vendredi 25 mars 2011

Euthúmèma II (réflexions) — Révision du 23 décembre 2019

[Depuis le 30 janvier 2008, avec mises à jour périodiques. — Since January 30th 2008, with periodical updates.]

[action]«L’acquisition d’un savoir véridique comporte en même temps une responsabilité morale, celle d’agir sincèrement et de manière congruente, conformément aux principes qui constituent la matière de son contenu.» — Plérôme.

[adultère]«Telle est la personne qui tue symboliquement son amour légitime, en substituant à celui-ci un parti en apparence plus favorable et plus intéressant, à qui elle témoignera tous les égards et tous les signes de son dévouement, souvent par intérêt et en raison des avantages qu’elle récolte ainsi, sans pourtant ne cesser complètement d’être amoureuse du fantôme qu’elle a créé, en lui donnant une vie dans son souvenir et même parfois en exigeant de son compagnon actuel qu’il se conforme aux idéaux que représente pour elle ce fantasme.» — Plérôme.

[aliénation]«Le paradoxe, c’est que l’homme, lorsqu’il se trouve réellement aliéné de son innocence, et qu’il ignore que cette rupture s’est produite, en vient à considérer cet état de dissonance comme étant la manifestation et l’expression du bonheur, et l’état antérieur qui prévalait comme étant une aliénation, un bris qui est d’autant plus important, par rapport à ce qui devrait exister, qu’il fait irruption dans sa vie d’une manière qui est inattendue et qu’il tente de s’imposer à lui, malgré toutes les dispositions inhérentes à son individualité et tous les désirs intimes à sa personne.» — Plérôme.

[amitié]«L’amitié véritable suppose une réciprocité du sentiment, qui mène à s’engager auprès de l’ami et à faire passer son bien-être et son bonheur avant même le sien propre; la trahison devient alors la rupture souvent cachée de cet engagement, afin d’assurer la réussite de son stratagème, c’est-à-dire qu’elle se produit à l’insu de l’ami, ce qui suppose par conséquent une réversion au principe primordial de la primauté de l’intérêt personnel, existant avant que ne se découvrissent, ni l’idée de l’amitié, ni la possibilité qu’elle puisse naître concrètement et réellement et lier les êtres qui sont entièrement prêts à vivre selon ses principes et ses exigences.» — Plérôme.

[amitié]«L’amitié et le respect ne sont pas des concepts mutuellement exclusifs: car dans l’amitié, il y a toujours le respect d’autrui en reconnaissance du droit plein et entier qui est le sien d’être et d’exister en toute dignité de sorte que, lorsqu’une relation respectueuse existe, rien n’empêche qu’elle puisse évoluer vers une amitié qui est authentique et profonde; cependant, lorsque l’on exige du sujet moral qu’il exprime le respect plutôt que l’amitié, c’est usuellement dans le cadre d’une relation asymétrique, distinguant le supérieur et le subordonné, ainsi que le maître et l’élève ou le disciple, ou encore dans celui d’une coexistence, empreinte d’une rivalité possible et gouvernant les personnes concernées, alors qu’au contraire, lorsque l’expectative sera de vivre au plan de l’amitié avant celui du respect, sans que pour autant celui ne s’en trouve diminué, alors que bien au contraire il s’en verra transformé et métamorphosé, l’intention est d’exprimer ainsi une relation qui privilégie l’entraide et la coopération que fondent une réciprocité du sentiment et de la reconnaissance, ainsi qu’une sodalité, c’est-à-dire une volonté mutuelle de cohabiter sans conflit à l’intérieur d’un environnement social que caractérisent l’harmonie et la synergie des personnes, lesquelles conduiront nécessairement au respect, quand elles ne le présupposent pas implicitement.» — Plérôme.

[amitié]«L’équanimité et la magnanimité consistent à faire preuve d’amitié, même envers ses ennemis, ou encore ceux qui ne savent, ni ce qu’est l’amitié, dans l’abstrait, ni comment en témoigner réellement et concrètement.» — Plérôme.

[amitié]«Tels sont ceux qui feignent l’amitié afin de mieux en récolter les avantages, en croyant ainsi se soustraire aux responsabilités qui découlent de son état comme à l’imputation éventuelle d’y avoir forfait, si jamais un doute s’élevait dans l’esprit de l’ami ainsi éconduit, quant à la sincérité du prétendu sentiment: pourtant, une telle conviction s’avère un mirage, puisque la conscience du comédien ne saurait se soustraire, sauf en l’ignorant ou en déconsidérant son importance, à la question de la moralité de l’hypocrisie et du recours à ce subterfuge dans les relations humaines, à l’intérieur d’une société civile et civilisée.» — Plérôme.

[amour]«C’est entretenir une illusion malheureuse, vouée d’avance à l’échec, que s’imaginer que puisse exister l’amour, en l’absence de la liberté véritable de la personne, engagée à trouver sa réalisation en accomplissant la compréhension approfondie et la vision réelle de l’essence de sa personne, voire qu’elle puisse investir et épuiser tous les moyens spirituels, intellectuels, émotifs et matériels requis à cette fin; par ailleurs, il appartient à la nature infinie et ineffable de l’amour de chercher à réaliser cette intelligence et d’acquérir cette perspective, en même temps qu’il se regénère lui-même et qu’il renouvelle perpétuellement les moyens de s’accomplir, pourvu que, en produisant cet effort, l’âme des amoureux (amants ou amis) en vive réellement et profondément l’état et les virtualités inépuisables et qu’ils s’évertuent à en entretenir continuellement et à en alimenter constamment la flamme.» — Plérôme.

[amour]«L’expérience de l’amour est tellement simple, lorsque l’amant s’autorise à laisser vibrer son âme aux intonations et aux vibrations qui le caractérisent et qu’il laisse parler son cœur à l’élue qui réveille son sentiment et l’inspire amoureusement; ce qui en complique l’expression et la réalisation, et parfois même en diminue l’intensité et en atténue la force, ce sont les catégories rationnelles qu’on lui impose pour le décrire et les contraintes existentielles qu’on lui oppose pour le déterminer, avec l’effet éventuellement de l’en détourner et ainsi de restreindre en lui la possibilité de son expression et de son actualisation.» — Plérôme.

[amour]«La maturité émotive et spirituelle commande de comprendre que l’on ne saurait ni ordonner, ni extorquer la présence de l’amour, même de manière charmante et subtile, car nul amour véritable ne saurait prétendre naître et se vivre qui ne s’accorde librement à la personne aimée et ne se reçoive gratuitement par elle.» — Plérôme.

[amour]«On n’aime jamais assez pour ceux qui n’aiment pas du tout: mais peut-on ne pas aimer du tout alors que le remords et le questionnement de soi, éprouvés devant l’accomplissement de l’action mauvaise, et pour celle raison reprochable, deviennent parfois les indices d’une puissance d’amour qui s’ignorent.» — Plérôme.

[amour]«Sauf à glisser vers une complaisance qui risque d’en atténuer la nature, l’amour désire toujours transcender la réalité: cela est surtout vrai lorsque celle-ci s’oppose à son actualisation et tente d’empêcher sa réalisation, puisqu’alors elle risquerait de franchement se nier elle-même.» — Plérôme.

[amour]«Tel est celui pour qui la découverte complète de l’identité réelle de la personne aimée et la préservation de celle-ci importent nécessairement à la naissance, à la croissance et à l’épanouissement de son amour pour elle; telle est celle qui considère l’amant uniquement selon sa position sociale, sa fortune personnelle et les grâces sociales qu’il a intériorisées, conformément à la convention usuelle et actuelle, voire artificielle et éphémère, de ce qui représenterait l’idéal d’une conduite sociale, adéquate et cultivée.» — Plérôme.

[apparence]«Y en aurait-il pour croire vraiment qu’à force de répéter une fausseté, ou encore de hausser le ton lorsqu’on la prononce, l’on parviendra un jour à la transformer en vérité, si l’on persiste suffisamment dans cette entreprise.» — Plérôme.

[autrui]«Tel est celui qui, pour ne pas avoir à prendre conscience de sa propre inadéquation, face au problème que comporte, pour lui comme pour chacun, la réalité de son semblable, autant du fait de son existence que de celui de sa présence, serait prêt à nier toute légitimité à son activité, à ses réalisations, à son expérience, et peut-être même à sa personne propre.» — Plérôme.

[bonheur]«Nombreux sont-ils à préférer l’illusion du bonheur au bonheur lui-même: mais l’on doit aussi concevoir que rien n’est plus difficile que savoir ce qui peut effectivement le produire, l’instaurer et le perpétue et le distinguer de ce qui en serait simplement l’ersatz, voire qu’il fût parfois également très plaisant et éminemment agréable.» — Plérôme.

[Christianisme]«Un monde qui se définit à l’opposé de la Chrétienté ne peut se revendiquer pour l’essentiel des valeurs substantielles qui en constituent l’essence, sauf accidentellement et de manière propre à favoriser, à plus ou moins long terme, ses intérêts propres et valeurs particulières, ce qui est toujours en déroger, mais d’une manière subreptice, factice et cauteleuse.» — Plérôme.

[communication]«S’il est vrai que ce sont les grandes idées qui réussissent à transformer le monde et à le faire progresser, d’un état de moindre perfection vers un accomplissement encore plus complet, encore faut-il qu’elles soient énoncées, entendues et susceptibles d’être comprises pour qu’elles parviennent à influencer les désirs, les conduites et les actions de l’ensemble de la société ainsi que les lois et les institutions qui en encadrent et en conditionnent la culture dans son snsemble.» — Plérôme.

[connaissance]«Le savoir est à la connaissance comme le propos est à la communication: l’un et l’autre se fondent sur l’idée qui est sue et qui éventuellement se révèle, afin de constituer éventuellement un champ cohérent de conceptions, susceptibles de recevoir une validation publique au plan épistémologique.» — Plérôme.

[conscience]«Le paradoxe de l’existence, telle qu’elle puisse être conçue à l’intérieur de l’intelligence qui en acquiert et en possède les notions, c’est que plus la conscience découvre et comprend le sens et la direction métaphysiques qui sont immanents à la nature profonde des choses de la réalité, plus elle devient consciente de la fiction et du mythe que l’esprit humain s’est préalablement inventés afin de fonder son existence culturelle et sociale, lorsqu’ils sont en rupture plus ou moins grande avec la vérité transcendante des choses, telle qu’une heuristique adéquate lui permet de la saisir, à un stade plus mature de la conscience: voilà quelle est la source première et originelle de l’aliénation humaine que formule et capte la promesse du Serpent de la Genèse: «Vous serez comme des dieux» [Ge 3, 5], puisque la connaissance du Bien se trouve accompagnée de la connaissance adéquate des choses, alors que la connaissance du Mal engendre l’erreur, laquelle n’est rien d’autre qu’un travestissement et une altération de cette connaissance, susceptibles de produire des conceptions qui la méconnaissent et la déforment, et que la conscience serait alors susceptible de faire siennes, en altérant profondément ainsi la destinée qui est la senne, de contempler en tout temps la vérité et de cultiver incessamment le désir de l’approfondir, de la découvrir et de l’apprécier.» — Plérôme.

[conviction]«Tels sont ceux qui imputent de fanatisme, les individus dont la conviction enthousiaste, vraie, profonde et sincère ébranle le château-fort de leur indifférence, de leur suffisance, de leur inintelligence et de la médiocrité dans laquelle ils ont installé leur existence.» — Plérôme.

[création]«L’objet de l’imagination, auquel l’esprit confère une réalité, en vertu d’exercer sa faculté créatrice sur la nature, devient un facteur de séparation et d’inégalité ainsi qu’une barrière à la communication mutuelle, réelle et effective, dès qu’il sert en même temps à déterminer l’expérience des hommes et des autres êtres vivants: cette constatation et cette conséquence expliquent que l’on puisse avoir la possibilité de produire des objets qui exercent un effet discriminatoire et comminatoire, lorsqu’ils nourrissent une volonté de supériorité, présent en l’auteur, d’avoir su se distinguer en illustrant une excellence qui soit également la raison pour lui, non seulement d’une satisfaction, mais également d’un enorgueillissement.» — Plérôme.

[crime]«Au royaume des hyènes, c’est la gazelle qui est criminelle.» — Plérôme.

[crime]«L’homicide représente le sacrifice, à la finitude d’une empirie imparfaite, d’une victime qui autrement serait destinée à devenir le sujet légitime du règne de l’éternité spirituelle et à jouir des bienfaits et des avantages de cette appartenance.» — Plérôme.

[crime]«Tels sont ceux qui pillent honteusement les produits du génie de son semblable afin d’usurper le pouvoir de son rayonnement et de s’arroger la plus grande partie, sinon la totalité à la fois du crédit et de la gloire ainsi des bénéfices intangibles et des retombées concrètes qui en résulteraient autrement, pour celui que le Ciel a gratifié de cette puissance de réalisation intellectuelle.» — Plérôme.

[critique]«C’est se donner beau jeu que s’autoriser, en énonçant une critique du haut d’une lucidité qui se prétendrait infaillible en toute circonstance, à se prononcer sur les conduites et les mobiles de ses semblables, de manière à l’obliger à se justifier, auprès d’une instance habilitée à recevoir cette justification, à faire son auto-critique et à s’engager sur la voie de l’introspection, sans avoir soi-même, sous des conditions analogues, ni à justifier ses propres conduites, ni à ré-évaluer ses propres positions, ni encore à s’expliquer ses propres motifs.» — Plérôme.

[critique]«Toute critique est faussée au départ, et donc elle s’avère imparfaite et tendancieuse, lorsqu’elle s’en réfère, afin de fonder ses conclusions, non pas à un critère axiologique transcendant qui est extérieur à l’intellect individuel, pour comparer la réalisation effective à l’idéal qui représente ce jalon objectif, mais à une norme subjective qui engage à la fois des finalités particulières et la nature d’un positionnement existentiel à l’intérieur du monde, pour rapporter ladite réalisation à celle-ci, à l’exclusion de toute considération qui autrement pourrait biaiser ou autrement falsifier les conclusions de l’évaluation; elle est d’autant plus artificielle et douteuse qu’elle omet de confirmer la valeur philosophique de ce principe, en identifiant la disposition partisane qui la motive, et qu’elle prétend en plus étayer son évaluation sur un désintéressement objectif, sincère, impartial, que conditionne un idéal optimal, sans qu’il ne soit en même temps immédiatement identifiable à soi comme étant, en raison de sa conviction morale, le premier intéressé par la défense de cet idéal.» — Plérôme.

[destin]«Il répugne à plusieurs d’utiliser le concept hindouiste de karma, en prétendant qu’il appartient à un ordre intellectuel, culturel et spirituel qui est étranger à leur civilisation occidentale native: mais existe-t-il un mot plus juste qui servirait à exprimer, dans l’ordre de la perfection divine, c’est-à-dire au plan de la vision agissante, pénétrante, vraie et infaillible de Dieu, la faute qui est justement punie et la vertu qui est adéquatement récompensée ?» — Plérôme.

[destin]«La signification du symbolisme du destin chez les Grecs, tel qu’il est figuré par les trois Parques, peut se résumer brièvement ainsi: tout commence avec la femme, avec le choix qu’elle fait du moment de la naissance; tout retourne à la femme, avec l’influence qu’elle exerce sur le déroulement des événements de la vie; et tout finit par la femme, avec la décision par laquelle elle met un terme de la vie; c’est donc dire que, pour les Grecs, le début et la fin de l’existence, comme le cours intermédiaire qui la caractérise, sont déterminés par la nature de la femme, autant, par conséquent, en raison des limites et des conditionnements qui sont propres à celle-ci, qu’en vertu de l’élévation de ses idéaux et de la sublimité avec laquelle elle les emploie à faire la réalisation effective de son être, bref selon le degré de sa complétude et le niveau de son achèvement, lorsqu’ils témoignent de l’abondance de ses virtualités intimes et de la plénitude de la perfection de sa personne.» — Plérôme.

[destin]«Lorsque l’on érige en principe incontestable la constatation que souvent la nécessité fait la loi, l’on cautionne alors l’étranglement de la liberté et l’on consent à ce que la moralité perde alors son emprise sur la réalité.» — Plérôme.

[Dieu]«L’éternité n’est qu’un instant fugitif dans les yeux de Dieu.»— Plérôme.

[droit]«Le comble de l’absurdité judiciaire, souvent issue d’un favoritisme, fondé sur une similarité des intérêts, et se trouvant à l’origine d’un régime politique discriminatoire et État juridique injuste: on plaint l’incompétent, on excuse le malveillant, et on pardonne à la victime, pour mieux encore la reléguer à l’oubli.» — Plérôme.

[duplicité]«Il est justifiable peut-être de subodorer la mauvaise volonté lorsque l’on s’aperçoit que le jardinier, en sarclant sa enclos de fleurs cultivées, se met à déraciner leurs plants pour conserver en lieu les mauvaises herbes.» — Plérôme.

[duplicité]«On n’exagère souvent l’effet délétère ou nuisible de la peccadille que pour mieux encore cacher à la vue de l’ensemble les fautes et les erreurs dont l’importance mériterait d’être connue et de recevoir une considération réfléchie, en raison de la portée et la signification réelles qu’elles comportent.» — Plérôme.

[duplicité]«Rien ne ressemble plus à l’amour que la comédie de l’amour, lorsque celle-ci est mise en scène et qu’elle est jouée par des personnes rusées et retorses, devenues adroites à mimer la sincérité et l’authenticité du sentiment véritable et expertes à en vivre, comme à en faire vivre, l’ersatz.» — Plérôme.

[duplicité]«Tel est celui qui, en étendant la jambe, fait sciemment trébucher son compagnon et qui exige ensuite de sa victime qu’elle lui demande pardon de lui avoir accroché le pied.» — Plérôme.

[duplicité]«Tel est celui qui déplore le crime et en plaint la victime, mais qui refuse de prendre conscience des retombées heureuses et positives que son incidence pourrait occasionner pour lui, et qui ne peut s’empêcher de continuer à en jouir, le cas échéant, son indifférence allant peut-être même jusqu’à retarder l’éventualité qu’une justice encore plus parfaite et complète puisse mettre fin à cette situation aberrante.» — Plérôme.

[duplicité]«Tel est celui qui trahit son ami et qui, ce faisant, sème le désarroi dans son monde, en produisant éventuellement le bouleversement de celui-ci, et qui ensuite feint la naïveté et se demande pour quelle raison l’ami ne saurait évoluer harmonieusement vers l’accomplissement de ses possibilités les plus élevées, sans subir lui-même l’immanence d’accrocs importants ou de contrecoups sérieux, qui apparaîtraient être les récompenses naturelles et méritées pour sa perfidie.» — Plérôme.

[duplicité]«Tel est celui qui sème la tempête, pour ensuite se plaindre de la force des vents et de la hauteur des marées qui, en réponse à son action, se déchaîneront nécessairement sur lui.» — Plérôme.

[duplicité]«Tel et tel sont estimés faux, qui ne sont pas autorisés à exister, conformément à l’expression particulière de l’inauthenticité que privilégient leurs juges .» — Plérôme.

[duplicité]«Tel est celui qui trahit son ami et qui, ce faisant, croit néanmoins demeurer lui-même immunisé contre la trahison et invulnérable aux effets et conséquences qui seraient le résultat de cette perfidie.» — Plérôme.

[duplicité]«Tel est celui qui s’approprie injustement du bien d’autrui, et qui se scandalise encore plus fortement, lorsque se présente l’éventualité que ce bien lui soit enlevé.» — Plérôme.

[duplicité]«Tels sont ceux qui excellent dans les repentirs tactiques, lesquels, en imitant à s’y méprendre le remords et le regret les plus profonds et en cultivant une apparence qui ne soit nullement fondée sur un sentiment réel et véritable, sauf peut-être l’angoisse produite par la crainte de voir démasquées la fourberie de leur caractère, la déloyauté de leurs calculs, la vénalité de leurs intérêts ainsi que l’effronterie de leur inconstance, cherchent ainsi à attendrir leur victime et à assurer qu’ils bénéficieront de l’impunité de leur action outrancière, en neutralisant les effets de son ressentiment éventuel et en anéantissant chez elle le projet de demander justice des affronts, des injures et des dommages, éprouvés par elle en conséquence de cette tromperie et des actions préjudiciables qui les ont produits.» — Plérôme.

[égalitarisme]«L’espèce du radicalisme qui se donne pour nom l’égalitarisme et qui impose et exerce son principe, sans égard pour la distinction et la particularité des individus, ne saurait être une option viable pour une société civilisée: car, en mettant tous les particuliers sur un même pied, et en cherchant à s’accommoder, d’une manière identique, à toutes les situations sociales, alors qu’elles sont multiples et diverses, autant quant à leur production qu’à leur manifestation, en affichant une disposition tolérante qui n’est peut-être pas spontanée et en prescrivant que prévale un esprit de conciliation artificielle, la collectivité en vient à ne plus distinguer les contraires fondamentaux que sont la vie et la mort, la vertu et le vice, le bien et le mal, et à accepter l’équivalence, au plan de l’ontologie, du principe de l’annihilation à celui de la conservation et de la réalisation, comme si aucune nature physique et aucune constitution morale n’étaient préférables à une autre et comme si la préservation et l’accomplissement pouvaient se concevoir en l’absence des états et des valeurs, soit de la vie, soit de la vertu, soit du bien; ainsi, dès que la plénitude de l’être de chacun de ses membres devient la fin qui inspire et qui unifie l’esprit d’une société civilisée et que celle-ci entreprend de réaliser ce qui en serait l’essence suprême et de parvenir à son accomplissement ultime, seules les valeurs qui les actions qui favorisent l’épanouissement vers la plénitude de la vie, de la vertu et du bien peuvent en assurer l’éventualité, ce qui amène le sujet moral à comprendre que seules la distinction, ainsi que l’émulation qui est le moyen qui en réalise toutes les possibilités, en vue de l’instauration, de la préservation et de la perpétuation des états de la vie, de la vertu et du bien dont elles visent au plus haut point la promotion, peuvent constituer un principe viable, apte à servir de fondement à la société civilisée.» — Plérôme.

[essence]«Découvrir ce qu’une chose n’est pas, ce n’est pas encore savoir ce qu’elle est en vérité, dans la complétude de la possibilité de sa nature.» — Plérôme.

[État]«À l’intérieur de l’État théologique, que l’on pourrait définir comme étant l’État religieux des politiques, c’est le pécheur qui est le criminel; dans l’État laïc, que l’on pourrait concevoir comme étant l’État politique des religieux, c’est le criminel qui est le pécheur: or, seule une théorie adéquate du crime et du péché, qui ne ferait pas d’un individu qui ne péche pas un criminel, ni d’un individu qui ne commet pas de crime un pécheur, serait apte à éteindre la dichotomie qui existe entre ces deux conceptions opposées et contraires du religieux et du politique; car autant la dimension politique que la dimension religieuse sont des propriétés essentielles de la nature humaine, le politique comprenant une fonction religieuse et le religieux comportant une facette politique, puisque celui-ci, étant la conception théorique, axiologique et  morale, fondé sur le mystère propre à la vie sous tous ses aspects, autant physique que social et spirituel, et susceptible de rallier implicitement les consciences, se propose à réaliser l’unité de l’ensemble de la société, en recourant à l’enseignement des principes et à l’exemplarité des vertus, et celui-là, étant la doctrine pratique et nomothétique qui, en se fondant sur la même réalité ineffable de la vie, individuelle et sociale, remplit une fonction analogue, mais en assurant cette fois la conformité des volontés et en contraignant, au besoin, les natures physique et morale des individus qui la composent et la constituent, dans un sens qui la réalise, la conserve et en accomplit la plénitude.» — Plérôme.

[État]«En dernière analyse, et à l’encontre de toute propagande qui argue du contraire, c’est l’État qui est officiellement habilité à déterminer ce que l’on est autorisé à savoir et ce que l’on doit se résoudre à ne pas savoir: la question devient alors de connaître sur quel principe final et fondamental l’État fait reposer sa légitimité: soit la force qui s’appuie sur la sagesse, et le droit qui en est issu, afin de l’établir, la maintenir et la préserver, soit la doctrine qui s’appuie sur la force afin de recevoir une validation publique; car on ne saurait imaginer aucun État qui ne puisse défendre par la force, réellement ou virtuellement, les prétentions à la légitimité qu’il affiche alors que seule une intelligence de la nature et de l’essence réelle de celle-ci peut nous permettre d’en apprécier à la fois la validité de son principe, l’utilité de son établissement et la bonté de ses fins.» — Plérôme.

[État]«Le principe de la survie de l’État, que son histoire et que les acteurs qui l’ont déterminée ont rétréci spirituellement, c’est-à-dire de l’État qui situe ni sont existence, ni son action au plan de la réalisation idéale, repose sur l’idée que, peu importe la valeur réelle de la personne, il vaille mieux pour celle-ci qu’elle se laisse typéfier et encadrer, selon des modalités et des termes qui relèvent premièrement de l’intérêt de la super-structure sociale et qu’elle se conforme en tout, à la manière d’un être dénué de conscience morale, à ses conceptions étroites et obtuses.» — Plérôme.

[existence]«Tels sont ceux pour qui la seule réponse à l’idée de la plénitude de l’être consiste à proposer à l’intelligence la conception du non-être: or, le Bouddhisme, prévoyant cette position intellectuelle et existentielle intenable, en raison même de nier l’être et la faculté qui en rendent possible l’énonciation, propose à la conscience la contemplation du non-être, afin par là de parvenir au projet de la réalisation et de la plénitude de l’être, d’où le paradoxe radical de sa discipline spirituelle.» — Plérôme.

[expérience]«Peut-on légitimement demander à un individuel raisonné et intelligent de sacrifier un savoir pratique, acquis sur l’entièreté d’une vie, constituée par une suite et une concaténation d’expériences aussi diversifiées qu’elles furent fécondes en difficultés, en épreuves, en réalisations en matière à réflexion et en leçons significatives, à une connaissance théorique et à un enseignement moral qui trop souvent se fondent sur des préjugés existentiels, des idéaux esthétiques, attrayants certes, mais non réellement éprouvés, ou encore sur une expérience moins riche encore que celle à laquelle elle prétendrait en démontrer, pour éventuellement chercher à se substituer aux formes idéelles et éthiques qui en ont procédé et qui, grâce à elle, ont acquis un statut épistémologique indéniable, voire qu’il fût encore inédit.» — Plérôme.

[faute]«L’esprit retors érige la peccadille en faute, ou encore exagère la gravité de l’incidence et de la portée de ce qui représente simplement un mouvement naturel et inoffensif, pour encore mieux masquer l’importance de fautes réelles qui lui sont imputables, de manière à distraire ainsi les consciences honnêtes et les empêcher de les constater et par conséquent jouir, en toute impunité, du fruit de leur perversité.» — Plérôme.

[féminisme]«Le féminisme incarne dans son idéologie le rêve du matriarcat restauré, mais — ô suprême paradoxe — il passe souvent par le refus de la maternité et le sacrifice de l’enfant afin de parvenir à ses fins pratiques, souvent appréciables en termes sociaux et politiques (la réussite professionnel et le prestige de l’ascendant) et mesurables en termes économiques et financiers (l’appartenance à une classe possédante riche et prospère).» — Plérôme.

[féminisme]«Le féminisme «tue le père», pour utiliser sa propre terminologie, afin d’encore mieux substituer à son autorité les impératifs de l’État, lesquels s’avèrent souvent hédonistes, prosaïques et dénués de créativité.» — Plérôme.

[femme]«Telle est la femme qui masque son irrésolution et son inconstance en prétextant la fragilité et la délicatesse de son sexe; tel est celui qui ne sait voir en celle-ci que l’apparence de sa faiblesse et de sa précarité et ne parvient jamais à se laisser émouvoir par la sensibilité, la lucidité et l’intelligence qui se cachent souvent derrière cette façade.» — Plérôme.

[femme]«Ventre affamé n’a point d’oreille: une généralisation pratique qui est surtout vraie chez les mères que ne le deviennent jamais ou qui ne le sont pas devenues aussi souvent qu’elles y étaient disposées.» — Plérôme.

[guerre]«La guerre est la remise en question radicale de l’être de son semblable, ainsi que celui de ceux qui s’associent à lui, sans qu’aucun des belligérants ne se montrent prêts d’accepter une attitude correspondante chez l’adversaire, susceptible de porter préjudice à son être propre — sauf lorsqu’il s’agit de déterminer, d’une manière stratégique et tactique (comme dans les missions-suicide ou les opérations-sacrifice), quelles seraient les mesures qui seraient aptes à assurer la prédominance de son camp sur l’ennemi et en définitive sa victoire sur lui —; par conséquent, l’ennemi est celui qui adopte et qui exacerbe, face à son adversaire, la même attitude hostile et belliqueuse que lui fait éprouver celui-ci, d’où la tendance pour les guerres à escalader leur action et à perpétuer leur état jusqu’à leur expression la plus complète et la plus généralisée possible, lorsqu’aucune diplomatie ne vient en atténuer et en apaiser le mouvement: au plan spirituel, l’enjeu de cette rivalité extrême consiste, soit en la reconnaissance intégrale de la vérité idéale de l’individualité de son semblable, soit, au contraire, le rejet de cette individualité comme représentant la négation complète et intégrale de cet idéal; au plan existentiel, il devient la confirmation, par la victoire qui est obtenue, de l’ascendant d’un ensemble belligérant sur les forces ennemies, avec la possibilité alors, pour le vainqueur, de dicter au parti vaincu les conditions auxquelles il devra obligatoirement se soumettre, sous peine d’essuyer un renouvellement des hostilités.» — Plérôme.

[histoire]«Comme pour la Rapunzel du conte de fée, Louis XVII fut enfermé dans une tour et condamné à une vie d’isolement et de solitude; mais contrairement à celle-ci, nulle issue historiquement vérifiable ne fut offerte, même en dérogation de cet édit de la fatalité, à cet infortuné Roi de France qui, toujours enfant, mourut de chagrin, d’inanition affective et sentimentale ainsi que des séquelles de la privation inhérente à son état de prisonnier d’État.» — Plérôme.

[histoire]«Puisque la vie de l’expérience humaine précède la conscience réfléchie que l’individu en développe, le fond de l’histoire, de toute histoire, qu’elle procède des annales, des chroniques, des narrations ou des mythes propres à constituer une mémoire collective, des récollections et des évocations appartenant à un souvenir personnel, ou d’un amalgame de ces sources, est une idée ignorée, car elle n’a pas encore produit, ni généré, un concept possible, et une parole latente, qui n’a pas encore été prononcée, car l’expérience échappe encore et toujours à la réflexion que la conscience serait susceptible de formuler à son égard, lorsqu’elle s’éveille enfin à elle, et à la connaissance qu’elle pourrait en dériver, en énonçant les mots ou en reproduisant les images qui pourraient la représenter.» — Plérôme.

[hystérisme]«L’hystérisme constitue pour l’essentiel une fuite en avant, avec la tentative d’en nier l’importance réelle, devant le fait accompli de l’expérience négative, que celle-ci résulte d’une insuffisance naturelle, ou qu’elle soit la conséquence d’une faute intentionnelle: ainsi constitue-t-elle l’effet d’une réalisation que, quoi que l’on fasse, rien ne changera le fait que cette expérience se soit produite, tout en agissant comme si l’on pouvait en déconsidérer l’incidence et, sous sa forme excessive, comme si celle-ci était apte, comme par magie ou par miracle, à se transmuer ou à se métamorphoser en occurrence salutaire, malgré l’entéléchie qui est propre à son essence particulière; par conséquent, si cette attitude se révèle à la longue déficiente, c’est qu’elle nie la puissance séminale qui caractérise toute expérience, susceptible de produire des conséquences qui sont indépendantes de la volonté du sujet qui la subit, voire même de l’agent qui en est la cause, et dont les retombées, pour soi comme pour autrui, deviendront tôt ou tard inévitables; voilà pourquoi seuls la réminiscence de l’expérience par le souvenir, le retour de la conscience sur elle, menant à une estimation de sa validité morale, axiologique et juridique ainsi que l’allocation équitable des responsabilités, autant quant à ses causes et qu’à la nature des intentions qui ont conduit à son installation, peuvent permettre d’en appréhender complètement les enjeux et éventuellement d’apporter les correctifs nécessaires pour en diminuer les dommages et d’en faire éventuellement cesser les conséquences délétères.» — Plérôme.

[idéal]«Lorsque l’on a choisi de vivre au plan de l’idéal, la nature même de l’idée qui l’inspire, qui est celle de réaliser une conception de la perfection, exige que l’idéal adopté, que les dirigeants définissent en fonction du bien-être de l’ensemble et du bonheur de ses membres constitutifs, soit l’idéal le plus élevé possible qui serait susceptible de l’apporter et de la manifester.» — Plérôme.

[ignorance]«Que peut-on dire de l’ignorance, sinon que par définition on ignore tout de ce qui en serait l’essence positive, sauf à constater qu’elle semble parfois constituer une force active de dissimulation et présider d’une intention qui cherche, et parvient peut-être même, un peu à la manière de la forêt sauvage qui reprend ses droits sur le terrain d’une cité qui en repousse les frontières et qui, en raison de causes historiques, s’est trouvé abandonnée par ses habitants, à engloutir dans le vide béant du gouffre de son irréalité les principes de la vérité elle-même que, en d’autres occasions, la pensée est parvenue à extraire, au bout d’efforts intellectuels indescriptibles et malgré des résistances incroyables, de la nature dont la réalité constitue, pour les perceptions de la conscience, l’aspect manifeste et sensible, en la renvoyant à la notion de l’apparence, telle qu’on la retrouve chez Kant, plutôt qu’à celle de l’aséité, telle qu’on la retrouve chez les scolastiques.» — Plérôme.

[instinct]«C’est souvent afin de ne pas souffrir des bouleversements terribles qui les menacent, s’ils ne parviennent pas à en dominer le cours, que certains hommes en viennent à imiter la cruauté aveugle et inexorable de la nature, en raison de la prédominance qu’elle parvient à établir sur tous les hommes, sans exception, qui en subissent les mésaventures, les dérèglements et les contrecoups, en raison de la puissance inconcevable qu’elle est susceptible d’exprimer; mais cela étant, ils deviennent ensuite, hélas !, un facteur éventuel de malheur à l’égard de ceux parmi leurs semblables, pour qui le rapport avec la nature repose sur l’idée d’une complémentarité et d’une harmonie qui seraient respectueuses des possibilités et des potentiels respectifs de chacun, lorsque l’on en acquiert une connaissance adéquate, que l’on façonne ses choix et ses actions en conséquence et que l’on adapte sa technologie aux possibilités et aux éventualités qui surgissent des prévisions que l’on anticipe, plutôt que sur l’exploitation abusive de ses ressources, de la domination de ses semblables, susceptible d’assurer la sécurité des individus, et de l’exacerbation de la passion des instincts qui, s’étant vus secoués, ébranlés et même terrorisés par ses soubresauts violents et ayant connu la privation subséquente à ceux-ci, motive la conscience à susciter et à développer une telle attitude.» — Plérôme.

[intelligence]«Le piège de la subjectivité consiste en ce que l’individu ne comprendra toujours que ce qu’il est disposé et prêt à entendre, en raison de la nature de l’expérience, antérieure et/ou actuelle, à laquelle il est exposé, de l’intelligence innée qu’elle développe en lui, lorsqu’il est favorisé en ce sens par celle-ci, et qu’il démontre face à elle, de la vision culturelle qui lui est proposée, grâce à l’enseignement de ses maîtres et l’exemplarité de ses parents et de ses proches, des valeurs et des désirs, socialement hérités ou spontanément apparus et formés, qui inspirent son action, ainsi que du courage illustré à surmonter les déterminations qui autrement pourraient conditionner définitivement la nature et la flexibilité de ses convictions.» — Plérôme.

[intelligence]«Tels sont ceux pour qui se valent une tache de suie et un point de lumière, lorsqu’ils se laissent apercevoir simultanément sur une même surface.» — Plérôme.

[intérêt]«On reconnaît volontiers l’œuvre, mais on en nie l’auteur et, a fortiori, l’intelligence, la constance et l’effort qu’en a nécessité la réalisation, souvent en raison de l’amalgame de l’intérêt individuel et particulier, au profit duquel cette action négatrice est produite, maintenue et poursuivie .» — Plérôme.

[justice]«L’amour et le désir de la justice ne doivent en aucun temps se laisser aliéner, ni se transformer, afin de les réaliser, en un fanatisme aveugle, ni encore porter à épouser l’indifférence ou l’ignorance, devant les travers, souvent énormes et stupéfiants qui en dérogent, et qui servent souvent de caution à la commission et à la perpétuation de l’injustice et de l’iniquité, à l’intérieur de la société qui les déconsidèrent et qui peut aller jusqu’à les nier.» — Plérôme.

[justice]«La justice qui se constitue et qui se perpétue, qui se réalise et qui se perfectionne, est l’affaire de tous les membres de la société, et non pas seulement de quelques-uns parmi ceux-ci, ce qui implique que chacun contribuera adéquatement et sincèrement à la réalisation de ce projet, au meilleur de ses possibilités et de ses capacités et avec le sérieux de l’intention et la plénitude de l’ardeur qui sont les siennes, lorsqu’ils sont employés à cette fin louable.» — Plérôme.

[justice]«La généralité agit trop souvent comme si l’on ne trouve aucun profit à faire preuve d’honneur et à vivre selon la justice, entendu dans son sens le plus élevé, alors qu’en réalité chacun aurait tout intérêt à faire l’affirmation et à défendre cet idéal: c’est que, dans l’immédiat, leurs fruits ne se révèlent que subjectivement, avec la satisfaction éprouvée à les incarner, mais ils se récoltent à long terme, avec le bonheur qui en résulte pour les particuliers, et le bien-être qui est produit pour l’ensemble, d’avoir pratiqué ces vertus avec fidélité, constance et persévérance.» — Plérôme.

[justice]«Si l’amour de Dieu et du prochain est le meilleur moyen, parce que le seul véritable, d’assurer que la justice se réalise effectivement, à l’intérieur du genre humain ainsi qu’à l’intérieur des sociétés qui le composent, la constatation, moult fois effectuée, que c’est, hélas, l’intérêt, à la fois individuel et collectif, regroupant une multitude d’ensembles discrets et particulier, qui empêche que tous ne se sentent également engagés à participer à ce projet, cette vertu se trouve néanmoins à l’origine de l’amour avec lequel l’on poursuit et on conserve jalousement la justice, qui incline à définir les paramètres, susceptibles de contribuer à la distinction de l’un et de l’autre, et à reconnaître qu’il importe, à un plan moral, de vivre selon les principes de celui-là plutôt que les impératifs de celui-ci.» — Plérôme.

[liberté]«C’est une vérité incontournable et éminemment logique, mais qui pourtant échappe parfois à la conscience que l’on en possède, qui veuille que plus un choix est essentiel et conséquent, plus il se fait radicalement à l’exclusion de choix contraires ou autrement différents et incompatibles à ceux que privilégie la volonté; par ailleurs, lorsqu’il existe une compatibilité véritable entre des choix distincts, la réconciliation effective de l’un avec l’autre, qui n’occasionne aucun préjudice pour les valeurs respectives et essentielles qui les caractérise individuellement, requerra de part et d’autre une flexibilité du jugement et de la prudence des volontés qui s’exercent à les réalisent mutuellement.» — Plérôme.

[liberté]«L’esclave qui crie à la liberté exige d’être libéré de ses chaînes ainsi que des obligations qui sont les siennes, de se soumettre entièrement à la volonté d’autrui, sans égard pour la vertu de la personne et pour la capacité de jugement qui est la sienne de pouvoir la manifester; mais quelle est l’exigence de l’homme libre et qui, néanmoins, ne se reconnaissant pas pour être tel, requiert aussi de vivre la liberté et en quoi celle-ci se distingue-t-elle de celle qui forme l’aspiration de sa contrepartie asservie ?» — Plérôme.

[liberté]«La foi en la liberté, c’est aussi la foi en le triomphe de l’intelligence et de l’action véritablement morale qu’elle engendre, puisque rien n’assure au départ que chaque conscience morale opérera des choix qui seront d’une excellence qualitative et morale équivalente, en supériorité, en compréhension, en profondeur et en prévision.» — Plérôme.

[liberté]«Le malheur d’une intelligence librement déterminée comme de la conscience libre et réfléchie qui en procède, c’est d’effectuer néanmoins et malgré tout des choix qui s’avéreront mauvais, en raison de s’exercer à partir de connaissances qui sont fausses, biaisées, incomplètes et/ou défectueuses, l’infortune étant d’autant plus grande que les choix opérés sont essentiels et qu’ils représentent des enjeux capitaux pour les individus qu’ils concernent.» — Plérôme.


[liberté]«Le meilleur stratagème dialectique que l’on pourrait utiliser, afin d’illustrer la nécessité qu’il y a d’associer intimement la moralité et la liberté, et d’autoriser à voir en l’une la manifestation et la réalisation de l’autre, consisterait à imaginer que l’une puisse exister sans l’autre: ainsi, une liberté sans moralité, qui entraînerait à commettre les pires forfaits, en recourant au principe de la liberté, afin de justifier des actions qu’instinctivement la conscience concevrait comme étant inadmissibles, serait aussi absurde qu’une moralité sans liberté, qui obligerait le sujet moral à endosser l’entière responsabilité de ses actions, sans qu’il ait la possibilité de choisir, parmi une variété d’actions et de conduites possibles, laquelle conviendrait à l’idée du bien, et peut-être même à celle du meilleur bien possible.» — Plérôme.

[liberté]«Le véritable effet des attentats à la liberté s’exprime à travers les tragédies humaines qu’ils engendrent, par les conséquences qu’ils comportent pour les populations touchées et par les effets qui résultent de leur commission pour l’unité de la société à laquelle appartiennent les victimes: la dimension économique et financière n’est qu’un aspect superficiel de ces retombées, puisqu’elle ne touche qu’à des valeurs tangibles et concrètes, susceptibles d’être renflouées pour la plupart, à l’exception peut-être des chefs-d’œuvre intellectuels et artistiques qui constituent, lorsqu’ils sont détruits, une perte irrécupérable pour le patrimoine de l’humanité, s’ils ne trouvent pas, dans les créations subséquentes, une excellence susceptible de la compenser.» — Plérôme.

[liberté]«Lorsqu’une personne a connu et fait l’expérience de relations sociales libres et entières, favorables à réaliser la plénitude des rapports inter-personnels et à encourager l’épanouissement des personnalités individuelles, en raison d’illustrer la spiritualité dans la simplicité et d’exprimer l’amour sans artifice, peut-elle alors se satisfaire dorénavant des relations utilitaires et superficielles qui pourraient s’offrir à elle, que commanderaient des visées uniquement matérielles et sensibles et exigeant, de la part du milieu social, une gratification immédiate et instantanée ?» — Plérôme.

[mal]«C’est à l’intérieur de la liberté que le mal prend tout son sens: car s’il constitue toujours et encore une action qui vise un bien particulier, sans égard pour le malheur inéquitable et injustifié qui est causé à autrui, et peut-être même contribuant à sa causation, il exprime alors une disposition de la conscience qui, tout en ayant la lucidité de savoir que d’autres options existent, persiste néanmoins dans cette direction qui est contraire au droit ainsi qu’au sentiment fondamental qui est l’attribut d’une humanité bien comprise, c’est-à-dire une humanité qui n’a pas renié son lien nécessaire et essentiel avec un Créateur tout-puissant et bienfaisant auquel elle est redevable.» — Plérôme.

[mal]«Serait-ce que les forces du mal auraient réduit la vie, et l’existence qui en témoigne, à n’être qu’une comédie monumentale, énorme et terrible, quant à ses conséquences comme à ses retombées, dont ceux qui n’en auraient pas saisi le caractère illusoire de son leitmotiv seraient les acteurs, c’est-à-dire les premiers personnages et les figurants malheureux de la tragédie qui en procéderait?» — Plérôme.

[matérialisme]«À l’intérieur de la société matérialiste, que nul idéal réel n’inspire au-delà de l’accumulation et de la préservation des biens, l’exploit principal que l’homme aspire avec constance et persévérance à réaliser consiste à avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre.» — Plérôme.

[maturité]«L’adulte authentique, c’est l’enfant qui se sait, à l’intérieur d’un monde dont la complexité en éprouve et en exacerbe considérablement les virtualités: or, une telle conception n’est que normale, puisque l’enfance, ce n’est pas l’apparence d’une peau que l’on laisse derrière soi, à la manière du serpent qui mue périodiquement, mais un état qui constitue la pierre angulaire des âges futurs de la personne humaine, que réalisent l’expérience et la capacité ainsi que la résolution de rester fidèle à sa nature la plus pure et la plus élevée, laquelle trouve sa source dans la toute première enfance et la suit tout au long de sa vie, qu’elle soit parvenue à conserver son intégrité, malgré les épreuves et les préjudices qui lui ont été portées, ou qu’elle se soit vue compromise, et peut-être même gravement atteinte, par les difficultés sérieuses et capitales qui ont parsemé les expériences de son existence.» — Plérôme.

[mensonge]«Combien sont-ils à croire que le mensonge est en réalité une technique valable, en raison d’être utile à la déconstruction et à la reconstruction de la réalité; en admettant quelque valeur à cette conception, en vertu d’un bien, voire imparfait, qui procédera inévitablement de ces actions, il s’agit alors de comprendre adéquatement quels sont la nature et l’état véritables de la réalité que l’on rejette, quels sont ceux de la réalité que l’on souhaiterait substituer à la réalité initiale et en quoi la déformation de la vérité qui prévaut alors est une bien meilleure méthode de façonner et d’édifier la nouvelle réalité que celle de préserver et de défendre la vérité sur laquelle s’édifiait la réalité précédente et que l’on choisit de trafiquer.» — Plérôme.

[mensonge]«L’interprétation fautive et détournée du propos est le moyen le plus usuel que l’on emploie afin de rallier infailliblement le point de vue d’autrui à sa propre perspective, mais cette tactique ne saurait s’accomplir pas sans déformer, cela étant, le sens initial de la communication, auquel on s’oppose par ce moyen ni interrompue la direction qu’elle serait censée emprunter, dans l’intention de l’esprit qui le propose à l’origine: en somme, lorsqu’elle sert, sciemment et intentionnellement, la fin de produire une offuscation intellectuelle, l’interprétation erronée constitue une usurpation illégitime et injustifiable de l’espace sémantique et discursif public, tout en témoignant du mépris ressenti à l’endroit de l’opinion collective et de la valeur éventuelle que pourrait prendre celle-ci à l’esprit d’une conscience éclairée.» — Plérôme.

[mensonge]«La calomnie consiste en l’invention de toutes pièces de la faute, dans l’espoir dans retirer éventuellement quelque avantage, en raison de la possibilité offerte d’exploiter le discrédit qui en résultera, pour la victime malheureuse de cette ignominie.» — Plérôme.

[mensonge]«Le mensonge, savamment tissé, sciemment cultivé et intentionnellement formulé, représente le véritable asservissement de la philosophie.» — Plérôme.

[mensonge]«Lorsqu’un sujet moral fait effectivement et activement la promotion du mensonge, cela constitue une invitation, adressée à l’esprit honnête, à se demander quelles peuvent bien être la nature, l’essence et la valeur de la vérité qu’il cherche à masquer auprès de ses semblables et pourquoi elle ne saurait se révéler ouvertement ou autrement se représenter à une intelligence mature, compétente, honnête et désintéressée.» — Plérôme.

[mensonge]«Tels sont ceux qui, à défaut de trouver la vérité qu’ils recherchent, et peut-être pour ne pas avoir à verser en patiente abnégation le prix de cette découverte, préfèrent adultérer le visage de celle qu’ils connaissent déjà, voire de manière partielle et incomplète, et recourir à la fantaisie de leur imagination afin d’inventer de toutes pièces celle qu’ils souhaiteraient déclarer avoir appréhendée, sans pourtant qu’ils ne la connaissent pas encore, et en risquant de ne pouvoir jamais la connaître.» — Plérôme.

[mensonge]«Vouloir construire la réalité sur le mensonge, c’est croire que l’avenir serait meilleur si l’on adultérait, sélectivement ou en bloc, la forme et la matière des épisodes et des événements du passé plutôt que chercher à admettre fidèlement l’aspect sous lequel ils se sont présentés effectivement et, lorsque possible, à améliorer les circonstances et les situations que consécutivement ils ont produites.» — Plérôme.

[moralité]«Depuis que la morale, dans le sens le plus élevé du terme, a établi que la véritable civilisation se constitue avec la lutte entre le bien et le mal, la vertu et le vice — souvent distinctement conçus et différemment définis d’une culture à l’autre —, et qu’elle fait reposer sa pérennité sur la victoire de ceux-là sur ceux-ci, la conscience idéaliste semble devoir s’épuiser à découvrir toutes les manières de rendre opératifs et actuels ces principes fondamentaux, devant les résistances nombreuses et les obstacles variés qui sont opposés à leur réalisation, souvent en invoquant le bien qu’il y aurait à se contenter du bien partiel qui existe déjà et de ne pas proposer et viser l’instauration d’un bien supérieur et, de proche en proche, du bien suprême.» — Plérôme.

[moralité]«Honte à ceux pour qui la haute intelligence qu’ils possèdent et le talent de communiquer incroyable dont ils sont doués, loin d’être l’occasion, lorsque cela est nécessaire, d’améliorer et de perfectionner l’état social ambiant et la manière usuelle établie de considérer les individus et les groupes sociaux, deviennent le moyen d’encourager le favoritisme et la corruption, souvent en promouvant ainsi leur avantage immédiat, ainsi que l’occasion de maintenir et de perpétuer l’injustice et l’iniquité, en assurant qu’ils ne se trouveront pas désavantagés par leur présence à l’intérieur du corps social.» — Plérôme.

[moralité]«Honte à ceux qui, lorsqu’ils sont les témoins d’une injustice et qu’ils se trouvent en la  situation, soit d’en prévenir l’occurrence, soit d’en corriger les excès, se contentent d’assister en spectateurs à son actualité, peut-être en raison du sentiment de la sécurité et de l’appartenance qu’ils y trouvent, de préserver leur l’anonymat, en illustrant leur indifférence par un refus d’agir.» — Plérôme.

[moralité]«Le problème moral du bien et du mal est immanent à l’état de la vie puisqu’il est intimement lié à celui-ci: car si la vie est bonne en soi, pourquoi chercherait-on à la détruire; et si elle est mauvaise, pourquoi souhaiterait-on la maintenir et en cultiver l’expression ? Étant bonne, aucune raison ne justifierait son élimination; mais étant mauvaise, aucun motif n’arguerait en faveur de sa préservation.» — Plérôme.

[moralité]«Pour éviter la peine d’atteler le renne au traîneau, on préfère le nommer caribou.» — Plérôme.

[moralité]«Tels sont ceux qui  affichent une indifférence complète, autant quant au Bien que face à la Vérité et la Vertu et qui, pour mieux encore noyer le poisson, préfèrent demander, à l’instar de Pilate, ce que sont le Bien, la Vérité, la Beauté, sans s’attendre à recevoir une réponse, tellement la question est vague, indéterminée et apte à générer toutes sortes d’interprétations générales et souvent contradictoires, plutôt que s’interroger soi-même sur ces natures et ces essences transcendantes ainsi que sur leur signification essentielle pour soi et leur application pratique aux circonstances de la vie quotidienne: et, si par hasard, quelqu’un se risquait à proposer un élément de réponse à l’une de ces questions, ou à toutes celles-ci, le jeu social requiert que l’on feigne de déconsidérer les solutions apportées et d’ignorer les personnages qui s’aventurent sur ce terrain épistémologique, ou, au contraire, de critiquer la forme et le style de leur exposition, si excellentes que fussent par ailleurs les théories proposées, le tout afin de mieux encore conserver l’apparence d’une bienséance et d’une bienveillance, dont le rôle est de maintenir une inertie intellectuelle stagnante.» — Plérôme.

[moralité]«Tels sont ceux qui croient, et peut-être même désirent, que la neutralité dans l’indifférence et l’abstention intéressée devant l’action éventuellement exigeante et risquée soient une même et unique chose et produisent un effet semblable, quant aux retombées pour soi, que l’emploi enthousiaste de mesures salutaires, que confirme un engagement héroïque correspondant, exercé par le sujet moral à la mesure de ses ressources et de ses moyens, et que  manifeste la valeur d’une réelle disposition, aussi courageuse qu’elle est sincère et profonde.» — Plérôme.

[mythe]«Devant l’insécurité dans laquelle les imprévus et les mésaventures de l’existence naturelle jettent les sociétés et les cultures, celles-ci requièrent la production d’un mythe qui interprète la signification morale et historique des tribulations qui les accompagnent et qui fournira une hypothèse salutaire sur l’avenir, susceptible de canaliser toutes les énergies vitales et d’orienter toutes les consciences, en vue d’assurer la menée d’une action collective qui ouvre sur un lendemain qui s’annonce meilleur qu’autrement il serait légitime de pouvoir l’anticiper: la tragédie de la mythogénèse se révèle lorsque ce mythe repose sur l’exercice d’un imaginaire effréné ainsi que sur les constructions qui en sont le produit et, peut-être à un degré plus important, en raison de transporter la fausseté en prenant soin de la voiler sous le masque de la plausibilité et du vraisemblable, d’une imagination qui, s’inspirant d’une occurrence réelle et alimentant un vouloir-vivre légitime, en fournit une théorie qui, prétendant à la vérité, est néanmoins soit excessive, soit incomplète, et représente une version grossièrement déformée de celle-ci ou, ce qui s’avère plus difficile à déceler, une forme subtilement falsifiée de son essence.» — Plérôme.

[mythe]«L’homme n’a cesse de se créer des mythes afin de pour mieux encore vivre selon les fantasmes de son imagination et se conforter du monde qu’il a réussi à construire, grâce à ceux-ci, sans avoir à confronter les réalités qui pourraient entraver cet élan existentiel.» — Plérôme.

[mythe]«La tradition juive propose qu’Adam aurait eu deux épouses distinctes et consécutives: Lilith, la première, représente l’adultère active qui, en s’enfuyant au désert pour ne pas avoir à rendre obéissance à son époux et en s’y accouplant avec Satan, voua à l’extinction, c’est-à-dire l’inexistence, la race d’Adam, puisqu’il n’aurait jamais connu de descendance; Ève, la seconde, signifie l’adultère passive, qui, en se détournant d’Adam et en succombant aux leurres du serpent séducteur, voua la descendance qui procéda de leur union, à la mortalité que compenserait la reproduction pour la renouveler et à la peine dans le travail qui assurerait leur subsistance ainsi que celle de leur progéniture.» — Plérôme.

[narcissisme]«Il faut surtout se méfier de ceux qui interprètent toutes les expériences de leur vie et transforment toutes les significations que celles-ci seraient susceptibles de recevoir, de manière à les rendre encore plus conformes à une théorie, subjective, intéressée et préjudicielle, sur l’existence et ainsi nier que le sens qu’elles prennent puissent avoir une valeur en soi, susceptible de conditionner l’orientation que prend une vie, d’une manière qui répond à l’appel d’une destinée positive et à la liberté qui est requise afin de la réaliser adéquatement et complètement.» — Plérôme.

[narcissisme]«Tel est celui pour qui les réalisations qu’il accomplit sont toujours meilleures que celles qui sont produites par leurs semblables; tel est encore celui pour qui les épreuves surmontées et les souffrances endurées sont toujours pires que les difficultés affrontées par autrui.» — Plérôme.

[pensée]«C’est une loi naturelle, incontournable, inéluctable et irréfutable, que toute pensée, pour être connue et donc exprimée, doive nécessairement recevoir une manifestation physique et sensible, au sens le plus large du terme.» — Plérôme.

[pensée]«Comment parvient-on à penser l’impensable ? car si on réussit à le penser adéquatement, c’est qu’il n’était pas impensable; et si on ne réussit pas à le penser, c’est que la faculté de la pensée ne peut espérer réaliser cette tâche, vu qu’elle est finie et limitée dans sa possibilité, et que, par conséquent, elle ne saurait être en vérité une puissance purement et intégralement transcendantale, ce qui est en nier l’essence spirituelle.» — Plérôme.

[pensée]«Puisqu’elle prête à des interprétation divergentes et parfois même contradictoires, l’ambiguïté des situations et des propos qui servent à la décrire est souvent la mère de la confusion et de l’incompréhension, hormis les intuitions lumineuses de la pensée lucide, perspicace et discriminante.» — Plérôme.

[pensée]«Une pensée pure, profonde, universelle et éternelle, et qui se révèle être vraie, est comme une bouteille lancée à la mer: rarement est-elle appréciée à sa juste valeur, par ceux qui sont les témoins privilégiés de son expression immédiate alors qu’il existe toujours la possibilité que la substance de son message se logera subrepticement dans quelque coin caché de l’esprit de l’un de ses auditeurs, ou encore qu’il sera répété aléatoirement et mécaniquement à un tiers, pour se réveiller ultérieurement, à un moment inattendu, à la manière d’une semence qui, en germant, produira à ce moment futur l’effet équivalent à celui que l’esprit du penseur aurait souhaité voir se réaliser au moment d’être énoncée initialement.» — Plérôme.

[perfection]«L’incomplétude que l’on maintient sciemment, en toute suffisance, autrement que sous la forme d’un repos réparateur, rendu nécessaire par les effets qui résultent d’une situation éprouvante et exigeante, représente un préjudice qui s’exerce à l’encontre du mouvement qui tend vers la perfection, une entéléchie qui est intrinsèque à l’ordre naturel des choses.» — Plérôme.

[perfection]«La plénitude de l’être réside en la bonté, au sens absolu du terme, que peut réaliser en sa personne un individu: mais qui, parmi tous les hommes, peut sincèrement et adéquatement prétendre avoir réellement atteint à cette accomplissement suprême ?» — Plérôme.

[perfection]«On ne saurait prétendre avoir identifié l’incomplétude et défini l’essence comme la nature de l’imperfection, sans posséder une idée de la perfection ou une conception de l’accomplissement, suffisamment bien appréhendées et adéquatement conçues: car seule celles-ci nous autoriserait à en cerner les déviations, les lacunes et les privations, les trois notions fondamentales dont l’aperception et l’appréhension justes se conjuguent afin de produire la formulation d’une théorie de l’inaccomplissement.» — Plérôme.

[perfection]«Pour qu’elle en reflète la plénitude du concept, la recherche de la perfection réalisera l’équilibre du bien à tous les plans de son expression, autant au point de vue personnel de l’intégrité de la personne entière (spirituelle, morale, sociale et physique), avec l’auto-dépassement et la suprématie de la forme qu’elle tente de réaliser, qu’à celui de l’ensemble qu’il inclut et auquel il s’adresse, pour chacune de ces dimensions existentielles.» — Plérôme.

[philosophe]«L’empêtrement philosophique consiste à ne plus savoir distinguer le vrai du faux, le bon du mauvais ou le beau du laid, ou ce qui en est le symptôme, prendre le faux pour le vrai, le mauvais pour le bon ou encore le laid pour le beau, et les préférer à ceux-ci; par ailleurs, quant à la malveillance susceptible de caractériser à l’occasion la philosophie, elle se manifeste en vivant sciemment au plan de la forme que prend l’ignorance transcendantale et de s’y situer par intérêt, c’est-à-dire dans l’espoir de trouver quelque avantager à cela, en demeurant indifférent aux conséquences qui en résulteront pour son semblable ou pour l’ensemble de la société en général.»— Plérôme.

[philosophie]«Depuis Socrate, et en dépit du nom que cette discipline s’est donnée, ainsi que des efforts de Platon en vue de conserver le souvenir de son maître, la philosophie refuse à la sagesse son droit de cité et substitue à ses principes traditionnels et fondateurs, découverts à force de perspicacité, en contemplant la nature, et d’introspection, en observant subjectivement l’humanité en soi-même, l’exercice inductif et déductif de la raison sensible, ainsi que les produits conceptuels et nomothétiques qui en procèdent, souvent en recourant aux artifices qui maintiennent l’apparence d’une universalité et d’une éternité épistémologiques, consécutives à l’imposture qui a présidé à cette rupture fondamentale dans l’esprit de l’humanité et qui se manifeste dans la séparation radicale entre la religion et la science, entre la vérité de la croyance, intuitive, abstraite, transcendante, infuse et révélée, et la vérité empirique, sensible, concrète, immanente, expérimentale et vérifiée.» — Plérôme.

[philosophie]«Il existe deux philosophies fondamentales: celle qui est entièrement et impartialement dévouée à la vérité, à sa découverte, à son exploration et à son illustration, indistinctement des avenues vers lesquels elle engage le chercheur et sans égard pour les voies qu’elle dispose à découvrir et à tracer; et celle qui se contente seulement d’en concevoir quelques aspects artificiels et d’en formuler quelques aperçus superficiels, en édifiant sur ceux-ci une théorie aussi magnifique qu’elle est trompeuse.» — Plérôme.

[philosophie]«La culture de la philosophie est aussi la culture de l’énigme, non pas d’une énigme qui offre un problème spécifique à l’esprit et demande de le résoudre, mais d’une énigme qui embrasse toutes les sphères de la vie de l’âme et de l’esprit, autant celles qui conditionnent et délimitent son activité naturelle, i.e. la physis, que celles qui illustrent les possibilités infinies de son essence et qui font surgir en la conscience un questionnement qui vise à élucider le mystère de son origine, de son fondement, de sa finalité, de sa raison d’être et jusque de sa possibilité même d’exister.» — Plérôme.

[philosophie]«La raison d’être de la philosophie est la Vérité, une vérité que l’on appréhende et dont on découvre l’essence, avec la reconstruction que l’on en fait, de sorte qu’une philosophie qui tournerait le dos à la Vérité et en refuserait la quête serait en réalité une anti-philosophie et ne tendrait que vers le non-être de sa manifestation et de sa réalisation.» — Plérôme.

[philosophie]«La tâche de la philosophie ne consiste pas à inventer la vérité, mais bien de la découvrir et de la révéler au grand jour, en levant le voile qui recouvre le mystère de la réalité physique et spirituelle: dès que le philosophe a compris ce principe, le problème de l’opposition et du conflit des doctrines a été résolu, du moins dans l’idéal, puisque l’unique vérité, qu’il est dans l’intérêt de l’intelligence d’en faire l’intuition et de l’appréhender — et dont la forme et l’essence se retrouvent dans la vérité qu’elle sait déjà partiellement —,  devient le critère contre lequel estimer et décider en définitive de la valeur réelle d’une théorie; seules deviennent alors problématiques les questions de la vraisemblance — de la théorie qui ne serait vraie qu’en apparence, voire qu’elle fût éminemment crédible dans sa plausibilité — et de l’incomplétude — de la théorie qui ne serait vraie qu’en partie, voire qu’il apparaîtrait suffisant de se contenter de la concevoir dans l’incomplétude de son essence et de sa manifestation —.» — Plérôme.

[philosophie]«La philosophie est beaucoup plus que savoir poser à autrui des interrogations auxquelles on n’a pas soi-même répondu et des problèmes pour lesquels on n’a pas su trouver de solution, mais même lorsqu’elle accomplit des pas remarquables dans le sens d’une connaissance morale plus diversifiée et plus profonde, elle ne manquera pas de soulever un nombre appréciable de questions nouvelles et parfois même des apories implicites et apparemment insurmontables.» — Plérôme.

[philosophie]«La philosophie ne saurait se contenter de formuler et d’énoncer un perpétuel commentaire sur les propos et les actions de l’humanité, y compris ceux des philosophes et des héros qu’elle adopte pour modèles afin de fonder et d’élaborer sa discipline, mais elle doit également viser la constitution de telles personnalités idéales et prêcher par l’exemple auprès de ses adeptes, non seulement afin de former leur pensée et d’inspirer leur conduite, mais aussi pour qu’ils deviennent des modèles vivants de la bonté et de la viabilité des principes qu’ils proposent à l’examen des consciences pour lesquelles l’accomplissement de ses idées et l’actualisation ses principes deviennent le phare des moralités et la finalité de leurs réalisations.» — Plérôme.

[philosophie]«Le philosophe est celui qui, au nom des idées transcendantes de la vérité, de la bonté et de la beauté, remet tout en question, sauf évidemment la légitimité et le pouvoir d’accomplir cette action, autrement la prétention à la réaliser serait vaine et futile et, quant à ses conséquences pratiques, illusoire et inconséquente.» — Plérôme.

[philosophie]«Le problème de la philosophie, lorsqu’elle plane dans le ciel éthéré des idées et qu’elle trouve sa finalité dans l’abstraction ultime des concepts, consiste en ce qu’elle théorise pour tous les cas, sans réussir, d’un point de vue pratique, à embrasser réellement la spécificité d’aucun de ces exemples: par conséquent, elle s’avère peu propice à fournir les principes et les conditions pratiques d’une vie qui est profondément et significativement enracinée dans les conjonctures immédiates et circonstanciées de l’existence.» — Plérôme.

[philosophie]«Le message fondamental de Descartes pourrait se représenter ainsi: même lorsque l’homme veut ne croire en rien, et peut-être même désire repousser et réfuter toutes les croyances, comme constituant autant de pièges, d’illusions et d’artifices pour la raison, il ne peut s’empêcher, en pensant et en repensant ce qu’il pense, de se concevoir comme étant et de croire en la possibilité, par conséquent, d’énoncer l’incrédulité par laquelle il met en doute sa prétention d’exister et de vivre selon les principes qui en découlent; . Car, si le doute cartésien est méthodique, il représente en même temps la possibilité de vivre selon une hypothèse pyrrhonienne sur la vie et sur la connaissance (ou son absence) que l’on serait susceptible d’en retirer, d’en concevoir et d’en communiquer, en vertu de l’expérience qu’elle nous autorise d’en faire, laquelle préconise que, les choses étant «également indifférentes, non évaluables, indécidables», nulle sensation ni opinion ne seraient susceptibles de donner, soit la vérité, soit la fausseté [Long et Sedley, p. 41].» — Plérôme.

[philosophie]«Serait-ce que dans l’âme de chaque philosophe, se tapit subrepticement celle d’un censeur, d’un procurateur, d’un arbitre et d’un juge, par la découverte des idées qui, en raison de leur profondeur et de leur hauteur, paraissent devoir se réaliser à l’intérieur de la sphère spirituelle et intellectuelle de l’humanité ?» — Plérôme.

[philosophie]«Tout le problème de Descartes se résume à celui de la liberté, car le mauvais Génie est aussi celui qui propose à la conscience l’illusion de la pensée, et par conséquent de la liberté, pour mieux encore l’égarer: or il n’en est rien, cette proposition est artificieuse et factice, puisque la pensée ne saurait être une illusion, étant immanente au doute lui-même et de plus, la seule faculté qui puisse le discerner et le transcender; ainsi, la pensée existant et sa certitude étant acquise, du fait qu’elle est requise afin de découvrir en l’action de douter la réalisation de sa présence, ainsi que sa puissance de discernement, l’être qui la fonde ultérieurement et nécessairement, c’est-à-dire Dieu, le seul Être qui puisse à la fois en être la source et le principe, existe également et Celui-ci devient alors le gage et le garant de la liberté, en réduisant de la sorte le mauvais Génie à n’être plus qu’une puissance de la virtualité, autant par rapport à elle-même qu’en rapport avec la frime de ses ruses, s’il advenait que son existence s’avérait (car il importe de se souvenir que l’invocation du mauvais Génie constitue un artifice rhétorique, inventé par Descartes afin de servir à la construction de son argumentation), mais non pas une toute-puissance, puisque devant le céder à l’Auteur et au Créateur de la pensée qui échappe à son pouvoir, en vertu de la présence et de l’essence même de la pensée qui déjoue ses calculs mystificateurs et dont Celui-là est le principe originel. § Qui aurait pu croire alors que l’on retrouverait en Descartes les vestiges de la pensée manichéienne et, plus profondément encore, ceux du Mazdéisme ou du Zoroastrianisme, lesquels proposent une lutte dont la durée est indéterminée, mais non pas infinie, entre Ormuzd, le dieu du Bien — dont la Vérité est une des émanations —, et Ahriman, le dieu du Mal — dont l’artifice trompeur et séducteur représente une des manifestations —, puisque celui-là doive en bout de compte triompher sur celui-ci et que l’on retrouve, sous l’aspect de la pensée qui établit sa suprématie sur l’illusion, l’évidence et la nécessité de ce triomphe dans la pensée métaphysique de Descartes.» — Plérôme.

[philosophie]«Une étude attentive et approfondie de l’histoire de la pensée révélerait que des schémas de pensée fondamentaux, identiques ou analogues, reviennent fréquemment à différentes époques, mais en adoptant des formes distinctes chez les auteurs qui les révèlent: trois  raisons principales pourraient expliquer ce phénomène, à savoir que la vérité est une et connaissable; qu’elle continue, à travers les âges à être soit niée, soit méconnue, soit simplement rejetée; et que ses interprètes, en raison de leur individualité imaginative et créatrice, de la diversité et de la singularité de leurs expériences ainsi que de la conjoncture historique et culturelle unique qui les encadrent et les façonnent, ne sauraient la présenter à l’humanité d’une manière qui soit homogène et facilement repérable d’un penseur à l’autre.» — Plérôme.

[politique]«C’est une constante du phénomène existentiel et social, qui mérite de recevoir une explication, et qui veuille que souvent, l’ordre que l’on cultive en soi et que l’on instaure pour soi passe par le désordre que l’on occasionne pour son semblable.» — Plérôme.

[politique]«L’homme politique, lorsqu’il définit pour l’essentiel son action comme réalisant l’art du possible, se situerait en définitive au plan de l’amoralité, puisqu’il cautionnerait l’exercice d’un génie qui pourrait, afin d’accomplir ses fins, utiliser indifféremment des moyens qui ne s’en réfèrent nullement aux catégories du bien et du mal, dans l’évaluation de leur pertinence et de leur valeur: ainsi, seule une définition du politique qui aspire au plus grand bien possible serait pleinement justifiable, à l’intérieur d’une société réellement civilisée, si ce n’est qu’en raison de constituer la seule finalité qui est convenable à tous, puisque chacun seraient susceptible de bénéficier des fruits de l’action qui les produit; en réalité, cependant, une telle conception se justifie uniquement en vertu de la nature, présente en la profondeur de l’être de l’homme, de tendre constamment et sûrement vers la réalisation du bien, malgré l’influence de facteurs qui seraient susceptibles d’en corrompre l’élan, peut-être même d’une manière irréversible, mais  réfractaire surtout aux tentatives et aux efforts sincères, réels et effectifs, d’en restaurer ou d’en préserver le mouvement originel, tel qu’il s’exprime en demeurant fidèle à l’entéléchie de son essence véritable.» — Plérôme.

[psychanalyse]«Le tort majeur de la psychanalyse, en regard des perspectives du sujet analysé, c’est de dissoudre la question matérielle de la vérité de son propos en lui substituant celle, formelle, des mécanismes de défense, de manière à faire se déplacer au plan subjectif des réactions émotionnelles, et des sentiments qui en sont les produits, les idéations et les conceptions objectives qui sont aptes à procéder d’une aperception juste et claire de la réalité et conduire à réaliser une action décisive et pertinente, adéquate aux conditions et aux paramètres de celle-ci: en tant qu’une telle disposition émane de la dynamique individuelle, personnelle et intérieure, de l’analysant, elle répondrait au phénomène caractéristique du contre-transfert, susceptible d’influencer négativement la relation thérapeutique, et requerrait de l’analysant une introspection sérieuse sur ses propres mobiles et ses propres désirs, comme sur la fonction que reçoit, au plan institutionnel et social, l’exercice de sa profession.» — Plérôme.

[psychosexualité]«Sans chercher en aucune façon à déprécier la valeur réelle que prend la femme pour l’homme, et pour l’humanité ainsi que la société en général, vu l’importance capitale que comporte pour eux la maternité, il semblerait parfois que, afin de souligner l’excès avec lequel souvent l’on idéalise la nature de la femme, à l’intérieur de la société occidentale — une action dont celle-ci ne trouvera que rarement à se plaindre, dès lors qu’elle se trouve grandement favorisée par cette mystique flatteuse que l’on cultive à son égard —, le cœur de la femme serait tout alors que celui de l’homme ne représenterait rien; mais alors, peut-être serait-il loisible de supposer que ce phénomène culturel n’exprime qu’un retour du balancier, qui, un jour, a réalisé  l’idéalisation de la nature de l’homme, en la glorifiant au détriment de celle de la femme, de sorte qu’alors, à ce ou ces moments de l’histoire culturelle de l’humanité, le cœur de l’homme est devenu tout et celui de la femme fut tenu pour rien, avec la réserve essentielle, cependant, que, parmi toutes les mystiques que l’on cultive à l’égard de la féminité, il y a celle qui est intimement reliée à la nature essentielle de son être dont aucune glorification de la virilité ne saurait la priver ni ne parviendrait à lui porter ombrage, que plutôt une virilité profonde et éprouvée lui permettra de réaliser, c’est-à-dire sa capacité d’épouse et de mère et la puissance de l’amour qui est à la source de la plénitude de leur actualisation.» — Plérôme.

[raison]«Tel se contente de s’en référer à des théories adoptées par le passé, et qu’il a un jour prises pour être vraies, ou du moins pour être suffisamment plausibles, malgré les imperfections et l’incomplétude qui pourraient leur être attribuées, plutôt que d’examiner la valeur intrinsèque propre, des données et des interprétations nouvelles qui se présentent à son expérience et qui pourraient exiger de sa part qu’il effectue un réajustement et une réévaluation de sa conception usuelle et établie des situations et des événements qui se présentent à lui.» — Plérôme.

[religion]«Du crime perpétré sur la personne innocente de toute faute naît la religion, d’autant plus profonde et mystérieuse, durable et fermement ancrée dans l’âme de ses adhérents, que l’injustice fut importante et cruelle, que l’individu fut élevé dans la hiérarchie spirituelle et morale des êtres vivants et que l’ampleur et la plénitude de sa vertu se fussent manifestées et illustrées de manière éclatante, dans l’épreuve accablante que lui obligèrent à souffrir ses congénères.» — Plérôme.

[respect]«Respecter autrui, d’une manière véritable et complète, c’est le respecter dans l’autonomie de sa liberté et, en même temps, illustrer le désintéressement de savoir le respecter dans ses choix, même lorsqu’ils s’effectuent à l’encontre d’un désir personnel, non pas par indifférence — au contraire, l’expérience de subir un choix qui s’exprime à l’encontre du désir intense et ardent sera à la fois déchirant et douloureux —, mais au contraire, en reconnaissant que, avec la vie qui en est la substance, la liberté est le bien le plus précieux dont peut disposer la personne.» — Plérôme.

[sexualité]«La faute morale radicale, qu’en est venue à commettre l’Occident, en illustrant ainsi une inconscience monumentale, a consisté à méconnaître et à dévaloriser la valeur sacramentelle de la sexualité, lorsqu’elle devient l’expression physique, intégrale et excellente de l’amour, en révélant autant la qualité de la profondeur insondable de son état que l’éternité et l’intemporalité de son essence, pour la banaliser et la réduire à n’être plus que l’occasion insignifiante d’un plaisir qui est certes agréable et ineffable, mais néanmoins fugitif et éphémère, malgré qu’il puisse chercher à se reproduire à l’infini: post coitum omne animal triste est.» — Plérôme.

[société]«C’est s’illusionner grandement que de croire que l’avantage du nombre présente une force qui préserve éventuellement la collectivité de l’erreur, alors que son effet est seulement de protéger temporairement l’ensemble, des conséquences inévitables de vivre en se fondant sur les prémisses fallacieuses qui soutiennent les croyances qui sont le gage de sa précarité; car, quelle que soit l’essence qui l’exprime et la forme sous laquelle elle se présente, la vérité est toujours une et elle inspire d’abord des consciences particulières, pour ensuite irradier, de proche en proche, à partir de ce centre spirituel, moral et intellectuel, vers la collectivité qui l’adopte définitivement et institue la substance doctrinale fondamentale, unique et certaine, de la vie spirituelle de tous ses membres.» — Plérôme.

[société]«Le paradoxe de la vie, lorsqu’elle se déploie à l’intérieur d’une société libre, réside en ce que la cohésion de celle-ci repose nécessairement sur la confiance qui règne entre ses membres, et que cette force unifiante est d’autant plus forte que la confiance généralement exprimée est réellement mutuelle et spontanée et que l’abus que l’on en fait en atténue l’expression, proportionnellement à son importance: ainsi, dans la mesure où prévaut l’intérêt particulier et qu’il constitue un empêchement à la confiance que l’on prête librement et que l’on assure effectivement, en se fondant sur la réciprocité des consciences morales, aucune société qui se veut libre, autrement que virtuellement et artificiellement, ne pourra estimer exister durablement, si elle ne se fonde sur un principe de cohésion dont la confiance réciproque de ses membres est l’essence et, en cherchant ailleurs ce fondement, elle générera l’iniquité, en même temps que l’oppression qui l’accompagne, pour se voir alors dans l’obligation de cesser de se prétendre libre.» — Plérôme.

[société]«Tels sont ceux qui, pour se convaincre d’être sains, dussent nécessairement identifier, parmi leurs semblables, celui qu’elles peuvent investir de l’épithète d’être malade, à la manière de certains individus qui, afin de pouvoir se considérer pleinement admirables, doivent créer des liens avec des individus moins estimables qu’eux et faire montre de leur association avec eux.» — Plérôme.

[société]«Toute société qui ne s’est pas vouée à réaliser l’épanouissement et le perfectionnement de tous ses membres, ou à tout le moins de ceux-là qui, en raison de leur talent, de leur dignité, de leur valeur et de leur résolution, seraient en droit de s’attendre à un tel engagement, leur offrant la possibilité d’une telle réalisation, se consacre implicitement au mieux à la stagnation de sa population et au pire à la corruption et à l’aliénation de sa structure fondamentale et de l’essence profonde de sa culture, avec l’inévitable décadence qui en résulte pour elle.» — Plérôme.

[spiritualité]«Il y a un rapprochement à faire entre la jouissance sexuelle et l’extase de l’âme; car toutes les deux sont susceptibles de produire, en raison du plaisir qui leur est associé — mais distinctement, car l’effet qui est senti au plan physique pour l’un est éprouvé au plan spirituel pour l’autre —, la forme la plus élémentaire qu’est apte à prendre le bonheur, une forme qui n’est pas incompatible avec sa présence effective complète, mais qui n’en révèle pas, cependant, au plan subjectif, sa pleine et entière réalisation.» — Plérôme.

[symbolisme]«Le lotus philosophique symbolise le sage qui, tout en flottant sur la fange de l’ignorance et en plongeant ses racines au plus profond de la fausseté et de l’incomplétude de ses principes, parvient néanmoins à en extraire les nutriments qui lui permettront d’accéder effectivement à la plénitude de l’intelligence et à la complétude de la sagesse.» — Plérôme.

[thème]«Il existe en réalité deux espèces d’arguments ad hominem: celle qui, ne pouvant admettre la valeur des principes défendus, s’en prend à la personne qui les défend, en cherchant à la discréditer et, du même coup, à porter atteinte — mais seulement apparemment — à la crédibilité de la position intellectuelle qu’elle énonce; et celle qui, en raison de l’antipathie spontanément éprouvée pour une personne, s’en prendrait aux principes aperçus comme étayant sa raison d’être, afin de l’en priver de ses fondements épistémologiques et métaphysiques; si la première est la mieux identifiée, en raison de constituer et de promulguer une illusion logique, laquelle porte faussement à croire que les arguments apportés formulent une critique légitime, visant à soutenir des principes logiques et épistémologiques réels auxquels l’individu visé dérogerait, la seconde l’est beaucoup moins, malgré la perversion évidente de la logique, consécutivement à l’effort malhonnête de teinter des principes épistémologiques valides et fondés avec l’apparence de la fausseté que la force et la persévérance du sophisme leur confère, en se montrant prêt, en raison d’une antipathie particulière, à sacrifier un système de vérité et, en même temps, l’utilité qui pourrait en résulter pour l’intelligence de la généralité, à des opinions contraires douteuses, dont la formulation est motivée essentiellement par le sentiment négatif et peut-être même l’intérêt positif qui en suscitent l’apparition.» — Plérôme.

[trahison]«La première leçon à retirer du comportement ignoble de Judas, lorsqu’il livra aux autorités celui qui était à la fois son ami et son maître, c’est que nulle trahison et nul sacrifice de la personne d’autrui ne s’accomplissent sans que ces actions ne répondent à un intérêt manifeste et sans qu’elles ne nourrissent l’espérance d’en retirer un avantage tangible éventuel; la seconde, c’est que peu importe l’importance de la contrepartie touchée, elle s’avérera toujours en deçà de la valeur réelle que prend l’action perfide, autant aux yeux de ceux qui en tirent un bénéfice que quant aux conséquences qui en résulteront pour eux et à la honte qui s’ensuivra pour le dénégateur, consécutivement au jugement qu’elles seraient susceptibles de produire, dans l’esprit des gens honnêtes qui seront en mesure d’adéquatement les apprécier; la troisième, c’est que le remords est un sentiment naturel qui caractérise la moralité inhérente à la nature humaine, lorsqu’il procède d’une conscience qui devient consciente d’avoir défailli au sens inné de la vertu qui l’habite, mais que la capacité d’éprouver et d’exprimer un repentir repose sur un courage qui, lorsqu’il vient à manquer, peut alors se transformer en désespoir insurmontable.» — Plérôme.

[universalité]«Lorsqu’elle n’est pas refusée intégralement, l’universalité se vit réellement ou, plus communément, elle devient un idéal dont la réalisation en soi et pour soi est sincèrement espérée et immédiatement mise en œuvre, aussi que faire se peut, avec les facultés individuelles et les ressources morales dont dispose la conscience de chaque sujet moral, adéquatement éclairée et inspirée en ce sens.» — Plérôme.

[Université]«L’Université ne serait-elle rien d’autre qu’une cathédrale dont les blocs, taillés avec excellence par les maçons et les sculpteurs, restent néanmoins épars et pèle-mêle sur l’aire de la construction, faute d’un architecte, d’un plan directeur et d’une pierre d’angle pour coordonner leur action pédagogique et donner à ces matériaux la forme et la consistance d’un édifice unifié qui est grandiose et réussi.» — Plérôme.

[vérité]«Nombreux sont-ils à s’imaginer que la vérité se réduit à ce qu’ils peuvent en apercevoir et en concevoir hic et nunc, ici et maintenant: d’où le nescio socratique, qui constitue une manière de scepticisme, apte à faire naître une vérité politique que seule peut fonder une conception de la vérité, plus essentielle, plus profonde et plus complète, chez ceux qui se hasardent à vouloir la découvrir et l’appréhender.» — Plérôme.

[vérité]«Tels sont ceux qui  peuvent tenir pour rien ce qui est la vérité la plus pure et la plus élevée, qui procède d’une âme d’autant plus sage et intelligente qu’elle a acquis la conscience de ses principes et qu’elle s’en est laissée infuser, suite aux épreuves qu’une expérience diverse, exigeante et complète lui a opposées, en développant en elle le sens et l’intuition de l’importance capitale qu’elle prend pour l’avenir et le bonheur de l’humanité.» — Plérôme.

[vérité]«Tels sont ceux qui érigent les principes particuliers en vérité universelle, tout en banalisant son expression et son illustration et en les réduisant à n’être plus que des événements singuliers et ordinaires: car tout en admettant formellement la nécessité de la transcendance, dont l’idéalité importe à une intelligence adéquate du monde physique et social, ils cherchent à en voiler, à en nier ou autrement à en invalider la réalisation immanente à l’intérieur de l’expérience sensible, susceptible d’être éprouvée par les consciences, disposées à la pressentir comme révélant autre chose que la simple apparence, et de les motiver à en découvrir les fondements, les raisons, les principes et les finalités, en recourant à l’imagination qui puise à ses sources spirituelles et en invoquant les idées propres à une réalité qui la dépasse et la subsume.» — Plérôme.

[vérité]«Tels sont ceux qui reçoivent les idées justes, mais inédites, comme si elles étaient des secrets politiques qu’il faudrait déconstruire et éventer, peut-être en raison de la possibilité qu’ils puissent exercer un effet déstabilisant ou compromettant; tels sont ceux encore qui les entendent comme étant des vérités qu’il faudrait retenir et considérer dans toute la profondeur de leur substance.» — Plérôme.

[vérité]«Une recherche authentique de la vérité exige que l’on en fasse la recherche là où elle est apte à se trouver et non pas seulement là où l’on souhaiterait et où l’on voudrait qu’elle se trouvât.» — Plérôme.

[vertu]«Il existe des faiseurs de saints comme on retrouve des faiseurs d’anges: autant l’un que l’autre répondent à une nature individuelle dont l’action exige, au nom des principes de l’intégrité sociale et de la justice commune, une justification éthique et une validation morale.» — Plérôme.

[vertu]«L’illusion importante qu’entretiennent les peuples corrompus, lorsqu’ils s’imaginent que la volonté de leurs dirigeants peut s’accomplir en toute impunité, sans égard ni à la justice naturelle et commune, ni à l’honneur et à la conscience morale individuels, c’est que n’existe aucune justice immanente, ni, par conséquent, aucune possibilité de rétribution éventuelle susceptible de recevoir et de relever leur attitude inique et injustifiable.» — Plérôme.

[vertu]«La vertu d’un être est le principe de cet être, en tant qu’il est l’être qu’il est, véritablement et profondément, mais paradoxalement en tant qu’il révèle la bonté qui est propre à sa réalisation, lorsqu’il devient et qu’il manifeste pleinement cet être, en raison d’illustrer les possibilités qui le prédisposent à effectuer cet accomplissement et ainsi à actualiser un principe de perfection: telle est la vérité fondamentale qu’exprime la sentence mystérieuse, «Je est un autre», prononcée par A. Rimbaud dans sa Lettre du Voyant (du 15 mai 1871).» — Plérôme.

[vertu]«Le mal du siècle réside en l’absence de l’honneur, ainsi que de la vertu qui seule est légitimée à en fonder le sentiment de son importance et l’actualité de sa présence: c’est que le culte rendu aux possessions, ainsi qu’à l’ascendant social qu’elles confèrent et au prestige qui leur est associé, ont pris le pas sur la culture de la qualité morale et sur l’excellence personnelle qui en résulte à la fois pour soi pour autrui et pour l’ensemble social.» — Plérôme.

[vertu]«Le salut d’une culture et d’une civilisation repose sur le principe suivant, à savoir qu’il importe de tenir en juste vénération l’effort qui consiste à faire l’émulation de la vertu, et non du vice: les héros sont ceux qui réalisent la vertu contre les pires adversités et en dépit des contrariétés naturelles les plus sévères; les martyrs, ceux qui exposent leur vie en défendant les droits de la vertu devant les tendances opposées et les propensions contraires, lorsqu’elles s’incrustent dans l’esprit de l’ensemble ou qu’elles tentent de se perpétuer à l’intérieur une classe sociale prépondérante.» — Plérôme.

[vice]«Honte à ceux qui évoquent le prétendu déshonneur d’autrui afin de mieux encore justifier leur propre ignominie, souvent en la soustrayant aux yeux des consciences honnêtes et de bonne foi, par crainte que celles-ci puissent percer le subterfuge détourné et dilatoire.» — Plérôme.

[vice]«Le propre de l’ignoblerie, lorsqu’elle n’est pas entièrement dénuée de pudeur morale, consiste à vouloir masquer l’ignominie des actions répréhensibles qui la manifestent afin de mieux encore profiter des avantages que l’agent moral escompte en retirer, puisqu’elles requièrent obligatoirement d’être accomplies sans que les gens honnêtes ne puissent en déceler la véritable nature; paradoxalement, elle leur évite d’en cautionner la commission et de se rendre complice des méfaits qui en résulteront, autant concrètement que moralement, de sorte que, lorsqu’ils en prendront conscience, ils se sentiront d’autant plus libres d’en apprécier la valeur et la portée véritables.» — Plérôme.

[vie]«Tout le raisonnement au monde, si profond fût-il, voire même tout effort de la volonté, si constant et si persévérant se montrât-il, ne saurait faire qu’une semence se mît à germer, ou encore qu’elle entreprît de croître, même la valeur de l’épaisseur d’un cheveu.» — Plérôme.

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