[Depuis le 16 juillet 2015, avec mises à jour périodiques. — Since July 16th 2015, with periodical updates.]
«Le danger d’une médecine étatique, i.e. d’une médecine qui reçoit son financement directement de l’État, c’est d’évoluer dans le sens d’une iatrocratie, en raison des liens intimes qui avec le temps se tissent entre les pouvoirs publics et les intérêts individuels, qu’une telle association tendrait à faire se rencontrer, à l’exclusion plus ou moins grande du bien-être des usagers, censés être les premiers bénéficiaires d’une telle mesure.» — Plérôme.
«La liberté, c’est la possibilité de faire fructifier ses talents, dans le sens du plus grand bien possible susceptible d’être accompli, de jouir du fruit de ses efforts et de ses labeurs, d’assumer pleinement ses erreurs, le cas échéant, de se protéger adéquatement des vicissitudes de l’existence et de vivre en harmonie complète avec Dieu, ses semblables et l’ensemble de la Création.» — Plérôme.
«L'homme n'a tué Dieu — dans son esprit, mais non pas dans la réalité — que pour mieux encore s'exhausser aux dépens des vestiges, des nostalgies et des ruines qu'il croit avoir laissées.» — Plérôme.
«Les hommes sont, créent, possèdent, pensent et ressentent, signifient, communiquent et anticipent; les philosophes transcendent, réfléchissent, dissertent et publient.» — Plérôme.
«Peut-on assez le dire: la spontanéité, i.e. la liberté, est la condition a priori de la réalisation humaine et morale du Bien.» — Plérôme.
«Y a-t-il plus triste qu'une reine qui ne peut, ne veut ou ne sait s'assumer, s'accomplir et se réaliser et ainsi faire rejaillir sa mystique sur le peuple qu'elle est destinée à inspirer ?» — Plérôme.
«Selon une perspective pacifique, lorsqu'une situation sociale est truquée, et qu'il n'existe aucune manière de la changer dans l'immédiat, ou de faire s'amender ceux qui l'entretiennent et la maintiennent, deux choix seulement s'offrent à celui qui la subit: recruter son courage et faire le mieux qu'il peut avec la conjoncture, de manière à réaliser le plus qu'il est possible dans les circonstances et peut-être d'en retirer un bénéfice moral personnel, pour s'en confier à l'efficace de la Providence afin qu'Elle rétablisse la justice en Son temps; ou cesser de jouer, en attendant que peut-être les agents de l'iniquité se démasquent, ou, ce qui serait plus inouï, mais hautement admirable, qu'ils redécouvrent la vertu de l'honnêteté, réévaluent leur conduite et les mesures mises en place pour favoriser l'injustice, et fassent amende honorable.» — Plérôme.
«Seul un gouvernement parfait peut prétendre à exercer une justice parfaite, ce qui doit être un argument, non pas en faveur du refus de l'idéal et de l'effort requis pour le réaliser, sous prétexte qu'il serait inatteignable, mais d'une recherche constante de l'amélioration que les progrès accomplis, parfois mineurs, rendent évidents.» — Plérôme.
«Le plus grand défi d'une démocratie est de ne pas devenir l'instrument d'une ochlocratie perverse (puisque n'étant pas pour l'essentiel inspirée par le Bien) et dégénérée (puisque manifestant dans son être cette lacune), la proie d'une engeance, au nom et pour une engeance, et ainsi d'éviter le piège, peut-être le plus risqué pour lui, de sombrer dans une forme d'entropie collective, résolument funeste aux société et aux peuples qui se font engloutir par lui.» — Plérôme.
«Du point de vue du particulier, des groupes et des institutions, dans leur rapport à l'État, la question à se poser est celle de connaître et de comprendre quelle est la condition nécessaire et suffisante de leur accession pleine à une participation entière à la société et à leur situation juste, équitable et optimale, ainsi que leur dignité et leur force de rayonnement, à l'intérieur de celle-ci; du point de vue de l'État dans son rapport au particulier, aux groupes et aux institutions, cette question consiste à formuler, avec sagesse et justice, les termes de cette fondation et à veiller à ce qu'ils soient équitablement et réellement appliqués et respectés.» — Plérôme.
«Ce qui se demande ce qu'est Dieu ne pose pas la bonne question, laquelle serait plutôt de s'enquérir sur qui est Dieu: car serait-il légitime de s'imaginer vraiment qu'un Être, qui serait à l'origine de la personne individuelle, puisse être autre chose qu'une personne elle-même ?» — Plérôme.
«L'on se montre parfois réfractaire à reconnaître la grâce divine qui nous est faite lorsqu'elle résulte d'un acte gratuit alors que l'on s'imagine que, s'évertuant à l'atteindre, elle sera alors plus apte à être reçue en raison du mérite à laquelle elle répond. Mais en réalité, cela n'est qu'une illusion, cultivée par une mentalité qui ne nous autorise pas à concevoir qu'il puisse exister une gratuité, qui nous inculque le message que tout doit être le fruit d'un effort, et qui nous porte à mésestimer injustement la Source infinie qui est à l'origine de la gracieuseté de ce bienfait, au-delà de toute dignité personnelle qui puisse la justifier.» — Plérôme.
«Ce n'est pas tant Dieu qui change dans les perspectives historiques que l'on En cultive mais la nature et la disposition de la conscience de l'homme, dans l'appréhension qu'il est susceptible d'En posséder et d'En révéler à la culture, suivant les expériences de vie qu'il est amené à vivre sur une multitude de générations pour En saisir intuitivement l'essence et être inspiré à la percevoir et à la concevoir adéquatement.» — Plérôme.
«Comment peut-on se sentir méritoire devant un présent inespéré qui s'avère entièrement gratuit ? Plus le présent s'avère d'une valeur inestimable et plus la disposition à le recevoir révèle de l'humilité, plus fortement la question se pose. Car telle est la nature de la gratuité qu'elle défie l'intelligence présente dans toutes les conceptions causales et toutes les formes de l'estime de soi associées aux actions visant, par leur efficace, la production d'un effet désirable ou la récolte d'un résultat espéré. Et seuls ceux qui ne conçoivent pas qu'il soient possible que des causes gratuites soient à l'œuvre ne sauront accréditer et reconnaître un acte gratuit lorsqu'il se pose ... sauf lorsque son surgissement est complètement inattendu et que son importance est capitale puisque la certitude d'une issue entièrement négative est alors quasi-absolue. C'est uniquement à cette occasion que l'esprit pourra s'ouvrir à contempler la bonne fortune qui sourit à son existence et s'interroger sur la cause profonde de celle-ci, alors que son rayonnement ne peut être autrement apprécié que comme étant singulier et hautement personnel.» — Plérôme.
«Comme dit l'historien H. Guillemin dans une se ses conférences [L'Affaire Jésus (1981)]: "on ne doit pas penser qu'à l'immédiateté, mais à l'avenir et l'avenir, c'est la jeunesse". Mais seule une personne ayant eu une certaine expérience de vie peut penser ce principe qui émane d'une sagesse procurée par l'expérience, émanant d'elle et éprouvée par elle, puisque ce souci de l'immédiateté est souvent le gage d'une immédiateté qui accompagne la croissance et peu à peu s'assagira, avec le passage du temps et l'acquisition de l'expérience qui se réfléchit. D'où l'importance pour la jeunesse et pour son propre avenir de préserver les générations aînées qui seules peuvent constituer l'assurance de la reconnaissance de leur valeur réelle pour la continuité des choses.» — Plérôme.
«Si l'intelligence, c'est la capacité de comprendre la réalité des choses, autant dans leur nature que dans les relations qu'elles entretiennent entre elles, l'intelligence sociale est celle qui s'avère apte à percevoir celle dont témoigne autrui dans son appréhension de la réalité.» — Plérôme.
«Comme il n'y a que l'actualité pour parachever le sens de l'histoire, il n'y a que l'histoire pour mettre la découverte de ce que serait son contenu et sa possibilité véritable; et l'idéal pour orienter les conduites dans le sens de ce qui pourrait et même devrait être comme déterminer si ce qui est effectivement représente une réalisation optimale.» — Plérôme.
«Il semblerait parfois que la vie est un perpétuel effort à la rééducation qui suit l'oubli de notions essentielles amené par quelque mystérieux processus d'amnésie qui n'est jamais total, puisque la nostalgie existe pour signifier l'empreinte de la rémanence résultant de l'extinction du souvenir.» — Plérôme.
«Une République, qui ne proscrit pas la malice et la méchanceté, mais se contenterait simplement de définir et de déterminer les formes sous lesquelles elles peuvent s'exercer impunément, ne serait pas digne de s'estimer telle, puisqu'elle serait alors entièrement vouée à sa propre destruction, en couvant sur son sein le serpent qui en assurerait l'éventualité.» — Plérôme.
«La sauvagerie est l'état d'une culture qui, n'ayant pas reçu de révélation institutrice, se constitue selon des valeurs qui surgissent spontanément dans la conscience de leurs dirigeants, mais sans enseignement formel des principes qui pourraient en guider la généralisation à des situations analogues et la perpétuation à l'intérieur des générations à venir; la barbarie est l'état d'une civilisation qui, ayant reçu une révélation qui l'institue en fondant pour elle les principes de sa genèse et son de développement culturels, en a pratiquement quitté les enseignements et cessé d'en rechercher l'accomplissement le plus élevé, même en continuant à les professer ouvertement, ou de semblables qui en représenteraient faussement une valeur équivalente, pour retourner à un état de normativité et de conduite antérieures et surtout en deçà de celui que cette révélation avait informé et inspiré.» — Plérôme.
«La grande question en théologie morale et peut-être la plus fondamentale pour la foi: Satan peut-il réussir à se montrer plus puissant dans sa malice que Dieu parvient à le faire dans sa bonté ? Devant un questionnement aussi profond, aux enjeux aussi décisifs que vertigineux, l'humanisme se contente de tirer avantage, le mieux qu'il le peut, de la situation, avec pour devise implicite: «Je, premier servi».» — Plérôme.
«Le mensonge — qui semblerait souvent le plus crédible plus il emprunte à l'hyperbole — est parfois l'analogue du jet d'encre noir qu'éjecte la poulpe ou la seiche avant de se dérober: un écran de fumée sombre dont le but premier est de couvrir la fuite estimée salutaire.» — Plérôme.
«L'on pourrait comparer l'espace public qui définit la politique comme étant une école de vérité: d'une vérité qui se dit parce qu'elle étaie une cause; d'une vérité qui ne se dit pas, ou qui se dit incomplètement, parce que se sachent, elle ne l'avancerait en aucune façon et que même elle puisse la faire se rétrograder; d'une vérité qui se découvre, en raison des dynamiques mystérieuses propres au monde politique et des réalités changeantes qui se laissent observer à l'échelle de la nature et de la culture, tout en suscitant l'interrogation en raison de leur imprévisibilité, de leur étrangeté et de leur nouveauté. Ainsi, cet espace devient-il formateur des consciences comme se montre-t-il susceptible d'imaginer les solutions dans l'espérance de parvenir à une gestion adéquate de la république et à une perfection du monde social qui en spécifie les termes et en oriente la constitution présente comme leur projection dans l'avenir. Comme il repose sur la valeur de la cause épousée comme de la qualité de ceux qui en défendent les principes et qui en réalisent les idéaux. » — Plérôme.
«Le comble de la tartufferie: on détache et on isole les incidents de leur contexte réel pour exagérer la moindre peccadille, le moindre écart d'une norme arbitraire dont on en fait une règle fixe et immuable, pour ensuite vouloir châtier à merci celui (ou celle) à qui on fait endosser la faute putative.» — Plérôme.
«Une hypothèse à approfondir: l'invention grecque, dans l'histoire, fut d'avoir non pas découvert la raison, ni même d'en avoir perfectionné les possibilités inhérentes à sa nature réelle, mais d'avoir opposé celle-ci à la faculté du cœur et réussi à substituer ses puissances aux virtualités de celui-ci, de manière à faire résider en elle l'exclusivité de la valeur et de l'éminence humaines.» — Plérôme.
«Une conception adéquate de la condition morale humaine considérera en même temps que la nature de la faculté opérant ses choix entre le bien et le mal, toute l'importance que prend celle-ci pour l'accession à la plénitude de la nature humaine et l'excellence de sa persévérance parmi les êtres de la nature et de la Création.» — Plérôme.
«On n'erre jamais en misant sur le meilleur bien possible que l'on sait et en agissant toujours de telle sorte qu'il se réalise, car alors, même si la déception peut se vivre, de l'expérience d'une issue moins élevée et optimale que désirée, l'état irréprochable dans lequel on se maintient permettra de continuer sur la voie de la perfection et de relever de nouveaux défis, peut-être plus complexes et formateurs encore, avec la possibilité d'un succès qui ne démentira pas la valeur des expériences éprouvées préalablement.» — Plérôme.
«Un trajet n'est véritablement complet que lorsque l'on en parcouru toutes les étapes nécessaires et que l'on est parvenu à sa destination.» — Plérôme.
«Comme il y a des pirates terrestres, maritimes ou aériens, il existe aussi des pirates de la vie et de la destinée.» — Plérôme.
«La sécurité sociale, i.e. celle dont jouissent ceux qui peuvent compter sur un revenu suffisant assuré tous les jours de leur vie, offre à ceux qui en bénéficient un sentiment de valeur et de dignité personnelles qui se situe au-delà de celles qui procèdent de l'être propre de l'individu et constitue, par le reconnaissance sociale ainsi signifiée, une confirmation et une attestation de son excellence personnelle. D'où l'importance d'assurer qu'elle est le reflet adéquat de la qualité individuelle que, par sa présence, elle est censée autoriser et légitimer avec cette validation.» — Plérôme.
«Si la symbolique astrologique semble aujourd'hui étrangère à la philosophie, et se trouve donc reléguée par elle au plan psychologique des archétypes de la conscience, un genre de donnée formelle qui simplement est, sans que l'on ne découvre aucune explication rationnelle qui en justifie la présence, c'est que s'est perdue, au cours des siècles, le souvenir des rationalités qui ont présidé à son instauration et à son implantation originelles et initiales au sein de la conscience.» — Plérôme.
«Pour certains, semble-t-il parfois, l'existence consiste en quelque sorte en un jeu secret, où les règles, en changement perpétuel suivant les humeurs du maître de jeu et susceptibles d'être modifiées dès qu'elles cessent de produire l'effet désiré, ne sont pas énoncées et doivent être découvertes, où les buts sont la jouissance du plaisir et le bénéfice du confort et où les pénalités et le démérite reflètent cette incapacité à se rallier à cette logique mystérieuse ou encore d'en percer les arcanes absurdes.» — Plérôme.
«L'essence de la richesse: les biens qui assurent la conservation, la préservation et la perpétuation de l'unique Bien suprême, qui est la vie; les moyens mentaux de la richesse: la ruse (la mètis) et la force pour tantôt l'acquérir et en jouir, tantôt la démultiplier à cette fin et tantôt en protéger la possession.» — Plérôme.
«La passion que l'on impose à autrui constitue une forme de réduction à l'impuissance qui a ses répercussions dans l'histoire, par le vide qui est laissé d'une présence, d'une possibilité d'agir et de ses virtualités morales, et dans l'après-vie qui en conserve les traces dans la constitution organique et éthérée de l'âme.» — Plérôme.
«Le fascisme, qu'il prenne la forme d'un autoritarisme, l'habilitation politique et légale à interpréter et à établir une doctrine à l'ensemble social, ou la forme d'un totalitarisme, celle à ériger en volonté politique suprême un désir émanant d'une personne unique et fondé ultimement sur la puissance que possède cet individu à l'ériger en système de lois, est, aux yeux de l'histoire, la conséquence naturelle de l'usurpation violente et illégitime de la souveraineté, la plus souvent accompagnée par le coup d'État et la mort du roi légitime, puisqu'elle fait alors reposer toute sa majesté, non sur la légitimité réelle d'une personne physique, mais sur l'intégrité d'une constitution et d'une institution qui serait supposée la représenter.» — Plérôme.
«Le meurtre des jumeaux semble être un des leitmotivs les plus récurrents des mythologies anciennes, comme le seraient également les multiples façon de détruire le lien privilégié existant entre des couples archétypaux. La tendance moderne est de voir en ces événements des faits dramatiques tristes et déplorables — ce qu'ils sont effectivement —, mais on ne s'attarde que rarement à voir en eux des mesures par lesquelles on façonne l'histoire et on lui donne une direction, ni à analyser en quoi effectivement le cours des événements ainsi que la nature humaine se sont transformés suite à ces malheurs, pour vouloir croire plutôt que, après avoir fait le deuil qui s'imposait des individus concernés, regretté les malheureux incidents qui leur ont donné lieu et s'être résolu, en adoptant les mesures appropriées, à ne pas favoriser qu'ils puissent se reproduire, la vie revient à ce qu'elle était auparavant, sans avoir en aucune façon été fondamentalement affectée par les injustices et les cruautés avec lesquelles on l'a insultée et injuriée.» — Plérôme.
«Le positivisme, qui se donne pour seul objet de la connaissance la phusis et exclut de son champ de considération le surnaturel, soit qu'il le considère comme fictif, un être précédant tout droit de la faculté imaginative, soit qu'il la congédie comme simplement inexistant, se heurte à une difficulté essentielle cependant, à savoir l'être de la raison grâce à laquelle puissance cette science et toute science deviennent possibles.» — Plérôme.
«Il semble parfois que l'émulation, chez les personnages évoluant sur la scène publique, se centre autour non pas le principe de l'authenticité morale la plus accomplie mais autour de celui du caractère la moins apparente et évidente.» — Plérôme.
«Selon la perspective aristotélicienne, qui définit la justice comme étant le dût qu'il convient à toute personne de toucher et de percevoir, les deux extrêmes viciés qui correspondent à ce principe sont tantôt: ne rien donner (et donc ne rien mériter) et tout recevoir; et tantôt: tout donner (et donc tout mériter) et ne rien recevoir.» — Plérôme.
«[Posté sur F-book le 24 août 2015, relativement au changement dans l'attitude philosophique de Socrate, avant et après sa condamnation par l'Héliée à boire la cigüe] This is really not my field of expertise, but for discussion's sake, and the sake of dialogue, I hazard an opinion. I am presently interested with the problem of the beginning of philosophy and, though I have not given much thought to the relationship of S's thought to this genesis, some ideas come to me which perhaps may prove to be pertinent. § I am considering this problem raised from the point of view of the distinction (opposition ?) between the Sophos (the Sage) and the Sophistès (the Erudite). And though some of S's contemporaries considered him a sophistès, he was in fact, it seems to me, the last of the Sophón, as the characterization he received at the Oracle of Delphi leads to understand. § One of the basic traditional principles which the Sophos defended was free education and S refused all his life to accept payment for his teaching, whereas the sophistoù followed the completely opposite principle and valued their teaching in proportion to the income which they received from it. I would submit that this may be one of the basic reasons for the accusations which were raised against him, though I suspect that his trial also spelled the end of an era (thus expressing a decadent period in civilization to which the history of philosophy was not immune), and perhaps also of the pure sense of the discipline which the Pythagorician, and later the Platonic notion of philosophy carried with it. The triumph of the sophistoù after S's death certainly points to this, as does the birth of the subsequent schools [les Stoïciens, les Sceptiques, les Cyniques] which S gave inspiration to, which you mention (with the exception of Neo-platonism) and which in one way or another constitute a form of protestation against the artifices of sophisteia. § Another difference I see is in the philosophical style which he adopts at the two distinct moments which I have alluded to: in the first moment, his principle of maieutikos and the use of eironeia in his teaching; and in the second, a greater docetism and reflection as he structures his principles for his disciples in the final period of his life and which represents a more subjective approach to philosophy, leading from the slow and sometimes tedious extraction of the knowledge which others possess, at times unbeknownst to them, present in the forst moment, to the expression of his own innermost beliefs (on the nature of the soul and its destiny in the nether world), in the second. These are just a few sketchy ideas which come to mind, and which perhaps merit some further reflection. But it seems to me that this is the exact situation which philosophy after Socrates is caught in, up to and including the contemporary: the more quiescent reflective attitude of the contemplative, and which I see as a continuation of the style of the Sophos, and the more public, dogmatic approach of the outspoken rhetorician and also popularizer, which I see to be closer to the style of the Sophistès.» — Plérôme.
«Quel impact significatif peut bien avoir une goutte d'excellence dans un océan de médiocrité: s'il existe en théorie, en réalité par ailleurs, il peut paraître bien minime.» — Plérôme.
«Le rêve de toute personne, qu'un manque à réaliser révélera à la conscience sous le sentiment diffus d'un vide que l'on ne réussit jamais à combler, est la conservation de la pureté et de l'innocence de son âme d'enfant qui, si par malchance s'est trouvée à se perdre, se transforme en espérance de la retrouver un jour.» — Plérôme.
«Plus l'écart est immense, entre la vérité que l'on pressent dans sa perfection et celle que l'on réussit à transmettre, à communiquer et à interpréter, plus le risque à sombrer dans l'exaspération est élevé.» — Plérôme.
«Certains souhaiteraient fonder la civilisation sur la capacité de verbaliser ses sentiments — ses pensées et ses émotions —, mais peut-être pourrait-on proposer d'envisager la culture comme étant l'expression d'une action pertinente, adéquate à une évidence perçue par l'intelligence, susceptible d'entraîner la communication et l'échange des idées, certes, mais néanmoins fondée sur une compréhension morale des choses et centrée sur l'accomplissement de sa pleine réalisation .» — Plérôme.
«Toute association concertée en vue d'une finalité repose sur la mutualité des intérêts qui seront servis par elle et pourra se laisser apprécier suivant la hauteur des fins proposées, la compatibilité des intérêts individuels avec lesdites fins et la réconciliation effective et pratique des tensions qui peuvent naître et exister entre ces deux dimensions téléologiques.» — Plérôme.
«La coupure qui s'est opérée entre l'intelligence et la vie intégrale de l'esprit, en réduisant l'âme à n'être plus qu'un épiphénomène de la vie, a relégué l'histoire au plan de la fiction dramatique, sans réelle conséquence pour l'actualité et la réalité humaines, sauf à voir en elle simplement un requis préalable aux individualités, aux générations et aux cultures qui existent présentement.» — Plérôme.
«Les nouvelles théories engendrent de nouvelles perspectives et conduisent à une évolution des conceptions de l'esprit, lesquelles à leur tour favorisent l'évaluation et la correction de théories anciennes et l'apparition de nouvelles, peut-être plus complètes et plus satisfaisantes, pour expliquer le même ordre de phénomènes, lancer un nouveau cycle épistémologique et continuer un ancien. Mais comment assure-t-on que les conceptions abandonnées ou ignorées le méritent, puisqu'elles seraient censé véhiculer des «vérités» dépassées; et que les nouvelles conceptions proposées, adoptées et retenues valent également une considération appuyée, puisque proposant des «vérités» plus élevées et plus parfaites ?.» — Plérôme.
«L'expérience de la vie procure souvent des intuitions qui, lorsqu'elles font l'objet d'un partage, peuvent s'avérer utiles à ceux qui les reçoivent, c'est-à-dire pédagogiques dans le milieu formel de l'éducation, et formatives, dans le milieu informel de l'échange privilégié.» — Plérôme.
«Si l'on ne peut assurer que tout ce que l'on imagine — i.e. ce que l'on conçoit de bonne foi comme étant vrai — est vrai en définitive, puisqu'il arrive parfois que l'on puisse, sans en avoir l'intention, se tromper sur la véracité de ce que l'on affirme, l'on ne doit pas pour autant en conclure — comme d'aucunes seraient peut-être enclins à le faire — que tout ce que l'on conçoit soit faux. Et l'esprit sagace est celui qui saura distinguer le vrai du faux, le réel de l'illusion et le fantasme du concret, parmi toutes les affirmations qui sont formulées et qui se livrent à l'examen de l'esprit objectif, impartial et désintéressé.» — Plérôme.
«Seuls ceux qui savent seraient susceptibles d'enseigner leur savoir. Mais comment sait-on avec assurance qui sait véritablement ? Et comment même sait-on réellement si l'on sait et si ce que l'on sait vaut la peine d'être su ?» — Plérôme.
«La route de l'enfer, dit-on, est pavée de bonnes intentions ... mais elle est parsemée aussi de beaucoup d'ingratitude, pourrait-on ajouter.» — Plérôme.
«Lorsque l'on y réfléchit bien, il n'y a rien de réel à l'idéal, sauf en ce qui en fonde la possibilité réelle — la réalité d'une situation qui permet d'espérer que son actualisation n'est pas illusoire —, et la conviction qu'un effort sérieux et constant, en vue de sa concrétisation physique, puisse contribuer à son aboutissement concret.» — Plérôme.
«Il semblerait que la finalité que s'est donnée la conscience contemporaine, c'est de concevoir son champ comme portant uniquement sur le temps actuel d'une vie qui déroule son scénario, comme si celle-ci n'avait d'autres horizons que le moment de la naissance et la vie intra-utérine qui le prépare, l'espace géographique qui soutient son existence et qu'elle peut espérer embrasser du regard physique et corporel, ainsi que celui de la mort, au-delà de laquelle l'on ne peut affirmer rien de réellement positif, mais tout du règne de l'imaginaire, plutôt que d'étendre sa vue spirituelle sur l'immortalité de son âme, qui ferait intervenir un enchaînement de vies et une histoire de sa continuité sur plusieurs existences, chacune lui semblant exclusivement actuelle, tout en participant à toutes les autres, suivant les principes plus ou moins assumés d'une moralité qui, puisqu'elle exprime la forme la plus haute qu'elle puisse concevoir de la liberté, et d'une spiritualité qui le situe réellement à l'intérieur du monde du vivant et du conscient, constitue le gage de son bonheur et de sa perfection, pour autant qu'il consente à les intérioriser, à les assimiler et à les rendre siennes par ses actions.» — Plérôme.
«Une pensée qui ne saurait être en même temps originale ne serait rien de plus qu'un psittacisme, la simple répétition d'un propos déjà formé et qui donc porte la marque d'un premier auteur, d'un auteur qui est autre que son émetteur immédiat. Ainsi, toute école digne de ce nom et qui, en enseignant l'art de penser, n'apprendrait pas l'originalité à ses élèves, en même temps que la bonne et agréable disposition du propos, se révélerait prévaricatrice dans l'accomplissement de sa mission pédagogique.» — Plérôme.
«Certains ont porté la mauvaise conscience, fausse, calculatrice et intéressée, à un degré de raffinement tel, en employant la feinte de la sincérité innocente et l'usage de formes distinguées et subtiles, que l'on serait sérieusement tenté de la prendre pour de la bonne volonté.» — Plérôme.
«Le concept de mythe est fortement apparenté à celui d'épistémè, utilisé par Foucault pour identifier un corps implicite et informel de principes, de doctrines et de convictions qui alimentent la pensée d'une époque et constitue pour elle un horizon dont ses contemporains ne peuvent sciemment s'abstraire et se distancer et par conséquent en fait les semeurs et les propagateurs dans leurs propres conceptions. Ainsi peut-on concevoir le mythe comme étant simplement l'expression imagée et/ou conceptuelle, dans un langage approprié, d'une conception que l'on estime être vraie et exhaustive et dont la signification profonde, en raison de cette véracité inattaquable, est jugée digne d'inspirer et de former les consciences dans leur rapport adéquat et harmonieux avec le monde et avec celles de leurs congénères, pour autant que cette vérité fût assimilable, assimilée, assumée et défendue et donc prît l'aspect d'un dogme.» — Plérôme.
«La véritable puissance transforme la réalité en ce qui pourrait être selon la liberté (et la bonté, qui en est la valeur directrice implicite), totale et assumée par soi comme par tous. Mais ce qui aurait pu advenir, puisque cela serait éminemment désirable selon cette liberté, devient dans l'esprit, en l'absence de cette puissance agissante et transformante, ce qui ne devait pas arriver en raison du destin, comme si ce qui existe supposait en soi un argument irréfutable en faveur, non pas de la contingence, mais de la nécessité de sa propre existence.» — Plérôme.
«Les trois principes qui semblent être au fondement de la culture occidentale contemporaine: le matérialisme, l'hédonisme et l'individualisme; qui donnent, deux à deux, comme valeurs dérivées: le culte du corps; la richesse ostentatoire; et l'esthétique des biens mobiles.» — Plérôme.
«Le grand renversement axiologique: la science au nom de la vérité, sensible et démontrable, conteste la connaissance religieuse qui impose un dogme, émanant de la raison inspirée, et demande une foi pour qu'on l'accrédite; mais aujourd'hui que la position épistémologique scientifique a gagné à elle la conscience rationaliste du monde occidental, c'est au nom de la conscience, sous-entendue morale, que l'on réprouve la science qui porte à un usage totalitaire de la raison, avec toutes les dérives qui en résultent, et qui sont à l'origine de l'incertitude et de l'émoi généralisé qui caractérisent notre monde occidental. Que reste-t-il alors pour l'homme à découvrir, alors que le dernier bastion de sa confiance intellectuelle en est venu à s'effriter, après avoir évacué ce qui aurait pu le fonder en principe et donner un sens ainsi qu'une direction à son activité pratique ?» — Plérôme.
«Une attitude existentielle ô combien courante, comme justification implicite de sa position morale et comme prévention au changement profond de la personne, là où cela serait requis: diminuer le tort supposé que l'on commet envers autrui et exagérer celui qu'autrui serait censé occasionner à son endroit.» — Plérôme.
«Si en principe l'on écrit pour tous ceux qui pourraient nous lire et qui auront la bienveillance de se pencher sur de bien humbles essais, c'est en pratique pour ceux qui auront la disposition de comprendre le propos énoncé que l'on couche, sans prétention aucune, ses idées sur papier.» — Plérôme.
«Pourquoi le déshonneur des autorité, lorsqu'ils exercent leur fonction, serait-il plus acceptable que celui des particuliers, lorsqu'ils se manifestent au plan de la société publique ?» — Plérôme.
«Aurait-on créé une société aveugle au Bien et à ses gradations alors qu'elle aurait confié à l'habileté de produire et d'accumuler du numéraire et des biens, le soin de révéler quelle serait la qualité, l'excellence et la valeur des particuliers ?» — Plérôme.
«La raison qui produit la vérité de la philosophie est la même que celle qui énonce la vérité de la théologie: d'où vient donc que ces disciplines ne parviennent pas à s'entendre ? L'on prétendra peut-être que c'est en raison de ce que la première se fonde sur la foi, l'acceptation d'une théorie fondamentale qui ne peut être ni prouvée, ni contredite, parce qu'elle n'est pas vérifiable par les sens et que la seconde, précisément parce qu'elle est fondée sur ce qui est empiriquement démontrable, possède cette propriété de la vérifiabilité et de la véridicité. Mais toutes les affirmations de la théologie échappent-elles aux sens ? Et toutes les conclusions de la philosophie sont-elles fondées empiriquement ? Répondre non à l'une de ces deux questions nous ramène donc à la question initiale.» — Plérôme.
«Dans un contexte égalitaire, on peut évoquer une minorité pour rompre l'égalité, lorsque l'intention est de favoriser injustement son nombre. Mais on peut également la citer en exemple, parce que l'égalité est rompue et qu'elle requiert, pour rectifier la situation, que l'on y porte une attention bienveillante.» — Plérôme.
«Deux questions d'ordre mythologique: où était Isis, lorsque Nephtys vint rejoindre Osiris dans sa couche, pour lui mériter ensuite la colère et la haine de Seth ? sur quelle autorité la servante d'Iseult versa-t-elle à Tristan seul, ou aux deux amants, la potion d'amour qui les rendrait irrésistiblement attirés et follement amoureux l'un de l'autre ?» — Plérôme.
«Le drame chrétien, que les Évangiles et les autres écrits parallèles et complémentaires ont apporté à la conscience humaine, ont révélé à l'épistémologie notamment — sans rien enlever en cela à la vérité implicite à la foi — que la mythologie est une forme primitive et ancienne de l'histoire.» — Plérôme.
«L'on oublie trop souvent que si, aujourd'hui, le grand défi heuristique et herméneutique serait de relier adéquatement notre expérience spirituelle à celle qui prévaut aux premiers temps de l'Évangile et de l'Église, la grande épreuve qui guettait les premiers disciples et les paléo-chrétiens de ces temps-là, était précisément d'affirmer leur croyance en l'unifiant et en la réconciliant avec celles qui existaient à cette époque, autant à l'intérieur du monde Judaïque que dans le monde païen, divers, multiple et complexe, du Moyen-Orient.» — Plérôme.
«Le mal qui s'accomplit au nom du principe de l'utilité sociale ne fait que révéler le principe d'imperfection présent à l'intérieur de la société, lorsqu'il dynamise celle-ci par l'opération systémique que l'on en autorise.» — Plérôme.
«La plus grande des vérités a beau impressionner les esprits par la perfection de ses principes et la sublimité de ses vues, elle n'est souvent escomptée recevable qu'en autant où elle ne perturbera en rien, ou en si peu, le déroulement du quotidien auquel l'on s'est accoutumé.» — Plérôme.
«La plus grande accoutumance dont on serait apte à faire l'expérience est celle qui infuse la réalité ordinaire de son existence, pour laquelle on éprouve peut-être une jouissance, sans que pour autant l'on puisse la nommer le bonheur, mais qui néanmoins se révèle éventuellement insuffisante, comme en témoignent la nostalgie, l'ennui, l'indifférence, le découragement, le dégoût, la nausée et l'insatisfaction qu'elle nous porte parfois, jusqu'à la colère sourde, à ressentir et pour lesquels les assuétudes secondaires cherchent à se faire l'antidote.» — Plérôme.
«Lorsqu'une armée de fourmis guerrières s'attaquent à une proie vivante, peut-on jamais déterminer laquelle d'entre toutes celles qui composent la troupe innombrable a porté le coup de grâce et achevé la victime ?» — Plérôme.
«Plus désolant encore que d'avoir à vivre sous l'oppression, sans avoir la possibilité de choisir la liberté, il y a la décision, lorsque disposant effectivement du choix de vivre selon la liberté, de lui préférer l'oppression et la détermination de la liberté sous des conditions qui la nient.» — Plérôme.
«La subversion du bien suprême, en lui substituant l'apparence ou l'illusion d'un bien meilleur et équivalent, est non seulement le moyen de la médiocrité sociale, par la qualité de l'état social instauré, mais elle est également l'initiation d'un processus d'involution et de décadence, par le mouvement, dont on ne saurait dire quand il s'arrêtera, qu'il introduit dans l'organisation sociale et qui risque de se répéter jusqu'à un état de dissolution sociale.» — Plérôme.
«La réduction des relations à des rapports de ruse et de force, plutôt que la recherche, dans la bonne foi et la légitimité qui la fonde, de la bienveillance, de la bonne intelligence et de la convivialité, constitue l'indice le plus remarquable et le plus sûr de la décadence culturelle, sociale et politique.» — Plérôme.
«L'imagination renferme plus de possibilités que l'intelligence de la vérité, qui n'en comporte qu'une seule — ce qui est, quant au présent; ce qui fut, quant au passé; et ce qui sera, quant à l'avenir —. Peut-être est-ce la cause, en raison de cette finalité, pour laquelle on lui accorderait d'autant plus de crédit, que grâce à elle on réussit à procurer au temps un caractère esthétique qu'autrement il ne revêtirait pas, si seule ne comptait que la stricte vérité.» — Plérôme.
«L'ordre en vue du mal appelle à l'anarchie en faveur du bien, car il ne sied ni au mal de l'emporter sur le bien, ni à l'ordre de se mettre au service d'une finalité qui en amenuise la valeur ou en dévalorise la destinée la plus haute.» — Plérôme.
«Le matérialisme occidental a fait se substituer aux catégories transcendantales morales du Bien et du Mal, les catégories existentielles économiques du Riche et du Pauvre et celles, politiques, du Gagnant et du Perdant, et laisse suggérer la présence en celles-ci de l'absoluité et de l'exclusivité de la qualité et de l'essence des premières, en proposant implicitement par là que de l'un, du Riche et du Gagnant, on peut conclure au Bon, en raison surtout peut-être de la relative sécurité que la position de la richesse et de l'ascendant permet de revendiquer pour soi.» — Plérôme.
«La qualité, la profondeur et l'intensité de la relation entre l'homme et la femme est au cœur de toute expérience vivante: c'est dire combien est essentielle et organique, nécessaire et vitale, cette participation des deux genres sexués l'un à l'autre, ainsi qu'à l'existence culturelle en société, saine et épanouissante.» — Plérôme.
«Le philosophe est celui qui, sachant surmonter ses préjugés, devient apte à contempler la vérité, tout en sachant préserver celle que, à l'intérieur de sa réflexion et de son expérience antérieures, il a pu découvrir, et à vivre suivant ses principes et ses préceptes.» — Plérôme.
«On peut certes concevoir d'un homme politique pour qui le service public n'est que le prétexte d'une acquisition du prestige et de l'occasion d'un enrichissement financier, mais on ne saurait voir en ce mobile subjectif, l'étoffe, le type et le modèle de l'homme d'État, pour qui le bien-être de la société et la réputation de celle-ci sur la scène internationale sont l'intérêt primordial de son engagement et la première considération d'importance, même au prix de l'ascendant social et des récompenses matérielles qu'il pourrait autrement espérer en retirer.» — Plérôme.
«Il y a autant de manières de penser sages et savantes qu'il y a de sages et de savants pour ainsi penser.» — Plérôme.
«C'est vraiment se donner le beau jeu lorsque, visualisant la réalisation d'un idéal ou se voyant proposer une telle perspective, l'on s'excuse d'avoir à contribuer à son actualisation, tout en réclamant le droit d'y appartenir, lorsque le projet réussit, mais en se réservant la possibilité de continuer à profiter de la conjoncture préalable, lorsque l'initiative échoue, en témoignant ainsi d'une abstention que seul l'intérêt individualiste dictait.» — Plérôme.
«Désirer transformer radicalement l'homme, c'est vouloir le métamorphoser en une créature qui est étrangère à son entéléchie naturelle et à tout ce qu'elle peut devenir, au sens le meilleur du terme.» — Plérôme.
«On peut extraire l'homme de l'animalité, ce qui désigne l'évolution progressive vers la plus grande conscientisation et la plus grande moralité de la culture, mais on ne peut jamais totalement étouffer l'animalité en l'homme, puisque, autrement, ce serait nier sa nature originelle et le point de départ, riche en toutes ses possibilités, y compris et surtout celles qui sont actuelles et dignes d'un futur, de sa perfection et de son accomplissement complets.» — Plérôme.
«Un droit pratique et qui est effectivement agi, mais qui ne se fonde pas sur une intelligence et une compréhension profondes des principes et des finalités qui sont à la source de son énonciation et de son expression, n'est que grégarisme et imitation et souvent ne se fonde que sur la défense d'une prérogative au plaisir, que l'on rend faussement adéquate à celle du bonheur.» — Plérôme.
«Il arrive parfois que l'exception soit l'unique confirmation de la règle, lorsque la norme qui la réalise est à toute fin pratique disparue ou qu'elle soit devenue près de sombrer dans l'extinction de sa matière.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui s'échinent à contribuer d'une manière profonde et durable, par un travail excellent et constant, à l'avènement, à la préservation, à la continuation et à la perfection de la société, dans ce qu'elle a de meilleur à réaliser; tels sont ceux qui, en contrepartie, n'ont d'autre souci que d'employeur leur ruse et leur génie à s'approprier l'œuvre d'autrui et la faire sienne, pour mieux encore profiter des fruits de l'effort et du crédit qu'ils reviendrait légitimement à l'auteur d'assumer.» — Plérôme.
«La nécessité d'une définition des termes et des critères qui règleront leur application devient claire, lorsque l'on sait que, en leur absence, le point de vue subjectif prépondérant, en raison de la ruse ou de la force employées à lui assurer cet ascendant, deviendra la réalité typique, c'est-à-dire le modèle contre lequel se compareront toutes les autres instances d'une réalisation. Ainsi, c'est pour éviter que la réalité barbare en vienne à définir ce que serait le phénomène de la barbarie, ou celle de la réalité sauvage, celle de la sauvagerie, que l'on a recours à cette action intellectuelle qui se fonde sur des principes et sur la clairvoyance, plutôt que sur la volonté de puissance et l'instinct de domination. Car le barbare, comme le sauvage, sont toujours autres que soi.» — Plérôme.
«Une herméneutique qui fait passer son intérêt avant celui de la vérité (l'appréciation réelle du propos) et de la justice (son adéquation effective avec l'intention de l'auteur) ne saurait prétendre s'ériger en science, ni commander l'attention d'un esprit sérieux et engagé, à connaître le fondement et la distinction des choses.» — Plérôme.
«Le pouvoir des mots réside, non pas dans leur support matériel — le texte et les signifiants qui en révèlent la raison d'être et la finalité — mais dans l'évocation qu'autorise à faire ceux-ci et qui en constitue, à toute fin pratique, la fonction sémantique et communicatrice.» — Plérôme.
«Pour certains, le temps apparaît suspect, tantôt le passé, tantôt le présent et tantôt le futur, selon les dispositions et les inclinations qui définissent leur rapport avec lui. D'où pour les uns, l'horreur de l'histoire; pour les autres, le refus de l'actualité; et pour d'autres encore, l'appréhension de l'avenir. Et pour ces raisons, l'on peut aussi glorifier l'histoire, être passionné de l'actualité et ne vivre que pour l'avenir, en reléguant les autres découpages du temps à un plan accessoire. § Pourtant, un jugement sain et équilibré se méfiera de telles catégorisations par trop rigides et fera la part des choses: si le passé les germes d'un présent désagréable, il peut aussi fonder celui-ci sur des assises positives et solides; si le présent peut représenter des expériences éprouvantes, il peut aussi renfermer des possibilités qui, si on les fait fructifier, peuvent mener à des progrès futurs, dans un avenir indéterminé, mais plus ou moins rapproché; et si l'avenir peut parfois réserver des situations et des occasions décevantes, lorsque enfin on le découvre, il peut aussi apparaître comme étant surprenant, par les améliorations et les innovations qu'il aura permis d'apporter. § D'autant que même le passé le plus lointain fut un jour l'avenir d'un autre et que l'avenir le plus distant sera un jour le passé d'un futur plus distant encore avec, pour assurer le passage d'un temps à l'autre, un présent qui n'est jamais identique à lui-même, tout en perpétuation l'action des conditions qui assurent la continuité du temps. § Seront-elles toujours aussi optimales qu'elles puissent l'être, que l'on puisse espérer en un avenir de plus en plus parfait ? Telles est la question qui absorbe tous les présents: elle qui motive de considérer le passé comme étant le lieu d'un tel questionnement et l'occasion d'une lucidité face à lui, comme révélant là où les consciences ont échoué devant leurs virtualités et les possibilités de produire le meilleur lendemain que l'on puisse vouloir espérer; comme elle suscite les intelligences à considérer leur propre présent, afin d'y trouver les situations, les occasions, les virtualités et les possibilités de réaliser ce lendemain qui jusqu'alors leur auront échappé. § Car c'est une définition de ce qui peut constituer les conditions actuelles et propices à la continuité historique, c'est-à-dire la vertu au fondement du présent, soit un présent, actuel ou éventuel, dont on parviendra à perpétuer les fondations excellentes et à instaurer des situations et des occasions meilleures, pour se donner un monde qui se rapproche de plus en plus de l'idéal que l'on en porte en la conscience collective de l'humanité.» — Plérôme.
«La complaisance dans la médiocrité de l'étant à l'intérieur d'un état social moralement indifférencié et la suffisance affichée de ne pas en troubler l'inertie, malgré les entorses au droit naturel et fondamental qui peuvent la caractériser, voilà bien le pire sort qui guette une société, par le risque auquel elle s'expose, avec le passage des années et des générations, de se voir un jour engloutir par un État plus enthousiaste et plus suffisant qu'elle-même, mais plus entreprenant devant la perspective d'étendre son empire et son champ d'influence.» — Plérôme.
«Tout État s'érige sur les générations antérieures qu'il est parvenu à surpasser: par la vertu, lorsque la justice est présente et effective, car c'est le rôle précisément de celle-ci de favoriser par ses lois l'illustration de la vertu et de bannir, par ses mesures, la présence et les maux liés au vice; par le mal, lorsque la justice est inexistante, corrompue ou défaillante.» — Plérôme.
«C'est créer une situation artificielle et contradictoire lorsque, afin d'émanciper, au nom de la liberté et de la justice,un individu, une minorité ou un groupe identifiables, l'on en vient à enlever à autrui, un individu, un groupe ou une minorité, une franchise légitime, c'est-à-dire acquise et méritée.» — Plérôme.
«Le faîte de la civilisation, c'est savoir reconnaître dans la conscience, à la fois individuellement et collectivement, la valeur et le mérite réels de ses membres, lorsqu'ils sont appréciés en vertu des actions et des réalisations les plus élevées que l'on puisse imaginer pour elles et des modèles qui leur ont donné vie et efficace.» — Plérôme.
«La reconnaissance — de ce qui est, de ce qui fut, de ce qui sera, de ce qui se dit et de ce qui se fait, de ce qui est estimable et désirable et de ce qui ne l'est pas, et de la raison d'être comme de la finalité des choses — est peut-être la forme la plus haute de l'intelligence sociale.» — Plérôme.
«L'herméneutique, qui interprète les sens et les significations derrière les choses, qui en sont comme le référent d'un langage sémiotique qui, à travers elles, se communique comme si — et peut-être parce que — l'intention était de livre un message ainsi codé, est une forme de découverte lorsque, grâce à un décryptage initial, les premiers sens apparaissent dont on ne soupçonnait pas qu'ils étaient là, mais que l'on transmettra et que l'on enseignera par la suite, comme étant un langage formel dont l'herméneutique devient désormais la théorie de l'interprétation. Mais elle n'est pas encore la découverte en soi, puisque celle-ci fait valoir non seulement des référents et des signifiants nouveaux, mais encore une manière originale de voir et d'entendre, une théorie qui elle-même constitue un nouveau langage et un nouveau système, que la herméneutique interprétera et fera éventuellement connaître, après avoir appliqué les méthodes qui conviennent à son action épistémologique propre, mais qui ne saurait se laisser réduire à une exégèse critique, en vertu de l'originalité et la créativité de la pensée qui fait la lecture de la nature et en livre les lois et les principes auparavant secrets, mais aussi les causes et les effets, les essences et les substances de la nature qui agit derrière elle.» — Plérôme.
«L'unique fondement d'une société saine ne saurait être autre chose que la vertu, laquelle se représente généralement à tous les plans des virtualités humaines — la raison, l'intelligence, le cœur, la volonté, la pensée, le désir, l'intention et l'activité — , sans en privilégier aucune, mais en les réalisant toutes, et l'État, afin d'accomplir son devoir de préserver, de concevoir, de maintenir, de diriger, et d'orienter les destinées, ne saurait s'extraire, ou à causer que les membres de la société s'extraient, de l'obligation d'enseigner et d'appuyer, chez tous les citoyens, le développement et la préservation de cette qualité habilitante et fortifiante.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui commandent la constance de la loyauté chez leurs amis, qu'ils n'ont pas hésité eux-mêmes à abandonner, sans regret, lorsque ceux-ci étaient dans le besoin d'une aide et d'un support, et qu'ils auraient pu bénéficier, de leur part, d'un appui, d'une sollicitude et d'une assistance et l'auraient certes accueilli avec la plus chaleureuse des reconnaissances.» — Plérôme.
«Le pouvoir n'altère en rien la puissance: il ne fait qu'en affirmer et en confirmer la véritable nature, la substance réelle et la qualité qui en émane.» — Plérôme.
«La metanoïa, quant elle devient un facteur de l'élévation de l'âme, est l'effet de l'opération, souvent subtile mais parfois déterminante, d'une puissance supérieure sur une conscience réceptive, que les expériences et la disposition subséquentes ont rendu aptes à en percevoir et en assimiler les influences transformatrices et bienfaisantes.» — Plérôme.
«Le problème de la pureté philosophique tourne entièrement autour de la distinction et de la séparation entre le sophos et le sophistès.» — Plérôme.
«Seul l'amour comble l'amour, en proportion de son immensité, de sa pureté et de son intensité: c'est le désespoir de ne pas rencontrer son complément adéquat, c'est le manque de persévérance à en avoir développé les virtualités qui porte la conscience à se satisfaire en contrepartie d'un amour moins parfait, moins complet et qui est même autre chose que l'amour ou à offrir à autrui une qualité de sentiment moins élevée que celle que l'on serait susceptible de lui offrir.» — Plérôme.
«Au jeu de l'incomplétude, qui oppose au changement que requiert un état lacunaire, une suffisance et une stagnation qui sont l'expression d'une mauvaise conscience, le thérapeute présente en contrepartie le principe de l'assomption libre du cours que peut prendre la vie, laquelle inclut la motivation naissant dans la profondeur de l'âme, de vivre l'expérience d'une transformation et d'une conversion intérieures. Mais ce qui échappe à la fois au sujet de cette métamorphose et qu thérapeute qui l'accompagne, c'est le cours de l'histoire, des situations ordinaires et des événements qui parfois confortent le statu quo et parfois en ébranlent les fondements, de sorte à opérer un effet indépendant et parfois déterminant sur cette volonté sincère, de savoir réaliser une plus grande adéquation entre ses propres virtualités et l'encadrement ainsi que le mouvement que présentent la nature, la société et la culture. Or seul le hasard peut apporter cette conséquence, que l'on confie à celui-ci une origine surnaturelle ou que simplement l'on voit en lui un jeu énigmatique de coincidences, présentement inexpliqué mais peut-être pas entièrement inexplicable.» — Plérôme.
«Quelles soient la profondeur de la formation et la vastitude de l'expérience, elles ne sauraient nous soustraire au devoir moral fondamental qui est le même pour tous, quoique ces atouts pourraient, devant l'expérience, éventuellement préparer à mieux les affronter, par les connaissances qu'elles apportent et par les dispositions qu'elles développent en soi, tout en préservant les individus, par les avantages sociaux qui en procèderaient, de situations susceptibles d'éprouver le caractère, ce qui pourrait aussi avoir pour effet de diminuer la préparation à affronter les contretemps et l'adversité, si jamais ils se présentent un jour à soi.» — Plérôme.
«Un régime libre: on peut faire tout ce qui n'est pas formellement interdit, sauf ce qui est une réalisation manifeste du bien; un régime oppressif: on peut faire tout ce qui est implicitement toléré, sauf ce qui est l'évidence de l'acceptation usuelle contraire de ce qui constituerait le bien, même au nom d'un plus grand bien encore.» — Plérôme.
«Les microbes, qui existent sur terre depuis des milliards d'années, et depuis plus longtemps encore peut-être en d'autres coins de l'univers, sont les formes de la vie connue les plus primitives qui se sont révélées à la science et celles qui ont eu le moins à changer (c'est-à-dire à évoluer, à se transformer et à prendre des formes nouvelles) dans le biôme terrestre depuis que la vie y est apparue. Serait-ce que les profondes modifications que prend la vie sont en quelque sorte l'indice d'un échec à perdurer sous une forme originelle ? ou serait-elle plutôt l'expression, à travers les nouvelles adaptations qu'elle effectue et dont elle revêt l'apparence dans l'accroissement de sa complexité et la diversité de sa forme, d'une entéléchie, d'une autonomie et d'une incitation, à se perfectionner et à se développer, en augmentant la variété de son expérience, en vivant une plus grande profondeur de celles-ci et en repoussant les horizons qui en sont comme des limites pour s'implanter et proliférer ailleurs selon des principes et des lois qui approchent de plus en plus ce que l'on désigne sous le grand nom de la liberté ?» — Plérôme.
«La désobéissance civile, érigée en principe politique et s'exerçant, non pas devant une situation précise, dans la défense de causes particulières, mais devant un état ou une condition sociale, économique ou politique, et souvent les trois à la fois, s'accomplit, comme pour sa forme restreinte, au nom d'un principe plus élevé et plus désirable, que ladite condition historique préalable nierait, avec pour effet de compromettre la vitalité et la promesse de l'ensemble social — son intérêt véritable, garant de son endurance et de son destin, en vertu duquel elle mène son action. Mais pour être légitime, cette forme bénigne de la résistance ne saurait jamais s'installer, comme une manière de contrer des mesures impopulaires mais qui pourraient en même temps s'avérer salutaires, avec un peu de désintéressement, de recul et de réflexion, mais elle doit effectivement pouvoir se représenter le principe au nom duquel elle s'active et en quoi, étant réellement le plus élevé de ceux qui sont en rivalité et en concurrence, il est méritoire de se recruter l'aval de toute une société. Autrement, il n'est plus qu'un mouvement politique qui porte sur un élan social, qui se justifie par sa propre existence, et dont la qualité et l'importance réelles, quant à sa valeur véritable, échappent aux consciences qui se laissent emporter par lui.» — Plérôme.
«La recherche et l'imposition de la formule gagnante, celle qui se fonde sur la découverte d'un principe prétendument universel et qui résume en peu de mots une attitude et une conduite, un choix et une direction qu'il serait obligatoire pour l'ensemble social d'adopter, si elles sont parfois heureuses, quant à accomplir autant pour soi que pour autrui l'effet recherché, peut néanmoins risquer, par l'incomplétude ou la limitation sélective et préjudicielle que réalise le principe proposé, s'avérer être une approximation seulement de la plénitude et de l'essence les plus hautes souhaitables.» — Plérôme.
«La justesse est le problème fondamental de l'imagination reproductive; la plausibilité, celui de l'imagination productive; la possibilité, celui de la raison spéculative; la vérité, celui de l'intelligence; la réalité, celui de la raison pratique; la moralité, celui de la raison civile; l'amitié, celui de la raison sociale; la légalité, celui de la raison politique; la fidélité, celui de la raison affective; l'amour, celui de la raison vivante; et la légitimité, celui de la raison religieuse.» —
Plérôme.
«Le parochialisme existe en sciences humaines, comme en toute autre discipline scientifique, dans le sens le plus large d'un champ de connaissance constitué au moyen d'une méthodologie objective rigoureuse, pouvant produire des conclusions vérifiables, indépendamment des préjugés et des inclinations des individus particuliers. En effet, il est l'expression d'un biais épistémologique par lequel il disqualifie d'emblée toute incursion à l'intérieur d'une discipline établie, non pas en raison de ne rien contribuer à la science qu'elle développe, mais en raison d'être au départ autre et par conséquent de requérir un ajustement à son approche qui demande de réévaluer un point de départ et une manière coutumière d'aborder les problèmes posés, pour apporter à ceux-ci une solution logique et saine. Ainsi est-il l'expression et l'indice d'une sclérose de l'esprit qui est le précurseur d'une stagnation intellectuelle qui risque d'entraîner avec elle une malheureuse régression, laquelle ne saurait que desservir l'avenir de la science.» —
Plérôme.
«La nature est le premier muthos, c'est-à-dire le premier «récit» qui s'offre à la conscience de l'homme, par la multitude des événements qui en constituent l'action, telle qu'elle s'offre, mais différemment et de manière contrastée en tous les points de sa présence et en tous les temps de son histoire. S'il appartient à l'homme d'en construire le récit formel, en raison de la possibilité que lui offre la conscience d'y parvenir et si néanmoins l'on peut unifier son action en récit, c'est que l'on attribue à celle-ci une trame dont les thèmes majeurs sont la diversité des formes, la complexification de la matière, la prédominance sur les formes inférieures des êtres, animés et inanimés, l'apparition de la vie puis de la conscience, et sa propagation anticipée sur tous les points de la création. Le logos apparaît donc comme étant le récit que l'on peut faire du récit du «récit», de manière à pouvoir interpréter son contenu, en transmettre les significations, susciter les sentiments appropriés chez les interlocuteurs et en tirer les leçons dans ce long cheminement où la vie s'imposera à la vie, et se conjuguera avec elle, pour mieux encore enraciner celle-ci dans la nature et lui permettre d'atteindre la plénitude de sa forme ainsi que de sa matière.» — Plérôme.
«Une constatation s'impose lorsque l'on réfléchit sur l'expérience de la vie: c'est que l'on n'est véritablement blessé que par ceux que l'on aime, que l'amour éprouvé à leur endroit soit mutuel ou simplement unilatéral. Or, l'on ne saurait, si forte que fût la souffrance éprouvée, si important que fût le préjudice subi, si majeur que fût le dommage occasionné, vouloir que l'objet de notre amour puisse en quelque façon être exposé à un tort, même si la justice commande qu'il connût une expérience analogue à celle qu'il fait souffrir, peut-être gratuitement, mais aussi peut-être inconsciemment à autrui. C'est cette conjoncture entre l'amour qui s'exprime, le mal causé et la peine méritée qui donne tout son sens à la victime expiatoire. § Car celle-ci devient un substitut pour l'être fautif et, par sa souffrance et sa fin sanglante, elle porte sur ses épaules toutes les haines, tous les ressentiments, toutes les souffrances que se serait attiré celui-ci, mais sans qu'elle fasse naître les sentiments d'une culpabilité qui accompagnerait l'action de trahir le sentiment d'amour, réel, profond et véritable, qui est porté envers lui. Car si méritoire que fût la victime, si innocente, si vertueuse, si pure, si admirable fût-elle, elle demeure un instrument par lequel s'établit ou se rétablit une harmonie à l'intérieur de l'âme des personnes lésées, que le sacrifice accompli, sans provoquer de rupture additionnelle, comme il en résulterait si le véritable coupable devait assumer sa faute. § De plus, cette victime a le mérite, en raison de son excellence, de pouvoir se substituer à plusieurs coupables, de manière à pouvoir opérer, à travers un même et unique geste, une action salutaire unique et complète: celle de rétablir et de préserver, sans provoquer la culpabilité, même de la part des sacrificateurs — car étant convaincus que c'est pour un meilleur bien qu'ils exercent leur action immolatrice —, une harmonie chez les offensés qui, par le simple fait de leur épreuve, en raison de la rupture que cela provoque, clament à la fois leur innocence, leur peine et leur indignation devant l'injustice subie et vécue par eux. § D'une part, la souffrance subie, d'autre part, le tort commis; d'une part, la rupture d'un état d'harmonie, d'autre part, la réparation que commande l'injustice; d'une part, la disposition du coupable et d'autre part l'authenticité de la ou des personnes offensées. En s'offrant elle-même au couteau du sacrificateur, ou en subissant sans ressentiment l'acte sacrificiel, la victime expiatoire parvient à rétablir une unité, entièrement et parfaitement, là où la division s'est installée et donc constitue la solution idéale au problème que pose, pour les particuliers offensés ainsi que pour le groupe qu'il atomise, désolidarise et désagrège, l'injustice commise et qui demande que la justice ainsi niée et bafouée soit rétablie. Telle est l'explication que l'on pourrait offrir, à l'importance que prenait, aux yeux de leurs contemporains, le sacrifice tel qu'il était pratiqué en des temps barbares par des civilisations dont on découvre encore aujourd'hui les réalisations culturelles illustres.» —
Plérôme.
«Une autre constatation: l'on serait irréprochable que l'on aurait le tort de l'être. Or, c'est le principe qui est à l'origine du choix du bouc émissaire «blanc», celui qui était chargé, non pas des fautes du peuple, mais de ses espoirs et de ses aspirations. Car on sait que la tradition judaïque opérait, le jour de Yom Kippur, le sacrifice de deux bouc émissaires: le «noir» qui expiait les fautes de tous, en étant lui-même chargé de ses propres péchés (ce que symbolisait la couleur noire de sa toison); et le «blanc» que la toison identifiait comme étant innocent, et qui néanmoins portait sur lui les peurs et les haines du peuple, transformées par l'acte sacrificiel en bénédictions que faisait pleuvoir sur lui cette immolation, et que lui attirait justement son caractère pur, doux et irréprochable à un plan inconscient. Peut-être pourrait-on comprendre que cette excellence du caractère suscitait en ceux qui vivaient cette aversion une envie que nul désir ne saurait combler, en l'absence de la vertu que seule une expérience éprouvée aux yeux de tous et de soi-même peut confirmer comme étant présente en soi.» — Plérôme.
«L'appel au changement et souvent uniquement l'expectative de voir le changement apparaître chez autrui car il est naturel de se concevoir soi-même d'abord comme étant un agent de changement. Par ailleurs, comment concevoir qu'un changement, même voulu et interpellé chez autrui, puisse ne produire aucune adaptation chez soi et, par les effets inattendus qui en surgissent, requérir même une transformation qui dépasse les limites que l'on aurait au départ imaginé comme étant celles qui auparavant, à l'origine, étaient déterminées par soi comme étant infranchissables .» — Plérôme.
«Quelle place autorise-t-on l'individu à occuper, aux temps où sévit l'omniprésence de l'État et de l'énorme puissance accordée par délégation à ses agents ?» — Plérôme.
«On devrait tellement craindre les vicissitudes de l'ignorance que l'on sentirait la nécessité d'en repousser les frontières et en combler les profondeurs, en consacrant tout le temps disponible dont on dispose raisonnablement à acquérir la connaissance que l'on pourrait transformer en savoir pour la chasser et l'éloigner.» — Plérôme.
«Quelle est cette mystérieuse raison qui se distingue de l'intelligence pour procurer une connaissance, qui par son originalité lui est tout à fait particulière ? Et pourtant elle risque de nous faire sombrer en offrant un savoir qui, n'étant pas fondé sur la réalité, mais sur des vérités et des principes uniquement intellectuels, pourrait apparaître au sens commun comme étant la plus belles des illusions, à la manière d'une œuvre d'art magnifique, inspirante par sa beauté, mais nullement apte à devenir un modèle réaliste des choses.» — Plérôme.
«Le mystère, sous toutes les formes et à tous les niveaux de la réalité où il est susceptible de se présenter, est le véritable objet de la philosophie.» — Plérôme.
«La quête honnête et sincère de la vérité empruntera tous les chemins susceptibles de mener à sa découverte, pour ceux qui ont le courage de s'y engager.» — Plérôme.
«Pire que le finalisme biaisé d'une conviction mal comprise, il y a le finalisme aveugle de l'ignorance qui, n'ayant aucune conviction sur laquelle reposer l'espérance et la promesse de l'existence, risque de s'en prendre à tout ce qui est vrai, juste et bien dans toutes les convictions, sans pourtant se rapprocher de l'unique source de la Vérité, comme de la Bonté et de la Justice, à savoir le Dieu unique et trine, bon, omniscient, tout-puissant et tout-aimant.» — Plérôme.
«Ce qui distingue le laïcisme étatique de l'État religieux, c'est la foi: la foi optimiste en la capacité inépuisable et en la bonté native des hommes, pour le premier; la foi exclusive en la Justice toute-puissante, fondée sur la Bonté essentielle de la Divinité, pour le second.» — Plérôme.
«L'ultime tragédie du drame cosmique: la Mort qui a tous les droits et la Vie qui n'en conserve aucune.» — Plérôme.
«Un texte intelligent et substantiel, quant aux principes véridiques qu'il énonce et aux découvertes qu'il autorise à faire, est semblable à une mine dont on exploite la richesse des ressources qu'elle contient. Parfois celles-ci affleurent-elles la surface ou parfois sont-elles enfouies dans les profondeurs: qu'à cela ne tienne, le puits ne consentira à livrer son trésor, comme le texte ses secrets, que si l'on se montre prêt à y mettre l'effort, la persévérance et la constance, afin de les libérer de la gangue qui les renferme et demande qu'on l'oblige à les relâcher.» — Plérôme.
«Ceux qui un jour seraient tentés de récuser en doute le dicton, qui veuille que la perfection ne soit pas de ce monde, n'ont qu'à faire l'expérience d'une bureaucratie pour s'en assurer.» — Plérôme.
«La prison de l'égoïsme est un enclos aussi réel que la prison de l'État et elle comporte des conséquences indéniables pour la société, en ce qu'elle érige une barrière invisible entre les particuliers et qu'elle réduit la dimension communautaire à n'être plus qu'un rapport topographique entre l'individu et les associations d'individus qui se constituent pour défendre un intérêt commun et le monde commercial, institutionnel ou industriel.» — Plérôme.
«Comment peut-on définir simplement la disparité économique ? C'est lorsque, quant aux revenus et aux biens, de moins en moins d'individus en disposent de plus en plus et de plus en plus d'individus en disposent de moins en moins.» — Plérôme.
«À quel avenir peut prétendre l'intelligence si la vérité avec laquelle on la nourrit est aussi faible en substance qu'elle n'est éloignée de l'essence qui en est la réalité première et le produit distinctif ?» — Plérôme.
«La plus belle des structures sociales, le plus inventif et engageant des programmes de relations publiques et le plus ingénieux des systèmes d'administration et de gouvernance ne pourront jamais servir de substitut à l'initiative créative d'un personnel dévoué, compétent, intelligent et visionnaire.» — Plérôme.
«La médiocrité aperçoit son reflet dans la vitrine et s'exclame: «Que je suis excellente !».» — Plérôme.
«Un État ne saurait prétendre à l'honorabilité, ni aucun de ses officiers et agents, si le prix de l'inclusion à son action autrement estimable et excellente est le sacrifice de la vertu des peuples qui en sont l'ultime raison d'être.» — Plérôme.
jeudi 16 juillet 2015
mercredi 22 avril 2015
Euthúmèma XV (réflexions)
[Depuis
le 22 avril 2015, avec mises à jour périodiques. — Since April 22nd
2015, with periodical updates.]
«Estimable critique qui met chaque sujet connaissant et judicieux sur le même pied, autant celui qui agit — et qui ajoute l'expérience de savoir être et de savoir réaliser à son coup d'œil — que celui qui se contente simplement de se constituer en spectateur et de soumettre la réalisation d'autrui à ses propres exigences idéologiques.» — Plérôme.
«L'opportunisme n'est pas l'absence totale de moralité, car il en suppose une certaine forme, celle qui consiste à agir moralement, lorsque cela sert ses intérêts, mais non dans le sens contraire; et à exiger d'autrui qu'il agisse moralement, sous les mêmes conditions, c'est-à-dire à peu près toujours, sauf lorsqu'une alliance préside à leur concertation, en lequel cas ce sera leur intérêt commun qui sera le premier servi. On peut alors aisément concevoir comment, lorsqu'une telle conception et qu'une telle attitude se généralisent à l'intérieur d'un groupe, d'une institution et d'une institution à l'autre, la gangrène de la corruption risque de se propager et d'être acceptée par l'ensemble comme entretenant l'illusion de vivre selon les préceptes d'un état social usuel, normal et juridiquement ainsi que moralement irréprochable.» — Plérôme.
«Une vie qui s'en prend à la vie se nie elle-même au nom à la fois de l'interdépendance des existences, de leur procession d'une source commune originelle, de leur nature semblable ainsi que du principe que l'on ne saurait sciemment ne pas être et prétendre participer aux prérogatives et privilèges de l'être, proportionnellement à l'absence d'être qui est ainsi illustrée.» — Plérôme.
«L'imperfection qui se reconnaît et celle qui se nie; la perfection qui s'avoue et après laquelle l'on aspire, avec plus ou moins de succès à s'en rapprocher, et celle que l'on méconnaît et que l'on sacrifie à ses ambitions, voilà toute la différence entre l'insociable sociabilité de l'homme et sa sociale insociabilité.» — Plérôme.
«À l'intérieur d'une société formaliste, i.e. une société où l'extrémisme s'exprime par l'accent indu porté sur l'expression manifeste des formes sociales, il semblerait parfois qu'il serait plus louable d'être fautif dans les règles que de se montrer irréprochable hors d'icelles.» — Plérôme.
«La corruption sert de prélude à toute anarchie car, en désorganisant l'institution à laquelle elle s'attaque, elle affaiblit sa fonction d'ordonnancement et elle la distrait de sa mission ordonnatrice, dont elle fait la promotion par les moyens par lesquels elle se met au service du Bien, de sorte que là où la forme du Bien opérait son action bienfaisante n'existe plus qu'un vacuum que le désordre comble en l'envahissant et en exploitant ce vide de la bonté effective.» — Plérôme.
«Un principe heuristique: pour arriver à comprendre l'étiologie et la production d'un phénomène, positif par sa présence ou négatif par son absence, l'on devrait chercher d'abord son explication par les causes rapprochées pour, les ayant soit élucidées, soit éliminées, comme hypothèses sur sa production, remonter jusqu'aux causes les plus éloignées, lorsque celles-ci ne sont pas produites, ni originellement, ni spontanément ou d'une manière incomprise ou ignorée.» — Plérôme.
«Toute forme de changement produit ses bénéficiaires et ses désavantagés, puisqu'il ne saurait avantager tous ceux qui sont touchés par lui, de sorte qu'il importe de savoir quelle est la nature du changement proposé et du bien visé avant de décider si oui ou non il serait légitime d'apporter l'amélioration que l'on se résout à accomplir. Ainsi, une approche prudente au changement bannira-t-il le radicalisme du principe du changement pour le changement comme, selon une perspective méliorative, il s'abstiendra d'adhérer à celui de la préservation du statu quo au nom du statu quo même.» — Plérôme.
«Cela requiert plus que l'humilité la plus pure et la plus sincère que se laisser gouverner par moins sagace et moins intelligent que soi, c'est-à-dire un esprit de mortification avéré, alors que l'on se trouve dans l'obligation, non seulement de pactiser avec des principes douteux et non éprouvés, mais encore d'en subir les effets imparfaits et très souvent nocifs, proportionnels au degré d'incomplétude morale et effective de l'agent susceptible de les produire, sans espoir qu'ils soient reconnus pour tels, car n'étant point susceptibles d'avouer une autorité extérieure qui soit légitime dans sa prétention à statuer en ce sens.» — Plérôme.
«Est-il pire (ou mieux) pour un peuple de voir un ordre légitime, formé sur des siècles et même des millénaires par une sagesse transcendante, être renversé par une conquête qui en asservit les dirigeants, s'approprie les biens hautement désirables de la population et substitue au droit existant des principes formels aliénants et oppressants, en raison de refléter un esprit étranger et peut-être même peu enclin à reconnaître en celui-là, le cas échéant, des principes encore plus élevés que les siens au détriment d'intérêts immédiats et ancrés dans l'histoire ancestrale du conquérant; ou par une révolution qui en chasse les autorités et impose au peuple une manière de gouvernement qui en transforme radicalement la coutume, en raison d'une idéologie novatrice, particulière et se définissant comme négatrice du passé.» — Plérôme.
«Le négativisme devant l'évolution saine des choses, un trait qui caractérise l'État monolithique souvent associé à un État oppresseur, servira parfois de prélude, à plus ou moins brève échéance, en l'absence de réformes salutaires et bénéfiques, à un état de trouble, d'anarchie et de révolution.» — Plérôme.
«Pour ne pas savoir faire la différence entre un monarque et un tyran, il sera difficile, dans la conception philosophique de la politique qui serait censée régir les consciences et les cœurs pour le plus grand bénéfice de tout un chacun, distinguer entre la sage et naturelle anarchie de l'amour, qui se fonde sur l'honneur et la vertu pour faire évoluer les ordres rationnels trop arides et rigides, et l'amour passionné et incivil de l'anarchie, qui repose sur l'intérêt abusif et sur le désir excessif.» — Plérôme.
«C'est en vérité un perle rare que celui (ou celle) qui prend l'initiative de la découverte de soi, de ses virtualités, de ses qualités et de ses possibilités auparavant insoupçonnées, en vue de les développer et ainsi de se perfectionner, alors que la disposition la plus ordinaire serait d'attendre que s'imposent les événements et les circonstances qui confirmeront éventuellement la personne dans sa réalisation actuelle, mais aussi, à l'occasion, par les épreuves qui les accompagnent et en procèdent, ébranleront les habitudes incrustées, les convictions superficielles, les idées reçues ainsi que les manières d'être coutumières.» — Plérôme.
«Pour un scientifique, ce qui constitue une coïncidence, voire particulièrement singulière et heureuse, devient pour le philosophe l'objet d'un émerveillement et d'une interrogation sur sa raison d'être (le principe de raison suffisante) et sur sa signification (la question de l'exercice du principe de la raison dans la nature). / For the scientist, what constitutes a coincidence, albeit particularly singular and fortunate, become for the philosopher the object of astonishment and of a question of its reason for being (the principle of sufficient reason) and of its significance (the question of the exercise of the principle of reason in nature).» — Plérôme.
«L'apport du Christianisme à la science politique, i.e. à l'art de régner et de gouverner, a été la substitution du principe transcendant et immanent de l'amour (pur, vertueux, innocent et désintéressé) comme étant le fondement des rapports personnels et civiques, à ceux qui étaient auparavant favorisés, c'est-à-dire à ceux de la domination, de la crainte, de la violence, de la luxure, de la ruse, de l'intérêt et de l'impiété, pour celle-ci à la fois horizontale et verticale.» — Plérôme.
«Il y a une démonstration philosophique qu'il importerait de faire, comme quoi sont interchangeables les propositions «Je vis car je suis» et «Je suis car je vis» et que découle de celles-ci le «Je pense, donc je suis» de Descartes, en tant que ce terme illustre la vie et l'être se réalisant.» — Plérôme.
«La révolution noétique de la pensée spirituelle Occidentale, héritière de la pensée Grecque, ce fut d'avoir fait, de la raison, le siège, et non l'instrument, de l'âme.» — Plérôme.
«Un argument théo-philosophique: la piété est à l'adoration comme l'amitié est à l'amour; sa contrepartie philo-théologique: l'adoration est à la piété ce que l'amour est à l'amitié.» — Plérôme.
«L'homme étant un être politique et social, l'épreuve la plus difficile à supporter pour lui, ce n'est pas d'avoir à faire face à l'épreuve, car c'est le lot de l'homme d'avoir à opposer ses ressources en courage, en force, en civilité et en ingéniosité aux contretemps qui inévitablement conditionnent son existence, mais d'avoir à surmonter seul ces obstacles, jusque dans l'abandon le plus complet, sans aucun appui ni secours, et avec pour seul ami le monde transcendant de la Divinité.» — Plérôme.
«Une hypothèse historique: on pourrait désigner comme étant un nœud socratique, pour une culture, un point de décadence telle que seul le sacrifice d'un homme semblerait être le remède adéquat à prévenir l'inéluctable sombrement de celle-ci dans la disparition et dans l'oubli. De tels nœuds seraient identifiables à l'époque de Socrate lui-même — d'où l'appellation pour caractériser ce phénomène —, de César, de Jésus, de Constantin XI, de Jeanne d'Arc, de Montcalm, de Louis XVI, de Lincoln, de Riel et des frères Kennedy, pour ne nommer que celles-là. Ce seraient les mots de Protagoras («L'homme est la mesure de toute chose») et de Caïphe («Il vaut mieux que meure un seul homme qu'un peuple tout entier») qui caractériseraient le mieux l'esprit dans lequel la conscience culturelle baigne en ces moments, dont naîtront des sentiments nouveaux et des doctrines nouvelles, qui se proposeront d'être salutaires, par la transformation du paysage idéologique qui en résulterait pour la culture et peut-être même pour l'humanité entière.» — Plérôme.
«Aucun lombric ne s'offusquerait si on le traitait de ver de terre, mais peut-être témoignerait-il d'une indignation légitime, si on le faisait passer pour un vermisseau ou un microbe.» — Plérôme.
«La paix, l'ordre et le bon gouvernement (Art. 91 de l'Acte constitutionnel du Canada de 1867): quelle paix est possible sans la vertu qui la poursuit; quel ordre, sans le droit qui le fonde; et quelle bonté dans le gouvernement, sans l'amour qui l'inspire? / Peace, order, and good government (§91 of the Canadian Constitution Act of 1867): what peace is possible without virtue to pursue it; what order without right to ground it; and what goodness in government without love to inspire it ? » — Plérôme.
«La vénalité de la Sagesse, par ceux qui étaient réputés et moralement tenus d'en témoigner, fut la première étape dans la neutralisation de la dimension morale de la philosophie, qui était le point d'articulation par lequel cette discipline rejoignait une conception religieuse saine (puisque bienveillante) et positive (puisque bienfaisante).» — Plérôme.
>>> «La philosophie, c'est la quête de la vérité pleine et intégrale (ce qui constitue son activité essentielle), en vue d'en réaliser effectivité la bonté (ce qui en cerne la finalité morale) au moyen d'une action complète et appropriée (ce qui en produit la finalité esthétique). Ainsi l'activité philosophique vise-t-elle à combler un manque réel — la présence de la bonté actualisée ou l'amélioration possible des formes actuelles qu'elle prend — en imaginant cet acte dans l'intelligence — par la vision de ce que serait cette bonté virtuelle (ou idéelle) qui lui conviendrait — pour ensuite lui donner corps — en lui conférant une forme adéquate et en instantiant ce qui en serait l'expression et la contrepartie esthétique.» — Plérôme.
«Le scientifique est celui qui, étant devenu conscient des espaces illimités de l'univers et de sa durée infinie, n'en dépasse pas les confins car ils représentent pour lui un horizon suffisamment éloigné dans tous les sens, spatiaux comme temporels, pour qu'il se contente d'y habiter et d'en maîtriser la réalité, par la science et la technologie qui procèdent de son activité. § Le philosophe est celui qui, réalisant le pouvoir de l'esprit à transcender cette réalité par le pouvoir de ses facultés et de se situer en dehors de celle-ci en vertu de cette aptitude, voit dans cette capacité consciente quelque chose de plus englobant et de plus vaste encore que l'univers, de sorte à s'interroger sur ce qui a pu le précéder et ce qui lui succédera; ce qui est aux confins de sa finitude comme cause et agence et comme effet et terme; ce qui a procédé à son origine et ce qui guide sa direction, comme ce qui lui donne un sens, car cette recherche de sens et de signification fait aussi partie de la disposition inhérente à sa constitution spirituelle. § Et là où le philosophe et le scientifique se rencontrent, c'est sur le terrain de la mathématique, à la fois symbolique, schématique et idéelle, qui permet de percevoir la finitude et la temporalité de l'univers, malgré les ordres de grandeur et de durée concrètement inconcevables et sensiblement inimaginables, et qui laissent entrevoir où se termine la science positive et où commence la philosophie.» — Plérôme.
«Sous certains égards, la parenté entre l'historien et l'acteur est très étroite: car alors que celui-là interprète les événements du passé, par les connaissances qu'il en acquiert par les documents et les artefacts, les archives et les vestiges ainsi que par l'identification subjective aux personnages qui les auront vécus, celui-ci s'identifie aux personnalités qui ont habité l'espace existentiel révolu, en se laissant infuser de leur histoire, telle qu'ils s'imaginent ils pourraient l'avoir vécue, et cela pour leur donner vie, ainsi qu'aux époques qui ont vu s'achever leur existence.» — Plérôme.
«Tous ont un avenir: sachant cela, la question qui s'impose devient alors celle de savoir quel avenir chacun se prépare-t-il individuellement à vivre et quel avenir les dirigeants préparent-ils collectivement pour tous.» — Plérôme.
«L'enjeu de la vie ne peut être que la vie elle-même: jouer celle-ci, contre une manière plus artificielle, quoique plus glamour, d'en vivre l'expérience, c'est non seulement la dévaloriser et la mépriser, c'est encore faire preuve de l'irresponsabilité la plus totale. Seul l'idéal de la plénitude de la vie vaut la peine d'être poursuivi: or celui-ci ne s'atteint qu'au prix des efforts les plus sérieux et des engagements les plus profonds, dans le sens d'une élévation de l'âme et de l'esprit, et ne saurait faire l'objet d'une attitude désinvolte envers elle, comme l'idée de jeu pourrait le suggérer.» — Plérôme.
«La force et l'intensité de l'événement ou de l'expérience, comme l'horreur et la laideur des situations et et des occasions, par les sentiments puissant qu'elles font surgir en la conscience et qui restent imprimées dans l'imagination et la mémoire, occultent souvent les causalités spirituelles et les agences intellectuelles qui, le cas échéant et à défaut d'évoquer l'ambiguïté nébuleuse du hasard pour en fournir l'explication, pourraient être responsables de leur occurrence à l'intérieur du champ historique.» — Plérôme.
«Il semblerait parfois que plus on énonce la vérité, plus on s'en éloigne ou moins on cherche à s'en rapprocher, peut-être afin de s'en forger une version alternative, plus recevable par la forme de piété que revêt la conscience.» — Plérôme.
«Hormis la poursuite constante et l'illustration sérieuse de la vertu, tout alors repose, pour assurer l'estime que l'on souhaiterait récolter, sur la culture et le maintien continu de l'image.» — Plérôme.
«L'approche véridique: il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué; l'approche réaliste: il ne faut pas tuer l'ours avant d'en avoir vendu la peau.» — Plérôme.
«Le corollaire de la doctrine de la Rédemption c'est que, avec le rachat et le pardon des fautes, autant l'humanité entière que les particuliers sont appelés à retrouver l'état d'innocence et de pureté originelles qui leur appartenait au départ.» — Plérôme.
«Le pouvoir dont on dispose est celui de pouvoir transformer les choses et de les rendre à sa propre image, c'est-à-dire celle qui convient le mieux à l'essence de l'individualité qui est la nôtre, ce qui sous-entend que, dans un onde idéal, celle-ci serait la plus digne de laisser son empreinte sur les choses, autrement comment peut-on expliquer cette possibilité qui nous échoit. D'où l'importance pour certains de conserver le pouvoir à tout prix, de manière à ne pas perdre cet ascendant et à ne pas avoir à accréditer l'image d'autrui et l'empreinte laissée sur la réalité, de préférence à la sienne propre. Mais d'où aussi la résistance de certains d'avoir à assumer un très grand pouvoir, en raison de cette exigence de toujours être à la hauteur de l'idéal de soi-même, autant celui que l'on se sait, que celui que l'on sait nous sera prêté par l'ensemble de la société, selon une perspective qui risque d'exiger l'essence d'une perfection qu'il ne serait pas de notre pouvoir d'accomplir.» — Plérôme.
«Ce qu'il importerait de réaliser un jour, ce serait un traité sur les natures complémentaires respectives de l'homme et de la femme afin de rendre évidentes à l'un et à l'autre les ressemblances et les dissemblances formelles, sans que pour autant ne soit compromise leur capacité à la symbiose, à la coopération et à l'harmonie dans les rapports intimes, personnels et sociaux.» — Plérôme.
«L'exception qui est conforme à la règle, voilà ce qui est défendable, au nom de la possibilité qu'une règle pourrait ne pas prévoir toutes les conditions sous lesquelles le bien qu'elle aspire à encourager pourrait se réaliser; mais l'exception qui devient la règle, voilà ce qui deviendrait plus douteux, puisqu'une telle éventualité l'illustrerait à la fois qu'une règle serait, soit trop étroite pour prétendre à être un principe susceptible d'être généralisé; soit trop imparfaite pour inspirer ou contraindre les conduites.» — Plérôme.
«L'Enfer est le reflet en tout du Ciel, sauf en l'essence qui en est l'amour et la substance qui en est la vertu, réellement et non simplement apparemment, et peut-être même en offre-t-il une image plus accomplie, pour continuer à justifier son existence, en comblant ainsi le manque qu'autrement il ne saurait effacer.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui, le cas échéant, se feraient un point d'honneur et mettraient tout leur génie à ne rien accomplir, à rien ne laisser s'accomplir et à volontiers accueillir des accomplissements qui semblent surgir comme par magie, au nom d'un crédit qu'ils ne refuseront en aucun temps d'endosser.» — Plérôme.
«La supposition raisonnable — qui est en même temps celle qui caractérise l'idéalisme commune à la pensée adolescente — serait que la vérité, une fois découverte, reconnue et adéquatement communiquée, devrait emporter, sur la seule puissance de la valeur épistémologique de son contenu, qui est en même temps l'illustration exprimée d'un moment du Bien, l'aval des consciences qui sont exposées à elle et transformer la réalité en fonction des hauts principes qui en sont l'essence et qui en constituent l'évidence. § Mais hélas !, l'on s'aperçoit bientôt avec le passage du temps, qui est celui d'une immobilité, et même en allouant pour une inertie, nécessaire à mettre en branle l'infrastructure qui supporterait la fausseté dépassée ou réfractaire à ce qui en constituerait le dévoilement, que l'état actuel demeure inébranlable et que cette résistance en serait le gage de l'infaillibilité prétendu, à laquelle l'on continue de s'accrocher comme à une bouée de sauvetage, malgré toutes les faussetés qui résulteraient de se perpétuer en raison de cette obstination. § Telle est la première découverte de la pensée adolescente, lorsqu'elle se heurte, malgré toute son innocence, au monde «adulte» des compromis et des pactes avec une coutume qui s'est départie du facteur dynamique d'une évolution vers une perfection toujours plus accomplie, fondée sur l'esprit de travail et de créativité.» — Plérôme.
«L'évidence, c'est la vérité qui s'aperçoit et qui s'appréhende spontanément et sur laquelle il est possible d'échafauder une intelligence juste et complète de la chose qui en fait l'objet; l'axiome, c'est l'évidence qui acquiert un statut formel, par la coutume et par l'enseignement qui en perpétue l'instanciation collective, en vue de fonder un corps de savoir certain et indubitable.» — Plérôme.
«On oppose souvent la vérité absolue et insaisissable aux vérités simples et originales, même si elles sont souvent incomplètes, comme un moyen de garantir un ascendant préalable qu'offre la possibilité de contempler celle-là, sans offrir en contrepartie une conception qui, accréditant celle-ci, lui permettrait de s'engager sur la voie d'une conception de plus en plus abstraite, vaste et compréhensive.» — Plérôme.
«L'État s'oppose toujours au Royaume dont il est la fonction administrative en vue de sa préservation et de son développement, en conjonction avec l'assurance du bien-être et du bonheur ensemble de ses citoyens et sujets, comme de l'accomplissement de sa possibilité, telle qu'elle se révèle dans son histoire, et sa destinée historique et spirituelle, telle que le cours de son histoire la révélera, en vue du meilleur bien possible susceptible d'être réalisé en vertu d'un idéal commun et d'une vision d'ensemble qui la situe parmi celles de toutes les cultures et de toutes les civilisations qui en influencent la croissance et qui l'ouvrent sur l'universalité des valeurs et de la vérité susceptible d'assurer la coexistence harmonieuse dans la mutualité et la réciprocité des rapports constructifs.» — Plérôme.
«Une société qui se fonde sur la somme de tous les égoïsmes — de tous les bonheurs particuliers dont chacun s'estime, sans égard pour autrui, le seul responsable — est vouée à l'atomisme individualiste; celle qui se fonde sur la dissolution de la Vérité, au nom de vérité publiées ou émanant de traditions plus anciennes, se voue à l'anomie; seule une société qui se fonde sur l'amour de Dieu et du prochain, du principe Suprême dont découle tous les autres principes, y compris la Vérité, et d'autrui comme étant un reflet de soi, c'est-à-dire procédant, comme soi-même, de la réalité unique et suprême de Dieu, a quelque chance d'assurer à elle-même et à sa progéniture, une finalité adéquate à ses plus hautes virtualités.» — Plérôme.
«Le bien-être, le bonheur et l'accomplissement sont les trois états de la réalisation de toute chose, qu'elle soit considérée dans sa généralité collective ou appréhendée en vertu de sa spécificité individuelle.» — Plérôme.
«L'évolution du concept de République s'est accomplie en fonction du changement de sens qu'a pris la «chose» publique qui en est l'objet: lorsqu'il fut spirituel et métaphysique, la République s'occupa plus volontiers de la destinée morale et transcendante du peuple et incorpora à sa vision une conception religieuse formelle comme étant seule apte à répondre à cette orientation; mais lorsqu'il devint matérialiste et physique, alors que l'on assiste alors à la séparation de l'Église et de l'État, la religion, ainsi que la moralité qui en découla, devint affaire de conscience individuelle et seules ne comptèrent plus que la sécurité et la protection des individus, des institutions et de leur avoir.» — Plérôme.
«La conjoncture est le terreau de la structure que l'on fonde, de celle qui se réalise et de celle qui un jour, trouvera son accomplissement, soit dans une fin transformative, soit dans une continuité indéfinie.» — Plérôme.
«L'art de faussement se constituer soi-même en victime s'oppose trop souvent à la réalité de la victimisation, qui toujours se fonde sur une forme ou l'autre que peuvent prendre la calomnie, l'adultération des apparences et la falsification des natures.» — Plérôme.
«Tout professionnel dont la vocation est de réaliser le bien et qui n'emploie pas tous les moyens, soit à remplir cette mission, soit à lever les empêchements à ce que s'accomplisse celle-ci, l'ignorance n'en étant pas la moindre d'entre eux, ni d'ailleurs la mauvaise volonté ou encore l'intérêt bien calculé, peut alors se dire le complice, voire passif, des agents qui sont la cause de son contraire.» — Plérôme.
«Il y a quelque chose de pervers à toujours vouloir interpréter les situations — les occasions et les actions d'autrui — dans le pire des sens plutôt que voir en elles les possibilités qui pourraient les mettre sur la voie d'une amélioration de leur état et d'un accomplissement de leur nature, dans l'acte de participer au perfectionnement de la réalité dont elles sont issues; comme il y a quelque chose d'arrogant à vouloir substituer sa volonté particulière à la volonté divine et de comprendre celles-ci uniquement à la lumière de ses propres désirs et de ses propres intérêts.» — Plérôme.
«Le mensonge, la calomnie et la diffamation, puisqu'ils s'adressent à l'esprit ainsi qu'à la personne morale, sont la première forme que prend l'acte de l'aliénation; le vol ou le vandalisme, qui s'adressent aux sens tout en agissant sur le monde objectal, la seconde; et la brutalité, qui prend à parti la personne physique, la troisième.» — Plérôme.
«L'absolutisation de l'État, sans reconnaître fidèlement d'Absolu réel qui puisse en fonder et en orienter le développement et l'accomplissement, non seulement ouvre-t-il la porte à tous les totalitarismes, mais encore rend-il impérative l'intégration physique de toutes les consciences à sa conception par essence imparfaite, puisqu'elle ne voit ni ne conçoit en aucune autre perfection que la sienne propre, le moteur d'une histoire effective, omettant surtout celles qui ont une véritable soif de l'Absolu, entendu dans son sens le plus vrai, le plus désintéressé et le plus légitime.» — Plérôme.
«Une puissance corrompue ne saurait exercer son autorité ou faire rayonner son influence dans le sens d'une vertu qu'elle ne cultive et qu'elle ne possède plus, d'où l'importance d'assurer que celle-là soit toujours pure et irréprochable.» — Plérôme.
«Que la division provînt de l'échec d'un Adam et d'une Ève à réaliser réellement leur couple ou qu'elle s'ensuivît d'un nombre encore plus grand d'amours malheureux et éplorés, parfois empêchés par la cruauté des hommes, dont le mythe et la légende ont conservé la mémoire — ceux d'Orphée et d'Eurydice, de Roméo et de Juliette, d'Abélard et d'Héloïse, etc. —, le défi plus que millénaire a consisté, pour l'homme, depuis les commencements immémoriaux de l'humanité, à retrouver l'unité que représente, caractérise et érige en modèle l'harmonie dans l'amour que figure la rencontre profonde, sincère, heureuse et complète de l'homme et de la femme, telle qu'elle se réalise en les personnes qui composent le couple.» — Plérôme.
«Si "le" politique, c'est la bonification des situations, des circonstances et des conjonctures en fonction d'un idéal et d'un accomplissement, collectifs et communautaires, appropriés à une République; "la" politique semble souvent n'être que la recherche de l'équilibre des intérêts, avec l'État qui semble alors se constituer en adjudicateur et arbitre entre les deux tendances, pour réaliser la spiritualité, la moralité, la virtualité et la possibilité de la société, qui à la fois procèdent de son mouvement et inspirent celui, plus ou moins concerté, de l'ensemble.» — Plérôme.
«Le seul antidote à l'illusion bien produite et cultivée, c'est la vérité dans sa forme la plus pure et la plus authentique, tout en allouant pour une prétention si bien érigée et entretenue, qu'il pourrait sembler que jamais ne tombera le masque pour laisser voir le mensonge dans toute son effronterie et toute sa crudité.» — Plérôme.
«Ce sont les gens les plus conscients qui ont certainement le plus de responsabilités dans la formation et la société et de la culture (en raison du savoir privilégié auquel ils ont, en raison de leur conscience même, accès), mais il ne s'ensuit pas de cela qu'ils leur soit accordé plus de droits pour garantir leur effort, ni plus de reconnaissance pour en souligner la valeur ni le mérite qu'il leur reviendrait de récolter.» — Plérôme.
«Peut-être pourrait-on considérer la proposition que la mort de l'idéal, qui fait suite au meurtre du modèle, pour lequel l'histoire n'a cesse de montrer, siècles après siècles, les exemples, serait grandement responsable du développement et de la propagation du sentiment d'anomie, de désœuvrement et de désaffection que vit actuellement notre jeunesse.» — Plérôme.
«La perspective sur le monde change, selon que l'on vive l'expérience que l'on en fait d'une manière inclusive — c'est-à-dire en appartenant à celui-ci et en participant à son action — ou selon qu'elle se vive en observateur, sans se sentir affecté par les états, le soubresauts et le mouvement du monde, à l'extérieur duquel l'on se situe: or comment la notion de l'âme, par les mouvements intérieurs et leurs extériorisations qui deviennent évidents à ceux qui le vivent, à la fois subjectivement et objectivement dans l'expérience partagée, peut-elle alors échapper à ceux qui en font partie prenante ? § Par ailleurs, on peut bien comprendre que l'attitude de froideur émotive et d'impassibilité qui accompagne l'individu qui se situe dans la seconde position, et dont c'est le devoir d'illustrer l'impartialité devant la réalité de son objet pour mieux encore l'interroger et la comprendre, puisse l'amener, en l'absence d'un monde inclusif qui le nourrisse affectivement, à nier ou à douter de l'existence de l'âme et le mener à la conclusion qu'elle est simplement un fantasme de l'esprit. Ne pourrait-on pas voir alors en l'attitude scientifique, dont la manière d'être se généraliserait à l'ensemble de la société, la cause de la mort pressentie de l'âme, en raison de la négation et de la scotomisation que l'on fait de sa réalité, en se coupant soi-même de la possibilité de l'éprouver ?» — Plérôme.
«Il semblerait parfois que tous les crimes se justifient, pourvu que l'on y trouve son intérêt, mais parfois s'agit-il simplement d'assentir avec enthousiasme, à l'intérieur de ces moments de perturbation sociale augmentée, à ce qui serait l'apparence de l'exercice historique immanent d'une justice pour rétribuer tous les crimes qui restent impunis, tout en allongeant la liste déjà longue d'injustices commises, sans que ne puisse s'exercer aucune forme de justice formelle et transcendante réelle.» — Plérôme.
«Que ce serait triste de songer que le pouvoir civil et politique puisse autoriser à toutes les libertés, à condition que par elles, et par l'exercice de la créativité qui l'accompagnerait, rien de conséquent ne puisse en résulter, et surtout d'une nature telle à cultiver les plus hautes formes du bien, telles qu'elles s'avéreraient possibles.» — Plérôme.
«Une quête de la vérité serait incomplète, et plus ou moins superficielle, selon une échelle de gradation qui illustrerait sa profondeur relative d'une situation à l'autre, si tout en poussant au-delà des apparences, pour en saisir les facteurs explicatifs et les causes sous-jacentes, elle ne s'intéresserait pas entièrement à l'appréhension et l'expression pleine et entière, complète et intégrale, de la vérité.» — Plérôme.
«Avant d'aborder la question de la fausseté et de la falsification, à savoir celle de l'action délibérée et intentionnelle de répandre à la fois ses sophistications et ses adultérations, ainsi que ses méthodes et ses procédures, il faudrait savoir ce qu'est la vérité dans toute la profondeur, la hauteur et l'extension de son essence et des possibilités de sa réalisation.» — Plérôme.
«Les seuls qui ont le loisir de douter de l'immense pouvoir de la femme, en bien ou en mal, sont ceux qui ne l'ont pas éprouvé ou dont l'esprit n'était pas suffisamment préparé pour le distinguer et le reconnaître.» — Plérôme.
«Lorsque l'on définit la politique comme étant l'art du possible, on définit par là également cette discipline comme étant pour essentielle amorale, et donc capable indifféremment du meilleur comme du pire, si l'on omet de voir en ce possible l'effort, l'engagement et le devoir de s'assurer qu'il s'oriente vers l'actualisation du plus grand bien concevable.» — Plérôme.
«L'anarchie essentielle, c'est le déni du droit, bien entendu et conçu sous sa forme la plus pure et la plus élevée.» — Plérôme.
«La liberté consiste en la possibilité effective, existant pour une chose — considérée soit sous sa forme individuelle, soit sous sa forme collective — à réaliser et à exprimer pleinement son état, dans le plus entier respect de l'état de l'ensemble; l'égalité, en la réalisation assurée de cette possibilité pour tous et pour chacun; la justice, en l'état actif et transcendant qui reflète adéquatement cette réalisation et qui en établit l'existence, lorsque celle-ci est entravée, ou qui la rétablit, lorsqu'elle est compromise. Et puisque la réalisation d'un état qui soit compatible avec celle des autres ne saurait se faire dans la négation commune et réciproque de leurs virtualités, il en résulte par conséquent que la tension mutuelle de ces réalisations vers l'accession au bien sera la condition transcendante de cette entéléchie.» — Plérôme.
«La grande question philosophique, qui accompagne et hante l'histoire de la philosophie depuis ses tout débuts, et dont les termes opposés sont aux fondements de la divergence entre Platon et Aristote, et plus profondément entre les Sages (sophoi) et les Sophistes (sophistès) est celle de la réconciliation du monde de l'idéal (de l'être de raison, de l'intelligible) et de celui de la nature (de l'être réel, de la positivité).» — Plérôme.
«Les trois vertus théologales illustrent quelles sont les trois états fondamentaux de toute vie pleinement vécue: la foi, c'est la connaissance et le savoir entiers et complets des lois qui gouvernent la Création, la Vie, l'âme et l'esprit, à la fois acquis par l'effort de l'intelligence et de l'infusion divine, que l'on nomme inspiration, l'espérance, c'est la confiance inébranlable et proactive que ces lois seront toujours agissantes et que, participant à même la nature des choses et des êtres, elles arriveront un jour à leur plein épanouissement, pour le salut et le bonheur de tous; la charité, c'est le sentiment qui doit inspirer, avec la grâce de Dieu, toutes les actions particulières, en confirmation de ces lois, et pour témoigner de la participation de chacun à leur accomplissement parfait.» — Plérôme.
«L'hystérisme manifeste un manque d'authenticité, spécifique à chaque individu qui en actualise la présence, celui de toujours se conformer à la moralité ambiante et d'agir de manière à faire ce que l'on attend de soi, non pas par devoir, non pas par conviction, non pas par dévotion, mais par volonté de survivance exclusivement, comme si la valeur intérieure de la personne et son aspiration à illustrer une véritable créativité ne sauraient justifier en elle-même la passion de l'existence qu'elle parvient à inspirer.» — Plérôme.
«Tout est si simple ... lorsque les choses, circonstances et situations ne sont pas en elles-mêmes compliquées et que leurs conjonctures et significations ont été clairement expliquées et rendue présentes à l'intelligence.» — Plérôme.
«La coïncidence est une positivité à laquelle on ne reconnaît aucune intelligibilité; la fantaisie est une intelligibilité à laquelle on refuse toute positivité: si l'on définit la philosophie comme étant une positivité susceptible de recevoir une intelligibilité; et l'art comme étant l'intelligibilité susceptible de se voir conférer une positivité; la coïncidence et la fantaisie deviennent donc les deux obstacles à ces deux disciplines, que seules l'histoire, par sa capacité illustrative et explicative, parviendra à dégager des écueils qu'elles dressent dans le cheminement de leur activité respective.» — Plérôme.
«Il est certes possible de s'améliorer d'un moment à l'autre, d'une circonstance à l'autre, d'une situation à l'autre, mais à la vérité, peut-on jamais faire mieux, à un instant précis, que son plus grand possible, lorsque l'on a investi tout son effort à réaliser celui-ci ?» — Plérôme.
«L'humilité de Dieu doit en effet être immense pour qu'Il se laisse découvrir dans la Création et que, se révélant à celle-ci, Il consente à se laisser réduire à la faible conception que peut En posséder l'homme, de Son essence, de Sa nature et de Son être en général.» — Plérôme.
«Le paradoxe de l'éducation: une éducation réussie mène à l'assimilation complète, par l'élève ou par le disciple, des hauts principes qu'elle parvient à inspirer et à inculquer en lui, mais alors ceux-ci deviennent invisibles aux yeux des témoins de sa conduite et de ses actions, qui peuvent inférer généralement de son existence seulement à partir de ses effets positifs et bénéfiques sur ceux-ci. § Ainsi, pour excellente qu'elle soit, sa publicité repose sur une action anonyme qui, dès lors qu'elle tentera de s'exhausser à l'ensemble, peut-être pour acquérir une reconnaissance par laquelle elle pourra poursuivre son action bienfaisante, elle diminue son efficace car, pour mieux s'ancrer dans la réalité pédagogique, elle fonde son action sur une attitude et une compétence qu'elle cultive certes, mais dans le sens idéalement de mesures discrètes et effacées. § En d'autres mots, en cédant à son désir d'être mieux connue, elle doit se priver du moyen par lequel elle mériterait de l'être, de sorte que sa reconnaissance intégrale, rendue difficile par cette abnégation intentionnelle qui se laisse deviner plutôt qu'elle n'incite à se faire connaître, repose réellement sur une perspicacité et une distinction qui échappent à la plupart, sauf aux consciences les plus sensibles et les plus perceptives.» — Plérôme.
«L'humanisme radical et intégral, exclusif de toute réalité transcendante, tout en reconnaissant implicitement la dimension transcendantale de l'homme, aboutit, comme chez Sartre, à un sentiment général et diffus d'un abandon, qui peut aussi, comme chez Sagan, prendre l'aspect d'un ennui, et qui est nul autre que la reprise de la thèse de la «soma sema» des Anciens (nommément Platon), où le corps est relégué à n'être plus qu'un tombeau (ou selon d'autres versions, une prison) et en même temps le signe de quelque chose qui est pressenti comme étant en-dehors et au-dessus de lui, mais sans intuition précise de la nature de cette chose.» — Plérôme.
«Tout commença avec Jean-Baptiste, dont le père Zacharie fut, en toute vraisemblance selon l'Évangile (Matthieu, XXXIII, 35), occis dans le Temple — comme Thomas Beckett, plus de onze siècles plus tard —, et finit avec Judas, dont les Évangiles et les Actes nous apprennent peu de choses; tout se continue par les Apôtres, les Pères de l'Église, les Docteurs de la Foi, les Saints et les Martyrs ainsi que le clergé dévoué et les fidèles inspirés.» — Plérôme.
«Le modèle, c'est celui ou celle qui, avec la grâce de Dieu, a réalisé au plus haut point les virtualités de sa personne et a démontré le plus grand courage dans cet accomplissement de manière à pouvoir, sans que cela ne fût son intention première, inspirer son prochain à savoir en faire autant.» — Plérôme.
«Le mythe raconte, sous une forme symbolique, l'événement de manière à encourager l'auditeur à en retirer une leçon de vie; l'histoire vise à reconstituer fidèlement l'événement de sorte à permettre que l'on puisse en extraire une morale; et la philosophie tente de saisir, dans leur essence, ce que sont l'histoire et le mythe, de manière à réconcilier la morale et la leçon que l'on serait susceptible de retirer de l'une et de l'autre.» — Plérôme.
«Placés que nous sommes devant l'évidence, l'on n'a d'autre choix que de comprendre que d'aucuns préfèrent agir selon le principe de l'imitation plutôt que vivre selon leur nature propre et à la hauteur de leurs virtualités les plus élevées: la question devient alors de savoir pourquoi l'on en vient à choisir la voie du grégarisme aveugle plutôt que celle de l'assomption et de la réalisation de son authenticité.» — Plérôme.
«L'on ne doit pas confondre les manifestations infiniment diverses de la Vérité, procédant de la créativité de l'Intelligence divine, ainsi que les interprétations les plus variées que celle-ci serait susceptible de recevoir, en raison même de cette diversité, avec les moyens également multiple, issus d'un génie au talent créatif indéniable, employés afin d'en fausser les principes et d'en altérer, parfois jusqu'au point de la falsification et de la méconnaissance, la substance éternelle et illimitée.» — Plérôme.
«Il y a dans l'hystérisme un refus ou une incapacité d'affronter les causes réelles des événements, des situations, ou des circonstances, soit en raison de la force et de l'intensité sensibles de l'expérience, soit en vertu de l'évocation émotive intense qu'elle provoque et qui renverrait à un souvenir mal assumé ou mal vécu, que l'on se refuserait alors de reconnaître in foro interno, soit parce qu'elle renverrait à un idéal précieux mais faussé, qu'il suppose ou non dans cette adultération une responsabilité morale à cet égard, imputable à la personne concernée ou à tout autre agent auquel l'on pourrait songer, avec les nécessaires rectifications qu'un idéal de justice élevé et qu'un rétablissement de l'ordre des choses présuppose en cette direction, avec l'investissement des ressources en temps et en énergie requis à cette fin.» — Plérôme.
«L'État qui ne redresse pas un tort commis envers un sujet lésé, alors même qu'il en reconnaît l'existence et qu'il en punit les auteurs, sciemment impliqués dans la commission de cette action, se rend indirectement un complice de ceux-ci, par le maintien du préjudice subi et du retard historique engendré qui en ont résulté pour la victime.» — Plérôme.
«La seule connaissance qui vaille d'être acquise est celle qui pénètre l'essence du monde, jusque dans ses mystères les plus élevés et dans ses arcanes les plus voilés, et en approfondit l'intelligence ainsi que la compréhension, de sorte à pouvoir en appréhender les principes et les lois, et surtout leurs raisons — autant leur raison d'être que celles qui en viennent à expliquer leur origine, leur nature, leur être, leur existence, leur destination et leur mouvement — de manière à établir la société, d'en inspirer la vie collective, dans l'épanouissement et l'achèvement des vies individuelles qui la composent et la constituent, et d'orienter son avenir et de lui donner une direction » — Plérôme.
«L'étant ne trouve et ne réalise son essence que dans le devenant, comme le devenant ne réalise son sens et sa finalité qu'en rapport à l'étant. Ainsi, nul étant sans devenir comme nul devenir sans étant, car ces deux concepts sont inextricablement liés en l'être qui, en leur absence, perd tout dynamisme (et, pour les êtres vivants, toute vie) pour se voir attribuer une fixité et une immobilité qui sont certes des illusions des sens, mais qui n'en fournissent l'explication ni des variations, ni de l'évolution, ni de la finalité, ni de l'accomplissement.» — Plérôme.
«L'évocation d'un moindre mal, si grand fût-il par ailleurs, ne devrait jamais réussir à occulter un mal plus grand encore, ou encore d'autre mots synchrones aussi importants, qui gagneraient à ne pas recevoir l'attention et les rectifications appropriées qu'ils mériteraient.» — Plérôme.
«Saint Augustin est à la fois un point d'ouverture et de clôture sur la période évangélique: d'ouverture, parce qu'il résume si bien le message évangélique avec son «Aime et fais ce que voudra»; de clôture parce que ce mot sublime tend à occulter le sens plénier dudit message, auquel se rattachent tous les témoignages vivants qu'il a suscités, jusqu'au sacrifice ultime qui en a découlé, et qu'en plus le monument qu'il a laissé, qui est sans nul doute un éloquent exemplaire de son génie intellectuel, en même temps que du génie intellectuel romain, ouvrent sur l'ère du mariage politique entre celui-ci et l'idéologie du Christianisme, tend à faire oublier la longue lutte et l'ardu combat qui ont mené à ce triomphe et, ce qui est peut-être encore plus important, en quoi les idées chrétiennes étaient un véritable parachèvement de la pensée antique et l'accomplissement de tout ce que l'idéal des temps archaïques laissait à espérer de meilleur pour le monde, tel que le Judaïsme et son monothéisme de l'Être, de la Vie et de l'Amour pouvait le transmettre et le réaliser.» — Plérôme.
«La moralité, c'est la Vie qui agit dans le sens de sa propre actualisation, de sa propre réalisation et de sa propre plénitude.» — Plérôme.
«L'enfer déchaîné se manifeste par l'injure et l'infamie, et par conséquence la souffrance et l'humiliation, sans qu'elles ne fussent fondées par aucune cause morale ni justifiées par aucune raison vérifiable, de sorte qu'elles apparaissent comme étant aléatoires et en dehors de tout état juridique.» — Plérôme.
«L'État est une microcosme aristocratique à l'intérieur de la société — c'est-à-dire qu'il incarne, ou prétend incarner, les idéaux que la société considère comme étant les plus élevés possibles —, et qui se pose en modèle pour le macrocosme qu'est la société, de manière à faire être et exister celui-ci, ainsi que les peuples qui le constituent, de la manière la plus parfaite qu'il lui est possible d'atteindre.» — Plérôme.
«L'on peut comprendre le droit selon deux aspects: le droit qui s'exerce effectivement; et le droit qui assure qu'existent les conditions naturelles et sociales pour qu'un tel droit positif et actif puisse se trouver à opérer à l'intérieur de la société. § Or, le droit contient implicitement en lui-même le critère de son propre accomplissement, puisque seule une expression achevée du droit peut être considérée comme représentant adéquatement le droit. De sorte que le droit ne peut signifier rien moins que son illustration parfaite et accomplie, autant dans le principe qu'il défend que par la manière formelle de l'assurer et de le défendre, autrement il ne saurait s'agir de droit, mais simplement d'un ersatz de droit, ou une forme incomplète du droit, un droit imparfait réalisant en effet un oxymore. § D'où il en résulte que ce que l'on nomme ordinairement le droit au premier sens n'est en réalité qu'un droit au second sens, en l'absence de la perfection à laquelle il ne saurait que prétendre, un droit qui assurera qu'existent et prévalent les conditions autorisant à l'avènement du droit au premier sens.» — Plérôme.
«L'individu à qui échappe la possibilité d'exprimer la sincérité et l'authenticité ne saurait se prévaloir des conditions dont l'effectivité repose sur la disposition et l'aptitude à exemplifier ces qualités, en raison de projeter une fausseté apparente qui se dégagerait de l'attitude apportée aux situations.» — Plérôme.
«L'abêtissement procède d'une rupture significative dans le champ de l'expérience vitale; l'abrutissement, de son appauvrissement; l'un consiste dans la discontinuité privative de l'expérience formative elle-même; l'autre est simplement une réduction de sa qualité, susceptible d'engendrer une sous-développement et par conséquent une sous-utilisation des ressources de la personne apte à la subir. Et tous les deux produisent au plus haut degré un effet désolant sur l'individualité, plus ses victimes sont jeunes au moment de son incidence, pour celle-là; et de l'apparition de ses premières manifestations, pour celle-ci.» — Plérôme.
«La perspective pragmatique, qui pour l'essentiel estime la valeur d'une mesure à la possibilité de sa réalisation effective, a modifié radicalement la théorie où le droit prime la force, laquelle fait reposer le droit sur la validité d'un principe universel et éternel, indéniable et incontournable, pour lequel la force devient l'outil de sa défense et de sa préservation, et l'a fait basculer vers celle où la force prime le droit, pour éventuellement se substituer à lui et constituer son propre droit, le définissant effectivement, sinon exclusivement, par l'exercice de sa prépondérance et de sa violence.» — Plérôme.
«L'ordre social contemporain trouve un analogue dans la pensée qui préside à ses structures architecturales: assez forte pour résister aux intempéries et aux vicissitudes du temps, sauf à des cataclysmes d'une trop forte intensité, mais assez fragile pour céder aux forces entropiques de la décadence ou répondre aux besoins nouveaux d'un aménagement urbain. Et il se distingue de l'ancien par ce que celui-ci, comme ses édifices et ses constructions, étaient constitués pour durer indéfiniment, aussi loin dans le temps que prévisible, c'est-à-dire pour toujours, en l'absence de forces naturelles prépondérantes, se produisant d'une manière inattendue et au hasard des humeurs divines qui les excitent.» — Plérôme.
«L'unique raison d'être de la philosophie, telle qu'elle était conçue dans l'Antiquité: la vérité, toute la vérité et seulement la vérité, à tous les plans du réel immanent et de l'idéel transcendant.» — Plérôme.
«Un conservatisme qui s'acharnerait à soutenir et à défendre l'iniquité, déjà présente à l'intérieur d'un ordre social, serait tout aussi répréhensible que ne le serait un libéralisme qui se donnerait pour fin de l'apporter et de l'instaurer.» — Plérôme.
«Une double erreur, commune mais non moins déterminante de la philosophie: croire que, parce qu'une chose est indémontrable, elle serait inexistante et digne de considération; et croire que, parce qu'un sentiment est éprouvé, il correspond nécessairement à une réalité en tout conforme à la qualité et à la nature de cet affect.» — Plérôme.
«Garder silence sur une chose, ce n'est pas ipso facto la nier ou encore exprimer un désir de l'occulter, mais peut-être simplement ne pas vouloir former un jugement définitif sur une situation ou un problème complexe de manière à ne pas en fournir une théorie suffisamment adéquate, i.e. complète, compréhensive et approfondie.» — Plérôme.
«L'ignorance est comme une bête féroce dont on ne saurait dire parfois si c'est elle que l'on traque et poursuit, pour en dissiper l'illusion fatale ou si c'est elle qui nous poursuit, pour encore mieux nous engloutir dans son doux cauchemar de fictions, de mensongères et approximatives, insupportable pour un esprit droit et intègre.» — Plérôme.
«Si difficile que fût la conception et la formulation de l'universalité de la loi, comme étant celle qui prévaut à l'échelle de l'univers et qui vaille pour tous les mondes et pour tous les temps, pour toutes les cultures et pour toutes les époques, pour toutes les sociétés et pour tous les moments de son histoire, sa réalisation et l'appréciation juste et adéquate de celle-ci s'avèrent encore plus complexes et problématiques, puisque son application est toujours particulière et peut donc revêtir une diversité de formes et de manières d'expression dont il s'agirait alors d'en découvrir les instances d'une manifestation appropriée.» — Plérôme.
«Autre chose, parfois, l'idéal que l'on sait; autre chose, encore, l'idéal que l'on vit.» — Plérôme.
«L'histoire des révolutions de l'humanité se réduit pour l'essentiel à cet unique principe politique, i.e. la substitution à l'ordre divin, fondé sur une conviction de l'existence de la Divinité et sur un idéal de vie qui en procède, d'un ordre humain qui renvoie uniquement à une perspective physique de l'existence que l'homme est susceptible de perfectionner par ses facultés, d'ordonner par sa raison, pour le plus grand bien de ses semblables, sans pour cela requérir la perspective surnaturelle afin de parvenir à cette fin. § Or ce qui vient mettre un terme à une conception strictement immanente, aveugle à toute action transcendante et providentielle sur le monde, c'est l'échec des civilisations qui se substituent les unes aux autres avant d'être elles-mêmes remplacées par de prochaines, sans qu'en résulte pour l'humanité une annihilation complète, dans la déchéance progressive qui serait censée en résulter pour elle, en raison de l'apparition toujours inespérée d'une individualité qui, se réclamant de la Divinité, et au nom de celle-ci, donne un moyen à l'humanité d'échapper à un sort ou à une fatalité qui lui semble inéluctable. C'est une constante trop grande dans l'histoire des peuples pour qu'on en ignore, ni la vérité, ni la présence fortunée, ni le caractère extraordinaire, pour ne pas dire inexplicable, et pour laquelle la conception physique n'offre aucune explication plausible, sauf à s'en référer à un hasard impersonnel et informel.» — Plérôme.
«Comment sait-on si l'on sait ce que l'on devrait savoir ? Comment reconnaît-on si autrui sait ce qu'il devrait savoir ? Comment déterminer, pour soi comme autrui, ce que l'on devrait savoir ? Et comment l'apporter comme le recevoir de lui ? — n'est-ce pas le problème que posait Pilate lorsqu'il adressa un jour son fameux: "mais qu'est-ce que la vérité" ? » — Plérôme.
«Le principe pédagogique qui énonce que l'on doive procéder du connu pour graduellement accéder à l'inconnu peut sembler impraticable lorsque le connu dont on dispose est à ce point vaste et englobant que l'on risque d'épuiser toutes nos ressources en temps et en puissance intellectuelle pour l'embrasser adéquatement et y construire l'architecture d'un savoir futur qui ne soit pas une simple répétition des connaissances préalablement acquises et aujourd'hui tombées dans l'oubli.» — Plérôme.
«Accepter avec joie la Création, comme étant un présent inespéré octroyé au hasard, mais nier le Créateur, tout en comptant sur sa générosité constante et inépuisable, telle semble être l'attitude courante avec laquelle l'humanité reçoit la bonne fortune de son existence, une disposition qui semble fondée dans l'instinct qui gouverne sa volonté de vie et de survie.» — Plérôme.
«Dans un régime où règne l'insuffisance, la seule vérité qui compte vraiment est celle, pratique, qui procurera la fin de cette insuffisance; mais c'est à l'intérieur d'un régime où règne l'abondance que la vérité dans le plein sens du terme en vient à prendre toute l'importance qui lui revient.» — Plérôme.
«Que dire de la situation où ces dames ne se rendent fleurs que pour mieux être piétinées ou foulées au pied; oiseaux, libellules ou papillons pour être abattues ou attrapées au filet; toutes petites et fragiles pour être blessées et abandonnées ?» — Plérôme.
«La religion, par un effet de méditation historique, et s'appuyant sur l'intuition ainsi que l'inspiration que procure un désir d'intelligence, compréhensive et essentielle ainsi que profonde et significative, sur la nature de la vérité, cherche à apercevoir, à connaître, à énoncer et à enseigner ce que serait la vérité; la philosophie, quant à elle, en admettant que l'accession à cette vérité fût possible, tente de définir quelles seraient les conditions, à la fois suffisantes et nécessaires, susceptibles d'être rencontrées pour que l'on puisse tenir une vérité religieuse pour être authentique et recevable.» — Plérôme.
«Satan, c'est la comédie consommée du Bien, dans l'attente du moment où pouvoir faire sévir le Mal (comme étant une privation plus ou moins sévère du Bien).» — Plérôme.
«Le sentiment de l'unicité, singulière et essentielle, de soi est une procession de la subjectivité qui caractérise une conscience de soi; l'observation et la conclusion d'une généralité de traits et de caractéristiques, se distribuant plus ou moins largement, pour distinguer une singularité, ou un ensemble de celles-ci, résulte de l'objectivité de l'être placé devant la conscience et distinct de celle-ci, en laquelle on peut, ou on peut ne pas, reconnaître une connaturalité. Tels sont les termes de la question de la complémentarité ou de la distinction radicale de la subjectivité et de l'objectivité.» — Plérôme.
«La hiérarchie des hommes peut s'établir, soit selon le bien accompli et les bienfaits accordés; soit selon le mal réalisé et la malveillance répandue. Il est inutile par ailleurs d'ajouter que, sur le terrain de la condition humaine, les essences recherchées, sur lesquelles fonder la besogne qui définisse la nature morale de l'action opérée se distingueront radicalement pour l'une et l'autre disposition alors que le germe du bien et de la bonté, fécondant celui d'une fragilité et d'une vulnérabilité reconnues, sera du premier type d'action et que la graine du mal et de la malfaisance sera du second.» — Plérôme.
«La justice proportionnelle, sur le plan de l'amour mutuel et réciproque, se réalise pleinement lorsque l'homme est pour la femme aussi homme pour elle que la femme sera femme pour lui, étant compris par là qu'ils entreront non pas dans une relation de concurrence, mais d'émulation, non pas une actualisation que conditionnent les expectatives sociales, contingentes et éphémères, mais une réalisation des virtualités les plus intimes et les plus profondes dans le sens d'un achèvement et d'une perfection accomplis.» — Plérôme.
«On ne saurait frimer avec la vérité, ni même chercher à le faire, ni même se sentir le besoin en ce sens, puisque la sagesse de la vérité est entièrement le propre garant d'elle-même, auquel l'histoire vient apporter le témoignage qui la fonde.» — Plérôme.
«C'est un sens inné qui nous enseigne que la liberté ne saurait se laisser réduire à n'être que l'occasion d'illustrer toutes les imperfection et tous les caprices imaginables, autant que l'irresponsabilité, l'ignorance et la sottise.» — Plérôme.
«La première révolution fut bourgeoise et constitua à substituer à la valeur liée au sang que l'on sacrifie réellement pour assurer le salut de ses proches et de la collectivité, celle que l'on accorde à l'or, sacrifié symboliquement dans l'échange commercial, en vue d'assurer la prospérité et la sécurité des contractants et de ceux qui participent entièrement et uniquement à l'esprit mercantile.» — Plérôme.
«Le libertinisme — le libertinage érigé en principe de la philosophie morale — est une forme de subversion, et peut-être la plus efficace, du tissu social idéal.» — Plérôme.
«Avec la séparation de l'Église et de l'État, une association qui reflète une réalité socio-politique qui remonte bien au-delà de la naissance du Christianisme, rappelons-le, car elle était fondamentale à l'existence de l'État gréco-romain, l'État ne saurait se permettre de trancher les grandes questions religieuses et morales — i.e. décider officiellement des valeurs transcendantes du Bien, du Vrai et du Beau — pour se contenter uniquement d'assurer sa propre préservation et sa propre subsistance. § Ainsi concevra-t-il comme crime uniquement ce qui remet en question son existence propre, sans se concerner de l'excellence avec laquelle il définit, parachève et réalise sa mission, même implicitement, car une telle activité relève en propre de la morale et de la spiritualité qui la fonde. Et comme celle-là reposera alors, d'une part, sur le fait accompli structurel et le statu quo moral, se fondant l'un et l'autre sur un pragmatisme idéologique et sur un opportunisme politique, et sur l'atomisation de toutes les qualités morales, à des degrés divers, selon le niveau d'évolution de la société, qui ne pourra entièrement faire taire sa propension au bien et à la perfection qui est requise pour assurer la pérennité de l'Église, cette disposition étant néanmoins immanente à la nature humaine, puisqu'elle ressort à une idéal de bonté toujours présent en l'être humain, l'État se verra donc inéluctablement utiliser à ses fins immédiates les hommes tels qu'ils sont dans l'immédiateté de leur existence — une attitude proprement amorale, mais qui révèle un parti-pris ontologique spécial —, pour tantôt mettre indifféremment le Mal au service du Bien, et tantôt faire du Bien un accessoire du Mal, le tout au nom de la préservation d'un état politique et social qui a pour finalité le bien de sa propre existence, comportant de nombreuses qualités, bien sûr, mais s'appuyant sur le mouvement implicite d'une immanence pour réaliser son entéléchie.» — Plérôme.
«Un paradoxe semble parfois refléter le rapport qui existe entre le sentiment et l'intelligence, alors que plus on sent se rapprocher d'une fin appréhendée et espérée, plus on s'en éloignerait; et plus on s'en éloignerait, plus en réalité l'on s'en rapprocherait.» — Plérôme.
«L'ironie de la situation, lorsqu'un propos intelligent reçoit une forme de publicité ou une autre, sans en dénaturer ni le contenu, ni la profondeur, c'est qu'il ne profite souvent pas à ceux qui mériteraient le plus d'en tirer une quelconque subsistance et qu'il avantage parfois ceux qui n'en dériveraient, sauf accessoirement, aucune utilité.» — Plérôme.
«Peut-être pourrait-on proposer que toute société se diviserait en six camps idéologiques fondamentaux, sans égard pour les noms qu'ils se choisissent pour décrire leur affiliation et leur association ou encore pour leur degré d'implication dans l'évolution politique du milieu à l'intérieur duquel ils sont agissant: les ultra-conservateurs qui souhaiteraient resserrer le statu quo, en le rendant plus imperméable encore au changement, afin de mieux consolider leur position existentielle — et celle de leurs semblables — à l'intérieur de celle-ci; les conservateurs qui, pour maintenir une situation actuelle, se contentent simplement de préserver le statu quo et de se défier de toute mesure, visant à le changer, en restant confiants que cette attitude rencontre l'aval de la citoyenneté; les libéraux, qui désirent un changement du statu quo de manière à pouvoir améliorer leur situation individuelle — et celle de leurs pareils —, tout en comptant sur l'assentiment de leurs concitoyens dans la défense de cette option; les ultra-libéraux qui, au nom du désavantage historique accumulé à leur détriment, souhaiteraient que s'instaure un changement radical susceptible produire un état qui jamais plus ne les désavantagerait; les réformistes qui, pour transformer le statu quo, évoquent des principes de justice englobants et nécessaires, susceptibles de transcender les situations et les circonstances particulières; et les ultra-réformistes, pour qui les principes de justice susceptibles de fonder et de justifier un statu quo procèdent d'une réalité éternelle et vraie qui en inspire l'actualité et l'expression et se fondent sur elle.» — Plérôme.
«C’est un bien triste État qui utiliserait les méthodes et les ressources matérielles, développées en vue du bien de la population, comme des techniques de gouvernance et de contrôle individuel et social, de manière à créer un réseau parallèle au système de justice qui lui seul a le droit de disposer, au nom de principes légitimes, de la sécurité et de la liberté des personnes.» — Plérôme.
«Estimable critique qui met chaque sujet connaissant et judicieux sur le même pied, autant celui qui agit — et qui ajoute l'expérience de savoir être et de savoir réaliser à son coup d'œil — que celui qui se contente simplement de se constituer en spectateur et de soumettre la réalisation d'autrui à ses propres exigences idéologiques.» — Plérôme.
«L'opportunisme n'est pas l'absence totale de moralité, car il en suppose une certaine forme, celle qui consiste à agir moralement, lorsque cela sert ses intérêts, mais non dans le sens contraire; et à exiger d'autrui qu'il agisse moralement, sous les mêmes conditions, c'est-à-dire à peu près toujours, sauf lorsqu'une alliance préside à leur concertation, en lequel cas ce sera leur intérêt commun qui sera le premier servi. On peut alors aisément concevoir comment, lorsqu'une telle conception et qu'une telle attitude se généralisent à l'intérieur d'un groupe, d'une institution et d'une institution à l'autre, la gangrène de la corruption risque de se propager et d'être acceptée par l'ensemble comme entretenant l'illusion de vivre selon les préceptes d'un état social usuel, normal et juridiquement ainsi que moralement irréprochable.» — Plérôme.
«Une vie qui s'en prend à la vie se nie elle-même au nom à la fois de l'interdépendance des existences, de leur procession d'une source commune originelle, de leur nature semblable ainsi que du principe que l'on ne saurait sciemment ne pas être et prétendre participer aux prérogatives et privilèges de l'être, proportionnellement à l'absence d'être qui est ainsi illustrée.» — Plérôme.
«L'imperfection qui se reconnaît et celle qui se nie; la perfection qui s'avoue et après laquelle l'on aspire, avec plus ou moins de succès à s'en rapprocher, et celle que l'on méconnaît et que l'on sacrifie à ses ambitions, voilà toute la différence entre l'insociable sociabilité de l'homme et sa sociale insociabilité.» — Plérôme.
«À l'intérieur d'une société formaliste, i.e. une société où l'extrémisme s'exprime par l'accent indu porté sur l'expression manifeste des formes sociales, il semblerait parfois qu'il serait plus louable d'être fautif dans les règles que de se montrer irréprochable hors d'icelles.» — Plérôme.
«La corruption sert de prélude à toute anarchie car, en désorganisant l'institution à laquelle elle s'attaque, elle affaiblit sa fonction d'ordonnancement et elle la distrait de sa mission ordonnatrice, dont elle fait la promotion par les moyens par lesquels elle se met au service du Bien, de sorte que là où la forme du Bien opérait son action bienfaisante n'existe plus qu'un vacuum que le désordre comble en l'envahissant et en exploitant ce vide de la bonté effective.» — Plérôme.
«Un principe heuristique: pour arriver à comprendre l'étiologie et la production d'un phénomène, positif par sa présence ou négatif par son absence, l'on devrait chercher d'abord son explication par les causes rapprochées pour, les ayant soit élucidées, soit éliminées, comme hypothèses sur sa production, remonter jusqu'aux causes les plus éloignées, lorsque celles-ci ne sont pas produites, ni originellement, ni spontanément ou d'une manière incomprise ou ignorée.» — Plérôme.
«Toute forme de changement produit ses bénéficiaires et ses désavantagés, puisqu'il ne saurait avantager tous ceux qui sont touchés par lui, de sorte qu'il importe de savoir quelle est la nature du changement proposé et du bien visé avant de décider si oui ou non il serait légitime d'apporter l'amélioration que l'on se résout à accomplir. Ainsi, une approche prudente au changement bannira-t-il le radicalisme du principe du changement pour le changement comme, selon une perspective méliorative, il s'abstiendra d'adhérer à celui de la préservation du statu quo au nom du statu quo même.» — Plérôme.
«Cela requiert plus que l'humilité la plus pure et la plus sincère que se laisser gouverner par moins sagace et moins intelligent que soi, c'est-à-dire un esprit de mortification avéré, alors que l'on se trouve dans l'obligation, non seulement de pactiser avec des principes douteux et non éprouvés, mais encore d'en subir les effets imparfaits et très souvent nocifs, proportionnels au degré d'incomplétude morale et effective de l'agent susceptible de les produire, sans espoir qu'ils soient reconnus pour tels, car n'étant point susceptibles d'avouer une autorité extérieure qui soit légitime dans sa prétention à statuer en ce sens.» — Plérôme.
«Est-il pire (ou mieux) pour un peuple de voir un ordre légitime, formé sur des siècles et même des millénaires par une sagesse transcendante, être renversé par une conquête qui en asservit les dirigeants, s'approprie les biens hautement désirables de la population et substitue au droit existant des principes formels aliénants et oppressants, en raison de refléter un esprit étranger et peut-être même peu enclin à reconnaître en celui-là, le cas échéant, des principes encore plus élevés que les siens au détriment d'intérêts immédiats et ancrés dans l'histoire ancestrale du conquérant; ou par une révolution qui en chasse les autorités et impose au peuple une manière de gouvernement qui en transforme radicalement la coutume, en raison d'une idéologie novatrice, particulière et se définissant comme négatrice du passé.» — Plérôme.
«Le négativisme devant l'évolution saine des choses, un trait qui caractérise l'État monolithique souvent associé à un État oppresseur, servira parfois de prélude, à plus ou moins brève échéance, en l'absence de réformes salutaires et bénéfiques, à un état de trouble, d'anarchie et de révolution.» — Plérôme.
«Pour ne pas savoir faire la différence entre un monarque et un tyran, il sera difficile, dans la conception philosophique de la politique qui serait censée régir les consciences et les cœurs pour le plus grand bénéfice de tout un chacun, distinguer entre la sage et naturelle anarchie de l'amour, qui se fonde sur l'honneur et la vertu pour faire évoluer les ordres rationnels trop arides et rigides, et l'amour passionné et incivil de l'anarchie, qui repose sur l'intérêt abusif et sur le désir excessif.» — Plérôme.
«C'est en vérité un perle rare que celui (ou celle) qui prend l'initiative de la découverte de soi, de ses virtualités, de ses qualités et de ses possibilités auparavant insoupçonnées, en vue de les développer et ainsi de se perfectionner, alors que la disposition la plus ordinaire serait d'attendre que s'imposent les événements et les circonstances qui confirmeront éventuellement la personne dans sa réalisation actuelle, mais aussi, à l'occasion, par les épreuves qui les accompagnent et en procèdent, ébranleront les habitudes incrustées, les convictions superficielles, les idées reçues ainsi que les manières d'être coutumières.» — Plérôme.
«Pour un scientifique, ce qui constitue une coïncidence, voire particulièrement singulière et heureuse, devient pour le philosophe l'objet d'un émerveillement et d'une interrogation sur sa raison d'être (le principe de raison suffisante) et sur sa signification (la question de l'exercice du principe de la raison dans la nature). / For the scientist, what constitutes a coincidence, albeit particularly singular and fortunate, become for the philosopher the object of astonishment and of a question of its reason for being (the principle of sufficient reason) and of its significance (the question of the exercise of the principle of reason in nature).» — Plérôme.
«L'apport du Christianisme à la science politique, i.e. à l'art de régner et de gouverner, a été la substitution du principe transcendant et immanent de l'amour (pur, vertueux, innocent et désintéressé) comme étant le fondement des rapports personnels et civiques, à ceux qui étaient auparavant favorisés, c'est-à-dire à ceux de la domination, de la crainte, de la violence, de la luxure, de la ruse, de l'intérêt et de l'impiété, pour celle-ci à la fois horizontale et verticale.» — Plérôme.
«Il y a une démonstration philosophique qu'il importerait de faire, comme quoi sont interchangeables les propositions «Je vis car je suis» et «Je suis car je vis» et que découle de celles-ci le «Je pense, donc je suis» de Descartes, en tant que ce terme illustre la vie et l'être se réalisant.» — Plérôme.
«La révolution noétique de la pensée spirituelle Occidentale, héritière de la pensée Grecque, ce fut d'avoir fait, de la raison, le siège, et non l'instrument, de l'âme.» — Plérôme.
«Un argument théo-philosophique: la piété est à l'adoration comme l'amitié est à l'amour; sa contrepartie philo-théologique: l'adoration est à la piété ce que l'amour est à l'amitié.» — Plérôme.
«L'homme étant un être politique et social, l'épreuve la plus difficile à supporter pour lui, ce n'est pas d'avoir à faire face à l'épreuve, car c'est le lot de l'homme d'avoir à opposer ses ressources en courage, en force, en civilité et en ingéniosité aux contretemps qui inévitablement conditionnent son existence, mais d'avoir à surmonter seul ces obstacles, jusque dans l'abandon le plus complet, sans aucun appui ni secours, et avec pour seul ami le monde transcendant de la Divinité.» — Plérôme.
«Une hypothèse historique: on pourrait désigner comme étant un nœud socratique, pour une culture, un point de décadence telle que seul le sacrifice d'un homme semblerait être le remède adéquat à prévenir l'inéluctable sombrement de celle-ci dans la disparition et dans l'oubli. De tels nœuds seraient identifiables à l'époque de Socrate lui-même — d'où l'appellation pour caractériser ce phénomène —, de César, de Jésus, de Constantin XI, de Jeanne d'Arc, de Montcalm, de Louis XVI, de Lincoln, de Riel et des frères Kennedy, pour ne nommer que celles-là. Ce seraient les mots de Protagoras («L'homme est la mesure de toute chose») et de Caïphe («Il vaut mieux que meure un seul homme qu'un peuple tout entier») qui caractériseraient le mieux l'esprit dans lequel la conscience culturelle baigne en ces moments, dont naîtront des sentiments nouveaux et des doctrines nouvelles, qui se proposeront d'être salutaires, par la transformation du paysage idéologique qui en résulterait pour la culture et peut-être même pour l'humanité entière.» — Plérôme.
«Aucun lombric ne s'offusquerait si on le traitait de ver de terre, mais peut-être témoignerait-il d'une indignation légitime, si on le faisait passer pour un vermisseau ou un microbe.» — Plérôme.
«La paix, l'ordre et le bon gouvernement (Art. 91 de l'Acte constitutionnel du Canada de 1867): quelle paix est possible sans la vertu qui la poursuit; quel ordre, sans le droit qui le fonde; et quelle bonté dans le gouvernement, sans l'amour qui l'inspire? / Peace, order, and good government (§91 of the Canadian Constitution Act of 1867): what peace is possible without virtue to pursue it; what order without right to ground it; and what goodness in government without love to inspire it ? » — Plérôme.
«La vénalité de la Sagesse, par ceux qui étaient réputés et moralement tenus d'en témoigner, fut la première étape dans la neutralisation de la dimension morale de la philosophie, qui était le point d'articulation par lequel cette discipline rejoignait une conception religieuse saine (puisque bienveillante) et positive (puisque bienfaisante).» — Plérôme.
>>> «La philosophie, c'est la quête de la vérité pleine et intégrale (ce qui constitue son activité essentielle), en vue d'en réaliser effectivité la bonté (ce qui en cerne la finalité morale) au moyen d'une action complète et appropriée (ce qui en produit la finalité esthétique). Ainsi l'activité philosophique vise-t-elle à combler un manque réel — la présence de la bonté actualisée ou l'amélioration possible des formes actuelles qu'elle prend — en imaginant cet acte dans l'intelligence — par la vision de ce que serait cette bonté virtuelle (ou idéelle) qui lui conviendrait — pour ensuite lui donner corps — en lui conférant une forme adéquate et en instantiant ce qui en serait l'expression et la contrepartie esthétique.» — Plérôme.
«Le scientifique est celui qui, étant devenu conscient des espaces illimités de l'univers et de sa durée infinie, n'en dépasse pas les confins car ils représentent pour lui un horizon suffisamment éloigné dans tous les sens, spatiaux comme temporels, pour qu'il se contente d'y habiter et d'en maîtriser la réalité, par la science et la technologie qui procèdent de son activité. § Le philosophe est celui qui, réalisant le pouvoir de l'esprit à transcender cette réalité par le pouvoir de ses facultés et de se situer en dehors de celle-ci en vertu de cette aptitude, voit dans cette capacité consciente quelque chose de plus englobant et de plus vaste encore que l'univers, de sorte à s'interroger sur ce qui a pu le précéder et ce qui lui succédera; ce qui est aux confins de sa finitude comme cause et agence et comme effet et terme; ce qui a procédé à son origine et ce qui guide sa direction, comme ce qui lui donne un sens, car cette recherche de sens et de signification fait aussi partie de la disposition inhérente à sa constitution spirituelle. § Et là où le philosophe et le scientifique se rencontrent, c'est sur le terrain de la mathématique, à la fois symbolique, schématique et idéelle, qui permet de percevoir la finitude et la temporalité de l'univers, malgré les ordres de grandeur et de durée concrètement inconcevables et sensiblement inimaginables, et qui laissent entrevoir où se termine la science positive et où commence la philosophie.» — Plérôme.
«Sous certains égards, la parenté entre l'historien et l'acteur est très étroite: car alors que celui-là interprète les événements du passé, par les connaissances qu'il en acquiert par les documents et les artefacts, les archives et les vestiges ainsi que par l'identification subjective aux personnages qui les auront vécus, celui-ci s'identifie aux personnalités qui ont habité l'espace existentiel révolu, en se laissant infuser de leur histoire, telle qu'ils s'imaginent ils pourraient l'avoir vécue, et cela pour leur donner vie, ainsi qu'aux époques qui ont vu s'achever leur existence.» — Plérôme.
«Tous ont un avenir: sachant cela, la question qui s'impose devient alors celle de savoir quel avenir chacun se prépare-t-il individuellement à vivre et quel avenir les dirigeants préparent-ils collectivement pour tous.» — Plérôme.
«L'enjeu de la vie ne peut être que la vie elle-même: jouer celle-ci, contre une manière plus artificielle, quoique plus glamour, d'en vivre l'expérience, c'est non seulement la dévaloriser et la mépriser, c'est encore faire preuve de l'irresponsabilité la plus totale. Seul l'idéal de la plénitude de la vie vaut la peine d'être poursuivi: or celui-ci ne s'atteint qu'au prix des efforts les plus sérieux et des engagements les plus profonds, dans le sens d'une élévation de l'âme et de l'esprit, et ne saurait faire l'objet d'une attitude désinvolte envers elle, comme l'idée de jeu pourrait le suggérer.» — Plérôme.
«La force et l'intensité de l'événement ou de l'expérience, comme l'horreur et la laideur des situations et et des occasions, par les sentiments puissant qu'elles font surgir en la conscience et qui restent imprimées dans l'imagination et la mémoire, occultent souvent les causalités spirituelles et les agences intellectuelles qui, le cas échéant et à défaut d'évoquer l'ambiguïté nébuleuse du hasard pour en fournir l'explication, pourraient être responsables de leur occurrence à l'intérieur du champ historique.» — Plérôme.
«Il semblerait parfois que plus on énonce la vérité, plus on s'en éloigne ou moins on cherche à s'en rapprocher, peut-être afin de s'en forger une version alternative, plus recevable par la forme de piété que revêt la conscience.» — Plérôme.
«Hormis la poursuite constante et l'illustration sérieuse de la vertu, tout alors repose, pour assurer l'estime que l'on souhaiterait récolter, sur la culture et le maintien continu de l'image.» — Plérôme.
«L'approche véridique: il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué; l'approche réaliste: il ne faut pas tuer l'ours avant d'en avoir vendu la peau.» — Plérôme.
«Le corollaire de la doctrine de la Rédemption c'est que, avec le rachat et le pardon des fautes, autant l'humanité entière que les particuliers sont appelés à retrouver l'état d'innocence et de pureté originelles qui leur appartenait au départ.» — Plérôme.
«Le pouvoir dont on dispose est celui de pouvoir transformer les choses et de les rendre à sa propre image, c'est-à-dire celle qui convient le mieux à l'essence de l'individualité qui est la nôtre, ce qui sous-entend que, dans un onde idéal, celle-ci serait la plus digne de laisser son empreinte sur les choses, autrement comment peut-on expliquer cette possibilité qui nous échoit. D'où l'importance pour certains de conserver le pouvoir à tout prix, de manière à ne pas perdre cet ascendant et à ne pas avoir à accréditer l'image d'autrui et l'empreinte laissée sur la réalité, de préférence à la sienne propre. Mais d'où aussi la résistance de certains d'avoir à assumer un très grand pouvoir, en raison de cette exigence de toujours être à la hauteur de l'idéal de soi-même, autant celui que l'on se sait, que celui que l'on sait nous sera prêté par l'ensemble de la société, selon une perspective qui risque d'exiger l'essence d'une perfection qu'il ne serait pas de notre pouvoir d'accomplir.» — Plérôme.
«Ce qu'il importerait de réaliser un jour, ce serait un traité sur les natures complémentaires respectives de l'homme et de la femme afin de rendre évidentes à l'un et à l'autre les ressemblances et les dissemblances formelles, sans que pour autant ne soit compromise leur capacité à la symbiose, à la coopération et à l'harmonie dans les rapports intimes, personnels et sociaux.» — Plérôme.
«L'exception qui est conforme à la règle, voilà ce qui est défendable, au nom de la possibilité qu'une règle pourrait ne pas prévoir toutes les conditions sous lesquelles le bien qu'elle aspire à encourager pourrait se réaliser; mais l'exception qui devient la règle, voilà ce qui deviendrait plus douteux, puisqu'une telle éventualité l'illustrerait à la fois qu'une règle serait, soit trop étroite pour prétendre à être un principe susceptible d'être généralisé; soit trop imparfaite pour inspirer ou contraindre les conduites.» — Plérôme.
«L'Enfer est le reflet en tout du Ciel, sauf en l'essence qui en est l'amour et la substance qui en est la vertu, réellement et non simplement apparemment, et peut-être même en offre-t-il une image plus accomplie, pour continuer à justifier son existence, en comblant ainsi le manque qu'autrement il ne saurait effacer.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui, le cas échéant, se feraient un point d'honneur et mettraient tout leur génie à ne rien accomplir, à rien ne laisser s'accomplir et à volontiers accueillir des accomplissements qui semblent surgir comme par magie, au nom d'un crédit qu'ils ne refuseront en aucun temps d'endosser.» — Plérôme.
«La supposition raisonnable — qui est en même temps celle qui caractérise l'idéalisme commune à la pensée adolescente — serait que la vérité, une fois découverte, reconnue et adéquatement communiquée, devrait emporter, sur la seule puissance de la valeur épistémologique de son contenu, qui est en même temps l'illustration exprimée d'un moment du Bien, l'aval des consciences qui sont exposées à elle et transformer la réalité en fonction des hauts principes qui en sont l'essence et qui en constituent l'évidence. § Mais hélas !, l'on s'aperçoit bientôt avec le passage du temps, qui est celui d'une immobilité, et même en allouant pour une inertie, nécessaire à mettre en branle l'infrastructure qui supporterait la fausseté dépassée ou réfractaire à ce qui en constituerait le dévoilement, que l'état actuel demeure inébranlable et que cette résistance en serait le gage de l'infaillibilité prétendu, à laquelle l'on continue de s'accrocher comme à une bouée de sauvetage, malgré toutes les faussetés qui résulteraient de se perpétuer en raison de cette obstination. § Telle est la première découverte de la pensée adolescente, lorsqu'elle se heurte, malgré toute son innocence, au monde «adulte» des compromis et des pactes avec une coutume qui s'est départie du facteur dynamique d'une évolution vers une perfection toujours plus accomplie, fondée sur l'esprit de travail et de créativité.» — Plérôme.
«L'évidence, c'est la vérité qui s'aperçoit et qui s'appréhende spontanément et sur laquelle il est possible d'échafauder une intelligence juste et complète de la chose qui en fait l'objet; l'axiome, c'est l'évidence qui acquiert un statut formel, par la coutume et par l'enseignement qui en perpétue l'instanciation collective, en vue de fonder un corps de savoir certain et indubitable.» — Plérôme.
«On oppose souvent la vérité absolue et insaisissable aux vérités simples et originales, même si elles sont souvent incomplètes, comme un moyen de garantir un ascendant préalable qu'offre la possibilité de contempler celle-là, sans offrir en contrepartie une conception qui, accréditant celle-ci, lui permettrait de s'engager sur la voie d'une conception de plus en plus abstraite, vaste et compréhensive.» — Plérôme.
«L'État s'oppose toujours au Royaume dont il est la fonction administrative en vue de sa préservation et de son développement, en conjonction avec l'assurance du bien-être et du bonheur ensemble de ses citoyens et sujets, comme de l'accomplissement de sa possibilité, telle qu'elle se révèle dans son histoire, et sa destinée historique et spirituelle, telle que le cours de son histoire la révélera, en vue du meilleur bien possible susceptible d'être réalisé en vertu d'un idéal commun et d'une vision d'ensemble qui la situe parmi celles de toutes les cultures et de toutes les civilisations qui en influencent la croissance et qui l'ouvrent sur l'universalité des valeurs et de la vérité susceptible d'assurer la coexistence harmonieuse dans la mutualité et la réciprocité des rapports constructifs.» — Plérôme.
«Une société qui se fonde sur la somme de tous les égoïsmes — de tous les bonheurs particuliers dont chacun s'estime, sans égard pour autrui, le seul responsable — est vouée à l'atomisme individualiste; celle qui se fonde sur la dissolution de la Vérité, au nom de vérité publiées ou émanant de traditions plus anciennes, se voue à l'anomie; seule une société qui se fonde sur l'amour de Dieu et du prochain, du principe Suprême dont découle tous les autres principes, y compris la Vérité, et d'autrui comme étant un reflet de soi, c'est-à-dire procédant, comme soi-même, de la réalité unique et suprême de Dieu, a quelque chance d'assurer à elle-même et à sa progéniture, une finalité adéquate à ses plus hautes virtualités.» — Plérôme.
«Le bien-être, le bonheur et l'accomplissement sont les trois états de la réalisation de toute chose, qu'elle soit considérée dans sa généralité collective ou appréhendée en vertu de sa spécificité individuelle.» — Plérôme.
«L'évolution du concept de République s'est accomplie en fonction du changement de sens qu'a pris la «chose» publique qui en est l'objet: lorsqu'il fut spirituel et métaphysique, la République s'occupa plus volontiers de la destinée morale et transcendante du peuple et incorpora à sa vision une conception religieuse formelle comme étant seule apte à répondre à cette orientation; mais lorsqu'il devint matérialiste et physique, alors que l'on assiste alors à la séparation de l'Église et de l'État, la religion, ainsi que la moralité qui en découla, devint affaire de conscience individuelle et seules ne comptèrent plus que la sécurité et la protection des individus, des institutions et de leur avoir.» — Plérôme.
«La conjoncture est le terreau de la structure que l'on fonde, de celle qui se réalise et de celle qui un jour, trouvera son accomplissement, soit dans une fin transformative, soit dans une continuité indéfinie.» — Plérôme.
«L'art de faussement se constituer soi-même en victime s'oppose trop souvent à la réalité de la victimisation, qui toujours se fonde sur une forme ou l'autre que peuvent prendre la calomnie, l'adultération des apparences et la falsification des natures.» — Plérôme.
«Tout professionnel dont la vocation est de réaliser le bien et qui n'emploie pas tous les moyens, soit à remplir cette mission, soit à lever les empêchements à ce que s'accomplisse celle-ci, l'ignorance n'en étant pas la moindre d'entre eux, ni d'ailleurs la mauvaise volonté ou encore l'intérêt bien calculé, peut alors se dire le complice, voire passif, des agents qui sont la cause de son contraire.» — Plérôme.
«Il y a quelque chose de pervers à toujours vouloir interpréter les situations — les occasions et les actions d'autrui — dans le pire des sens plutôt que voir en elles les possibilités qui pourraient les mettre sur la voie d'une amélioration de leur état et d'un accomplissement de leur nature, dans l'acte de participer au perfectionnement de la réalité dont elles sont issues; comme il y a quelque chose d'arrogant à vouloir substituer sa volonté particulière à la volonté divine et de comprendre celles-ci uniquement à la lumière de ses propres désirs et de ses propres intérêts.» — Plérôme.
«Le mensonge, la calomnie et la diffamation, puisqu'ils s'adressent à l'esprit ainsi qu'à la personne morale, sont la première forme que prend l'acte de l'aliénation; le vol ou le vandalisme, qui s'adressent aux sens tout en agissant sur le monde objectal, la seconde; et la brutalité, qui prend à parti la personne physique, la troisième.» — Plérôme.
«L'absolutisation de l'État, sans reconnaître fidèlement d'Absolu réel qui puisse en fonder et en orienter le développement et l'accomplissement, non seulement ouvre-t-il la porte à tous les totalitarismes, mais encore rend-il impérative l'intégration physique de toutes les consciences à sa conception par essence imparfaite, puisqu'elle ne voit ni ne conçoit en aucune autre perfection que la sienne propre, le moteur d'une histoire effective, omettant surtout celles qui ont une véritable soif de l'Absolu, entendu dans son sens le plus vrai, le plus désintéressé et le plus légitime.» — Plérôme.
«Une puissance corrompue ne saurait exercer son autorité ou faire rayonner son influence dans le sens d'une vertu qu'elle ne cultive et qu'elle ne possède plus, d'où l'importance d'assurer que celle-là soit toujours pure et irréprochable.» — Plérôme.
«Que la division provînt de l'échec d'un Adam et d'une Ève à réaliser réellement leur couple ou qu'elle s'ensuivît d'un nombre encore plus grand d'amours malheureux et éplorés, parfois empêchés par la cruauté des hommes, dont le mythe et la légende ont conservé la mémoire — ceux d'Orphée et d'Eurydice, de Roméo et de Juliette, d'Abélard et d'Héloïse, etc. —, le défi plus que millénaire a consisté, pour l'homme, depuis les commencements immémoriaux de l'humanité, à retrouver l'unité que représente, caractérise et érige en modèle l'harmonie dans l'amour que figure la rencontre profonde, sincère, heureuse et complète de l'homme et de la femme, telle qu'elle se réalise en les personnes qui composent le couple.» — Plérôme.
«Si "le" politique, c'est la bonification des situations, des circonstances et des conjonctures en fonction d'un idéal et d'un accomplissement, collectifs et communautaires, appropriés à une République; "la" politique semble souvent n'être que la recherche de l'équilibre des intérêts, avec l'État qui semble alors se constituer en adjudicateur et arbitre entre les deux tendances, pour réaliser la spiritualité, la moralité, la virtualité et la possibilité de la société, qui à la fois procèdent de son mouvement et inspirent celui, plus ou moins concerté, de l'ensemble.» — Plérôme.
«Le seul antidote à l'illusion bien produite et cultivée, c'est la vérité dans sa forme la plus pure et la plus authentique, tout en allouant pour une prétention si bien érigée et entretenue, qu'il pourrait sembler que jamais ne tombera le masque pour laisser voir le mensonge dans toute son effronterie et toute sa crudité.» — Plérôme.
«Ce sont les gens les plus conscients qui ont certainement le plus de responsabilités dans la formation et la société et de la culture (en raison du savoir privilégié auquel ils ont, en raison de leur conscience même, accès), mais il ne s'ensuit pas de cela qu'ils leur soit accordé plus de droits pour garantir leur effort, ni plus de reconnaissance pour en souligner la valeur ni le mérite qu'il leur reviendrait de récolter.» — Plérôme.
«Peut-être pourrait-on considérer la proposition que la mort de l'idéal, qui fait suite au meurtre du modèle, pour lequel l'histoire n'a cesse de montrer, siècles après siècles, les exemples, serait grandement responsable du développement et de la propagation du sentiment d'anomie, de désœuvrement et de désaffection que vit actuellement notre jeunesse.» — Plérôme.
«La perspective sur le monde change, selon que l'on vive l'expérience que l'on en fait d'une manière inclusive — c'est-à-dire en appartenant à celui-ci et en participant à son action — ou selon qu'elle se vive en observateur, sans se sentir affecté par les états, le soubresauts et le mouvement du monde, à l'extérieur duquel l'on se situe: or comment la notion de l'âme, par les mouvements intérieurs et leurs extériorisations qui deviennent évidents à ceux qui le vivent, à la fois subjectivement et objectivement dans l'expérience partagée, peut-elle alors échapper à ceux qui en font partie prenante ? § Par ailleurs, on peut bien comprendre que l'attitude de froideur émotive et d'impassibilité qui accompagne l'individu qui se situe dans la seconde position, et dont c'est le devoir d'illustrer l'impartialité devant la réalité de son objet pour mieux encore l'interroger et la comprendre, puisse l'amener, en l'absence d'un monde inclusif qui le nourrisse affectivement, à nier ou à douter de l'existence de l'âme et le mener à la conclusion qu'elle est simplement un fantasme de l'esprit. Ne pourrait-on pas voir alors en l'attitude scientifique, dont la manière d'être se généraliserait à l'ensemble de la société, la cause de la mort pressentie de l'âme, en raison de la négation et de la scotomisation que l'on fait de sa réalité, en se coupant soi-même de la possibilité de l'éprouver ?» — Plérôme.
«Il semblerait parfois que tous les crimes se justifient, pourvu que l'on y trouve son intérêt, mais parfois s'agit-il simplement d'assentir avec enthousiasme, à l'intérieur de ces moments de perturbation sociale augmentée, à ce qui serait l'apparence de l'exercice historique immanent d'une justice pour rétribuer tous les crimes qui restent impunis, tout en allongeant la liste déjà longue d'injustices commises, sans que ne puisse s'exercer aucune forme de justice formelle et transcendante réelle.» — Plérôme.
«Que ce serait triste de songer que le pouvoir civil et politique puisse autoriser à toutes les libertés, à condition que par elles, et par l'exercice de la créativité qui l'accompagnerait, rien de conséquent ne puisse en résulter, et surtout d'une nature telle à cultiver les plus hautes formes du bien, telles qu'elles s'avéreraient possibles.» — Plérôme.
«Une quête de la vérité serait incomplète, et plus ou moins superficielle, selon une échelle de gradation qui illustrerait sa profondeur relative d'une situation à l'autre, si tout en poussant au-delà des apparences, pour en saisir les facteurs explicatifs et les causes sous-jacentes, elle ne s'intéresserait pas entièrement à l'appréhension et l'expression pleine et entière, complète et intégrale, de la vérité.» — Plérôme.
«Avant d'aborder la question de la fausseté et de la falsification, à savoir celle de l'action délibérée et intentionnelle de répandre à la fois ses sophistications et ses adultérations, ainsi que ses méthodes et ses procédures, il faudrait savoir ce qu'est la vérité dans toute la profondeur, la hauteur et l'extension de son essence et des possibilités de sa réalisation.» — Plérôme.
«Les seuls qui ont le loisir de douter de l'immense pouvoir de la femme, en bien ou en mal, sont ceux qui ne l'ont pas éprouvé ou dont l'esprit n'était pas suffisamment préparé pour le distinguer et le reconnaître.» — Plérôme.
«Lorsque l'on définit la politique comme étant l'art du possible, on définit par là également cette discipline comme étant pour essentielle amorale, et donc capable indifféremment du meilleur comme du pire, si l'on omet de voir en ce possible l'effort, l'engagement et le devoir de s'assurer qu'il s'oriente vers l'actualisation du plus grand bien concevable.» — Plérôme.
«L'anarchie essentielle, c'est le déni du droit, bien entendu et conçu sous sa forme la plus pure et la plus élevée.» — Plérôme.
«La liberté consiste en la possibilité effective, existant pour une chose — considérée soit sous sa forme individuelle, soit sous sa forme collective — à réaliser et à exprimer pleinement son état, dans le plus entier respect de l'état de l'ensemble; l'égalité, en la réalisation assurée de cette possibilité pour tous et pour chacun; la justice, en l'état actif et transcendant qui reflète adéquatement cette réalisation et qui en établit l'existence, lorsque celle-ci est entravée, ou qui la rétablit, lorsqu'elle est compromise. Et puisque la réalisation d'un état qui soit compatible avec celle des autres ne saurait se faire dans la négation commune et réciproque de leurs virtualités, il en résulte par conséquent que la tension mutuelle de ces réalisations vers l'accession au bien sera la condition transcendante de cette entéléchie.» — Plérôme.
«La grande question philosophique, qui accompagne et hante l'histoire de la philosophie depuis ses tout débuts, et dont les termes opposés sont aux fondements de la divergence entre Platon et Aristote, et plus profondément entre les Sages (sophoi) et les Sophistes (sophistès) est celle de la réconciliation du monde de l'idéal (de l'être de raison, de l'intelligible) et de celui de la nature (de l'être réel, de la positivité).» — Plérôme.
«Les trois vertus théologales illustrent quelles sont les trois états fondamentaux de toute vie pleinement vécue: la foi, c'est la connaissance et le savoir entiers et complets des lois qui gouvernent la Création, la Vie, l'âme et l'esprit, à la fois acquis par l'effort de l'intelligence et de l'infusion divine, que l'on nomme inspiration, l'espérance, c'est la confiance inébranlable et proactive que ces lois seront toujours agissantes et que, participant à même la nature des choses et des êtres, elles arriveront un jour à leur plein épanouissement, pour le salut et le bonheur de tous; la charité, c'est le sentiment qui doit inspirer, avec la grâce de Dieu, toutes les actions particulières, en confirmation de ces lois, et pour témoigner de la participation de chacun à leur accomplissement parfait.» — Plérôme.
«L'hystérisme manifeste un manque d'authenticité, spécifique à chaque individu qui en actualise la présence, celui de toujours se conformer à la moralité ambiante et d'agir de manière à faire ce que l'on attend de soi, non pas par devoir, non pas par conviction, non pas par dévotion, mais par volonté de survivance exclusivement, comme si la valeur intérieure de la personne et son aspiration à illustrer une véritable créativité ne sauraient justifier en elle-même la passion de l'existence qu'elle parvient à inspirer.» — Plérôme.
«Tout est si simple ... lorsque les choses, circonstances et situations ne sont pas en elles-mêmes compliquées et que leurs conjonctures et significations ont été clairement expliquées et rendue présentes à l'intelligence.» — Plérôme.
«La coïncidence est une positivité à laquelle on ne reconnaît aucune intelligibilité; la fantaisie est une intelligibilité à laquelle on refuse toute positivité: si l'on définit la philosophie comme étant une positivité susceptible de recevoir une intelligibilité; et l'art comme étant l'intelligibilité susceptible de se voir conférer une positivité; la coïncidence et la fantaisie deviennent donc les deux obstacles à ces deux disciplines, que seules l'histoire, par sa capacité illustrative et explicative, parviendra à dégager des écueils qu'elles dressent dans le cheminement de leur activité respective.» — Plérôme.
«Il est certes possible de s'améliorer d'un moment à l'autre, d'une circonstance à l'autre, d'une situation à l'autre, mais à la vérité, peut-on jamais faire mieux, à un instant précis, que son plus grand possible, lorsque l'on a investi tout son effort à réaliser celui-ci ?» — Plérôme.
«L'humilité de Dieu doit en effet être immense pour qu'Il se laisse découvrir dans la Création et que, se révélant à celle-ci, Il consente à se laisser réduire à la faible conception que peut En posséder l'homme, de Son essence, de Sa nature et de Son être en général.» — Plérôme.
«Le paradoxe de l'éducation: une éducation réussie mène à l'assimilation complète, par l'élève ou par le disciple, des hauts principes qu'elle parvient à inspirer et à inculquer en lui, mais alors ceux-ci deviennent invisibles aux yeux des témoins de sa conduite et de ses actions, qui peuvent inférer généralement de son existence seulement à partir de ses effets positifs et bénéfiques sur ceux-ci. § Ainsi, pour excellente qu'elle soit, sa publicité repose sur une action anonyme qui, dès lors qu'elle tentera de s'exhausser à l'ensemble, peut-être pour acquérir une reconnaissance par laquelle elle pourra poursuivre son action bienfaisante, elle diminue son efficace car, pour mieux s'ancrer dans la réalité pédagogique, elle fonde son action sur une attitude et une compétence qu'elle cultive certes, mais dans le sens idéalement de mesures discrètes et effacées. § En d'autres mots, en cédant à son désir d'être mieux connue, elle doit se priver du moyen par lequel elle mériterait de l'être, de sorte que sa reconnaissance intégrale, rendue difficile par cette abnégation intentionnelle qui se laisse deviner plutôt qu'elle n'incite à se faire connaître, repose réellement sur une perspicacité et une distinction qui échappent à la plupart, sauf aux consciences les plus sensibles et les plus perceptives.» — Plérôme.
«L'humanisme radical et intégral, exclusif de toute réalité transcendante, tout en reconnaissant implicitement la dimension transcendantale de l'homme, aboutit, comme chez Sartre, à un sentiment général et diffus d'un abandon, qui peut aussi, comme chez Sagan, prendre l'aspect d'un ennui, et qui est nul autre que la reprise de la thèse de la «soma sema» des Anciens (nommément Platon), où le corps est relégué à n'être plus qu'un tombeau (ou selon d'autres versions, une prison) et en même temps le signe de quelque chose qui est pressenti comme étant en-dehors et au-dessus de lui, mais sans intuition précise de la nature de cette chose.» — Plérôme.
«Tout commença avec Jean-Baptiste, dont le père Zacharie fut, en toute vraisemblance selon l'Évangile (Matthieu, XXXIII, 35), occis dans le Temple — comme Thomas Beckett, plus de onze siècles plus tard —, et finit avec Judas, dont les Évangiles et les Actes nous apprennent peu de choses; tout se continue par les Apôtres, les Pères de l'Église, les Docteurs de la Foi, les Saints et les Martyrs ainsi que le clergé dévoué et les fidèles inspirés.» — Plérôme.
«Le modèle, c'est celui ou celle qui, avec la grâce de Dieu, a réalisé au plus haut point les virtualités de sa personne et a démontré le plus grand courage dans cet accomplissement de manière à pouvoir, sans que cela ne fût son intention première, inspirer son prochain à savoir en faire autant.» — Plérôme.
«Le mythe raconte, sous une forme symbolique, l'événement de manière à encourager l'auditeur à en retirer une leçon de vie; l'histoire vise à reconstituer fidèlement l'événement de sorte à permettre que l'on puisse en extraire une morale; et la philosophie tente de saisir, dans leur essence, ce que sont l'histoire et le mythe, de manière à réconcilier la morale et la leçon que l'on serait susceptible de retirer de l'une et de l'autre.» — Plérôme.
«Placés que nous sommes devant l'évidence, l'on n'a d'autre choix que de comprendre que d'aucuns préfèrent agir selon le principe de l'imitation plutôt que vivre selon leur nature propre et à la hauteur de leurs virtualités les plus élevées: la question devient alors de savoir pourquoi l'on en vient à choisir la voie du grégarisme aveugle plutôt que celle de l'assomption et de la réalisation de son authenticité.» — Plérôme.
«L'on ne doit pas confondre les manifestations infiniment diverses de la Vérité, procédant de la créativité de l'Intelligence divine, ainsi que les interprétations les plus variées que celle-ci serait susceptible de recevoir, en raison même de cette diversité, avec les moyens également multiple, issus d'un génie au talent créatif indéniable, employés afin d'en fausser les principes et d'en altérer, parfois jusqu'au point de la falsification et de la méconnaissance, la substance éternelle et illimitée.» — Plérôme.
«Il y a dans l'hystérisme un refus ou une incapacité d'affronter les causes réelles des événements, des situations, ou des circonstances, soit en raison de la force et de l'intensité sensibles de l'expérience, soit en vertu de l'évocation émotive intense qu'elle provoque et qui renverrait à un souvenir mal assumé ou mal vécu, que l'on se refuserait alors de reconnaître in foro interno, soit parce qu'elle renverrait à un idéal précieux mais faussé, qu'il suppose ou non dans cette adultération une responsabilité morale à cet égard, imputable à la personne concernée ou à tout autre agent auquel l'on pourrait songer, avec les nécessaires rectifications qu'un idéal de justice élevé et qu'un rétablissement de l'ordre des choses présuppose en cette direction, avec l'investissement des ressources en temps et en énergie requis à cette fin.» — Plérôme.
«L'État qui ne redresse pas un tort commis envers un sujet lésé, alors même qu'il en reconnaît l'existence et qu'il en punit les auteurs, sciemment impliqués dans la commission de cette action, se rend indirectement un complice de ceux-ci, par le maintien du préjudice subi et du retard historique engendré qui en ont résulté pour la victime.» — Plérôme.
«La seule connaissance qui vaille d'être acquise est celle qui pénètre l'essence du monde, jusque dans ses mystères les plus élevés et dans ses arcanes les plus voilés, et en approfondit l'intelligence ainsi que la compréhension, de sorte à pouvoir en appréhender les principes et les lois, et surtout leurs raisons — autant leur raison d'être que celles qui en viennent à expliquer leur origine, leur nature, leur être, leur existence, leur destination et leur mouvement — de manière à établir la société, d'en inspirer la vie collective, dans l'épanouissement et l'achèvement des vies individuelles qui la composent et la constituent, et d'orienter son avenir et de lui donner une direction » — Plérôme.
«L'étant ne trouve et ne réalise son essence que dans le devenant, comme le devenant ne réalise son sens et sa finalité qu'en rapport à l'étant. Ainsi, nul étant sans devenir comme nul devenir sans étant, car ces deux concepts sont inextricablement liés en l'être qui, en leur absence, perd tout dynamisme (et, pour les êtres vivants, toute vie) pour se voir attribuer une fixité et une immobilité qui sont certes des illusions des sens, mais qui n'en fournissent l'explication ni des variations, ni de l'évolution, ni de la finalité, ni de l'accomplissement.» — Plérôme.
«L'évocation d'un moindre mal, si grand fût-il par ailleurs, ne devrait jamais réussir à occulter un mal plus grand encore, ou encore d'autre mots synchrones aussi importants, qui gagneraient à ne pas recevoir l'attention et les rectifications appropriées qu'ils mériteraient.» — Plérôme.
«Saint Augustin est à la fois un point d'ouverture et de clôture sur la période évangélique: d'ouverture, parce qu'il résume si bien le message évangélique avec son «Aime et fais ce que voudra»; de clôture parce que ce mot sublime tend à occulter le sens plénier dudit message, auquel se rattachent tous les témoignages vivants qu'il a suscités, jusqu'au sacrifice ultime qui en a découlé, et qu'en plus le monument qu'il a laissé, qui est sans nul doute un éloquent exemplaire de son génie intellectuel, en même temps que du génie intellectuel romain, ouvrent sur l'ère du mariage politique entre celui-ci et l'idéologie du Christianisme, tend à faire oublier la longue lutte et l'ardu combat qui ont mené à ce triomphe et, ce qui est peut-être encore plus important, en quoi les idées chrétiennes étaient un véritable parachèvement de la pensée antique et l'accomplissement de tout ce que l'idéal des temps archaïques laissait à espérer de meilleur pour le monde, tel que le Judaïsme et son monothéisme de l'Être, de la Vie et de l'Amour pouvait le transmettre et le réaliser.» — Plérôme.
«La moralité, c'est la Vie qui agit dans le sens de sa propre actualisation, de sa propre réalisation et de sa propre plénitude.» — Plérôme.
«L'enfer déchaîné se manifeste par l'injure et l'infamie, et par conséquence la souffrance et l'humiliation, sans qu'elles ne fussent fondées par aucune cause morale ni justifiées par aucune raison vérifiable, de sorte qu'elles apparaissent comme étant aléatoires et en dehors de tout état juridique.» — Plérôme.
«L'État est une microcosme aristocratique à l'intérieur de la société — c'est-à-dire qu'il incarne, ou prétend incarner, les idéaux que la société considère comme étant les plus élevés possibles —, et qui se pose en modèle pour le macrocosme qu'est la société, de manière à faire être et exister celui-ci, ainsi que les peuples qui le constituent, de la manière la plus parfaite qu'il lui est possible d'atteindre.» — Plérôme.
«L'on peut comprendre le droit selon deux aspects: le droit qui s'exerce effectivement; et le droit qui assure qu'existent les conditions naturelles et sociales pour qu'un tel droit positif et actif puisse se trouver à opérer à l'intérieur de la société. § Or, le droit contient implicitement en lui-même le critère de son propre accomplissement, puisque seule une expression achevée du droit peut être considérée comme représentant adéquatement le droit. De sorte que le droit ne peut signifier rien moins que son illustration parfaite et accomplie, autant dans le principe qu'il défend que par la manière formelle de l'assurer et de le défendre, autrement il ne saurait s'agir de droit, mais simplement d'un ersatz de droit, ou une forme incomplète du droit, un droit imparfait réalisant en effet un oxymore. § D'où il en résulte que ce que l'on nomme ordinairement le droit au premier sens n'est en réalité qu'un droit au second sens, en l'absence de la perfection à laquelle il ne saurait que prétendre, un droit qui assurera qu'existent et prévalent les conditions autorisant à l'avènement du droit au premier sens.» — Plérôme.
«L'individu à qui échappe la possibilité d'exprimer la sincérité et l'authenticité ne saurait se prévaloir des conditions dont l'effectivité repose sur la disposition et l'aptitude à exemplifier ces qualités, en raison de projeter une fausseté apparente qui se dégagerait de l'attitude apportée aux situations.» — Plérôme.
«L'abêtissement procède d'une rupture significative dans le champ de l'expérience vitale; l'abrutissement, de son appauvrissement; l'un consiste dans la discontinuité privative de l'expérience formative elle-même; l'autre est simplement une réduction de sa qualité, susceptible d'engendrer une sous-développement et par conséquent une sous-utilisation des ressources de la personne apte à la subir. Et tous les deux produisent au plus haut degré un effet désolant sur l'individualité, plus ses victimes sont jeunes au moment de son incidence, pour celle-là; et de l'apparition de ses premières manifestations, pour celle-ci.» — Plérôme.
«La perspective pragmatique, qui pour l'essentiel estime la valeur d'une mesure à la possibilité de sa réalisation effective, a modifié radicalement la théorie où le droit prime la force, laquelle fait reposer le droit sur la validité d'un principe universel et éternel, indéniable et incontournable, pour lequel la force devient l'outil de sa défense et de sa préservation, et l'a fait basculer vers celle où la force prime le droit, pour éventuellement se substituer à lui et constituer son propre droit, le définissant effectivement, sinon exclusivement, par l'exercice de sa prépondérance et de sa violence.» — Plérôme.
«L'ordre social contemporain trouve un analogue dans la pensée qui préside à ses structures architecturales: assez forte pour résister aux intempéries et aux vicissitudes du temps, sauf à des cataclysmes d'une trop forte intensité, mais assez fragile pour céder aux forces entropiques de la décadence ou répondre aux besoins nouveaux d'un aménagement urbain. Et il se distingue de l'ancien par ce que celui-ci, comme ses édifices et ses constructions, étaient constitués pour durer indéfiniment, aussi loin dans le temps que prévisible, c'est-à-dire pour toujours, en l'absence de forces naturelles prépondérantes, se produisant d'une manière inattendue et au hasard des humeurs divines qui les excitent.» — Plérôme.
«L'unique raison d'être de la philosophie, telle qu'elle était conçue dans l'Antiquité: la vérité, toute la vérité et seulement la vérité, à tous les plans du réel immanent et de l'idéel transcendant.» — Plérôme.
«Un conservatisme qui s'acharnerait à soutenir et à défendre l'iniquité, déjà présente à l'intérieur d'un ordre social, serait tout aussi répréhensible que ne le serait un libéralisme qui se donnerait pour fin de l'apporter et de l'instaurer.» — Plérôme.
«Une double erreur, commune mais non moins déterminante de la philosophie: croire que, parce qu'une chose est indémontrable, elle serait inexistante et digne de considération; et croire que, parce qu'un sentiment est éprouvé, il correspond nécessairement à une réalité en tout conforme à la qualité et à la nature de cet affect.» — Plérôme.
«Garder silence sur une chose, ce n'est pas ipso facto la nier ou encore exprimer un désir de l'occulter, mais peut-être simplement ne pas vouloir former un jugement définitif sur une situation ou un problème complexe de manière à ne pas en fournir une théorie suffisamment adéquate, i.e. complète, compréhensive et approfondie.» — Plérôme.
«L'ignorance est comme une bête féroce dont on ne saurait dire parfois si c'est elle que l'on traque et poursuit, pour en dissiper l'illusion fatale ou si c'est elle qui nous poursuit, pour encore mieux nous engloutir dans son doux cauchemar de fictions, de mensongères et approximatives, insupportable pour un esprit droit et intègre.» — Plérôme.
«Si difficile que fût la conception et la formulation de l'universalité de la loi, comme étant celle qui prévaut à l'échelle de l'univers et qui vaille pour tous les mondes et pour tous les temps, pour toutes les cultures et pour toutes les époques, pour toutes les sociétés et pour tous les moments de son histoire, sa réalisation et l'appréciation juste et adéquate de celle-ci s'avèrent encore plus complexes et problématiques, puisque son application est toujours particulière et peut donc revêtir une diversité de formes et de manières d'expression dont il s'agirait alors d'en découvrir les instances d'une manifestation appropriée.» — Plérôme.
«Autre chose, parfois, l'idéal que l'on sait; autre chose, encore, l'idéal que l'on vit.» — Plérôme.
«L'histoire des révolutions de l'humanité se réduit pour l'essentiel à cet unique principe politique, i.e. la substitution à l'ordre divin, fondé sur une conviction de l'existence de la Divinité et sur un idéal de vie qui en procède, d'un ordre humain qui renvoie uniquement à une perspective physique de l'existence que l'homme est susceptible de perfectionner par ses facultés, d'ordonner par sa raison, pour le plus grand bien de ses semblables, sans pour cela requérir la perspective surnaturelle afin de parvenir à cette fin. § Or ce qui vient mettre un terme à une conception strictement immanente, aveugle à toute action transcendante et providentielle sur le monde, c'est l'échec des civilisations qui se substituent les unes aux autres avant d'être elles-mêmes remplacées par de prochaines, sans qu'en résulte pour l'humanité une annihilation complète, dans la déchéance progressive qui serait censée en résulter pour elle, en raison de l'apparition toujours inespérée d'une individualité qui, se réclamant de la Divinité, et au nom de celle-ci, donne un moyen à l'humanité d'échapper à un sort ou à une fatalité qui lui semble inéluctable. C'est une constante trop grande dans l'histoire des peuples pour qu'on en ignore, ni la vérité, ni la présence fortunée, ni le caractère extraordinaire, pour ne pas dire inexplicable, et pour laquelle la conception physique n'offre aucune explication plausible, sauf à s'en référer à un hasard impersonnel et informel.» — Plérôme.
«Comment sait-on si l'on sait ce que l'on devrait savoir ? Comment reconnaît-on si autrui sait ce qu'il devrait savoir ? Comment déterminer, pour soi comme autrui, ce que l'on devrait savoir ? Et comment l'apporter comme le recevoir de lui ? — n'est-ce pas le problème que posait Pilate lorsqu'il adressa un jour son fameux: "mais qu'est-ce que la vérité" ? » — Plérôme.
«Le principe pédagogique qui énonce que l'on doive procéder du connu pour graduellement accéder à l'inconnu peut sembler impraticable lorsque le connu dont on dispose est à ce point vaste et englobant que l'on risque d'épuiser toutes nos ressources en temps et en puissance intellectuelle pour l'embrasser adéquatement et y construire l'architecture d'un savoir futur qui ne soit pas une simple répétition des connaissances préalablement acquises et aujourd'hui tombées dans l'oubli.» — Plérôme.
«Accepter avec joie la Création, comme étant un présent inespéré octroyé au hasard, mais nier le Créateur, tout en comptant sur sa générosité constante et inépuisable, telle semble être l'attitude courante avec laquelle l'humanité reçoit la bonne fortune de son existence, une disposition qui semble fondée dans l'instinct qui gouverne sa volonté de vie et de survie.» — Plérôme.
«Dans un régime où règne l'insuffisance, la seule vérité qui compte vraiment est celle, pratique, qui procurera la fin de cette insuffisance; mais c'est à l'intérieur d'un régime où règne l'abondance que la vérité dans le plein sens du terme en vient à prendre toute l'importance qui lui revient.» — Plérôme.
«Que dire de la situation où ces dames ne se rendent fleurs que pour mieux être piétinées ou foulées au pied; oiseaux, libellules ou papillons pour être abattues ou attrapées au filet; toutes petites et fragiles pour être blessées et abandonnées ?» — Plérôme.
«La religion, par un effet de méditation historique, et s'appuyant sur l'intuition ainsi que l'inspiration que procure un désir d'intelligence, compréhensive et essentielle ainsi que profonde et significative, sur la nature de la vérité, cherche à apercevoir, à connaître, à énoncer et à enseigner ce que serait la vérité; la philosophie, quant à elle, en admettant que l'accession à cette vérité fût possible, tente de définir quelles seraient les conditions, à la fois suffisantes et nécessaires, susceptibles d'être rencontrées pour que l'on puisse tenir une vérité religieuse pour être authentique et recevable.» — Plérôme.
«Satan, c'est la comédie consommée du Bien, dans l'attente du moment où pouvoir faire sévir le Mal (comme étant une privation plus ou moins sévère du Bien).» — Plérôme.
«Le sentiment de l'unicité, singulière et essentielle, de soi est une procession de la subjectivité qui caractérise une conscience de soi; l'observation et la conclusion d'une généralité de traits et de caractéristiques, se distribuant plus ou moins largement, pour distinguer une singularité, ou un ensemble de celles-ci, résulte de l'objectivité de l'être placé devant la conscience et distinct de celle-ci, en laquelle on peut, ou on peut ne pas, reconnaître une connaturalité. Tels sont les termes de la question de la complémentarité ou de la distinction radicale de la subjectivité et de l'objectivité.» — Plérôme.
«La hiérarchie des hommes peut s'établir, soit selon le bien accompli et les bienfaits accordés; soit selon le mal réalisé et la malveillance répandue. Il est inutile par ailleurs d'ajouter que, sur le terrain de la condition humaine, les essences recherchées, sur lesquelles fonder la besogne qui définisse la nature morale de l'action opérée se distingueront radicalement pour l'une et l'autre disposition alors que le germe du bien et de la bonté, fécondant celui d'une fragilité et d'une vulnérabilité reconnues, sera du premier type d'action et que la graine du mal et de la malfaisance sera du second.» — Plérôme.
«La justice proportionnelle, sur le plan de l'amour mutuel et réciproque, se réalise pleinement lorsque l'homme est pour la femme aussi homme pour elle que la femme sera femme pour lui, étant compris par là qu'ils entreront non pas dans une relation de concurrence, mais d'émulation, non pas une actualisation que conditionnent les expectatives sociales, contingentes et éphémères, mais une réalisation des virtualités les plus intimes et les plus profondes dans le sens d'un achèvement et d'une perfection accomplis.» — Plérôme.
«On ne saurait frimer avec la vérité, ni même chercher à le faire, ni même se sentir le besoin en ce sens, puisque la sagesse de la vérité est entièrement le propre garant d'elle-même, auquel l'histoire vient apporter le témoignage qui la fonde.» — Plérôme.
«C'est un sens inné qui nous enseigne que la liberté ne saurait se laisser réduire à n'être que l'occasion d'illustrer toutes les imperfection et tous les caprices imaginables, autant que l'irresponsabilité, l'ignorance et la sottise.» — Plérôme.
«La première révolution fut bourgeoise et constitua à substituer à la valeur liée au sang que l'on sacrifie réellement pour assurer le salut de ses proches et de la collectivité, celle que l'on accorde à l'or, sacrifié symboliquement dans l'échange commercial, en vue d'assurer la prospérité et la sécurité des contractants et de ceux qui participent entièrement et uniquement à l'esprit mercantile.» — Plérôme.
«Le libertinisme — le libertinage érigé en principe de la philosophie morale — est une forme de subversion, et peut-être la plus efficace, du tissu social idéal.» — Plérôme.
«Avec la séparation de l'Église et de l'État, une association qui reflète une réalité socio-politique qui remonte bien au-delà de la naissance du Christianisme, rappelons-le, car elle était fondamentale à l'existence de l'État gréco-romain, l'État ne saurait se permettre de trancher les grandes questions religieuses et morales — i.e. décider officiellement des valeurs transcendantes du Bien, du Vrai et du Beau — pour se contenter uniquement d'assurer sa propre préservation et sa propre subsistance. § Ainsi concevra-t-il comme crime uniquement ce qui remet en question son existence propre, sans se concerner de l'excellence avec laquelle il définit, parachève et réalise sa mission, même implicitement, car une telle activité relève en propre de la morale et de la spiritualité qui la fonde. Et comme celle-là reposera alors, d'une part, sur le fait accompli structurel et le statu quo moral, se fondant l'un et l'autre sur un pragmatisme idéologique et sur un opportunisme politique, et sur l'atomisation de toutes les qualités morales, à des degrés divers, selon le niveau d'évolution de la société, qui ne pourra entièrement faire taire sa propension au bien et à la perfection qui est requise pour assurer la pérennité de l'Église, cette disposition étant néanmoins immanente à la nature humaine, puisqu'elle ressort à une idéal de bonté toujours présent en l'être humain, l'État se verra donc inéluctablement utiliser à ses fins immédiates les hommes tels qu'ils sont dans l'immédiateté de leur existence — une attitude proprement amorale, mais qui révèle un parti-pris ontologique spécial —, pour tantôt mettre indifféremment le Mal au service du Bien, et tantôt faire du Bien un accessoire du Mal, le tout au nom de la préservation d'un état politique et social qui a pour finalité le bien de sa propre existence, comportant de nombreuses qualités, bien sûr, mais s'appuyant sur le mouvement implicite d'une immanence pour réaliser son entéléchie.» — Plérôme.
«Un paradoxe semble parfois refléter le rapport qui existe entre le sentiment et l'intelligence, alors que plus on sent se rapprocher d'une fin appréhendée et espérée, plus on s'en éloignerait; et plus on s'en éloignerait, plus en réalité l'on s'en rapprocherait.» — Plérôme.
«L'ironie de la situation, lorsqu'un propos intelligent reçoit une forme de publicité ou une autre, sans en dénaturer ni le contenu, ni la profondeur, c'est qu'il ne profite souvent pas à ceux qui mériteraient le plus d'en tirer une quelconque subsistance et qu'il avantage parfois ceux qui n'en dériveraient, sauf accessoirement, aucune utilité.» — Plérôme.
«Peut-être pourrait-on proposer que toute société se diviserait en six camps idéologiques fondamentaux, sans égard pour les noms qu'ils se choisissent pour décrire leur affiliation et leur association ou encore pour leur degré d'implication dans l'évolution politique du milieu à l'intérieur duquel ils sont agissant: les ultra-conservateurs qui souhaiteraient resserrer le statu quo, en le rendant plus imperméable encore au changement, afin de mieux consolider leur position existentielle — et celle de leurs semblables — à l'intérieur de celle-ci; les conservateurs qui, pour maintenir une situation actuelle, se contentent simplement de préserver le statu quo et de se défier de toute mesure, visant à le changer, en restant confiants que cette attitude rencontre l'aval de la citoyenneté; les libéraux, qui désirent un changement du statu quo de manière à pouvoir améliorer leur situation individuelle — et celle de leurs pareils —, tout en comptant sur l'assentiment de leurs concitoyens dans la défense de cette option; les ultra-libéraux qui, au nom du désavantage historique accumulé à leur détriment, souhaiteraient que s'instaure un changement radical susceptible produire un état qui jamais plus ne les désavantagerait; les réformistes qui, pour transformer le statu quo, évoquent des principes de justice englobants et nécessaires, susceptibles de transcender les situations et les circonstances particulières; et les ultra-réformistes, pour qui les principes de justice susceptibles de fonder et de justifier un statu quo procèdent d'une réalité éternelle et vraie qui en inspire l'actualité et l'expression et se fondent sur elle.» — Plérôme.
«C’est un bien triste État qui utiliserait les méthodes et les ressources matérielles, développées en vue du bien de la population, comme des techniques de gouvernance et de contrôle individuel et social, de manière à créer un réseau parallèle au système de justice qui lui seul a le droit de disposer, au nom de principes légitimes, de la sécurité et de la liberté des personnes.» — Plérôme.
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