mercredi 22 avril 2015

Euthúmèma XV (réflexions)

[Depuis le 22 avril 2015, avec mises à jour périodiques. — Since April 22nd 2015, with periodical updates.]

«Estimable critique qui met chaque sujet connaissant et judicieux sur le même pied, autant celui qui agit — et qui ajoute l'expérience de savoir être et de savoir réaliser à son coup d'œil — que celui qui se contente simplement de se constituer en spectateur et de soumettre la réalisation d'autrui à ses propres exigences idéologiques.» — Plérôme.

«L'opportunisme n'est pas l'absence totale de moralité, car il en suppose une certaine forme, celle qui consiste à agir moralement, lorsque cela sert ses intérêts, mais non dans le sens contraire; et à exiger d'autrui qu'il agisse moralement, sous les mêmes conditions, c'est-à-dire à peu près toujours, sauf lorsqu'une alliance préside à leur concertation, en lequel cas ce sera leur intérêt commun qui sera le premier servi. On peut alors aisément concevoir comment, lorsqu'une telle conception et qu'une telle attitude se généralisent à l'intérieur d'un groupe, d'une institution et d'une institution à l'autre, la gangrène de la corruption risque de se propager et d'être acceptée par l'ensemble comme entretenant l'illusion de vivre selon les préceptes d'un état social usuel, normal et juridiquement ainsi que moralement irréprochable.» — Plérôme.

«Une vie qui s'en prend à la vie se nie elle-même au nom à la fois de l'interdépendance des existences, de leur procession d'une source commune originelle, de leur nature semblable ainsi que du principe que l'on ne saurait sciemment ne pas être et prétendre participer aux prérogatives et privilèges de l'être, proportionnellement à l'absence d'être qui est ainsi illustrée.» — Plérôme.

«L'imperfection qui se reconnaît et celle qui se nie; la perfection qui s'avoue et après laquelle l'on aspire, avec plus ou moins de succès à s'en rapprocher, et celle que l'on méconnaît et que l'on sacrifie à ses ambitions, voilà toute la différence entre l'insociable sociabilité de l'homme et sa sociale insociabilité.» — Plérôme.

«À l'intérieur d'une société formaliste, i.e. une société où l'extrémisme s'exprime par l'accent indu porté sur l'expression manifeste des formes sociales, il semblerait parfois qu'il serait plus louable d'être fautif dans les règles que de se montrer irréprochable hors d'icelles.» — Plérôme.

«La corruption sert de prélude à toute anarchie car, en désorganisant l'institution à laquelle elle s'attaque, elle affaiblit sa fonction d'ordonnancement et elle la distrait de sa mission ordonnatrice, dont elle fait la promotion par les moyens par lesquels elle se met au service du Bien, de sorte que là où la forme du Bien opérait son action bienfaisante n'existe plus qu'un vacuum que le désordre comble en l'envahissant et en exploitant ce vide de la bonté effective.» — Plérôme.

«Un principe heuristique: pour arriver à comprendre l'étiologie et la production d'un phénomène, positif par sa présence ou négatif par son absence, l'on devrait chercher d'abord son explication par les causes rapprochées pour, les ayant soit élucidées, soit éliminées, comme hypothèses sur sa production, remonter jusqu'aux causes les plus éloignées, lorsque celles-ci ne sont pas produites, ni originellement, ni spontanément ou d'une manière incomprise ou ignorée.» — Plérôme.

«Toute forme de changement produit ses bénéficiaires et ses désavantagés, puisqu'il ne saurait avantager tous ceux qui sont touchés par lui, de sorte qu'il importe de savoir quelle est la nature du changement proposé et du bien visé avant de décider si oui ou non il serait légitime d'apporter l'amélioration que l'on se résout à accomplir. Ainsi, une approche prudente au changement bannira-t-il le radicalisme du principe du changement pour le changement comme, selon une perspective méliorative, il s'abstiendra d'adhérer à celui de la préservation du statu quo au nom du statu quo même.» — Plérôme.

«Cela requiert plus que l'humilité la plus pure et la plus sincère que se laisser gouverner par moins sagace et moins intelligent que soi, c'est-à-dire un esprit de mortification avéré, alors que l'on se trouve dans l'obligation, non seulement de pactiser avec des principes douteux et non éprouvés, mais encore d'en subir les effets imparfaits et très souvent nocifs, proportionnels au degré d'incomplétude morale et effective de l'agent susceptible de les produire, sans espoir qu'ils soient reconnus pour tels, car n'étant point susceptibles d'avouer une autorité extérieure qui soit légitime dans sa prétention à statuer en ce sens.» — Plérôme.

«Est-il pire (ou mieux) pour un peuple de voir un ordre légitime, formé sur des siècles et même des millénaires par une sagesse transcendante, être renversé par une conquête qui en asservit les dirigeants, s'approprie les biens hautement désirables de la population et substitue au droit existant des principes formels aliénants et oppressants, en raison de refléter un esprit étranger et peut-être même peu enclin à reconnaître en celui-là, le cas échéant, des principes encore plus élevés que les siens au détriment d'intérêts immédiats et ancrés dans l'histoire ancestrale du conquérant; ou par une révolution qui en chasse les autorités et impose au peuple une manière de gouvernement qui en transforme radicalement la coutume, en raison d'une idéologie novatrice, particulière et se définissant comme négatrice du passé.» — Plérôme.

«Le négativisme devant l'évolution saine des choses, un trait qui caractérise l'État monolithique souvent associé à un État oppresseur, servira parfois de prélude, à plus ou moins brève échéance, en l'absence de réformes salutaires et bénéfiques, à un état de trouble, d'anarchie et de révolution.» — Plérôme.

«Pour ne pas savoir faire la différence entre un monarque et un tyran, il sera difficile, dans la conception philosophique de la politique qui serait censée régir les consciences et les cœurs pour le plus grand bénéfice de tout un chacun,  distinguer entre la sage et naturelle anarchie de l'amour, qui se fonde sur l'honneur et la vertu pour faire évoluer les ordres rationnels trop arides et rigides, et l'amour passionné et incivil de l'anarchie, qui repose sur l'intérêt abusif et sur le désir excessif.» — Plérôme.

«C'est en vérité un perle rare que celui (ou celle) qui prend l'initiative de la découverte de soi, de ses virtualités, de ses qualités et de ses possibilités auparavant insoupçonnées, en vue de les développer et ainsi de se perfectionner, alors que la disposition la plus ordinaire serait d'attendre que s'imposent les événements et les circonstances qui confirmeront éventuellement la personne dans sa réalisation actuelle, mais aussi, à l'occasion, par les épreuves qui les accompagnent et en procèdent, ébranleront les habitudes incrustées, les convictions superficielles, les idées reçues ainsi que les manières d'être coutumières.» — Plérôme.

«Pour un scientifique, ce qui constitue une coïncidence, voire particulièrement singulière et heureuse, devient pour le philosophe l'objet d'un émerveillement et d'une interrogation sur sa raison d'être (le principe de raison suffisante) et sur sa signification (la question de l'exercice du principe de la raison dans la nature). / For the scientist, what constitutes a coincidence, albeit particularly singular and fortunate, become for the philosopher the object of astonishment and of a question of its reason for being (the principle of sufficient reason) and of its significance (the question of the exercise of the principle of reason in nature).» — Plérôme.

«L'apport du Christianisme à la science politique, i.e. à l'art de régner et de gouverner, a été la substitution du principe transcendant et immanent de l'amour (pur, vertueux, innocent et désintéressé) comme étant le fondement des rapports personnels et civiques, à ceux qui étaient auparavant favorisés, c'est-à-dire à ceux de la domination, de la crainte, de la violence, de la luxure, de la ruse, de l'intérêt et de l'impiété, pour celle-ci à la fois horizontale et verticale.» — Plérôme.

«Il y a une démonstration philosophique qu'il importerait de faire, comme quoi sont interchangeables les propositions «Je vis car je suis» et «Je suis car je vis» et que découle de celles-ci le «Je pense, donc je suis» de Descartes, en tant que ce terme illustre la vie et l'être se réalisant.» — Plérôme.

«La révolution noétique de la pensée spirituelle Occidentale, héritière de la pensée Grecque, ce fut d'avoir fait, de la raison, le siège, et non l'instrument, de l'âme.» — Plérôme.

«Un argument théo-philosophique: la piété est à l'adoration comme l'amitié est à l'amour; sa contrepartie philo-théologique: l'adoration est à la piété ce que l'amour est à l'amitié.» — Plérôme.

«L'homme étant un être politique et social, l'épreuve la plus difficile à supporter pour lui, ce n'est pas d'avoir à faire face à l'épreuve, car c'est le lot de l'homme d'avoir à opposer ses ressources en courage, en force, en civilité et en ingéniosité aux contretemps qui inévitablement conditionnent son existence, mais d'avoir à surmonter seul ces obstacles, jusque dans l'abandon le plus complet, sans aucun appui ni secours, et avec pour seul ami le monde transcendant de la Divinité.» — Plérôme.

«Une hypothèse historique: on pourrait désigner comme étant un nœud socratique, pour une culture, un point de décadence telle que seul le sacrifice d'un homme semblerait être le remède adéquat à prévenir l'inéluctable sombrement de celle-ci dans la disparition et dans l'oubli. De tels nœuds seraient identifiables à l'époque de Socrate lui-même — d'où l'appellation pour caractériser ce phénomène —, de César, de Jésus, de Constantin XI, de Jeanne d'Arc, de Montcalm, de Louis XVI, de Lincoln, de Riel et des frères Kennedy, pour ne nommer que celles-là. Ce seraient les mots de Protagoras («L'homme est la mesure de toute chose») et de Caïphe («Il vaut mieux que meure un seul homme qu'un peuple tout entier») qui caractériseraient le mieux l'esprit dans lequel la conscience culturelle baigne en ces moments, dont naîtront des sentiments nouveaux et des doctrines nouvelles, qui se proposeront d'être salutaires, par la transformation du paysage idéologique qui en résulterait pour la culture et peut-être même pour l'humanité entière.» — Plérôme.

«Aucun lombric ne s'offusquerait si on le traitait de ver de terre, mais peut-être témoignerait-il d'une indignation légitime, si on le faisait passer pour un vermisseau ou un microbe.» — Plérôme.

«La paix, l'ordre et le bon gouvernement (Art. 91 de l'Acte constitutionnel du Canada de 1867): quelle paix est possible sans la vertu qui la poursuit; quel ordre, sans le droit qui le fonde; et quelle bonté dans le gouvernement, sans l'amour qui l'inspire? / Peace, order, and good government (§91 of the Canadian Constitution Act of 1867): what peace is possible without virtue to pursue it; what order without right to ground it; and what goodness in government without love to inspire it ? » — Plérôme.

«La vénalité de la Sagesse, par ceux qui étaient réputés et moralement tenus d'en témoigner, fut la première étape dans la neutralisation de la dimension morale de la philosophie, qui était le point d'articulation par lequel cette discipline rejoignait une conception religieuse saine (puisque bienveillante) et positive (puisque bienfaisante).» — Plérôme.

>>> «La philosophie, c'est la quête de la vérité pleine et intégrale (ce qui constitue son activité essentielle), en vue d'en réaliser effectivité la bonté (ce qui en cerne la finalité morale) au moyen d'une action complète et appropriée (ce qui en produit la finalité esthétique). Ainsi l'activité philosophique vise-t-elle à combler un manque réel — la présence de la bonté actualisée ou l'amélioration possible des formes actuelles qu'elle prend — en imaginant cet acte dans l'intelligence — par la vision de ce que serait cette bonté virtuelle (ou idéelle) qui lui conviendrait — pour ensuite lui donner corps — en lui conférant une forme adéquate et en instantiant ce qui en serait l'expression et la contrepartie esthétique.» — Plérôme.

 «Le scientifique est celui qui, étant devenu conscient des espaces illimités de l'univers et de sa durée infinie, n'en dépasse pas les confins car ils représentent pour lui un horizon suffisamment éloigné dans tous les sens, spatiaux comme temporels, pour qu'il se contente d'y habiter et d'en maîtriser la réalité, par la science et la technologie qui procèdent de son activité. § Le philosophe est celui qui, réalisant le pouvoir de l'esprit à transcender cette réalité par le pouvoir de ses facultés et de se situer en dehors de celle-ci en vertu de cette aptitude, voit dans cette capacité consciente quelque chose de plus englobant et de plus vaste encore que l'univers, de sorte à s'interroger sur ce qui a pu le précéder et ce qui lui succédera; ce qui est aux confins de sa finitude comme cause et agence et comme effet et terme; ce qui a procédé à son origine et ce qui guide sa direction, comme ce qui lui donne un sens, car cette recherche de sens et de signification fait aussi partie de la disposition inhérente à sa constitution spirituelle. § Et là où le philosophe et le scientifique se rencontrent, c'est sur le terrain de la mathématique, à la fois symbolique, schématique et idéelle, qui permet de percevoir la finitude et la temporalité de l'univers, malgré les ordres de grandeur et de durée concrètement inconcevables et sensiblement inimaginables, et qui laissent entrevoir où se termine la science positive et où commence la philosophie.» — Plérôme.

«Sous certains égards, la parenté entre l'historien et l'acteur est très étroite: car alors que celui-là interprète les événements du passé, par les connaissances qu'il en acquiert par les documents et les artefacts, les archives et les vestiges ainsi que par l'identification subjective aux personnages qui les auront vécus, celui-ci s'identifie aux personnalités qui ont habité l'espace existentiel révolu, en se laissant infuser de leur histoire, telle qu'ils s'imaginent ils pourraient l'avoir vécue, et cela pour leur donner vie, ainsi qu'aux époques qui ont vu s'achever leur existence.» — Plérôme.

«Tous ont un avenir: sachant cela, la question qui s'impose devient alors celle de savoir quel avenir chacun se  prépare-t-il individuellement à vivre et quel avenir les dirigeants préparent-ils collectivement pour tous.» — Plérôme.

«L'enjeu de la vie ne peut être que la vie elle-même: jouer celle-ci, contre une manière plus artificielle, quoique plus glamour, d'en vivre l'expérience, c'est non seulement la dévaloriser et la mépriser, c'est encore faire preuve de l'irresponsabilité la plus totale. Seul l'idéal de la plénitude de la vie vaut la peine d'être poursuivi: or celui-ci ne s'atteint qu'au prix des efforts les plus sérieux et des engagements les plus profonds,  dans le sens d'une élévation de l'âme et de l'esprit, et ne saurait faire l'objet d'une attitude désinvolte envers elle, comme l'idée de jeu pourrait le suggérer.» — Plérôme.

«La force et l'intensité de l'événement ou de l'expérience, comme l'horreur et la laideur des situations et et des occasions, par les sentiments puissant qu'elles font surgir en la conscience et qui restent imprimées dans l'imagination et la mémoire, occultent souvent les causalités spirituelles et les agences intellectuelles qui, le cas échéant et à défaut d'évoquer l'ambiguïté nébuleuse du hasard pour en fournir l'explication, pourraient être responsables de leur occurrence à l'intérieur du champ historique.» — Plérôme.

«Il semblerait parfois que plus on énonce la vérité, plus on s'en éloigne ou moins on cherche à s'en rapprocher, peut-être afin de s'en forger une version alternative, plus recevable par la forme de piété que revêt la conscience.» — Plérôme.

«Hormis la poursuite constante et l'illustration sérieuse de la vertu, tout alors repose, pour assurer l'estime que l'on souhaiterait récolter, sur la culture et le maintien continu de l'image.» — Plérôme.

«L'approche véridique: il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué; l'approche réaliste: il ne faut pas tuer l'ours avant d'en avoir vendu la peau.» — Plérôme.

«Le corollaire de la doctrine de la Rédemption c'est que, avec le rachat et le pardon des fautes, autant l'humanité entière que les particuliers sont appelés à retrouver l'état d'innocence et de pureté originelles qui leur appartenait au départ.» — Plérôme.

«Le pouvoir dont on dispose est celui de pouvoir transformer les choses et de les rendre à sa propre image, c'est-à-dire celle qui convient le mieux à l'essence de l'individualité qui est la nôtre, ce qui sous-entend que, dans un onde idéal, celle-ci serait la plus digne de laisser son empreinte sur les choses, autrement comment peut-on expliquer cette possibilité qui nous échoit. D'où l'importance pour certains de conserver le pouvoir à tout prix, de manière à ne pas perdre cet ascendant et à ne pas avoir à accréditer l'image d'autrui et l'empreinte laissée sur la réalité, de préférence à la sienne propre. Mais d'où aussi la résistance de certains d'avoir à assumer un très grand pouvoir, en raison de cette exigence de toujours être à la hauteur de l'idéal de soi-même, autant celui que l'on se sait, que celui que l'on sait nous sera prêté par l'ensemble de la société, selon une perspective qui risque d'exiger l'essence d'une perfection qu'il ne serait pas de notre pouvoir d'accomplir.» — Plérôme.

«Ce qu'il importerait de réaliser un jour, ce serait un traité sur les natures complémentaires respectives de l'homme et de la femme afin de rendre évidentes à l'un et à l'autre les ressemblances et les dissemblances formelles, sans que pour autant ne soit compromise leur capacité à la symbiose, à la coopération et à l'harmonie dans les rapports intimes, personnels et sociaux.» — Plérôme.

«L'exception qui est conforme à la règle, voilà ce qui est défendable, au nom de la possibilité qu'une règle pourrait ne pas prévoir toutes les conditions sous lesquelles le bien qu'elle aspire à encourager pourrait se réaliser; mais l'exception qui devient la règle, voilà ce qui deviendrait plus douteux, puisqu'une telle éventualité l'illustrerait à la fois qu'une règle serait, soit trop étroite pour prétendre à être un principe susceptible d'être généralisé; soit trop imparfaite pour inspirer ou contraindre les conduites.» — Plérôme.

«L'Enfer est le reflet en tout du Ciel, sauf en l'essence qui en est l'amour et la substance qui en est la vertu, réellement et non simplement apparemment, et peut-être même en offre-t-il une image plus accomplie, pour continuer à justifier son existence, en comblant ainsi le manque qu'autrement il ne saurait effacer.» — Plérôme.

«Tels sont ceux qui, le cas échéant, se feraient un point d'honneur et mettraient tout leur génie à ne rien accomplir, à rien ne laisser s'accomplir et à volontiers accueillir des accomplissements qui semblent surgir comme par magie, au nom d'un crédit qu'ils ne refuseront en aucun temps d'endosser.» — Plérôme.

«La supposition raisonnable — qui est en même temps celle qui caractérise l'idéalisme commune à la pensée adolescente — serait que la vérité, une fois découverte, reconnue et adéquatement communiquée, devrait emporter, sur la seule puissance de la valeur épistémologique de son contenu, qui est en même temps l'illustration exprimée d'un moment du Bien, l'aval des consciences qui sont exposées à elle et transformer la réalité en fonction des hauts principes qui en sont l'essence et qui en constituent l'évidence. § Mais hélas !, l'on s'aperçoit bientôt avec le passage du temps, qui est celui d'une immobilité, et même en allouant pour une inertie, nécessaire à mettre en branle l'infrastructure qui supporterait la fausseté dépassée ou réfractaire à ce qui en constituerait le dévoilement, que l'état actuel demeure inébranlable et que cette résistance en serait le gage de l'infaillibilité prétendu, à laquelle l'on continue de s'accrocher comme à une bouée de sauvetage, malgré toutes les faussetés qui résulteraient de se perpétuer en raison de cette obstination. § Telle est la première découverte de la pensée adolescente, lorsqu'elle se heurte, malgré toute son innocence, au monde «adulte» des compromis et des pactes avec une coutume qui s'est départie du facteur dynamique d'une évolution vers une perfection toujours plus accomplie, fondée sur l'esprit de travail et de créativité.» — Plérôme.

«L'évidence, c'est la vérité qui s'aperçoit et qui s'appréhende spontanément et sur laquelle il est possible d'échafauder une intelligence juste et complète de la chose qui en fait l'objet; l'axiome, c'est l'évidence qui acquiert un statut formel, par la coutume et par l'enseignement qui en perpétue l'instanciation collective, en vue de fonder un corps de savoir certain et indubitable.» — Plérôme.

«On oppose souvent la vérité absolue et insaisissable aux vérités simples et originales, même si elles sont souvent incomplètes, comme un moyen de garantir un ascendant préalable qu'offre la possibilité de contempler celle-là, sans offrir en contrepartie une conception qui, accréditant  celle-ci, lui permettrait de s'engager sur la voie d'une conception de plus en plus abstraite, vaste et compréhensive.» — Plérôme.

«L'État s'oppose toujours au Royaume dont il est la fonction administrative en vue de sa préservation et de son développement, en conjonction avec l'assurance du bien-être et du bonheur ensemble de ses citoyens et sujets, comme de l'accomplissement de sa possibilité, telle qu'elle se révèle dans son histoire, et sa destinée historique et spirituelle, telle que le cours de son histoire la révélera, en vue du meilleur bien possible susceptible d'être réalisé en vertu d'un idéal commun et d'une vision d'ensemble qui la situe parmi celles de toutes les cultures et de toutes les civilisations qui en influencent la croissance et qui l'ouvrent sur l'universalité des valeurs et de la vérité susceptible d'assurer la coexistence harmonieuse dans la mutualité et la réciprocité des rapports constructifs.» — Plérôme.

«Une société qui se fonde sur la somme de tous les égoïsmes — de tous les bonheurs particuliers dont chacun s'estime, sans égard pour autrui, le seul responsable — est vouée à l'atomisme individualiste; celle qui se fonde sur la dissolution de la Vérité, au nom de vérité publiées ou émanant de traditions plus anciennes, se voue à l'anomie; seule une société qui se fonde sur l'amour de Dieu et du prochain, du principe Suprême dont découle tous les autres principes, y compris la Vérité, et d'autrui comme étant un reflet de soi, c'est-à-dire procédant, comme soi-même, de la réalité unique et suprême de Dieu, a quelque chance d'assurer à elle-même et à sa progéniture, une finalité adéquate à ses plus hautes virtualités.» — Plérôme.

«Le bien-être, le bonheur et l'accomplissement sont les trois états de la réalisation de toute chose, qu'elle soit considérée dans sa généralité collective ou appréhendée en vertu de sa spécificité individuelle.» — Plérôme.

«L'évolution du concept de République s'est accomplie en fonction du changement de sens qu'a pris la «chose» publique qui en est l'objet: lorsqu'il fut spirituel et métaphysique, la République s'occupa plus volontiers de la destinée morale et transcendante du peuple et incorpora à sa vision une conception religieuse formelle comme étant seule apte à répondre à cette orientation; mais lorsqu'il devint matérialiste et physique, alors que l'on assiste alors à la séparation de l'Église et de l'État, la religion, ainsi que la moralité qui en découla, devint affaire de conscience individuelle et seules ne comptèrent plus que la sécurité et la protection des individus, des institutions et de leur avoir.» — Plérôme.

«La conjoncture est le terreau de la structure que l'on fonde, de celle qui se réalise et de celle qui un jour, trouvera son accomplissement, soit dans une fin transformative, soit dans une continuité indéfinie.» — Plérôme.

«L'art de faussement se constituer soi-même en victime s'oppose trop souvent à la réalité de la victimisation, qui toujours se fonde sur une forme ou l'autre que peuvent prendre la calomnie, l'adultération des apparences et la falsification des natures.» — Plérôme.

«Tout professionnel dont la vocation est de réaliser le bien et qui n'emploie pas tous les moyens, soit à remplir cette mission, soit à lever les empêchements à ce que s'accomplisse celle-ci, l'ignorance n'en étant pas la moindre d'entre eux, ni d'ailleurs la mauvaise volonté ou encore l'intérêt bien calculé, peut alors se dire le complice, voire passif, des agents qui sont la cause de son contraire.» — Plérôme.

«Il y a quelque chose de pervers à toujours vouloir interpréter les situations — les occasions et les actions d'autrui — dans le pire des sens plutôt que voir en elles les possibilités qui pourraient les mettre sur la voie d'une amélioration de leur état et d'un accomplissement de leur nature, dans l'acte de participer au perfectionnement de la réalité dont elles sont issues; comme il y a quelque chose d'arrogant à vouloir substituer sa volonté particulière à la volonté divine et de comprendre celles-ci uniquement à la lumière de ses propres désirs et de ses propres intérêts.» — Plérôme.

«Le mensonge, la calomnie et la diffamation, puisqu'ils s'adressent à l'esprit ainsi qu'à la personne morale, sont la première forme que prend l'acte de l'aliénation; le vol ou le vandalisme, qui s'adressent aux sens tout en agissant sur le monde objectal, la seconde; et la brutalité, qui prend à parti la personne physique, la troisième.» — Plérôme.

«L'absolutisation de l'État, sans reconnaître fidèlement d'Absolu réel qui puisse en fonder et en orienter le développement et l'accomplissement, non seulement ouvre-t-il la porte à tous les totalitarismes, mais encore rend-il impérative l'intégration physique de toutes les consciences à sa conception par essence imparfaite, puisqu'elle ne voit ni ne conçoit en aucune autre perfection que la sienne propre, le moteur d'une histoire effective, omettant surtout celles qui ont une véritable soif de l'Absolu, entendu dans son sens le plus vrai, le plus désintéressé et le plus légitime.» — Plérôme.

«Une puissance corrompue ne saurait exercer son autorité ou faire rayonner son influence dans le sens d'une vertu qu'elle ne cultive et qu'elle ne possède plus, d'où l'importance d'assurer que celle-là soit toujours pure et irréprochable.» — Plérôme.

«Que la division provînt de l'échec d'un Adam et d'une Ève à réaliser réellement leur couple ou qu'elle s'ensuivît d'un nombre encore plus grand d'amours malheureux et éplorés, parfois empêchés par la cruauté des hommes, dont le mythe et la légende ont conservé la mémoire — ceux d'Orphée et d'Eurydice, de Roméo et de Juliette, d'Abélard et d'Héloïse, etc. —, le défi plus que millénaire a consisté, pour l'homme, depuis les commencements immémoriaux de l'humanité, à retrouver l'unité que représente, caractérise et érige en modèle l'harmonie dans l'amour que figure la rencontre profonde, sincère, heureuse et complète de l'homme et de la femme, telle qu'elle se réalise en les personnes qui composent le couple.» — Plérôme.

«Si "le" politique, c'est la bonification des situations, des circonstances et des conjonctures en fonction d'un idéal et d'un accomplissement, collectifs et communautaires, appropriés à une République; "la" politique semble souvent n'être que la recherche de l'équilibre des intérêts, avec l'État qui semble alors se constituer en adjudicateur et arbitre entre les deux tendances, pour réaliser la spiritualité, la moralité, la virtualité et la possibilité de la société, qui à la fois procèdent de son mouvement et  inspirent celui, plus ou moins concerté, de l'ensemble.» — Plérôme.

«Le seul antidote à l'illusion bien produite et cultivée, c'est la vérité dans sa forme la plus pure et la plus authentique, tout en allouant pour une prétention si bien érigée et entretenue, qu'il pourrait sembler que jamais ne tombera le masque pour laisser voir le mensonge dans toute son effronterie et toute sa crudité.» — Plérôme.

«Ce sont les gens les plus conscients qui ont certainement le plus de responsabilités dans la formation et la société et de la culture (en raison du savoir privilégié auquel ils ont, en raison de leur conscience même, accès), mais il ne s'ensuit pas de cela qu'ils leur soit accordé plus de droits pour garantir leur effort, ni plus de reconnaissance pour en souligner la valeur  ni le mérite qu'il leur reviendrait de récolter.» — Plérôme.

«Peut-être pourrait-on considérer la proposition que la mort de l'idéal, qui fait suite au meurtre du modèle, pour lequel l'histoire n'a cesse de montrer, siècles après siècles, les exemples, serait grandement responsable du développement et de la propagation du sentiment d'anomie, de désœuvrement et de désaffection que vit actuellement notre jeunesse.» — Plérôme.

«La perspective sur le monde change, selon que l'on vive l'expérience que l'on en fait d'une manière inclusive — c'est-à-dire en appartenant à celui-ci et en participant à son action — ou selon qu'elle se vive en observateur, sans se sentir affecté par les états, le soubresauts et le mouvement du monde, à l'extérieur duquel l'on se situe: or comment la notion de l'âme, par les mouvements intérieurs et leurs extériorisations qui deviennent évidents à ceux qui le vivent, à la fois subjectivement et objectivement dans l'expérience partagée, peut-elle alors échapper à ceux qui en font partie prenante ? § Par ailleurs, on peut bien comprendre que l'attitude de froideur émotive et d'impassibilité qui accompagne l'individu qui se situe dans la seconde position, et dont c'est le devoir d'illustrer l'impartialité devant la réalité de son objet pour mieux encore l'interroger et la comprendre,  puisse l'amener, en l'absence d'un monde inclusif qui le nourrisse affectivement, à nier ou à douter de l'existence de l'âme et le mener à la conclusion qu'elle est simplement un fantasme de l'esprit. Ne pourrait-on pas voir alors en l'attitude scientifique, dont la manière d'être se généraliserait à l'ensemble de la société, la cause de la mort pressentie de l'âme, en raison de la négation et de la scotomisation que l'on fait de sa réalité, en se coupant soi-même de la possibilité de l'éprouver ?» — Plérôme.

«Il semblerait parfois que tous les crimes se justifient, pourvu que l'on y trouve son intérêt, mais parfois s'agit-il simplement d'assentir avec enthousiasme, à l'intérieur de ces moments de perturbation sociale augmentée, à ce qui serait l'apparence de l'exercice historique immanent d'une justice pour rétribuer tous les crimes qui restent impunis, tout en allongeant la liste déjà longue d'injustices commises, sans que ne puisse s'exercer aucune forme de justice formelle et transcendante réelle.» — Plérôme.

 «Que ce serait triste de songer que le pouvoir civil et politique puisse autoriser à toutes les libertés, à condition que par elles, et par l'exercice de la créativité qui l'accompagnerait, rien de conséquent ne puisse en résulter, et surtout d'une nature telle à cultiver les plus hautes formes du bien, telles qu'elles s'avéreraient possibles.» — Plérôme.

«Une quête de la vérité serait incomplète, et plus ou moins superficielle, selon une échelle de gradation qui illustrerait sa profondeur relative d'une situation à l'autre, si tout en poussant au-delà des apparences, pour en saisir les facteurs explicatifs et les causes sous-jacentes, elle ne s'intéresserait pas entièrement à l'appréhension et l'expression pleine et entière, complète et intégrale, de la vérité.» — Plérôme.

«Avant d'aborder la question de la fausseté et de la falsification, à savoir celle de l'action délibérée et intentionnelle de répandre à la fois ses sophistications et ses adultérations, ainsi que ses méthodes et ses procédures, il faudrait savoir ce qu'est la vérité dans toute la profondeur, la hauteur et l'extension de son essence et des possibilités de sa réalisation.» — Plérôme.

«Les seuls qui ont le loisir de douter de l'immense pouvoir de la femme, en bien ou en mal, sont ceux qui ne l'ont pas éprouvé ou dont l'esprit n'était pas suffisamment préparé pour le distinguer et le reconnaître.» — Plérôme.

«Lorsque l'on définit la politique comme étant l'art du possible, on définit par là également cette discipline comme étant pour essentielle amorale, et donc capable indifféremment du meilleur comme du pire, si l'on omet de voir en ce possible l'effort, l'engagement et le devoir de s'assurer qu'il s'oriente vers l'actualisation du plus grand bien concevable.» — Plérôme.

«L'anarchie essentielle, c'est le déni du droit, bien entendu et conçu sous sa forme la plus pure et la plus élevée.» — Plérôme.

«La liberté consiste en la possibilité effective, existant pour une chose — considérée soit sous sa forme individuelle, soit sous sa forme collective — à réaliser et à exprimer pleinement son état, dans le plus entier respect de l'état de l'ensemble; l'égalité, en la réalisation assurée de cette possibilité pour tous et pour chacun; la justice, en l'état actif et transcendant qui reflète adéquatement cette réalisation et qui en établit l'existence, lorsque celle-ci est entravée, ou qui la rétablit, lorsqu'elle est compromise. Et puisque la réalisation d'un état qui soit compatible avec celle des autres ne saurait se faire dans la négation commune et réciproque de leurs virtualités, il en résulte par conséquent que la tension mutuelle de ces réalisations vers l'accession au bien sera la condition transcendante de cette entéléchie.» — Plérôme.

«La grande question philosophique, qui accompagne et hante l'histoire de la philosophie depuis ses tout débuts, et dont les termes opposés sont aux fondements de la divergence entre Platon et Aristote, et plus profondément entre les Sages (sophoi) et les Sophistes (sophistès) est celle de la réconciliation du monde de l'idéal (de l'être de raison, de l'intelligible) et de celui de la nature (de l'être réel, de la positivité).» — Plérôme.

«Les trois vertus théologales illustrent quelles sont les trois états fondamentaux de toute vie pleinement vécue: la foi, c'est la connaissance et le savoir entiers et complets des lois qui gouvernent la Création, la Vie, l'âme et l'esprit, à la fois acquis par l'effort de l'intelligence et de l'infusion divine, que l'on nomme inspiration, l'espérance, c'est la confiance inébranlable et proactive que ces lois seront toujours agissantes et que, participant à même la nature des choses et des êtres, elles arriveront un jour à leur plein épanouissement, pour le salut et le bonheur de tous; la charité, c'est le sentiment qui doit inspirer, avec la grâce de Dieu, toutes les actions particulières, en confirmation de ces lois, et pour témoigner de la participation de chacun à leur accomplissement parfait.» — Plérôme.

«L'hystérisme manifeste un manque d'authenticité, spécifique à chaque individu qui en actualise la présence, celui de toujours se conformer à la moralité ambiante et d'agir de manière à faire ce que l'on attend de soi, non pas par devoir, non pas par conviction, non pas par dévotion, mais par volonté de survivance exclusivement, comme si la valeur intérieure de la personne et son aspiration à illustrer une véritable créativité ne sauraient justifier en elle-même la passion de l'existence qu'elle parvient à inspirer.» — Plérôme.

«Tout est si simple ... lorsque les choses, circonstances et situations ne sont pas en elles-mêmes compliquées et que leurs conjonctures et significations ont été clairement expliquées et rendue présentes à l'intelligence.» — Plérôme.

«La coïncidence est une positivité à laquelle on ne reconnaît aucune intelligibilité; la fantaisie est une intelligibilité à laquelle on refuse toute positivité: si l'on définit la philosophie comme étant une positivité susceptible de recevoir une intelligibilité; et l'art comme étant l'intelligibilité susceptible de se voir conférer une positivité; la coïncidence et la fantaisie deviennent donc les deux obstacles à ces deux disciplines, que seules l'histoire, par sa capacité illustrative et explicative, parviendra à dégager des écueils qu'elles dressent dans le cheminement de leur activité respective.» — Plérôme.

«Il est certes possible de s'améliorer d'un moment à l'autre, d'une circonstance à l'autre, d'une situation à l'autre, mais à la vérité, peut-on jamais faire mieux, à un instant précis, que son plus grand possible, lorsque l'on a investi tout son effort à réaliser celui-ci ?» — Plérôme.

«L'humilité de Dieu doit en effet être immense pour qu'Il se laisse découvrir dans la Création et que, se révélant à celle-ci, Il consente à se laisser réduire à la faible conception que peut En posséder l'homme, de Son essence, de Sa nature et de Son être en général.» — Plérôme.

«Le paradoxe de l'éducation: une éducation réussie mène à l'assimilation complète, par l'élève ou par le disciple, des hauts principes qu'elle parvient à inspirer et à inculquer en lui, mais alors ceux-ci deviennent invisibles aux yeux des témoins de sa conduite et de ses actions, qui peuvent inférer généralement de son existence seulement à partir de ses effets positifs et bénéfiques sur ceux-ci. § Ainsi, pour excellente qu'elle soit, sa publicité repose sur une action anonyme qui, dès lors qu'elle tentera de s'exhausser à l'ensemble, peut-être pour acquérir une reconnaissance par laquelle elle pourra poursuivre son action bienfaisante, elle diminue son efficace car, pour mieux s'ancrer dans la réalité pédagogique, elle fonde son action sur une attitude et une compétence qu'elle cultive certes, mais dans le sens idéalement de mesures discrètes et effacées. § En d'autres mots, en cédant à son désir d'être mieux connue, elle doit se priver du moyen par lequel elle mériterait de l'être, de sorte que sa reconnaissance intégrale, rendue difficile par cette abnégation intentionnelle qui se laisse deviner plutôt qu'elle n'incite à se faire connaître, repose réellement sur une perspicacité et une distinction qui échappent à la plupart, sauf aux consciences les plus sensibles et les plus perceptives.» — Plérôme.

«L'humanisme radical et intégral, exclusif de toute réalité transcendante, tout en reconnaissant implicitement la dimension transcendantale de l'homme, aboutit, comme chez Sartre, à un sentiment général et diffus d'un abandon, qui peut aussi, comme chez Sagan, prendre l'aspect d'un ennui, et qui est nul autre que la reprise de la thèse de la «soma sema» des Anciens (nommément Platon), où le corps est relégué à n'être plus qu'un tombeau (ou selon d'autres versions, une prison) et en même temps le signe de quelque chose qui est pressenti comme étant en-dehors et au-dessus de lui, mais sans intuition précise de la nature de cette chose.» — Plérôme.

«Tout commença avec Jean-Baptiste, dont le père Zacharie fut, en toute vraisemblance selon l'Évangile (Matthieu, XXXIII, 35), occis dans le Temple — comme Thomas Beckett, plus de onze siècles plus tard —, et finit avec Judas, dont les Évangiles et les Actes nous apprennent peu de choses; tout se continue par les Apôtres, les Pères de l'Église, les Docteurs de la Foi, les Saints et les Martyrs ainsi que le clergé dévoué et les fidèles inspirés.» — Plérôme.

«Le modèle, c'est celui ou celle qui, avec la grâce de Dieu, a réalisé au plus haut point les virtualités de sa personne et a démontré le plus grand courage dans cet accomplissement de manière à pouvoir, sans que cela ne fût son intention première, inspirer son prochain à savoir en faire autant.» — Plérôme.

«Le mythe raconte, sous une forme symbolique, l'événement de manière à encourager l'auditeur à en retirer une leçon de vie; l'histoire vise à reconstituer fidèlement l'événement de sorte à permettre que l'on puisse en extraire une morale; et la philosophie tente de saisir, dans leur essence, ce que sont l'histoire et le mythe, de manière à réconcilier la morale et la leçon que l'on serait susceptible de retirer de l'une et de l'autre.» — Plérôme.

«Placés que nous sommes devant l'évidence, l'on n'a d'autre choix que de comprendre que d'aucuns préfèrent agir selon le principe de l'imitation plutôt que vivre selon leur nature propre et à la hauteur de leurs virtualités les plus élevées: la question devient alors de savoir pourquoi l'on en vient à choisir la voie du grégarisme aveugle plutôt que celle de l'assomption et de la réalisation de son authenticité.» — Plérôme.

«L'on ne doit pas confondre les manifestations infiniment diverses de la Vérité, procédant de la créativité de l'Intelligence divine, ainsi que les interprétations les plus variées que celle-ci serait susceptible de recevoir, en raison même de cette diversité, avec les moyens également multiple, issus d'un génie au talent créatif indéniable, employés afin d'en fausser les principes et d'en altérer, parfois jusqu'au point de la falsification et de la méconnaissance, la substance éternelle et illimitée.» — Plérôme.

«Il y a dans l'hystérisme un refus ou une incapacité d'affronter les causes réelles des événements, des situations, ou des circonstances, soit en raison de la force et de l'intensité sensibles de l'expérience, soit en vertu de l'évocation émotive intense qu'elle provoque et qui renverrait à un souvenir mal assumé ou mal vécu, que l'on se refuserait alors de reconnaître in foro interno, soit parce qu'elle renverrait à un idéal précieux mais faussé, qu'il suppose ou non dans cette adultération une responsabilité morale à cet égard, imputable à la personne concernée ou à tout autre agent auquel l'on pourrait songer, avec les nécessaires rectifications qu'un idéal de justice élevé et qu'un rétablissement de l'ordre des choses présuppose en cette direction, avec l'investissement des ressources en temps et en énergie requis à cette fin.» — Plérôme.

«L'État qui ne redresse pas un tort commis envers un sujet lésé, alors même qu'il en reconnaît l'existence et qu'il en punit les auteurs, sciemment impliqués dans la commission de cette action, se rend indirectement un complice de ceux-ci, par le maintien du préjudice subi et du retard historique engendré qui en ont résulté pour la victime.» — Plérôme.

«La seule connaissance qui vaille d'être acquise est celle qui pénètre l'essence du monde, jusque dans ses mystères les plus élevés et dans ses arcanes les plus voilés, et en approfondit l'intelligence ainsi que la compréhension, de sorte à pouvoir en appréhender les principes et les lois, et surtout leurs raisons — autant leur raison d'être que celles qui en viennent à expliquer leur origine, leur nature, leur être, leur existence, leur destination et leur mouvement — de manière à établir la société, d'en inspirer la vie collective, dans l'épanouissement et l'achèvement des vies individuelles qui la composent et la constituent, et d'orienter son avenir et de lui donner une direction » — Plérôme.

«L'étant ne trouve et ne réalise son essence que dans le devenant, comme le devenant ne réalise son sens et sa finalité qu'en rapport à l'étant. Ainsi, nul étant sans devenir comme nul devenir sans étant, car ces deux concepts sont inextricablement liés en l'être qui, en leur absence, perd tout dynamisme (et, pour les êtres vivants, toute vie) pour se voir attribuer une fixité et une immobilité qui sont certes des illusions des sens, mais qui n'en fournissent l'explication ni des variations, ni de l'évolution, ni de la finalité, ni de l'accomplissement.» — Plérôme.

«L'évocation d'un moindre mal, si grand fût-il par ailleurs, ne devrait jamais réussir à occulter un mal plus grand encore, ou encore d'autre mots synchrones aussi importants, qui gagneraient à ne pas recevoir l'attention et les rectifications appropriées qu'ils mériteraient.» — Plérôme.

«Saint Augustin est à la fois un point d'ouverture et de clôture sur la période évangélique: d'ouverture, parce qu'il résume si bien le message évangélique avec son «Aime et fais ce que voudra»; de clôture parce que ce mot sublime tend à occulter le sens plénier dudit message, auquel se rattachent tous les témoignages vivants qu'il a suscités, jusqu'au sacrifice ultime qui en a découlé, et qu'en plus le monument qu'il a laissé, qui est sans nul doute un éloquent exemplaire de son génie intellectuel, en même temps que du génie intellectuel romain, ouvrent sur l'ère du mariage politique entre celui-ci et l'idéologie du Christianisme, tend à faire oublier la longue lutte et l'ardu combat qui ont mené à ce triomphe et, ce qui est peut-être encore plus important, en quoi les idées chrétiennes étaient un véritable parachèvement de la pensée antique et l'accomplissement de tout ce que l'idéal des temps archaïques laissait à espérer de meilleur pour le monde, tel que le Judaïsme et son monothéisme de l'Être, de la Vie et de l'Amour pouvait le transmettre et le réaliser.» — Plérôme.

«La moralité, c'est la Vie qui agit dans le sens de sa propre actualisation, de sa propre réalisation et de sa propre plénitude.» — Plérôme.

«L'enfer déchaîné se manifeste par l'injure et l'infamie, et par conséquence la souffrance et l'humiliation, sans qu'elles ne fussent fondées par aucune cause morale ni justifiées par aucune raison vérifiable, de sorte qu'elles apparaissent comme étant aléatoires et en dehors de tout état juridique.» — Plérôme.

«L'État est une microcosme aristocratique à l'intérieur de la société — c'est-à-dire qu'il incarne, ou prétend incarner, les idéaux que la société considère comme étant les plus élevés possibles —, et qui se pose en modèle pour le macrocosme qu'est la société, de manière à faire être et exister celui-ci, ainsi que les peuples qui le constituent, de la manière la plus parfaite qu'il lui est possible d'atteindre.» — Plérôme.

«L'on peut comprendre le droit selon deux aspects: le droit qui s'exerce effectivement; et le droit qui assure qu'existent les conditions naturelles et sociales pour qu'un tel droit positif et actif puisse se trouver à opérer à l'intérieur de la société. § Or, le droit contient implicitement en lui-même le critère de son propre accomplissement, puisque seule une expression achevée du droit peut être considérée comme représentant adéquatement le droit. De sorte que le droit ne peut signifier rien moins que son illustration parfaite et accomplie, autant dans le principe qu'il défend que par la manière formelle de l'assurer et de le défendre, autrement il ne saurait s'agir de droit, mais simplement d'un ersatz de droit, ou une forme incomplète du droit, un droit imparfait réalisant en effet un oxymore. § D'où il en résulte que ce que l'on nomme ordinairement le droit au premier sens n'est en réalité qu'un droit au second sens, en l'absence de la perfection à laquelle il ne saurait que prétendre, un droit qui assurera qu'existent et prévalent les conditions autorisant à l'avènement du droit au premier sens.» — Plérôme.

«L'individu à qui échappe la possibilité d'exprimer la sincérité et l'authenticité ne saurait se prévaloir des conditions dont l'effectivité repose sur la disposition et l'aptitude à exemplifier ces qualités, en raison de projeter une fausseté apparente qui se dégagerait de l'attitude apportée aux situations.» — Plérôme.

«L'abêtissement procède d'une rupture significative dans le champ de l'expérience vitale; l'abrutissement, de son appauvrissement; l'un consiste dans la discontinuité privative de l'expérience formative elle-même; l'autre est simplement une réduction de sa qualité, susceptible d'engendrer une sous-développement et par conséquent une sous-utilisation des ressources de la personne apte à la subir. Et tous les deux produisent au plus haut degré un effet désolant sur l'individualité, plus ses victimes sont jeunes au moment de son incidence, pour celle-là; et de l'apparition de ses premières manifestations, pour celle-ci.» — Plérôme.

«La perspective pragmatique, qui pour l'essentiel estime la valeur d'une mesure à la possibilité de sa réalisation effective, a modifié radicalement la théorie où le droit prime la force, laquelle fait reposer le droit sur la validité d'un principe universel et éternel, indéniable et incontournable, pour lequel la force devient l'outil de sa défense et de sa préservation, et l'a fait basculer vers celle où la force prime le droit, pour éventuellement se substituer à lui et constituer son propre droit, le définissant effectivement, sinon exclusivement, par l'exercice de sa prépondérance et de sa violence.» — Plérôme.

«L'ordre social contemporain trouve un analogue dans la pensée qui préside à ses structures architecturales: assez forte pour résister aux intempéries et aux vicissitudes du temps, sauf à des cataclysmes d'une trop forte intensité, mais assez fragile pour céder aux forces entropiques de la décadence ou répondre aux besoins nouveaux d'un aménagement urbain. Et il se distingue de l'ancien par ce que celui-ci, comme ses édifices et ses constructions, étaient constitués pour durer indéfiniment, aussi loin dans le temps que prévisible, c'est-à-dire pour toujours, en l'absence de forces naturelles prépondérantes, se produisant d'une manière inattendue et au hasard des humeurs divines qui les excitent.» — Plérôme.

«L'unique raison d'être de la philosophie, telle qu'elle était conçue dans l'Antiquité: la vérité, toute la vérité et seulement la vérité, à tous les plans du réel immanent et de l'idéel transcendant.» — Plérôme.

«Un conservatisme qui s'acharnerait à soutenir et à défendre l'iniquité, déjà présente à l'intérieur d'un ordre social, serait tout aussi répréhensible que ne le serait un libéralisme qui se donnerait pour fin de l'apporter et de l'instaurer.» — Plérôme.

«Une double erreur, commune mais non moins déterminante de la philosophie: croire que, parce qu'une chose est indémontrable, elle serait inexistante et digne de considération; et croire que, parce qu'un sentiment est éprouvé, il correspond nécessairement à une réalité en tout conforme à la qualité et à la nature de cet affect.» — Plérôme.

«Garder silence sur une chose, ce n'est pas ipso facto la nier ou encore exprimer un désir de l'occulter, mais peut-être simplement ne pas vouloir former un jugement définitif sur une situation ou un problème complexe de manière à ne pas en fournir une théorie suffisamment adéquate, i.e. complète, compréhensive et approfondie.» — Plérôme.

«L'ignorance est comme une bête féroce dont on ne saurait dire parfois si c'est elle que l'on traque et poursuit, pour en dissiper l'illusion fatale ou si c'est elle qui nous poursuit, pour encore mieux nous engloutir dans son doux cauchemar de fictions, de mensongères et approximatives, insupportable pour un esprit droit et intègre.» — Plérôme.

«Si difficile que fût la conception et la formulation de l'universalité de la loi, comme étant celle qui prévaut à l'échelle de l'univers et qui vaille pour tous les mondes et pour tous les temps, pour toutes les cultures et pour toutes les époques, pour toutes les sociétés et pour tous les moments de son histoire, sa réalisation et l'appréciation juste et adéquate de celle-ci s'avèrent encore plus complexes et problématiques, puisque son application est toujours particulière et peut donc revêtir une diversité de formes et de manières d'expression dont il s'agirait alors d'en découvrir les instances d'une manifestation appropriée.» — Plérôme.

«Autre chose, parfois, l'idéal que l'on sait; autre chose, encore, l'idéal que l'on vit.» — Plérôme.

«L'histoire des révolutions de l'humanité se réduit pour l'essentiel à cet unique principe politique, i.e. la substitution à l'ordre divin, fondé sur une conviction de l'existence de la Divinité et sur un idéal de vie qui en procède, d'un ordre humain qui renvoie uniquement à une perspective physique de l'existence que l'homme est susceptible de perfectionner par ses facultés, d'ordonner par sa raison, pour le plus grand bien de ses semblables, sans pour cela requérir la perspective surnaturelle afin de parvenir à cette fin. § Or ce qui vient mettre un terme à une conception strictement immanente, aveugle à toute action transcendante et providentielle sur le monde, c'est l'échec des civilisations qui se substituent les unes aux autres avant d'être elles-mêmes remplacées par de prochaines, sans qu'en résulte pour l'humanité une annihilation complète, dans la déchéance progressive qui serait censée en résulter pour elle, en raison de l'apparition toujours inespérée d'une individualité qui, se réclamant de la Divinité, et au nom de celle-ci, donne un moyen à l'humanité d'échapper à un sort ou à une fatalité qui lui semble inéluctable. C'est une constante trop grande dans l'histoire des peuples pour qu'on en ignore, ni la vérité, ni la présence fortunée, ni le caractère extraordinaire, pour ne pas dire inexplicable, et pour laquelle la conception physique n'offre aucune explication plausible, sauf à s'en référer à un hasard impersonnel et informel.» — Plérôme.

«Comment sait-on si l'on sait ce que l'on devrait savoir ? Comment reconnaît-on si autrui sait ce qu'il devrait savoir ? Comment déterminer, pour soi comme autrui, ce que l'on devrait savoir ? Et comment l'apporter comme le recevoir de lui ? — n'est-ce pas le problème que posait Pilate lorsqu'il adressa un jour son fameux: "mais qu'est-ce que la vérité" ? » — Plérôme.

«Le principe pédagogique qui énonce que l'on doive procéder du connu pour graduellement accéder à l'inconnu peut sembler impraticable lorsque le connu dont on dispose est à ce point vaste et englobant que l'on risque d'épuiser toutes nos ressources en temps et en puissance intellectuelle pour l'embrasser adéquatement et y construire l'architecture d'un savoir futur qui ne soit pas une simple répétition des connaissances préalablement acquises et aujourd'hui tombées dans l'oubli.» — Plérôme.

«Accepter avec joie la Création, comme étant un présent inespéré octroyé au hasard, mais nier le Créateur, tout en comptant sur sa générosité constante et inépuisable, telle semble être l'attitude courante avec laquelle l'humanité reçoit la bonne fortune de son existence, une disposition qui semble fondée dans l'instinct qui gouverne sa volonté de vie et de survie.» — Plérôme.

«Dans un régime où règne l'insuffisance, la seule vérité qui compte vraiment est celle, pratique, qui procurera la fin de cette insuffisance; mais c'est à l'intérieur d'un régime où règne l'abondance que la vérité dans le plein sens du terme en vient à prendre toute l'importance qui lui revient.» — Plérôme.

«Que dire de la situation où ces dames ne se rendent fleurs que pour mieux être piétinées ou foulées au pied; oiseaux, libellules ou papillons pour être abattues ou attrapées au filet; toutes petites et fragiles pour être blessées et abandonnées ?» — Plérôme.

«La religion, par un effet de méditation historique, et s'appuyant sur l'intuition ainsi que l'inspiration que procure un désir d'intelligence, compréhensive et essentielle ainsi que profonde et significative, sur la nature de la vérité, cherche à apercevoir, à connaître, à énoncer et à enseigner ce que serait la vérité; la philosophie, quant à elle, en admettant que l'accession à cette vérité fût possible, tente de définir quelles seraient les conditions, à la fois suffisantes et nécessaires, susceptibles d'être rencontrées pour que l'on puisse tenir une vérité religieuse pour être authentique et recevable.» — Plérôme.

«Satan, c'est la comédie consommée du Bien, dans l'attente du moment où pouvoir faire sévir le Mal (comme étant une privation plus ou moins sévère du Bien).» — Plérôme.

«Le sentiment de l'unicité, singulière et essentielle, de soi est une procession de la subjectivité qui caractérise une conscience de soi; l'observation et la conclusion d'une généralité de traits et de caractéristiques, se distribuant plus ou moins largement, pour distinguer une singularité, ou un ensemble de celles-ci, résulte de l'objectivité de l'être placé devant la conscience et distinct de celle-ci, en laquelle on peut, ou on peut ne pas, reconnaître une connaturalité. Tels sont les termes de la question de la complémentarité ou de la distinction radicale de la subjectivité et de l'objectivité.» — Plérôme.

«La hiérarchie des hommes peut s'établir, soit selon le bien accompli et les bienfaits accordés; soit selon le mal réalisé et la malveillance répandue. Il est inutile par ailleurs d'ajouter que, sur le terrain de la condition humaine, les essences recherchées, sur lesquelles fonder la besogne qui définisse la nature morale de l'action opérée se distingueront radicalement pour l'une et l'autre disposition alors que le germe du bien et de la bonté, fécondant celui d'une fragilité et d'une vulnérabilité reconnues, sera du premier type d'action et que la graine du mal et de la malfaisance sera du second.» — Plérôme.

«La justice proportionnelle, sur le plan de l'amour mutuel et réciproque, se réalise pleinement lorsque l'homme est pour la femme aussi homme pour elle que la femme sera femme pour lui, étant compris par là qu'ils entreront non pas dans une relation de concurrence, mais d'émulation, non pas une actualisation que conditionnent les expectatives sociales, contingentes et éphémères, mais une réalisation des virtualités les plus intimes et les plus profondes dans le sens d'un achèvement et d'une perfection accomplis.» — Plérôme.

«On ne saurait frimer avec la vérité, ni même chercher à le faire, ni même se sentir le besoin en ce sens, puisque la sagesse de la vérité est entièrement le propre garant d'elle-même, auquel l'histoire vient apporter le témoignage qui la fonde.» — Plérôme.

«C'est un sens inné qui nous enseigne que la liberté ne saurait se laisser réduire à n'être que l'occasion d'illustrer toutes les imperfection et tous les caprices imaginables, autant que l'irresponsabilité, l'ignorance et la sottise.» — Plérôme.

«La première révolution fut bourgeoise et constitua à substituer à la valeur liée au sang que l'on sacrifie réellement pour assurer le salut de ses proches et de la collectivité, celle que l'on accorde à l'or, sacrifié symboliquement dans l'échange commercial, en vue d'assurer la prospérité et la sécurité des contractants et de ceux qui participent entièrement et uniquement à l'esprit mercantile.» — Plérôme.

«Le libertinisme — le libertinage érigé en principe de la philosophie morale — est une forme de subversion, et peut-être la plus efficace, du tissu social idéal.» — Plérôme.

«Avec la séparation de l'Église et de l'État, une association qui reflète une réalité socio-politique qui remonte bien au-delà de la naissance du Christianisme, rappelons-le, car elle était fondamentale à l'existence de l'État gréco-romain, l'État ne saurait se permettre de trancher les grandes questions religieuses et morales — i.e. décider officiellement des valeurs transcendantes du Bien, du Vrai et du Beau — pour se contenter uniquement d'assurer sa propre préservation et sa propre subsistance. § Ainsi concevra-t-il comme crime uniquement ce qui remet en question son existence propre, sans se concerner de l'excellence avec laquelle il définit, parachève et réalise sa mission, même implicitement, car une telle activité relève en propre de la morale et de la spiritualité qui la fonde. Et comme celle-là reposera alors, d'une part, sur le fait accompli structurel et le statu quo moral, se fondant l'un et l'autre sur un pragmatisme idéologique et sur un opportunisme politique, et sur l'atomisation de toutes les qualités morales, à des degrés divers, selon le niveau d'évolution de la société, qui ne pourra entièrement faire taire sa propension au bien et à la perfection qui est requise pour assurer la pérennité de l'Église, cette disposition étant néanmoins immanente à la nature humaine, puisqu'elle ressort à une idéal de bonté toujours présent en l'être humain, l'État se verra donc inéluctablement utiliser à ses fins immédiates les hommes tels qu'ils sont dans l'immédiateté de leur existence — une attitude proprement amorale, mais qui révèle un parti-pris ontologique spécial —, pour tantôt mettre indifféremment le Mal au service du Bien, et tantôt faire du Bien un accessoire du Mal, le tout au nom de la préservation d'un état politique et social qui a pour finalité le bien de sa propre existence, comportant de nombreuses qualités, bien sûr, mais s'appuyant sur le mouvement implicite d'une immanence pour réaliser son entéléchie.» — Plérôme.

«Un paradoxe semble parfois refléter le rapport qui existe entre le sentiment et l'intelligence, alors que plus on sent se rapprocher d'une fin appréhendée et espérée, plus on s'en éloignerait; et plus on s'en éloignerait, plus en réalité l'on s'en rapprocherait.» — Plérôme.

«L'ironie de la situation, lorsqu'un propos intelligent reçoit une forme de publicité ou une autre, sans en dénaturer ni le contenu, ni la profondeur, c'est qu'il ne profite souvent pas à ceux qui mériteraient le plus d'en tirer une quelconque subsistance et qu'il avantage parfois ceux qui n'en dériveraient, sauf accessoirement, aucune utilité.» — Plérôme.

«Peut-être pourrait-on proposer que toute société se diviserait en six camps idéologiques fondamentaux, sans égard pour les noms qu'ils se choisissent pour décrire leur affiliation et leur association ou encore pour leur degré d'implication dans l'évolution politique du milieu à l'intérieur duquel ils sont agissant: les ultra-conservateurs qui souhaiteraient resserrer le statu quo, en le rendant plus imperméable encore au changement, afin de mieux consolider leur position existentielle — et celle de leurs semblables — à l'intérieur de celle-ci; les conservateurs qui, pour maintenir une situation actuelle, se contentent simplement de préserver le statu quo et de se défier de toute mesure, visant à le changer, en restant confiants que cette attitude rencontre l'aval de la citoyenneté; les libéraux, qui désirent un changement du statu quo de manière à pouvoir améliorer leur situation individuelle — et celle de leurs pareils —, tout en comptant sur l'assentiment de leurs concitoyens dans la défense de cette option; les ultra-libéraux qui, au nom du désavantage historique accumulé à leur détriment, souhaiteraient que s'instaure un changement radical susceptible produire un état qui jamais plus ne les désavantagerait; les réformistes qui, pour transformer le statu quo, évoquent des principes de justice englobants et nécessaires, susceptibles de transcender les situations et les circonstances particulières; et les ultra-réformistes, pour qui les principes de justice susceptibles de fonder et de justifier un statu quo procèdent d'une réalité éternelle et vraie qui en inspire l'actualité et l'expression et se fondent sur elle.» — Plérôme.

«C’est un bien triste État qui utiliserait les méthodes et les ressources matérielles, développées en vue du bien de la population, comme des techniques de gouvernance et de contrôle individuel et social, de manière à créer un réseau parallèle au système de justice qui lui seul a le droit de disposer, au nom de principes légitimes, de la sécurité et de la liberté des personnes.» — Plérôme.


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