux virtualités de celui-ci, de manière à faire résider en elle l'exclusivité de la valeur et de l'éminence humaines.» — Plérôme.
«Une conception adéquate de la condition morale humaine considérera en même temps que la nature de la faculté opérant ses choix entre le bien et le mal, toute l'importance que prend celle-ci pour l'accession à la plénitude de la nature humaine et l'excellence de sa persévérance parmi les êtres de la nature et de la Création.» — Plérôme.
«On n'erre jamais en misant sur le meilleur bien possible que l'on sait et en agissant toujours de telle sorte qu'il se réalise, car alors, même si la déception peut se vivre, de l'expérience d'une issue moins élevée et optimale que désirée, l'état irréprochable dans lequel on se maintient permettra de continuer sur la voie de la perfection et de relever de nouveaux défis, peut-être plus complexes et formateurs encore, avec la possibilité d'un succès qui ne démentira pas la valeur des expériences éprouvées préalablement.» — Plérôme.
«Un trajet n'est véritablement complet que lorsque l'on en parcouru toutes les étapes nécessaires et que l'on est parvenu à sa destination.» — Plérôme.
«Comme il y a des pirates terrestres, maritimes ou aériens, il existe aussi des pirates de la vie et de la destinée.» — Plérôme.
«La sécurité sociale, i.e. celle dont jouissent ceux qui peuvent compter sur un revenu suffisant assuré tous les jours de leur vie, offre à ceux qui en bénéficient un sentiment de valeur et de dignité personnelles qui se situe au-delà de celles qui procèdent de l'être propre de l'individu et constitue, par le reconnaissance sociale ainsi signifiée, une confirmation et une attestation de son excellence personnelle. D'où l'importance d'assurer qu'elle est le reflet adéquat de la qualité individuelle que, par sa présence, elle est censée autoriser et légitimer avec cette validation.» — Plérôme.
«Si la symbolique astrologique semble aujourd'hui étrangère à la philosophie, et se trouve donc reléguée par elle au plan psychologique des archétypes de la conscience, un genre de donnée formelle qui simplement est, sans que l'on ne découvre aucune explication rationnelle qui en justifie la présence, c'est que s'est perdue, au cours des siècles, le souvenir des rationalités qui ont présidé à son instauration et à son implantation originelles et initiales au sein de la conscience.» — Plérôme.
«Pour certains, semble-t-il parfois, l'existence consiste en quelque sorte en un jeu secret, où les règles, en changement perpétuel suivant les humeurs du maître de jeu et susceptibles d'être modifiées dès qu'elles cessent de produire l'effet désiré, ne sont pas énoncées et doivent être découvertes, où les buts sont la jouissance du plaisir et le bénéfice du confort et où les pénalités et le démérite reflètent cette incapacité à se rallier à cette logique mystérieuse ou encore d'en percer les arcanes absurdes.» — Plérôme.
«L'essence de la richesse: les biens qui assurent la conservation, la préservation et la perpétuation de l'unique Bien suprême, qui est la vie; les moyens mentaux de la richesse: la ruse (la mètis) et la force pour tantôt l'acquérir et en jouir, tantôt la démultiplier à cette fin et tantôt en protéger la possession.» — Plérôme.
«La passion que l'on impose à autrui constitue une forme de réduction à l'impuissance qui a ses répercussions dans l'histoire, par le vide qui est laissé d'une présence, d'une possibilité d'agir et de ses virtualités morales, et dans l'après-vie qui en conserve les traces dans la constitution organique et éthérée de l'âme.» — Plérôme.
«Le fascisme, qu'il prenne la forme d'un autoritarisme, l'habilitation politique et légale à interpréter et à établir une doctrine à l'ensemble social, ou la forme d'un totalitarisme, celle à ériger en volonté politique suprême un désir émanant d'une personne unique et fondé ultimement sur la puissance que possède cet individu à l'ériger en système de lois, est, aux yeux de l'histoire, la conséquence naturelle de l'usurpation violente et illégitime de la souveraineté, la plus souvent accompagnée par le coup d'État et la mort du roi légitime, puisqu'elle fait alors reposer toute sa majesté, non sur la légitimité réelle d'une personne physique, mais sur l'intégrité d'une constitution et d'une institution qui serait supposée la représenter.» — Plérôme.
«Le meurtre des jumeaux semble être un des leitmotivs les plus récurrents des mythologies anciennes, comme le seraient également les multiples façon de détruire le lien privilégié existant entre des couples archétypaux. La tendance moderne est de voir en ces événements des faits dramatiques tristes et déplorables — ce qu'ils sont effectivement —, mais on ne s'attarde que rarement à voir en eux des mesures par lesquelles on façonne l'histoire et on lui donne une direction, ni à analyser en quoi effectivement le cours des événements ainsi que la nature humaine se sont transformés suite à ces malheurs, pour vouloir croire plutôt que, après avoir fait le deuil qui s'imposait des individus concernés, regretté les malheureux incidents qui leur ont donné lieu et s'être résolu, en adoptant les mesures appropriées, à ne pas favoriser qu'ils puissent se reproduire, la vie revient à ce qu'elle était auparavant, sans avoir en aucune façon été fondamentalement affectée par les injustices et les cruautés avec lesquelles on l'a insultée et injuriée.» — Plérôme.
«Le positivisme, qui se donne pour seul objet de la connaissance la phusis et exclut de son champ de considération le surnaturel, soit qu'il le considère comme fictif, un être précédant tout droit de la faculté imaginative, soit qu'il la congédie comme simplement inexistant, se heurte à une difficulté essentielle cependant, à savoir l'être de la raison grâce à laquelle puissance cette science et toute science deviennent possibles.» — Plérôme.
«Il semble parfois que l'émulation, chez les personnages évoluant sur la scène publique, se centre autour non pas le principe de l'authenticité morale la plus accomplie mais autour de celui du caractère la moins apparente et évidente.» — Plérôme.
«Selon la perspective aristotélicienne, qui définit la justice comme étant le dût qu'il convient à toute personne de toucher et de percevoir, les deux extrêmes viciés qui correspondent à ce principe sont tantôt: ne rien donner (et donc ne rien mériter) et tout recevoir; et tantôt: tout donner (et donc tout mériter) et ne rien recevoir.» — Plérôme.
«[Posté sur F-book le 24 août 2015, relativement au changement dans l'attitude philosophique de Socrate, avant et après sa condamnation par l'Héliée à boire la cigüe] This is really not my field of expertise, but for discussion's sake, and the sake of dialogue, I hazard an opinion. I am presently interested with the problem of the beginning of philosophy and, though I have not given much thought to the relationship of S's thought to this genesis, some ideas come to me which perhaps may prove to be pertinent. § I am considering this problem raised from the point of view of the distinction (opposition ?) between the Sophos (the Sage) and the Sophistès (the Erudite). And though some of S's contemporaries considered him a sophistès, he was in fact, it seems to me, the last of the Sophón, as the characterization he received at the Oracle of Delphi leads to understand. § One of the basic traditional principles which the Sophos defended was free education and S refused all his life to accept payment for his teaching, whereas the sophistoù followed the completely opposite principle and valued their teaching in proportion to the income which they received from it. I would submit that this may be one of the basic reasons for the accusations which were raised against him, though I suspect that his trial also spelled the end of an era (thus expressing a decadent period in civilization to which the history of philosophy was not immune), and perhaps also of the pure sense of the discipline which the Pythagorician, and later the Platonic notion of philosophy carried with it. The triumph of the sophistoù after S's death certainly points to this, as does the birth of the subsequent schools [les Stoïciens, les Sceptiques, les Cyniques] which S gave inspiration to, which you mention (with the exception of Neo-platonism) and which in one way or another constitute a form of protestation against the artifices of sophisteia. § Another difference I see is in the philosophical style which he adopts at the two distinct moments which I have alluded to: in the first moment, his principle of maieutikos and the use of eironeia in his teaching; and in the second, a greater docetism and reflection as he structures his principles for his disciples in the final period of his life and which represents a more subjective approach to philosophy, leading from the slow and sometimes tedious extraction of the knowledge which others possess, at times unbeknownst to them, present in the forst moment, to the expression of his own innermost beliefs (on the nature of the soul and its destiny in the nether world), in the second. These are just a few sketchy ideas which come to mind, and which perhaps merit some further reflection. But it seems to me that this is the exact situation which philosophy after Socrates is caught in, up to and including the contemporary: the more quiescent reflective attitude of the contemplative, and which I see as a continuation of the style of the Sophos, and the more public, dogmatic approach of the outspoken rhetorician and also popularizer, which I see to be closer to the style of the Sophistès.» — Plérôme.
«Quel impact significatif peut bien avoir une goutte d'excellence dans un océan de médiocrité: s'il existe en théorie, en réalité par ailleurs, il peut paraître bien minime.» — Plérôme.
«Le rêve de toute personne, qu'un manque à réaliser révélera à la conscience sous le sentiment diffus d'un vide que l'on ne réussit jamais à combler, est la conservation de la pureté et de l'innocence de son âme d'enfant qui, si par malchance s'est trouvée à se perdre, se transforme en espérance de la retrouver un jour.» — Plérôme.
«Plus l'écart est immense, entre la vérité que l'on pressent dans sa perfection et celle que l'on réussit à transmettre, à communiquer et à interpréter, plus le risque à sombrer dans l'exaspération est élevé.» — Plérôme.
«Certains souhaiteraient fonder la civilisation sur la capacité de verbaliser ses sentiments — ses pensées et ses émotions —, mais peut-être pourrait-on proposer d'envisager la culture comme étant l'expression d'une action pertinente, adéquate à une évidence perçue par l'intelligence, susceptible d'entraîner la communication et l'échange des idées, certes, mais néanmoins fondée sur une compréhension morale des choses et centrée sur l'accomplissement de sa pleine réalisation .» — Plérôme.
«Toute association concertée en vue d'une finalité repose sur la mutualité des intérêts qui seront servis par elle et pourra se laisser apprécier suivant la hauteur des fins proposées, la compatibilité des intérêts individuels avec lesdites fins et la réconciliation effective et pratique des tensions qui peuvent naître et exister entre ces deux dimensions téléologiques.» — Plérôme.
«La coupure qui s'est opérée entre l'intelligence et la vie intégrale de l'esprit, en réduisant l'âme à n'être plus qu'un épiphénomène de la vie, a relégué l'histoire au plan de la fiction dramatique, sans réelle conséquence pour l'actualité et la réalité humaines, sauf à voir en elle simplement un requis préalable aux individualités, aux générations et aux cultures qui existent présentement.» — Plérôme.
«Les nouvelles théories engendrent de nouvelles perspectives et conduisent à une évolution des conceptions de l'esprit, lesquelles à leur tour favorisent l'évaluation et la correction de théories anciennes et l'apparition de nouvelles, peut-être plus complètes et plus satisfaisantes, pour expliquer le même ordre de phénomènes, lancer un nouveau cycle épistémologique et continuer un ancien. Mais comment assure-t-on que les conceptions abandonnées ou ignorées le méritent, puisqu'elles seraient censé véhiculer des «vérités» dépassées; et que les nouvelles conceptions proposées, adoptées et retenues valent également une considération appuyée, puisque proposant des «vérités» plus élevées et plus parfaites ?.» — Plérôme.
«L'expérience de la vie procure souvent des intuitions qui, lorsqu'elles font l'objet d'un partage, peuvent s'avérer utiles à ceux qui les reçoivent, c'est-à-dire pédagogiques dans le milieu formel de l'éducation, et formatives, dans le milieu informel de l'échange privilégié.» — Plérôme.
«Si l'on ne peut assurer que tout ce que l'on imagine — i.e. ce que l'on conçoit de bonne foi comme étant vrai — est vrai en définitive, puisqu'il arrive parfois que l'on puisse, sans en avoir l'intention, se tromper sur la véracité de ce que l'on affirme, l'on ne doit pas pour autant en conclure — comme d'aucunes seraient peut-être enclins à le faire — que tout ce que l'on conçoit soit faux. Et l'esprit sagace est celui qui saura distinguer le vrai du faux, le réel de l'illusion et le fantasme du concret, parmi toutes les affirmations qui sont formulées et qui se livrent à l'examen de l'esprit objectif, impartial et désintéressé.» — Plérôme.
«Seuls ceux qui savent seraient susceptibles d'enseigner leur savoir. Mais comment sait-on avec assurance qui sait véritablement ? Et comment même sait-on réellement si l'on sait et si ce que l'on sait vaut la peine d'être su ?» — Plérôme.
«La route de l'enfer, dit-on, est pavée de bonnes intentions ... mais elle est parsemée aussi de beaucoup d'ingratitude, pourrait-on ajouter.» — Plérôme.
«Lorsque l'on y réfléchit bien, il n'y a rien de réel à l'idéal, sauf en ce qui en fonde la possibilité réelle — la réalité d'une situation qui permet d'espérer que son actualisation n'est pas illusoire —, et la conviction qu'un effort sérieux et constant, en vue de sa concrétisation physique, puisse contribuer à son aboutissement concret.» — Plérôme.
«Il semblerait que la finalité que s'est donnée la conscience contemporaine, c'est de concevoir son champ comme portant uniquement sur le temps actuel d'une vie qui déroule son scénario, comme si celle-ci n'avait d'autres horizons que le moment de la naissance et la vie intra-utérine qui le prépare, l'espace géographique qui soutient son existence et qu'elle peut espérer embrasser du regard physique et corporel, ainsi que celui de la mort, au-delà de laquelle l'on ne peut affirmer rien de réellement positif, mais tout du règne de l'imaginaire, plutôt que d'étendre sa vue spirituelle sur l'immortalité de son âme, qui ferait intervenir un enchaînement de vies et une histoire de sa continuité sur plusieurs existences, chacune lui semblant exclusivement actuelle, tout en participant à toutes les autres, suivant les principes plus ou moins assumés d'une moralité qui, puisqu'elle exprime la forme la plus haute qu'elle puisse concevoir de la liberté, et d'une spiritualité qui le situe réellement à l'intérieur du monde du vivant et du conscient, constitue le gage de son bonheur et de sa perfection, pour autant qu'il consente à les intérioriser, à les assimiler et à les rendre siennes par ses actions.» — Plérôme.
«Une pensée qui ne saurait être en même temps originale ne serait rien de plus qu'un psittacisme, la simple répétition d'un propos déjà formé et qui donc porte la marque d'un premier auteur, d'un auteur qui est autre que son émetteur immédiat. Ainsi, toute école digne de ce nom et qui, en enseignant l'art de penser, n'apprendrait pas l'originalité à ses élèves, en même temps que la bonne et agréable disposition du propos, se révélerait prévaricatrice dans l'accomplissement de sa mission pédagogique.» — Plérôme.
«Certains ont porté la mauvaise conscience, fausse, calculatrice et intéressée, à un degré de raffinement tel, en employant la feinte de la sincérité innocente et l'usage de formes distinguées et subtiles, que l'on serait sérieusement tenté de la prendre pour de la bonne volonté.» — Plérôme.
«Le concept de mythe est fortement apparenté à celui d'épistémè, utilisé par Foucault pour identifier un corps implicite et informel de principes, de doctrines et de convictions qui alimentent la pensée d'une époque et constitue pour elle un horizon dont ses contemporains ne peuvent sciemment s'abstraire et se distancer et par conséquent en fait les semeurs et les propagateurs dans leurs propres conceptions. Ainsi peut-on concevoir le mythe comme étant simplement l'expression imagée et/ou conceptuelle, dans un langage approprié, d'une conception que l'on estime être vraie et exhaustive et dont la signification profonde, en raison de cette véracité inattaquable, est jugée digne d'inspirer et de former les consciences dans leur rapport adéquat et harmonieux avec le monde et avec celles de leurs congénères, pour autant que cette vérité fût assimilable, assimilée, assumée et défendue et donc prît l'aspect d'un dogme.» — Plérôme.
«La véritable puissance transforme la réalité en ce qui pourrait être selon la liberté (et la bonté, qui en est la valeur directrice implicite), totale et assumée par soi comme par tous. Mais ce qui aurait pu advenir, puisque cela serait éminemment désirable selon cette liberté, devient dans l'esprit, en l'absence de cette puissance agissante et transformante, ce qui ne devait pas arriver en raison du destin, comme si ce qui existe supposait en soi un argument irréfutable en faveur, non pas de la contingence, mais de la nécessité de sa propre existence.» — Plérôme.
«Les trois principes qui semblent être au fondement de la culture occidentale contemporaine: le matérialisme, l'hédonisme et l'individualisme; qui donnent, deux à deux, comme valeurs dérivées: le culte du corps; la richesse ostentatoire; et l'esthétique des biens mobiles.» — Plérôme.
«Le grand renversement axiologique: la science au nom de la vérité, sensible et démontrable, conteste la connaissance religieuse qui impose un dogme, émanant de la raison inspirée, et demande une foi pour qu'on l'accrédite; mais aujourd'hui que la position épistémologique scientifique a gagné à elle la conscience rationaliste du monde occidental, c'est au nom de la conscience, sous-entendue morale, que l'on réprouve la science qui porte à un usage totalitaire de la raison, avec toutes les dérives qui en résultent, et qui sont à l'origine de l'incertitude et de l'émoi généralisé qui caractérisent notre monde occidental. Que reste-t-il alors pour l'homme à découvrir, alors que le dernier bastion de sa confiance intellectuelle en est venu à s'effriter, après avoir évacué ce qui aurait pu le fonder en principe et donner un sens ainsi qu'une direction à son activité pratique ?» — Plérôme.
«Une attitude existentielle ô combien courante, comme justification implicite de sa position morale et comme prévention au changement profond de la personne, là où cela serait requis: diminuer le tort supposé que l'on commet envers autrui et exagérer celui qu'autrui serait censé occasionner à son endroit.» — Plérôme.
«Si en principe l'on écrit pour tous ceux qui pourraient nous lire et qui auront la bienveillance de se pencher sur de bien humbles essais, c'est en pratique pour ceux qui auront la disposition de comprendre le propos énoncé que l'on couche, sans prétention aucune, ses idées sur papier.» — Plérôme.
«Pourquoi le déshonneur des autorité, lorsqu'ils exercent leur fonction, serait-il plus acceptable que celui des particuliers, lorsqu'ils se manifestent au plan de la société publique ?» — Plérôme.
«Aurait-on créé une société aveugle au Bien et à ses gradations alors qu'elle aurait confié à l'habileté de produire et d'accumuler du numéraire et des biens, le soin de révéler quelle serait la qualité, l'excellence et la valeur des particuliers ?» — Plérôme.
«La raison qui produit la vérité de la philosophie est la même que celle qui énonce la vérité de la théologie: d'où vient donc que ces disciplines ne parviennent pas à s'entendre ? L'on prétendra peut-être que c'est en raison de ce que la première se fonde sur la foi, l'acceptation d'une théorie fondamentale qui ne peut être ni prouvée, ni contredite, parce qu'elle n'est pas vérifiable par les sens et que la seconde, précisément parce qu'elle est fondée sur ce qui est empiriquement démontrable, possède cette propriété de la vérifiabilité et de la véridicité. Mais toutes les affirmations de la théologie échappent-elles aux sens ? Et toutes les conclusions de la philosophie sont-elles fondées empiriquement ? Répondre non à l'une de ces deux questions nous ramène donc à la question initiale.» — Plérôme.
«Dans un contexte égalitaire, on peut évoquer une minorité pour rompre l'égalité, lorsque l'intention est de favoriser injustement son nombre. Mais on peut également la citer en exemple, parce que l'égalité est rompue et qu'elle requiert, pour rectifier la situation, que l'on y porte une attention bienveillante.» — Plérôme.
«Deux questions d'ordre mythologique: où était Isis, lorsque Nephtys vint rejoindre Osiris dans sa couche, pour lui mériter ensuite la colère et la haine de Seth ? sur quelle autorité la servante d'Iseult versa-t-elle à Tristan seul, ou aux deux amants, la potion d'amour qui les rendrait irrésistiblement attirés et follement amoureux l'un de l'autre ?» — Plérôme.
«Le drame chrétien, que les Évangiles et les autres écrits parallèles et complémentaires ont apporté à la conscience humaine, ont révélé à l'épistémologie notamment — sans rien enlever en cela à la vérité implicite à la foi — que la mythologie est une forme primitive et ancienne de l'histoire.» — Plérôme.
«L'on oublie trop souvent que si, aujourd'hui, le grand défi heuristique et herméneutique serait de relier adéquatement notre expérience spirituelle à celle qui prévaut aux premiers temps de l'Évangile et de l'Église, la grande épreuve qui guettait les premiers disciples et les paléo-chrétiens de ces temps-là, était précisément d'affirmer leur croyance en l'unifiant et en la réconciliant avec celles qui existaient à cette époque, autant à l'intérieur du monde Judaïque que dans le monde païen, divers, multiple et complexe, du Moyen-Orient.» — Plérôme.
«Le mal qui s'accomplit au nom du principe de l'utilité sociale ne fait que révéler le principe d'imperfection présent à l'intérieur de la société, lorsqu'il dynamise celle-ci par l'opération systémique que l'on en autorise.» — Plérôme.
«La plus grande des vérités a beau impressionner les esprits par la perfection de ses principes et la sublimité de ses vues, elle n'est souvent escomptée recevable qu'en autant où elle ne perturbera en rien, ou en si peu, le déroulement du quotidien auquel l'on s'est accoutumé.» — Plérôme.
«La plus grande accoutumance dont on serait apte à faire l'expérience est celle qui infuse la réalité ordinaire de son existence, pour laquelle on éprouve peut-être une jouissance, sans que pour autant l'on puisse la nommer le bonheur, mais qui néanmoins se révèle éventuellement insuffisante, comme en témoignent la nostalgie, l'ennui, l'indifférence, le découragement, le dégoût, la nausée et l'insatisfaction qu'elle nous porte parfois, jusqu'à la colère sourde, à ressentir et pour lesquels les assuétudes secondaires cherchent à se faire l'antidote.» — Plérôme.
«Lorsqu'une armée de fourmis guerrières s'attaquent à une proie vivante, peut-on jamais déterminer laquelle d'entre toutes celles qui composent la troupe innombrable a porté le coup de grâce et achevé la victime ?» — Plérôme.
«Plus désolant encore que d'avoir à vivre sous l'oppression, sans avoir la possibilité de choisir la liberté, il y a la décision, lorsque disposant effectivement du choix de vivre selon la liberté, de lui préférer l'oppression et la détermination de la liberté sous des conditions qui la nient.» — Plérôme.
«La subversion du bien suprême, en lui substituant l'apparence ou l'illusion d'un bien meilleur et équivalent, est non seulement le moyen de la médiocrité sociale, par la qualité de l'état social instauré, mais elle est également l'initiation d'un processus d'involution et de décadence, par le mouvement, dont on ne saurait dire quand il s'arrêtera, qu'il introduit dans l'organisation sociale et qui risque de se répéter jusqu'à un état de dissolution sociale.» — Plérôme.
«La réduction des relations à des rapports de ruse et de force, plutôt que la recherche, dans la bonne foi et la légitimité qui la fonde, de la bienveillance, de la bonne intelligence et de la convivialité, constitue l'indice le plus remarquable et le plus sûr de la décadence culturelle, sociale et politique.» — Plérôme.
«L'imagination renferme plus de possibilités que l'intelligence de la vérité, qui n'en comporte qu'une seule — ce qui est, quant au présent; ce qui fut, quant au passé; et ce qui sera, quant à l'avenir —. Peut-être est-ce la cause, en raison de cette finalité, pour laquelle on lui accorderait d'autant plus de crédit, que grâce à elle on réussit à procurer au temps un caractère esthétique qu'autrement il ne revêtirait pas, si seule ne comptait que la stricte vérité.» — Plérôme.
«L'ordre en vue du mal appelle à l'anarchie en faveur du bien, car il ne sied ni au mal de l'emporter sur le bien, ni à l'ordre de se mettre au service d'une finalité qui en amenuise la valeur ou en dévalorise la destinée la plus haute.» — Plérôme.
«Le matérialisme occidental a fait se substituer aux catégories transcendantales morales du Bien et du Mal, les catégories existentielles économiques du Riche et du Pauvre et celles, politiques, du Gagnant et du Perdant, et laisse suggérer la présence en celles-ci de l'absoluité et de l'exclusivité de la qualité et de l'essence des premières, en proposant implicitement par là que de l'un, du Riche et du Gagnant, on peut conclure au Bon, en raison surtout peut-être de la relative sécurité que la position de la richesse et de l'ascendant permet de revendiquer pour soi.» — Plérôme.
«La qualité, la profondeur et l'intensité de la relation entre l'homme et la femme est au cœur de toute expérience vivante: c'est dire combien est essentielle et organique, nécessaire et vitale, cette participation des deux genres sexués l'un à l'autre, ainsi qu'à l'existence culturelle en société, saine et épanouissante.» — Plérôme.
«Le philosophe est celui qui, sachant surmonter ses préjugés, devient apte à contempler la vérité, tout en sachant préserver celle que, à l'intérieur de sa réflexion et de son expérience antérieures, il a pu découvrir, et à vivre suivant ses principes et ses préceptes.» — Plérôme.
«On peut certes concevoir d'un homme politique pour qui le service public n'est que le prétexte d'une acquisition du prestige et de l'occasion d'un enrichissement financier, mais on ne saurait voir en ce mobile subjectif, l'étoffe, le type et le modèle de l'homme d'État, pour qui le bien-être de la société et la réputation de celle-ci sur la scène internationale sont l'intérêt primordial de son engagement et la première considération d'importance, même au prix de l'ascendant social et des récompenses matérielles qu'il pourrait autrement espérer en retirer.» — Plérôme.
«Il y a autant de manières de penser sages et savantes qu'il y a de sages et de savants pour ainsi penser.» — Plérôme.
«C'est vraiment se donner le beau jeu lorsque, visualisant la réalisation d'un idéal ou se voyant proposer une telle perspective, l'on s'excuse d'avoir à contribuer à son actualisation, tout en réclamant le droit d'y appartenir, lorsque le projet réussit, mais en se réservant la possibilité de continuer à profiter de la conjoncture préalable, lorsque l'initiative échoue, en témoignant ainsi d'une abstention que seul l'intérêt individualiste dictait.» — Plérôme.
«Désirer transformer radicalement l'homme, c'est vouloir le métamorphoser en une créature qui est étrangère à son entéléchie naturelle et à tout ce qu'elle peut devenir, au sens le meilleur du terme.» — Plérôme.
«On peut extraire l'homme de l'animalité, ce qui désigne l'évolution progressive vers la plus grande conscientisation et la plus grande moralité de la culture, mais on ne peut jamais totalement étouffer l'animalité en l'homme, puisque, autrement, ce serait nier sa nature originelle et le point de départ, riche en toutes ses possibilités, y compris et surtout celles qui sont actuelles et dignes d'un futur, de sa perfection et de son accomplissement complets.» — Plérôme.
«Un droit pratique et qui est effectivement agi, mais qui ne se fonde pas sur une intelligence et une compréhension profondes des principes et des finalités qui sont à la source de son énonciation et de son expression, n'est que grégarisme et imitation et souvent ne se fonde que sur la défense d'une prérogative au plaisir, que l'on rend faussement adéquate à celle du bonheur.» — Plérôme.
«Il arrive parfois que l'exception soit l'unique confirmation de la règle, lorsque la norme qui la réalise est à toute fin pratique disparue ou qu'elle soit devenue près de sombrer dans l'extinction de sa matière.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui s'échinent à contribuer d'une manière profonde et durable, par un travail excellent et constant, à l'avènement, à la préservation, à la continuation et à la perfection de la société, dans ce qu'elle a de meilleur à réaliser; tels sont ceux qui, en contrepartie, n'ont d'autre souci que d'employeur leur ruse et leur génie à s'approprier l'œuvre d'autrui et la faire sienne, pour mieux encore profiter des fruits de l'effort et du crédit qu'ils reviendrait légitimement à l'auteur d'assumer.» — Plérôme.
«La nécessité d'une définition des termes et des critères qui règleront leur application devient claire, lorsque l'on sait que, en leur absence, le point de vue subjectif prépondérant, en raison de la ruse ou de la force employées à lui assurer cet ascendant, deviendra la réalité typique, c'est-à-dire le modèle contre lequel se compareront toutes les autres instances d'une réalisation. Ainsi, c'est pour éviter que la réalité barbare en vienne à définir ce que serait le phénomène de la barbarie, ou celle de la réalité sauvage, celle de la sauvagerie, que l'on a recours à cette action intellectuelle qui se fonde sur des principes et sur la clairvoyance, plutôt que sur la volonté de puissance et l'instinct de domination. Car le barbare, comme le sauvage, sont toujours autres que soi.» — Plérôme.
«Une herméneutique qui fait passer son intérêt avant celui de la vérité (l'appréciation réelle du propos) et de la justice (son adéquation effective avec l'intention de l'auteur) ne saurait prétendre s'ériger en science, ni commander l'attention d'un esprit sérieux et engagé, à connaître le fondement et la distinction des choses.» — Plérôme.
«Le pouvoir des mots réside, non pas dans leur support matériel — le texte et les signifiants qui en révèlent la raison d'être et la finalité — mais dans l'évocation qu'autorise à faire ceux-ci et qui en constitue, à toute fin pratique, la fonction sémantique et communicatrice.» — Plérôme.
«Pour certains, le temps apparaît suspect, tantôt le passé, tantôt le présent et tantôt le futur, selon les dispositions et les inclinations qui définissent leur rapport avec lui. D'où pour les uns, l'horreur de l'histoire; pour les autres, le refus de l'actualité; et pour d'autres encore, l'appréhension de l'avenir. Et pour ces raisons, l'on peut aussi glorifier l'histoire, être passionné de l'actualité et ne vivre que pour l'avenir, en reléguant les autres découpages du temps à un plan accessoire. § Pourtant, un jugement sain et équilibré se méfiera de telles catégorisations par trop rigides et fera la part des choses: si le passé les germes d'un présent désagréable, il peut aussi fonder celui-ci sur des assises positives et solides; si le présent peut représenter des expériences éprouvantes, il peut aussi renfermer des possibilités qui, si on les fait fructifier, peuvent mener à des progrès futurs, dans un avenir indéterminé, mais plus ou moins rapproché; et si l'avenir peut parfois réserver des situations et des occasions décevantes, lorsque enfin on le découvre, il peut aussi apparaître comme étant surprenant, par les améliorations et les innovations qu'il aura permis d'apporter. § D'autant que même le passé le plus lointain fut un jour l'avenir d'un autre et que l'avenir le plus distant sera un jour le passé d'un futur plus distant encore avec, pour assurer le passage d'un temps à l'autre, un présent qui n'est jamais identique à lui-même, tout en perpétuation l'action des conditions qui assurent la continuité du temps. § Seront-elles toujours aussi optimales qu'elles puissent l'être, que l'on puisse espérer en un avenir de plus en plus parfait ? Telles est la question qui absorbe tous les présents: elle qui motive de considérer le passé comme étant le lieu d'un tel questionnement et l'occasion d'une lucidité face à lui, comme révélant là où les consciences ont échoué devant leurs virtualités et les possibilités de produire le meilleur lendemain que l'on puisse vouloir espérer; comme elle suscite les intelligences à considérer leur propre présent, afin d'y trouver les situations, les occasions, les virtualités et les possibilités de réaliser ce lendemain qui jusqu'alors leur auront échappé. § Car c'est une définition de ce qui peut constituer les conditions actuelles et propices à la continuité historique, c'est-à-dire la vertu au fondement du présent, soit un présent, actuel ou éventuel, dont on parviendra à perpétuer les fondations excellentes et à instaurer des situations et des occasions meilleures, pour se donner un monde qui se rapproche de plus en plus de l'idéal que l'on en porte en la conscience collective de l'humanité.» — Plérôme.
«La complaisance dans la médiocrité de l'étant à l'intérieur d'un état social moralement indifférencié et la suffisance affichée de ne pas en troubler l'inertie, malgré les entorses au droit naturel et fondamental qui peuvent la caractériser, voilà bien le pire sort qui guette une société, par le risque auquel elle s'expose, avec le passage des années et des générations, de se voir un jour engloutir par un État plus enthousiaste et plus suffisant qu'elle-même, mais plus entreprenant devant la perspective d'étendre son empire et son champ d'influence.» — Plérôme.
«Tout État s'érige sur les générations antérieures qu'il est parvenu à surpasser: par la vertu, lorsque la justice est présente et effective, car c'est le rôle précisément de celle-ci de favoriser par ses lois l'illustration de la vertu et de bannir, par ses mesures, la présence et les maux liés au vice; par le mal, lorsque la justice est inexistante, corrompue ou défaillante.» — Plérôme.
«C'est créer une situation artificielle et contradictoire lorsque, afin d'émanciper, au nom de la liberté et de la justice,un individu, une minorité ou un groupe identifiables, l'on en vient à enlever à autrui, un individu, un groupe ou une minorité, une franchise légitime, c'est-à-dire acquise et méritée.» — Plérôme.
«Le faîte de la civilisation, c'est savoir reconnaître dans la conscience, à la fois individuellement et collectivement, la valeur et le mérite réels de ses membres, lorsqu'ils sont appréciés en vertu des actions et des réalisations les plus élevées que l'on puisse imaginer pour elles et des modèles qui leur ont donné vie et efficace.» — Plérôme.
«La reconnaissance — de ce qui est, de ce qui fut, de ce qui sera, de ce qui se dit et de ce qui se fait, de ce qui est estimable et désirable et de ce qui ne l'est pas, et de la raison d'être comme de la finalité des choses — est peut-être la forme la plus haute de l'intelligence sociale.» — Plérôme.
«L'herméneutique, qui interprète les sens et les significations derrière les choses, qui en sont comme le référent d'un langage sémiotique qui, à travers elles, se communique comme si — et peut-être parce que — l'intention était de livre un message ainsi codé, est une forme de découverte lorsque, grâce à un décryptage initial, les premiers sens apparaissent dont on ne soupçonnait pas qu'ils étaient là, mais que l'on transmettra et que l'on enseignera par la suite, comme étant un langage formel dont l'herméneutique devient désormais la théorie de l'interprétation. Mais elle n'est pas encore la découverte en soi, puisque celle-ci fait valoir non seulement des référents et des signifiants nouveaux, mais encore une manière originale de voir et d'entendre, une théorie qui elle-même constitue un nouveau langage et un nouveau système, que la herméneutique interprétera et fera éventuellement connaître, après avoir appliqué les méthodes qui conviennent à son action épistémologique propre, mais qui ne saurait se laisser réduire à une exégèse critique, en vertu de l'originalité et la créativité de la pensée qui fait la lecture de la nature et en livre les lois et les principes auparavant secrets, mais aussi les causes et les effets, les essences et les substances de la nature qui agit derrière elle.» — Plérôme.
«L'unique fondement d'une société saine ne saurait être autre chose que la vertu, laquelle se représente généralement à tous les plans des virtualités humaines — la raison, l'intelligence, le cœur, la volonté, la pensée, le désir, l'intention et l'activité — , sans en privilégier aucune, mais en les réalisant toutes, et l'État, afin d'accomplir son devoir de préserver, de concevoir, de maintenir, de diriger, et d'orienter les destinées, ne saurait s'extraire, ou à causer que les membres de la société s'extraient, de l'obligation d'enseigner et d'appuyer, chez tous les citoyens, le développement et la préservation de cette qualité habilitante et fortifiante.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui commandent la constance de la loyauté chez leurs amis, qu'ils n'ont pas hésité eux-mêmes à abandonner, sans regret, lorsque ceux-ci étaient dans le besoin d'une aide et d'un support, et qu'ils auraient pu bénéficier, de leur part, d'un appui, d'une sollicitude et d'une assistance et l'auraient certes accueilli avec la plus chaleureuse des reconnaissances.» — Plérôme.
«Le pouvoir n'altère en rien la puissance: il ne fait qu'en affirmer et en confirmer la véritable nature, la substance réelle et la qualité qui en émane.» — Plérôme.
«La metanoïa, quant elle devient un facteur de l'élévation de l'âme, est l'effet de l'opération, souvent subtile mais parfois déterminante, d'une puissance supérieure sur une conscience réceptive, que les expériences et la disposition subséquentes ont rendu aptes à en percevoir et en assimiler les influences transformatrices et bienfaisantes.» — Plérôme.
«Le problème de la pureté philosophique tourne entièrement autour de la distinction et de la séparation entre le sophos et le sophistès.» — Plérôme.
«Seul l'amour comble l'amour, en proportion de son immensité, de sa pureté et de son intensité: c'est le désespoir de ne pas rencontrer son complément adéquat, c'est le manque de persévérance à en avoir développé les virtualités qui porte la conscience à se satisfaire en contrepartie d'un amour moins parfait, moins complet et qui est même autre chose que l'amour ou à offrir à autrui une qualité de sentiment moins élevée que celle que l'on serait susceptible de lui offrir.» — Plérôme.
«Au jeu de l'incomplétude, qui oppose au changement que requiert un état lacunaire, une suffisance et une stagnation qui sont l'expression d'une mauvaise conscience, le thérapeute présente en contrepartie le principe de l'assomption libre du cours que peut prendre la vie, laquelle inclut la motivation naissant dans la profondeur de l'âme, de vivre l'expérience d'une transformation et d'une conversion intérieures. Mais ce qui échappe à la fois au sujet de cette métamorphose et qu thérapeute qui l'accompagne, c'est le cours de l'histoire, des situations ordinaires et des événements qui parfois confortent le statu quo et parfois en ébranlent les fondements, de sorte à opérer un effet indépendant et parfois déterminant sur cette volonté sincère, de savoir réaliser une plus grande adéquation entre ses propres virtualités et l'encadrement ainsi que le mouvement que présentent la nature, la société et la culture. Or seul le hasard peut apporter cette conséquence, que l'on confie à celui-ci une origine surnaturelle ou que simplement l'on voit en lui un jeu énigmatique de coincidences, présentement inexpliqué mais peut-être pas entièrement inexplicable.» — Plérôme.
«Quelles soient la profondeur de la formation et la vastitude de l'expérience, elles ne sauraient nous soustraire au devoir moral fondamental qui est le même pour tous, quoique ces atouts pourraient, devant l'expérience, éventuellement préparer à mieux les affronter, par les connaissances qu'elles apportent et par les dispositions qu'elles développent en soi, tout en préservant les individus, par les avantages sociaux qui en procèderaient, de situations susceptibles d'éprouver le caractère, ce qui pourrait aussi avoir pour effet de diminuer la préparation à affronter les contretemps et l'adversité, si jamais ils se présentent un jour à soi.» — Plérôme.
«Un régime libre: on peut faire tout ce qui n'est pas formellement interdit, sauf ce qui est une réalisation manifeste du bien; un régime oppressif: on peut faire tout ce qui est implicitement toléré, sauf ce qui est l'évidence de l'acceptation usuelle contraire de ce qui constituerait le bien, même au nom d'un plus grand bien encore.» — Plérôme.
«Les microbes, qui existent sur terre depuis des milliards d'années, et depuis plus longtemps encore peut-être en d'autres coins de l'univers, sont les formes de la vie connue les plus primitives qui se sont révélées à la science et celles qui ont eu le moins à changer (c'est-à-dire à évoluer, à se transformer et à prendre des formes nouvelles) dans le biôme terrestre depuis que la vie y est apparue. Serait-ce que les profondes modifications que prend la vie sont en quelque sorte l'indice d'un échec à perdurer sous une forme originelle ? ou serait-elle plutôt l'expression, à travers les nouvelles adaptations qu'elle effectue et dont elle revêt l'apparence dans l'accroissement de sa complexité et la diversité de sa forme, d'une entéléchie, d'une autonomie et d'une incitation, à se perfectionner et à se développer, en augmentant la variété de son expérience, en vivant une plus grande profondeur de celles-ci et en repoussant les horizons qui en sont comme des limites pour s'implanter et proliférer ailleurs selon des principes et des lois qui approchent de plus en plus ce que l'on désigne sous le grand nom de la liberté ?» — Plérôme.
«La désobéissance civile, érigée en principe politique et s'exerçant, non pas devant une situation précise, dans la défense de causes particulières, mais devant un état ou une condition sociale, économique ou politique, et souvent les trois à la fois, s'accomplit, comme pour sa forme restreinte, au nom d'un principe plus élevé et plus désirable, que ladite condition historique préalable nierait, avec pour effet de compromettre la vitalité et la promesse de l'ensemble social — son intérêt véritable, garant de son endurance et de son destin, en vertu duquel elle mène son action. Mais pour être légitime, cette forme bénigne de la résistance ne saurait jamais s'installer, comme une manière de contrer des mesures impopulaires mais qui pourraient en même temps s'avérer salutaires, avec un peu de désintéressement, de recul et de réflexion, mais elle doit effectivement pouvoir se représenter le principe au nom duquel elle s'active et en quoi, étant réellement le plus élevé de ceux qui sont en rivalité et en concurrence, il est méritoire de se recruter l'aval de toute une société. Autrement, il n'est plus qu'un mouvement politique qui porte sur un élan social, qui se justifie par sa propre existence, et dont la qualité et l'importance réelles, quant à sa valeur véritable, échappent aux consciences qui se laissent emporter par lui.» — Plérôme.
«La recherche et l'imposition de la formule gagnante, celle qui se fonde sur la découverte d'un principe prétendument universel et qui résume en peu de mots une attitude et une conduite, un choix et une direction qu'il serait obligatoire pour l'ensemble social d'adopter, si elles sont parfois heureuses, quant à accomplir autant pour soi que pour autrui l'effet recherché, peut néanmoins risquer, par l'incomplétude ou la limitation sélective et préjudicielle que réalise le principe proposé, s'avérer être une approximation seulement de la plénitude et de l'essence les plus hautes souhaitables.» — Plérôme.
«La justesse est le problème fondamental de l'imagination reproductive; la plausibilité, celui de l'imagination productive; la possibilité, celui de la raison spéculative; la vérité, celui de l'intelligence; la réalité, celui de la raison pratique; la moralité, celui de la raison civile; l'amitié, celui de la raison sociale; la légalité, celui de la raison politique; la fidélité, celui de la raison affective; l'amour, celui de la raison vivante; et la légitimité, celui de la raison religieuse.» —
Plérôme.
«Le parochialisme existe en sciences humaines, comme en toute autre discipline scientifique, dans le sens le plus large d'un champ de connaissance constitué au moyen d'une méthodologie objective rigoureuse, pouvant produire des conclusions vérifiables, indépendamment des préjugés et des inclinations des individus particuliers. En effet, il est l'expression d'un biais épistémologique par lequel il disqualifie d'emblée toute incursion à l'intérieur d'une discipline établie, non pas en raison de ne rien contribuer à la science qu'elle développe, mais en raison d'être au départ autre et par conséquent de requérir un ajustement à son approche qui demande de réévaluer un point de départ et une manière coutumière d'aborder les problèmes posés, pour apporter à ceux-ci une solution logique et saine. Ainsi est-il l'expression et l'indice d'une sclérose de l'esprit qui est le précurseur d'une stagnation intellectuelle qui risque d'entraîner avec elle une malheureuse régression, laquelle ne saurait que desservir l'avenir de la science.» —
Plérôme.
«La nature est le premier muthos, c'est-à-dire le premier «récit» qui s'offre à la conscience de l'homme, par la multitude des événements qui en constituent l'action, telle qu'elle s'offre, mais différemment et de manière contrastée en tous les points de sa présence et en tous les temps de son histoire. S'il appartient à l'homme d'en construire le récit formel, en raison de la possibilité que lui offre la conscience d'y parvenir et si néanmoins l'on peut unifier son action en récit, c'est que l'on attribue à celle-ci une trame dont les thèmes majeurs sont la diversité des formes, la complexification de la matière, la prédominance sur les formes inférieures des êtres, animés et inanimés, l'apparition de la vie puis de la conscience, et sa propagation anticipée sur tous les points de la création. Le logos apparaît donc comme étant le récit que l'on peut faire du récit du «récit», de manière à pouvoir interpréter son contenu, en transmettre les significations, susciter les sentiments appropriés chez les interlocuteurs et en tirer les leçons dans ce long cheminement où la vie s'imposera à la vie, et se conjuguera avec elle, pour mieux encore enraciner celle-ci dans la nature et lui permettre d'atteindre la plénitude de sa forme ainsi que de sa matière.» — Plérôme.
«Une constatation s'impose lorsque l'on réfléchit sur l'expérience de la vie: c'est que l'on n'est véritablement blessé que par ceux que l'on aime, que l'amour éprouvé à leur endroit soit mutuel ou simplement unilatéral. Or, l'on ne saurait, si forte que fût la souffrance éprouvée, si important que fût le préjudice subi, si majeur que fût le dommage occasionné, vouloir que l'objet de notre amour puisse en quelque façon être exposé à un tort, même si la justice commande qu'il connût une expérience analogue à celle qu'il fait souffrir, peut-être gratuitement, mais aussi peut-être inconsciemment à autrui. C'est cette conjoncture entre l'amour qui s'exprime, le mal causé et la peine méritée qui donne tout son sens à la victime expiatoire. § Car celle-ci devient un substitut pour l'être fautif et, par sa souffrance et sa fin sanglante, elle porte sur ses épaules toutes les haines, tous les ressentiments, toutes les souffrances que se serait attiré celui-ci, mais sans qu'elle fasse naître les sentiments d'une culpabilité qui accompagnerait l'action de trahir le sentiment d'amour, réel, profond et véritable, qui est porté envers lui. Car si méritoire que fût la victime, si innocente, si vertueuse, si pure, si admirable fût-elle, elle demeure un instrument par lequel s'établit ou se rétablit une harmonie à l'intérieur de l'âme des personnes lésées, que le sacrifice accompli, sans provoquer de rupture additionnelle, comme il en résulterait si le véritable coupable devait assumer sa faute. § De plus, cette victime a le mérite, en raison de son excellence, de pouvoir se substituer à plusieurs coupables, de manière à pouvoir opérer, à travers un même et unique geste, une action salutaire unique et complète: celle de rétablir et de préserver, sans provoquer la culpabilité, même de la part des sacrificateurs — car étant convaincus que c'est pour un meilleur bien qu'ils exercent leur action immolatrice —, une harmonie chez les offensés qui, par le simple fait de leur épreuve, en raison de la rupture que cela provoque, clament à la fois leur innocence, leur peine et leur indignation devant l'injustice subie et vécue par eux. § D'une part, la souffrance subie, d'autre part, le tort commis; d'une part, la rupture d'un état d'harmonie, d'autre part, la réparation que commande l'injustice; d'une part, la disposition du coupable et d'autre part l'authenticité de la ou des personnes offensées. En s'offrant elle-même au couteau du sacrificateur, ou en subissant sans ressentiment l'acte sacrificiel, la victime expiatoire parvient à rétablir une unité, entièrement et parfaitement, là où la division s'est installée et donc constitue la solution idéale au problème que pose, pour les particuliers offensés ainsi que pour le groupe qu'il atomise, désolidarise et désagrège, l'injustice commise et qui demande que la justice ainsi niée et bafouée soit rétablie. Telle est l'explication que l'on pourrait offrir, à l'importance que prenait, aux yeux de leurs contemporains, le sacrifice tel qu'il était pratiqué en des temps barbares par des civilisations dont on découvre encore aujourd'hui les réalisations culturelles illustres.» —
Plérôme.
«Une autre constatation: l'on serait irréprochable que l'on aurait le tort de l'être. Or, c'est le principe qui est à l'origine du choix du bouc émissaire «blanc», celui qui était chargé, non pas des fautes du peuple, mais de ses espoirs et de ses aspirations. Car on sait que la tradition judaïque opérait, le jour de Yom Kippur, le sacrifice de deux bouc émissaires: le «noir» qui expiait les fautes de tous, en étant lui-même chargé de ses propres péchés (ce que symbolisait la couleur noire de sa toison); et le «blanc» que la toison identifiait comme étant innocent, et qui néanmoins portait sur lui les peurs et les haines du peuple, transformées par l'acte sacrificiel en bénédictions que faisait pleuvoir sur lui cette immolation, et que lui attirait justement son caractère pur, doux et irréprochable à un plan inconscient. Peut-être pourrait-on comprendre que cette excellence du caractère suscitait en ceux qui vivaient cette aversion une envie que nul désir ne saurait combler, en l'absence de la vertu que seule une expérience éprouvée aux yeux de tous et de soi-même peut confirmer comme étant présente en soi.» — Plérôme.
«L'appel au changement et souvent uniquement l'expectative de voir le changement apparaître chez autrui car il est naturel de se concevoir soi-même d'abord comme étant un agent de changement. Par ailleurs, comment concevoir qu'un changement, même voulu et interpellé chez autrui, puisse ne produire aucune adaptation chez soi et, par les effets inattendus qui en surgissent, requérir même une transformation qui dépasse les limites que l'on aurait au départ imaginé comme étant celles qui auparavant, à l'origine, étaient déterminées par soi comme étant infranchissables .» — Plérôme.
«Quelle place autorise-t-on l'individu à occuper, aux temps où sévit l'omniprésence de l'État et de l'énorme puissance accordée par délégation à ses agents ?» — Plérôme.
«On devrait tellement craindre les vicissitudes de l'ignorance que l'on sentirait la nécessité d'en repousser les frontières et en combler les profondeurs, en consacrant tout le temps disponible dont on dispose raisonnablement à acquérir la connaissance que l'on pourrait transformer en savoir pour la chasser et l'éloigner.» — Plérôme.
«Quelle est cette mystérieuse raison qui se distingue de l'intelligence pour procurer une connaissance, qui par son originalité lui est tout à fait particulière ? Et pourtant elle risque de nous faire sombrer en offrant un savoir qui, n'étant pas fondé sur la réalité, mais sur des vérités et des principes uniquement intellectuels, pourrait apparaître au sens commun comme étant la plus belles des illusions, à la manière d'une œuvre d'art magnifique, inspirante par sa beauté, mais nullement apte à devenir un modèle réaliste des choses.» — Plérôme.
«Le mystère, sous toutes les formes et à tous les niveaux de la réalité où il est susceptible de se présenter, est le véritable objet de la philosophie.» — Plérôme.
«La quête honnête et sincère de la vérité empruntera tous les chemins susceptibles de mener à sa découverte, pour ceux qui ont le courage de s'y engager.» — Plérôme.
«Pire que le finalisme biaisé d'une conviction mal comprise, il y a le finalisme aveugle de l'ignorance qui, n'ayant aucune conviction sur laquelle reposer l'espérance et la promesse de l'existence, risque de s'en prendre à tout ce qui est vrai, juste et bien dans toutes les convictions, sans pourtant se rapprocher de l'unique source de la Vérité, comme de la Bonté et de la Justice, à savoir le Dieu unique et trine, bon, omniscient, tout-puissant et tout-aimant.» — Plérôme.
«Ce qui distingue le laïcisme étatique de l'État religieux, c'est la foi: la foi optimiste en la capacité inépuisable et en la bonté native des hommes, pour le premier; la foi exclusive en la Justice toute-puissante, fondée sur la Bonté essentielle de la Divinité, pour le second.» — Plérôme.
«L'ultime tragédie du drame cosmique: la Mort qui a tous les droits et la Vie qui n'en conserve aucune.» — Plérôme.
«Un texte intelligent et substantiel, quant aux principes véridiques qu'il énonce et aux découvertes qu'il autorise à faire, est semblable à une mine dont on exploite la richesse des ressources qu'elle contient. Parfois celles-ci affleurent-elles la surface ou parfois sont-elles enfouies dans les profondeurs: qu'à cela ne tienne, le puits ne consentira à livrer son trésor, comme le texte ses secrets, que si l'on se montre prêt à y mettre l'effort, la persévérance et la constance, afin de les libérer de la gangue qui les renferme et demande qu'on l'oblige à les relâcher.» — Plérôme.
«Ceux qui un jour seraient tentés de récuser en doute le dicton, qui veuille que la perfection ne soit pas de ce monde, n'ont qu'à faire l'expérience d'une bureaucratie pour s'en assurer.» — Plérôme.
«La prison de l'égoïsme est un enclos aussi réel que la prison de l'État et elle comporte des conséquences indéniables pour la société, en ce qu'elle érige une barrière invisible entre les particuliers et qu'elle réduit la dimension communautaire à n'être plus qu'un rapport topographique entre l'individu et les associations d'individus qui se constituent pour défendre un intérêt commun et le monde commercial, institutionnel ou industriel.» — Plérôme.
«Comment peut-on définir simplement la disparité économique ? C'est lorsque, quant aux revenus et aux biens, de moins en moins d'individus en disposent de plus en plus et de plus en plus d'individus en disposent de moins en moins.» — Plérôme.
«À quel avenir peut prétendre l'intelligence si la vérité avec laquelle on la nourrit est aussi faible en substance qu'elle n'est éloignée de l'essence qui en est la réalité première et le produit distinctif ?» — Plérôme.
«La plus belle des structures sociales, le plus inventif et engageant des programmes de relations publiques et le plus ingénieux des systèmes d'administration et de gouvernance ne pourront jamais servir de substitut à l'initiative créative d'un personnel dévoué, compétent, intelligent et visionnaire.» — Plérôme.
«La médiocrité aperçoit son reflet dans la vitrine et s'exclame: «Que je suis excellente !».» — Plérôme.
«Un État ne saurait prétendre à l'honorabilité, ni aucun de ses officiers et agents, si le prix de l'inclusion à son action autrement estimable et excellente est le sacrifice de la vertu des peuples qui en sont l'ultime raison d'être.» — Plérôme.
jeudi 16 juillet 2015
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