samedi 14 janvier 2012

Euthúmèma VI (réflexions) — Révision du 28 janvier 2021

[Depuis le 14 janvier 2012, avec mises à jour périodiques. — Since January 14th 2012, with periodical updates.] 

[action]«Le concept renvoie toujours à une idéation et à la réalité qui puisse se révéler, même si celle-ci est négative — telle le néant, la mort, l’abîme, l’absence ou la privation entières, le trou, le vide, le rien —, et si l’idée qui l’exprime signifie l’absence d’un être ou d’une qualité de l’être. Mais là où naît la confusion, c’est non pas tant dans l’affirmation de cette adéquation qui existe, entre l’idée et le réel, laquelle est au fondement de toute action, pour l’une, et de toute communication, pour l’autre, mais dans la découverte et dans le choix d’une conduite optimale à tenir, pour celle-ci, ainsi que de l’explicitation de la schématisation et de l’exhaustivité du discours qui en procédera pour celle-là.» — Plérôme.

[action]«Le défi majeur, une fois que l’on a visualisé l’idéal et formulé la doctrine qui en exprime la théorie, consiste à en appliquer les principes élevés et de rendre conforme son expérience, ainsi que les actions qui actualisent son existence, aux conceptions merveilleuses qu’elle révèle.» — Plérôme.

[amitié]«L’amitié caractérise celui pour qui le sentiment qui lui est porté répond à l’intensité, la franchise et la profondeur de celui que l’on témoigne à l’égard du frère; la fraternité décrit celui pour qui l’affection éprouvée trouve sa contrepartie dans la constance, la sincérité et la loyauté qui se vivent à l’égard de l’ami.» — Plérôme.

[amour] Dans l’idéal, l’amour est l’état et le sentiment qui naît dans l’âme d’un homme et d’une femme, qui commande leur union, qui anime leur couple et qui dynamise le rapport en vue de la réalisation la plus élevée possible de leur mutualité générique.» — Plérôme.

[amour]«L’expérience nous apprend, voire parfois cruellement et de la manière la plus insensible, que lorsque l’on vit un amour profond et éperdu, ou lorsque l’on est animé par un désir qui nous paraît être aussi légitime qu’il est intense, on doit néanmoins, même là, alors que rien ne semblerait être moins fondé et plus irrésistible, se préparer à comprendre que les plus beaux raisins que le vignoble promettait d’offrir n’offraient pas alors pour autrui la teinte espérée.» — Plérôme.

[art] «L’art est la représentation sensible de la plénitude de l’idéal qui se manifeste et se réalise, d’une manière qui est à la fois unique et excellente — et qui, pour cette raison, devient un modèle de la représentation, en raison de la beauté qui s’en dégage et à laquelle elle donne corps —, parce qu’elle sollicite au plus haut point les moyens, physiques et spirituels, mis à sa disposition dans l’accomplissement de l’œuvre.» — Plérôme.

[art]«Ceux qui relèguent la poésie à n’être que l’expression de la subjectivité pure en nient la qualité opérante par laquelle elle parvient à rejoindre des consciences autres et à opérer éventuellement sur elles une suite de transformations qui influeront jusque sur les choix qu’elles exprimeront et sur les actions qui en découleront; ceux qui voient en la philosophie uniquement l’illustration d’une objectivité pure omettent de considérer l’apport de l’expérience individuelle dans la formulation des théories philosophiques et l’éventuelle information que procure celle-ci au propos établi et au discours qui en résulte, nonobstant la prétention à l’universalité qui anime sincèrement le penseur qui les forment.» — Plérôme.

[communication]«Il existe un phénomène sémantique qui se laisse observer dans la vie des mots, qui consiste à vider les concepts de leur étymologie, c’est-à-dire de leur signification originelle et de son évolution au cours de l’histoire, pour mieux encore leur substituer des connotations à la fois moralement neutres et épistémologiquement créatives, issues de l’interprétation continuelle, et donc éphémère et changeante, que la conscience collective opère sur la réalité qui constitue son expérience et qui illustre tantôt l’inconstance de la nature humaine dans son rapport à l’essence des choses, êtres réels ou êtres de la raison, et tantôt l’effet prédominant du mouvement historique qui est inhérent aux conditions de l’existence.» — Plérôme.

[conscience]«Peut on estimer adéquatement le passé sans comprendre sa signification effective pour le présent ? Peut-on regarder et vivre à l’intérieur du présent sans considérer qu’il se construit sur des réalisations antérieures et que les accomplissements auxquels il conduit auront une continuité plus ou moins longue dans l’avenir ? Peut-on anticiper sur l’avenir sans imaginer qu’il doive, à la manière du serpent qui quitte une peau devenue trop serrée, se transmuer en quelque chose qui préserve l’essence de son fondement, mais non pas l’intégralité de celui-ci ?» — Plérôme.

[critique]«Deux mentalités opposées, mais non pas nécessairement contraires: la mentalité critique, qui tait les qualités positives d’une chose en vue de faire ressortir celles qui sont négatives; et la mentalité apologétique, qui passe sous silence les qualités négatives qui sont susceptibles de lui être attribuées, afin de mettre en relief plutôt celles qui sont positives et insister sur leur présence.» — Plérôme.

[critique]«La critique sincère, profonde et objective s’avère en principe essentielle à la progression de l’humanité, puisqu’elle ramène toujours la réalité qui est au fondement de son activité à une notion de la perfection, au nom de laquelle celle-là est estimée accomplie et acceptable, ou au contraire révocable, puisqu’elle serait susceptible de recevoir une amélioration. § Mais voilà que l’action critique peut aussi s’exercer à l’endroit de la notion de la perfection elle-même, de sorte qu’il ne suffit pas seulement de posséder une telle notion, ou même prétendre la posséder, pour justifier la critique que l’on exerce à l’endroit d’un état donné, mais encore faut-il se représenter le concept que l’on en possède et éventuellement le communiquer, afin qu’il soit illustrée  et reconnu comme étant un des termes qui entrent dans le processus de la critique de la réalité que constitue cet état, de manière à pouvoir estimer en quoi la critique portée est entièrement justifiable et en quoi elle peut s’avérer être, au mieux, fantaisiste et imaginative et, au pire, erronée et déformante. § Car seul le désir d’accomplir avec justesse et probité une activité critique doit animer la volonté de son auteur et seule la réalisation effective de ce désir par une critique aussi juste qu’elle est fondée doit servir à témoigner de cette intention, de sorte que toute critique qui se refuserait à confronter ses assertions et ses conclusions à l’idéal de la perfection au nom duquel elle s’accomplit, serait passible du soupçon qui pèserait alors sur elle de transporter en elle une partialité inadmissible et un subjectivisme inavoué.» — Plérôme.

[culture]«Il entre dans le dessein de toute culture d’être égale à elle-même, c’est-à-dire conforme à l’idéal le plus élevé que l’esprit collectif qu’elle a développée entretient de lui-même, tel qu’il s’incarne dans son élite la meilleur à travers les âges: ainsi, dans l’émulation que les cultures ne cessent de démontrer entre elles, dans le rapport qu’elles entretiennent les unes avec les autres, celle qui fera preuve d’une supériorité morale et culturelle sera celle qui réussira le mieux à rencontrer cet idéal, pourvu que cela faisant, elle n’empiète pas sur l’action de l’autre à rencontrer son propre idéal. De plus, lorsque l’idéal d’une culture rencontre en celui de l’autre une heureuse complémentarité, sinon une franche identité dans la perfection qu’elles ont atteinte ou après laquelle elles aspirent de manière authentique, alors leur rapport sera harmonieux au plus haut point et se manifestera par une coopération constructive et mutuellement bénéfique. § Mais lorsque la nature des idéaux, que proposent respectivement à leurs populations des cultures distinctes, s’avère irréconciliable avec ceux d’une autre culture, que par surcroît la contiguïté des espaces géographiques et/ou spirituels rapproche, il en résultera que la rivalité particulière inscrite dans le rapport d’émulation dégénérera en conflit et en guerre, constituant alors l’aveu implicite et la manifestation explicite de l’échec essuyé par les représentants, formels ou informels, de ces cultures, à s’entendre sur un terrain idéologique et axiologique, apte à réaliser le désir et la volonté de réconcilier leurs idéaux respectifs et à découvrir les moyens pratiques correspondants, susceptibles de se résorber en une mutualité des finalités spirituelles et existentielles.» — Plérôme.

[culture]«La barbarie déconcerte l’idéal grâce auquel l’esprit civilisé vit le bonheur de sa réalisation actuelle et, par anticipation, la joie de pouvoir espérer atteindre un niveau encore plus élevé de son achèvement; la décadence illustre la distance régressive et dégénérée parcourue par l’idéal bafoué, lorsque ne reste plus, pour en exprimer l’importance essentielle, que la nostalgie d’une idée que l’on ne trouve plus à pouvoir actualiser, sauf très incomplètement, devant la résistance générale qui est opposée à ce qu’elle puisse à nouveau briller dans le firmament de son exaltation effective.» — Plérôme.

[devoir]«En l’absence du devoir-être, que représente implicitement un idéal, le sujet conscient et moral ne saurait comprendre en quoi la situation qui prévaut peut se comprendre comme étant ni parfaite, ni accomplie; et en l’absence d’un idéal, compris comme inspirant le devoir-être le plus élevé que l’on puisse concevoir, il ne saurait accorder une direction optimale aux actions, tant individuelles que collectives, qui émaneraient de cet idéal, producteur des idées-régulatrices qui le gouvernent, ni espérer qu’elles puissent recevoir une telle direction, lorsqu’elle semblerait leur manquer.» — Plérôme.

[devoir]«Le devoir de tout homme politique, lorsqu’il met son action au service de la vie, autant celle de la collectivité dont il fait office de représentant que celle des particuliers et des groupes qui la composent, c’est de préserver ce qui vaut l’être, de transformer ce qui doit être amélioré et d’imaginer, en consultant auprès de ses collègues et de ses commettants, les solutions aux problèmes inédits qui se présenteront, le tout dans le respect le plus intégral des valeurs transcendantes et éternelles, de la bonté, de la beauté et de la vérité, et des sentiments incorruptibles et purs en vertu desquels, conjointement, la vie apparaît, se maintient et se perpétue.» — Plérôme.

[droit]«L’intuition fondée sur l’expérience nous enseigne qu’il existe un lien implicite et nécessaire entre la moralité et le droit puisqu’elle est à l’origine du pressentiment qu’aucun droit réel ne saurait exister en l’absence d’une moralité qui commande que l’acteur moral et social s’en inspirera et le maintiendra afin de réaliser un bien et que le plus grand droit est celui qui porte à réaliser le plus grand bien concevable possible; mais que reste-t-il au juste de ce rapport, lorsque l’expérience nous apprend en même temps que seule la moralité qui est cautionnée par la légalité réussit, en société, à échapper à toute sanction (alors qu’en principe toute moralité qui est bonne devrait être cautionnée et même favorisée et encouragée par les autorités et la société en général) et que, d’une manière complémentaire, l’immoralité qu’aucune légalité ne réprouve formellement n’apportera avec elle nulle flétrissure ni blâme qui seraient commandés juridiquement par des autorités légalement constituées ?» — Plérôme.

[droit]«La tolérance-zéro manifeste en réalité une intolérance absolue puisque, en négligeant d’exercer un jugement particulier sur les circonstances entourant la production d’une situation ou d’un événement, elle risque d’exclure des considérations morales essentielles de ses considérations et de châtier sans discrimination une exception autrement louable, étant bénéfique et estimable.» — Plérôme.

[droit]«Lorsqu’une loi ou un système de lois s’avèrent subversives de la justice même, ce qui en définit la mauvaiseté, elle pèche par deux effets majeurs importants: pour les sujets de droit qui, scrupuleux de faire preuve d’un civisme exemplaire et irréprochable, obéissent aux injonctions et aux obligations qui en émanent, elles constituent un empêchement à réaliser le bien, autant celui qui est constitutif de l’idéal que celui que l’agent moral accomplit; pour les sujets de droit ensuite qui sont dévoués au bien et prennent conscience de l’iniquité juridique qui prévaut, elles accablent injustement l’acteur social qui est moralement irréprochable, en criminalisant son action, en punissant son auteur et en érigeant en exemple d’une conduite répréhensible, une action qui en réalité respecte l’esprit de la loi, puisque celle-ci ne saurait jamais, en principe, se vouer au service du mal et devrait toujours encourager à l’accomplissement du plus grand bien.» — Plérôme.

[économie]«Le paiement en monnaie de singe, qui consiste pour l’essentiel à imiter les mécanismes de la rétribution, s’inspirerait d’une conception adéquate du droit, mais toujours détournée à l’avantage de son agent, fonde son action, non pas sur la raison juridique, réfléchie et profonde, mais sur une apparence minimale de justice qui aura l’avantage d’exonérer celle-ci, en recourant à des arguties sophistiquées et superficielles, tout en discréditant celui-là en invoquant la production d’un tort artificiel et supposé, auquel le principe de l’imperfection généralisée apporte une crédibilité indiscutable, souvent appliquée à ceux dont la vertu exemplaire risquerait de créer un embarras chez ceux qui aspirent à cet état de manière artificielle, une manœuvre qui est contingente, en raison de son utilité, ou apparente, en vertu de plaire généralement.» — Plérôme.

[économie]«Par quelle magie peut-on s’attendre à ce que, à l’intérieur d’une société économique, où chacun serait censé contribuer au bien-être collectif, d’une manière qui est équitable et qui est à la mesure de ses talents et de ses possibilités, dans la plus mutuelle des coopérations et des partages des tâches qui profitent à l’ensemble, les uns en réalisant toujours plus afin de répondre à l’expectative entretenue par les autres qu’ils pourront en contrepartie consentir un effort toujours moindre, l’infrastructure humaine qui fonde la dynamique de cette économie ne s’effondre pas et ainsi neutralise les résultats de  tout désir qui en définisse la performance et de toute espérance qui en suscite le rendement ?» — Plérôme.

[écriture]«Même s’il ignore leur visage, leurs dispositions ainsi que leurs goûts particuliers, puisqu’il n’existe a priori aucun moyen pour lui de connaître son auditoire, avant qu’il ne se révèle et se déclare par les choix de lecture qui le caractérisent, l’écrivain écrit pour ceux qui veulent bien le lire et accueillir son propos, les acceptant comme qu’ils sont, mais en espérant pouvoir exercer une influence transformatrice sur leurs vies. § Par ailleurs, cette espèce de l’écrivain que représente le penseur théoricien écrit afin de révéler ses découvertes intellectuelles, sans présomption par là à rejoindre quelque conscience particulière, à recruter l’adhésion de son intelligence à la vérité que peut communiquer son propos, ni même à opérer sur cet esprit une transformation existentielle, quoique la possibilité que s’effectue une telle rencontre, que sa nature sociale entrevoit en vertu d’une essence humaine qui est commune à tous les hommes, ne saurait être inexistante en lui. § Vérité intérieure subjective et vérité publique objective, voilà grossièrement les deux pôles autour desquels les deux genres majeurs d’écrivain à la fois se distinguent et se ressemblent. De sorte que, si le philosophe désire réconcilier la nature de l’activité à laquelle ils s’adonnent et ils s’exercent respectivement, il doit parvenir à réconcilier en même temps les deux espèces sous lesquelles la vérité se présente, celle qui énonce l’adéquation du sentiment intérieur et du propos manifesté ainsi celle qui exprime l’adéquation de la pensée, du regard de la pensée engagée à réaliser son activité, avec l’objet spécifique ou générique qui en reçoit l’attention et l’intérêt. Deux déterminations donc se présentent à la conscience et sollicitent un effort sérieux de sa part à révéler et à exprimer, pour chacune d’elles, la nature et les conditions: l’intériorité et l’extériorité. § Or, l’une semble être, pour une même activité réflexive, exclusive de l’autre et cette exclusion mutuelle, pourtant réalisée à l’intérieur d’une même conscience, tout en exigeant d’elle qu’elle s’exerce différemment, selon qu’elle se révèle être introspective ou qu’elle s’efforce à étudier la nature et à dégager les lois de l’empirie, serait à l’origine de la scission profonde que l’on a créée entre la littérature et la philosophie, le cœur et la raison, l’âme et l’esprit, la théorie et la pratique. § De cette division profonde, dont la compréhension réelle constitue un défi majeur lancé à la raison comme à l’intelligence, puisque sans une réconciliation de ses termes, l’on ne saurait prétendre à l’unité ni de la conscience (qui est apte à ressentir comme à réfléchir), ni de l’être vivant (susceptible de penser, de s’émouvoir et d’agir), ni de la réalité (en laquelle ils s’inscrivent et en vertu de laquelle ils sont susceptibles de s’exercer différemment, selon les modalités à la fois de la réalité physique et de l’essence qui est propre à leur état), résulte une dichotomie qui est au fondement de toutes celles qui caractérisent la pensée moderne (politique et religion; spiritualité et croyance; science et foi; éthique et droit; pensée et sentiment) et peut-être même l’histoire de la pensée tout court, selon que ces disciplines prétendent à une vérité qui se fonde sur des impressions subjectives, qui se vérifient entre elles par la concordance ou la discordance du sentiment, ou sur des perceptions objectives et consensuelles, parce qu’elles sont avérées et indéniables.» — Plérôme.

[éducation] «Tels sont ceux qui faussent le tronc de l’arbre, puis qui déplorent qu’il ne croisse pas correctement et que ses fruits tombent ailleurs que dans son propre champ.» — Plérôme.

[esprit]«L’esprit de l’homme vacille perpétuellement entre les possibilités imaginaires innombrables que la nature suprasensible de sa pensée théorique lui autorise d’entrevoir, les possibilités limitées que son imagination détermine, en raison de l’influence qu’exercent sur elles les contraintes du monde naturel et qui, par la diversité des conditions qui en résultent, sont autant d’empêchements pour la raison pratique, lorsqu’elle tente de les réaliser toutes. § L’intelligence consiste à comprendre toutes les manières dont serait susceptible de s’exercer l’une et l’autre forme de la pensée, seule ou conjointement l’une avec l’autre, le tout à l’intérieur d’une nature vivante qui est systématiquement connaissable et dont l’autonomie relative, en vertu des lois qui sont immanentes à sa réalité, est à la fois désirable moralement et assurée physiquement. Par ailleurs, la créativité informera la pensée des idées et des moyens optimaux par lesquels celle-ci exercera au maximum ses possibilités intellectuelles, d’une manière qui est harmonieuse avec ses possibilités pratiques, telles qu’elles ont la possibilité de s’exercer à l’intérieur d’un univers constitué en vertu de lois qui offrent une résistance à une efflorescence et à un épanouissement complets de l’imagination, telle qu’autrement elle pourrait se réaliser spontanément, c’est-à-dire en l’absence d’une opposition émanant des conditions propres à sa présence-au-monde et à son intégration organique et harmonieuse à l’intérieur de la phusis.» — Plérôme.

[État]«Un État qui ne se remet jamais en question, en encourageant la critique que ses fonctionnaires pourraient formuler à l’égard de son opération, ni n’accepte d’être remis en question, en suscitant l’expression pondérée et éclairée des opinions dissidentes, émanant de ses citoyens animés par une intention bienveillante et idéale quant à sa réalisation et sa continuation effectives, ou encore celle de leur désaccord profond, voire qu’il fût viscéral et spontané, avec les politiques qui sont appliquées, lorsqu’elles contredisent la théorie juridique sur laquelle se fonde sa constitution et son interprétation actuelle, sera un État dont les théories émises par ses penseurs et ses idéologues, afin de représenter la réalité de son existence et la justesse de son action, justifieront exclusivement son état et sa manière d’être, ses valeurs et ses fins, y compris jusque dans ses hypothèses et ses projections sur l’avenir, puisque précisément l’idée implicite qu’Il véhicule, par la rigidité de ses positions, c’est qu’Il a atteint effectivement un niveau de perfection indépassable, jamais donc susceptible d’être amélioré, sauf dans la catastrophe (produite naturellement ou engendrée socialement) qui en ébranlera les assises fondamentales, juridiques, culturelles et morales, et en détruira les infrastructures matérielles, les structures organisationnelles ainsi que les schémas explicatifs et justificatifs.» — Plérôme.

[existence]«Qui s’instruit, enrichit son esprit; qui vit, enrichit son cœur.» — Plérôme.

[expérience]«Le fait accompli ne constitue en aucun cas une justification suffisante ou adéquate de la valeur morale que l’on peut accorder en toute conscience au dessein qui le médite et à l’acte qui le produit.» — Plérôme.

[féminisme]«Lorsque le féminisme fait la publicité de l’héroïsme incroyable de ces femmes qui, dans le sacrifice qu’elles font de leur existence et dans l’accomplissement de leurs exploits, vont jusqu’à se mesurer au courage des hommes, et parfois même à le surpasser, n’exprime-t-il pas en même temps, si l’on s’y attarde un peu, que collectivement nous oublions combien toute femme, lorsqu’elle se réalise pleinement selon les virtualités inimaginables de sa nature féminine, vaut entièrement de recevoir l’admiration qu’elle suscite et les louanges qui seraient susceptibles de lui être adressées, sauf à déroger de la promotion, par l’exemple, de l’excellence de son sexe et de l’effort constant et sincère à l’accomplir réellement.» — Plérôme.

[foi]«En général, une foi se vit «bien», c’est-à-dire esthétiquement, sans nécessité que le doute ne remette en question la beauté transcendantale de son contenu, tant et aussi longtemps que les vérités sublimes et essentielles qui en constituent la substance ne sont pas éprouvées dans l’expérience: car c’est uniquement avec celle-ci — dont la variété et l’importance des épreuves qui en sont issues procurent à la conscience l’évidence objective et la certitude subjective de la vérité éminemment juste et élevée des principes et des maximes, des commandements et des défenses, des leçons et des enseignements, contenus dans les récits et les doctrines qu’elle professe et qui sont la matière de la foi, trouvant son illustration par excellence devant les difficultés à surmonter et les défis à relever sans qu’ils ne parviennent à infirmer sa valeur essentielle —, que la foi acquiert du relief et de la profondeur comme elle démontre et atteste de sa valeur salutaire, autant pour l’individu qui persiste devant les épreuves qui lui sont imposées que pour la collectivité qui se trouve enrichie par la vertu dont témoigne le fidèle victorieux devant l’adversité.» — Plérôme.

[foi]«La foi transfigure la vie, lorsque la vérité qui est proposée et énoncée par celle-là, ainsi que les témoignages éloquents qui procèdent ultérieurement des conduites et des actions du croyant et qui constituent le gage de sa valeur, transforment et renouvellent les conditions d’un état qui est embourbé dans les conditions sensibles et naturelles qui en étouffent l’expression pleine et adéquate; la vie transfigure la foi, lorsqu’elle inspire les dogmes et qu’elle dynamise les canons qui structurent l’expression de celle-ci pour empêcher qu’elles en nient l’essence et le mouvement et qu’ils compromettent jusque la possibilité de sa réalisation: c’est que la foi constitue l’éclairage le plus brillant et le plus juste sur une vie pleinement et complètement réalisée comme la vie est le principe dynamique par excellence de la foi, en tant que son accomplissement devient la finalité la plus élevée que la foi peut prétendre servir; car toutes deux, autant la foi que la vie, procèdent de la même Source infinie et éternelle, de sorte qu’une foi qui nierait la vie serait une conception aussi absurde que celle d’une vie qui ne supposerait aucune foi, car elles supposeraient toutes deux, ce faisant, une division essentielle et cruciale au sein de l’Unité en vertu de laquelle elles tirent, l’une et l’autre, leur possibilité même, celle-là en tant qu’elle est la révélation de l’Intelligence suprême et la communion de l’esprit de l’homme à Son être, celle-ci en tant qu’elle est l’actualisation et l’instance circonstanciées d’un Être vivant et d’un Principe Suprême de la vie à l’intérieur du monde social, culturel et naturel.» — Plérôme.

[foi]«Le plus grand danger que court toute croyance, toute doctrine ou toute confession, lorsqu’elle est appuyée sur une censure officielle, réside, non pas dans sa négation formelle — ce qui n’est pas toutefois sans représenter un obstacle à son expression —, mais dans la profession ouverte que l’on en fait, sans que ne vienne l’appuyer aucune pratique ni aucune évidence de la sincérité de la personne qui fait l’aveu de son adoption.» — Plérôme.

[guerre]«Lorsque sévit l’état de guerre, voire sous la forme la plus subtile qu’elle est susceptible de prendre, la première erreur est de ne pas s’en apercevoir, la seconde, de prêter sa confiance à ceux qui ne la méritent pas et la troisième, de ne pas savoir reconnaître l’ami véritable que le climat belliqueux rend de plus en plus rare, mais aussi de plus en plus précieux.» — Plérôme.

[histoire]«S’il est vrai que les gens heureux ont aussi une histoire, peut-être serait-il alors avantageux d’en prendre connaissance, sans que cela ne constitue une imposition onéreuse et indue sur leur vie personnelle, et d’en tirer des leçons positives pour ceux qu’elle serait susceptible d’inspirer.» — Plérôme.

[homme]«L’homme est créé, non pour mourir, mais pour vivre; non pour détruire, mais pour créer; non pour exposer, mais pour protéger; non pour haïr, mais pour aimer; non pour goûter au malheur et à la souffrance qui en démultiplie les effets, mais pour jouir au bonheur et aux joies qui l’accompagnent pour en attester la présence: le paradoxe, c’est qu’il lui semble souvent devoir, malgré ses inclinations les plus profondes, agir dans le sens du premier terme du dilemme, afin de réaliser la plénitude du second.» — Plérôme.

[homme]«Si l’homme est la mesure de toutes choses, comme l’affirment les sophistes, nommément Protagoras, il devient alors, puisque l’idée de l’homme se constitue en la mesure de la réalité de tous les hommes, la raison d’une démultiplication des raisons qui l’engendrent et le conçoivent et qu’elle crée des distinctions innombrables entre les hommes autour du pôle logique d’une incomplétude — celle d’une nature limitée et imparfaite— qui ne trouve aucune incitation véritable de vouloir atteindre à un dépassement, en raison de la disparité des critères contre lesquels mesurer l’excellence de chacun et de l’imperfection inhérente à la nature humaine, ni à pouvoir concevoir un Être dont la forme superlative de l’essence et de l’existence surpasse de loin celle qui se réalise en l’humanité et qui pourtant est nécessaire à l’explication et à la justification à la fois de son surgissement et de la possibilité qu’il se produise.» — Plérôme.

[honneur]«En tant qu’il porte atteinte à la victime, qu’il blesse celle-ci dans son intégrité physique et qu’il flétrit la dignité de son être moral, tout crime peut être dit un crime d’honneur: non pas cependant d’un honneur bafoué que l’on relève, tel que l’entend habituellement le sens attribué à ce terme, mais d’un honneur que l’on déconsidère, que l’on méprise, que l’on bafoue, que l’on afflige et que l’on humilie. § Il revient d’ailleurs à un système juridique qui est juste et équitable de reconnaître, de préserver et de sauvegarder en tout justicier le sentiment de cet honneur, dès lors que l’on en impute à lui, sauf alors à devoir composer avec les crimes d’honneur, au sens habituel du terme, lesquels ne sont alors nulle autre choses que des tentatives, de la part des individus que l’on a déshonorés impunément, à redresser les injustices subies et qui ont échappé à l’action légitime de l’appareil étatique comme de l’ordre judiciaire.» — Plérôme.

[honneur]«L’auréole de la gloire, qui entoure une action d’éclat ou une réussite inespérée, est un état auquel chacun s’associe spontanément mais le sujet moral se dissocie volontiers de la honte, issue d’un dénouement malheureux et infortuné, et cédera plutôt naturellement à ses semblables sur lesquels il retombe l’opprobre qui puisse en résulter.» — Plérôme.

[hystérisme]«Quel est ce mystérieux pouvoir de l’esprit, associé aux virtualités étonnamment puissantes de la vie, qui parvient à oblitérer tout un pan, éventuellement essentiel et sûrement remarquable, de la réalité afin de se conforter dans l’espérance de savoir construire un avenir qui serait la représentation imaginaire de l’amélioration merveilleuse que l’on accomplit de la désolation de l’actualité ?» — Plérôme.

[idéal] «Tels sont ceux qui tuent le rêve pour encore mieux établir, accentuer et prolonger le cauchemar qui le suscite.» — Plérôme.

[ignorance]«L’inscience se laisse souvent deviner par ce qu’elle tend à dépriser et à déprécier l’essentiel, pour ne pas dire à le banaliser et à le réduire à une expression tellement simplifiée qu’il en vient à perdre de sa substantialité et de son originalité, en même temps qu’elle est portée à élever l’accessoire et à lui apporter une considération excessive, en complexifiant son expression et en consacrant à sa nécessité et à son importance une théorie élaborée qui parvient, hélas !, à occulter son insignifiance relative par rapport aux questions qui, en raison de toucher le cœur et le fond des choses, demeurent malgré tout primordiales et prioritaires.» — Plérôme.

[ignorance]«Les mathématiques de l’ignorance dérivent et construisent leurs propres équations par lesquelles elles constituent le monde qu’elle recouvre de son ombre négative et obscurante, en espérant ainsi lui assurer la permanence et maintenir son actualité, fondées sur des axiomes paralogiques et incomplets.» — Plérôme.

[imagination]«En dernier ressort, seul l’imaginaire qui se confronte au réel, au réel possible quant aux instances plausibles, au réel effectif quant aux événements véridiques, peut se revendiquer de constituer une valeur de certitude et donc de devenir une faculté génératrice de confiance pour la conscience épistémologique.» — Plérôme.

[imagination]«L’imagination est actuellement, mais faussement, la reine lorsque la conscience s’autorise à s’imaginer faire ou avoir fait une chose et à prétendre néanmoins à l’avoir réalisée effectivement, à vivre ou avoir vécu telle ou telle expérience et à entretenir toutefois le souvenir factice de son accomplissement réel.» — Plérôme.

[intelligence]«Le défaut de l’entendement et de l’interprétation constitue la différence entre la vérité en soi, que la conscience perçoit avec intelligence et reçoit dans sa plénitude, et qui est apte à inspirer les conceptions et les propos les plus édifiants, et la connaissance que l’on reconstruit à partir de l’expérience sensible et qui illustre, en vertu des limitations de la conscience, puisque sa possibilité de faire preuve d’une ouverture intégrale à une nature distincte se trouve malheureusement entravée par les apparences sur lesquelles elle fonde ses jugements.» — Plérôme.

[intérêt]«L’intérêt qui est centré exclusivement sur lui-même signe la fin de la sagesse, dont la naissance et la présence signifient l’intelligence désintéressée de la réalité de l’essence sur laquelle elle déploie son regard et qui suscite son jugement.» — Plérôme.

[liberté]«Nombreux sont-ils pour qui la liberté se réduit pour l’essentiel à pouvoir agir à sa guise, sans considération ni de la valeur de l’action qu’ils ont entreprise, ni de la raison d’être de son instance, ni même de l’importance des conséquences ou de la qualité des résultats qui pourront en être issus.» — Plérôme.

[matérialisme]«Même s’il était le premier à s’en défendre, le matérialisme actif et agissant, puisqu’il est l’héritier historique de la magie, constitue une religion séculaire et laïque dont la «foi» consiste à croire que, en ayant défini la nature de toute chose — dont l’intelligence parvient à connaître les lois par les artifices méthodiques de la science — et en agissant avec pondération sur son substrat matériel — qu’elle soit comprise comme un état supra-sensible, sensible ou mixte, c’est-à-dire réunissant, comme c’est le cas pour le vivant, ce qui est organiquement composé, à divers degrés, de l’un et de l’autre à la fois —, l’agent moral parviendra à imposer sur la phusis la prépondérance de sa volonté de manière à exercer un contrôle absolu et total sur elle, d’une manière qui est conforme au désir et à la nature de la conscience que recrute, en vue de sa finalité, cette croyance naturaliste et profane.» — Plérôme.

[métaphysique]«La multiplicité des concepts négatifs en philosophie, tels la mort, le mal, la souffrance, la maladie, le vide, le froid, le moins, la haine, le vice, l’erreur, etc., lesquels renvoient tous à un état de manque et à l’absence des conditions qui le combleraient, lorsqu’il s’agit de restaurer l’état positif, interpelle à une réflexion métaphysique sur le concept de l’absence, sur la nature effective de la notion qu’ils signalent implicitement et sur la conséquence réelle qu’elle comporte pour une praxéologie réelle et morale.» — Plérôme.

[moralité]«Il existe un rapport de complémentarité étroite entre la charité et la justice, puisque la justice est la cause expressive, formelle et finale de la charité et la charité, la cause efficiente et créative de la justice: nonobstant cette relation nécessaire, inhérente à ces idées-valeurs et à ces vertus, elle ne doit jamais servir à limiter, ni de la charité, ni de la justice, mais elle doit viser toujours à la plénitude de leur accomplissement, autant à l’intérieur de l’état culturel et social qui en résulte et qu’en cultivant la disposition intérieure et morale qui le procure.» — Plérôme.

[moralité]«La moralité et la science se rejoignent en ce que celle-ci exprime une hypothèse sur la raison et la désirabilité d’une transformation de l’état objectif de la nature qui est requise et réalisable afin de rendre optimale l’usage que l’on serait susceptible d’en faire; et que celle-là propose la nécessité qu’existe, à l’intérieur de soi, un état, ou que s’instaure, de manière autonome, une transformation visant à le réaliser: or, cet état se nomme la vertu, que l’on peut concevoir comme étant la perfection qui est requise afin d’inspirer, de concevoir et d’imprimer sur la réalité subjective de la nature — celle qui est douée de conscience, de sentiment et de vie —, un caractère qui rende plus heureuses et plus harmonieuses la coexistence et la participation de chaque être vivant au mouvement qui est implicite à la finalité qui est inhérente à son entéléchie, lorsqu’elle favorise l’expansion, la propagation et la plénitude de la vie, ou qui agit sur le mouvement afin de le rendre plus conforme à cette fin.» — Plérôme.

[moralité]«Lorsqu’un microbe ou un parasite s’introduit dans un organisme pour l’infecter et le rendre malade, se demande-t-on quel était l’état d’esprit du malade, pour occasionner cet effet chez le patient, ou s’il avait pu consentir à l’action de l’agent infectieux ou parasitaire, avant d’en disposer avec les moyens curatifs et préventifs de la médecine et d’apporter la guérison réfractaire à toute récidive ? Cette analogie médicale peut s’avérer fort utile afin d’explorer la nature du processus judiciaire, car si l’on n’a aucune hésitation à neutraliser et même à détruire sommairement un organisme invasif, tout en préservant l’organisme hôte qui en subit les inconvénients, l’on accompagne de toutes sortes de procédures les actions qui viseraient à protéger le corps social et les individus qui le constituent. § Or, ne trouve-t-on pas une meilleure preuve de la dichotomie ontique que la conscience morale établit entre le microcosme microbique et le macrocosme humain dans l’attitude double qui fasse que l’on garantisse à celui-ci une variété de précautions que par ailleurs l’on déniera à celui-là lorsque l’on traite avec lui ? Car si les deux mondes appartiennent au règne du vivant, il existe une séparation radicale dans la conception et la valorisation respectives que l’on entretient à leur égard, qui fasse que l’on n’oserait jamais, à l’intérieur d’une société civilisée, intacte et cohésive — c’est-à-dire qui n’a connu ni la dissolution de ses valeurs essentielles, ni la désintégration de sa nature morale et qui donc se révèle à la hauteur de sa perfection effective et réalisée —, adopter les mesures pour l’une que l’on réserverait sans hésiter pour l’autre. D’un point de vue philosophique, c’est cette distinction radicale des attitudes et des moyens, telle qu’elle se présente à l’intérieur de la pensée et du corps juridique, qu’il s’agirait d’élucider et d’expliquer et qui laisse déjà anticiper et présupposer une valeur irréductible à l’être humain, fondé sur la conscience de sa moralité et à son aptitude à la développer et à la perfectionner.» — Plérôme.

[moralité]«Lorsque le tout de la considération réside dans la bonté de la fin escomptée, l’honorabilité du caractère et la respectabilité du moyen choisi pour y parcourir s’avèrent de peu d’importance pour l’agent moral qui l’accomplit, comme l’est alors également la vertu qui en supposerait la présence.» — Plérôme.

[moralité]«Que visent les hauts principes, formulés avec la plus élevée des abstractions et portant nécessairement sur la plus transcendantale et universelle des vérités ?: la métanoïa, c’est-à-dire la conversion, la transformation de l’esprit, son passage à une appréhension plus juste, plus implicite et plus adéquate de la réalité, à partir d’une forme de la connaissance moindre, imparfaite et/ou inachevée — caractérisant respectivement l’ignorance, l’erreur et la fausseté —. § Mais à quoi bon peut servir donc la métanoïa, si rien de cette conscience nouvelle ne transparaît et ne s’inscrit à l’intérieur même de la réalité qui est plus clairement aperçue par elle, non seulement en ce qui concerne son actualisation présente, telle qu’elle apparaît sous toutes ses perfections comme sous toutes ses limitations, mais aussi en vertu de toutes les virtualités qui sont les siennes et qui autorisent à penser que ces perfections, qui appartiennent à une phusis, inclusive de l’univers social des êtres vivants, aux catégories objectives et normatives usuellement conçues pour elle, peuvent être encore améliorées et procurer un plus grand bonheur chez ceux qui lui sont exposés ? § Car voilà le tout de la difficulté qui guette le découvreur et le contemplateur de la vérité: qui consiste, en un premier temps, à communiquer la substance de l’objet sur lequel porte son activité intellectuelle afin de mieux la rendre compréhensible à autrui; et, dans un second, à agir d’une manière qui est adéquate et conforme à ses intuitions et à ses représentations et à transformer celles-ci en actions qui sont susceptibles de contribuer au perfectionnement de la réalité et à l’accession de l’ensemble social à sa plénitude. D’où la nécessité pour la métanoïa de se traduire par une activité qui, en puisant aux ressources créatives de l’individu, associera le génie de sa moralité pratique à l’intelligence de sa perception théorique afin de parvenir à transformer le monde. § Que cette extension intensive et active de la métanoïa fût obligatoirement morale, il n’y a aucune place pour le doute, puisqu’une transformation pour le pire — lorsqu’il se compare au critère du meilleur bien possible à réaliser — ne saurait être envisageable, sans que l’on suppose que la conservation de l’état prévalent fût de loin désirable, non pas en raison de ses imperfections, mais à cause du bien relatif qui se poursuit à travers lui. § Seulement une amélioration de l’état présent peut justifier une action qui est consécutive à cette fin: la métanoïa qui apercevrait les principes aptes à justifier cette bonification, en même temps que la possibilité de son instauration, procurerait alors à la conscience l’incitation à découvrir la raison d’entreprendre l’action par laquelle s’opérerait cette évolution et les moyens de l’accomplir. Et si la nécessité d’une négation, pratique et radicale, de l’état présent s’offre à elle, comme lorsque l’on doit songer à la destruction d’un édifice afin d’en ériger un autre, plus fonctionnel et plus approprié aux exigences que l’on en tiendra et à l’emploi que l’on en fera, cette solution devient envisageable uniquement en fonction du plus grand bien qui doit en résulter et du coût nécessaire qu’une telle entreprise occasionnera, lequel doit en tout temps être comparé au bienfait qui serait censé en procéder et qui ne saurait en cela nier ou autrement déconsidérer l’état suprême de la nature, lequel est l’illustration de la vie, dont la plénitude est le plus grand bien concevable et réalisable.» — Plérôme.

[moralité]«Toute liberté suppose une moralité qui lui donne forme et l’incorpore dans la réalité, mais laquelle ?: tel est le problème fondamental et historique qui préoccupe le philosophe de la liberté comme celui de l’histoire morale des cultures et des civilisations.» — Plérôme.

[opinion]«Si au départ, toutes les opinions se valent, comment alors en vient-on à privilégier de facto les unes par rapport aux autres, sauf à se condamner à l’inertie certaine qui résulterait d’une l’acceptation conditionnelle et simultanée de propositions contradictoires et/ou contraires; si, au contraire, il est faux que toutes les opinions se valent, alors au nom de quel critère départage-t-on de jure celles qui, selon les circonstances qui se présentent et le moment de leur apparition, vaudraient qu’elles reçoivent une considération plus élevée et estimable que les autres.» — Plérôme.

[perfection]«C’est déjà le début du processus de l’aliénation que de s’obliger à être — et à plus forte raison d’obliger autrui à être — moins que soi-même, c’est-à-dire de se montrer en-deçà de ce que l’idéal de soi, la perfection que l’on serait censé atteindre en vertu d’une entéléchie et d’une propension excellente à l’accomplir, exigerait de nous que nous soyons, comme répondant à la virtualité constitutive de notre nature la plus intime.» — Plérôme.

[perfection]«Les piliers de la réalisation sociale et culturelle de l’homme sont au nombre de quatre: le savoir, l’esprit de sacrifice, l’entraide et l’esprit d’initiative; tous ces éléments entrent en combinaison dynamique, grâce à la perfection de la personne qui les réalise dans l’amour, par l’entremise de la forme qu’il donne sciemment à sa présence, en vue d’accomplir les consciences et les essences particulières de chaque individualité, dans la mutualité complémentaire de ces formes et en puisant à ces qualités constitutives et fondatrices pour son actualisation et son aboutissement: l’égoïsme, qui ne peut concevoir cette fin, détourne ces mobiles en vue de servir des buts strictement individuels et voit, dans l’éventuelle résultante qui en procédera, des alliances et des complicités en ce sens, émanant de la nature sociale et de l’essence native de l’homme, un effet accidentel, et non pas nécessaire, des efforts dépensés à exprimer ses désirs et ses volontés.» — Plérôme.


[perfection]«Lorsque ceux qui ne sont pas suffisamment réalisés veulent en dicter à l’être et se trouvent en position de pouvoir le faire, en raison d’un ascendant qui leur est reconnu ou qui leur est échu; alors ceux qui sont réellement achevés deviennent pour eux, non pas des modèles de l’accomplissement, dont le sujet moral admire le degré et la qualité de la perfection, mais l’empêchement pour eux de persister dans leur état de non-être et éventuellement l’exemple d’une essence qu’il serait désirable de réduire à un état de non-être relatif qui serait pour eux tolérable, puisque ne compromettant pas la dignité de leur position sociale et le prestige associé à leur accession hiérarchique.» — Plérôme.

[philosophie]«En réalité, la philosophie est une propédeutique de la vie; malheureusement, cependant, certains ne parviennent jamais à sortir du cursus de la discipline pour aller vers là où celui-ci les prépare et, en cultivant un enseignement qui n’est nullement orienté vers cette fin, ainsi qu’un entourage qui perpétue la substitution de fins particulières à la fin pédagogique idéale et souhaitable, ils se posent en obstacle à ce que leurs semblables puissent suivre la trajectoire qui s’impose, en vertu d’une conception sage, saine et équilibrée de l’essence de la mission pédagogique véritable.» — Plérôme.

[philosophie]«L’empirisme exige implicitement, en raison que seul le témoignage des sens est susceptible de produire des connaissances vraies et fiables du principe qui guide son action et qui veuille que le sentiment de l’être dont chacun fait l’expérience devienne vérifiable au regard d’autrui, à défaut de quoi il s’avère à toute fin pratique fantaisiste et irréel: une telle position théorique se présente comme étant limitée et erronée puisqu’elle nie la réalité de la subjectivité et, par conséquent, de l’intériorité du sujet moral, et la réduit à n’être plus que la cause connaissable de ses conduites et de ses actions, la «boîte noire» des béhavioristes, inaccessible à la conscience épistémologique, voire même qu’elle fût éprouvée par la conscience subjective comme étant non seulement une donnée intime de la conscience, mais la seule explication possible de l’existence d’une convivialité entre les hommes.» — Plérôme.

[philosophie]«L’inclination première de la pensée philosophique est de proposer et de justifier un état, tel qu’il constitue la limite du concevable, sans que la conscience ne puisse entrevoir que cet état puisse être autre, puisqu’il est celui qu’elle connaît; dès lors cependant que l’esprit, en faisant usage de son imagination, a la possibilité de concevoir un état qui, tout en étant meilleur, serait désirable et souhaitable, il en concevra la production de l’instance et en entreverra l’actualisation subséquente, sous la forme d’un projet susceptible de se recruter un assentiment dans le sens commun, en constituant ainsi ce qu’il est convenu de nommer le progrès. § Le malheur arrive lorsque ce qui est proposé comme étant une progression, c’est-à-dire une amélioration et un accomplissement, s’avère en rétrospective comme étant une régression et peut-être même une décadence, et pis est, se révèle être le moyen, issu d’une force morale entropique, d’une entreprise qui vise à s’avantager injustement au détriment de l’ensemble. Le rôle de la philosophie devient alors, à la fois d’apercevoir le mouvement de recul de ses congénères, d’en comprendre les causes, les mobiles et les dynamiques et de proposer des alternatives à l’état rétrograde, qui produisent une restauration de l’élan et du mouvement par lequel la collectivité s’engage à nouveau sur la voie de sa réalisation et de sa plénitude, laquelle ne saurait passer autrement que par la réalisation et la plénitude de ses membres, lorsqu’ils participent activement et consciencieusement à cette fin.» — Plérôme.

[philosophie]«La profession de foi philosophique, susceptible par contre d’être examinée, suppose implicitement, ou énonce explicitement, que la raison a réponse à tout, que, par conséquent, elle constitue la seule source réelle de la vérité et qu’ainsi, elle est l’unique moyen de la confiance qui est portée en la possibilité humaine d’en arriver à une connaissance parfaite, c’est-à-dire complète, fidèle et constante, des choses.» — Plérôme.

[philosophie]«La philosophie est une réflexion sur la vie qui, s’alimentant de l’expérience vécue, vise à en découvrir et à en exprimer à la fois l’essence et le sens, le principe et la finalité, la raison et la cause, pour ensuite retourner à la vie dont elle favorise l’instauration, l’expansion, la conservation, l’enrichissement, la perpétuation et la perfection, en vue d’accomplir le bien-être et le bonheur de tous que fondent ceux de chacun en particulier, acquis en vertu d’un effort honnête et d’une poursuite et morale dont la réalisation est favorisée par les idéaux, les valeurs, les normes et les actions d’une société harmonieuse et bienveillante.» — Plérôme.

[philosophie]«La décadence de la philosophie occidentale se découvre en ce que, avec l’écoulement historique du temps et l’évolution spatiale des cultures, elle est passée de la recherche de la sagesse, comme le suggère l’étymologie du nom qui est attribué à sa pratique, à une simple excellence de la dianoèse et de la dialectique vers laquelle la prédispose le culte de la raison auquel elle s’est vouée.» — Plérôme.

[philosophie]«La philosophie a parfois la tendance fâcheuse de considérer l’éternité comme si elle était un simple instant, pour ainsi en escamoter la complexité, et d’aborder l’instant comme s’il résumait l’éternité et l’élaboration complète de sa totalité, comme si tout le réel se référait au moment actuel de la conception que la conscience s’en forme et que la raison en formule.» — Plérôme.

[philosophie]«Le devoir de toute philosophie, comme celle de toute discipline qui est en même temps une pratique, ou dont les principes énoncés fondent une pratique effective, est de réaliser et de transformer la vie, qui est à l’origine de son activité et dont la négation constitue en même temps celle de sa cause, de son entéléchie et de sa raison d’être.» — Plérôme.

[philosophie]«Par sa culture, et en particulier par les idées-valeurs que celle-ci forme et défend, grâce aux institutions qu’elle met en place à cette fin et aux agents qui en représentent les principes à l’intérieur de la population en général, toute société constitue une matrice vitale qui autorise à l’être des uns, qu’ils deviennent les moyens de la censure et de la sanction plus ou moins radicales de celui des autres et du maintien du non-être de ses membres restants: d’où l’importance de la philosophie pratique par laquelle se développent ces idées régulatrices à l’intérieur de la société, qu’elles fassent l’objet d’une critique et/ou que l’on en fasse l’apologétique.» — Plérôme.

[philosophie]«Plus que par la compétence dans l’exercice de la pensée (la dianoèse) et avec la performance dans l’expression de la parole (la dialectique), la philosophie se constitue avec la découverte de la vérité, dans son sens le plus élevé, compréhensif et profond, et dans l’accomplissement de l’action qui est conforme aux principes épistémologiques de son illustration.» — Plérôme.

[politique] «La puissance qui s’exerce sainement, c’est-à-dire conformément à son entéléchie la plus excellente, illustre le pouvoir de la vie à réaliser la pureté de son essence et la plénitude de ses virtualités, en dépit des obstacles naturels parfois énormes, inclusifs des dynamiques politiques et sociales, qui pourraient s’opposer à elle et risquer d’en empêcher l’accomplissement.» — Plérôme.

[politique]«Autant par sa structure que par l’esprit qui l’habite, laquelle en informe à la fois les valeurs, les idéaux, les normes et les priorités finales, toute institution sociale doit constituer à la fois un facteur de l’évolution et de la conservation de la société, en cherchant à composer adéquatement avec les exigences constamment renouvelées, issues de la nature et du milieu social ambiants, et à améliorer ce qui, pour l’une et pour l’autre, pourrait constituer un empêchement à la réalisation des idéaux les plus élevés auxquels elles puissent prétendre, d’une part; mais aussi en assurant que, d’autre part, nulle régression des perfections qu’elles ont réussi à atteindre ne s’opère, lesquelles qualités ne doivent en aucun temps constituer une justification en elles-mêmes, soit en rapport avec l’état de l’organisation ou du mouvement de l’institution, soit par rapport à l’inertie des individus qui en constituent l’unité et en assurent le dynamisme, mais doivent plutôt être considérées et estimées, ouvertement, objectivement et de manière désintéressée, en rapport avec le bien qui est servi par elles et le plus grand bien encore que l’ensemble pourrait servir, soit dans son mouvement général, soit quant au bien-être de chacun des membres qui le composent; car autant la préservation des individus et la sécurité des collectivités est-elle un bien à viser, autant l’intelligence que la flexibilité de leur mentalité et le génie de leur adaptation aux exigences, intérieures et extérieures, qui provienne respectivement d’une inclination et d’une incitation à réaliser la perfection de la vie doivent-elles représenter pour eux une fin à accomplir et un état à cultiver.» — Plérôme.

[politique]«Selon une perspective politique amorale, aucun vice n’est réellement interdit ni aucun crime véritablement châtié, pourvu qu’ils s’accomplissent selon les formes légalement prescrites: la difficulté qui procède d’un tel principe empirique, c’est que, en divorçant les champs de la légalité et de la moralité, l’on en vient inévitablement à opposer la vertu au vice, et ultérieurement le bien au mal, ainsi que les genres de vie qui en découlent, avec l’aspiration implicite, chez ceux qui les illustrent, à faire prévaloir les uns sur les autres, d’où apparaîtra la source d’une tension, et éventuellement d’un conflit, en escalade jusqu’à son irruption finale.» — Plérôme.

[psychologie]«L’idée de l’inconscient recouvre tout ce qui touche implicitement et spontanément aux rapports de l’être vivant avec la réalité, à la fois individuelle et sociale, avant toute tentative ce la réflexion d’en comprendre, d’en conceptualiser et d’en verbaliser les différents aspects: bref, il est la manifestation de la vie même, telle qu’elle se réalise en l’âme et en l’esprit de chacun à l’intérieur des conjonctures physiques, y comprises celles qui gouvernent le monde du vivant, qui en conditionnent l’apparence et telle qu’elle actualise, à l’intérieur d’un univers social, les transformations sur l’univers physique qui, en se les appropriant, définissent la culture de l’homme; et le recours habituel que l’on accomplit à son concept est souvent le résultat d’une dissonance qui s’installe entre sa manifestation chez un particulier, susceptible de susciter pour lui des ennuis, soit au plan de la santé, soit à celui des relations sociales, et renvoie à une causalité qui ne se comprend qu’en raison de l’accomplissement d’une introspection et de l’examen intérieur de la conscience et de l’âme qui en résulte.» — Plérôme.

[psychologie]«La philosophie peut espérer inspirer la psychologie en offrant à celle-ci les idéaux qui informeraient éventuellement la conscience en vue de favoriser les choix, susceptibles d’être adoptés par elle, et de fournir les directions optimales en vue de leur réalisation, afin d’orienter les actions de la personne qui manifeste les intentions, les désirs et les volontés qui leur sont subséquents; par ailleurs, et d’une manière en tous points complémentaire, la psychologie peut souhaiter inspirer la philosophie, en définissant les conditions naturelles qui se répercutent sur ce travail, de manière à rendre non seulement possible, mais encore conforme à la nature des agents et de son milieu, l’instance effective et bienfaisante de la conscience, lorsqu’elle est engagée dans son action réelle. § Car une philosophie qui resterait ignorante des conditions de la nature, ainsi que du rapport intime que la conscience entretient avec celle-ci, serait hautaine, fantaisiste et irréelle, pour ne pas dire illusoire; et une psychologie qui se refuserait à considérer les possibilités de la conscience et les lois qui gouvernent son actualisation effective, lorsqu’elle oriente et qu’elle dirige l’esprit à définir ce qu’est une réalité à la fois existante et possible, serait simplement phénoméniste, normative, incomplète, empirique et auto-justificatrice, sans capacité d’anticipation ou de prévision sur un monde qui est fluide, engagé qu’il est dans un mouvement qui lui est propre et qui en réaliser les possibilités.» — Plérôme.

[psychosexualité] «Lorsqu’ils sont appelés à s’exercer en vue d’une même fin, les pouvoirs de l’homme et de la femme, tout en demeurant distincts et respectant la liberté et la dignité qui sont propres à leur genre respectif, l’homme comme la femme, en exerçant leur puissance selon la nature générique qui les caractérise, se conjuguent et deviennent par là complémentaires — et même éventuellement s’encouragent et se potentialisent, en raison de leur action concertée de la confiance mutuelle qu’ils inspirent l’un à l’autre lorsqu’ils la réalisent  — , chacun en illustrant la capacité, le talent et l’intensité qui sont propres à leur individualité, des vertus dont l’actualisation est exacerbée par le désir respectif de contribuer à l’œuvre commune et l’urgence, commandée par les circonstances, de la réaliser ensemble.» — Plérôme.

[psychosexualité]«La nature est à l’homme comme la culture est à la femme, de sorte qu’une relation saine et équilibrée entre les genres se réalise avec la «naturalisation» de la culture, accomplie par l’homme, et avec l’«acculturation» de la nature, que réalise la femme.» — Plérôme.

[psychosexualité]«L’imaginaire de l’homme est constitutif du rapport des hommes aux choses, à la société des autres hommes ainsi qu’à l’univers dans son ensemble; l’imaginaire de la femme est surtout et particulièrement constitutif de l’homme à cet effet, une action qui, tout en se trouvant conditionnée par la dimension physique du cosmos, appartient en propre à sa nature générique et ontogénique.» — Plérôme.

[psychosexualité]«Si autant l’homme comme la femme sont au service de la vie qu’ils participent à créer et à engendrer, chacun selon sa nature distinctive, on peut dire en général, et d’une manière simplifiée qui n’alloue aucunement pour les complexités sociologiques ni pour les avatars parfois imprévisibles et extrêmes de l’existence, que, afin de distinguer leur contribution respective à la vie, la femme réalise la vie dont l’entéléchie tombe sous la protection de l’homme et que l’homme protège la vie qui se réalise effectivement, d’une manière privilégiée, grâce à la femme et par l’entremise de celle-ci.» — Plérôme.

[psychosexualité]«Si tout homme n’est pas père, et si toute femme n’est pas mère, on retrouve un père en puissance, chez tout homme qui n’a pas étouffé en lui-même cette disposition naturelle,  et une mère éventuelle, chez toute femme qui n’a pas éteint en elle-même cette aspiration qui est tout autant cohérente à sa nature.» — Plérôme.

[raison]«Aussi brillante que soit l’analyse d’une proposition initiale et du point de départ d’une pensée, aussi géniale que soit la déduction que l’on opère de leurs tenants et de leurs aboutissants, comme des conséquences que l’on pourrait tirer du principe qu’ils étaient, elles seront toujours au service de l’ignorance, dès lors que le fondement originel est faux ou incomplet, et elles ne serviront qu’à illustrer, plutôt que la capacité de la raison à faire l’intuition de la vérité et à capter les nuances les plus subtiles de son expression, les significations les plus profondes comme les manifestations les plus réelles qui la révèlent, le pouvoir incroyable de la raison à représenter et à constituer une fiction, voire d’une fiction qui est tenue pour être vraie, par ceux à qui la fausseté ou la superficialité du premier moment de son élaboration auraient échappé.» — Plérôme.

[raison]«La raison énonce ce que l’intelligence observe et aperçoit du monde de l’expérience sensible ce que sait le cœur en son for intérieur, en la pensée intime de son souvenir et de sa réflexion.» — Plérôme.

[raison]«La finalité de la raison consiste en l’expression, à l’intérieur du discours, de l’intelligence du locuteur ou de la révéler à l’œuvre dans l’action mais elle n’est pas de constituer l’intelligence, c’est-à-dire de créer une réalité idéelle contradictoire qui soit parallèle à la réalité physique intégrale, sauf à vouloir faire mentir celle-ci dans son originalité et dans son essence et lui substituer un fantasme qui en nie la réalité effective.» — Plérôme.

[réalité]«L’on oublie trop souvent que les concepts, comme les images, étant des représentations produites par l’esprit, sont des fictions qui servent soit à constituer, soit à reconstituer la réalité et que par conséquent, lorsqu’ils sont comparés au réel, ils doivent toujours être examinés en gardant à l’esprit que cette comparaison est inhérente à l’action représentative et qu’elle suppose une imperfection, vu qu’elles en sont, pour celle-là, l’ersatz et la figuration incomplète.» — Plérôme.

[reconnaissance]«Le paradoxe de la reconnaissance, lorsqu’elle concerne la qualité, la profondeur et l’excellence fondamentales et essentielles de la personne, c’est que, en la recherchant par les mêmes moyens qui sont employés afin de l’en priver injustement, le sujet moral qui a recours à ses expédients réussit uniquement à se dévaloriser, à ses propres yeux comme à ceux des gens vertueux, tout en acquérant éventuellement le prestige et la renommée, pour les avoir recherchés et cultivés en suivant la voie artificielle qu’il s’est fixée, concurremment avec les normes du milieu, afin d’en jouir.» — Plérôme.

[religion]«Les historiens, les avocats, les hommes d’État, les romanciers et les scénaristes apprécieront sûrement que, en dehors d’un contexte strictement religieux et théologique et d’un point de vue simplement temporel et séculier, les Évangiles, ce sont aussi l’histoire cohérente d’un homme réel, pleinement accompli dans son histoire individuelle et familiale comme dans sa dimension religieuse et spirituelle, que l’appropriation inadéquate et le détournement des principes sacerdotal, monarchique et impérialiste ont systématiquement, cruellement et impunément défait et que, par conséquent, ils peuvent interpréter à la lumière des principes et des idéaux de l’époque, tels qu’ils deviennent concevables lorsqu’ils se comprennent à la lueur des idées-valeurs transcendantes du beau, du bien et du vrai.» — Plérôme.

[richesse]«Un monde qui démontrerait de l’intérêt uniquement pour la valeur concrète de l’accumulation de la richesse et des biens n’accorde aucune place réelle pour son semblable, et surtout pour la légitimité qui fonde et conserve sa présence dans le monde, son existence et sa vie, sauf en ce qu’elles participent, jusqu’à l’exclusion et/ou au sacrifice de soi, à cette finalité économique  égoïste et solipsiste.» — Plérôme.

[sentiment]«La raison spécule, et parfois très habilement, mais seule, en définitive, l’intelligence du cœur sait.» — Plérôme.

[sentiment]«Les fausses-joies sont pires à recevoir que les déceptions: car si la déception s’accorde, voire péniblement, avec le rêve que l’on caresse et qui néanmoins s’effondre, tout en convenant qu’il ne s’était pas encore réalisé, et donc faisait place à la possibilité qu’il n’aboutirait pas réellement, la fausse-joie quant à elle se trouve devant la nécessité d’accepter la prise de conscience soudaine et cruelle que l’espérance qui donne tout à promettre, en raison de la conviction que sa réalisation est imminente, et même de la croyance intime et vive qu’elle est déjà réalisée, toutes deux dispositions étant parfois encouragées et entretenues par celui qui les fait naître, repose en réalité simplement sur une illusion qui avait toutes les apparences d’être vraies, parce que toutes les conditions semblaient réunies pour qu’elle s’accomplisse, mais seulement en apparence — et que peut-être même, ô cruauté du destin, un malin génie a créée pour mieux encore produire son effet —.» — Plérôme.

[sexualité]«Si la sexualité n’est qu’un jeu, pourquoi alors l’entourer d’autant de tabous; mais si la sexualité est autre chose qu’un jeu, c’est-à-dire une affaire sérieuse, pourquoi alors la traiter avec autant de désinvolture et aussi peu de solennité ?» — Plérôme.

[société]«Comme l’ont si bien perçu de nombreux juristes, le mobile premier et fondamental des particuliers se réduit à la préservation et à la défense de leurs intérêts; et comme l’ont encore adéquatement compris une multitude de sociologues, la finalité d’une société est beaucoup plus que la somme de l’ensemble des intérêts que ses membres y cultivent à l’intérieur des activités qui sont les leurs: si ces deux conclusions peuvent se réconcilier entre elles et produire une unité sociale relativement durable et stable, malgré ses contradictions, c’est en raison de la nature paradoxale de l’intérêt qui, pour l’individu, trouve sa résolution dans la perfection de la société apte à favoriser sa culture, laquelle société ne saurait cependant trouver son compte, et par conséquent cultiver et maintenir son propre intérêt, en l’absence de la perfection des individualités qui la fondent et constituent sa dynamique ainsi que son progrès; d’où il résulte que la culture, qui est l’expression de la vie sociale, consiste en le raffinement des intérêts particuliers, de telle sorte que ceux-ci trouvent nécessairement, mais non pas sans résistance, leur résolution dans la reconnaissance et l’avènement, réciproques et mutuels, des intérêts d’autrui en vue de satisfaire l’intérêt collectif — lequel ne saurait s’entendre comme étant exclusivement, ni même principalement, celui d’un ensemble, mais doit le transcender et ainsi inspirer son perfectionnement et son entéléchie —, sans pour autant ignorer le sort qui autrement serait réservé au plus humble de ses éléments constitutifs et à se demeurer indifférent à la qualité, à l’intensité et à l’importance de celui-là.» — Plérôme.

[société]«En aucun temps de l’histoire, le principe de la primauté de la structure, qui organise la réalité sociologique et la constitue selon une raison politique, énonce implicitement que toute forme de la liberté politique demeure acceptable, dans l’initiation de la dynamique qui produit et qui maintient la conjoncture, pour autant qu’elle ne compromette aucunement les formes sociales établies, lesquelles constituent les balises des conduites, des créations et des actions sociales, instituées à cette fin ou s’étant établies subrepticement ou ayant évolué imperceptiblement et progressivement en réponse à un courant social sous-jacent, inhérent à la vie collective, et que ses dirigeants estiment nécessaires pour en maintenir, sous certaines conditions explicites, les possibilités de leur expression: de sorte que, à l’intérieur de la société en général, le passage d’un mode fondamental d’organisation structurelle à un autre ne pourra se produire que si la structure existante se trouve exposée à un bouleversement majeur (une révolution, une invasion, une catastrophe naturelle) qui en ébranle les assises mêmes et en fait apparaître les limites comme les imperfections ou encore que si on assiste, peut-être même en pressentant et en anticipant son apparition, à un changement profond dans les sentiments des cœurs et dans les convictions des esprits qui portent inévitablement les dirigeants à réévaluer l’ordre social et à instaurer une nouvelle structure afin de le préserver.» — Plérôme.

[société]«La stagnation et la régression sociales trouvent leur explication non seulement dans le non-être de certains membres de la société, considéré à la lueur des virtualités les plus profondes de leur être, mais encore dans la négation qui est faite aux autres de la possibilité pour eux d’exister pleinement, conformément à leur nature propre, et de réaliser au plus haut point les dispositions inhérentes à leur être intime, le tout dans la réciprocité inégale, et parfois inexistante, des propos, des conduites et des actions dont on témoigne de part et d’autre.» — Plérôme.

[société]«Lorsque l’on s’intéresse à considérer le rapport d’une discipline ou d’une pratique à l’ensemble de la société où elles se trouvent et qu’elles concernent, on est frappé de constater que l’on se situe toujours à deux niveaux souvent inconciliables, parfois complémentaires, mais toujours en présence à l’intérieur du mouvement historique de la progression des consciences et de l’illustration manifeste de leur potentiel intime, et qui néanmoins sont au cœur du mouvement social et culturel, tel qu’il se réalisera subséquemment et peut-être même parallèlement: celui premièrement de l’action produite et de l’œuvre réalisée, avec leurs intentions profondes, leurs mobiles réels, leurs qualités essentielles, leur créativité singulière, le fond particulier de la spontanéité dont elles tirent leur inspiration et qui est la source de la forme finale qu’elles revêtent aux yeux de tous, laquelle s’inscrit dans le temps historique et à l’intérieur de l’espace, imaginaire ou géographique, de la culture qui la reçoit et l’enveloppe de son champ spirituel, axiologique, conatif et désidératif; et celui ensuite de l’utilisation généralisée que chacun en réalise pour soi, en vertu de l’interprétation et de la signification qui lui sont accordées, de la valorisation qui lui est apportée, implicitement, quant aux attentes formulées à son endroit, et ouvertement, avec le report qui en est fait concurremment à d’autres exemplaires ainsi qu’à un modèle ou à un archétype, lesquels servent de commune mesure à l’évaluation collective, susceptible de naître à l’intérieur des consciences qui en témoignent, une utilisation qui constitue l’information des actions et des œuvres subséquentes que celles qui ont précédé ou qui leur sont synchrones inspireront, non sans inclure, pour leur accomplissement, les mêmes facultés et les mêmes facteurs, ceux qui sont inhérents à l’achèvement de la nature de l’esprit humain, incarné et historique, et qui sont nécessaires à l’actualisation de leur instance.» — Plérôme.

[société]«Par sa division implicite, entre le plan privé et le plan public, la société réalise le rapport complémentaire et nécessaire entre l’ontogénique et le phylogénique; car le plan public constitue l’instance de l’ontogénie qui se met au service de la phylogénie; alors que le plan privé est le lieu de la phylogénie qui développe l’ontogénie; car si le privé actualise la dimension personnelle et en canalise les virtualités et les possibilités individuelles afin d’en faire bénéficier la collectivité — que cela soit intentionnel ou non —, tout ce travail social ne mènerait à rien qui vaille et ne comporterait aucun sens, si la collectivité ne trouvait pas, par quelque moyen, à réaliser l’individualité sans laquelle la société ne saurait exister ni même prétendre au développement, à l’affinage et à l’accomplissement de la culture qui la caractérise. Par ailleurs, la vie collective serait inexistante, en l’absence des individualités qui se réunissent et qui, avec la perfection concertée de leurs aspirations, de leurs idéaux, de leurs qualités, de leurs sentiments et de leurs talents respectifs, parviennent à formuler et à ériger un projet d’ensemble qui satisfasse d’une manière optimale et bienfaisante autant à la nature manifeste qu’à l’idéal virtuel de ses membres, en vertu de répondre à une notion de justice fondamentale qui reconnaisse la contribution de chacun au bien-être et à la vie de l’ensemble par l’entremise du bien-être et de la vie des particuliers et qui cherche à réduire les inégalités susceptibles de concourir à ce que l’on méconnaisse la possibilité que tous puissent fournir leur plein rendement, en vertu des moyens particuliers  respectifs qu’il leur appartient de mettre en œuvre.» — Plérôme.

[société]«Toute théorie sociale — qui est en définitive une théorie sur le bien social qui est concevable et que l’on souhaiterait instaurer, s’il est estimé inexistant, ou encore auquel l’on souhaiterait remédier, lorsque la forme sous laquelle il existe est imparfaite ou lacunaire — définit la direction vers laquelle doit effectivement s’engager la société et donc l’idéal qui doit animer le mouvement de l’ensemble qui la constitue: elle est donc destinée à transformer les consciences et, par conséquent, à faire des heureux et des exclus, selon qu’ils se rallient, ou non, aux principes qui émanent de cet idéal et se conforment, ou non, aux exigences qui résultent de la fonction qu’elle acquiert, de constituer, dans la conscience collective, l’optique principale des idées et des valeurs, des normes et des critères, qu’elle y instaure, c’est-à-dire le droit contre lequel les pensées et les conduites particulières sont estimées et jugées, cautionnées ou sanctionnées; l’alternative, c’est de postuler un mouvement immanent aux consciences qui composent l’ensemble et qui connaîtrait implicitement le bien vers lequel elles tendraient spontanément et nécessairement, en illustrant la sagacité et le courage qui sont inhérents à leur nature, de savoir identifier, parmi toutes celles qui participent à sa dynamique vitale, un esprit qui puisse l’aiguillonner, si la volonté de poursuivre son élan lui fait défaut; de l’encadrer, si son action devient dispersée; ou de le recentrer, après réflexion, sur l’orientation essentielle et fondamentale, appropriée à sa nature et connaissable par l’intelligence qui l’examine, si jamais il s’en égare: mais n’est-ce pas justement le rôle de la théorie sociale de spécifier cette orientation et de fournir les balises ainsi que les actions directrices subséquentes, aptes à assurer la réalisation des virtualités de l’ensemble ainsi que de la destinée qui en anticipe et en présage l’avenir ?» — Plérôme.

[temps]«C’est, de tout temps, le terrain durable du présent qui contient en son actualité les germes de l’éternité, celui, mouvant, de l’avenir qui procure à l’agent moral les occasions de leur croissance et les moyens de leur épanouissement, le passé se constituant, voire imparfaitement, incomplètement et sélectivement — puisqu’aucune expérience naturelle n’autorise à une perspective singulière qui soit en même temps unique, absolue, éternelle et universelle —, à partir du souvenir de ce qui, pour le meilleur ou pour le pire, a pu contribuer à constituer le moment actuel et à conserver la possibilité de son éclosion éventuelle.» — Plérôme.

[théologie]«En termes teilhardiens, les deux polarités de l’alpha et de l’oméga, lorsqu’elles sont dissociées l’une de l’autre, en les coupant de leur référent théologique, comme la philosophie moderne laïciste a convenu de le faire, en adoptant une position athéiste qui n’obéissait pas uniquement à des préoccupations  méthodologiques — celles de découvrir une méthode dont la fin est de conduire l’homme à faire un usage maximal de sa liberté de pensée, en recrutant en lui-même les facultés intellectuelles et pratiques qui illustreraient sa pleine actualisation —, mais constituait la véritable expression d’une conviction profonde — à l’effet que l’esprit de l’homme pourrait comprendre, connaître et raisonner le monde intégralement, sans supposer ni le domaine de la transcendance, ni l’existence d’un Être transcendant, et qui pourtant conserverait le pouvoir d’interagir de manière effective avec lui et d’agir effectivement sur lui —, créeraient la dichotomie fondamentale entre des termes extrêmes qui se définiraient nécessairement l’un sans l’autre, puisque ne possédant aucun terme médial et commun qui en assurerait la jonction, la continuité du rapport logique ainsi que la parenté ontologique: le résultat serait de créer une nostalgie du passé qui serait sans lien avec les valeurs et les aspirations du présent, puisqu’il n’admettrait aucun principe supérieur qui puisse les relier; comme il serait de faire la promotion d’une croyance dans le futur qui serait issue spontanément du présent, sans qu’elle n’entrevoie quelque principe d’unification avec les événements qui ont mené à son accomplissement ou entre les esprits qui, par leur prévision et leurs actions, auraient produit son instauration et son actualisation.» — Plérôme.

[vérité] «La vérité que l’on fausse ne saurait servir d’argument à la justification de la destruction ou de la subversion de sa valeur intrinsèque.» — Plérôme.

[vérité] «Lorsqu’elle est exposée à la vérité, et qu’elle en prend connaissance, la conscience épistémologique et morale n’a d’autre choix que de reconnaître sa valeur apodictique et d’agir effectivement selon ses principes et ses préceptes; par ailleurs, elle peut choisir, cédant en cela à la mauvaise foi de sa disposition intime, soit de l’ignorer, c’est-à-dire de feindre ne pas savoir qu’elle ait jamais été prononcée et se conforter de pouvoir mieux encore laisser diriger sa conduite et son action sur un statu quo ante axiologique, soit de la fausser, en entier ou en partie, en vue d’éviter de poursuivre cette actualisation, peut-être en raison du coût implicite à cette démarche, soit de l’opposer à d’autres vérités, dans une tentative de la discréditer ou à tout le moins de semer le doute sur sa validité, ou de proposer des champs de recherches et d’investigations alternatifs qui, sans en imputer la valeur, serviront éventuellement à distraire la conscience de la valeur prépondérante de cette vérité, aux yeux d’une conscience discernée et heureuse.» — Plérôme.

[vérité]«Aucune justification que l’on souhaiterait apporter d’une action ou d’une situation commises, par soi ou par autrui, ou aucune tentative que l’on entreprendrait afin de la faire oublier, en cessant de l’évoquer ou en interdisant son évocation, en déviant l’attention sur un autre événement ou encore en se fiant sur la passage du temps pour en maquiller ou en voiler les conséquences, ne sauraient en altérer la qualité et la valeur initiales — bonnes ou mauvaises, excellentes ou médiocres, belles ou laides —.» — Plérôme.

[vérité]«Certains se contentent de croire en la vérité, telle qu’elle se présente à leurs yeux; d’autres voudront en éprouver à la fois la compréhension et la profondeur, c’est-à-dire la nécessité de son essence et l’universalité de sa substance, afin d’en apprécier l’importance intégrale et explorer la possibilité réelle de sa manifestation, afin de les communiquer à leurs semblables, comme étant l’unique conception à la fois suffisante et adéquate, susceptible d’être envisagée par l’intelligence, qu’ils seraient en droit de formuler à l’endroit de la réalité, autant celle du monde que celle de l’esprit.» — Plérôme.

[vérité]«En limitant la recherche de la vérité à un domaine où elle serait supposé se laisser découvrir, l’on risque fort bien de ne pas s’y trouver, ou de ne s’y retrouver que partiellement, puisque la vérité éternelle et immuable, universelle et transcendante, ne saurait se laisser conditionner par les vues que l’on prétend détenir sur elle.» — Plérôme.

[vérité]«La connaissance réelle et complète de la vérité se réalisera toujours à la fin, mais nul n’est en mesure de savoir avec certitude, ni d’anticiper avec précision quand elle se produira,.» — Plérôme.

[vérité]«Plus terrible que la conclusion, qui proposerait que l’homme ne saurait envisager la vérité, lorsqu’elle lui est présentée dans la pureté de son intégralité, serait celle qui énoncerait que l’homme ne vivrait que de mensonge et ne participerait avec ses semblables qu’à entretenir une culture de l’illusion: et pourtant, l’on peut suggérer en contrepartie la notion d’une vérité qui est tellement élevée qu’elle demeure inaccessible à l’homme, comme aussi celle de la vérité qui serait à ce point terrible par la majesté de son essence et l’ampleur de ses implications que l’homme préférerait, pour ne pas l’apercevoir et la contempler, détourner son visage d’elle plutôt que la regarder en face. § La conséquence logique de telles propositions serait que, à défaut de demeurer en attente et de cultiver la vertu qui rendrait la conscience digne de contempler une vérité qui peut-être ne se révélerait jamais, et peut-être de courir le risque de concevoir une vérité dont la substance pourrait s’avérer terrifiante, l’homme érige pour lui-même une culture spirituelle parallèle, qui s’inspirerait de la vérité uniquement lorsque celle-ci s’avère utile à servir ses desseins et qui ignorerait toute vérité, ne comportant aucune valeur utilitaire ou pragmatique. § Or, cette dernière position ne semble-t-elle pas décrire la culture intellectuelle et axiologique du monde occidental contemporain, un monde où prévaut le culte de la science et de la technologie, ces deux disciplines se substituant aux traditions religieuses, ancestrales et historiques, et s’orientant sur un rapport intime avec la matière sensible, concrète et tangible, en vue de procurer une connaissance certaine qui n’est susceptible ni de doute, ni de contestation, et qui se refuse à considérer, au plan de la raison publique, les questions morales et religieuses qui touchent à la collectivité, pour reléguer plutôt leur examen à des institutions spécialisées, dont l’étanchéité des frontières intellectuelles, les unes face aux autres, et la division des loyautés et des spécialisations, à l’intérieur de chacune d’elles, empêcheront que l’on puisse jamais, dans l’état actuel des choses, parvenir à une entente sur le caractère suprême et transcendant que pourraient prendre les réponses adéquates, sérieuses et profondes, à ces questions.» — Plérôme.

[vérité]«Quel est le critère de l’excellence d’une doctrine ? et en vertu de quelles balises et de quels critères compare-t-on les doctrines entres elles afin d’en apprécier leur importance respective et leur valeur relative ? Une telle question s’avère surtout pertinente en raison du foisonnement des doctrines, de leur concurrence en vue de recruter l’aval des consciences aux principes qu’elles exposent, des éventuelles dissonances qui peuvent surgir entre des enseignements opposés, contradictoires et parfois même contraires, soit en raison des propositions qu’ils contiennent, des conceptions qu’ils répandent et qu’ils inclinent à entretenir, malgré les conséquences douteuses et indésirable qui en procèdent, mais surtout en vertu du principe de la vérité unique, absolue, complète et sans partage qui n’autorise à aucune contradiction ni à aucune conception ou expression qui soit contraire à la pureté et à l’extension de son essence.» — Plérôme.

[vérité]«Tels sont ceux qui, plutôt que transcender les erreurs d’autrui, dans l’espoir que la vérité qui est représentée en leur personne sera un jour entendue, abstrairont la vérité d’autrui dans l’espoir que leurs propres erreurs passeront inaperçues.» — Plérôme.

[vertu]«L’on ne saurait parler de vertu s’il est entendu que celle-ci émane de la personne et de la partie la plus profonde de son âme, étant une disposition et un état intérieurs et non pas seulement l’expression d’une attitude superficielle et la conformité habituelle à une manière d’être socialement codifiée.» — Plérôme.

[vertu]«Où et quand il s’enracine et il produit son efficace, le mal se réalise toujours par la négation de la vertu, que celle-ci se manifeste en la propre personne de l’agent moral ou qu’elle s’accomplisse en la personne également morale de son semblable: ainsi importe-t-il, afin d’enrayer le mal et les effets nocifs qui en procèdent, de s’engager à faire l’illustration et la promotion du bien, autant en soi que chez autrui, et à se commettre en tout temps à concrétiser réellement ses intentions en ce sens.» — Plérôme.

[vie]«C’est un paradoxe qui veuille que la vie se déroule et se réalise par excellence dans la profondeur, l’intimité et la sérénité du silence, des causes et des principes qui pourraient chercher à en taire l’éclosion, en inhiber l’accomplissement et en corrompre la perfection.» — Plérôme.

[vie]«Tout ce qui émane du vivant — sa conduite et son action, mais aussi sa physiologie, sa physionomie et ses virtualités — est une expression de la vie à travers l’expérience qu’éprouve et que vit celui-ci et qui est nulle autre chose que l’illustration de la vie, engagée dans un rapport, délibéré ou spontané, avec l’univers: le sentiment est la vie qui se ressent elle-même et qui s’apprécie elle-même dans la conscience qu’elle possède d’elle-même; l’intelligence, la vie qui se reflète et qui se sait dans la relation qu’elle entretient aux choses; la conscience, la vie qui se découvre dans la subjectivité de la réalité de son expérience; la raison, la vie qui s’exerce et qui s’exprime en tant qu’elle est une présence, une puissance de transformation, tantôt active et tantôt passive, se réalisant dans la mutualité parmi et concurremment avec toutes les présences qui l’entourent; et l’action, la vie qui s’exprime en tant qu’elle est la vie, digne d’être appréciée en soi et comme telle, en vertu de la valeur inestimable et infinie que véhicule sa présence, autant pour l’existence qui la manifeste que pour celles qu’elle affecte et qui, en retour, dans la mutualité des rapports, l’affectent également .» — Plérôme.

[violence]«La première violence n’en a souvent pas l’apparence, puisqu’elle consiste à refuser et/ou à retirer à une personne, à un ensemble de personnes ou à une société ces conditions qui seraient vitales et nécessaires pour qu’elles se réalisent adéquatement, ou à procurer à celles-ci des conditions qui seraient éventuellement contraire à une cette entéléchie, sans pour autant qu’il soit évident que cet apport, puisqu’il se produirait imperceptiblement ou qu’il le présenterait comme ayant une valeur apparemment neutre ou insignifiante, serait la cause d’un empêchement à la fin désirable ou d’un détournement qui l’amènerait dans une direction qui lui est opposée.» — Plérôme.

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