vendredi 3 mai 2019

Euthúmèma XXIV (réflexions)

[Depuis le 3 mai 2019, avec mises à jour périodiques. — Since May 3rd 2019, with periodical updates.]

«ANTIMÉTABOLE — les contradictions du système / le système des contradictions.» — Plérôme.

«La distinction pragmatique entre la force et la ruse peut se concevoir comme étant celle qui existe entre la force dont on dispose et celle qui serait requise afin de réaliser un but, entre le bénéfice qui résulterait de son utilisation et le coût, en matériel, en effectifs et en vies (ou en qualité de vie) qui serait la conséquence de l’emploi que l’on en fait.» — Plérôme.

«Le sacrifice de l’esprit de communauté véritable, fondé sur la sollicitude, l’entraide, la solidarité sociale et la considération sincère et authentique de son semblable, au nom de l’intérêt individuel et de la poursuite du plaisir, souvent en invoquant et en prétextant la recherche du bien-être collectif, est la première cause de la polarisation politique et sociale, qui se résout par la distinction radicale (mais rarement aussi pure et exclusive en réalité) entre le capitalisme — la doctrine de la poursuite de l’intérêt particulier, conçu en termes du contrôle des ressources en vue de maximiser les bien-être individuels — et le communisme — la doctrine de la poursuite du bien-être collectif, dans l’appropriation par l’État, au nom de l’ensemble social, de la production industrielle et des biens collectifs, mis au service de chacun —.» — Plérôme.

«Le rationalisme, qui est une forme de réduction ontologique de la réalité aux schémas construits de la pensée que l’on en élabore, est, conçu historiquement, un effet de la laïcisation et de la sécularisation de la pensée religieuse qui elle, s’intéresse aux causes premières et aux représentations mythologiques portant sur le même objet de l’expérience.» — Plérôme. 


«La résistance, non pas à la nécessité de l’incarnation, voire qu’elle soit mystérieuse et inexplicable, pour justifier la possibilité de la rédemption de l’humanité, mais à sa concevabilité et jusqu’à sa possibilité effective, est à la source, à la fois de l’Arianisme et du refus de l’idée de la monarchie de droit divin, dont on pourrait dire qu’ils sont la consécution l’un de l’autre: car de la même manière que l’Arianisme, pour éviter de disparaître, s’est réfugié dans les confins de l’Empire romain, pour réapparaître lors des invasions barbares, puisque les envahisseurs Goths avaient été convertis à ses enseignements, de la même manière le principe du refus du principe du droit divin s’est réfugié dans le Protestantisme, pour réapparaître lors des révolutions libérales — anglaise, américaine, française, puis russe —, suivies par les mouvements de libéralisme qui ont bouleversé les empires restants — la Papauté, l’Allemagne et l’Autriche —. » — Plérôme.

«L’on se préoccupe surtout de la falsification des narratifs portant sur la réalité — des informations, des faits, des témoignages, des sentiments exprimés, des motifs évoqués — mais sans s’attarder à considérer, pour la découvrir, la racine du problème que constitue cette altération intentionnelle , qui est le manque d’authenticité des sujets moraux qui la produisent, laquelle peut aller jusqu’à prendre la forme de la mauvaise foi, que cultivent les cœurs, les esprits et les consciences.» — Plérôme.

«Quelle est merveilleuse cette égalité qui dispense les uns de faire, sur soi comme sur son milieu, physique ou social, un travail moral qu’il est si nécessaire à d’autres d’accomplir.» — Plérôme.

«Les maladies sociales sont celles que génère la société — c’est-à-dire les forces sociales, lorsqu’elles entrent en opération les unes avec les autres d’une manière typique, mais singulière et particulière, en sorte de créer un effet délétère, se manifestant dans la conduite, dans les actions et jusque dans l’altération physique ou mentale de certains congénères  —, lorsqu’elle fonde son bien-être collectif et le bonheur de certains de ses membres sur l’indisposition et sur la contrariété de certains autres, conçues comme étant nécessaires à des fins collectives et particulières. » — Plérôme.

«En république, chacun se substitue au roi, tué ou destitué, au nom d’un principe de liberté collective qui souvent masque un principe individualiste ou corporatiste intéressé, et, faute pour chacun d’être le Roi, chacun devient un «roi» dans la sphère de son activité privilégiée, de sorte que vient à s’établir une hiérarchie des «rois», selon que la fonction et la responsabilité qui sont attribuées et/ou dévolues à chacun, sont plus ou moins importantes ou plus ou moins valorisées, et où la mentalité qui prévaut veut que le serviteur soit tout autre que soi, d’où la suffisance et l’orgueil qui caractérisent, en général, les classes les plus élevées de la citoyenneté et qui passent inaperçues aux yeux de la plupart, puisqu’elles deviennent comme le symbole et le signe de la «dignité» qui est associée à leur fonction sociale, héritée subséquemment à la révolution homicide qui la leur a procurée.» — Plérôme.

«D’un point de vue pratique, la vérité est la conformité de l’être au principe qui l’engendre à travers l’action qui le produit; et d’un point de vue théorique, elle est la correspondante adéquate entre l’essence de l’être et l’appréhension ainsi que la conception que l’intelligence en possède: de cette distinction naît la séparation radicale qui s’est opérée à l’intérieur de la société, entre ceux parmi ses membres constitutifs qui agissent et qui font, et ceux qui pensent et qui jugent, entre ceux qui produisent un effort physique afin de réaliser leurs ouvrages et ceux qui produisent un effort moral afin de bénéficier de leur existence; et à l’intérieur d’une telle dialectique existentielle, l’artiste qui, par son activité créatrice, réconcilie l’aspect intellectuel et moral avec la dimension imaginative et esthétique, devient le point de réconciliation possible entre les deux pôles spirituels de l’existence humaine.» — Plérôme.

«Quelle fut donc l’offense dont la gravité a pu sembler être à ce point importante et inexorable qu’elle entraîna Judas à prendre sa vie et qu’elle suscita en celui-ci le sentiment d’un désespoir à ce point pressant que ce sembla être pour lui la seule issue, suite à l’action qu’il a menée et que les Écritures ont amplement racontée et portée à commenter par les historiens, les philosophes et les théologiens: à première vue, ce semblerait d’avoir enfreint un tabou, mais lequel ? car en reniant Jésus, contre une rétribution dérisoire, il n’a pas fait autre chose que fit Pierre, sans cependant que celui-ci n’en reçut quelque avantage cependant; et en le livrant aux autorités, son geste ne fut pas différent de celui de Caïphe, des autres prêtres et grands-prêtres, et du sanhédrin complices qui, à leur tour, le livrèrent à la puissance d’occupation; et pourtant, ni Céphas, ni Caïphe (des homonymes onomastiques), ni aucun autre membre du sanhédrin ne se sentirent l’impulsion de recourir à une telle mesure, face à leurs propres délits, leurs propres déficiences et leurs propres manquements — la question vaudrait que l’on s’y attarde.» — Plérôme.

«Lorsque la conscience cultive une nostalgie du passé, elle exprime le sentiment d’éprouver un manque existentiel, à la fois pour un état de bonheur qu’elle connaissait antérieurement, ainsi que pour la disposition intérieure qui permettait d’en jouir, et, pour le climat social, grâce auquel chaque membre de la société l’entretenait et en encourageait l’expression par son semblable. § Mais le fait d’éprouver un manque ne signifie pas nécessairement la capacité effective de le combler pour le retrouver, avec l’effort requis afin de produire ce résultat, puisque tous les éléments concourants qui suffisaient à le créer, non seulement ont-ils cessé d’exister, mais encore ont-ils été remplacés par d’autres encore, en produisant à l’intérieur du souvenir qui en éprouve avec difficulté la présence, une distance mentale qui sépare la conscience des circonstances et des sentiments heureux et qui est d’autant plus grande que le sentiment de la nostalgie est intense, persistant et profond. § Ainsi, le problème de la nostalgie est-il intimement lié au destin qui en explique l’apparition et l’expérience et à la flèche du temps qui en imprime ce qui semble être la direction inéluctable, à partir de ce qui a satisfait entièrement vers, ce qui ne satisfait plus aussi complètement, si du tout. § Et la question devient alors: doit-on en accepter la fatalité et s’adapter aux nouvelles circonstances, tout en se remémorant un paradis perdu, ou peut-on lutter contre lui, en espérant retrouver, sous une autre forme peut-être, une béatitude éclipsée et peut-être ravie ?» — Plérôme.

«La «vie» d’une foi qui ne se fonde pas sur la plénitude du principe de la vérité, par définition nécessaire, universelle et éternelle: de la conviction, à la doctrine, à la croyance, au mouvement, à l’institution, à la laïcisation, à la privatisation, à la négligence, à l’oubli.» — Plérôme.

«La conclusion de l’affaire Kavanaugh, aux États, qui s’est déroulée dans les premières années du premier mandat du Président Trump, a permis de supposer que, lorsque certaines personnes accusent faussement un tiers, d’avoir été l’instigateur d’un crime sur sa personne, ou sur celle d’un proche, ce n’est souvent pas en raison d’un mauvais sentiment entretenu à son endroit, mais en raison de la volonté de créer un incident qui constituera le terrain d’une investigation sur la commission d’un délit analogue, produit en des circonstances analogues à celles qui sont évoquées par elle pour le livrer aux autorités, en cultivant à la fois la conviction que s’en réchappera la victime innocente, sujette à une dénonciation factice, que le coupable visé sera démasqué et que justice sera faite, parce qu’il est effectivement responsable de la faute dont elle désire se venger, sans pourtant avoir la certitude complète que l’issue espérée se produira. § Par ailleurs, c’est une dynamique mentale et morale inconsciente qui fait se tendre de tels pièges, comme c’est l’ignorance, par naïveté de l’esprit ou par innocence du cœur, que de tels subterfuges existent, motivés qu’ils sont par un tort à réparer et par le besoin urgent de rectifier la situation qui en a résulté qui pousse la partie lésée à agir. § Mais aussi que c’est l’héroïsme qui pousserait à faire l’intuition de l’intrigue qui se noue et qui se dénoue, à pressentir les subtilités de la manipulation qui s’annonce comme des enjeux qu’elle peut entraîner et à consentir au risque qui est couru de composer avec une situation qui en toute autre occasion serait parfaitement normale, par un souci de la justice qui commande de ne pas dénaturer des rapports authentiques, de complaire à un concours de circonstances surréel et de se prêter à un jeu qui puisse faire triompher les idées-valeurs transcendantes de la bonté, de la vérité et de la beauté auxquelles participe, par essence, puisqu’elle en est l’émanation, la justice.» — Plérôme.

«La représentation subjective du Mal, en tant qu’il puisse faire l’objet d’une intention conscient et délibérée à nier le Bien et à causer le tort réel et déplorable qui résulte de cette action, autant qu plan physique qu’au plan moral, passe par la personnification mythologique que la forme de Satan, du Diable, du Démon, etc.; sa représentation objective, en tant qu’il révèle une créature dont la raison d’être et la finalité en sont la production, suppose l’incarnation historique du personnage, c’est-à-dire l’avatar qui, en utilisant la liberté dont il dispose, transforme, soit par omission, soit par commission, l’essence négative qui le caractérise en réalisation existentielle.» — Plérôme.

«La philosophie est la science de l’être, autant dans l’aperception de son essence intime et le principe de son existence, que dans le déploiement et la réalisation de son état, tout en s’interrogeant sur les raisons d’un écart éventuel entre ce qui est et ce qui fut (le problème physique de la génération et de la corruption) et de celui qui existe entre ce qui est et ce qui devrait être (le problème moral du bien que produit actuellement l’action et du plus grand bien qu’il serait apte à produire), l’un et l’autre problème n’étant pas mutuellement exclusifs.» — Plérôme.

«Une société «absolument» corrompue poursuit et châtie l’innocent et exonère, ainsi que libère, le coupable, plutôt qu’accomplir l’inverse, comme cela serait son devoir, conformément à sa raison d’être morale, si elle était mue par un souci de la justice et du droit adéquat qui en procède.» — Plérôme.

«Si compliquée que soit une intrigue, si importants que soient les enjeux qui lui sont associés, il n’est pas dit qu’elle ne servira pas de voile et d’écran à une intrigue qui a déjà été menée préalablement et dont les fins furent peut-être plus coupables encore et les conséquences plus reprochables et méritoires d’une rétribution plus grave encore que celle qui en cache, par l’intérêt qu’elle suscite, jusqu’à l’éventualité de sa production.» — Plérôme.

«C’est autre chose de profiter financièrement, matériellement ou sociale d’une catastrophe, ce qui serait de l’opportunisme intéressé, comme c’est autre chose de générer et de produire la calamité, avec les conséquences regrettables qui lui sont rattachées, en planifiant en retirer un bénéfice important, ce qui serait de la malveillance, uniquement motivée par l’avancement matériel, économique, financier, social et politique, mais sans égard pour la poursuite de la plénitude de la moralité.» — Plérôme.

«Le rapport communément établi, entre la maladie et le tabou, est l’indice qu’il existe un lien étroit entre la dimension religieuse et l’état de la santé d’un individu et que, par conséquent, la médecine, proprement comprise comme étant la discipline qui cherche à rétablir la santé des individus sous ses soins, constitue un genre d’apostolat dont les ramifications sont non seulement physiques et naturelles, mais également religieuses et spirituelles.» — Plérôme.

«La raison sans l’intelligence, c’est la volonté aléatoire et erratique qui s’exprime dans l’action; l’intelligence sans la raison, c’est la volonté immobile et inefficace qui se révèle dans l’inaction.» — Plérôme.

«L’intuition est cette faculté qui, au plan des essences, pressent ce qui devrait être, mais n’est pas; ou encore ce qui ne devrait pas être, et est pourtant; en raison d’apercevoir intérieurement, par les fluctuations subtiles des impressions, des pensées et des sentiments, les harmonies qui sont les effets d’essences pleinement réalisées et accomplies et les dysharmonies qui résultent à la fois de leur inaccomplissement et de l’action des forces morales qui s’exercent sur elles, afin de perturber et de porter préjudice à une réalisation qui s’est déjà effectuée.» — Plérôme.

«L’hystérisme, c’est la comédie de l’amour que l’habitude a transformé en simulacre de lui-même et que la conscience morale reproche implicitement et subrepticement à l’individu d’avoir dénaturé, au nom de l’idéal de l’authenticité dont l’actualisation en garantit la pureté et l’intégrité.» — Plérôme.

«Du strict point de vue de la phénoménologie de l’amour, l’esclave est celui qui aime et n’est pas aimé en retour alors que le maître est celui qui est aimé, sans aimer en retour: la rivalité, lorsqu’elle s’installe, se produit lorsque la prise de conscience de l’absence d’une mutualité, à laquelle s’ajoute celle de la privation, produit soit la soumission, qui résulte de l’indifférence et de la crainte, avec l’espérance que l’avenir apportera une amélioration de la situation, soit la révolte, qui procède de l’indignation et de la haine, dans l’espoir de pouvoir, par ses actions, produire la liberté et causer une amélioration de son sort. § On peut ajouter à cette conception, comme en altérant la compréhension, le principe qui apporte l’instauration de l’institution esclavagiste, manifestée par l’inégalité extrême et insurmontable de la répartition des pouvoirs sociaux, économiques et politiques, laquelle peut s’installer progressivement en réponse aux aléas de l’histoire de l’ensemble, ou ponctuellement, comme étant la suite d’une catastrophe naturelle ou d’une défait militaire: lorsque le goût du pouvoir en vient à subsumer l’amour de son semblable et à remplacer la considération pour autrui par l’estime exclusif pour soi et le maintien, l’amplification et la défense de ses intérêts, les conditions sont réunies afin de réaliser un schéma de relations asymétriques, fondé sur la séparation radicale entre l’esprit stratégique et calculateur et le cœur compatissant et altruiste, que caractérisent d’une part la mentalité hégémonique et dominatrice et d’autre part la disposition humanitaire et coopératrice, d’où le fondement de la dichotomie entre le maître et le serviteur dans l’absence de la réciprocité et de la mutualité des cœurs et des esprits, qu’aucune idéalité morale et unificatrice ne parvient à réconcilier. » — Plérôme.

«La nature et l’essence du prophète, de l’initiateur et de l’instituteur sont peut-être les questions les plus problématiques de l’histoire politique et religieuse de l’humanité.» — Plérôme.

«La société morale se distingue de la société éthique en ce que la première est déterminée intérieurement et qu’elle intériorise et actualise une conception morale et idéale de l’honneur et de la vertu qui procède d’une tradition objective et donc consiste en une interprétation coutumière de principes et de lois qui sont révélés à la culture par un initiateur mythique et qui lui sont donnés par un instituteur, tout aussi mythique que celui-là, tous deux se revendiquant d’une inspiration et d’un enseignement surnaturels et donc divins; alors que la seconde s’érige en condition extérieure sur la conduite et sur l’action de son semblable et, recevant une personnification en la conscience qui s’en  constitue le représentant formel, sinon officiel, exige de lui, au nom de la société qu’il se conforme à une conception de l’honneur et de la vertu, selon les schémas intérieurs et subjectifs qu’elle s’en est formés, sans exclure la possibilité de s’inspirer d’une tradition objective, mais sans être tenu à l’interpréter intégralement, en fondant son attitude sur une créativité et une inventivité qui, si elles étaient parfaitement accomplies, l’apparenteraient à l’initiateur et à l’instituteur, s’il se réclamait d’une inspiration et d’un enseignement divins.» — Plérôme.

«Chacun conviendra qu’il est impossible de tirer du sang d’une pierre, comme le dit l’adage, mais il en existera toujours pour tenter de réaliser l’esprit, mais au détriment de la pierre évidemment.» — Plérôme.

«L’argument que produit la raison apparaît souvent préférable à celui, plutôt symbolique, évocateur et pré-conceptuel, qu’offrent la conduite et l’action, soit que celles-ci s’avèrent réfractaires à révéler le mystère de leurs raisons, de leurs principes, de leur fin, de leur production et de leur rapport à l’effet qui en résulte, soit que les exigences morales qui en définissent la nécessité et l’utilité, voire même la possibilité, excèdent les inclinations et les dispositions qui sont illustrées à pouvoir, à vouloir et à savoir les réaliser en une action et en une conduite pleinement assumées, d’où le recours sophistique aux arguments ad hominem, lorsque la sagesse de la pensée qui risque de faire apparaître cette inertie, et la mauvaise foi qui l’accompagne, devient insupportable pour les consciences qui sont exposées à son propos.» — Plérôme.

«La mauvaise foi, souvent sinon toujours associée à l’ignorance: celle des choses morales que l’on ne sait pas et que pourtant l’on devrait savoir; celle de ces mêmes choses qui demeurent inconnues et que l’on ne veut pas savoir; celle de ces choses encore qui restent insaisissables parce que l’on ne veut pas se donner la peine de les apprendre; la mauvaise foi donc est peut-être l’obstacle le plus important et le plus constant, susceptible d’être opposé à une intelligence adéquate et complète ainsi qu’à une sagesse vivante et active.» — Plérôme.

«Il est possible d’affirmer qu’en général, les membres de l’élite de la société trouvent inconcevable que l’on puisse songer à une forme meilleure de la pensée sociale et de l’organisation politique que celles qu’historiquement elle a développées et, lorsqu’elle ouvre ses cadres et ses fonctions à un plus grand nombre d’individus, souvent sous l’effet d’une pression démographique ou d’une expansion de ses activités économiques et politiques, elle cherchera à offrir ces attributions à ceux qui son déjà convaincus de l’excellence superlative de ces modèles théoriques et pratiques.» — Plérôme.

«Par son refus de la réalité transcendante, pour situer sa conception de la réalité au plan uniquement transcendantal de la raison, la Révolution française s’est catégoriquement privée d’attester la division politique Augustinienne qui distinguait la Cité de Dieu et celle des hommes et qui voyait en cette différence l’occasion d’une transformation de celle-ci en celle-là; l’ironie, c’est qu’en substituant à la foi en Dieu comme principe fondamental de l’organisation sociale, la confiance illimitée en l’homme, pourvu que ses droits essentiels fussent reconnus, pour ensuite concevoir que seul le déisme d’un Être Suprême puisse justifier cette conception, elle en vient à confirmer la pensée Augustinienne, du moins en partie, puisqu’elle en vérifiait la dialectique de la vertu, du vice et du défaut du vice, sous la forme des termes de Dieu, de l’homme sans Dieu et de l’Être Suprême.» — Plérôme.

«Si la politique se conçoit abstraitement, sous toutes les formes que l’histoire en a présentées, comme étant l’idéologie qui, assistée par la force publique et sous l’autorité du pouvoir constitué, qu’il soit exercé, formellement ou informellement, par un seul, par plusieurs, par une assemblée ou par la totalité du peuple réuni, oriente les conduites et les actions en vue d’accomplir une fin qui est jugée bonne par lui et estimée l’être par la généralité, seules la bonté de la fin et la sagesse de l’intelligence, suffisamment impartiales et dénuées d’un intérêt particulier, qui soit autre que leur exercice honnête et intègre, afin d’en découvrir la forme la plus élevée qui soit en même temps possible et praticable, eu égard aux situations et aux circonstances, peuvent en dernière analyse servir à la fonder.» — Plérôme.

«La meilleure preuve que le phénomène soit indissociable du noumène, l’aséité du phénomène et le phénomène en soi, c’est que le phénomène, quant à son essence, qui subsume et suppose une réalité existante par sa notion, est lui-même un noumène dont elle constitue la substance conceptuelle (et que le noumène est la substance conceptuelle de la réalité dont le phénomène est la notion).» — Plérôme.

«La vérité des philosophies tient de l’épistémologie, en raison de la généralité de son concept, et de la notion à laquelle celui-ci renvoie, mais la vérité des philosophes relève de la gnoséologie, en vertu de la spécialité de l’application pratique que ceux-ci en réalisent, en portant sur une essence et une substance définies, selon une perspective particulière dont le point de départ est la délimitation.» — Plérôme.

«Plus qu’avec aucune discipline, c’est avec celle de la philosophie, ainsi qu’avec ses praticiens, qu’il faille se montrer philosophe, en raison de la multiplicité des théories, parfois contradictoires et souvent limitées, malgré le haut niveau d’abstraction et de compréhension dont elles témoignent, et qui émanent de leurs idéations et de leurs réflexions, et de la prétention implicite qu’elles formulent de cerner et d’énoncer la vérité.» — Plérôme.

«C’est une manière de volonté de tricher le destin que de délinquer sciemment et de manière délibérée et calculée à l’endroit de ses semblables et le recours à une telle mesure révèle souvent, soit une ignorance de sa propre destinées, soit le sentiment que celle-ci ne soit ni enviable, ni glorieuse, soit une incapacité à recruter en soi les énergies ou la résolution afin de réaliser l’effort requis pour l’accomplir.» — Plérôme.

«Plutôt que s’interroger sur le sens véritable que véhicule un propos, tel que pourrait le révéler l’intention de son auteur — et que celui-ci pourrait approfondir, suite à une introspection et une réflexion adéquates sur sa propre expérience —, il serait plus commode pour un observateur extérieur de lui attribuer un sens hypothétique que l’on croit y trouver, en se fondant sur sa propre expérience personnelle, sur la connaissance superficielle du sujet et sur les théories développées par l’intelligentsia ainsi que les idées reçues, développées sur de nombreuses générations et transmises par la culture ambiante, et, tout en croyant agir honnêtement et de manière impartiale, dénaturer et autrement transformer le sens réel qu’il appartiendrait de lui accorder.» — Plérôme.

«La liberté, qui glorifie le libre arbitre, peut également s’avérer une fatalité pour le sujet moral qui en subit les effets, lorsque ceux-ci ne sont favorables, ni au bonheur du particulier, ni au bien-être de l’ensemble social auquel il appartient, ni même à la promotion, à la progression et à l’avancement de la cause de la liberté en général, lorsqu’ils s’attaquent aux causes qui en empêchent la réalisation, ce qui, pourrait-on dire, constitue le paradoxe de la liberté.» — Plérôme.

«La tragédie, qui se distingue de la justice poétique ou immanente, contrairement à la comédie qui fonde son action sur la réalisation de la justice, se fonde sur le principe de l’injustice dans le rapport qui existe entre le destin que connaît un individu et sa destinée réelle, que définissent sa vertu, sa valeur et sa dignité profondes et vraies: elle est directe, lorsque le destin s’acharne sur celui qui ne mérite pas le traitement qui lui est réservé par les circonstances, mais elle est indirecte lorsqu’il favorise quelqu’un qui ne le mérite nullement, au détriment de la personne méritoire; dans le premier cas, il s’agit d’une persécution, il est le produit d’une intention malveillante qui se complaît dans le mal qu’il occasionne et il tient de l’immoralité et de l’ignoblerie; et dans le second, d’une ironie du sort, que met en marche une intention insouciante et malicieuse, qui trouve un agrément dans l’illustration de la désinvolture de sa puissance et il tient de l’inculture, de l’immaturité, de la perversité ou de l’incompétence.» — Plérôme.

«La vertu que l’on divise et que l’on dresse contre elle-même est l’apparence d’une vertu qui en imite les attributs et les qualités, sans vivre nécessairement selon ses principes et selon ses exigences, que l’on oppose à la vertu qui s’incarne substantiellement en la personne qui est sincèrement, humblement et authentiquement vertueuse, sans qu’elle ne cherchât à cultiver l’apparence de son état: telle semble être la conséquence de la dichotomie axiologique que la conception républicaine établit conceptuellement entre la vertu sociale et l’honneur, lorsqu’elle cherche à se distinguer catégoriquement de la conception aristocratique.» — Plérôme.

«La bête dont on épargne la vie ne sait pas encore rendre grâce à une puissance supérieure de sa bonne fortune, mais elle sait souvent s’en féliciter de pouvoir continuer à exister et à continuer à jouir de l’existence.» — Plérôme.

«Le grand défaut de Kant, qui est peut-être celui du temps dont la pensée est en partie le reflet, a été de substituer le caractère transcendantal de la raison à la transcendance de l’être, sans s’interroger du rapport qui relie l’une à l’autre ni même supposer qu’un tel examen fût important ou nécessaire.» — Plérôme.

«Autant la philosophie que la mythologie s’intéressent à la réalité, toutes deux pour la rendre l’intelligible à la conscience morale; celle-ci pour la reconstituer par la représentation qu’elle en propose; celle-là pour l’interpréter et lui accorder une signification, une explication et une direction (un sens): ainsi, le mythe est à la philosophie comme la littérature est à l’intelligence et, inversement, la philosophie est au mythe comme la morale est à la conscience.» — Plérôme.

«Peut-on être assez confiant — pour ne pas dire naïf, mais en bonne part — pour comprendre que l’agent politique qui subrepticement subtilise à sa victime une information, ou une quantité d’informations, au nom de la protection qui est due à l’État, s’abstiendra intégralement d’en faire un usage, soit afin d’avantager son souverain, soit afin de s’avantager lui-même, souvent même au détriment de la victime, ou d’autres parties innocentes, s’il s’avérait utile de recourir, même en l’absence d’une menace politique probante, à une telle mesure.» — Plérôme.

«Si l’on définit le mal comme étant la privation du bien, comme le fait nommément saint Thomas d’Aquin, et par conséquent l’acte déficient comme étant la cause efficiente par laquelle cette privation est engendrée, cet acte peut être perçu de deux manières, soit en négligeant intentionnellement d’apporter un remède à une privation dont il serait possible d’anticiper qu’elle adviendra ou qu’elle se produire, en l’absence de cette intervention, soit en agissant intentionnellement dans le sens d’occasionner, de favoriser l’avènement ou d’amplifier l’intensité de cette privation, celui-ci étant l’acte malveillant proprement dit et celui-là représentant une forme de complicité morale et actuelle devant l’occurrence d’une mal qui serait autrement évitable.» — Plérôme.

«On adore la substance, c’est-à-dire la Vie, mais on en nie, out tout au moins en méconnaît-on, l’essence, c’est-à-dire l’Amour.» — Plérôme.

«Comment peut-on présumer savoir ce qui peut constituer un mensonge, si l’on en sait ce qui est vrai ? Comment peut-on définir la nature du mensonge, si l’on ne sait concevoir ce qu’est l’essence de la vérité ? Car autrement, de ce que deux narratifs opposés, contradictoires et contraires s’offrent à l’intelligence, l’on ne peut conclure uniquement qu’au moins l’un des deux est faux, quand ce n’est pas les deux, et certes pas ce qui de l’un serait faux et ce qui de l’autre serait vrai.» — Plérôme. 


«La guerre est une suspension de la moralité qui est au service de la paix, au nom d’une moralité pacifique plus élevée encore, soit qu’elle se propose d’améliorer un état de paix défectueux, soit qu’elle combatte la corruption qui l’avilit, en instituant par la force le conditions aptes à instaurer un ordre de justice qui le rétablit dans son intégrité, mais en substituant temporairement à la moralité qui prévalait antérieurement à l’intérieur de l’état politique, une moralité qui est propre à l’activité belliqueuse et polémique qui en définit l’essence, en vue d’imposer, sans possibilité de riposte ou d’opposition, la théorie morale, judiciaire et politique qui en spécifie et en définit le but  pacifique: tel est son paradoxe et son absurdité, mais aussi sa raison d’être et sa nécessité, lorsque les conditions morales et sociales obligent à des mesures à ce point draconienne.» — Plérôme.

«L’enfant à naître, à qui l’on refuse intentionnellement l’occasion de voir le jour — et plus généralement toute personne qu’arbitrairement l’on exclut du champ social ou que l’on relègue aux oubliettes, pour des raisons qui sont pour l’essentiel subjectives —, c’est le principe auquel l’on n’autorise pas la possibilité de sa réalisation.» — Plérôme.

«C’est une confusion sentimentale, présente en l’âme troublée par l’épreuve, qui, tout en prétendant désirer être aimée, requiert en réalité d’être dominée.» — Plérôme.

«La relation noo-psychologique entre, d’une part, le rationalisme et, d’autre part, l’hystérisme, mériterait d’être approfondie puisque une des caractéristiques remarquables de cet état-ci semble être l’irrationalité complète des formes sous lesquelles il se présente, comme si, d’un point de vue dialectique, il était la manifestation, au plan existentiel, d’une réaction à un usage pur et constant de la raison.» — Plérôme.

«Se libérer de la gangue de l’ignorance et prendre les moyens pour y parvenir, voilà ce qui requiert le plus accompli des courages, en raison de l’inertie et du confort de l’illusion dans laquelle elle cause la conscience de s’installer et qu’elle entraîne celle-ci à ne pas désirer se départir. » — Plérôme.

«Selon une dialectique augustinienne, la vertu, c’est la vérité et la théorie qui en procède intégralement; le vice, la fausseté et les idées illusoires qu’elle engendre; et le défaut du vice, les idéologies, ainsi que les doctrines qui en découlent, qui prétendent exprimer celle-là, tout en s’accommodant effectivement avec les lacunes celle-ci.» — Plérôme.

«L’état le plus constant de la conscience humaine est son état habituel qui est un amalgame de pensées, de paroles et d’actions typiques: c’est lui qui est appréhendé lorsque l’on opère une description de son caractère comme, au plan des ensembles, c’est lui que l’on conceptualise, lorsque l’on définit le caractère du groupe (classe, race, niveau social, profession, génération) auquel il appartient et dont les traits qui le définissent et l’identifient exercent une influence sur l’identité profonde des personnes. § Comme c’est lui qui, confirmant une essence fondamentale et unique, un peu comme un vêtement qui enveloppe le corps de l’être social, est appelé à varier son apparence soit pour en révéler l’authenticité véritable, lorsque celle-ci peut s’autoriser à paraître au grand jour, soit encore pour la voiler, lorsqu’elle s’inscrit à l’intérieur d’un cercle qui pourrait en méconnaître la bonté ou la désirabilité, l’une n’excluant pas l’autre. Et qui, en réalisant la présence éminente de ses virtualités véritables, bonnes et salutaires, en vient à transformer le noyau de son être dans le sens de son entéléchie essentielle qui en est la finalité intérieure, telle qu’on puisse concevoir, d’un point de vue réel, conformément aux idées transcendantes du bien, du vrai et du beau, ce qui en est la perfection. Comme il peut également être exposé aux influences délétères qui portent atteinte à son intégralité et qui peut-être même se donnent pour fin de subvertir son intégrité, ce qui en réalise la corruption. § La génération est le processus qui, se proposant la première comme fin, rend également possible le second terme, lorsque les facteurs actifs et conjoncturels de son environnement sont aptes à y conduire, sans que la conscience ne puisse, ou ne veuille, leur opposer une résistance effective en combattant leur influence.» — Plérôme.

«La dichotomie qui s’est installée en Occident, entre la justice et la charité, l’une étant conçue comme étant entièrement distincte de l’autre, est responsable de la «schizontie» qui y règne alors que l’idée de l’une comme de l’autre étant présentée comme étant éminemment désirable, en principe, elle le devient moins lorsque, au nom de l’une ou de l’autre, l’on doive sacrifier son intérêt ou l’intérêt d’autrui, en concevant ce résultat comme n’état ni juste, ni charitable. Ainsi, se trouve-t-on donc en présence d’un dilemme alors que, étant de son devoir de se montrer juste, l’on doive n’être pas charitable, ou, étant dans son devoir de se montrer charitable, l’on doive n’être pas juste, tout en sachant qu’il est impératif de se montrer complètement à la fois juste et charitable. » — Plérôme.

«L’on oublie trop souvent que le Mal n’est pas uniquement un principe passif — un état que l’on subit et qui peut parfois causer que son patient devienne le vecteur de sa propagation, comme pour un agent infectieux, une idée malveillante ou une action nocive qui se répandraient par la contagion de l’exemple et de l’émulation — mais aussi un principe actif qui exerce son effet intentionnellement sur les âmes et les consciences, en cherchant à corrompre et à détruire le Bien qui est en elles, et dont il faille se prémunir adéquatement et résolument afin d’assurer son salut moral et physique.» — Plérôme.

«Le développement de l’esprit critique est analogue à l’apprentissage des arts martiaux, qui consiste à acquérir une discipline et une expertise, dans l’espoir de n’avoir jamais à les utiliser, tellement leur effet est décisif et éventuellement destructeur, tout en étant prêt à recourir à leurs enseignements et à la préparation qu’ils apportent, lorsque les circonstances le commandent et obligent nécessairement la personne à s’en prévaloir.» — Plérôme.

«L’inconscience est à l’ignorance comme l’existence est à la connaissance: celle-ci consiste à ne pas savoir quels sont les principes, les essences et la finalités qui fondent l’intuition de l’expérience alors que la première, analogue à la  seconde, concerne les perceptions qui la constituent.» — Plérôme.

«Quelle que fût la force et l’ardeur avec laquelle l’on chercherait à nier les puissances et les virtualité de la vie, au nom d’un intérêt à poursuivre une tell fin nihiliste qui justifiât la conscience éprouvée, elle ne saurait parvenir au but qu’elle s’est fixée, puisque la vie même qu’elle tenterait d’éliminer constitue le moyen essentiel nécessaire à la possibilité qu’elle aurait de poursuivre cette entreprise dénégatoire et éventuellement destructrice.» — Plérôme.

«Comment peut-on espérer rester fidèle à celui (pour la femme) ou à celle (pour l’homme) dont l’intuition ou le pressentiment privent l’âme sincère et le cœur aimant jusqu’au soupçon de son existence. Ou qui encore, par un acte de substitution imaginaire et de remplacement existentiel, voit le sentiment qui lui est réservé dans le grand plan de l’existence, être attribué à un ou à une autre, et éprouvé pour lui ou pour elle, alors que l’expérience lui offre l’occasion de vivre l’intensité d’un amour profond avec un compagnon ou une compagne qui semble posséder toutes les qualités de la personne prédestinée, conformément à un plan providentiel et divin et en vertu du déploiement qui est exigé par la connaissance que le sujet moral et conscient en acquiert. » — Plérôme.

«La question de la disposition fondamentale de l’homme est cruciale à la réalisation d’un milieu social, politique et économique qui, étant juste, est adéquat à la vie en société. Car si l’on estime que l’homme est fondamentalement bon, il s’agit alors simplement de créer un ordre social qui lui permette de réaliser sa nature morale irréprochable, dans l’état concret et immédiat des relations qu’il noue et qu’il entretient, autant avec la nature qu’avec ses semblables; mais s’il est, en réalité, fondamentalement mauvais, il s’agira alors, afin de réaliser l’état social, de créer un ordre social et politique qui réprime cette méchanceté; et s’il est tantôt l’un et tantôt l’autre, de recourir, en vue d’une fin analogue, à une approche qui encouragera les témoignages de la bonté, tout en châtiant et en contrôlant ceux qui illustreront la méchanceté. Telle est l’intuition simple et naïve qui se dégage d’une volonté de réconcilier les dimensions politiques et morales, lorsqu’elles se rencontrent sur le terrain de la vie en société et qu’elles veulent sincèrement et authentiquement cultiver la valeur de la justice.» — Plérôme.

«Une police uniquement matérialiste ne saurait consentir à accorder, à sa juste mesure, une importance adéquate à ce qui constitue une matière intellectuelle, qu’elle ait des résonances pratiques, au plan juridique, moral ou politique, ou a fortiori théoriques, au plan scientifique, technologique, philosophique ou théologique.» — Plérôme.

«Une perspective théologique et politique de la Trinité (voir tableau ci-joint):
— Dieu qui est, selon la vérité de son essence et de son existence : (+) L’homme qui sait cette vérité, la confesse et prie qu’elle se manifeste en sa personne  comme en la personne d’autrui (gnosticisme); (-) L’homme qui ignore tout de cette vérité (agnosticisme);  
— Dieu qui se réalise dans la Création: (+) L’homme qui participe et communie activement à la réalisation de cette œuvre (fidéisme); (-) L’homme qui détruit l’évidence de celle-ci (nihilisme);
— Dieu qui réalise sa Création: (+) L’homme qui agit et vit, conformément à l’entéléchie de cette œuvre (théisme); (-) L’homme qui nie cette œuvre (athéisme)». — Plérôme.

«Tout part de la Vie et revient à la Vie.» — Plérôme.

«Toute idée, dont la réalisation serait éminemment désirable — v.g. les idées de la Vie, de l’Honneur, de l’Amour, la Victoire, de la Bonté, de la Vérité, de la Beauté et, plus récemment, de la raison et de la Liberté —, suppose une existence et une personne qui en incarne la possibilité et qui en manifeste l’actualisation, d’où la genèse de la Divinité qui en représente, en incarne, en réalise et en exemplifie l’essence; d’une manière analogue, toute individualité qui, en réalisant son existence au plus haut point, d’une manière dont la possibilité échapperait au commun des mortels, est susceptible de se voir conférer la reconnaissance de la Divinité, comme participant de l’essence mystérieuse, mais néanmoins réelle, qui serait la seule apte de produire les prodiges et les œuvres admirables dont elle peut se revendiquer d’être véritablement l’agent et l’auteur — puisqu’elle engendre une conséquence qui, bien qu’elle soit exceptionnelle et inexplicable, n’en demeure pas moins réelle et indéniable —. Mais que l’idée superlative soit l’évidence de l’existence de Dieu, comme le propose l’argument ontologique, voilà ce qui est franchement original et novateur.» — Plérôme.

«Si la conscience est suffisamment avancée dans son intelligence du rapport entre le mal que l’on commet et celui qui est occasionné pour soi en conséquence, et qu’elle ne décide pas de faire le bien par amour, sauf à être entièrement commise à l’accomplissement du mal et inconscient quant aux conséquences terribles qu’elle s’attire, elle fera le bien par crainte du mal qu’elle risque de subir en n’agissant pas ainsi.» — Plérôme.

«Par un effet paradoxal, le libertinage, en présumant se libérer du péché, qui consiste en une transgression des lois ontogéniques de l’esprit et de la conscience, passées dans le sphère de la coutume et des usages, a fait basculer la culture Occidentale dans la sphère du tabou, qui est celui de la transgression des lois phylogéniques du sang et de l’ordre psychique de la tribu, de l’ethnie, de l’espèce et de l’humanité.» — Plérôme.

«L’attitude transcendante, face à une condition énigmatique ou une situation problématique, ne suppose pas une connaissance complète et adéquate des phénomènes qui la constituent, mais invoque simplement une manière de rester ouvert aux possibilités de composer avec elles et d’en acquérir une compression constante et fiable, sans prétendre à une science exhaustive de sa réalité, ni à une pratique qui puisse influer sur elle et sur le cours qu’elle prend habituellement.» — Plérôme.

«La «pensée figée» consiste en une manière de pensée qui, face à un phénomène, rapporte tout ce qui le concerne à une théorie préconçue sur lui qui n’alloue pour aucune transformation ni évolution de sa part, et par conséquent le condamne à un préjugé qui n’alloue pour aucune acception ni aucune critique, en raison du caractère véridique qui dorénavant lui est attribué irrévocablement comme lui revenant a priori.» — Plérôme.

«Trois traits apparentés, quant à leur présence et à leur développement, semblent se côtoyer à l’intérieur de la sociologie Occidentale: le manque de profondeur intellectuelle, qui ignore les dimensions métaphysiques et les enjeux moraux fondamentaux de l’existence et qui surtout passe sous silence les théories platoniciennes de la réminiscence, une attitude qui serait apte à augmenter et à confirmer cette superficialité; l’ambition d’acquérir une vie sécuritaire, caractérisée par l’abondance, associée au sentiment perpétuellement ressenti, de faire face à une insuffisance continuelle, sans possibilité de l’assouvir malgré les richesses accumulées; et l’inauthenticité des cœurs et des consciences qui recouvrent, du masque de l’upokrisiς, au sens étymologique du terme, cette quête interminable, de manière à distraire collectivement les consciences par cette attitude, laquelle empêche ceux qui l’éprouvent de voir adéquatement en elles-mêmes et de contempler les reflets de leur nature véritable et les qualités de leur essence entière et intégrale.» — Plérôme.

«Tels sont ceux qui ont le cœur aussi dur que le minerai précieux dont ils sont les adorateurs secret.» — Plérôme.

«L’alchimie, dont la fin est la transformation de la matière vile en matière noble, de la substance moins parfaite en substance plus parfaite, jusqu’à la forme la plus pur et la plus achevée, consiste à découvrir et appliquer les opérations qui accompliront cette œuvre; l’anti-alchimie, qui est son contraire, consiste à effectuer le même travail — et non pas un travail identique —, mais dans le sens contraire, afin de produire, à partir d’une matière plus noble, plus parfaite et plus accomplie, une matière qui aurait toutes les apparences de l’être devenu moins en toutes ces qualités — car peut-on réellement songer enlever à une substance qui s’est réalisée l’état de sa réalisation, sauf à chercher, d’une manière superficielle, à priver celle-ci de l’évidence de cet aboutissement —. » — Plérôme.

«La justice dont on s’attend que le semblable nous rende est souvent remplie de plus de mansuétude que celle que l’on serait prêt à lui rendre.» — Plérôme.

«Paraître ce que l’on est n’est pas la chose la plus aisée du monde, mais paraître ce que l’on est, voilà ce qui est plus difficile encore.» — Plérôme.

«Il y a ceux qui réalisent et ceux qui, au nom d’un principe d’excellence reconnue, ou supposée telle, critiquent ce qui est accompli: mais si l’excellence d’une chose, qui en est l’expression la plus accomplie, se laisse aisément voir au spectateur attentif et sensible, le véritable prix de cette qualité et de la valeur qu’elle prend à ses yeux ne se laissent appréhender précisément et adéquatement que par ceux qui, ayant travaillé et fourni l’effort à la réaliser, peuvent véritablement estimer quel est le véritable coût de sa production, autant en temps employé à cet effet qu’en habilité réelle à la produire.» — Plérôme.

«La seule chose à laquelle autorise à croire la position sceptique et négativiste radicale, c’est à la futilité de toute croyance, sauf celle qui évidemment en fonde le principe épistémologique: or, voici ainsi démontrée l’absurdité de cette négativité sans compromission.» — Plérôme.


«L’on sait qu’il existe un problème sérieux, au plan juridique, lorsque force nous est faite de convenir que le droit ne sert plus qu’à justifier un état actuel, avec tous les vices et tous les défauts qui peuvent le caractériser, ou encore à cautionner un fait accompli, sans égard pour la légitimité ou la qualité morale de sa production: car si le droit doit effectivement protéger et défendre un état, c’est uniquement en raison de sa bonté et de la possibilité de parfaire celle-ci et non pas afin de fonder ou d’excuser ce qui peut en déroger ou en infirmer une entéléchie, sans égard pour la valeur qu’elle prend d’un point de vue transcendant et spirituel.» — Plérôme.

«Il n’est pas légitime, au nom du droit, d’interdire l’expression d’une disposition naturelle saine, sous prétexte qu’elle pourrait mener éventuellement à une transgression, s’il advenait que les effets de ladite disposition fussent détournés par une personne qui en pervertirait l’expression, car alors il en résulterait, en même temps que la prévention des abus et des excès, une interdiction des inclinations innocentes et des bienfaits qui pourraient en résulter et aussi la constitution en délit d’actions qui, par essence, ne sont nullement empreintes d’un caractère délictueux, comme la caractérisation de personnes comme délinquantes qui autrement ne révèlent aucune des dispositions qui sont attribuables à cet état, telles que la malice, la cruauté et la malveillance, ni même l’inconscience qui pourraient produire, malgré l’absence d’une intention explicite en ce sens, un tabou ou une action délétère.» — Plérôme.

«Le schéma de la trahison personnelle, qui consiste en le sacrifice de l’amitié à des fins subjectives ou idéologiques, constitue un leitmotiv trop peu étudié de l’histoire, comme de la philosophie et de la théologie morales, peut-être parce qu’il est considéré comme illustrant l’existence d’encore une autre imperfection, parmi tant d’autres, à l’intérieur d’un monde où sévit déjà une imperfection généralisée, alors qu’en réalité, il constitue ce qui est peut-être l’atteinte morale la plus sérieuse à la solidité et à la cohésion de la fibre sociale.» — Plérôme.

«Il existe, à l’intérieur de la société, une situation de lutte des classes — qui, lorsqu’elle perdure, peut mener à une désorganisation totale de ses institutions et à un effondrement de sa structure — lorsque, pour un champ particulier de l’organisation sociale, l’intérêt, ou la somme des intérêts, qui y prévaut est vu comme étant supérieur à celui qui prévaut à l’intérieur d’un autre, ou d’un autre domaine particulier, et donc commande une concurrence et une rivalité de prédominance et d’imposition idéologiques et axiologiques, jusqu’à la neutralisation de son influence déterminante, sans que ne soit entrevue la possibilité qu’existe un terrain où puisse se produire une réconciliation, ni idéologie ou valeur commune, qui puisse rallier les camps en opposition, ni — ce qui est le plus souvent le cas — d’entité identifiable qui puisse les unifier en concentrant sur sa personne les haines respectives — à l’intérieur, un bouc émissaire ou, à l’extérieur, un ennemi commun.» — Plérôme.

«Une politique sociale qui se fonde sur la victimisation apparente, lorsqu’elle s’exerce effectivement, passe par l’instauration et le maintien des conditions aptes à faire naître les circonstances et les occasions, les conduites et les actions qui produiront cet effet, dont ensuite, en se dissociant de la chaîne des causes, positives et négatives, l’on se donne toutes les raisons de s’en plaindre et de les dénoncer. » — Plérôme.

«Le principe de Judas — qui passe par la trahison de l’ami — est l’analogue du principe de Caïn — qui passe par le meurtre du frère — et en constitue la versions civilisée, en ce qu’il relègue intentionnellement à autrui, une autorité formelle ou un individu en situation de prédominance, le soin de réaliser l’action dommageable qui est espérée, alors que Caïn commet lui-même le crime dont il s’est rendu coupable. Par conséquent, alors que celui-ci est devenu un archétype individuel et familial, en s’en prenant à son frère Judas est devenu un archétype social et politique, en réifiant son ami en vue de réaliser des visées perverses. Caïn est donc à la tradition Judaïque, ce que Judas est devenu pour la tradition Chrétienne, mais la fondation de l’action du second fut jetée par celle du premier.» — Plérôme.

«Le paradoxe de la démocratie, l’organisation politique et la dynamique sociale d’une société fondée sur le principe de l’égalité de chacun devant une loi qui est voulue et constituée par tous et pour tous, c’est que, afin de s’établir et se maintenir, elle doit commander à certains de se distinguer et de s’exhausser par rapport à ses semblables, au nom du principe de l’égalité, et elle sanctionne toutes les actions qui procèdent de leur volonté, même celles qui puissent être  critiquables sous d’autres égards — comme ceux de la moralité générale ou de la justice commune — pourvu qu’elles s’accomplissent au nom de ce principe, conformément aux formes, politiquement implicites ou juridiquement ordonnées, qui en découlent.» — Plérôme.

«Le vouloir sans le pouvoir, c’est l’adynamie; le pouvoir sans le vouloir, c’est l’aboulie; le savoir sans le faire, c’est l’apoésie; le faire sans le savoir, c’est l’apédie: telles sont spécifiées les quatre conditions de l’action inexistante ou déficiente. » — Plérôme.

«L’état présent réduit tout à la capacité que possède la conscience à en saisir et à en révéler le mystère — qui par définition est ineffable et insondable — afin qu’elle puisse le transformer par les efforts qu’elle fait naître en l’agent moral, dès lors qu’il en conçoit un bien à réaliser, une action sur elle, de manière à peu à peu édifier un avenir dont la substance et la qualité se révéleront à leur tour à la conscience, de sorte à produire, en un cycle ascendant et aussi parfois descendant, selon que l’amélioration souhaitée s’avère un résultat désirable, ou représente un effet contraire, une succession de situations, de circonstances et d’événements constitutifs d’une histoire qui se construit, qui évolue et qui se développe.» — Plérôme.

«Le système économique actuel se fonde sur le sacrifice de l’amitié, à l’avantage de l’intérêt comme action fondatrice de son opération, de son maintien, de son développement et de sa progression continuels et favorables: la grande erreur morale des idéologies concurrentes, lorsqu’elles désirent assurer la direction de ce mouvement, c’est de substituer une forme que prend cette négation à une autre, toute aussi perverse, et de choisir un type d’intérêt différent à poursuivre, afin de parvenir à exercer l’ascendant qu’elles préconisent pour elles-mêmes.» — Plérôme.

«La vie est un dosage délicieux de l’ordre et du désordre dans l’expression, la manifestation, l’évolution et la perpétuation de l’esprit.» — Plérôme.

«En niant la possibilité de son immanence et en la reléguant aux confins transcendants de l’existence suprême, Caïphe a détruit la Divinité; en la privant de sa dignité essentielle, c’est-à-dire en l’humiliant, Hérode a détruit la Majesté; en la condamnant à une mort infamante et ignominieuse, Pilate a détruit la Royauté; et en trahissant la confiance entière qui lui était portée, Judas a détruit l’Amitié: quatre blessures métaphysiques et morales importantes et cruciales dont l’humanité tente toujours de se relever encore.» — Plérôme.

«Ne pas accepter ou accréditer le côté parental dans les relations, c’est non seulement méconnaître le côté perpétuellement changeant relatif à l’entéléchie de la nature humaine, ainsi que ses ressources importantes sinon inépuisables, en vue de la perfection intérieure et de son perfectionnement social, mais c’est aussi exiger de soi-même comme de son partenaire d’être déjà parfait et accompli, sans faille, ni déficience, ni défaut, une idée qui peut conforter l’esprit, mais qui ne répond nullement à la réalité d’un être en poursuite continuelle de la perfection, comme le sont tous les êtres humains.» — Plérôme.

«C’est sûrement la nature supérieure, i.e. plus raffinée et subtile, de la femme qui lui commande d’en dicter à l’homme le niveau de la perfection qu’il a pu atteindre, mais cette réalisation ne l’empêche pas de constituer parfois et peut-être même souvent un facteur d’aliénation pour lui, lorsqu’elle est toujours en-deçà de la perfection qu’il serait apte à réaliser, non pas en vertu de ses virtualités propres, mais en raison des exigences qu’elles entretient sur lui et qui proviennent d’un désir arbitraire et spécieux dont elle se fait l’avocate.» — Plérôme.

«Que vaut-il mieux: savoir et ne pas connaître ce que l’on sait ou connaître et ne pas savoir ce que l’on connaît ?» — Plérôme.

«Lorsque la conformité à la manière d’être, de penser, de parler, de se conduire et de faire du groupe devient la norme contre laquelle comparer le penser, le parler, la conduite et l’action de chacun de ses membres, et jusqu’à ceux des individus qui sont extérieurs à lui, lorsque l’influence du groupe devient prépondérante sur d’autres groupes, toute manière de déviation ou de dérogation par rapport à lui exige des excentriques et des détracteurs qu’ils changent leur attitude, quelle qu’en soit par ailleurs la qualité esthétique et morale qu’il est effectivement possible de lui attribuer, une exigence qui pose problème lorsque l’exception représente une supériorité qualitative sur la norme en cours, car alors la pression du groupe oblique les consciences excellents à se soumettre à une forme de médiocrité qui, à plus ou moins brève échéance, rejaillira sur la culture de l’ensemble.» — Plérôme.

«Saint Augustin a raison, cela étant affirmé sans prétention ni présomption: il existe en effet, à l’intérieur de chaque société visible et humaine, deux sociétés distinctes, que le discernement et la perspicacité de l’intelligence rendent visibles à l’esprit: la société laïque des hommes, qui vivent et qui agissent selon une manière de concevoir qui est pratique et immanente, sans référence, ou se référant de manière minimale, à un ordre de la réalité qui soit hypersensible — celui de la superstition, de la magie, de la croyance en une substance spirituelle matricielle (la mana), du tabou — et qui laisse deviner une forme d’action transcendante, de réalisation sans qu’aucune causalité directe ne lui soit attribuée, sauf lorsqu’il s’ait de forces naturelles prépondérantes et déterminantes; et celle des hommes dont la pratique et les conceptions se fondent sur un rapport de l’esprit avec le monde transcendant des puissances supérieures et même d’une Puissance suprême, infinie, éternelle, toute-puissante et éminemment parfaite, dont les qualité et les vertus pressenties, ainsi que les conduites et les actions qui les révèlent à leurs yeux, deviennent à la fois une inspiration pour leur propre développement et un modèle pour leurs propres activités à l’intérieur du monde sensible de la nature qui en est alors, pour ceux-ci, une émanation sublime et une création mystérieuse, aptes à illustrer quelles sont Sa puissance et Sa grandeur.» — Plérôme.

«Le besoin de croire est à ce point lié à l’instinct de la vie que la conscience qui en éprouve toute la puissance croit implicitement à quelque chose, sans qu’elle ne comprenne entièrement ce en quoi elle croit, autant quant à la profondeur et la compréhension de la matière de sa croyance que quant à la signification que prend celle-ci pour elle et qui en constitue le mystère impénétrable et insondable.» — Plérôme.

«La loi est simple, en une démocratie qui est individualiste, matérialiste et hédoniste à outrance, et elle se laisser réduire à un mot d’ordre, «chacun pour soi»: par ailleurs, c’est la nature de la conception de son instauration et de sa manifestation qui définit, soit en la confirmant, soit en la niant, en entier ou en partie, dans son essence ou dans son expression, les orientations idéologiques et doctrinaires qui en peuplent le paysage politique.» — Plérôme.

«Tout jeu est une invention qui, dans sa contingence pure, se fonde sur la spontanéité et la créativité, afin de répondre à une situation ou à une conjoncture qui sont perpétuellement changeantes, que la nature de ce changement soit planifié ou qu’elle prenne l’apparence d’une occurrence aléatoire.» — Plérôme.

«La sortie hors de l’état de nature, qui est un état en lequel la survie se produit et s’acquiert contre des résistances opposées par une nature parcimonieuse et usuraire et les adversités d’une nature aux forces parfois intransigeantes et hostiles, se produit grâce à l’ingéniosité des hommes certes, mais aussi grâce à la combinaison des ressources individuelles et à la collaboration des efforts que permet le développement d’amitiés profondes et réelles entre les individus — par opposition à ces formes de relations où prévaut la concurrence et jusqu’à l’antagonisme résultant d’une volonté de la possession de la ressource et de la domination sur ceux à qui l’on autorise un accès restreint et conditionnel à celles-ci, à l’avantage de ceux qui possèdent et exercent un ascendant sur leurs semblables —: ainsi, comme une analyse étymologique du terme ‘société’ le laisse entendre, c’est l’amitié qui est le facteur capital et essentiel de la constitution de la polis et toute déviation à partir de ce principe fondamental constitue une régression vers un état d’ignorance et d’impuissance primitive, existant avant la découverte, par la conscience individuelle et collective, de ce ressort essentiel et nécessaire au développement de la vie individuelle, par la croissance positive qu’elle contribue à poursuivre, quant à l’épanouissement des particuliers, et à celui de la vie collective, par la puissance générative qu’elle apporte à l’association des individus, engagés dans la poursuite de fins culturelles qui soient de plus en plus complexes et raffinées, à l’intérieur d’une vie sociale qui, en devenant de plus en plus nombreuse et compliquée, parvient à les réaliser grâce à elle.» — Plérôme.

«La plus grande illusion peut-être, c’est que l’amour — un sentiment immédiat et spontané, inconditionnel et authentique, pur et divin, et pour cette raison une émotion proprement angélique qui caractérise la nature transcendante de l’esprit humain — puisse se conquérir, sans qu’une réciprocité originelle n’en qualifie la naissance — voire à rebours, lorsqu’une amnésie lacunaire fonctionnelle en a effacé en partie les traces dans le souvenir et que la persistance immémoriale de sa puissance est mystérieusement redécouverte, grâce à l’évocation que suscite en l’âme de l’amant la présence de la personne aimée — et sans qu’un germe de cette mutualité n’en produise l’éclosion, l’épanouissement et la préservation.» — Plérôme.

«Le but de la légalité est de favoriser le développement d’une existence sociale collective qui soit stable et harmonieuse, libre de contraintes, extérieures ou intérieures, dans la mesure où un tel état est possible et pour autant que cette liberté ne trouble, ni la paix intérieure, la possibilité pour l’ensemble de la société de vivre selon son dynamisme et son entéléchie propres, en toute sécurité et sans crainte de représailles: or le droit est la discipline qui spécifie les conditions d’une telle mutualité et d’une telle coexistence et il énonce les principes nécessaires et les préceptes favorables à la naissance, au développement et à la cohésion de la société ainsi que de sa culture, en vue de sa conservation, de sa continuation, de sa perpétuation et de sa diffusion, à la fois physiques et morales; et la sagesse, la disposition qui permette à la fois de comprendre quels sont ces principes et ce qu’en est la nature, d’en énoncer les conditions de leur promotion, de leur publicité et de leur adoption par les membres de la société et, généralement, de vivre selon les préceptes solidaires et bienfaisants qu’ils portent aux consciences morales de formuler, autant pour elles-mêmes qu’à l’avantage de celles de leurs semblables.» — Plérôme.

«L’hypocrisie de l’âge contemporain réside en ce que l’on souhaiterait récolter les fruits de l’amitié, que sont la loyauté, l’altruisme, l’honnêteté, la constance, la considération, la solidarité, le respect, la sollicitude, la sincérité, la franchise, l’authenticité, l’amabilité, la candeur et l’affabilité, sans cultiver la vertu de l’amitié qui les apportent et même, comme si l’on était conscient de cette duplicité et de la honte qu’elle fait naître de l’entretenir dans ses rapports avec ses semblables, en prétendant vivre ce sentiment à leur égard et de cultiver avec eux l’état de la sympathie qui le caractérise, ou encore en l’absence de l’amitié qui règne ordinairement et généralement à l’intérieur de la société impersonnelle et anonyme qui procède de cette carence dont il importerait de connaître la genèse, les causes et les raisons historiques. » — Plérôme.

«Le complexe d’Œdipe, décrit succinctement comme étant le meurtre passionnel, symbolique ou actuel, du père, accompli par l’enfant mâle par attirance pour la mère, ou encore celui d’Électre, sa contrepartie féminine, où c’est la fille qui se défait de la mère par égard irrésistible pour le père, sont en réalité des espèces de la dynamique concurrentielle, historique et mortifère, qui caractérise la rivalité qui s’installe entre les représentants d’un même sexe afin de s’attirer les faveurs de l’autre sexe: ce qui en singularise l’importance qu’ils prennent, dans le narratif psychologique et psychiatrique, c’est le fait de leur installation éventuelle à l’intérieur de l’univers familial, sans égard pour les distinctions chronologiques de l’âge ou hiérarchiques du statut social, et que, en raison du caractère essentiel de cette unité pour la constitution de la société et l’édification de la culture, il importe d’en connaître les ressorts et les manifestations, d’en contrôler les effets délétères ainsi que les impulsions qui les produisent, de manière à favoriser l’intégrité et la moralité de l’univers social dont la famille fonde la possibilité matérielle et spirituelle.» — Plérôme.

«D’une conception générale du bien commun, qui est ce bien envisageable pour l’ensemble social, en faisant abstraction des biens particuliers, sans pour autant ignorer qu’un bien commun rejaillit sur les biens particuliers, le champ du politique est passé à une conception étendue du bien commun par lequel la somme des biens particuliers devient le critère et le jalon de la vision du bien commun, en ce que tous les biens particuliers étant servis — ou une large part de ceux-ci l’étant —, l’on estimera par là avoir rencontré la condition suffisante de la réalisation du bien commun: or, il faut remarquer que cette dernière conception est en réalité réductionniste à ce que l’on peut concevoir comme étant un bien commun actuellement réalisé, dans les biens particuliers qui le sont effectivement, et non pas progressiste, en tant que pouvant réaliser des biens particuliers qui ne sont pas encore découverts ou dont la nature comme la quantité et la distribution pourraient évoluer en vertu du changement des circonstances, des conjoncture ou des situations, qu’ils soient propres à la dynamique des biens particuliers, générés grâce à des rapports de concurrence ou d’émulation, résultant d’un effort de coopération fondé sur la complémentarité des intérêts ou réalisé en vue d’obtenir une fin commune, ou suite à une évolution radicale des conjonctures historiques — naturelles ou géo-politiques par exemple — dont le caractère spontané et imprévisible peut être exacerbé par l’impréparation des consciences politiques et sociales à faire l’anticipation de leur occurrence; alors qu’une conception générale du bien commun, existant indépendamment des biens particuliers (mais non pas en les ignorant), conçoit son objet comme étant au service de l’ensemble de manière à subsumer tous les biens particuliers — et chacun d’entre ceux-ci — à la bonté des appréciations et des mesures, lorsqu’elles porteront sur l’essence et l’entéléchie de la collectivité dont sont issus ces biens particuliers et qui, en dernière analyse, donnent tout leur sens à ceux-ci.» — Plérôme.

«L’homme séduit par la démonstration de sa force et de sa prédominance; la femme, par celle de sa beauté et de sa grâce.» — Plérôme.

«Puisque le péché originel existe avant toute loi humaine, il fait par conséquent entorse à la loi naturelle et divine.» — Plérôme.