[Depuis le 25 mars 2011, avec mises à jour périodiques. — Since March 25th 2011, with periodical updates.]
[âme]«Plût-au-Ciel que l’âme, si intelligente et si vive fût-elle dans la perception qu’elle présente de la réalité — et cela d’autant plus que celle-ci est variée dans ses manifestations et complexe et dans ses intrications — , et si brillante et si créatrice fût-elle en raison de ses conjectures et des hypothèse rationnelles qu’elle entretient sur la nature de la constitution de cette réalité et sur les directions qu’elle serait susceptibles de prendre, plût-au-Ciel donc que cette âme puisse en même temps révéler une sagesse profonde, dans la compréhension du mystère qui est sous-jacent à l’ordre des choses ainsi qu’à la sensibilité profonde qui est intime à la vie et qui s’exprime éventuellement autant en son semblable qu’en soi-même, voire d’une manière distinctive et démontrant une gradation, lorsqu’ils sont comparés l’un à l’autre, dont le mérite et le propre insignes sont qu’elle représente la culmination toute expérience, ainsi qu’elle révèle la perfection, l’origine et l’aboutissement de toute chose.» — Plérôme.
[amitié]«Aucun sentiment n’est plus déchirant, ni aucune peine plus profonde, ni aucun chagrin plus intense, ni aucune impression plus désolante, ni aucun arrière-goût plus amer, que la conscience d’avoir été trahi par celui que l’on tenait, à tort ou à raison, pour être son ami le plus cher, le plus ardent et le plus sincère; l’épreuve sera d’autant plus grande et difficile à encaisser que la déception résultera de la déloyauté manifestée par plusieurs amis ou par des individus que l’on tenait pour être tels, souvent pour des raisons qui entourent le retournement de la fortune ou des choix qui, sans être en soi mauvais, pourraient s’avérer périlleux ou hasardeux.» — Plérôme.
[amitié]«L’amour réel et profond ne saurait témoigner d’un irrespect véritable et intentionnel bien sûr, puisqu’il puise à la communion bienfaisante et mutuelle de deux âmes qui, étant animées par le souci de réaliser le plus grand bien de l’autre, ne sauraient par conséquent ni sciemment se vouloir du tort ou se montrer blessantes l’une envers l’autre; mais, à ce qu’il semble parfois, nombreux sont-ils à mépriser l’amour qui leur est sincèrement porté et donc à ne pas estimer adéquatement ceux qui témoignent de ce sentiment à leur égard, mais qui néanmoins exigent que ceux-ci illustrent pour leur personne la plus chaleureuse des déférences, mais paradoxalement en illustrant un respect qui ne saurait jamais être suffisant, puisqu’il émane de particuliers dont ils ne sauraient de toute façon juger qu’ils sont réellement appréciables.» — Plérôme.
[amour]«Comme pour se justifier à lui-même, Thanatos fait à Éros l’édit péremptoire d’aimer: comme si Éros pouvait se nier en lui-même, en trahissant son essence même, sans cesser d’être lui-même; comme si Éros pouvait consentir à céder l’empire du monde à l’essence qui en nie l’actualité et vouloir, par conséquent, ce qui n’est que destruction et ténèbres, iniquité et souffrance.» — Plérôme.
[amour]«Comprendra-t-on enfin que l’amour vrai, profond, sincère et indéniable, est éternel et que, par conséquent, il est immuable, qu’il persiste en dépit des contingences et qu’il n’attend que l’occasion de s’extérioriser et de s’élever au-dessus de celles-ci afin d’exprimer son essence véritable, celle de manifester sa communion au Bien en illustrant sa vertu bienfaisante et en réalisant l’union naturelle avec la personne qui en suscite la virtualité la plus sublime.» — Plérôme.
[amour]«Le libertinage est la subversion sensible et physique de l’amour, dont l’expression serait, dans l’idéal, la manifestation et le reflet d’une croyance intime et implicite en l’absoluité ineffable, en la solidité inébranlable, en le caractère indestructible, en la mutualité complète, en la durée infinie et en l’universalité du sentiment incontestable, incomparable, réel et authentique, que vivent ensemble et complètement les amoureux.» — Plérôme.
[apparence]«L’apparence est le dernier bastion d’une existence qui cherche à se préserver, dans cette disposition qu’elle manifeste de vouloir se maintenir, lorsque la substance de l’être en vient à faire sérieusement défaut.» — Plérôme.
[apparence]«L’expérience du miroir nous a enseigné qu’il suffisait, pour modifier la perception qui est entretenue à notre égard, de simplement transformer son apparence: or, le changement de l’apparence est toujours un procédé superficiel alors que le véritable changement de la personne implique la métamorphose des formes intérieures de la pensée et du sentiment, voire même de la nature de l’individu qui les développent et les entretiennent, et elle ne saurait être complète que s’il intègre tous les événements de la vie ainsi que les influences qu’ils ont exercées sur son caractère fondamental, une étape qui ne saurait s’accomplir sans que ne se produise une anamnèse, une réminiscence qui sollicite autant le souvenir des expérience vécues que la réflexion sur l’intériorité morale, qui est à la fois l’entéléchie d’une âme, le produit des événements vécus et la manifestation de la liberté dans la participation active de la personne dans la production de cette actualité, conformément à la conscience de cette mutualité interactive ainsi qu’à un idéal individuel et social.» — Plérôme.
[art]«Qu’est-ce qui l’emporte en importance, en valeur et en mérite: l’œuvre qui exprime la beauté, l’artiste qui la réalise ou le modèle qui en incarne les qualités ?» — Plérôme.
[christianisme]«En aucune manière ne doit-on concevoir le christianisme comme étant une justification de l’injustice, comme certains penseurs le prétendront, tel que Nietzsche par exemple, lorsqu’il évoquera une prétendue lâcheté morale généralisée des fidèles, mais plutôt comme produisant, grâce à la doctrine spirituelle vraie et complète qui en émane et dont la pureté et le courage des cœurs des fidèles qui s’en inspirent deviennent le garant de sa possibilité et de son effectivité, la justice la plus élevée qui soit, lorsque son concept est compris dans le sens historique, métaphysique et épistémologique le plus adéquat du terme.» — Plérôme.
[communication]«Le général n’est jamais suffisamment précis et spécialisé pour l’esprit qui vit uniquement et pour l’essentiel au plan de l’expérience concrète et de la représentation particulière.» — Plérôme.
[communication]«On ne communique plus, on philosophe, on pontifie, on dicte et on décrète.» — Plérôme.
[communication]«Tels sont ceux pour qui il importe moins de savoir interpréter le propos d’autrui avec justesse et de comprendre quels en sont le sens profond et authentique qu’il renferme et la nature de son rapport effectif avec la réalité que de l’asservir à l’utilisation stratégique et intéressée qu’ils peuvent en réaliser, sans égard pour la déformation de l’intention et du dessein qui l’animent qui en résultera pour l’auteur et la fausse représentation que cela signifie du contenu théorique et intellectuel qu’il contient». — Plérôme.
[couple]«Ce qu’épousent, en s’épousant, l’homme et la femme, c’est l’intégralité de leur personne authentique bien sûr, mais c’est surtout l’idéal qu’ils portent en eux et qu’ils représentent l’un pour l’autre, de se montrer en définitive au service de la vie; pour l’homme de s’en constituer le véhicule en sa propre nature et de savoir inspirer en sa compagne le sentiment de l’espérance en la possibilité et en la résolution pour lui d’en réaliser l’expression la plus entière et la plus complète possible, avec la plénitude de son concours; pour la femme, de posséder l’imagination et la vertu, à la fois d’inspirer, par son engagement, la confiance en la validité de cet idéal, comme de sa compatibilité avec les plus hautes destinées de l’humanité ainsi que la créativité requise pour le réaliser et, par l’action que celle-ci fonde, l’insertion réelle et irréprochable de sa vie sur la trajectoire qui permettra qu’ensemble, ils parcourront, chacun avec les qualités et les capacités, propres à leur individualité, à l’accomplissement le plus élevé possible de cette finalité.» — Plérôme.
[courage]«Cela semble bien être le sort réservé à l’homme d’avoir toujours à prouver sa valeur, même lorsque n’existe aucune nécessité d’avoir à reproduire cette action, puisque s’étant déjà amplement illustré par le passé, et se montrant toujours disposé en ce sens, si le devoir le lui commandait, peut-être en compensant ainsi l’impréparation dont certains témoignent systématiquement sur une voie périlleuse dont ils craindraient les pièges et pour lesquels ils n’éprouvent pas la confiance de savoir échapper à l’imminence de leurs dangers.» — Plérôme.
[courage]«Une attitude morale incohérente consisterait, pour le sujet moral, à admirer et à honorer les héros et en général tous les particuliers, dont les actions illustrent une qualité de l’âme exemplaire dans l’accomplissement de leur devoir, et pourtant se contenter de réaliser le strict minimum et de présenter un effort simplement suffisant, afin de rencontrer les obligations et les expectatives que la conscience collective serait en droit d’entretenir à son égard, lorsque l’occasion survient d’accomplir un dépassement de soi analogue.» — Plérôme.
[crime]«Le crime est la condition inique et illégitime qui est imposée à la vie et la criminalité, la disposition à l’instaurer comme l’évidence de la production des effets qui la manifestent; ainsi, la gravité de l’action qui en révèle la présence augmente proportionnellement à l’importance que prend cette entrave, qui brime la réalisation de son élan et la manifestation de la bonté qui en procède pour tous ceux qui en sont les bénéficiaires, et à la conséquence de l’effet résultant, pour le milieu et les personnes qui la subissent, de sorte que la responsabilité qu’il revient à son auteur d’endosser devient d’autant plus entière qu’il était conscient des enjeux courus en les poursuivant et que son intention était incontestablement malveillante.» — Plérôme.
[critique]«C’est un paradoxe de l’attitude critique que, pour dénoncer l’effet perturbateur qui résulterait d’une situation qui est estimée inacceptable, en vertu de l’immoralité des raisons qui la produisent, les opposants doivent se placer intellectuellement sur le même pied moral que ceux qui en seraient à l’origine responsables, sans garantie que leur condescendance ne mènera jamais à son redressement: par contre, cette approche est celle qui est intime à la méthode du détective qui, afin de résoudre l’énigme d’un crime, utilise son imagination afin de se placer dans la peau du criminel et de raisonner comme lui.» — Plérôme.
[critique]«La critique véritable se fonde sur une connaissance qui est apte à justifier des positions objectives, prises en exerçant sa faculté du jugement; sous sa forme primitive, la censure quant à elle tend à juger des choses uniquement en se fondant sur la nature et la qualité du sentiment [le déplaisir, le dégoût, l’indignation, l’horreur, la haine, la colère, etc.] que celles-là éveillent en l’âme, sans référence à un principe qui pourrait, soit justifier la décision qui en procède, soit lui opposer une raison qui pourrait tempérer et atténuer l’émoi ainsi suscité et suggérer une valeur positive, au service de laquelle celui-ci pourrait se prêter.» — Plérôme.
[culture]«Le danger que court la culture, avec la prolifération des possibilités infinies que représente le monde virtuel de l’informatique et de la technologie élecrronique dans la vie spirituelle des membres de la société, c’est de créer une population qui, tout en étant experte à créer et à maintenir des liens affectifs profonds avec des avatars distants et désincarnés — l’adoption du terme montre lui-même à quel point ses usagers sont en rupture historique et morale avec la tradition qui le leur a transmis — , se montrerait inadéquate à entretenir des relations concrètes et significatives avec les particuliers sensibles et vivants qu’elle serait apte à croiser, à l’intérieur de la sociologie réelle des présences concrètes, avec les exigences morales qui entourent, en étant issues, son rapport physique immédiat avec celles-ci.» — Plérôme.
[culture]«Quant à une conception définitive et aboutie de la culture, le sauvage est celui dont l’isolement est le reflet de l’imperfection de son inculture relative alors que le barbare est celui qui, lorsqu’il entre en rapport avec son semblable, cherche à imposer à celui-ci la nature de la constitution et de la perception de la bonté qui existe en son esprit, de la valeur prépondérante de sa culture, malgré les insuffisances manifestes que révèle la production spirituelle et matérielle qu’il est apte à en réaliser, lorsque celle-ci se compare à celle d’autres cultures et qu’elle est évaluée en rapport avec une conception achevée et accomplie de la notion de culture: et lorsqu’ils se sentent compromis en leur manière d’être, ils trouveront à défendre, pour les uns, la possibilité de continuer à vivre dans leur incomplétude, sans égard pour la complétude culturelle des sociétés et des peuples voisins, et, pour les autres, de la propager en recourant à la violence et à l’iniquité de l’oppression et de la répression.» — Plérôme.
[destin]«Il existe un ordre de causes que l’on pourrait nommer conjoncturelles, dont la propriété est de combiner et de finaliser, en un ensemble cohérent, des éléments indépendants, distincts et disparates en vue d’un effet qui serait le produit uniquement, de cet arrangement intentionnel et délibéré, sans qu’autrement il ne procéderait d’aucun des éléments qui participent à sa dynamique particulière, s’ils étaient pris séparément, quoiqu’ils seraient aptes eux-mêmes à contribuer individuellement à de nouvelles séries de causes distinctes et se combiner avec d’autres éléments, en vue de réaliser des finalités alternatives et spécifiques: ce sont d’ailleurs ces formes de causes qui génèrent la plupart sinon tous les événements de l’existence, sur lesquels les volontés individuelles n’exercent aucun contrôle, ou seulement un contrôle partiel et limité, puisque ces occurrences ne sont jamais le fruit de causes isolées et prévisibles, sur lesquelles il aurait la possibilité d’agir et de les infléchir, au gré de ses désirs et des intentions de sa volonté, mais qu’elles sont toujours l’effet d’un concours de circonstances qui conduisent à la réalisation de l’effet observé: on nomme usuellement le complexe de ces causes le «hasard», lorsqu’il n’existe aucun agent identifiable dont la conscience puisse présumer qu’elle serait à l’origine de la combinaison efficiente, le «destin» ou la «Providence» lorsque l’agent dont on suppose qu’il en est l’instigateur est présumé exister, mais en dehors du monde physique, concret et sensible, du patient, pour conditionner soit en mal, pour celui-là, soit en bien, pour celle-ci, le cours de son existence, une «machination» lorsque la combinaison suppose une intentionnalité physique et matérielle qui serait activement impliquée à réaliser un effet prépondérant, dont l’issu préjudiciable apparaît au patient comme étant inéluctable, et une «conjuration» lorsque la machination dont il s’agit repose sur la collaboration librement consentie de complices intéressés, en vue de retirer un bénéfice appréciable de la nature et du caractère favorables du dénouement qu’ils anticipent et qu’ils recherchent, puisqu’ils l’ont suscité et donné forme et qu’ils y ont contribué activement et délibérément.» — Plérôme.
[destin]«La philosophie de l’histoire n’est-elle rien d’autre que la justification du fait accompli qui est issu de l’opposition des forces présentes en l’actualité, c’est-à-dire des événements qui illustrent l’impuissance de l’homme devant ce qui est convenu de nommer le cours inéluctable du destin ? Autrement dit, le concept de l’histoire et celui du destin sont-ils des synonymes ? Et les concepts de liberté et de moralité ne seraient-ils rien d’autre que des termes aptes à masquer à la conscience cette équivalence consensuelle et affligeante, qu’une nature humaine pleinement réalisée peine instinctivement et spontanément à admettre.» — Plérôme.
[destin]«Le destin peut être conçu comme étant l’issue — bonne ou mauvaise — qui se déclare, après que le sujet moral ait tout fait en son pouvoir, et qu’il ait utilisé au plus haut point ses talents et ses compétences, pour qu’en réalité elle fût apparue, étant bienfaisante, ou qu’elle fût toute autre, s’avérant mauvaise: dans le second cas, le sujet moral sait, après réflexion, que son opposition à la possibilité appréhendée était justifiée, si tant est qu’elle fût possible, tout en déplorant la tournure regrettable des événements, comme le fait accompli par lequel elle s’impose, et en réfléchissant sur leur signification dans l’ordre éternel des choses; mais lorsqu’elle est bonne, il peut alors se féliciter légitimement de ce que la conjoncture des événements aura eu la main haute sur son action et rendre grâce à Dieu de sa bonne fortune et de la possibilité reçue d’y avoir effectivement participé.» — Plérôme.
[devoir]«L’omission d’accomplir son devoir, qui prend souvent l’aspect de l’oubli ou du refus, devant l’accomplissement de l’un de ses aspects essentiels, peut constituer un manquement aussi grave par les conséquences qui en résultent que l’entorse positive au devoir, avec la production d’une action qui lui est contraire, tout en comportant l’avantage, pour le prévaricateur, d’être plus difficile à déceler par un observateur impartial, d’autant plus que la subtilité du rapport entre l’omission qui est effectuée et l’effet qui est souhaité est fine et impalpable et qu’elle vise, plutôt que l’irruption d’un incident ponctuel, une corruption générale de l’essence dont les manifestations cumulatives seront certaines et sûres, mais reportées à une éventualité indéterminée.» — Plérôme.
[devoir]«Le concept du devoir est la clef qui mène à l’élucidation de la nature de la moralité, car il spécifie les conditions qui gouvernent l’appréhension de la finalité morale, quant aux situations réelles qui feraient l’objet de l’action déontologique qui en procède, de sorte qu’être selon les principes de la moralité, pour le sujet moral, c’est savoir agir et/ou s’abstenir d’agir selon le devoir, tel qu’il apparaît à l’esprit informé et à la conscience droite de l’agent moral; et que ne pas être selon les mêmes motifs, c’est préférer agir et/ou s’abstenir d’agir à l’encontre du devoir, tel que l’imagination pure de l’agent moral se le représente: si l’action, même la plus subtile, inscrit l’agent moral à l’intérieur du mouvement de l’histoire, en tant qu’il est la cause de l’action qui en altère les circonstances, les situations et les événements, et si par conséquent, elle le conduit à se définir selon l’évidence de sa conduite, l’omission ou l’abstention d’agir, puisqu’il représente un état négatif, n’est saisissable et critiquable qu’en raison de la conclusion juste et vraie de la nécessité qui existe pour l’agent moral d’agir dans telle ou telle situation, mais à laquelle il se soustrait, tout en ayant la possibilité ainsi que la lucidité d’effectuer un choix contraire, en espérant, souvent par intérêt, mais aussi en réponse à des motivations personnelles que n’éclaire pas une sagesse consommée, que se produisent des effets indésirables et prévisibles, consécutivement à ce refus et à cette inaction, et sur lesquels il aurait un pouvoir réel d’en empêcher ou d’en apporter la réalisation, advenant qu’il assumât sa responsabilité et qu’il se conformât à son devoir.» — Plérôme.
[devoir]«Si la liberté, c’est faire ce que l’on doit faire et l’absence de la liberté, d’y être obligé, le problème devient alors de savoir quel est le devoir dont on doit désirer vouloir l’accomplissement et de pouvoir légitimer celui qui est imposé à autrui, comme illustrant un désir qui, s’il est justifié, est étranger à ses dispositions naturelles ou inconnu à sa conscience morale dûment développée.» — Plérôme.
[Dieu]«Pourquoi serait-il si inconcevable que ce Dieu créateur, qui a inspiré aux hommes et même à certains animaux, de sacrifier leur vie afin d’assurer, par amour pour eux, la protection et le bien-être de l’existence de leur descendance et de leurs proches, refuserait d’apporter lui-même un témoignage semblable, mais o! combien plus sublime, de Son amour infini pour le peuple qu’Il s’est choisi, lorsque leur état de grâce spirituel, la situation sociale qui était la leur et la conjoncture historique qui leur était imposée le requirent et alors qu’aucune autre solution n’aurait suffi à leur assurer le salut et la protection qui leur avaient été promis.» — Plérôme.
[duplicité]«L’art de la trahison, de la duplicité, de la fourberie et de la perfidie est peut-être le plus subtil, le plus difficile et le plus risqué à cultiver en politique, en raison de la sincérité et de la loyauté qu’il permet d’espérer — et, regrettablement hélas !, parfois faussement —, de la part de ses plus habiles praticiens: voilà pourquoi, lorsqu’il est amené au plus haut point de sa consommation et que son succès est assuré, ses bénéfices sont si généreux et abondants, en raison de la complexité des intrigues qui sont menées et la finesse des subterfuges qui sont employés, voire qu’ils dégagent toujours le parfum malodorant de leur corruption.» — Plérôme.
[duplicité]«Le malheur de Tartuffe, c’était, non pas de mépriser ouvertement la foi qu’il affichait et qu’il professait avec ostentation, mais de vouloir à tout prix faire croire en sa sincérité et en sa bonne foi alors qu’il était lui-même le premier conscient du mensonge et de la tromperie que son attitude entraînait; car, en agissant ainsi, il admettait que son existence même reposait sur l’habileté à cultiver l’artifice d’une foi inébranlable, à l’intérieur d’une société et d’une culture où, au XVIIième siècle, la foi religieuse était devenue un acquis incontestable, alors que pourtant chacun sait que même le croyant le plus sincère et résolu est exposé au risque du doute intérieur et subjectif qui le porte à remettre complètement en question sa foi, tels que saint Pierre et sainte Jeanne d’Arc l’ont démontré à des époques différentes.» — Plérôme.
[économie]«L’axiome fondamental du capitalisme pur peut se résumer ainsi: le maximum d’un rendement concret pour un minimum d’investissement réel, de sorte que plus l’investissement en biens et en efforts est petit en vue d’obtenir un rendement élevé, et que plus le profit est grand, sans que le bénéficiaire n’ait eu à fournir un effort appréciable pour le réaliser, plus le capitalisme peut estimer avoir réussi à faire l’actualisation de son principe: la question devient alors de savoir quelle moralité est susceptible de cautionner cette disparité entre le fruit de ses efforts et l’importance objective du labeur qui le produit ainsi que du moyen utilisé afin de le réaliser.» — Plérôme.
[éducation]«L’éducation n’a d’autre choix que celui de s’en référer à la raison ancestrale de l’humanité — entendue comme étant l’ensemble des formes, idéelles ou réelles, ayant un jour influé, et pour certaines influant toujours, sur l’opération de l’esprit, de manière à conditionner son activité et ses accomplissements —, afin d’en prendre conscience, d’en identifier l’essence et et d’en comprendre adéquatement et complètement la nature: car si l’éducation se conçoit comme étant exclusivement le véhicule de cette raison, elle doit savoir précisément en quoi consiste la matière intellectuelle dont elle est le moyen de la propagation afin d’en apprécier les principes, les effets et les conséquences; et si elle se pensait comme en étant le dépassement, lorsque ces fins archétypes sont la garantie nécessaire et effective de sa perpétuation, et qu’elle illustre la créativité et les perfections qui en assurent la réalisation, elle doit alors savoir quelle est la substance dont elle a réussi à repousser les limites, afin de s’assurer qu’elle se soit effectivement montrée à la hauteur de ses idéalisations, de ses aspirations et de ses prétentions, autrement elle ne servira au mieux qu’à continuer sous d’autres apparences un même mouvement, profondément incrusté dans sa fibre morale, et au pire qu’à en déroger graduellement et progressivement, à l’insu de ceux-là même dont le devoir consiste à assurer cette continuation, et ainsi de reproduire, sous des apparences incomplètes et fallacieuses, des formes déjà réalisées et établies.» — Plérôme.
[éducation]«La tentation de tout éducateur, et de tout intervenant psychosocial en général, c’est de succomber à un narcissisme égocentrique et de vouloir rendre l’élève identique à soi; or, le vrai rôle de l’éducateur, c’est de mettre l’élève en présence de l’idéal-type que lui présente la culture, comme réalisant au plus haut point les valeurs et les idées qu’elle a fait siennes au cours de son histoire comme étant nécessaires à son existence, à sa permanence, à sa diffusion et à sa co-existence avec les autres cultures, les considérant comme étant les plus élevées possibles et les plus aptes à inspirer l’excellence des consciences et des actions de ses membres, et de permettre à celui-ci de découvrir les moyens d’articuler les ressources, les aptitudes et les aspirations qui sont les siennes autour de l’idéal collectif qui lui est ainsi proposé par la tradition et les pressions sociales qui la promeuvent; et si l’éducateur peut lui-même servir de modèle à son élève, c’est uniquement parce qu’il aura accompli une identification à l’idéal-type culturel et que se sera opérée en lui la transformation de sa personnalité, par laquelle se sera effectuée une sublimation du soi, en vertu de l’inspiration que représente pour lui la représentation qu’il s’est formée du modèle idéal et de l’intériorisation qu’il a pu en réaliser en sa propre vie, afin de conditionner et d’orienter pour le mieux sa conduite et ses actions, autant professionnelles que personnelles.» — Plérôme.
[égalitarisme]«Sauf à constituer une stratégie en vue du recrutement politique, en lequel cas il est seulement la façade d’une position idéologique différente et peut-être plus fondamentale, l’égalitarisme à outrance, dont le propre est d’exiger l’aplanissement de toutes les distinctions, est une forme d’indifférentisme politique qui ne saurait réussir, puisqu’il nie les différences qui se fondent sur une gradation des qualités réelles, objectivement identifiables et reconnues, et qu’il se refuserait à lui-même les moyens qui lui permettraient de découvrir les individualités susceptibles d’assurer la sauvegarde de la valeur réelle qui en dynamise la pensée: sinon la vie de l’ensemble, du moins la vie d’un ensemble.» — Plérôme.
[épistémologie]«La conscience s’imagine parfois que le seul univers qui n’existât est celui que l’intelligence construit à son intention et qu’elle lui raconte; mais lorsque survient, grâce à la culture, une révélation et une narration qui présentent une nouvelle interprétation des idées que spontanément l’esprit s’est formées, la tendance profonde sera, non pas d’accepter cette nouvelle représentation du monde, mais de conserver celle qui existe déjà et d’interpréter les informations proposées, conformément aux formes et aux catégories préalablement acquises et établies et dont l’intelligence ne veut déborder ni les cadres, ni les horizons, ni les conséquences existentielles, ni parfois même les contraintes: telle est la source d’un conservatisme étroit, pour lequel toute forme de progrès menace le statu quo intellectuel d’une conception qui définit la perfection uniquement en fonction de ce qui existe actuellement, sans pouvoir se représenter ce qui sera, sauf à travers les mouvements inéluctables d’une histoire qui ne saurait omettre d’intégrer la loi universelle du mouvement à la direction qu’elle prendra, ou même qu’une autre manière fondamentale d’exister serait concevable, sans trahir l’essence réelle et fondamentale, soit de la création, soit de la nature des êtres vivants et particulièrement celle de l’humanité.» — Plérôme.
[esprit]«Tels sont ceux pour qui la transcendance de l’âme s’oppose au sentiment et cherche à exercer la plénitude de son état, en l’absence complète de toute émotion; tels sont ceux encore pour qui la véritable transcendance du cœur inclut le sentiment, se compose de lui, comme il se construit sur celui-ci, pour le surpasser et le dépasser à l’intérieur d’une spiritualité dont la supériorité de sa nature, de sa valeur, de son idéal et de son action s’expriment en harmonie avec lui.» — Plérôme.
[existence]«Il est combien plus aisé, et donc plus propre à satisfaire aux dispositions de l’homme, à faire preuve d’inertie ontologique, de faire reposer sa prétention à la durée de son existence et à la qualité de sa vie sur des considérations accessoires et superficielles plutôt que sur des valeurs essentielles et profondes, en vue de connaître et de mettre en œuvre les véritables clefs qui assureront l’acquisition de la plénitude et l’excellence de la vie, principalement en raison de la facilité avec laquelle s’exerce la faculté de l’imagination dont l’inclination est d’errer à sa guise, plutôt qu’en vertu d’une association de sa puissance idéelle et prospective avec celle la raison, par laquelle celle-ci lui fournirait l’orientation d’une finalité matérielle et un encadrement formel afin de la réaliser: car si l’imagination sait proposer à la conscience une multiplicité de possibilités diverses, aptes à définir cette finalité, et si l’effectivité de leur poursuite émane pour l’essentiel de l’état de la vie et de l’énergie de son expression, qu’un effort à les extérioriser rend évidents et manifestes, leur disparité et leur variété, en même temps que leur complémentarité plus ou moins grande, leur possibilité d’actualisation plus ou moins élevée ainsi que les propositions et les hypothèses souvent contradictoires et parfois contraires qui les caractérisent, exigent qu’un tri se produise afin de déterminer lesquelles parmi celles-là s’avèrent justes, probantes et appropriées à la nature effective de l’agent comme à la particularité de la conjoncture physique, ce qui est là un affaire de la perception et de l’intelligence de l’essentiel, à la fois quant à la bonté et la désirabilité de la fin visée et à la pertinence ainsi que la valeur des moyens utilisés pour l’atteindre; sauf à percevoir l’essentiel spontanément, cette entreprise de séparer le bon grain de l’ivraie requiert un effort qui tiendrait d’une seconde nature de la conscience pratique qui s’astreint à acquérir la compétence requise à produire cet effet ou, tout au moins, en utilisant les ressources de la raison, celui de concevoir et de communiquer quelle est leur nature et d’effectuer adéquatement cette distinction matérielle.» — Plérôme.
[fatalité]«Devant la fatalité, cinq questions, intimement liées, sont aptes à être soulevées: la question morale, qui consiste à savoir si le sujet moral, dûment informé par une conscience éclairée, a fait tout ce qui était en sa possibilité afin d’en infléchir le cours; la question métaphysique, qui s’interroge sur l’essence qui la révèle à l’esprit ainsi que sur les principes qui la constituent afin de lui procurer une effectivité et une inéluctabilité; la question scientifique qui en considère les manifestations et évalue sous quelles conditions elles se produisent, afin de connaître quelles sont les actions aptes à s’y opposer fructueusement, voire incomplètement, et en détourner les effets délétères comme les inconvénients déplaisants; la question juridique, qui tentera de comprendre quelle part de la liberté humaine est présente dans son actualisation et de déterminer la nature et le degré de la responsabilité qu’il incomberait d’attribuer à un agent dont le libre arbitre aurait sciemment participé à la cause et au maintien de son entéléchie; et la question religieuse, qui envisagera quelle serait la part du surnaturel, présente dans sa production ainsi que les moyens spirituels, aptes à être utilisés et qui sont susceptibles d’éloigner les effets délétères de son incidence.» — Plérôme.
[féminisme]«D’un point de vue spirituel, ancré dans la nature archétype et atavique de l’homme, la sexualité, lorsqu’elle se rapporte uniquement à la passion du couple et ne renvoie aucunement, ni implicitement, à la valeur transcendante et salvatrice de l’amour, fondée dans la nature et dans l’essence d’un Dieu suprême, et dont l’expression prend le plus souvent la forme d’un usage indistinct, passager et non-exclusif, l’orgie des bacchanales et des lupercales en étant l’exemple superlatif dans l’Antiquité, est en réalité, d’un point de vue occulte, le sacrement du féminisme, dont l’idée n’est elle-même que le reliquat d’une époque éloignée dans l’histoire de l’humanité où prévalait la conception que l’être infini de Dieu ne se représentait que sous l’apparence de la femme dont celle-ci était, dans la sublimité de son être et de sa personne, l’incarnation privilégiée.» — Plérôme.
[féminisme]«L’erreur majeure du féminisme, qui en réalité est triple, s’est manifestée dès que cette idéologie est apparue au cours des années ‘70, c’est d’avoir réclamé l’instauration de la liberté et de l’égalité, sans insister sur celle de la justice qui les lui procureraient et en supposant que seule la femme était habilitée à conduire de telles revendications: c’était agir comme s’il n’existait aucun lien ontologique et organique entre les deux genres, comme si la servitude, l’inégalité et l’iniquité étaient inexistants pour les hommes et comme s’il appartenait à ceux-ci seulement d’assumer la responsabilité de l’apparition et du maintien de ces états non juridiques à l’intérieur de la société: or, c’est une vérité métaphysique profonde que la justice appartient à tous, indépendamment du sexe, de sorte qu’en revendiquant son instauration uniquement pour des consœurs, le féminisme se rendait ab initio imputable du même tort qu’elle attribuait à l’homme, à savoir celui d’être fondamentalement sexiste, en même temps qu’il consacrait une aliénation entre les genres dont la connaissance de la raison d’être pouvait éclairer une intelligence des causes qui la perpétuent et qu’il se coupait d’alliés de précieux dans cette lutte pour l’acquisition d’un état de civilisation et de perfection morale auquel le genre humain aspire depuis des temps immémoriaux.» — Plérôme.
[féminisme]«Le féminisme radical consiste à substituer, à l’échelle collective, les désirs et les idéaux de la femme aux valeurs et aux préceptes qui procèdent de ceux de l’homme, qui pourtant se sont auparavant montrés prépondérants à inspirer le cours de l’histoire, en invoquant la trahison de l’humanité et la décadence morale qui auraient découlé de la présence de ces principes, entièrement identifiés à la nature de l’esprit masculin et la singularité de la mentalité virile: or, alors qu’auparavant les aspirations de la femme se fondaient en les idéaux de l’homme, afin de réaliser ce qui devenait un projet culturel rassembleur, il arrivera maintenant qu’un clivage en viendra à s’installer entre les deux genres de l’humanité, ainsi que les ordres de finalité sociologique qui les caractérisent, et à créer l’éventualité d’une division essentielle à l’intérieur de la pensée collective, dont les effets, s’ils se laissent deviner par l’histoire de la relation entre les deux sexes — la culture du mystère de la femme, née de la fascination en l’homme pour la puissance spirituelle et génésique particulière de celle-ci, ayant toujours présagé, sauf dans les sociétés d’Amazones, de la volonté de l’homme à faire valoir sa virilité à l’intérieur comme au-delà des frontières de sa contrée —, prendront une ampleur inimaginable en raison de la profondeur de la dichotomie qui se laisse appréhender, dès lors que s’exacerberait la culmination historique qui pourrait en résulter, et qui et qui décuplerait la rivalité entre les sexes ,afin de satisfaire aux exigences respectives de chaque genre à l’endroit de l’autre, sans égard pour une vision d’ensemble, ni pour le principe de la complémentarité des genres fondamentaux de l’humanité.» — Plérôme.
[foi]«Quel dommage lorsqu’une espérance que le sujet entretient, maintient et éprouve pour lui-même n’a d’autre solution que celle de s’exprimer au détriment de la légitimité de celle de son semblable: or, seule une espérance qui se fonde sur une foi universelle peut espérer rallier l’ensemble des consciences aux principes et aux fins qu’elle propose, mais encore est-il nécessaire qu’elles aient la certitude que la conviction qui fonde leur l’action soit à la fois profondément et entièrement vraie et qu’elle soit adoptée sincèrement par les esprits qui la professent et par les cœurs qui vivent selon ses préceptes.» — Plérôme.
[foi]«S’ils sont bien malheureux, ceux qui trouvent à ne croire en rien, ils le sont bien plus encore ceux qui ne trouvent aucunement à croire en la doctrine qu’ils ont reçu pour de leurs pères et en laquelle ils professent de croire.» — Plérôme.
[guerre]«Ne comprend-on pas qu’à l’origine de toutes les luttes, où les forces en présence visent à une destruction mutuelle et réciproque, il existe une lutte fondamentale que l’on se complaît à désigner comme la «guerre des sexes» et qui repose sur une accumulation d’injustices et de haines mutuelles, que les âges subséquents produisent, en ajoutant aux précédentes celles qu’ils génèrent eux-mêmes, et que le souvenir transporte en la mémoire qui révèle la subtilité de son intimité spirituelle et que perpétuent les actions qui en émanent et qui fondent leurs directions sur son contenu, pour ainsi ouvrir sur un exutoire qu’emprunte la volonté, en désirant compenser ces iniquités et assouvir ces sentiments: la justice n’a d’autre but que corriger les injustices qui naissent, de donner satisfaction au sentiment de leur présence et de formuler les conditions par lesquelles ils peut réaliser cette finalité double et complémentaire, en devenant pleinement conscient de l’importance et de la valeur du lien organique, mutuellement fortifiant et réciproquement «parachevant» de l’homme et de la femme, tel qu’il se manifeste dans le couple harmonieusement apparié.» — Plérôme.
[guerre]«Puisque la guerre n’est nulle autre chose que la légitimation du mal, en vue du bien supérieur que l’on allègue servir en la poursuivant, toute tentative d’importer ses formes et ses stratégies à l’intérieur d’une collectivité particulière, sous la forme d’une lutte des classes, des genres, des âges, des croyances, des doctrines, des origines, des ethnies, des cultures ou des races, ne comportera en réalité pour conclusion que l’omniprésence du mal, occultée par la diversité des visages sous lesquels on peut le reconnaître, sans égard des frontières politiques, sociologiques et/ou anthropologiques qui sont dessinés par les géographes ou observés par les scientifiques sociaux, et conduira à celle de la nécessité morale d’en extirper la présence, au nom du bien véritable par lequel l’on souhaiterait le remplacer et qui ne laissera aucun doute quant à la pureté et à l’authenticité de l’essence qui caractérise la bonté de sa nature.» — Plérôme.
[histoire]«Sachant, en raison d’un contact assidu, sérieux et pondéré avec l’histoire: primo, que chaque moment du futur, même le plus éloigné, repose en puissance dans la matière du passé même le plus lointain, pourvu que des actions ponctuelles et judicieuses en transformeront, de proche en proche, ses potentialités et ses virtualités en réalités accessibles à l’expérience; et secundo, que le seul cours possible que puisse en définitive prendre l’histoire, afin qu’elle réalise la continuité qui en caractérise la réalité temporelle, non pas sans soubresauts, ni reculs cependant, se produirait dans un sens optimal, c’est-à-dire dans la direction du bien, la seule valeur transcendante qui soit apte à constituer un rempart contre le nihilisme, procédant fatalement de l’exacerbation du mal; un bon gouvernement sera celui qui manifestera la perspicacité de percevoir et d’apprécier les virtualités du présent en vue de promouvoir les issues les plus bénéfiques et les plus valables qui soient et de concevoir quels seraient les approches adéquates et les moyens effectivement utiles à en assurer l’avènement et à transformer les circonstances et les situations de l’actualité immédiate en possibilités qui sont ouvertes sur l’avenir, en faisant reposer cette disposition collective sur la capacité morale, créatrice et industrieuse, de l’humanité.» — Plérôme.
[honneur]«La réputation d’autrui, constituée par un tiers dans l’opinion publique, répond aussi à une règle d’exception diffamante, lorsque l’on s’intéresse peu à la personne réelle de son semblable et que l’on apporte peu de soin à comprendre et à justifier quels seraient ses mobiles profonds, lorsque cela est possible, pour en lieu de produire cette propension à la perspicacité spirituelle et cet effort de l’accomplir, lui substituer une codification et une réglementation sociales, en imposant à ses semblables une adhésion formelle à des mesures qui sont aussi arbitraires qu’elles ne sont capricieuses, changeantes et superficielles.» — Plérôme.
[idée]«Serait-ce que l’on étudie dans les livres, les idées absolues et transcendantes du beau, du bien et du vrai, surtout parce que l’on ne saurait en trouver des exemplaires suffisamment accomplis à l’intérieur de la réalité historique ou que ceux qui existent ne savent inspirer suffisamment pour qu’ils servent de modèles adéquats ? Ou serait-ce plutôt qu’elles sont le fondement moral subjectif de la valeur spirituelle de l’homme et le critère objectif contre lequel apprécier l’essence de son inspiration, la qualité de son action et l’excellence de sa réalisation individuelle et de son accomplissement culturel.» — Plérôme.
[idée]«Tels sont ceux qui détruisent les modèles et les exemplaires du Beau, spontanément réalisés, mais indépendamment de leur volonté propre, pour vouloir imposer en lieu leur conception individuelle du beau, ainsi que les modèles et les exemples qui seraient censés la représenter adéquatement à la conscience collective.» — Plérôme.
[idée]«Y a-t-il plus inconséquent, pour ne pas dire absurde, que l’action d’éradiquer une idée, en invoquant le nom même de l’Idée que cette action nierait, en actualisant ce projet insensé, et de pervertir une perfection, en s’en référant au nom même de la Perfection qui constituerait le fondement de sa possibilité et de sa réalisation.» — Plérôme.
[injustice]«S’abstenir de condamner moralement l’auteur d’une injustice, peut-être par prudence, ou peut-être simplement au nom de la précarité morale inhérente à la nature humaine, et qui fut entretenue à l’intérieur de l’humanité par-delà les âges, suite à la généralisation du vice et de l’iniquité qui caractérise son histoire, mais plus encore en raison de la vulnérabilité naturelle de la plupart des individus aux pressions excessives qui prédisposeront même les volontés les plus tenaces à succomber aux excès contraires qui en atténueront éventuellement les effets désagréables, y compris la souffrance qui en résulte pour ceux qui les éprouvent, ce n’est ni excuser l’injustice, ni omettre de travailler avec résolution et conscience à en réparer les conséquences malheureuses ou à en prévenir les incidences futures.» — Plérôme.
[intelligence]«Ce n’est pas tant l’absence ou la présence de la bonté ou de la malice qui font problème, lorsqu’il s’agit d’effectuer une adjudication morale, relative à un événement marquant, car rien n’est plus facile que reconnaître subjectivement la bonté et réprouver la malice lorsque ceux-ci se manifestent, en raison d’une expérience millénaire et du développement, à l’intérieur de celle-ci, d’une conscience éthique et judiciaire qui, en réfléchissant sur les principes et sur les fondements de son exercice, a produit des critères intellectuels aptes à en décrire la mesure, la qualité et le degré effectives de son actualisation; c’est qu’il existerait alors la présomption d’une congruence entre l’attitude morale de l’individu agissant, fondée sur une intention claire et consciente, et le genre de l’action qui en procède, qu’un examen des conduites et de ses œuvres permettrait d’estimer à sa juste valeur; le problème juridique surgit plutôt lorsque l’inintelligence, l’ignorance ou l’indifférence morales sont susceptibles de résulter en une action aux effets délétères, dont l’esprit critique ne saurait prétendre qu’ils seraient légitimement imputables à l’agent, en raison d’une déficience dans la capacité morale de celui qui en témoigne et auquel elle est attribuable: car comment attribuer une responsabilité morale à l’individu qui serait au départ incapable de l’assumer, vues son incapacité et son impuissance à comprendre quels sont les fondements et les enjeux de son action ainsi que son impréparation à savoir en reconnaître la qualité morale, peut-être en raison de la perplexité que suscite en lui la complexité d’une conjoncture physico-sociale anomique et qui l’empêche de décider adéquatement de la conduite idéale à tenir et de la hiérarchie des valeurs qui doivent la gouverner et dont la conscience est requise afin de la réaliser.» — Plérôme.
[intelligence]«Comme pour tout phénomène de l’esprit, et indépendamment de ses expressions particulières, le noologue doit rechercher et s’interroger sur les causes de l’inconscience afin de connaître quelles seraient les avenues possibles qui permettraient de combler le vide laissé par sa présence et de procurer à celui qui en est momentanément dépourvu, ou de redonner encore à celui-ci, l’intelligence qui accompagne l’apparition et l’approfondissement d’un état d’illumination de l’esprit, conformément au degré et à la qualité de son actualisation.» — Plérôme.
[intelligence]«On ne peut certes pas penser au-delà de son horizon intellectuel et moral, qui constitue une limite naturelle à l’exercice des facultés associées à l’opération de ces champs, sauf à choisir délibérément de le rétrécir, mais on peut seulement espérer que ce terme soit le plus vaste, le plus profond, le plus étendu et le plus infini possible, afin de ne pas assujettir son semblable, ou se trouver dans la position malencontreuse de le faire, à une conception qui risquerait de diminuer et de réduire ce qui pourrait s’avérer représenter une vision grandiose et complète sur la réalité, susceptible en plus de bénéficier grandement à ses congénères, si jamais ceux-ci y étaient exposés à ses idées et à leurs possibilités.» — Plérôme.
[intelligence]«Tels sont ceux qui n’ont cesse de vouloir observer, mais qui ne parviennent jamais à voir; tels sont ceux qui n’ont cesse de chercher à écouter, mais qui ne réussissent jamais à entendre et à comprendre.» — Plérôme.
[intérêt]«À l’intérieur d’une conjoncture où la puissance morale ne subit aucune entrave et où la liberté individuelle est susceptible de s’exprimer pleinement, l’intérêt exclusif, qui en vient à considérer l’oubli de soi et la reconnaissance adéquate d’autrui comme étant une négation de sa propre disposition essentielle devient, en principe, le plus grand obstacle qui puisse se présenter à la contribution honnête et intégrale de ses actions auprès d’une population, ainsi que des individus qui la composent, lesquels seraient dans l’expectative légitime de la recevoir: le problème est cependant de parvenir à établir, à l’intérieur de la société, un règne de la justice et du désintéressement, purement vertueux et sain, qui établit ces états moraux et les conserve intégralement.» — Plérôme.
[intérêt]«Aucune idée, aucune théorie, si sublimes, si profondes et si justes fussent-elles, n’échappera au danger de leur corruption par des interprétations, des emplois et des usages qui en diminuent la pureté de l’intention et la portée de l’effet, résultant de l’intérêt égocentrique, particulier et partiel, qui se trouverait compromis à travers elles, un intérêt dont la défense et le maintien sont jugés avoir acquis une priorité sur la reconnaissance désintéressée de la vérité et de son importance cruciale pour le salut universel.» — Plérôme.
[intérêt]«L’intérêt, hélas!, est le plus grand ennemi de la vérité, puisqu’il s’oppose instinctivement aux principes véridiques qu’elle énonce, lorsqu’ils sont aptes à porter préjudice à l’habitus défectueux et à l’élan vital qui en font la promotion.» — Plérôme.
[justice]«Mieux vaut la poursuite humble, honorable et discrète, de la justice que l’action intrépide, éclatante et glorieuse, mais inéquitable et déshonorante.» — Plérôme.
[liberté]«C’est sûrement un paradoxe, et non des moindres par ses implications morales et sociales, qui veuille que ceux-là mêmes qui défendent l’importance de respecter leur droit à la liberté, l’exerceront souvent, contre toute attente, au détriment de la liberté de leurs semblables: or, il n’est rien de plus illégitime que la liberté qui, étant revendiquée par soi, refuserait de reconnaître celle de ses semblables, sans aucune justification que ses propres désirs, et a fortiori si elle tendait à ainsi s’exercer d’une manière constante et générale, sans qu’aucun droit objectif et valable ne cautionne cette restriction.» — Plérôme.
[liberté]«Désirer la liberté, c’est désirer la liberté d’être et non pas celle de refuser cet acte fondamental de la vie.» — Plérôme.
[liberté]«L’idée de la liberté sans l’intelligence, qui évoque la possibilité illimitée d’agir que posséderait la conscience, sans nécessité de l’orienter en lui fournissant une direction adéquate et idéale, est une conception aussi absurde que l’intelligence sans la liberté, qui suggérerait la possibilité de parvenir à une compréhension parfaite de la réalité, sans posséder celle d’agir, conformément aux lumières qu’elle accorde à la conscience de réaliser.» — Plérôme.
[liberté]«Qu’est-ce que la liberté, si le sujet moral fait reposer sur les épaules de ses semblables, entièrement et continuellement, la responsabilité et jusqu’à la possibilité, de pouvoir la réaliser en soi et pour soi ?» — Plérôme.
[mal]«Il n’est jamais trop tard pour bien faire, ou encore pour tenter de rattraper et de réparer les conséquences nuisibles et déplorables qui pourraient avoir résulté des actions mauvaises ou irréfléchies qui auraient pu, voire par mégarde mais aussi peut-être intentionnellement, avoir été commises par le passé.» — Plérôme.
[moralité]«Afin de définir ce qu’est l’immoralité, il importe toujours de se reporter à un concept de la moralité dont elle constitue une déviation, en raison de la forme qu’elle choisit de revêtir; par contre, l’amoralité dénie toute existence à un tel concept: la conséquence sera que l’immoralité, afin d’assurer la pérennité de ceux qui adoptent ses préceptes, masquera son action sous le voile de la décence et ainsi se donnera bonne conscience; alors que l’amoralité, ne croyant en aucun critère qui puisse réclamer contre elle et définir une position qui puisse en dénier la légitimité, ne se donne aucune peine de camoufler son action; et s’il arrivait nonobstant que celle-ci se donnât l’apparence de constituer un bienfait, ou encore si l’action qui en procède réalisait toutefois un acte de bienveillance, l’on accorderait à ces éventualités de n’être que le produit aléatoire des actions qui sont susceptibles d’être réalisées, en raison de la myriade des possibilités qui se découvrent dans l’esprit de l’agent moral et qui sont issues de son libre arbitre, tantôt d’être appréciées comme étant morales par certains sujets moraux et tantôt d’être considérés autrement par d’autres.» — Plérôme.
[moralité]«Ce qu’avait vu Spinoza, lorsqu’il énonça son principe de la tendance de chacun à persister en son état [Éthique, Les sentiments, proposition VI], c’est que rien n’est plus difficile, pour un éducateur, que d’amener un sujet moral à quitter une habitude morale défectueuse pour une disposition qui serait meilleure, en vertu justement de la tendance à l’inertie morale qui est le propre de chacun; cela présente un défi d’autant plus difficile à relever que l’urgence d’un changement s’imposerait, en raison des conséquences négatives susceptibles de résulter du maintien d’un statu quo personnel, dont la médiocrité morale qui le caractérise résulte en la privation pour autrui des bienfaits provenant d’une action bonne et positive et, encore plus encore, lorsque la conception idéologique fondamentale qui prévaut à l’intérieur du milieu social protégerait, au nom du principe de la liberté que possède chaque individu de disposer de soi comme il l’entend, un état de stagnation morale que l’individu en viendrait à concevoir comme étant un habitus inattaquable et son expression, un droit acquis.» — Plérôme.
[moralité]«La sincérité est le fondement subjectif de la moralité, comme l’authenticité en est le critère objectif.» — Plérôme.
[moralité]«Le défaut de la suffisance morale, c’est de s’imaginer, à tort, que le présent actualise déjà la forme parfaite du futur et que l’expérience historique contemporaine a déjà réalisé toutes les possibilités de la perfection spirituelle contenues en l’âme humaine: à défaut de pouvoir effectivement se représenter une telle chose, qui pourrait paraître inconcevable dès lors que l’on réfléchit à cette tentative, c’est faire comme si on pouvait se l’imaginer, pour reporter sur un objet extérieur à soi — un produit de la technologie, par exemple — l’accomplissement que l’on n’envisage pas pour soi et qui, en définitive, ne peut résider que dans l’être et la réalisation de la nature humaine.» — Plérôme.
[moralité]«Lorsqu’il s’agit d’adjuger sur la valeur des dispositions morales particulières, le problème consiste à identifier le critère déterminant au nom duquel la conscience juge que telle disposition est meilleure qu’une autre et de justifier cette décision, en se fondant sur une autorité qui transcende les considérations partisanes, liées aux intérêts individuels ainsi qu’à une loyauté aveugle, fondée sur un principe inéquitable.» — Plérôme.
[moralité]«Nombreux sont-ils à sacrifier, hélas !, le plaisir du Bien qu’ils ont la possibilité d’accomplir au bien du plaisir dont ils espèrent jouir.» — Plérôme.
[moralité]«Tels sont ceux pour qui la moralité ne vaut réellement que si elle sert de caution à leur manière particulière d’en interpréter les fondements, les principes, les finalités et les manières de la réaliser, sans référence à une conception morale qui est universelle et en même temps susceptible de dépasser les limites de son propre entendement, tout en incluant et en préconisant intégralement la part de la vérité susceptible d’être révélée et défendue par les conceptions individuelles.» — Plérôme.
[opinion]«En certains cas, le sujet moral pourrait passer sa vie à désirer persuader son semblable de sa valeur propre, mais sans jamais y parvenir, puisque le critère d’excellence qui est cultivé implicitement et sérieusement en soi, si valable fût-il, risque de ne jamais se montrer à la hauteur de celui que celui-ci considère comme étant éminemment digne d’éclairer ses jugements sur la qualité réelle son semblable et, par conséquent, de savoir mériter sa reconnaissance.» — Plérôme.
[pauvreté]«La pauvreté est l’état d’indigence qui sépare la disposition sincère et réelle à faire preuve de générosité et la possibilité de se voir imputer la lésinerie, en raison d’une impossibilité avérée, pour le sujet moral, à témoigner de la magnimité qui l’habite.» — Plérôme.
[perfection]«Le malheur moral de l’histoire moderne récente réside dans la dissociation de la beauté et de la bonté, pour se contenter du plaisir que fournissent aux sens les formes esthétiques «pures», plutôt que désirer et vouloir le bonheur que procurent la poursuite et la réalisation de l’idéal moral, dont l’actualité de sa résolution se trouve dans l’accomplissement de la perfection: puisque celle-ci représente une valeur infinie et que sa plénitude entière comporte une finalité indéterminée, c’est-à-dire sans la possibilité d’une fin actuelle, sauf pour ce qui est de sa manifestation de plus en plus élevée, l’idéal de la perfection constitue une possibilité transcendantale, dont les horizons et les confins se situent à l’échelle de l’éternité et de l’illimité; d’où le rapport direct et nécessaire qu’entretient la notion de la perfection avec celle la liberté, dont la plénitude tient aussi d’un idéal infini pour lequel l’assouvissement exclusif dans les sens serait le plus grand des leurres; car seule la liberté qui est associée à la moralité, et qui se fonde sur elle, c’est-à-dire sur un sens de la bonté dont l’accomplissement complet est la seule direction et la seule fin qui sont dignes d’elle, peut prétendre à une légitimité réelle, laquelle ne saurait nier les sens sans aliéner les êtres naturels auxquels ils appartiennent, mais ne saurait non plus se nier elle-même pour se constituer l’esclave de ceux-ci en conditionnant le choix de ses priorités sur les penchants et sur les conditions qui sont l’évidence de leur influence prépondérante.» — Plérôme.
[philosophie]Une phénoménologie est certes valable et infiniment précieuse, lorsqu’elle contribue à la compréhension du pouvoir combinatoire et transformateur des unités significatives et discrètes qu’elle s’intéresse à considérer, mais elle est une discipline incomplète lorsque ni leur étiologie ni la raison fondamentale de leur origine, comme de leur finalité ou de leur existence même, qui fait alors intervenir la liberté, la volonté et la puissance créatrice d’une conscience ultime, poématique et active, ne méritent le regard de son esprit et la compréhension de son intelligence, pour voir en ces considérations métaphysiques les principes fondamentaux d’une intuition adéquate de la réalité et de sa constitution intentionnelle.» — Plérôme.
[philosophie]«À la triade Sartre-Freud-Heidegger du XXième siècle correspond, au siècle précédent, celle de Marx-Darwin-Nietzsche.» — Plérôme.
[philosophie]«Comme son nom le suggère, la philosophie est la discipline qui recherche l’accession totale à la Sophia et qui aspire à se laisser infuser par son esprit inspirateur et salutaire dans l’erre du temps, à savoir sous la forme de l’expression manifeste de l’être qui en représente l’essence, c’est-à-dire la sagesse aussi compréhensive qu’elle est profonde et pratique, en ce temps historique présent, et pour tous les temps de l’histoire, passés et à venir, en ce moment culturel de l’esprit et pour tous les moments culturels de l’esprit, quelque soit le lieu de leur actualisation; la religion, par ailleurs, est la profession de la foi en la Sophia, dont la transcendance de l’Être sublime et éternel s’illustre dans le temps et manifeste sa présence à l’intérieur d’une culture, ainsi que par l’entremise d’une personne inspirée, homme ou femme, conformément à la spécificité de leur genre et de leur individualité propre, dont l’intimité avec Dieu est indéniable pour ses fidèles, ainsi que pour tout esprit impartial et accompli, et peut revendiquer le droit d’inspirer et de mobiliser absolument et sans réserve la conscience de ceux qui reçoivent ses enseignements et sont initiés à ses principes par l’inspiration ou par la révélation.» — Plérôme.
[philosophie]«L’esprit risque d’épuiser ses énergies vitales à vouloir combler le vide que laisse le non-être qui se donne l’apparence de l’être, en entretenant sans cesse l’illusion et le mensonge qui lui permettent de se situer continuellement à l’intérieur d’une ambiguïté confuse: cette tactique lui donne la possibilité à la fois de ne pas répondre à l’idée de sa substance (celle d’être une vacuité ontologique perpétuelle) — ce qui, s’il en était autrement, serait trahir son inclination à la déception —, et de se montrer adéquat à sa nature (qui consiste à être un déni permanent de son accomplissement) — ce qui, s’il en était autrement, serait nier sa vérité —; or, toutes ces négativités révèlent en quoi le non-être dérive pour l’essentiel de l’être puisqu’il en est l’altérité existentielle radicale — cela ne sachant être autrement puisque le premier et le seul objet de la conscience est l’être alors que le non-être se conçoit uniquement comme une altération ou une réduction de la plénitude ontologique de celui-ci, jusqu’à son annihilation complète, telle que représentée par le néant, un terme négatif — .» — Plérôme.
[philosophie]«La phénoménologie stricte et radicale en vient à considérer les unités significatives discrètes (les événements, les situations, les représentations, les narrations, les discours, les évocations et les souvenirs) comme autant d’unités qui sont constitutives de la réalité et s’intéresse à l’impression que laisse dans l’esprit cette expérience globale ainsi qu’à la dynamique combinatoire — des éléments entre eux comme du rapport de l’esprit à la réalité — qui préside à cette action totalisante: si elle ne nie pas que la naissance de ces unités puisse recevoir une explication causale, elle ne s’intéresse guère à cette élaboration, pour ne voir en leur conjoncture que l’apparence d’un fait accompli et le simulacre d’une accumulation de données existentielles, auxquels il est refusé la faculté et le pouvoir de ne pas être et encore moins de ne pas avoir été; or, voilà quelle est la limitation profonde et essentielle de cette orientation, car en fin de compte, elle existe en vase clos et elle n’alloue aucunement pour le pouvoir créateur des consciences, susceptibles de faire naître des unités originales, significatives et discrètes, par l’exercice de la liberté du sujet moral et par un effort de la volonté de l’acteur social et politique, de manière à transformer le cours ou le mouvement que prend la réalité totale à partir d’un commencement qui est certes perceptible et qui s’insère à l’intérieur de la chaîne des causalités, mais non pas de manière aléatoire, automatique ou inexplicable; car le commencement et sa possibilité incontestable procèdent de la loi fondamentale de l’univers et tous les déterminismes qui en découlent et qui en procèdent sont les expressions d’un mouvement qui est inscrit à l’intérieur même de l’acte originel et créateur et ils peuvent être, soit empêchés, soit encouragés par un autre acte créateur dont la qualité et la consistance rencontrent celle de tous les autres actes originaux, soit qu’ils en transforment la qualité esthétique et matérielle, soit qu’ils la détruisent en partie ou en totalité.
[philosophie]«La distinction entre le savoir et la connaissance est cruciale en philosophie; car si le savoir est implicite à l’action immédiate et la connaissance à la communication qui sert de médiation à ce genre d’action, que ladite communication prenne la forme d’un échange privé et informel, comme il s’en produit entre des amis, ou d’un discours public et rationnel, organisé et théorique, tel qu’il s’en présente entre des collègues, ou entre un enseignant et un apprenant, ou encore entre un spécialiste ou un orateur et son public, la confusion de ces deux concepts risque de faire passer l’objet de la connaissance pour l’aptitude à le réaliser effectivement, sauf à comprendre qu’il n’est nul besoin pour le même individu de discourir sur un thème, tel que la sagesse, la conscience ou l’intelligence, et d’acquérir au plan pratique la compétence qui est le gage de cette illustration effective.» — Plérôme.
[philosophie]«La philosophie souffre d’un complexe approprié à la dimension abstraite de son activité: se trouvant dans l’obligation de défendre sa raison d’être, devant un monde intellectuel qui est orienté principalement vers une considération de la phusis, dont la compréhension est réduite à l’expression de la matière et que caractérise un souci de la distinction qui repose sur la quantification et sur la précision numérique qui rejoint jusqu’à l’infinitésimal, elle dont l’objet est le pensable, le concevable en général ainsi que les idées théoriques qui sont susceptibles d’en émaner, et dont l’outil de la progression et de la diffusion repose sur la proposition et l’usage adéquat du concept, la philosophie donc aspire à réaliser un même niveau d’exactitude scientifique que les disciplines physiques, puisqu’elles sont valorisées par une société moins portée sur l’idée, puisqu’elle favorise la connaissance sensible, et pour cette raisons plus préoccupée par la matière qu’elle ne l’est et croit parfois avoir atteint cet objectif, en se leurrant de pouvoir systématiser formellement, en les quantifiant, ses appréciations subjectives, d’une manière aussi précise que les disciplines qui font l’objet de son émulation, en voyant en cette prétendue réalisation, l’expression d’une perfection consommée plutôt que d’un rêve stérile et d’une illusion plaisante, négatrice et compensatoire de la décadence spirituelle effective en laquelle elle s’est incrustée.» — Plérôme.
[philosophie]«Les principes fondamentaux paraissent être tellement simples dans leur contenu et évidents dans leur énonciation que, tout en reconnaissant spontanément leur importance et leur valeur, lorsqu’ils occupent l’horizon de l’esprit et, grâce à la connaissance acquise ou retrouvée, reviennent d’un long sommeil dans lequel ils étaient plongés, la conscience oublie trop souvent d’en explorer toutes les ramifications et d’en exacerber toutes les possibilités; elle préfère plutôt partir à la découverte de principes secondaires et accessoires, qui ne sauraient porter atteinte à leur validité certes — car, puisqu’ils sont vrais, ils ne sauraient entrer en contradiction avec ce qui participe également de la vérité — mais qui ne réussiront jamais à égaler, et encore moins les dépasser, la plénitude, la compréhension, la nécessité, le caractère originel et la primauté qui en révèlent la pérennité substantielle, malgré la relégation que l’on en fait, en les négligeant, aux confins de la conscience humaine.» — Plérôme.
[philosophie]«Malheureuse philosophie que celle qui, en se créant des problèmes accessoires et secondaires, tout en se les représentant comme soulevant des questions essentielles, en vient à noyer le poisson de la vérité et ainsi détourner l’esprit des véritables enjeux de l’existence et des questions fondamentales susceptibles d’être posées, afin de susciter une réponse au mystère de sa réalité: pourtant, il n’existe aucun problème réel qui, si susceptible fût-il en apparence, dès que le penseur s’évertue à en étudier les axiomes et les fondements profonds, ne serait pas susceptible d’être réorienté vers la considération de l’essence puisque le même esprit qui est porté à s’associer avec l’erreur, ou qui encore tenterait d’en éviter l’examen, est celui qui, en principe, en vertu de sa constitution spirituelle, intellectuelle et naturelle, est aussi éminemment capable d’épouser la vérité.» — Plérôme.
[politique]«Au plan de la politique pragmatique et vénale, il semblerait souvent que la conception et l’expression de toute vérité soit considérée louable, pourvu qu’elle ne fût ni désavantageuse à son action, ni n’exige de soi le courage d’un effort personnel qui incite à secouer l’inertie des schémas d’une pensée intéressée et d’un comportement établi, que souvent d’ailleurs l’on justifie superficiellement au nom de vérités sublimes et incontestables, ou prétendues telles, et qui serait susceptible surtout d’apporter, même éventuellement pour le mieux, en vertu de ces mêmes vérités adéquatement réalisées, une transformation dans le paysage social, culturel et naturel.» — Plérôme.
[politique]«Le fascisme, qui se présente sous trois aspects majeurs, naît de la méconnaissance, comme du refus du mouvement éternel de la perfection qui se résout dans l’Absolu, avec pour effet d’instaurer un élément d’immobilité à l’intérieur de l’élan d’une progression ultime et continue de l’essence, dont la pureté de la nature et de l’entéléchie est en principe inaltérable, et de la dichotomie naturelle qui s’installe entre la personne qui incarne une doctrine et la matière de cette doctrine, sur laquelle porte, en ces deux instances, la faculté judiciaire (quant à la justesse de cette application) et critique (quant à la validité de ce contenu) de l’esprit: soit qu’il élève un culte absolu à une personne et à son existence remarquable, en raison de ses réalisations et de ses exploits, sans égard pour les motifs doctrinaux de son action (c’est le cas de chefs héroïques ou légendaires, tels Attila, Shaka, Cyrus, Agamemnon, Périclès, Napoléon, Gengis Khan ou Timour Lang); soit qu’il tienne pour suprême la matière d’une doctrine, sans égard pour la qualité de la personne qui la professe ou pour les actions ou les réalisations qui sont les siennes, lesquelles sont estimées être accessoires à ses idées (c’est le cas des doctrinaires comme Marx et Nietzsche, pour ne nommer que ceux-là, et en général tous les penseurs, dont le génie reste à être dépassé et dont les principes et les thèses sont adoptés par leurs partisans indéfectibles comme étant issus de maîtres à penser uniques et absolus); soit qu’il honore l’un et l’autre, la personne et la doctrine, sans égard pour l’imperfection de ses œuvres ou de ses idées, mais simplement en ne pouvant concevoir et imaginer de personnes plus dignes de réaliser l’histoire ou de doctrines pratiques, meilleures et plus empreintes de génie, qui soient aptes à inspirer les consciences individuelles (c’est le cas notamment de chefs totalitaires, tels que Hitler, Mussolini ou Staline).» — Plérôme.
[politique]«Pour un nationalisme étroit, dont l’essence est de ne rien concevoir d’éminemment valable qui ne soit situé au-delà de la compréhension qu’il autorise d’avoir de son horizon culturel, telle société n’est jamais véritablement estimable qui ne satisfasse aux formes établies — celles de ses adeptes, de ses partisans, de ses défenseurs et de ses sympathisants — , issues de la réalité culturelle qui sert de référence à son identification collective: c’est ce raisonnement implicite, qui préside à la réduction au folklore pittoresque de la culture ou des cultures allogènes à l’intérieur de la sphère d’influence et de domination de la culture prioritaire, qui constitue pour ses affidés la manifestation la plus élevée possible de l’être individuel et collectif auquel leurs membres participent et qui sert de raison d’être fondamentale et essentielle à leur existence sociale.» — Plérôme.
[politique]«Tels sont ceux qui, pour ne pas se soumettre à la passion et au caprice de son semblable, seraient prêts plutôt à requérir sa soumission à leurs propres mobiles passionnels et à leurs propres intérêts capricieux.» — Plérôme.
[psychosexualité]«Si, en général, la dignité de l’homme s’illustre lorsqu’il témoigne au plus haut point de la vertu du courage, la dignité de la femme se révèle, étant conforme à sa singularité naturelle, en témoignant du courage de la vertu; et là où l’homme et la femme se rencontrent sur le terrain commun de la vertu et du courage, l’homme devient l’objet d’une admiration pour la femme, en exemplifiant le courage, et la femme une source d’inspiration pour l’homme, en illustrant la vertu, étant spontanément devenus l’un pour l’autre, malgré leur distinction et en raison de celle-ci, le phare d’une espérance et d’une émulation.» — Plérôme.
[raison]«La première attitude épistémologique qu’adopte l’enfant, lorsqu’il est situé devant l’inconnu, que personnifie une autorité qui exige de lui qu’il se plie à une consigne qui n’est pas spontanément voulue par lui, mais dont l’importance réelle apparaîtra, avec une compréhension de plus en plus adéquate des raisons et des motifs qui inspirent ses desseins, s’exprime par le refus systématique dont la force s’atténuera et se dissipera peut-être avec cette intelligence: par ailleurs, certains conserveront cette attitude négative tout leur vie d’adulte, comme un instinct irréfléchi devant tout ce qui exigerait d’eux un effort de compréhension et d’adaptation, qui paraîtrait n’avoir aucun égard pour une conception personnelle qui en saisirait les limites et les incomplétudes, et poursuivront cette voie de la négation jusque devant une vision qui demanderait d’eux qu’ils s’engagent en toute lucidité à réaliser un surpassement d’eux-mêmes, apte éventuellement à réaliser les conditions par lesquelles ils pourraient espérer atteindre à l’absolu, avec l’effort de la persévérance et de la constance et la puissance de la bonté et de la mansuétude que requiert cette finalité.» — Plérôme.
[réalité]«Une des vérités les plus simples à comprendre, tellement son énoncé paraît évident, et qui pourtant est souvent la plus vite oubliée, c’est que l’ensemble de la réalité s’inscrit sur un continuum temporel qui est perpétuellement en mouvement, de sorte que rien n’existe aujourd’hui qui ne soit attribuable, sous une forme ou une autre, à ce qui était hier; que cette forme, soit procéda d’une autre forme sous l’effet d’une activité créatrice, soit qu’elle exista à l’état naturel de celle qu’elle est actuellement, en subissant les vicissitudes des lois physiques qui à influer sur le cours de son existence; et que, s’il existe une action créatrice qui soit apte à agir sur un élément de la réalité pour la transformer, en lui donnant un aspect novateur et original, grâce au génie qui la commande, elle s’exerce sur un objet qui existait préalablement afin de réaliser l’efficace de son action; de sorte que tout ce dont chacun dispose est dû, en partie du moins, lorsque son propre effort n’a pas été nécessaire afin de peupler l’univers des choses utiles qui l’entourent, ou des objets simplement admirables, à une action qui ne relève pas de sa volonté et qui, par conséquent, n’est pas de son ressort, à une action qui émane de volontés distinctes de la sienne ou encore à une action générale et originelle qui échappe à la puissance créatrice du règne des êtres animés et vivants, un état qui soulève, par conséquent, la question de l’existence et de la présence d’une Cause première: d’où il résulte alors que chacun est susceptible d’éprouver de la reconnaissance à l’égard des existences distinctes en vertu desquelles la sienne propre se trouve enrichie par des possibilités qui participent à la poursuite de son entéléchie vitale et de sa destinée propre; et la première chose dont chacun dispose et pour laquelle aucun sujet moral ne saurait revendiquer de mérite particulier, pour ce qui est de son actualisation première, c’est sa propre vie dont la production et la croissance, surtout aux premiers temps de son existence, dépendirent entièrement de volontés qui la précédèrent dans le temps et qui furent responsables de sa naissance et de son développement, jusqu’à ce point de son existence où elle put s’assumer entièrement elle-même, ce qui explique la reconnaissance sans partage que chacun est passible d’exprimer à l’égard de ceux, homme et femme, à qui elle doit son existence.» — Plérôme.
[reconnaissance]«Tels sont ceux qui s’imaginent que l’entéléchie, inscrite à même la nature des choses — le mouvement spontané qui, étant inhérent à l’essence d’une chose, dicte le caractère de son aboutissement et de son accomplissement — , s’est manifestée le jour où ils en ont découvert la présence et qu’auparavant, avant qu’ils ne participent à son déroulement, tout se produisait uniquement de manière aléatoire, comme si l’ordre de la réalité obéissait à un désir secret d’être compris par eux, et par eux seulement et qu’il prenait son essor réel, grâce à la nouvelle intelligence qu’ils en acquéraient: cette observation ne vise pas à nier l’importance de leur contribution, le cas échéant, lorsqu’ils participent à cet achèvement, en autant que cet effort ne nie pas, ou refuse de reconnaître adéquatement, la participation et la contribution de ses semblables au même mouvement; car, si le travailleur de la onzième heure est susceptible de recevoir une compensation, identique à celle que toucheront ses compagnons, qui œuvrent au chantier depuis beaucoup plus tôt dans la journée, il n’a pas à refuser de leur accorder la reconnaissance légitime qui leur est dûe.» — Plérôme.
[sacrifice]«L’illusion individualiste consiste à croire que, même lorsque l’action individuelle requiert et nécessite une conjonction heureuse et constante des actions individuelles de ses semblables, se concertant intentionnellement pour aboutir et collaborant à la réalisation d’un but commun afin d’atteindre au succès de cette initiative, chacun serait l’unique responsable du dénouement espéré, puisqu’il serait en définitive la cause efficiente et finale de cette réussite; mais en contrepartie, lorsque l’action commune se solde par un échec, chacun peut se sentir justifié à faire reposer sur les épaules d’autrui la raison de cet insuccès; et si, par malheur, tous s’entendent et font d’un particulier l’unique responsable de la déception que tous les collaborateurs éprouvent devant le revers essuyé, voilà réunies toutes les conditions pour que le malheureux devienne le bouc émissaire, qu’ensemble l’on charge d’expier la honte de la mésaventure collective.» — Plérôme.
[sagesse]«La sagesse transforme le savoir de l’individu en une action qui réalise le meilleur bien possible, en répondant adéquatement aux conditions des circonstances qui encadrent et président à cette réalisation et en suscitant l’appréciation d’une conscience spirituelle élevée, inspirée par une notion complète du Bien suprême .» — Plérôme.
[sagesse]«Le principe ultime de la validation philosophique résulte de la conviction que «la sagesse prévaudra»: mais puisque le terme de l’éventualité préconisée est indéfini, quand bien même la certitude subjective existe qu’il se vérifiera, et que le moment où la sagesse trouvera son accomplissement l’est tout autant, rien n’assure que la forme de la sagesse qui est exprimée et illustrée au moment actuel, ou encore celle qui le fut antérieurement, à un moment spécifique de l’histoire qui l’a accueillie, recevront ponctuellement la reconnaissance qui leur revient présentement, c’est-à-dire en-deçà du jour heureux où ils seront effectivement estimés à leur juste valeur; l’implication corollaire sera que la raison énonce aujourd’hui de nombreux principes qui passent pour être sages, ou que l’on connaît de tels principes qui ont passé hier pour l’avoir été, et qui seront demain démentis ou rétrogradés à n’être que des affirmations au mieux intéressantes, en raison de leur rapport à l’histoire et au développement de la conscience spirituelle de l’humanité, et au pire creuses et sans substance réelle, lorsque l’on considère la sublimité de la vérité transcendante et légitime» — Plérôme.
[sagesse]«Plus l’expérience est singulière, plus elle singularise la personne, par les impressions qu’elle laisse dans la conscience; plus l’expérience est diverse, intense et éprouvante, plus elle conduit la personne de l’individu à se singulariser spécifiquement, dans le sens de la profondeur de l’intelligence et de la sagesse du jugement, lorsqu’existe en elle la disposition de l’âme et du caractère qui le porte à développer en lui-même ces qualités admirables et infiniment précieuses.» — Plérôme.
[science]«La philosophie devrait aussi peu craindre d’examiner le domaine de la subjectivité que la psychologie, si elle se confrontait à une définition de l’objectivité, car sans l’une, la réalité objective de la nature ou la dimension subjective de la conscience, l’autre ne saurait se réaliser et sans une appréhension adéquate de leur essence respective, nulle science, physique ou métaphysique, ne serait possible.» — Plérôme.
[sentiment]«La colère, par son désir implicite d’extérioriser et de communiquer un fort déplaisir, n’est réellement absurde que si l’intelligence qui est la productrice de la cause contre laquelle la personne se sentirait légitimée à s’élever, s’assimile à une matière inerte, dépourvue d’un esprit et d’une âme, incapable par conséquent de formuler et de réaliser un dessein ou d’éprouver et d’exprimer la vie d’une intériorité subjective, celle du sentiment éprouvé in foro interno.» — Plérôme.
[sentiment]«Lorsqu’un désir ne se réalise pas, soit qu’il n’était pas apte à se réaliser, étant du ressort, pour que cela se produise, d’une volonté qui est une autre que la sienne, laquelle a peut-être omis de contribuer à cette action ou peut-être encore y a-t-il mis obstacle, soit qu’il n’a pu, pour lui donner une réalité, se recruter les volontés qui auraient été les premières à bénéficier de sa réalisation, en raison de l’insuffisance en elles, soit de l’élévation de l’idéal qui en inspire l’actualisation, soit des énergies dynamiques dont la contribution était essentielle à celle-ci.» — Plérôme.
[sentiment]«Si la raison permet de découvrir les solutions les plus propices à la résolution des problèmes qu’elle est susceptible de rencontrer, pour en stimuler et en motiver l’exercice, le sentiment quant à lui, lui sert de guide et de censeur, en raison des réactions émotives qui découlent de l’anticipation dans l’imagination des effets éventuels susceptibles de résulter de leur application et elles l’enjoignent à utiliser des moyens adéquats de parvenir à ses fins, c’est-à-dire de procédés qui ne transformeront la nature des choses et des individus qu’en vertu du plus grand bien qu’il est possible d’entrevoir pour ces objets, un bienfait qui ne passera jamais par une aliénation de leur nature profonde et du bien inhérent que celle-ci représente pour ceux qui en font l’expérience.» — Plérôme.
[sentiment]«Tel est celui qui sombre dans la mer de son indifférentisme, se débattant avec frénésie contre les forces qui l’entraînent vers l’issue fatale, mais qui néanmoins demeure insensible à la perche qui lui est tendue, pour l’en tirer et ainsi préserver une existence dont la valeur transcendante est sans prix.» — Plérôme.
[société]«À l’intérieur d’une société arriviste, il est malvenu de ne point l’être, de ne point désirer le devenir, ou de ne point l’être devenu.» — Plérôme.
[société]«Elle est en effet déficiente et incomplète cette société en laquelle l’individu ne possède aucune valeur en soi, mais importe seulement en tant que celui-ci comporterait éventuellement une utilisé particulière pour elle, en raison uniquement de la contribution qu’il serait susceptible d’apporter à son maintien et à son insertion dans la durée, sans que la collectivité ne se sente nullement engagée en contrepartie, ni à réaliser son bien-être, autrement que sous la forme requise afin qu’elle continuât à en tirer quelque profit de son existence, ni à l’exprimer la reconnaissance qui lui serait dûe, si elle considérait adéquatement son engagement et sa contribution à la légitimité de son état: une telle société serait en réalité esclavagiste, sans qu’elle n’en reçoive explicitement la caractérisation ni qu’elle n’en assume formellement l’attribut, mais en se défendant plutôt de mériter une appellation aussi terrible, et ne saurait procéder que du rapport qui se fonde sur l’ascendant, la domination sur son semblable et la dévalorisation de l’altérité étrangère, plutôt que sur l’amitié, la bienveillance et la coopération.» — Plérôme.
[société]«La corruption sociale se reconnaît à l’instauration des conditions qui, à l’échelle de la société, freinent le mouvement de la perfection qui est immanent à la croissance et à la maturation des possibilités inhérentes à la collectivité, telles qu’elles sont inscrites à même sa nature, durant les premiers moments de l’existence de l’ensemble social, et telle qu’elles se trouvent enrichies par l’apport et la contribution, aussi excellents qu’ils sont créatifs, que font à sas constitution les générations subséquentes, ainsi que les individus qui s’ajouteront à elles, grâce à leur action salutaire, qu’elle se produise au plan ontogénique ou qu’elle concerne la dimension phylogénique.» — Plérôme.
[société]«Lorsque règnent l’individualité et la concurrence à outrance, l’amitié comme l’amour, dont l’expression privilégiée s’accomplit par et avec la coopération sociale, sont les premières valeurs, les états primordiaux et les principaux atouts sociaux à être sacrifiés, malgré qu’ils soient essentiels à la perpétuation et à la durée continue de la société, sous la forme la plus excellente qu’elle était destinée réaliser.» — Plérôme.
[sottise]«O! bienheureuse et béatifique inconscience, qui prétend commettre tous les impairs comme s’adonner à toutes les négligences et néanmoins plaider l’ignorance devant les effets délétères, pour ne pas dire désastreux, qui résulteront de ces égarements et de ces omissions, tout en revendiquant les plus grands égards, ainsi que le droit incontestable d’être et de vivre sur un même pied parmi ceux pour qui la conscience aigüe des enjeux existentiels fut toujours présente à leur esprit ou a été acquise péniblement, suite à maintes expériences pénibles et éprouvantes !» — Plérôme.
[subjectivisme]«Le malheur du subjectivisme radical, auquel l’histoire de la pensée a donné le nom de solipsisme, consiste en ce que le sujet moral s’imagine être le seul à vivre la qualité et l’intensité d’une intériorité et ne songe même pas que son semblable puisse vivre une expérience intérieure analogue, devant des circonstances similaires, en vertu d’une nature humaine commune à laquelle tous sont aptes à participer, conformément cependant aux conditions que lui impose la constitution de son individualité propre.» — Plérôme.
[théologie]«La faute originelle, qui le cas échéant représente toujours la commission d’une injustice, se manifeste comme étant l’angle aveugle, le point mort de la conduite de la vie, le défaut de la conscience par lequel se produisent, sans que l’esprit ne les anticipe ou même se doute de leurs éventualité, ces événements de la vie auxquels participent les individus et qui apparaissent à la conscience comme représentant une fatalité inéluctable, dont la personne pressent qu’elle aurait pu les éviter et parer à leurs effets contrariants, si elle avait pu exercer au plus haut point la faculté de sa liberté, sans toutefois y parvenir complètement et effectivement.» — Plérôme.
[thérapie]«Il importe de savoir exprimer ses contradictions, le cas échéant, et pouvoir compter sur la mansuétude et sur l’empathie de ses semblables, pourvu qu’elles ne soient ni délétères, ni nocives, ni outrageantes, car autrement comment peut-on espérer les assumer et les surmonter: la psychothérapie sert souvent de scène à une telle assomption, et compenser par cette positivité la négativité qui se produit ordinairement dans la société en général, tout comme le théâtre peut servir d’évocation, apte à produire la catharsis salutaire qui accompagne la réalisation de la dissonance, à entraîner la réconciliation bienfaisante, à l’intérieur de la conscience, des oppositions intimes et des tensions qui résultent de schémas sociaux contradictoires et, par conséquent, à retrouver une harmonie et une paix de l’âme qui se sont par conséquent évanouies ?» — Plérôme.
[valeur]«L’or est à l’oligarchie ploutocratique, qui est une méritocratie de la raison calculatrice et de la compétence commerciale, ce que le sang est à la monarchie aristocratique, qui est une hiérarchie du cœur, de la vertu de la pureté de l’âme, de la lucidité de l’esprit et de la valeur personnelle, fondée sur l’honneur et l’authenticité des personnes.» — Plérôme.
[vérité]«Lorsqu’une collectivité tient officiellement ou implicitement pour évidente une vérité, elle met tout en œuvre afin d’éteindre, ou à tout le moins neutraliser, l’expression des propositions qui sont contraires, lorsqu’elles contrecarrent, comme les idées reçues, leur revendication du droit à l’existence, qu’aucune opinion divergente, et peut-être même antagoniste, ne saurait être autorisé à remettre en question: or, lorsque l’on tient pour ne comporter aucune signification ou conséquence effective pour les actions, les vues sur la réalité qui sont susceptibles d’être adoptées par les consciences particulières, la coexistence en parallèle d’idées qui, après analyse et considération, s’avèrent être incompatibles, peut s’avérer un modus vivendi tolérable, avec lequel l’on s’accommode tant bien que mal; mais lorsque l’on accorde aux idées de constituer un pouvoir de direction pour les actions et de mobilisation pour les consciences, on s’aperçoit vite que les conceptions opposées et contraires mènent inévitablement vers des situations conflictuelles, en vertu des intérêts existentiels qui par là sont susceptibles de se trouver compromis; or, en de telles circonstances, seule la vérité obtenue avec le désintéressement et le souci de reconnaître son essence dans toute la pureté de ses principes, malgré l’attrait que pourrait exercer la conservation de croyances héritées, mais fausses ou incomplètes, ainsi que les habitudes qu’un usage répété a dénuées de sens et privées de signification, devient le moyen d’une réconciliation entre des oppositions exacerbées, pourvu que les protagonistes fassent preuve en conscience d’une volonté inébranlable de surmonter les différences et qu’ils mettent en œuvre les moyens d’y parvenir, impartialement et en toute équité.» — Plérôme.
[vérité]«Tels sont ceux qui confondent les termes, ainsi que les significations auxquelles ils renvoient, et qui nomment délire ce qui est en réalité vérité, et vérité ce qui est en réalité délire.» — Plérôme.
[vertu]«Dans la lutte des volontés, qui cherchent à imposer un ascendant ethnique et culturel, autant à l’intérieur de leurs frontières que dans leurs relations avec les pays voisins, comme il s’en produit souvent dans l’histoire des peuples et de leurs chefs, la seule valeur qui est véritablement digne d’exprimer la supériorité des caractères et qu’il vaille la peine de propager et de défendre, non pas par orgueil, mais par nécessité, c’est la vertu: car c’est par cet état et cette qualité seulement que passe la possibilité de justifier la raison d’être d’un pays ou d’un empire, en tant qu’ils sont dignes d’occuper un territoire ou encore de faire rayonner leur influence sur d’autres cultures; de plus, elle est la seule valeur qui, lorsqu’elle est effectivement réalisée en ceux qu’elle inspire et qu’elle est employée à surmonter les défis qui lui sont présentés, ne saurait se nier elle-même, sans que pour cela elle nie en même temps l’essence et l’intégrité qui en légitiment la possibilité d’être tenue en estime par ceux qui vivent selon ses idéaux, ses principes et ses préceptes et d’être considérée, et même admirée, par ses détracteurs, en raison de la constance inébranlable et du courage indomptable avec laquelle elle choisit de se manifester et de s’exprimer.» — Plérôme.
[vertu]«La thèse républicaine de la vertu sociale, qui oppose au développement des vertus personnelles de l’honneur et de l’indulgence, en conformité à une manière d’être qui témoigne d’une adhésion et d’une participation complètes des moralités à la pureté de l’esprit du temps et à l’idéologie comme aux doctrines qui le révèlent, comporte comme carence de favoriser indirectement la présence, au plan individuel, d’une moralité douteuse et parfois répréhensible, pourvu que son expression ne soit pas ostentatoire, contrairement à l’honneur qui, en faisant la promotion de la disposition vertueuse en chacun, sans pour autant cautionner les attitudes d’autrui pouvant déroger au principe de l’excellence et de la moralité, exprime sa confiance en la possibilité pour chaque personne d’atteindre à une existence accomplie, en allouant pour les circonstances propices qui favoriseront l’acquisition d’une intelligence plus élevée des conditions intérieures de son actualisation; car si la thèse de la vertu sociale ne suppose ni n’encourage la recherche et l’accomplissement de la vertu morale, elle est loin de concevoir, et encore plus de clamer que celle-ci fût importante, voire primordiale, à l’existence sociale, ni proposer qu’il puisse exister entre elle et la vertu sociale une correspondance organique, nécessaire et complémentaire, qui ferait que l’on ne saurait espérer cultiver la présence de l’une, sans que l’on n’ait effectivement et suffisamment développé les possibilités de l’autre, sauf à exiger que l’authenticité de l’une s’accommodât à la facticité de l’autre.» — Plérôme.
[vice]«Au royaume du vice, l’oppression, qui limite outrageusement les libertés en vue de servir des fins particulières et accessoires, et la répression, qui contraint injustement les membres de la société, en raison d’une conception erronée ou incomplète du vice ou encore d’une appréciation inadéquate du caractère et des intentions des individus ciblés, passent par les atteintes intentionnelles et dirigées à l’honneur et à la vertu des particuliers.» — Plérôme.
[vice]«D’un point de vue moral, eu égard à l’intégrité et à la qualité de la fibre sociale ainsi qu’à la nécessité d’en protéger la vertu essentielle et substantielle, afin d’assurer pour elle qu’elle soit toujours le moyen de la plénitude et de l’excellence de la vie pour tous les membres de la culture et de la société qui la constituent, la calomnie et l’intrigue qui, parce qu’elles sont diffamantes et déshonorantes, ont pour but d’avilir et de porter préjudice à l’honneur, à l’innocence et à la pureté de la vertu des individus et à la bonté ainsi qu’à la sincérité de la raison sociale des groupes, peuvent être considérées comme étant une maladie vénérienne, lorsque leur action se réalise et perpétue son effet dans l’intimité des complices qui s’adonnent à cette pratique déplorable sur l’oreiller.» — Plérôme.
[vie]«Un agent ou une institution qui, au nom de la vie, agiraient sur la vie — et sur les sujets qui en sont les porteurs — pour en empêcher l’actualisation adéquate, conforme à ses virtualités les plus élevées et les plus bénéfiques, seraient indignes de revendiquer une reconnaissance effective de l’évidence de leur moralité et susceptibles d’être soupçonnés de défendre uniquement des intérêts particuliers qui réduiraient la compréhension du phénomène de la vie, que chacun est légitimé à désirer et à réaliser, à la conception partielle et incomplète qu’ils en possèdent.» — Plérôme.
[âme]«Plût-au-Ciel que l’âme, si intelligente et si vive fût-elle dans la perception qu’elle présente de la réalité — et cela d’autant plus que celle-ci est variée dans ses manifestations et complexe et dans ses intrications — , et si brillante et si créatrice fût-elle en raison de ses conjectures et des hypothèse rationnelles qu’elle entretient sur la nature de la constitution de cette réalité et sur les directions qu’elle serait susceptibles de prendre, plût-au-Ciel donc que cette âme puisse en même temps révéler une sagesse profonde, dans la compréhension du mystère qui est sous-jacent à l’ordre des choses ainsi qu’à la sensibilité profonde qui est intime à la vie et qui s’exprime éventuellement autant en son semblable qu’en soi-même, voire d’une manière distinctive et démontrant une gradation, lorsqu’ils sont comparés l’un à l’autre, dont le mérite et le propre insignes sont qu’elle représente la culmination toute expérience, ainsi qu’elle révèle la perfection, l’origine et l’aboutissement de toute chose.» — Plérôme.
[amitié]«Aucun sentiment n’est plus déchirant, ni aucune peine plus profonde, ni aucun chagrin plus intense, ni aucune impression plus désolante, ni aucun arrière-goût plus amer, que la conscience d’avoir été trahi par celui que l’on tenait, à tort ou à raison, pour être son ami le plus cher, le plus ardent et le plus sincère; l’épreuve sera d’autant plus grande et difficile à encaisser que la déception résultera de la déloyauté manifestée par plusieurs amis ou par des individus que l’on tenait pour être tels, souvent pour des raisons qui entourent le retournement de la fortune ou des choix qui, sans être en soi mauvais, pourraient s’avérer périlleux ou hasardeux.» — Plérôme.
[amitié]«L’amour réel et profond ne saurait témoigner d’un irrespect véritable et intentionnel bien sûr, puisqu’il puise à la communion bienfaisante et mutuelle de deux âmes qui, étant animées par le souci de réaliser le plus grand bien de l’autre, ne sauraient par conséquent ni sciemment se vouloir du tort ou se montrer blessantes l’une envers l’autre; mais, à ce qu’il semble parfois, nombreux sont-ils à mépriser l’amour qui leur est sincèrement porté et donc à ne pas estimer adéquatement ceux qui témoignent de ce sentiment à leur égard, mais qui néanmoins exigent que ceux-ci illustrent pour leur personne la plus chaleureuse des déférences, mais paradoxalement en illustrant un respect qui ne saurait jamais être suffisant, puisqu’il émane de particuliers dont ils ne sauraient de toute façon juger qu’ils sont réellement appréciables.» — Plérôme.
[amour]«Comme pour se justifier à lui-même, Thanatos fait à Éros l’édit péremptoire d’aimer: comme si Éros pouvait se nier en lui-même, en trahissant son essence même, sans cesser d’être lui-même; comme si Éros pouvait consentir à céder l’empire du monde à l’essence qui en nie l’actualité et vouloir, par conséquent, ce qui n’est que destruction et ténèbres, iniquité et souffrance.» — Plérôme.
[amour]«Comprendra-t-on enfin que l’amour vrai, profond, sincère et indéniable, est éternel et que, par conséquent, il est immuable, qu’il persiste en dépit des contingences et qu’il n’attend que l’occasion de s’extérioriser et de s’élever au-dessus de celles-ci afin d’exprimer son essence véritable, celle de manifester sa communion au Bien en illustrant sa vertu bienfaisante et en réalisant l’union naturelle avec la personne qui en suscite la virtualité la plus sublime.» — Plérôme.
[amour]«Le libertinage est la subversion sensible et physique de l’amour, dont l’expression serait, dans l’idéal, la manifestation et le reflet d’une croyance intime et implicite en l’absoluité ineffable, en la solidité inébranlable, en le caractère indestructible, en la mutualité complète, en la durée infinie et en l’universalité du sentiment incontestable, incomparable, réel et authentique, que vivent ensemble et complètement les amoureux.» — Plérôme.
[apparence]«L’apparence est le dernier bastion d’une existence qui cherche à se préserver, dans cette disposition qu’elle manifeste de vouloir se maintenir, lorsque la substance de l’être en vient à faire sérieusement défaut.» — Plérôme.
[apparence]«L’expérience du miroir nous a enseigné qu’il suffisait, pour modifier la perception qui est entretenue à notre égard, de simplement transformer son apparence: or, le changement de l’apparence est toujours un procédé superficiel alors que le véritable changement de la personne implique la métamorphose des formes intérieures de la pensée et du sentiment, voire même de la nature de l’individu qui les développent et les entretiennent, et elle ne saurait être complète que s’il intègre tous les événements de la vie ainsi que les influences qu’ils ont exercées sur son caractère fondamental, une étape qui ne saurait s’accomplir sans que ne se produise une anamnèse, une réminiscence qui sollicite autant le souvenir des expérience vécues que la réflexion sur l’intériorité morale, qui est à la fois l’entéléchie d’une âme, le produit des événements vécus et la manifestation de la liberté dans la participation active de la personne dans la production de cette actualité, conformément à la conscience de cette mutualité interactive ainsi qu’à un idéal individuel et social.» — Plérôme.
[art]«Qu’est-ce qui l’emporte en importance, en valeur et en mérite: l’œuvre qui exprime la beauté, l’artiste qui la réalise ou le modèle qui en incarne les qualités ?» — Plérôme.
[christianisme]«En aucune manière ne doit-on concevoir le christianisme comme étant une justification de l’injustice, comme certains penseurs le prétendront, tel que Nietzsche par exemple, lorsqu’il évoquera une prétendue lâcheté morale généralisée des fidèles, mais plutôt comme produisant, grâce à la doctrine spirituelle vraie et complète qui en émane et dont la pureté et le courage des cœurs des fidèles qui s’en inspirent deviennent le garant de sa possibilité et de son effectivité, la justice la plus élevée qui soit, lorsque son concept est compris dans le sens historique, métaphysique et épistémologique le plus adéquat du terme.» — Plérôme.
[communication]«Le général n’est jamais suffisamment précis et spécialisé pour l’esprit qui vit uniquement et pour l’essentiel au plan de l’expérience concrète et de la représentation particulière.» — Plérôme.
[communication]«On ne communique plus, on philosophe, on pontifie, on dicte et on décrète.» — Plérôme.
[communication]«Tels sont ceux pour qui il importe moins de savoir interpréter le propos d’autrui avec justesse et de comprendre quels en sont le sens profond et authentique qu’il renferme et la nature de son rapport effectif avec la réalité que de l’asservir à l’utilisation stratégique et intéressée qu’ils peuvent en réaliser, sans égard pour la déformation de l’intention et du dessein qui l’animent qui en résultera pour l’auteur et la fausse représentation que cela signifie du contenu théorique et intellectuel qu’il contient». — Plérôme.
[couple]«Ce qu’épousent, en s’épousant, l’homme et la femme, c’est l’intégralité de leur personne authentique bien sûr, mais c’est surtout l’idéal qu’ils portent en eux et qu’ils représentent l’un pour l’autre, de se montrer en définitive au service de la vie; pour l’homme de s’en constituer le véhicule en sa propre nature et de savoir inspirer en sa compagne le sentiment de l’espérance en la possibilité et en la résolution pour lui d’en réaliser l’expression la plus entière et la plus complète possible, avec la plénitude de son concours; pour la femme, de posséder l’imagination et la vertu, à la fois d’inspirer, par son engagement, la confiance en la validité de cet idéal, comme de sa compatibilité avec les plus hautes destinées de l’humanité ainsi que la créativité requise pour le réaliser et, par l’action que celle-ci fonde, l’insertion réelle et irréprochable de sa vie sur la trajectoire qui permettra qu’ensemble, ils parcourront, chacun avec les qualités et les capacités, propres à leur individualité, à l’accomplissement le plus élevé possible de cette finalité.» — Plérôme.
[courage]«Cela semble bien être le sort réservé à l’homme d’avoir toujours à prouver sa valeur, même lorsque n’existe aucune nécessité d’avoir à reproduire cette action, puisque s’étant déjà amplement illustré par le passé, et se montrant toujours disposé en ce sens, si le devoir le lui commandait, peut-être en compensant ainsi l’impréparation dont certains témoignent systématiquement sur une voie périlleuse dont ils craindraient les pièges et pour lesquels ils n’éprouvent pas la confiance de savoir échapper à l’imminence de leurs dangers.» — Plérôme.
[courage]«Une attitude morale incohérente consisterait, pour le sujet moral, à admirer et à honorer les héros et en général tous les particuliers, dont les actions illustrent une qualité de l’âme exemplaire dans l’accomplissement de leur devoir, et pourtant se contenter de réaliser le strict minimum et de présenter un effort simplement suffisant, afin de rencontrer les obligations et les expectatives que la conscience collective serait en droit d’entretenir à son égard, lorsque l’occasion survient d’accomplir un dépassement de soi analogue.» — Plérôme.
[crime]«Le crime est la condition inique et illégitime qui est imposée à la vie et la criminalité, la disposition à l’instaurer comme l’évidence de la production des effets qui la manifestent; ainsi, la gravité de l’action qui en révèle la présence augmente proportionnellement à l’importance que prend cette entrave, qui brime la réalisation de son élan et la manifestation de la bonté qui en procède pour tous ceux qui en sont les bénéficiaires, et à la conséquence de l’effet résultant, pour le milieu et les personnes qui la subissent, de sorte que la responsabilité qu’il revient à son auteur d’endosser devient d’autant plus entière qu’il était conscient des enjeux courus en les poursuivant et que son intention était incontestablement malveillante.» — Plérôme.
[critique]«C’est un paradoxe de l’attitude critique que, pour dénoncer l’effet perturbateur qui résulterait d’une situation qui est estimée inacceptable, en vertu de l’immoralité des raisons qui la produisent, les opposants doivent se placer intellectuellement sur le même pied moral que ceux qui en seraient à l’origine responsables, sans garantie que leur condescendance ne mènera jamais à son redressement: par contre, cette approche est celle qui est intime à la méthode du détective qui, afin de résoudre l’énigme d’un crime, utilise son imagination afin de se placer dans la peau du criminel et de raisonner comme lui.» — Plérôme.
[critique]«La critique véritable se fonde sur une connaissance qui est apte à justifier des positions objectives, prises en exerçant sa faculté du jugement; sous sa forme primitive, la censure quant à elle tend à juger des choses uniquement en se fondant sur la nature et la qualité du sentiment [le déplaisir, le dégoût, l’indignation, l’horreur, la haine, la colère, etc.] que celles-là éveillent en l’âme, sans référence à un principe qui pourrait, soit justifier la décision qui en procède, soit lui opposer une raison qui pourrait tempérer et atténuer l’émoi ainsi suscité et suggérer une valeur positive, au service de laquelle celui-ci pourrait se prêter.» — Plérôme.
[culture]«Le danger que court la culture, avec la prolifération des possibilités infinies que représente le monde virtuel de l’informatique et de la technologie élecrronique dans la vie spirituelle des membres de la société, c’est de créer une population qui, tout en étant experte à créer et à maintenir des liens affectifs profonds avec des avatars distants et désincarnés — l’adoption du terme montre lui-même à quel point ses usagers sont en rupture historique et morale avec la tradition qui le leur a transmis — , se montrerait inadéquate à entretenir des relations concrètes et significatives avec les particuliers sensibles et vivants qu’elle serait apte à croiser, à l’intérieur de la sociologie réelle des présences concrètes, avec les exigences morales qui entourent, en étant issues, son rapport physique immédiat avec celles-ci.» — Plérôme.
[culture]«Quant à une conception définitive et aboutie de la culture, le sauvage est celui dont l’isolement est le reflet de l’imperfection de son inculture relative alors que le barbare est celui qui, lorsqu’il entre en rapport avec son semblable, cherche à imposer à celui-ci la nature de la constitution et de la perception de la bonté qui existe en son esprit, de la valeur prépondérante de sa culture, malgré les insuffisances manifestes que révèle la production spirituelle et matérielle qu’il est apte à en réaliser, lorsque celle-ci se compare à celle d’autres cultures et qu’elle est évaluée en rapport avec une conception achevée et accomplie de la notion de culture: et lorsqu’ils se sentent compromis en leur manière d’être, ils trouveront à défendre, pour les uns, la possibilité de continuer à vivre dans leur incomplétude, sans égard pour la complétude culturelle des sociétés et des peuples voisins, et, pour les autres, de la propager en recourant à la violence et à l’iniquité de l’oppression et de la répression.» — Plérôme.
[destin]«Il existe un ordre de causes que l’on pourrait nommer conjoncturelles, dont la propriété est de combiner et de finaliser, en un ensemble cohérent, des éléments indépendants, distincts et disparates en vue d’un effet qui serait le produit uniquement, de cet arrangement intentionnel et délibéré, sans qu’autrement il ne procéderait d’aucun des éléments qui participent à sa dynamique particulière, s’ils étaient pris séparément, quoiqu’ils seraient aptes eux-mêmes à contribuer individuellement à de nouvelles séries de causes distinctes et se combiner avec d’autres éléments, en vue de réaliser des finalités alternatives et spécifiques: ce sont d’ailleurs ces formes de causes qui génèrent la plupart sinon tous les événements de l’existence, sur lesquels les volontés individuelles n’exercent aucun contrôle, ou seulement un contrôle partiel et limité, puisque ces occurrences ne sont jamais le fruit de causes isolées et prévisibles, sur lesquelles il aurait la possibilité d’agir et de les infléchir, au gré de ses désirs et des intentions de sa volonté, mais qu’elles sont toujours l’effet d’un concours de circonstances qui conduisent à la réalisation de l’effet observé: on nomme usuellement le complexe de ces causes le «hasard», lorsqu’il n’existe aucun agent identifiable dont la conscience puisse présumer qu’elle serait à l’origine de la combinaison efficiente, le «destin» ou la «Providence» lorsque l’agent dont on suppose qu’il en est l’instigateur est présumé exister, mais en dehors du monde physique, concret et sensible, du patient, pour conditionner soit en mal, pour celui-là, soit en bien, pour celle-ci, le cours de son existence, une «machination» lorsque la combinaison suppose une intentionnalité physique et matérielle qui serait activement impliquée à réaliser un effet prépondérant, dont l’issu préjudiciable apparaît au patient comme étant inéluctable, et une «conjuration» lorsque la machination dont il s’agit repose sur la collaboration librement consentie de complices intéressés, en vue de retirer un bénéfice appréciable de la nature et du caractère favorables du dénouement qu’ils anticipent et qu’ils recherchent, puisqu’ils l’ont suscité et donné forme et qu’ils y ont contribué activement et délibérément.» — Plérôme.
[destin]«La philosophie de l’histoire n’est-elle rien d’autre que la justification du fait accompli qui est issu de l’opposition des forces présentes en l’actualité, c’est-à-dire des événements qui illustrent l’impuissance de l’homme devant ce qui est convenu de nommer le cours inéluctable du destin ? Autrement dit, le concept de l’histoire et celui du destin sont-ils des synonymes ? Et les concepts de liberté et de moralité ne seraient-ils rien d’autre que des termes aptes à masquer à la conscience cette équivalence consensuelle et affligeante, qu’une nature humaine pleinement réalisée peine instinctivement et spontanément à admettre.» — Plérôme.
[destin]«Le destin peut être conçu comme étant l’issue — bonne ou mauvaise — qui se déclare, après que le sujet moral ait tout fait en son pouvoir, et qu’il ait utilisé au plus haut point ses talents et ses compétences, pour qu’en réalité elle fût apparue, étant bienfaisante, ou qu’elle fût toute autre, s’avérant mauvaise: dans le second cas, le sujet moral sait, après réflexion, que son opposition à la possibilité appréhendée était justifiée, si tant est qu’elle fût possible, tout en déplorant la tournure regrettable des événements, comme le fait accompli par lequel elle s’impose, et en réfléchissant sur leur signification dans l’ordre éternel des choses; mais lorsqu’elle est bonne, il peut alors se féliciter légitimement de ce que la conjoncture des événements aura eu la main haute sur son action et rendre grâce à Dieu de sa bonne fortune et de la possibilité reçue d’y avoir effectivement participé.» — Plérôme.
[devoir]«L’omission d’accomplir son devoir, qui prend souvent l’aspect de l’oubli ou du refus, devant l’accomplissement de l’un de ses aspects essentiels, peut constituer un manquement aussi grave par les conséquences qui en résultent que l’entorse positive au devoir, avec la production d’une action qui lui est contraire, tout en comportant l’avantage, pour le prévaricateur, d’être plus difficile à déceler par un observateur impartial, d’autant plus que la subtilité du rapport entre l’omission qui est effectuée et l’effet qui est souhaité est fine et impalpable et qu’elle vise, plutôt que l’irruption d’un incident ponctuel, une corruption générale de l’essence dont les manifestations cumulatives seront certaines et sûres, mais reportées à une éventualité indéterminée.» — Plérôme.
[devoir]«Le concept du devoir est la clef qui mène à l’élucidation de la nature de la moralité, car il spécifie les conditions qui gouvernent l’appréhension de la finalité morale, quant aux situations réelles qui feraient l’objet de l’action déontologique qui en procède, de sorte qu’être selon les principes de la moralité, pour le sujet moral, c’est savoir agir et/ou s’abstenir d’agir selon le devoir, tel qu’il apparaît à l’esprit informé et à la conscience droite de l’agent moral; et que ne pas être selon les mêmes motifs, c’est préférer agir et/ou s’abstenir d’agir à l’encontre du devoir, tel que l’imagination pure de l’agent moral se le représente: si l’action, même la plus subtile, inscrit l’agent moral à l’intérieur du mouvement de l’histoire, en tant qu’il est la cause de l’action qui en altère les circonstances, les situations et les événements, et si par conséquent, elle le conduit à se définir selon l’évidence de sa conduite, l’omission ou l’abstention d’agir, puisqu’il représente un état négatif, n’est saisissable et critiquable qu’en raison de la conclusion juste et vraie de la nécessité qui existe pour l’agent moral d’agir dans telle ou telle situation, mais à laquelle il se soustrait, tout en ayant la possibilité ainsi que la lucidité d’effectuer un choix contraire, en espérant, souvent par intérêt, mais aussi en réponse à des motivations personnelles que n’éclaire pas une sagesse consommée, que se produisent des effets indésirables et prévisibles, consécutivement à ce refus et à cette inaction, et sur lesquels il aurait un pouvoir réel d’en empêcher ou d’en apporter la réalisation, advenant qu’il assumât sa responsabilité et qu’il se conformât à son devoir.» — Plérôme.
[devoir]«Si la liberté, c’est faire ce que l’on doit faire et l’absence de la liberté, d’y être obligé, le problème devient alors de savoir quel est le devoir dont on doit désirer vouloir l’accomplissement et de pouvoir légitimer celui qui est imposé à autrui, comme illustrant un désir qui, s’il est justifié, est étranger à ses dispositions naturelles ou inconnu à sa conscience morale dûment développée.» — Plérôme.
[Dieu]«Pourquoi serait-il si inconcevable que ce Dieu créateur, qui a inspiré aux hommes et même à certains animaux, de sacrifier leur vie afin d’assurer, par amour pour eux, la protection et le bien-être de l’existence de leur descendance et de leurs proches, refuserait d’apporter lui-même un témoignage semblable, mais o! combien plus sublime, de Son amour infini pour le peuple qu’Il s’est choisi, lorsque leur état de grâce spirituel, la situation sociale qui était la leur et la conjoncture historique qui leur était imposée le requirent et alors qu’aucune autre solution n’aurait suffi à leur assurer le salut et la protection qui leur avaient été promis.» — Plérôme.
[duplicité]«L’art de la trahison, de la duplicité, de la fourberie et de la perfidie est peut-être le plus subtil, le plus difficile et le plus risqué à cultiver en politique, en raison de la sincérité et de la loyauté qu’il permet d’espérer — et, regrettablement hélas !, parfois faussement —, de la part de ses plus habiles praticiens: voilà pourquoi, lorsqu’il est amené au plus haut point de sa consommation et que son succès est assuré, ses bénéfices sont si généreux et abondants, en raison de la complexité des intrigues qui sont menées et la finesse des subterfuges qui sont employés, voire qu’ils dégagent toujours le parfum malodorant de leur corruption.» — Plérôme.
[duplicité]«Le malheur de Tartuffe, c’était, non pas de mépriser ouvertement la foi qu’il affichait et qu’il professait avec ostentation, mais de vouloir à tout prix faire croire en sa sincérité et en sa bonne foi alors qu’il était lui-même le premier conscient du mensonge et de la tromperie que son attitude entraînait; car, en agissant ainsi, il admettait que son existence même reposait sur l’habileté à cultiver l’artifice d’une foi inébranlable, à l’intérieur d’une société et d’une culture où, au XVIIième siècle, la foi religieuse était devenue un acquis incontestable, alors que pourtant chacun sait que même le croyant le plus sincère et résolu est exposé au risque du doute intérieur et subjectif qui le porte à remettre complètement en question sa foi, tels que saint Pierre et sainte Jeanne d’Arc l’ont démontré à des époques différentes.» — Plérôme.
[économie]«L’axiome fondamental du capitalisme pur peut se résumer ainsi: le maximum d’un rendement concret pour un minimum d’investissement réel, de sorte que plus l’investissement en biens et en efforts est petit en vue d’obtenir un rendement élevé, et que plus le profit est grand, sans que le bénéficiaire n’ait eu à fournir un effort appréciable pour le réaliser, plus le capitalisme peut estimer avoir réussi à faire l’actualisation de son principe: la question devient alors de savoir quelle moralité est susceptible de cautionner cette disparité entre le fruit de ses efforts et l’importance objective du labeur qui le produit ainsi que du moyen utilisé afin de le réaliser.» — Plérôme.
[éducation]«L’éducation n’a d’autre choix que celui de s’en référer à la raison ancestrale de l’humanité — entendue comme étant l’ensemble des formes, idéelles ou réelles, ayant un jour influé, et pour certaines influant toujours, sur l’opération de l’esprit, de manière à conditionner son activité et ses accomplissements —, afin d’en prendre conscience, d’en identifier l’essence et et d’en comprendre adéquatement et complètement la nature: car si l’éducation se conçoit comme étant exclusivement le véhicule de cette raison, elle doit savoir précisément en quoi consiste la matière intellectuelle dont elle est le moyen de la propagation afin d’en apprécier les principes, les effets et les conséquences; et si elle se pensait comme en étant le dépassement, lorsque ces fins archétypes sont la garantie nécessaire et effective de sa perpétuation, et qu’elle illustre la créativité et les perfections qui en assurent la réalisation, elle doit alors savoir quelle est la substance dont elle a réussi à repousser les limites, afin de s’assurer qu’elle se soit effectivement montrée à la hauteur de ses idéalisations, de ses aspirations et de ses prétentions, autrement elle ne servira au mieux qu’à continuer sous d’autres apparences un même mouvement, profondément incrusté dans sa fibre morale, et au pire qu’à en déroger graduellement et progressivement, à l’insu de ceux-là même dont le devoir consiste à assurer cette continuation, et ainsi de reproduire, sous des apparences incomplètes et fallacieuses, des formes déjà réalisées et établies.» — Plérôme.
[éducation]«La tentation de tout éducateur, et de tout intervenant psychosocial en général, c’est de succomber à un narcissisme égocentrique et de vouloir rendre l’élève identique à soi; or, le vrai rôle de l’éducateur, c’est de mettre l’élève en présence de l’idéal-type que lui présente la culture, comme réalisant au plus haut point les valeurs et les idées qu’elle a fait siennes au cours de son histoire comme étant nécessaires à son existence, à sa permanence, à sa diffusion et à sa co-existence avec les autres cultures, les considérant comme étant les plus élevées possibles et les plus aptes à inspirer l’excellence des consciences et des actions de ses membres, et de permettre à celui-ci de découvrir les moyens d’articuler les ressources, les aptitudes et les aspirations qui sont les siennes autour de l’idéal collectif qui lui est ainsi proposé par la tradition et les pressions sociales qui la promeuvent; et si l’éducateur peut lui-même servir de modèle à son élève, c’est uniquement parce qu’il aura accompli une identification à l’idéal-type culturel et que se sera opérée en lui la transformation de sa personnalité, par laquelle se sera effectuée une sublimation du soi, en vertu de l’inspiration que représente pour lui la représentation qu’il s’est formée du modèle idéal et de l’intériorisation qu’il a pu en réaliser en sa propre vie, afin de conditionner et d’orienter pour le mieux sa conduite et ses actions, autant professionnelles que personnelles.» — Plérôme.
[égalitarisme]«Sauf à constituer une stratégie en vue du recrutement politique, en lequel cas il est seulement la façade d’une position idéologique différente et peut-être plus fondamentale, l’égalitarisme à outrance, dont le propre est d’exiger l’aplanissement de toutes les distinctions, est une forme d’indifférentisme politique qui ne saurait réussir, puisqu’il nie les différences qui se fondent sur une gradation des qualités réelles, objectivement identifiables et reconnues, et qu’il se refuserait à lui-même les moyens qui lui permettraient de découvrir les individualités susceptibles d’assurer la sauvegarde de la valeur réelle qui en dynamise la pensée: sinon la vie de l’ensemble, du moins la vie d’un ensemble.» — Plérôme.
[épistémologie]«La conscience s’imagine parfois que le seul univers qui n’existât est celui que l’intelligence construit à son intention et qu’elle lui raconte; mais lorsque survient, grâce à la culture, une révélation et une narration qui présentent une nouvelle interprétation des idées que spontanément l’esprit s’est formées, la tendance profonde sera, non pas d’accepter cette nouvelle représentation du monde, mais de conserver celle qui existe déjà et d’interpréter les informations proposées, conformément aux formes et aux catégories préalablement acquises et établies et dont l’intelligence ne veut déborder ni les cadres, ni les horizons, ni les conséquences existentielles, ni parfois même les contraintes: telle est la source d’un conservatisme étroit, pour lequel toute forme de progrès menace le statu quo intellectuel d’une conception qui définit la perfection uniquement en fonction de ce qui existe actuellement, sans pouvoir se représenter ce qui sera, sauf à travers les mouvements inéluctables d’une histoire qui ne saurait omettre d’intégrer la loi universelle du mouvement à la direction qu’elle prendra, ou même qu’une autre manière fondamentale d’exister serait concevable, sans trahir l’essence réelle et fondamentale, soit de la création, soit de la nature des êtres vivants et particulièrement celle de l’humanité.» — Plérôme.
[esprit]«Tels sont ceux pour qui la transcendance de l’âme s’oppose au sentiment et cherche à exercer la plénitude de son état, en l’absence complète de toute émotion; tels sont ceux encore pour qui la véritable transcendance du cœur inclut le sentiment, se compose de lui, comme il se construit sur celui-ci, pour le surpasser et le dépasser à l’intérieur d’une spiritualité dont la supériorité de sa nature, de sa valeur, de son idéal et de son action s’expriment en harmonie avec lui.» — Plérôme.
[existence]«Il est combien plus aisé, et donc plus propre à satisfaire aux dispositions de l’homme, à faire preuve d’inertie ontologique, de faire reposer sa prétention à la durée de son existence et à la qualité de sa vie sur des considérations accessoires et superficielles plutôt que sur des valeurs essentielles et profondes, en vue de connaître et de mettre en œuvre les véritables clefs qui assureront l’acquisition de la plénitude et l’excellence de la vie, principalement en raison de la facilité avec laquelle s’exerce la faculté de l’imagination dont l’inclination est d’errer à sa guise, plutôt qu’en vertu d’une association de sa puissance idéelle et prospective avec celle la raison, par laquelle celle-ci lui fournirait l’orientation d’une finalité matérielle et un encadrement formel afin de la réaliser: car si l’imagination sait proposer à la conscience une multiplicité de possibilités diverses, aptes à définir cette finalité, et si l’effectivité de leur poursuite émane pour l’essentiel de l’état de la vie et de l’énergie de son expression, qu’un effort à les extérioriser rend évidents et manifestes, leur disparité et leur variété, en même temps que leur complémentarité plus ou moins grande, leur possibilité d’actualisation plus ou moins élevée ainsi que les propositions et les hypothèses souvent contradictoires et parfois contraires qui les caractérisent, exigent qu’un tri se produise afin de déterminer lesquelles parmi celles-là s’avèrent justes, probantes et appropriées à la nature effective de l’agent comme à la particularité de la conjoncture physique, ce qui est là un affaire de la perception et de l’intelligence de l’essentiel, à la fois quant à la bonté et la désirabilité de la fin visée et à la pertinence ainsi que la valeur des moyens utilisés pour l’atteindre; sauf à percevoir l’essentiel spontanément, cette entreprise de séparer le bon grain de l’ivraie requiert un effort qui tiendrait d’une seconde nature de la conscience pratique qui s’astreint à acquérir la compétence requise à produire cet effet ou, tout au moins, en utilisant les ressources de la raison, celui de concevoir et de communiquer quelle est leur nature et d’effectuer adéquatement cette distinction matérielle.» — Plérôme.
[fatalité]«Devant la fatalité, cinq questions, intimement liées, sont aptes à être soulevées: la question morale, qui consiste à savoir si le sujet moral, dûment informé par une conscience éclairée, a fait tout ce qui était en sa possibilité afin d’en infléchir le cours; la question métaphysique, qui s’interroge sur l’essence qui la révèle à l’esprit ainsi que sur les principes qui la constituent afin de lui procurer une effectivité et une inéluctabilité; la question scientifique qui en considère les manifestations et évalue sous quelles conditions elles se produisent, afin de connaître quelles sont les actions aptes à s’y opposer fructueusement, voire incomplètement, et en détourner les effets délétères comme les inconvénients déplaisants; la question juridique, qui tentera de comprendre quelle part de la liberté humaine est présente dans son actualisation et de déterminer la nature et le degré de la responsabilité qu’il incomberait d’attribuer à un agent dont le libre arbitre aurait sciemment participé à la cause et au maintien de son entéléchie; et la question religieuse, qui envisagera quelle serait la part du surnaturel, présente dans sa production ainsi que les moyens spirituels, aptes à être utilisés et qui sont susceptibles d’éloigner les effets délétères de son incidence.» — Plérôme.
[féminisme]«D’un point de vue spirituel, ancré dans la nature archétype et atavique de l’homme, la sexualité, lorsqu’elle se rapporte uniquement à la passion du couple et ne renvoie aucunement, ni implicitement, à la valeur transcendante et salvatrice de l’amour, fondée dans la nature et dans l’essence d’un Dieu suprême, et dont l’expression prend le plus souvent la forme d’un usage indistinct, passager et non-exclusif, l’orgie des bacchanales et des lupercales en étant l’exemple superlatif dans l’Antiquité, est en réalité, d’un point de vue occulte, le sacrement du féminisme, dont l’idée n’est elle-même que le reliquat d’une époque éloignée dans l’histoire de l’humanité où prévalait la conception que l’être infini de Dieu ne se représentait que sous l’apparence de la femme dont celle-ci était, dans la sublimité de son être et de sa personne, l’incarnation privilégiée.» — Plérôme.
[féminisme]«L’erreur majeure du féminisme, qui en réalité est triple, s’est manifestée dès que cette idéologie est apparue au cours des années ‘70, c’est d’avoir réclamé l’instauration de la liberté et de l’égalité, sans insister sur celle de la justice qui les lui procureraient et en supposant que seule la femme était habilitée à conduire de telles revendications: c’était agir comme s’il n’existait aucun lien ontologique et organique entre les deux genres, comme si la servitude, l’inégalité et l’iniquité étaient inexistants pour les hommes et comme s’il appartenait à ceux-ci seulement d’assumer la responsabilité de l’apparition et du maintien de ces états non juridiques à l’intérieur de la société: or, c’est une vérité métaphysique profonde que la justice appartient à tous, indépendamment du sexe, de sorte qu’en revendiquant son instauration uniquement pour des consœurs, le féminisme se rendait ab initio imputable du même tort qu’elle attribuait à l’homme, à savoir celui d’être fondamentalement sexiste, en même temps qu’il consacrait une aliénation entre les genres dont la connaissance de la raison d’être pouvait éclairer une intelligence des causes qui la perpétuent et qu’il se coupait d’alliés de précieux dans cette lutte pour l’acquisition d’un état de civilisation et de perfection morale auquel le genre humain aspire depuis des temps immémoriaux.» — Plérôme.
[féminisme]«Le féminisme radical consiste à substituer, à l’échelle collective, les désirs et les idéaux de la femme aux valeurs et aux préceptes qui procèdent de ceux de l’homme, qui pourtant se sont auparavant montrés prépondérants à inspirer le cours de l’histoire, en invoquant la trahison de l’humanité et la décadence morale qui auraient découlé de la présence de ces principes, entièrement identifiés à la nature de l’esprit masculin et la singularité de la mentalité virile: or, alors qu’auparavant les aspirations de la femme se fondaient en les idéaux de l’homme, afin de réaliser ce qui devenait un projet culturel rassembleur, il arrivera maintenant qu’un clivage en viendra à s’installer entre les deux genres de l’humanité, ainsi que les ordres de finalité sociologique qui les caractérisent, et à créer l’éventualité d’une division essentielle à l’intérieur de la pensée collective, dont les effets, s’ils se laissent deviner par l’histoire de la relation entre les deux sexes — la culture du mystère de la femme, née de la fascination en l’homme pour la puissance spirituelle et génésique particulière de celle-ci, ayant toujours présagé, sauf dans les sociétés d’Amazones, de la volonté de l’homme à faire valoir sa virilité à l’intérieur comme au-delà des frontières de sa contrée —, prendront une ampleur inimaginable en raison de la profondeur de la dichotomie qui se laisse appréhender, dès lors que s’exacerberait la culmination historique qui pourrait en résulter, et qui et qui décuplerait la rivalité entre les sexes ,afin de satisfaire aux exigences respectives de chaque genre à l’endroit de l’autre, sans égard pour une vision d’ensemble, ni pour le principe de la complémentarité des genres fondamentaux de l’humanité.» — Plérôme.
[foi]«Quel dommage lorsqu’une espérance que le sujet entretient, maintient et éprouve pour lui-même n’a d’autre solution que celle de s’exprimer au détriment de la légitimité de celle de son semblable: or, seule une espérance qui se fonde sur une foi universelle peut espérer rallier l’ensemble des consciences aux principes et aux fins qu’elle propose, mais encore est-il nécessaire qu’elles aient la certitude que la conviction qui fonde leur l’action soit à la fois profondément et entièrement vraie et qu’elle soit adoptée sincèrement par les esprits qui la professent et par les cœurs qui vivent selon ses préceptes.» — Plérôme.
[foi]«S’ils sont bien malheureux, ceux qui trouvent à ne croire en rien, ils le sont bien plus encore ceux qui ne trouvent aucunement à croire en la doctrine qu’ils ont reçu pour de leurs pères et en laquelle ils professent de croire.» — Plérôme.
[guerre]«Ne comprend-on pas qu’à l’origine de toutes les luttes, où les forces en présence visent à une destruction mutuelle et réciproque, il existe une lutte fondamentale que l’on se complaît à désigner comme la «guerre des sexes» et qui repose sur une accumulation d’injustices et de haines mutuelles, que les âges subséquents produisent, en ajoutant aux précédentes celles qu’ils génèrent eux-mêmes, et que le souvenir transporte en la mémoire qui révèle la subtilité de son intimité spirituelle et que perpétuent les actions qui en émanent et qui fondent leurs directions sur son contenu, pour ainsi ouvrir sur un exutoire qu’emprunte la volonté, en désirant compenser ces iniquités et assouvir ces sentiments: la justice n’a d’autre but que corriger les injustices qui naissent, de donner satisfaction au sentiment de leur présence et de formuler les conditions par lesquelles ils peut réaliser cette finalité double et complémentaire, en devenant pleinement conscient de l’importance et de la valeur du lien organique, mutuellement fortifiant et réciproquement «parachevant» de l’homme et de la femme, tel qu’il se manifeste dans le couple harmonieusement apparié.» — Plérôme.
[guerre]«Puisque la guerre n’est nulle autre chose que la légitimation du mal, en vue du bien supérieur que l’on allègue servir en la poursuivant, toute tentative d’importer ses formes et ses stratégies à l’intérieur d’une collectivité particulière, sous la forme d’une lutte des classes, des genres, des âges, des croyances, des doctrines, des origines, des ethnies, des cultures ou des races, ne comportera en réalité pour conclusion que l’omniprésence du mal, occultée par la diversité des visages sous lesquels on peut le reconnaître, sans égard des frontières politiques, sociologiques et/ou anthropologiques qui sont dessinés par les géographes ou observés par les scientifiques sociaux, et conduira à celle de la nécessité morale d’en extirper la présence, au nom du bien véritable par lequel l’on souhaiterait le remplacer et qui ne laissera aucun doute quant à la pureté et à l’authenticité de l’essence qui caractérise la bonté de sa nature.» — Plérôme.
[histoire]«Sachant, en raison d’un contact assidu, sérieux et pondéré avec l’histoire: primo, que chaque moment du futur, même le plus éloigné, repose en puissance dans la matière du passé même le plus lointain, pourvu que des actions ponctuelles et judicieuses en transformeront, de proche en proche, ses potentialités et ses virtualités en réalités accessibles à l’expérience; et secundo, que le seul cours possible que puisse en définitive prendre l’histoire, afin qu’elle réalise la continuité qui en caractérise la réalité temporelle, non pas sans soubresauts, ni reculs cependant, se produirait dans un sens optimal, c’est-à-dire dans la direction du bien, la seule valeur transcendante qui soit apte à constituer un rempart contre le nihilisme, procédant fatalement de l’exacerbation du mal; un bon gouvernement sera celui qui manifestera la perspicacité de percevoir et d’apprécier les virtualités du présent en vue de promouvoir les issues les plus bénéfiques et les plus valables qui soient et de concevoir quels seraient les approches adéquates et les moyens effectivement utiles à en assurer l’avènement et à transformer les circonstances et les situations de l’actualité immédiate en possibilités qui sont ouvertes sur l’avenir, en faisant reposer cette disposition collective sur la capacité morale, créatrice et industrieuse, de l’humanité.» — Plérôme.
[honneur]«La réputation d’autrui, constituée par un tiers dans l’opinion publique, répond aussi à une règle d’exception diffamante, lorsque l’on s’intéresse peu à la personne réelle de son semblable et que l’on apporte peu de soin à comprendre et à justifier quels seraient ses mobiles profonds, lorsque cela est possible, pour en lieu de produire cette propension à la perspicacité spirituelle et cet effort de l’accomplir, lui substituer une codification et une réglementation sociales, en imposant à ses semblables une adhésion formelle à des mesures qui sont aussi arbitraires qu’elles ne sont capricieuses, changeantes et superficielles.» — Plérôme.
[idée]«Serait-ce que l’on étudie dans les livres, les idées absolues et transcendantes du beau, du bien et du vrai, surtout parce que l’on ne saurait en trouver des exemplaires suffisamment accomplis à l’intérieur de la réalité historique ou que ceux qui existent ne savent inspirer suffisamment pour qu’ils servent de modèles adéquats ? Ou serait-ce plutôt qu’elles sont le fondement moral subjectif de la valeur spirituelle de l’homme et le critère objectif contre lequel apprécier l’essence de son inspiration, la qualité de son action et l’excellence de sa réalisation individuelle et de son accomplissement culturel.» — Plérôme.
[idée]«Tels sont ceux qui détruisent les modèles et les exemplaires du Beau, spontanément réalisés, mais indépendamment de leur volonté propre, pour vouloir imposer en lieu leur conception individuelle du beau, ainsi que les modèles et les exemples qui seraient censés la représenter adéquatement à la conscience collective.» — Plérôme.
[idée]«Y a-t-il plus inconséquent, pour ne pas dire absurde, que l’action d’éradiquer une idée, en invoquant le nom même de l’Idée que cette action nierait, en actualisant ce projet insensé, et de pervertir une perfection, en s’en référant au nom même de la Perfection qui constituerait le fondement de sa possibilité et de sa réalisation.» — Plérôme.
[injustice]«S’abstenir de condamner moralement l’auteur d’une injustice, peut-être par prudence, ou peut-être simplement au nom de la précarité morale inhérente à la nature humaine, et qui fut entretenue à l’intérieur de l’humanité par-delà les âges, suite à la généralisation du vice et de l’iniquité qui caractérise son histoire, mais plus encore en raison de la vulnérabilité naturelle de la plupart des individus aux pressions excessives qui prédisposeront même les volontés les plus tenaces à succomber aux excès contraires qui en atténueront éventuellement les effets désagréables, y compris la souffrance qui en résulte pour ceux qui les éprouvent, ce n’est ni excuser l’injustice, ni omettre de travailler avec résolution et conscience à en réparer les conséquences malheureuses ou à en prévenir les incidences futures.» — Plérôme.
[intelligence]«Ce n’est pas tant l’absence ou la présence de la bonté ou de la malice qui font problème, lorsqu’il s’agit d’effectuer une adjudication morale, relative à un événement marquant, car rien n’est plus facile que reconnaître subjectivement la bonté et réprouver la malice lorsque ceux-ci se manifestent, en raison d’une expérience millénaire et du développement, à l’intérieur de celle-ci, d’une conscience éthique et judiciaire qui, en réfléchissant sur les principes et sur les fondements de son exercice, a produit des critères intellectuels aptes à en décrire la mesure, la qualité et le degré effectives de son actualisation; c’est qu’il existerait alors la présomption d’une congruence entre l’attitude morale de l’individu agissant, fondée sur une intention claire et consciente, et le genre de l’action qui en procède, qu’un examen des conduites et de ses œuvres permettrait d’estimer à sa juste valeur; le problème juridique surgit plutôt lorsque l’inintelligence, l’ignorance ou l’indifférence morales sont susceptibles de résulter en une action aux effets délétères, dont l’esprit critique ne saurait prétendre qu’ils seraient légitimement imputables à l’agent, en raison d’une déficience dans la capacité morale de celui qui en témoigne et auquel elle est attribuable: car comment attribuer une responsabilité morale à l’individu qui serait au départ incapable de l’assumer, vues son incapacité et son impuissance à comprendre quels sont les fondements et les enjeux de son action ainsi que son impréparation à savoir en reconnaître la qualité morale, peut-être en raison de la perplexité que suscite en lui la complexité d’une conjoncture physico-sociale anomique et qui l’empêche de décider adéquatement de la conduite idéale à tenir et de la hiérarchie des valeurs qui doivent la gouverner et dont la conscience est requise afin de la réaliser.» — Plérôme.
[intelligence]«Comme pour tout phénomène de l’esprit, et indépendamment de ses expressions particulières, le noologue doit rechercher et s’interroger sur les causes de l’inconscience afin de connaître quelles seraient les avenues possibles qui permettraient de combler le vide laissé par sa présence et de procurer à celui qui en est momentanément dépourvu, ou de redonner encore à celui-ci, l’intelligence qui accompagne l’apparition et l’approfondissement d’un état d’illumination de l’esprit, conformément au degré et à la qualité de son actualisation.» — Plérôme.
[intelligence]«On ne peut certes pas penser au-delà de son horizon intellectuel et moral, qui constitue une limite naturelle à l’exercice des facultés associées à l’opération de ces champs, sauf à choisir délibérément de le rétrécir, mais on peut seulement espérer que ce terme soit le plus vaste, le plus profond, le plus étendu et le plus infini possible, afin de ne pas assujettir son semblable, ou se trouver dans la position malencontreuse de le faire, à une conception qui risquerait de diminuer et de réduire ce qui pourrait s’avérer représenter une vision grandiose et complète sur la réalité, susceptible en plus de bénéficier grandement à ses congénères, si jamais ceux-ci y étaient exposés à ses idées et à leurs possibilités.» — Plérôme.
[intelligence]«Tels sont ceux qui n’ont cesse de vouloir observer, mais qui ne parviennent jamais à voir; tels sont ceux qui n’ont cesse de chercher à écouter, mais qui ne réussissent jamais à entendre et à comprendre.» — Plérôme.
[intérêt]«À l’intérieur d’une conjoncture où la puissance morale ne subit aucune entrave et où la liberté individuelle est susceptible de s’exprimer pleinement, l’intérêt exclusif, qui en vient à considérer l’oubli de soi et la reconnaissance adéquate d’autrui comme étant une négation de sa propre disposition essentielle devient, en principe, le plus grand obstacle qui puisse se présenter à la contribution honnête et intégrale de ses actions auprès d’une population, ainsi que des individus qui la composent, lesquels seraient dans l’expectative légitime de la recevoir: le problème est cependant de parvenir à établir, à l’intérieur de la société, un règne de la justice et du désintéressement, purement vertueux et sain, qui établit ces états moraux et les conserve intégralement.» — Plérôme.
[intérêt]«Aucune idée, aucune théorie, si sublimes, si profondes et si justes fussent-elles, n’échappera au danger de leur corruption par des interprétations, des emplois et des usages qui en diminuent la pureté de l’intention et la portée de l’effet, résultant de l’intérêt égocentrique, particulier et partiel, qui se trouverait compromis à travers elles, un intérêt dont la défense et le maintien sont jugés avoir acquis une priorité sur la reconnaissance désintéressée de la vérité et de son importance cruciale pour le salut universel.» — Plérôme.
[intérêt]«L’intérêt, hélas!, est le plus grand ennemi de la vérité, puisqu’il s’oppose instinctivement aux principes véridiques qu’elle énonce, lorsqu’ils sont aptes à porter préjudice à l’habitus défectueux et à l’élan vital qui en font la promotion.» — Plérôme.
[justice]«Mieux vaut la poursuite humble, honorable et discrète, de la justice que l’action intrépide, éclatante et glorieuse, mais inéquitable et déshonorante.» — Plérôme.
[liberté]«C’est sûrement un paradoxe, et non des moindres par ses implications morales et sociales, qui veuille que ceux-là mêmes qui défendent l’importance de respecter leur droit à la liberté, l’exerceront souvent, contre toute attente, au détriment de la liberté de leurs semblables: or, il n’est rien de plus illégitime que la liberté qui, étant revendiquée par soi, refuserait de reconnaître celle de ses semblables, sans aucune justification que ses propres désirs, et a fortiori si elle tendait à ainsi s’exercer d’une manière constante et générale, sans qu’aucun droit objectif et valable ne cautionne cette restriction.» — Plérôme.
[liberté]«Désirer la liberté, c’est désirer la liberté d’être et non pas celle de refuser cet acte fondamental de la vie.» — Plérôme.
[liberté]«L’idée de la liberté sans l’intelligence, qui évoque la possibilité illimitée d’agir que posséderait la conscience, sans nécessité de l’orienter en lui fournissant une direction adéquate et idéale, est une conception aussi absurde que l’intelligence sans la liberté, qui suggérerait la possibilité de parvenir à une compréhension parfaite de la réalité, sans posséder celle d’agir, conformément aux lumières qu’elle accorde à la conscience de réaliser.» — Plérôme.
[liberté]«Qu’est-ce que la liberté, si le sujet moral fait reposer sur les épaules de ses semblables, entièrement et continuellement, la responsabilité et jusqu’à la possibilité, de pouvoir la réaliser en soi et pour soi ?» — Plérôme.
[mal]«Il n’est jamais trop tard pour bien faire, ou encore pour tenter de rattraper et de réparer les conséquences nuisibles et déplorables qui pourraient avoir résulté des actions mauvaises ou irréfléchies qui auraient pu, voire par mégarde mais aussi peut-être intentionnellement, avoir été commises par le passé.» — Plérôme.
[moralité]«Afin de définir ce qu’est l’immoralité, il importe toujours de se reporter à un concept de la moralité dont elle constitue une déviation, en raison de la forme qu’elle choisit de revêtir; par contre, l’amoralité dénie toute existence à un tel concept: la conséquence sera que l’immoralité, afin d’assurer la pérennité de ceux qui adoptent ses préceptes, masquera son action sous le voile de la décence et ainsi se donnera bonne conscience; alors que l’amoralité, ne croyant en aucun critère qui puisse réclamer contre elle et définir une position qui puisse en dénier la légitimité, ne se donne aucune peine de camoufler son action; et s’il arrivait nonobstant que celle-ci se donnât l’apparence de constituer un bienfait, ou encore si l’action qui en procède réalisait toutefois un acte de bienveillance, l’on accorderait à ces éventualités de n’être que le produit aléatoire des actions qui sont susceptibles d’être réalisées, en raison de la myriade des possibilités qui se découvrent dans l’esprit de l’agent moral et qui sont issues de son libre arbitre, tantôt d’être appréciées comme étant morales par certains sujets moraux et tantôt d’être considérés autrement par d’autres.» — Plérôme.
[moralité]«Ce qu’avait vu Spinoza, lorsqu’il énonça son principe de la tendance de chacun à persister en son état [Éthique, Les sentiments, proposition VI], c’est que rien n’est plus difficile, pour un éducateur, que d’amener un sujet moral à quitter une habitude morale défectueuse pour une disposition qui serait meilleure, en vertu justement de la tendance à l’inertie morale qui est le propre de chacun; cela présente un défi d’autant plus difficile à relever que l’urgence d’un changement s’imposerait, en raison des conséquences négatives susceptibles de résulter du maintien d’un statu quo personnel, dont la médiocrité morale qui le caractérise résulte en la privation pour autrui des bienfaits provenant d’une action bonne et positive et, encore plus encore, lorsque la conception idéologique fondamentale qui prévaut à l’intérieur du milieu social protégerait, au nom du principe de la liberté que possède chaque individu de disposer de soi comme il l’entend, un état de stagnation morale que l’individu en viendrait à concevoir comme étant un habitus inattaquable et son expression, un droit acquis.» — Plérôme.
[moralité]«La sincérité est le fondement subjectif de la moralité, comme l’authenticité en est le critère objectif.» — Plérôme.
[moralité]«Le défaut de la suffisance morale, c’est de s’imaginer, à tort, que le présent actualise déjà la forme parfaite du futur et que l’expérience historique contemporaine a déjà réalisé toutes les possibilités de la perfection spirituelle contenues en l’âme humaine: à défaut de pouvoir effectivement se représenter une telle chose, qui pourrait paraître inconcevable dès lors que l’on réfléchit à cette tentative, c’est faire comme si on pouvait se l’imaginer, pour reporter sur un objet extérieur à soi — un produit de la technologie, par exemple — l’accomplissement que l’on n’envisage pas pour soi et qui, en définitive, ne peut résider que dans l’être et la réalisation de la nature humaine.» — Plérôme.
[moralité]«Lorsqu’il s’agit d’adjuger sur la valeur des dispositions morales particulières, le problème consiste à identifier le critère déterminant au nom duquel la conscience juge que telle disposition est meilleure qu’une autre et de justifier cette décision, en se fondant sur une autorité qui transcende les considérations partisanes, liées aux intérêts individuels ainsi qu’à une loyauté aveugle, fondée sur un principe inéquitable.» — Plérôme.
[moralité]«Nombreux sont-ils à sacrifier, hélas !, le plaisir du Bien qu’ils ont la possibilité d’accomplir au bien du plaisir dont ils espèrent jouir.» — Plérôme.
[moralité]«Tels sont ceux pour qui la moralité ne vaut réellement que si elle sert de caution à leur manière particulière d’en interpréter les fondements, les principes, les finalités et les manières de la réaliser, sans référence à une conception morale qui est universelle et en même temps susceptible de dépasser les limites de son propre entendement, tout en incluant et en préconisant intégralement la part de la vérité susceptible d’être révélée et défendue par les conceptions individuelles.» — Plérôme.
[opinion]«En certains cas, le sujet moral pourrait passer sa vie à désirer persuader son semblable de sa valeur propre, mais sans jamais y parvenir, puisque le critère d’excellence qui est cultivé implicitement et sérieusement en soi, si valable fût-il, risque de ne jamais se montrer à la hauteur de celui que celui-ci considère comme étant éminemment digne d’éclairer ses jugements sur la qualité réelle son semblable et, par conséquent, de savoir mériter sa reconnaissance.» — Plérôme.
[pauvreté]«La pauvreté est l’état d’indigence qui sépare la disposition sincère et réelle à faire preuve de générosité et la possibilité de se voir imputer la lésinerie, en raison d’une impossibilité avérée, pour le sujet moral, à témoigner de la magnimité qui l’habite.» — Plérôme.
[perfection]«Le malheur moral de l’histoire moderne récente réside dans la dissociation de la beauté et de la bonté, pour se contenter du plaisir que fournissent aux sens les formes esthétiques «pures», plutôt que désirer et vouloir le bonheur que procurent la poursuite et la réalisation de l’idéal moral, dont l’actualité de sa résolution se trouve dans l’accomplissement de la perfection: puisque celle-ci représente une valeur infinie et que sa plénitude entière comporte une finalité indéterminée, c’est-à-dire sans la possibilité d’une fin actuelle, sauf pour ce qui est de sa manifestation de plus en plus élevée, l’idéal de la perfection constitue une possibilité transcendantale, dont les horizons et les confins se situent à l’échelle de l’éternité et de l’illimité; d’où le rapport direct et nécessaire qu’entretient la notion de la perfection avec celle la liberté, dont la plénitude tient aussi d’un idéal infini pour lequel l’assouvissement exclusif dans les sens serait le plus grand des leurres; car seule la liberté qui est associée à la moralité, et qui se fonde sur elle, c’est-à-dire sur un sens de la bonté dont l’accomplissement complet est la seule direction et la seule fin qui sont dignes d’elle, peut prétendre à une légitimité réelle, laquelle ne saurait nier les sens sans aliéner les êtres naturels auxquels ils appartiennent, mais ne saurait non plus se nier elle-même pour se constituer l’esclave de ceux-ci en conditionnant le choix de ses priorités sur les penchants et sur les conditions qui sont l’évidence de leur influence prépondérante.» — Plérôme.
[philosophie]Une phénoménologie est certes valable et infiniment précieuse, lorsqu’elle contribue à la compréhension du pouvoir combinatoire et transformateur des unités significatives et discrètes qu’elle s’intéresse à considérer, mais elle est une discipline incomplète lorsque ni leur étiologie ni la raison fondamentale de leur origine, comme de leur finalité ou de leur existence même, qui fait alors intervenir la liberté, la volonté et la puissance créatrice d’une conscience ultime, poématique et active, ne méritent le regard de son esprit et la compréhension de son intelligence, pour voir en ces considérations métaphysiques les principes fondamentaux d’une intuition adéquate de la réalité et de sa constitution intentionnelle.» — Plérôme.
[philosophie]«À la triade Sartre-Freud-Heidegger du XXième siècle correspond, au siècle précédent, celle de Marx-Darwin-Nietzsche.» — Plérôme.
[philosophie]«Comme son nom le suggère, la philosophie est la discipline qui recherche l’accession totale à la Sophia et qui aspire à se laisser infuser par son esprit inspirateur et salutaire dans l’erre du temps, à savoir sous la forme de l’expression manifeste de l’être qui en représente l’essence, c’est-à-dire la sagesse aussi compréhensive qu’elle est profonde et pratique, en ce temps historique présent, et pour tous les temps de l’histoire, passés et à venir, en ce moment culturel de l’esprit et pour tous les moments culturels de l’esprit, quelque soit le lieu de leur actualisation; la religion, par ailleurs, est la profession de la foi en la Sophia, dont la transcendance de l’Être sublime et éternel s’illustre dans le temps et manifeste sa présence à l’intérieur d’une culture, ainsi que par l’entremise d’une personne inspirée, homme ou femme, conformément à la spécificité de leur genre et de leur individualité propre, dont l’intimité avec Dieu est indéniable pour ses fidèles, ainsi que pour tout esprit impartial et accompli, et peut revendiquer le droit d’inspirer et de mobiliser absolument et sans réserve la conscience de ceux qui reçoivent ses enseignements et sont initiés à ses principes par l’inspiration ou par la révélation.» — Plérôme.
[philosophie]«L’esprit risque d’épuiser ses énergies vitales à vouloir combler le vide que laisse le non-être qui se donne l’apparence de l’être, en entretenant sans cesse l’illusion et le mensonge qui lui permettent de se situer continuellement à l’intérieur d’une ambiguïté confuse: cette tactique lui donne la possibilité à la fois de ne pas répondre à l’idée de sa substance (celle d’être une vacuité ontologique perpétuelle) — ce qui, s’il en était autrement, serait trahir son inclination à la déception —, et de se montrer adéquat à sa nature (qui consiste à être un déni permanent de son accomplissement) — ce qui, s’il en était autrement, serait nier sa vérité —; or, toutes ces négativités révèlent en quoi le non-être dérive pour l’essentiel de l’être puisqu’il en est l’altérité existentielle radicale — cela ne sachant être autrement puisque le premier et le seul objet de la conscience est l’être alors que le non-être se conçoit uniquement comme une altération ou une réduction de la plénitude ontologique de celui-ci, jusqu’à son annihilation complète, telle que représentée par le néant, un terme négatif — .» — Plérôme.
[philosophie]«La phénoménologie stricte et radicale en vient à considérer les unités significatives discrètes (les événements, les situations, les représentations, les narrations, les discours, les évocations et les souvenirs) comme autant d’unités qui sont constitutives de la réalité et s’intéresse à l’impression que laisse dans l’esprit cette expérience globale ainsi qu’à la dynamique combinatoire — des éléments entre eux comme du rapport de l’esprit à la réalité — qui préside à cette action totalisante: si elle ne nie pas que la naissance de ces unités puisse recevoir une explication causale, elle ne s’intéresse guère à cette élaboration, pour ne voir en leur conjoncture que l’apparence d’un fait accompli et le simulacre d’une accumulation de données existentielles, auxquels il est refusé la faculté et le pouvoir de ne pas être et encore moins de ne pas avoir été; or, voilà quelle est la limitation profonde et essentielle de cette orientation, car en fin de compte, elle existe en vase clos et elle n’alloue aucunement pour le pouvoir créateur des consciences, susceptibles de faire naître des unités originales, significatives et discrètes, par l’exercice de la liberté du sujet moral et par un effort de la volonté de l’acteur social et politique, de manière à transformer le cours ou le mouvement que prend la réalité totale à partir d’un commencement qui est certes perceptible et qui s’insère à l’intérieur de la chaîne des causalités, mais non pas de manière aléatoire, automatique ou inexplicable; car le commencement et sa possibilité incontestable procèdent de la loi fondamentale de l’univers et tous les déterminismes qui en découlent et qui en procèdent sont les expressions d’un mouvement qui est inscrit à l’intérieur même de l’acte originel et créateur et ils peuvent être, soit empêchés, soit encouragés par un autre acte créateur dont la qualité et la consistance rencontrent celle de tous les autres actes originaux, soit qu’ils en transforment la qualité esthétique et matérielle, soit qu’ils la détruisent en partie ou en totalité.
[philosophie]«La distinction entre le savoir et la connaissance est cruciale en philosophie; car si le savoir est implicite à l’action immédiate et la connaissance à la communication qui sert de médiation à ce genre d’action, que ladite communication prenne la forme d’un échange privé et informel, comme il s’en produit entre des amis, ou d’un discours public et rationnel, organisé et théorique, tel qu’il s’en présente entre des collègues, ou entre un enseignant et un apprenant, ou encore entre un spécialiste ou un orateur et son public, la confusion de ces deux concepts risque de faire passer l’objet de la connaissance pour l’aptitude à le réaliser effectivement, sauf à comprendre qu’il n’est nul besoin pour le même individu de discourir sur un thème, tel que la sagesse, la conscience ou l’intelligence, et d’acquérir au plan pratique la compétence qui est le gage de cette illustration effective.» — Plérôme.
[philosophie]«La philosophie souffre d’un complexe approprié à la dimension abstraite de son activité: se trouvant dans l’obligation de défendre sa raison d’être, devant un monde intellectuel qui est orienté principalement vers une considération de la phusis, dont la compréhension est réduite à l’expression de la matière et que caractérise un souci de la distinction qui repose sur la quantification et sur la précision numérique qui rejoint jusqu’à l’infinitésimal, elle dont l’objet est le pensable, le concevable en général ainsi que les idées théoriques qui sont susceptibles d’en émaner, et dont l’outil de la progression et de la diffusion repose sur la proposition et l’usage adéquat du concept, la philosophie donc aspire à réaliser un même niveau d’exactitude scientifique que les disciplines physiques, puisqu’elles sont valorisées par une société moins portée sur l’idée, puisqu’elle favorise la connaissance sensible, et pour cette raisons plus préoccupée par la matière qu’elle ne l’est et croit parfois avoir atteint cet objectif, en se leurrant de pouvoir systématiser formellement, en les quantifiant, ses appréciations subjectives, d’une manière aussi précise que les disciplines qui font l’objet de son émulation, en voyant en cette prétendue réalisation, l’expression d’une perfection consommée plutôt que d’un rêve stérile et d’une illusion plaisante, négatrice et compensatoire de la décadence spirituelle effective en laquelle elle s’est incrustée.» — Plérôme.
[philosophie]«Les principes fondamentaux paraissent être tellement simples dans leur contenu et évidents dans leur énonciation que, tout en reconnaissant spontanément leur importance et leur valeur, lorsqu’ils occupent l’horizon de l’esprit et, grâce à la connaissance acquise ou retrouvée, reviennent d’un long sommeil dans lequel ils étaient plongés, la conscience oublie trop souvent d’en explorer toutes les ramifications et d’en exacerber toutes les possibilités; elle préfère plutôt partir à la découverte de principes secondaires et accessoires, qui ne sauraient porter atteinte à leur validité certes — car, puisqu’ils sont vrais, ils ne sauraient entrer en contradiction avec ce qui participe également de la vérité — mais qui ne réussiront jamais à égaler, et encore moins les dépasser, la plénitude, la compréhension, la nécessité, le caractère originel et la primauté qui en révèlent la pérennité substantielle, malgré la relégation que l’on en fait, en les négligeant, aux confins de la conscience humaine.» — Plérôme.
[philosophie]«Malheureuse philosophie que celle qui, en se créant des problèmes accessoires et secondaires, tout en se les représentant comme soulevant des questions essentielles, en vient à noyer le poisson de la vérité et ainsi détourner l’esprit des véritables enjeux de l’existence et des questions fondamentales susceptibles d’être posées, afin de susciter une réponse au mystère de sa réalité: pourtant, il n’existe aucun problème réel qui, si susceptible fût-il en apparence, dès que le penseur s’évertue à en étudier les axiomes et les fondements profonds, ne serait pas susceptible d’être réorienté vers la considération de l’essence puisque le même esprit qui est porté à s’associer avec l’erreur, ou qui encore tenterait d’en éviter l’examen, est celui qui, en principe, en vertu de sa constitution spirituelle, intellectuelle et naturelle, est aussi éminemment capable d’épouser la vérité.» — Plérôme.
[politique]«Au plan de la politique pragmatique et vénale, il semblerait souvent que la conception et l’expression de toute vérité soit considérée louable, pourvu qu’elle ne fût ni désavantageuse à son action, ni n’exige de soi le courage d’un effort personnel qui incite à secouer l’inertie des schémas d’une pensée intéressée et d’un comportement établi, que souvent d’ailleurs l’on justifie superficiellement au nom de vérités sublimes et incontestables, ou prétendues telles, et qui serait susceptible surtout d’apporter, même éventuellement pour le mieux, en vertu de ces mêmes vérités adéquatement réalisées, une transformation dans le paysage social, culturel et naturel.» — Plérôme.
[politique]«Le fascisme, qui se présente sous trois aspects majeurs, naît de la méconnaissance, comme du refus du mouvement éternel de la perfection qui se résout dans l’Absolu, avec pour effet d’instaurer un élément d’immobilité à l’intérieur de l’élan d’une progression ultime et continue de l’essence, dont la pureté de la nature et de l’entéléchie est en principe inaltérable, et de la dichotomie naturelle qui s’installe entre la personne qui incarne une doctrine et la matière de cette doctrine, sur laquelle porte, en ces deux instances, la faculté judiciaire (quant à la justesse de cette application) et critique (quant à la validité de ce contenu) de l’esprit: soit qu’il élève un culte absolu à une personne et à son existence remarquable, en raison de ses réalisations et de ses exploits, sans égard pour les motifs doctrinaux de son action (c’est le cas de chefs héroïques ou légendaires, tels Attila, Shaka, Cyrus, Agamemnon, Périclès, Napoléon, Gengis Khan ou Timour Lang); soit qu’il tienne pour suprême la matière d’une doctrine, sans égard pour la qualité de la personne qui la professe ou pour les actions ou les réalisations qui sont les siennes, lesquelles sont estimées être accessoires à ses idées (c’est le cas des doctrinaires comme Marx et Nietzsche, pour ne nommer que ceux-là, et en général tous les penseurs, dont le génie reste à être dépassé et dont les principes et les thèses sont adoptés par leurs partisans indéfectibles comme étant issus de maîtres à penser uniques et absolus); soit qu’il honore l’un et l’autre, la personne et la doctrine, sans égard pour l’imperfection de ses œuvres ou de ses idées, mais simplement en ne pouvant concevoir et imaginer de personnes plus dignes de réaliser l’histoire ou de doctrines pratiques, meilleures et plus empreintes de génie, qui soient aptes à inspirer les consciences individuelles (c’est le cas notamment de chefs totalitaires, tels que Hitler, Mussolini ou Staline).» — Plérôme.
[politique]«Pour un nationalisme étroit, dont l’essence est de ne rien concevoir d’éminemment valable qui ne soit situé au-delà de la compréhension qu’il autorise d’avoir de son horizon culturel, telle société n’est jamais véritablement estimable qui ne satisfasse aux formes établies — celles de ses adeptes, de ses partisans, de ses défenseurs et de ses sympathisants — , issues de la réalité culturelle qui sert de référence à son identification collective: c’est ce raisonnement implicite, qui préside à la réduction au folklore pittoresque de la culture ou des cultures allogènes à l’intérieur de la sphère d’influence et de domination de la culture prioritaire, qui constitue pour ses affidés la manifestation la plus élevée possible de l’être individuel et collectif auquel leurs membres participent et qui sert de raison d’être fondamentale et essentielle à leur existence sociale.» — Plérôme.
[politique]«Tels sont ceux qui, pour ne pas se soumettre à la passion et au caprice de son semblable, seraient prêts plutôt à requérir sa soumission à leurs propres mobiles passionnels et à leurs propres intérêts capricieux.» — Plérôme.
[psychosexualité]«Si, en général, la dignité de l’homme s’illustre lorsqu’il témoigne au plus haut point de la vertu du courage, la dignité de la femme se révèle, étant conforme à sa singularité naturelle, en témoignant du courage de la vertu; et là où l’homme et la femme se rencontrent sur le terrain commun de la vertu et du courage, l’homme devient l’objet d’une admiration pour la femme, en exemplifiant le courage, et la femme une source d’inspiration pour l’homme, en illustrant la vertu, étant spontanément devenus l’un pour l’autre, malgré leur distinction et en raison de celle-ci, le phare d’une espérance et d’une émulation.» — Plérôme.
[raison]«La première attitude épistémologique qu’adopte l’enfant, lorsqu’il est situé devant l’inconnu, que personnifie une autorité qui exige de lui qu’il se plie à une consigne qui n’est pas spontanément voulue par lui, mais dont l’importance réelle apparaîtra, avec une compréhension de plus en plus adéquate des raisons et des motifs qui inspirent ses desseins, s’exprime par le refus systématique dont la force s’atténuera et se dissipera peut-être avec cette intelligence: par ailleurs, certains conserveront cette attitude négative tout leur vie d’adulte, comme un instinct irréfléchi devant tout ce qui exigerait d’eux un effort de compréhension et d’adaptation, qui paraîtrait n’avoir aucun égard pour une conception personnelle qui en saisirait les limites et les incomplétudes, et poursuivront cette voie de la négation jusque devant une vision qui demanderait d’eux qu’ils s’engagent en toute lucidité à réaliser un surpassement d’eux-mêmes, apte éventuellement à réaliser les conditions par lesquelles ils pourraient espérer atteindre à l’absolu, avec l’effort de la persévérance et de la constance et la puissance de la bonté et de la mansuétude que requiert cette finalité.» — Plérôme.
[réalité]«Une des vérités les plus simples à comprendre, tellement son énoncé paraît évident, et qui pourtant est souvent la plus vite oubliée, c’est que l’ensemble de la réalité s’inscrit sur un continuum temporel qui est perpétuellement en mouvement, de sorte que rien n’existe aujourd’hui qui ne soit attribuable, sous une forme ou une autre, à ce qui était hier; que cette forme, soit procéda d’une autre forme sous l’effet d’une activité créatrice, soit qu’elle exista à l’état naturel de celle qu’elle est actuellement, en subissant les vicissitudes des lois physiques qui à influer sur le cours de son existence; et que, s’il existe une action créatrice qui soit apte à agir sur un élément de la réalité pour la transformer, en lui donnant un aspect novateur et original, grâce au génie qui la commande, elle s’exerce sur un objet qui existait préalablement afin de réaliser l’efficace de son action; de sorte que tout ce dont chacun dispose est dû, en partie du moins, lorsque son propre effort n’a pas été nécessaire afin de peupler l’univers des choses utiles qui l’entourent, ou des objets simplement admirables, à une action qui ne relève pas de sa volonté et qui, par conséquent, n’est pas de son ressort, à une action qui émane de volontés distinctes de la sienne ou encore à une action générale et originelle qui échappe à la puissance créatrice du règne des êtres animés et vivants, un état qui soulève, par conséquent, la question de l’existence et de la présence d’une Cause première: d’où il résulte alors que chacun est susceptible d’éprouver de la reconnaissance à l’égard des existences distinctes en vertu desquelles la sienne propre se trouve enrichie par des possibilités qui participent à la poursuite de son entéléchie vitale et de sa destinée propre; et la première chose dont chacun dispose et pour laquelle aucun sujet moral ne saurait revendiquer de mérite particulier, pour ce qui est de son actualisation première, c’est sa propre vie dont la production et la croissance, surtout aux premiers temps de son existence, dépendirent entièrement de volontés qui la précédèrent dans le temps et qui furent responsables de sa naissance et de son développement, jusqu’à ce point de son existence où elle put s’assumer entièrement elle-même, ce qui explique la reconnaissance sans partage que chacun est passible d’exprimer à l’égard de ceux, homme et femme, à qui elle doit son existence.» — Plérôme.
[reconnaissance]«Tels sont ceux qui s’imaginent que l’entéléchie, inscrite à même la nature des choses — le mouvement spontané qui, étant inhérent à l’essence d’une chose, dicte le caractère de son aboutissement et de son accomplissement — , s’est manifestée le jour où ils en ont découvert la présence et qu’auparavant, avant qu’ils ne participent à son déroulement, tout se produisait uniquement de manière aléatoire, comme si l’ordre de la réalité obéissait à un désir secret d’être compris par eux, et par eux seulement et qu’il prenait son essor réel, grâce à la nouvelle intelligence qu’ils en acquéraient: cette observation ne vise pas à nier l’importance de leur contribution, le cas échéant, lorsqu’ils participent à cet achèvement, en autant que cet effort ne nie pas, ou refuse de reconnaître adéquatement, la participation et la contribution de ses semblables au même mouvement; car, si le travailleur de la onzième heure est susceptible de recevoir une compensation, identique à celle que toucheront ses compagnons, qui œuvrent au chantier depuis beaucoup plus tôt dans la journée, il n’a pas à refuser de leur accorder la reconnaissance légitime qui leur est dûe.» — Plérôme.
[sacrifice]«L’illusion individualiste consiste à croire que, même lorsque l’action individuelle requiert et nécessite une conjonction heureuse et constante des actions individuelles de ses semblables, se concertant intentionnellement pour aboutir et collaborant à la réalisation d’un but commun afin d’atteindre au succès de cette initiative, chacun serait l’unique responsable du dénouement espéré, puisqu’il serait en définitive la cause efficiente et finale de cette réussite; mais en contrepartie, lorsque l’action commune se solde par un échec, chacun peut se sentir justifié à faire reposer sur les épaules d’autrui la raison de cet insuccès; et si, par malheur, tous s’entendent et font d’un particulier l’unique responsable de la déception que tous les collaborateurs éprouvent devant le revers essuyé, voilà réunies toutes les conditions pour que le malheureux devienne le bouc émissaire, qu’ensemble l’on charge d’expier la honte de la mésaventure collective.» — Plérôme.
[sagesse]«La sagesse transforme le savoir de l’individu en une action qui réalise le meilleur bien possible, en répondant adéquatement aux conditions des circonstances qui encadrent et président à cette réalisation et en suscitant l’appréciation d’une conscience spirituelle élevée, inspirée par une notion complète du Bien suprême .» — Plérôme.
[sagesse]«Le principe ultime de la validation philosophique résulte de la conviction que «la sagesse prévaudra»: mais puisque le terme de l’éventualité préconisée est indéfini, quand bien même la certitude subjective existe qu’il se vérifiera, et que le moment où la sagesse trouvera son accomplissement l’est tout autant, rien n’assure que la forme de la sagesse qui est exprimée et illustrée au moment actuel, ou encore celle qui le fut antérieurement, à un moment spécifique de l’histoire qui l’a accueillie, recevront ponctuellement la reconnaissance qui leur revient présentement, c’est-à-dire en-deçà du jour heureux où ils seront effectivement estimés à leur juste valeur; l’implication corollaire sera que la raison énonce aujourd’hui de nombreux principes qui passent pour être sages, ou que l’on connaît de tels principes qui ont passé hier pour l’avoir été, et qui seront demain démentis ou rétrogradés à n’être que des affirmations au mieux intéressantes, en raison de leur rapport à l’histoire et au développement de la conscience spirituelle de l’humanité, et au pire creuses et sans substance réelle, lorsque l’on considère la sublimité de la vérité transcendante et légitime» — Plérôme.
[sagesse]«Plus l’expérience est singulière, plus elle singularise la personne, par les impressions qu’elle laisse dans la conscience; plus l’expérience est diverse, intense et éprouvante, plus elle conduit la personne de l’individu à se singulariser spécifiquement, dans le sens de la profondeur de l’intelligence et de la sagesse du jugement, lorsqu’existe en elle la disposition de l’âme et du caractère qui le porte à développer en lui-même ces qualités admirables et infiniment précieuses.» — Plérôme.
[science]«La philosophie devrait aussi peu craindre d’examiner le domaine de la subjectivité que la psychologie, si elle se confrontait à une définition de l’objectivité, car sans l’une, la réalité objective de la nature ou la dimension subjective de la conscience, l’autre ne saurait se réaliser et sans une appréhension adéquate de leur essence respective, nulle science, physique ou métaphysique, ne serait possible.» — Plérôme.
[sentiment]«La colère, par son désir implicite d’extérioriser et de communiquer un fort déplaisir, n’est réellement absurde que si l’intelligence qui est la productrice de la cause contre laquelle la personne se sentirait légitimée à s’élever, s’assimile à une matière inerte, dépourvue d’un esprit et d’une âme, incapable par conséquent de formuler et de réaliser un dessein ou d’éprouver et d’exprimer la vie d’une intériorité subjective, celle du sentiment éprouvé in foro interno.» — Plérôme.
[sentiment]«Lorsqu’un désir ne se réalise pas, soit qu’il n’était pas apte à se réaliser, étant du ressort, pour que cela se produise, d’une volonté qui est une autre que la sienne, laquelle a peut-être omis de contribuer à cette action ou peut-être encore y a-t-il mis obstacle, soit qu’il n’a pu, pour lui donner une réalité, se recruter les volontés qui auraient été les premières à bénéficier de sa réalisation, en raison de l’insuffisance en elles, soit de l’élévation de l’idéal qui en inspire l’actualisation, soit des énergies dynamiques dont la contribution était essentielle à celle-ci.» — Plérôme.
[sentiment]«Si la raison permet de découvrir les solutions les plus propices à la résolution des problèmes qu’elle est susceptible de rencontrer, pour en stimuler et en motiver l’exercice, le sentiment quant à lui, lui sert de guide et de censeur, en raison des réactions émotives qui découlent de l’anticipation dans l’imagination des effets éventuels susceptibles de résulter de leur application et elles l’enjoignent à utiliser des moyens adéquats de parvenir à ses fins, c’est-à-dire de procédés qui ne transformeront la nature des choses et des individus qu’en vertu du plus grand bien qu’il est possible d’entrevoir pour ces objets, un bienfait qui ne passera jamais par une aliénation de leur nature profonde et du bien inhérent que celle-ci représente pour ceux qui en font l’expérience.» — Plérôme.
[sentiment]«Tel est celui qui sombre dans la mer de son indifférentisme, se débattant avec frénésie contre les forces qui l’entraînent vers l’issue fatale, mais qui néanmoins demeure insensible à la perche qui lui est tendue, pour l’en tirer et ainsi préserver une existence dont la valeur transcendante est sans prix.» — Plérôme.
[société]«À l’intérieur d’une société arriviste, il est malvenu de ne point l’être, de ne point désirer le devenir, ou de ne point l’être devenu.» — Plérôme.
[société]«Elle est en effet déficiente et incomplète cette société en laquelle l’individu ne possède aucune valeur en soi, mais importe seulement en tant que celui-ci comporterait éventuellement une utilisé particulière pour elle, en raison uniquement de la contribution qu’il serait susceptible d’apporter à son maintien et à son insertion dans la durée, sans que la collectivité ne se sente nullement engagée en contrepartie, ni à réaliser son bien-être, autrement que sous la forme requise afin qu’elle continuât à en tirer quelque profit de son existence, ni à l’exprimer la reconnaissance qui lui serait dûe, si elle considérait adéquatement son engagement et sa contribution à la légitimité de son état: une telle société serait en réalité esclavagiste, sans qu’elle n’en reçoive explicitement la caractérisation ni qu’elle n’en assume formellement l’attribut, mais en se défendant plutôt de mériter une appellation aussi terrible, et ne saurait procéder que du rapport qui se fonde sur l’ascendant, la domination sur son semblable et la dévalorisation de l’altérité étrangère, plutôt que sur l’amitié, la bienveillance et la coopération.» — Plérôme.
[société]«La corruption sociale se reconnaît à l’instauration des conditions qui, à l’échelle de la société, freinent le mouvement de la perfection qui est immanent à la croissance et à la maturation des possibilités inhérentes à la collectivité, telles qu’elles sont inscrites à même sa nature, durant les premiers moments de l’existence de l’ensemble social, et telle qu’elles se trouvent enrichies par l’apport et la contribution, aussi excellents qu’ils sont créatifs, que font à sas constitution les générations subséquentes, ainsi que les individus qui s’ajouteront à elles, grâce à leur action salutaire, qu’elle se produise au plan ontogénique ou qu’elle concerne la dimension phylogénique.» — Plérôme.
[société]«Lorsque règnent l’individualité et la concurrence à outrance, l’amitié comme l’amour, dont l’expression privilégiée s’accomplit par et avec la coopération sociale, sont les premières valeurs, les états primordiaux et les principaux atouts sociaux à être sacrifiés, malgré qu’ils soient essentiels à la perpétuation et à la durée continue de la société, sous la forme la plus excellente qu’elle était destinée réaliser.» — Plérôme.
[sottise]«O! bienheureuse et béatifique inconscience, qui prétend commettre tous les impairs comme s’adonner à toutes les négligences et néanmoins plaider l’ignorance devant les effets délétères, pour ne pas dire désastreux, qui résulteront de ces égarements et de ces omissions, tout en revendiquant les plus grands égards, ainsi que le droit incontestable d’être et de vivre sur un même pied parmi ceux pour qui la conscience aigüe des enjeux existentiels fut toujours présente à leur esprit ou a été acquise péniblement, suite à maintes expériences pénibles et éprouvantes !» — Plérôme.
[subjectivisme]«Le malheur du subjectivisme radical, auquel l’histoire de la pensée a donné le nom de solipsisme, consiste en ce que le sujet moral s’imagine être le seul à vivre la qualité et l’intensité d’une intériorité et ne songe même pas que son semblable puisse vivre une expérience intérieure analogue, devant des circonstances similaires, en vertu d’une nature humaine commune à laquelle tous sont aptes à participer, conformément cependant aux conditions que lui impose la constitution de son individualité propre.» — Plérôme.
[théologie]«La faute originelle, qui le cas échéant représente toujours la commission d’une injustice, se manifeste comme étant l’angle aveugle, le point mort de la conduite de la vie, le défaut de la conscience par lequel se produisent, sans que l’esprit ne les anticipe ou même se doute de leurs éventualité, ces événements de la vie auxquels participent les individus et qui apparaissent à la conscience comme représentant une fatalité inéluctable, dont la personne pressent qu’elle aurait pu les éviter et parer à leurs effets contrariants, si elle avait pu exercer au plus haut point la faculté de sa liberté, sans toutefois y parvenir complètement et effectivement.» — Plérôme.
[thérapie]«Il importe de savoir exprimer ses contradictions, le cas échéant, et pouvoir compter sur la mansuétude et sur l’empathie de ses semblables, pourvu qu’elles ne soient ni délétères, ni nocives, ni outrageantes, car autrement comment peut-on espérer les assumer et les surmonter: la psychothérapie sert souvent de scène à une telle assomption, et compenser par cette positivité la négativité qui se produit ordinairement dans la société en général, tout comme le théâtre peut servir d’évocation, apte à produire la catharsis salutaire qui accompagne la réalisation de la dissonance, à entraîner la réconciliation bienfaisante, à l’intérieur de la conscience, des oppositions intimes et des tensions qui résultent de schémas sociaux contradictoires et, par conséquent, à retrouver une harmonie et une paix de l’âme qui se sont par conséquent évanouies ?» — Plérôme.
[valeur]«L’or est à l’oligarchie ploutocratique, qui est une méritocratie de la raison calculatrice et de la compétence commerciale, ce que le sang est à la monarchie aristocratique, qui est une hiérarchie du cœur, de la vertu de la pureté de l’âme, de la lucidité de l’esprit et de la valeur personnelle, fondée sur l’honneur et l’authenticité des personnes.» — Plérôme.
[vérité]«Lorsqu’une collectivité tient officiellement ou implicitement pour évidente une vérité, elle met tout en œuvre afin d’éteindre, ou à tout le moins neutraliser, l’expression des propositions qui sont contraires, lorsqu’elles contrecarrent, comme les idées reçues, leur revendication du droit à l’existence, qu’aucune opinion divergente, et peut-être même antagoniste, ne saurait être autorisé à remettre en question: or, lorsque l’on tient pour ne comporter aucune signification ou conséquence effective pour les actions, les vues sur la réalité qui sont susceptibles d’être adoptées par les consciences particulières, la coexistence en parallèle d’idées qui, après analyse et considération, s’avèrent être incompatibles, peut s’avérer un modus vivendi tolérable, avec lequel l’on s’accommode tant bien que mal; mais lorsque l’on accorde aux idées de constituer un pouvoir de direction pour les actions et de mobilisation pour les consciences, on s’aperçoit vite que les conceptions opposées et contraires mènent inévitablement vers des situations conflictuelles, en vertu des intérêts existentiels qui par là sont susceptibles de se trouver compromis; or, en de telles circonstances, seule la vérité obtenue avec le désintéressement et le souci de reconnaître son essence dans toute la pureté de ses principes, malgré l’attrait que pourrait exercer la conservation de croyances héritées, mais fausses ou incomplètes, ainsi que les habitudes qu’un usage répété a dénuées de sens et privées de signification, devient le moyen d’une réconciliation entre des oppositions exacerbées, pourvu que les protagonistes fassent preuve en conscience d’une volonté inébranlable de surmonter les différences et qu’ils mettent en œuvre les moyens d’y parvenir, impartialement et en toute équité.» — Plérôme.
[vérité]«Tels sont ceux qui confondent les termes, ainsi que les significations auxquelles ils renvoient, et qui nomment délire ce qui est en réalité vérité, et vérité ce qui est en réalité délire.» — Plérôme.
[vertu]«Dans la lutte des volontés, qui cherchent à imposer un ascendant ethnique et culturel, autant à l’intérieur de leurs frontières que dans leurs relations avec les pays voisins, comme il s’en produit souvent dans l’histoire des peuples et de leurs chefs, la seule valeur qui est véritablement digne d’exprimer la supériorité des caractères et qu’il vaille la peine de propager et de défendre, non pas par orgueil, mais par nécessité, c’est la vertu: car c’est par cet état et cette qualité seulement que passe la possibilité de justifier la raison d’être d’un pays ou d’un empire, en tant qu’ils sont dignes d’occuper un territoire ou encore de faire rayonner leur influence sur d’autres cultures; de plus, elle est la seule valeur qui, lorsqu’elle est effectivement réalisée en ceux qu’elle inspire et qu’elle est employée à surmonter les défis qui lui sont présentés, ne saurait se nier elle-même, sans que pour cela elle nie en même temps l’essence et l’intégrité qui en légitiment la possibilité d’être tenue en estime par ceux qui vivent selon ses idéaux, ses principes et ses préceptes et d’être considérée, et même admirée, par ses détracteurs, en raison de la constance inébranlable et du courage indomptable avec laquelle elle choisit de se manifester et de s’exprimer.» — Plérôme.
[vertu]«La thèse républicaine de la vertu sociale, qui oppose au développement des vertus personnelles de l’honneur et de l’indulgence, en conformité à une manière d’être qui témoigne d’une adhésion et d’une participation complètes des moralités à la pureté de l’esprit du temps et à l’idéologie comme aux doctrines qui le révèlent, comporte comme carence de favoriser indirectement la présence, au plan individuel, d’une moralité douteuse et parfois répréhensible, pourvu que son expression ne soit pas ostentatoire, contrairement à l’honneur qui, en faisant la promotion de la disposition vertueuse en chacun, sans pour autant cautionner les attitudes d’autrui pouvant déroger au principe de l’excellence et de la moralité, exprime sa confiance en la possibilité pour chaque personne d’atteindre à une existence accomplie, en allouant pour les circonstances propices qui favoriseront l’acquisition d’une intelligence plus élevée des conditions intérieures de son actualisation; car si la thèse de la vertu sociale ne suppose ni n’encourage la recherche et l’accomplissement de la vertu morale, elle est loin de concevoir, et encore plus de clamer que celle-ci fût importante, voire primordiale, à l’existence sociale, ni proposer qu’il puisse exister entre elle et la vertu sociale une correspondance organique, nécessaire et complémentaire, qui ferait que l’on ne saurait espérer cultiver la présence de l’une, sans que l’on n’ait effectivement et suffisamment développé les possibilités de l’autre, sauf à exiger que l’authenticité de l’une s’accommodât à la facticité de l’autre.» — Plérôme.
[vice]«Au royaume du vice, l’oppression, qui limite outrageusement les libertés en vue de servir des fins particulières et accessoires, et la répression, qui contraint injustement les membres de la société, en raison d’une conception erronée ou incomplète du vice ou encore d’une appréciation inadéquate du caractère et des intentions des individus ciblés, passent par les atteintes intentionnelles et dirigées à l’honneur et à la vertu des particuliers.» — Plérôme.
[vice]«D’un point de vue moral, eu égard à l’intégrité et à la qualité de la fibre sociale ainsi qu’à la nécessité d’en protéger la vertu essentielle et substantielle, afin d’assurer pour elle qu’elle soit toujours le moyen de la plénitude et de l’excellence de la vie pour tous les membres de la culture et de la société qui la constituent, la calomnie et l’intrigue qui, parce qu’elles sont diffamantes et déshonorantes, ont pour but d’avilir et de porter préjudice à l’honneur, à l’innocence et à la pureté de la vertu des individus et à la bonté ainsi qu’à la sincérité de la raison sociale des groupes, peuvent être considérées comme étant une maladie vénérienne, lorsque leur action se réalise et perpétue son effet dans l’intimité des complices qui s’adonnent à cette pratique déplorable sur l’oreiller.» — Plérôme.
[vie]«Un agent ou une institution qui, au nom de la vie, agiraient sur la vie — et sur les sujets qui en sont les porteurs — pour en empêcher l’actualisation adéquate, conforme à ses virtualités les plus élevées et les plus bénéfiques, seraient indignes de revendiquer une reconnaissance effective de l’évidence de leur moralité et susceptibles d’être soupçonnés de défendre uniquement des intérêts particuliers qui réduiraient la compréhension du phénomène de la vie, que chacun est légitimé à désirer et à réaliser, à la conception partielle et incomplète qu’ils en possèdent.» — Plérôme.