[Depuis
le 22 avril 2015, avec mises à jour périodiques. — Since April 22nd
2015, with periodical updates.]
«Estimable
critique qui met chaque sujet connaissant et judicieux sur le même
pied, autant celui qui agit — et qui ajoute l'expérience de savoir être
et de savoir réaliser à son coup d'œil — que celui qui se contente
simplement de se constituer en spectateur et de soumettre la
réalisation d'autrui à ses propres exigences idéologiques.» — Plérôme.
«L'opportunisme
n'est pas l'absence totale de moralité, car il en suppose une certaine
forme, celle qui consiste à agir moralement, lorsque cela sert ses
intérêts, mais non dans le sens contraire; et à exiger d'autrui qu'il
agisse moralement, sous les mêmes conditions, c'est-à-dire à peu près
toujours, sauf lorsqu'une alliance préside à leur concertation, en
lequel cas ce sera leur intérêt commun qui sera le premier servi. On
peut alors aisément concevoir comment, lorsqu'une telle conception et
qu'une telle attitude se généralisent à l'intérieur d'un groupe, d'une
institution et d'une institution à l'autre, la gangrène de la
corruption risque de se propager et d'être acceptée par l'ensemble
comme entretenant l'illusion de vivre selon les préceptes d'un état
social usuel, normal et juridiquement ainsi que moralement
irréprochable.» — Plérôme.
«Une vie qui s'en prend à la vie se
nie elle-même au nom à la fois de l'interdépendance des existences, de
leur procession d'une source commune originelle, de leur nature
semblable ainsi que du principe que l'on ne saurait sciemment ne pas
être et prétendre participer aux prérogatives et privilèges de l'être,
proportionnellement à l'absence d'être qui est ainsi illustrée.» —
Plérôme.
«L'imperfection qui se reconnaît et celle qui se nie;
la perfection qui s'avoue et après laquelle l'on aspire, avec plus ou
moins de succès à s'en rapprocher, et celle que l'on méconnaît et que
l'on sacrifie à ses ambitions, voilà toute la différence entre
l'insociable sociabilité de l'homme et sa sociale insociabilité.» —
Plérôme.
«À l'intérieur d'une société formaliste, i.e. une
société où l'extrémisme s'exprime par l'accent indu porté sur
l'expression manifeste des formes sociales, il semblerait parfois qu'il
serait plus louable d'être fautif dans les règles que de se montrer
irréprochable hors d'icelles.» — Plérôme.
«La corruption sert de
prélude à toute anarchie car, en désorganisant l'institution à laquelle
elle s'attaque, elle affaiblit sa fonction d'ordonnancement et elle la
distrait de sa mission ordonnatrice, dont elle fait la promotion par
les moyens par lesquels elle se met au service du Bien, de sorte que là
où la forme du Bien opérait son action bienfaisante n'existe plus qu'un
vacuum que le désordre comble en l'envahissant et en exploitant ce vide
de la bonté effective.» — Plérôme.
«Un principe heuristique:
pour arriver à comprendre l'étiologie et la production d'un phénomène,
positif par sa présence ou négatif par son absence, l'on devrait
chercher d'abord son explication par les causes rapprochées pour, les
ayant soit élucidées, soit éliminées, comme hypothèses sur sa
production, remonter jusqu'aux causes les plus éloignées, lorsque
celles-ci ne sont pas produites, ni originellement, ni spontanément ou
d'une manière incomprise ou ignorée.» — Plérôme.
«Toute forme de
changement produit ses bénéficiaires et ses désavantagés, puisqu'il ne
saurait avantager tous ceux qui sont touchés par lui, de sorte qu'il
importe de savoir quelle est la nature du changement proposé et du bien
visé avant de décider si oui ou non il serait légitime d'apporter
l'amélioration que l'on se résout à accomplir. Ainsi, une approche
prudente au changement bannira-t-il le radicalisme du principe du
changement pour le changement comme, selon une perspective méliorative,
il s'abstiendra d'adhérer à celui de la préservation du statu quo au
nom du statu quo même.» — Plérôme.
«Cela requiert plus que
l'humilité la plus pure et la plus sincère que se laisser gouverner par
moins sagace et moins intelligent que soi, c'est-à-dire un esprit de
mortification avéré, alors que l'on se trouve dans l'obligation, non
seulement de pactiser avec des principes douteux et non éprouvés, mais
encore d'en subir les effets imparfaits et très souvent nocifs,
proportionnels au degré d'incomplétude morale et effective de l'agent
susceptible de les produire, sans espoir qu'ils soient reconnus pour
tels, car n'étant point susceptibles d'avouer une autorité extérieure
qui soit légitime dans sa prétention à statuer en ce sens.» — Plérôme.
«Est-il
pire (ou mieux) pour un peuple de voir un ordre légitime, formé sur des
siècles et même des millénaires par une sagesse transcendante, être
renversé par une conquête qui en asservit les dirigeants, s'approprie
les biens hautement désirables de la population et substitue au droit
existant des principes formels aliénants et oppressants, en raison de
refléter un esprit étranger et peut-être même peu enclin à reconnaître
en celui-là, le cas échéant, des principes encore plus élevés que les
siens au détriment d'intérêts immédiats et ancrés dans l'histoire
ancestrale du conquérant; ou par une révolution qui en chasse les
autorités et impose au peuple une manière de gouvernement qui en
transforme radicalement la coutume, en raison d'une idéologie
novatrice, particulière et se définissant comme négatrice du passé.» —
Plérôme.
«Le négativisme devant l'évolution saine des choses, un
trait qui caractérise l'État monolithique souvent associé à un État
oppresseur, servira parfois de prélude, à plus ou moins brève échéance,
en l'absence de réformes salutaires et bénéfiques, à un état de
trouble, d'anarchie et de révolution.» — Plérôme.
«Pour ne pas
savoir faire la différence entre un monarque et un tyran, il sera
difficile, dans la conception philosophique de la politique qui serait
censée régir les consciences et les cœurs pour le plus grand bénéfice
de tout un chacun, distinguer entre la sage et naturelle anarchie
de l'amour, qui se fonde sur l'honneur et la vertu pour faire évoluer
les ordres rationnels trop arides et rigides, et l'amour passionné et
incivil de l'anarchie, qui repose sur l'intérêt abusif et sur le désir
excessif.» — Plérôme.
«C'est en vérité un perle rare que celui
(ou celle) qui prend l'initiative de la découverte de soi, de ses
virtualités, de ses qualités et de ses possibilités auparavant
insoupçonnées, en vue de les développer et ainsi de se perfectionner,
alors que la disposition la plus ordinaire serait d'attendre que
s'imposent les événements et les circonstances qui confirmeront
éventuellement la personne dans sa réalisation actuelle, mais aussi, à
l'occasion, par les épreuves qui les accompagnent et en procèdent,
ébranleront les habitudes incrustées, les convictions superficielles,
les idées reçues ainsi que les manières d'être coutumières.» — Plérôme.
«Pour
un scientifique, ce qui constitue une coïncidence, voire
particulièrement singulière et heureuse, devient pour le philosophe
l'objet d'un émerveillement et d'une interrogation sur sa raison d'être
(le principe de raison suffisante) et sur sa signification (la question
de l'exercice du principe de la raison dans la nature). / For the
scientist, what constitutes a coincidence, albeit particularly singular
and fortunate, become for the philosopher the object of astonishment
and of a question of its reason for being (the principle of sufficient
reason) and of its significance (the question of the exercise of the
principle of reason in nature).» — Plérôme.
«L'apport du
Christianisme à la science politique, i.e. à l'art de régner et de
gouverner, a été la substitution du principe transcendant et immanent
de l'amour (pur, vertueux, innocent et désintéressé) comme étant le
fondement des rapports personnels et civiques, à ceux qui étaient
auparavant favorisés, c'est-à-dire à ceux de la domination, de la
crainte, de la violence, de la luxure, de la ruse, de l'intérêt et de
l'impiété, pour celle-ci à la fois horizontale et verticale.» — Plérôme.
«Il
y a une démonstration philosophique qu'il importerait de faire, comme
quoi sont interchangeables les propositions «Je vis car je suis» et «Je
suis car je vis» et que découle de celles-ci le «Je pense, donc je
suis» de Descartes, en tant que ce terme illustre la vie et l'être se
réalisant.» — Plérôme.
«La révolution noétique de la pensée
spirituelle Occidentale, héritière de la pensée Grecque, ce fut d'avoir
fait, de la raison, le siège, et non l'instrument, de l'âme.» — Plérôme.
«Un
argument théo-philosophique: la piété est à l'adoration comme l'amitié
est à l'amour; sa contrepartie philo-théologique: l'adoration est à la
piété ce que l'amour est à l'amitié.» — Plérôme.
«L'homme étant
un être politique et social, l'épreuve la plus difficile à supporter
pour lui, ce n'est pas d'avoir à faire face à l'épreuve, car c'est le
lot de l'homme d'avoir à opposer ses ressources en courage, en force,
en civilité et en ingéniosité aux contretemps qui inévitablement
conditionnent son existence, mais d'avoir à surmonter seul ces
obstacles, jusque dans l'abandon le plus complet, sans aucun appui ni
secours, et avec pour seul ami le monde transcendant de la Divinité.» —
Plérôme.
«Une hypothèse historique: on pourrait désigner comme
étant un nœud socratique, pour une culture, un point de décadence telle
que seul le sacrifice d'un homme semblerait être le remède adéquat à
prévenir l'inéluctable sombrement de celle-ci dans la disparition et
dans l'oubli. De tels nœuds seraient identifiables à l'époque de
Socrate lui-même — d'où l'appellation pour caractériser ce phénomène —,
de César, de Jésus, de Constantin XI, de Jeanne d'Arc, de Montcalm, de
Louis XVI, de Lincoln, de Riel et des frères Kennedy, pour ne nommer
que celles-là. Ce seraient les mots de Protagoras («L'homme est la
mesure de toute chose») et de Caïphe («Il vaut mieux que meure un seul
homme qu'un peuple tout entier») qui caractériseraient le mieux
l'esprit dans lequel la conscience culturelle baigne en ces moments,
dont naîtront des sentiments nouveaux et des doctrines nouvelles, qui
se proposeront d'être salutaires, par la transformation du paysage
idéologique qui en résulterait pour la culture et peut-être même pour
l'humanité entière.» — Plérôme.
«Aucun lombric ne s'offusquerait
si on le traitait de ver de terre, mais peut-être témoignerait-il d'une
indignation légitime, si on le faisait passer pour un vermisseau ou un
microbe.» — Plérôme.
«La paix, l'ordre et le bon gouvernement
(Art. 91 de l'Acte constitutionnel du Canada de 1867): quelle paix est
possible sans la vertu qui la poursuit; quel ordre, sans le droit qui
le fonde; et quelle bonté dans le gouvernement, sans l'amour qui
l'inspire? / Peace, order, and good government (§91 of the Canadian
Constitution Act of 1867): what peace is possible without virtue to
pursue it; what order without right to ground it; and what goodness in
government without love to inspire it ? » — Plérôme.
«La
vénalité de la Sagesse, par ceux qui étaient réputés et moralement
tenus d'en témoigner, fut la première étape dans la neutralisation de
la dimension morale de la philosophie, qui était le point
d'articulation par lequel cette discipline rejoignait une conception
religieuse saine (puisque bienveillante) et positive (puisque
bienfaisante).» — Plérôme.
>>> «La
philosophie, c'est la quête de la vérité pleine et intégrale (ce qui
constitue son activité essentielle), en vue d'en réaliser effectivité
la bonté (ce qui en cerne la finalité morale) au moyen d'une action
complète et appropriée (ce qui en produit la finalité esthétique).
Ainsi l'activité philosophique vise-t-elle à combler un manque réel —
la présence de la bonté actualisée ou l'amélioration possible des
formes actuelles qu'elle prend — en imaginant cet acte dans
l'intelligence — par la vision de ce que serait cette bonté virtuelle
(ou idéelle) qui lui conviendrait — pour ensuite lui donner corps — en
lui conférant une forme adéquate et en instantiant ce qui en serait
l'expression et la contrepartie esthétique.» — Plérôme.
«Le
scientifique est celui qui, étant devenu conscient des espaces
illimités de l'univers et de sa durée infinie, n'en dépasse pas les
confins car ils représentent pour lui un horizon suffisamment éloigné
dans tous les sens, spatiaux comme temporels, pour qu'il se contente
d'y habiter et d'en maîtriser la réalité, par la science et la
technologie qui procèdent de son activité. § Le philosophe est celui
qui, réalisant le pouvoir de l'esprit à transcender cette réalité par
le pouvoir de ses facultés et de se situer en dehors de celle-ci en
vertu de cette aptitude, voit dans cette capacité consciente quelque
chose de plus englobant et de plus vaste encore que l'univers, de sorte
à s'interroger sur ce qui a pu le précéder et ce qui lui succédera; ce
qui est aux confins de sa finitude comme cause et agence et comme effet
et terme; ce qui a procédé à son origine et ce qui guide sa direction,
comme ce qui lui donne un sens, car cette recherche de sens et de
signification fait aussi partie de la disposition inhérente à sa
constitution spirituelle. § Et là où le philosophe et le scientifique
se rencontrent, c'est sur le terrain de la mathématique, à la fois
symbolique, schématique et idéelle, qui permet de percevoir la finitude
et la temporalité de l'univers, malgré les ordres de grandeur et de
durée concrètement inconcevables et sensiblement inimaginables, et qui
laissent entrevoir où se termine la science positive et où commence la
philosophie.» — Plérôme.
«Sous certains égards, la parenté entre
l'historien et l'acteur est très étroite: car alors que celui-là
interprète les événements du passé, par les connaissances qu'il en
acquiert par les documents et les artefacts, les archives et les
vestiges ainsi que par l'identification subjective aux personnages qui
les auront vécus, celui-ci s'identifie aux personnalités qui ont habité
l'espace existentiel révolu, en se laissant infuser de leur histoire,
telle qu'ils s'imaginent ils pourraient l'avoir vécue, et cela pour
leur donner vie, ainsi qu'aux époques qui ont vu s'achever leur
existence.» — Plérôme.
«Tous ont un avenir: sachant cela, la
question qui s'impose devient alors celle de savoir quel avenir chacun
se prépare-t-il individuellement à vivre et quel avenir les
dirigeants préparent-ils collectivement pour tous.» — Plérôme.
«L'enjeu
de la vie ne peut être que la vie elle-même: jouer celle-ci, contre une
manière plus artificielle, quoique plus glamour, d'en vivre
l'expérience, c'est non seulement la dévaloriser et la mépriser, c'est
encore faire preuve de l'irresponsabilité la plus totale. Seul l'idéal
de la plénitude de la vie vaut la peine d'être poursuivi: or celui-ci
ne s'atteint qu'au prix des efforts les plus sérieux et des engagements
les plus profonds, dans le sens d'une élévation de l'âme et de
l'esprit, et ne saurait faire l'objet d'une attitude désinvolte envers
elle, comme l'idée de jeu pourrait le suggérer.» — Plérôme.
«La
force et l'intensité de l'événement ou de l'expérience, comme l'horreur
et la laideur des situations et et des occasions, par les sentiments
puissant qu'elles font surgir en la conscience et qui restent imprimées
dans l'imagination et la mémoire, occultent souvent les causalités
spirituelles et les agences intellectuelles qui, le cas échéant et à
défaut d'évoquer l'ambiguïté nébuleuse du hasard pour en fournir
l'explication, pourraient être responsables de leur occurrence à
l'intérieur du champ historique.» — Plérôme.
«Il semblerait
parfois que plus on énonce la vérité, plus on s'en éloigne ou moins on
cherche à s'en rapprocher, peut-être afin de s'en forger une version
alternative, plus recevable par la forme de piété que revêt la
conscience.» — Plérôme.
«Hormis la poursuite constante et
l'illustration sérieuse de la vertu, tout alors repose, pour assurer
l'estime que l'on souhaiterait récolter, sur la culture et le maintien
continu de l'image.» — Plérôme.
«L'approche véridique: il ne
faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué; l'approche
réaliste: il ne faut pas tuer l'ours avant d'en avoir vendu la peau.» —
Plérôme.
«Le corollaire de la doctrine de la Rédemption c'est
que, avec le rachat et le pardon des fautes, autant l'humanité entière
que les particuliers sont appelés à retrouver l'état d'innocence et de
pureté originelles qui leur appartenait au départ.» — Plérôme.
«Le
pouvoir dont on dispose est celui de pouvoir transformer les choses et
de les rendre à sa propre image, c'est-à-dire celle qui convient le
mieux à l'essence de l'individualité qui est la nôtre, ce qui
sous-entend que, dans un onde idéal, celle-ci serait la plus digne de
laisser son empreinte sur les choses, autrement comment peut-on
expliquer cette possibilité qui nous échoit. D'où l'importance pour
certains de conserver le pouvoir à tout prix, de manière à ne pas
perdre cet ascendant et à ne pas avoir à accréditer l'image d'autrui et
l'empreinte laissée sur la réalité, de préférence à la sienne propre.
Mais d'où aussi la résistance de certains d'avoir à assumer un très
grand pouvoir, en raison de cette exigence de toujours être à la
hauteur de l'idéal de soi-même, autant celui que l'on se sait, que
celui que l'on sait nous sera prêté par l'ensemble de la société, selon
une perspective qui risque d'exiger l'essence d'une perfection qu'il ne
serait pas de notre pouvoir d'accomplir.» — Plérôme.
«Ce qu'il
importerait de réaliser un jour, ce serait un traité sur les natures
complémentaires respectives de l'homme et de la femme afin de rendre
évidentes à l'un et à l'autre les ressemblances et les dissemblances
formelles, sans que pour autant ne soit compromise leur capacité à la
symbiose, à la coopération et à l'harmonie dans les rapports intimes,
personnels et sociaux.» — Plérôme.
«L'exception qui est conforme
à la règle, voilà ce qui est défendable, au nom de la possibilité
qu'une règle pourrait ne pas prévoir toutes les conditions sous
lesquelles le bien qu'elle aspire à encourager pourrait se réaliser;
mais l'exception qui devient la règle, voilà ce qui deviendrait plus
douteux, puisqu'une telle éventualité l'illustrerait à la fois qu'une
règle serait, soit trop étroite pour prétendre à être un principe
susceptible d'être généralisé; soit trop imparfaite pour inspirer ou
contraindre les conduites.» — Plérôme.
«L'Enfer est le reflet en
tout du Ciel, sauf en l'essence qui en est l'amour et la substance qui
en est la vertu, réellement et non simplement apparemment, et peut-être
même en offre-t-il une image plus accomplie, pour continuer à justifier
son existence, en comblant ainsi le manque qu'autrement il ne saurait
effacer.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui, le cas échéant, se
feraient un point d'honneur et mettraient tout leur génie à ne rien
accomplir, à rien ne laisser s'accomplir et à volontiers accueillir des
accomplissements qui semblent surgir comme par magie, au nom d'un
crédit qu'ils ne refuseront en aucun temps d'endosser.» — Plérôme.
«La
supposition raisonnable — qui est en même temps celle qui caractérise
l'idéalisme commune à la pensée adolescente — serait que la vérité, une
fois découverte, reconnue et adéquatement communiquée, devrait
emporter, sur la seule puissance de la valeur épistémologique de son
contenu, qui est en même temps l'illustration exprimée d'un moment du
Bien, l'aval des consciences qui sont exposées à elle et transformer la
réalité en fonction des hauts principes qui en sont l'essence et qui en
constituent l'évidence. § Mais hélas !, l'on s'aperçoit bientôt avec le
passage du temps, qui est celui d'une immobilité, et même en allouant
pour une inertie, nécessaire à mettre en branle l'infrastructure qui
supporterait la fausseté dépassée ou réfractaire à ce qui en
constituerait le dévoilement, que l'état actuel demeure inébranlable et
que cette résistance en serait le gage de l'infaillibilité prétendu, à
laquelle l'on continue de s'accrocher comme à une bouée de sauvetage,
malgré toutes les faussetés qui résulteraient de se perpétuer en raison
de cette obstination. § Telle est la première découverte de la pensée
adolescente, lorsqu'elle se heurte, malgré toute son innocence, au
monde «adulte» des compromis et des pactes avec une coutume qui s'est
départie du facteur dynamique d'une évolution vers une perfection
toujours plus accomplie, fondée sur l'esprit de travail et de
créativité.» — Plérôme.
«L'évidence, c'est la vérité qui
s'aperçoit et qui s'appréhende spontanément et sur laquelle il est
possible d'échafauder une intelligence juste et complète de la chose
qui en fait l'objet; l'axiome, c'est l'évidence qui acquiert un statut
formel, par la coutume et par l'enseignement qui en perpétue
l'instanciation collective, en vue de fonder un corps de savoir certain
et indubitable.» — Plérôme.
«On oppose souvent la vérité absolue
et insaisissable aux vérités simples et originales, même si elles sont
souvent incomplètes, comme un moyen de garantir un ascendant préalable
qu'offre la possibilité de contempler celle-là, sans offrir en
contrepartie une conception qui, accréditant celle-ci, lui
permettrait de s'engager sur la voie d'une conception de plus en plus
abstraite, vaste et compréhensive.» — Plérôme.
«L'État s'oppose
toujours au Royaume dont il est la fonction administrative en vue de sa
préservation et de son développement, en conjonction avec l'assurance
du bien-être et du bonheur ensemble de ses citoyens et sujets, comme de
l'accomplissement de sa possibilité, telle qu'elle se révèle dans son
histoire, et sa destinée historique et spirituelle, telle que le cours
de son histoire la révélera, en vue du meilleur bien possible
susceptible d'être réalisé en vertu d'un idéal commun et d'une vision
d'ensemble qui la situe parmi celles de toutes les cultures et de
toutes les civilisations qui en influencent la croissance et qui
l'ouvrent sur l'universalité des valeurs et de la vérité susceptible
d'assurer la coexistence harmonieuse dans la mutualité et la
réciprocité des rapports constructifs.» — Plérôme.
«Une société
qui se fonde sur la somme de tous les égoïsmes — de tous les bonheurs
particuliers dont chacun s'estime, sans égard pour autrui, le seul
responsable — est vouée à l'atomisme individualiste; celle qui se fonde
sur la dissolution de la Vérité, au nom de vérité publiées ou émanant
de traditions plus anciennes, se voue à l'anomie; seule une société qui
se fonde sur l'amour de Dieu et du prochain, du principe Suprême dont
découle tous les autres principes, y compris la Vérité, et d'autrui
comme étant un reflet de soi, c'est-à-dire procédant, comme soi-même,
de la réalité unique et suprême de Dieu, a quelque chance d'assurer à
elle-même et à sa progéniture, une finalité adéquate à ses plus hautes
virtualités.» — Plérôme.
«Le bien-être, le bonheur et
l'accomplissement sont les trois états de la réalisation de toute
chose, qu'elle soit considérée dans sa généralité collective ou
appréhendée en vertu de sa spécificité individuelle.» — Plérôme.
«L'évolution
du concept de République s'est accomplie en fonction du changement de
sens qu'a pris la «chose» publique qui en est l'objet: lorsqu'il fut
spirituel et métaphysique, la République s'occupa plus volontiers de la
destinée morale et transcendante du peuple et incorpora à sa vision une
conception religieuse formelle comme étant seule apte à répondre à
cette orientation; mais lorsqu'il devint matérialiste et physique,
alors que l'on assiste alors à la séparation de l'Église et de l'État,
la religion, ainsi que la moralité qui en découla, devint affaire de
conscience individuelle et seules ne comptèrent plus que la sécurité et
la protection des individus, des institutions et de leur avoir.» —
Plérôme.
«La conjoncture est le terreau de la structure que l'on
fonde, de celle qui se réalise et de celle qui un jour, trouvera son
accomplissement, soit dans une fin transformative, soit dans une
continuité indéfinie.» — Plérôme.
«L'art de faussement se
constituer soi-même en victime s'oppose trop souvent à la réalité de la
victimisation, qui toujours se fonde sur une forme ou l'autre que
peuvent prendre la calomnie, l'adultération des apparences et la
falsification des natures.» — Plérôme.
«Tout professionnel dont
la vocation est de réaliser le bien et qui n'emploie pas tous les
moyens, soit à remplir cette mission, soit à lever les empêchements à
ce que s'accomplisse celle-ci, l'ignorance n'en étant pas la moindre
d'entre eux, ni d'ailleurs la mauvaise volonté ou encore l'intérêt bien
calculé, peut alors se dire le complice, voire passif, des agents qui
sont la cause de son contraire.» — Plérôme.
«Il y a quelque
chose de pervers à toujours vouloir interpréter les situations — les
occasions et les actions d'autrui — dans le pire des sens plutôt que
voir en elles les possibilités qui pourraient les mettre sur la voie
d'une amélioration de leur état et d'un accomplissement de leur nature,
dans l'acte de participer au perfectionnement de la réalité dont elles
sont issues; comme il y a quelque chose d'arrogant à vouloir substituer
sa volonté particulière à la volonté divine et de comprendre celles-ci
uniquement à la lumière de ses propres désirs et de ses propres
intérêts.» — Plérôme.
«Le mensonge, la calomnie et la
diffamation, puisqu'ils s'adressent à l'esprit ainsi qu'à la personne
morale, sont la première forme que prend l'acte de l'aliénation; le vol
ou le vandalisme, qui s'adressent aux sens tout en agissant sur le
monde objectal, la seconde; et la brutalité, qui prend à parti la
personne physique, la troisième.» — Plérôme.
«L'absolutisation
de l'État, sans reconnaître fidèlement d'Absolu réel qui puisse en
fonder et en orienter le développement et l'accomplissement, non
seulement ouvre-t-il la porte à tous les totalitarismes, mais encore
rend-il impérative l'intégration physique de toutes les consciences à
sa conception par essence imparfaite, puisqu'elle ne voit ni ne conçoit
en aucune autre perfection que la sienne propre, le moteur d'une
histoire effective, omettant surtout celles qui ont une véritable soif
de l'Absolu, entendu dans son sens le plus vrai, le plus désintéressé
et le plus légitime.» — Plérôme.
«Une puissance corrompue ne
saurait exercer son autorité ou faire rayonner son influence dans le
sens d'une vertu qu'elle ne cultive et qu'elle ne possède plus, d'où
l'importance d'assurer que celle-là soit toujours pure et
irréprochable.» — Plérôme.
«Que la division provînt de l'échec
d'un Adam et d'une Ève à réaliser réellement leur couple ou qu'elle
s'ensuivît d'un nombre encore plus grand d'amours malheureux et
éplorés, parfois empêchés par la cruauté des hommes, dont le mythe et
la légende ont conservé la mémoire — ceux d'Orphée et d'Eurydice, de
Roméo et de Juliette, d'Abélard et d'Héloïse, etc. —, le défi plus que
millénaire a consisté, pour l'homme, depuis les commencements
immémoriaux de l'humanité, à retrouver l'unité que représente,
caractérise et érige en modèle l'harmonie dans l'amour que figure la
rencontre profonde, sincère, heureuse et complète de l'homme et de la
femme, telle qu'elle se réalise en les personnes qui composent le
couple.» — Plérôme.
«Si "le" politique, c'est la bonification
des situations, des circonstances et des conjonctures en fonction d'un
idéal et d'un accomplissement, collectifs et communautaires, appropriés
à une République; "la" politique semble souvent n'être que la recherche
de l'équilibre des intérêts, avec l'État qui semble alors se constituer
en adjudicateur et arbitre entre les deux tendances, pour réaliser la
spiritualité, la moralité, la virtualité et la possibilité de la
société, qui à la fois procèdent de son mouvement et inspirent
celui, plus ou moins concerté, de l'ensemble.» — Plérôme.
«Le
seul antidote à l'illusion bien produite et cultivée, c'est la vérité
dans sa forme la plus pure et la plus authentique, tout en allouant
pour une prétention si bien érigée et entretenue, qu'il pourrait
sembler que jamais ne tombera le masque pour laisser voir le mensonge
dans toute son effronterie et toute sa crudité.» — Plérôme.
«Ce
sont les gens les plus conscients qui ont certainement le plus de
responsabilités dans la formation et la société et de la culture (en
raison du savoir privilégié auquel ils ont, en raison de leur
conscience même, accès), mais il ne s'ensuit pas de cela qu'ils leur
soit accordé plus de droits pour garantir leur effort, ni plus de
reconnaissance pour en souligner la valeur ni le mérite qu'il
leur reviendrait de récolter.» — Plérôme.
«Peut-être
pourrait-on considérer la proposition que la mort de l'idéal, qui fait
suite au meurtre du modèle, pour lequel l'histoire n'a cesse de
montrer, siècles après siècles, les exemples, serait grandement
responsable du développement et de la propagation du sentiment
d'anomie, de désœuvrement et de désaffection que vit actuellement notre
jeunesse.» — Plérôme.
«La perspective sur le monde change,
selon que l'on vive l'expérience que l'on en fait d'une manière
inclusive — c'est-à-dire en appartenant à celui-ci et en participant à
son action — ou selon qu'elle se vive en observateur, sans se sentir
affecté par les états, le soubresauts et le mouvement du monde, à
l'extérieur duquel l'on se situe: or comment la notion de l'âme, par
les mouvements intérieurs et leurs extériorisations qui deviennent
évidents à ceux qui le vivent, à la fois subjectivement et
objectivement dans l'expérience partagée, peut-elle alors échapper à
ceux qui en font partie prenante ? § Par ailleurs, on peut bien
comprendre que l'attitude de froideur émotive et d'impassibilité qui
accompagne l'individu qui se situe dans la seconde position, et dont
c'est le devoir d'illustrer l'impartialité devant la réalité de son
objet pour mieux encore l'interroger et la comprendre, puisse
l'amener, en l'absence d'un monde inclusif qui le nourrisse
affectivement, à nier ou à douter de l'existence de l'âme et le mener à
la conclusion qu'elle est simplement un fantasme de l'esprit. Ne
pourrait-on pas voir alors en l'attitude scientifique, dont la manière
d'être se généraliserait à l'ensemble de la société, la cause de la
mort pressentie de l'âme, en raison de la négation et de la
scotomisation que l'on fait de sa réalité, en se coupant soi-même de la
possibilité de l'éprouver ?» — Plérôme.
«Il semblerait parfois
que tous les crimes se justifient, pourvu que l'on y trouve son
intérêt, mais parfois s'agit-il simplement d'assentir avec
enthousiasme, à l'intérieur de ces moments de perturbation sociale
augmentée, à ce qui serait l'apparence de l'exercice historique
immanent d'une justice pour rétribuer tous les crimes qui restent
impunis, tout en allongeant la liste déjà longue d'injustices commises,
sans que ne puisse s'exercer aucune forme de justice formelle et
transcendante réelle.» — Plérôme.
«Que ce serait triste de
songer que le pouvoir civil et politique puisse autoriser à toutes les
libertés, à condition que par elles, et par l'exercice de la créativité
qui l'accompagnerait, rien de conséquent ne puisse en résulter, et
surtout d'une nature telle à cultiver les plus hautes formes du bien,
telles qu'elles s'avéreraient possibles.» — Plérôme.
«Une quête
de la vérité serait incomplète, et plus ou moins superficielle, selon
une échelle de gradation qui illustrerait sa profondeur relative d'une
situation à l'autre, si tout en poussant au-delà des apparences, pour
en saisir les facteurs explicatifs et les causes sous-jacentes, elle ne
s'intéresserait pas entièrement à l'appréhension et l'expression pleine
et entière, complète et intégrale, de la vérité.» — Plérôme.
«Avant
d'aborder la question de la fausseté et de la falsification, à savoir
celle de l'action délibérée et intentionnelle de répandre à la fois ses
sophistications et ses adultérations, ainsi que ses méthodes et ses
procédures, il faudrait savoir ce qu'est la vérité dans toute la
profondeur, la hauteur et l'extension de son essence et des
possibilités de sa réalisation.» — Plérôme.
«Les seuls qui ont
le loisir de douter de l'immense pouvoir de la femme, en bien ou en
mal, sont ceux qui ne l'ont pas éprouvé ou dont l'esprit n'était pas
suffisamment préparé pour le distinguer et le reconnaître.» — Plérôme.
«Lorsque
l'on définit la politique comme étant l'art du possible, on définit par
là également cette discipline comme étant pour essentielle amorale, et
donc capable indifféremment du meilleur comme du pire, si l'on omet de
voir en ce possible l'effort, l'engagement et le devoir de s'assurer
qu'il s'oriente vers l'actualisation du plus grand bien concevable.» —
Plérôme.
«L'anarchie essentielle, c'est le déni du droit, bien
entendu et conçu sous sa forme la plus pure et la plus élevée.» —
Plérôme.
«La liberté consiste en la possibilité effective,
existant pour une chose — considérée soit sous sa forme individuelle,
soit sous sa forme collective — à réaliser et à exprimer pleinement son
état, dans le plus entier respect de l'état de l'ensemble; l'égalité,
en la réalisation assurée de cette possibilité pour tous et pour
chacun; la justice, en l'état actif et transcendant qui reflète
adéquatement cette réalisation et qui en établit l'existence, lorsque
celle-ci est entravée, ou qui la rétablit, lorsqu'elle est compromise.
Et puisque la réalisation d'un état qui soit compatible avec celle des
autres ne saurait se faire dans la négation commune et réciproque de
leurs virtualités, il en résulte par conséquent que la tension mutuelle
de ces réalisations vers l'accession au bien sera la condition
transcendante de cette entéléchie.» — Plérôme.
«La grande
question philosophique, qui accompagne et hante l'histoire de la
philosophie depuis ses tout débuts, et dont les termes opposés sont aux
fondements de la divergence entre Platon et Aristote, et plus
profondément entre les Sages (sophoi) et les Sophistes (sophistès) est
celle de la réconciliation du monde de l'idéal (de l'être de raison, de
l'intelligible) et de celui de la nature (de l'être réel, de la
positivité).» — Plérôme.
«Les trois vertus théologales
illustrent quelles sont les trois états fondamentaux de toute vie
pleinement vécue: la foi, c'est la connaissance et le savoir entiers et
complets des lois qui gouvernent la Création, la Vie, l'âme et
l'esprit, à la fois acquis par l'effort de l'intelligence et de
l'infusion divine, que l'on nomme inspiration, l'espérance, c'est la
confiance inébranlable et proactive que ces lois seront toujours
agissantes et que, participant à même la nature des choses et des
êtres, elles arriveront un jour à leur plein épanouissement, pour le
salut et le bonheur de tous; la charité, c'est le sentiment qui doit
inspirer, avec la grâce de Dieu, toutes les actions particulières, en
confirmation de ces lois, et pour témoigner de la participation de
chacun à leur accomplissement parfait.» — Plérôme.
«L'hystérisme
manifeste un manque d'authenticité, spécifique à chaque individu qui en
actualise la présence, celui de toujours se conformer à la moralité
ambiante et d'agir de manière à faire ce que l'on attend de soi, non
pas par devoir, non pas par conviction, non pas par dévotion, mais par
volonté de survivance exclusivement, comme si la valeur intérieure de
la personne et son aspiration à illustrer une véritable créativité ne
sauraient justifier en elle-même la passion de l'existence qu'elle
parvient à inspirer.» — Plérôme.
«Tout est si simple ...
lorsque les choses, circonstances et situations ne sont pas en
elles-mêmes compliquées et que leurs conjonctures et significations ont
été clairement expliquées et rendue présentes à l'intelligence.» —
Plérôme.
«La coïncidence est une positivité à laquelle on ne
reconnaît aucune intelligibilité; la fantaisie est une intelligibilité
à laquelle on refuse toute positivité: si l'on définit la philosophie
comme étant une positivité susceptible de recevoir une intelligibilité;
et l'art comme étant l'intelligibilité susceptible de se voir conférer
une positivité; la coïncidence et la fantaisie deviennent donc les deux
obstacles à ces deux disciplines, que seules l'histoire, par sa
capacité illustrative et explicative, parviendra à dégager des écueils
qu'elles dressent dans le cheminement de leur activité respective.» —
Plérôme.
«Il est certes possible de s'améliorer d'un moment à
l'autre, d'une circonstance à l'autre, d'une situation à l'autre, mais
à la vérité, peut-on jamais faire mieux, à un instant précis, que son
plus grand possible, lorsque l'on a investi tout son effort à réaliser
celui-ci ?» — Plérôme.
«L'humilité de Dieu doit en effet être
immense pour qu'Il se laisse découvrir dans la Création et que, se
révélant à celle-ci, Il consente à se laisser réduire à la faible
conception que peut En posséder l'homme, de Son essence, de Sa nature
et de Son être en général.» — Plérôme.
«Le paradoxe de
l'éducation: une éducation réussie mène à l'assimilation complète, par
l'élève ou par le disciple, des hauts principes qu'elle parvient à
inspirer et à inculquer en lui, mais alors ceux-ci deviennent
invisibles aux yeux des témoins de sa conduite et de ses actions, qui
peuvent inférer généralement de son existence seulement à partir de ses
effets positifs et bénéfiques sur ceux-ci. § Ainsi, pour excellente
qu'elle soit, sa publicité repose sur une action anonyme qui, dès lors
qu'elle tentera de s'exhausser à l'ensemble, peut-être pour acquérir
une reconnaissance par laquelle elle pourra poursuivre son action
bienfaisante, elle diminue son efficace car, pour mieux s'ancrer dans
la réalité pédagogique, elle fonde son action sur une attitude et une
compétence qu'elle cultive certes, mais dans le sens idéalement de
mesures discrètes et effacées. § En d'autres mots, en cédant à son
désir d'être mieux connue, elle doit se priver du moyen par lequel elle
mériterait de l'être, de sorte que sa reconnaissance intégrale, rendue
difficile par cette abnégation intentionnelle qui se laisse deviner
plutôt qu'elle n'incite à se faire connaître, repose réellement sur une
perspicacité et une distinction qui échappent à la plupart, sauf aux
consciences les plus sensibles et les plus perceptives.» — Plérôme.
«L'humanisme
radical et intégral, exclusif de toute réalité transcendante, tout en
reconnaissant implicitement la dimension transcendantale de l'homme,
aboutit, comme chez Sartre, à un sentiment général et diffus d'un
abandon, qui peut aussi, comme chez Sagan, prendre l'aspect d'un ennui,
et qui est nul autre que la reprise de la thèse de la «soma sema» des
Anciens (nommément Platon), où le corps est relégué à n'être plus qu'un
tombeau (ou selon d'autres versions, une prison) et en même temps le
signe de quelque chose qui est pressenti comme étant en-dehors et
au-dessus de lui, mais sans intuition précise de la nature de cette
chose.» — Plérôme.
«Tout commença avec Jean-Baptiste, dont le
père Zacharie fut, en toute vraisemblance selon l'Évangile (Matthieu,
XXXIII, 35), occis dans le Temple — comme Thomas Beckett, plus de onze
siècles plus tard —, et finit avec Judas, dont les Évangiles et les
Actes nous apprennent peu de choses; tout se continue par les Apôtres,
les Pères de l'Église, les Docteurs de la Foi, les Saints et les
Martyrs ainsi que le clergé dévoué et les fidèles inspirés.» — Plérôme.
«Le
modèle, c'est celui ou celle qui, avec la grâce de Dieu, a réalisé au
plus haut point les virtualités de sa personne et a démontré le plus
grand courage dans cet accomplissement de manière à pouvoir, sans que
cela ne fût son intention première, inspirer son prochain à savoir en
faire autant.» — Plérôme.
«Le mythe raconte, sous une forme
symbolique, l'événement de manière à encourager l'auditeur à en retirer
une leçon de vie; l'histoire vise à reconstituer fidèlement l'événement
de sorte à permettre que l'on puisse en extraire une morale; et la
philosophie tente de saisir, dans leur essence, ce que sont l'histoire
et le mythe, de manière à réconcilier la morale et la leçon que l'on
serait susceptible de retirer de l'une et de l'autre.» — Plérôme.
«Placés
que nous sommes devant l'évidence, l'on n'a d'autre choix que de
comprendre que d'aucuns préfèrent agir selon le principe de l'imitation
plutôt que vivre selon leur nature propre et à la hauteur de leurs
virtualités les plus élevées: la question devient alors de savoir
pourquoi l'on en vient à choisir la voie du grégarisme aveugle plutôt
que celle de l'assomption et de la réalisation de son authenticité.» —
Plérôme.
«L'on ne doit pas confondre les manifestations
infiniment diverses de la Vérité, procédant de la créativité de
l'Intelligence divine, ainsi que les interprétations les plus variées
que celle-ci serait susceptible de recevoir, en raison même de cette
diversité, avec les moyens également multiple, issus d'un génie au
talent créatif indéniable, employés afin d'en fausser les principes et
d'en altérer, parfois jusqu'au point de la falsification et de la
méconnaissance, la substance éternelle et illimitée.» — Plérôme.
«Il
y a dans l'hystérisme un refus ou une incapacité d'affronter les causes
réelles des événements, des situations, ou des circonstances, soit en
raison de la force et de l'intensité sensibles de l'expérience, soit en
vertu de l'évocation émotive intense qu'elle provoque et qui renverrait
à un souvenir mal assumé ou mal vécu, que l'on se refuserait alors de
reconnaître in foro interno, soit parce qu'elle renverrait à un idéal
précieux mais faussé, qu'il suppose ou non dans cette adultération une
responsabilité morale à cet égard, imputable à la personne concernée ou
à tout autre agent auquel l'on pourrait songer, avec les nécessaires
rectifications qu'un idéal de justice élevé et qu'un rétablissement de
l'ordre des choses présuppose en cette direction, avec l'investissement
des ressources en temps et en énergie requis à cette fin.» — Plérôme.
«L'État
qui ne redresse pas un tort commis envers un sujet lésé, alors même
qu'il en reconnaît l'existence et qu'il en punit les auteurs, sciemment
impliqués dans la commission de cette action, se rend indirectement un
complice de ceux-ci, par le maintien du préjudice subi et du retard
historique engendré qui en ont résulté pour la victime.» — Plérôme.
«La
seule connaissance qui vaille d'être acquise est celle qui pénètre
l'essence du monde, jusque dans ses mystères les plus élevés et dans
ses arcanes les plus voilés, et en approfondit l'intelligence ainsi que
la compréhension, de sorte à pouvoir en appréhender les principes et
les lois, et surtout leurs raisons — autant leur raison d'être que
celles qui en viennent à expliquer leur origine, leur nature, leur
être, leur existence, leur destination et leur mouvement — de manière à
établir la société, d'en inspirer la vie collective, dans
l'épanouissement et l'achèvement des vies individuelles qui la
composent et la constituent, et d'orienter son avenir et de lui donner
une direction » — Plérôme.
«L'étant ne trouve et ne réalise
son essence que dans le devenant, comme le devenant ne réalise son sens
et sa finalité qu'en rapport à l'étant. Ainsi, nul étant sans devenir
comme nul devenir sans étant, car ces deux concepts sont
inextricablement liés en l'être qui, en leur absence, perd tout
dynamisme (et, pour les êtres vivants, toute vie) pour se voir
attribuer une fixité et une immobilité qui sont certes des illusions
des sens, mais qui n'en fournissent l'explication ni des variations, ni
de l'évolution, ni de la finalité, ni de l'accomplissement.» — Plérôme.
«L'évocation
d'un moindre mal, si grand fût-il par ailleurs, ne devrait jamais
réussir à occulter un mal plus grand encore, ou encore d'autre mots
synchrones aussi importants, qui gagneraient à ne pas recevoir
l'attention et les rectifications appropriées qu'ils mériteraient.» —
Plérôme.
«Saint Augustin est à la fois un point d'ouverture et
de clôture sur la période évangélique: d'ouverture, parce qu'il résume
si bien le message évangélique avec son «Aime et fais ce que voudra»;
de clôture parce que ce mot sublime tend à occulter le sens plénier
dudit message, auquel se rattachent tous les témoignages vivants qu'il
a suscités, jusqu'au sacrifice ultime qui en a découlé, et qu'en plus
le monument qu'il a laissé, qui est sans nul doute un éloquent
exemplaire de son génie intellectuel, en même temps que du génie
intellectuel romain, ouvrent sur l'ère du mariage politique entre
celui-ci et l'idéologie du Christianisme, tend à faire oublier la
longue lutte et l'ardu combat qui ont mené à ce triomphe et, ce qui est
peut-être encore plus important, en quoi les idées chrétiennes étaient
un véritable parachèvement de la pensée antique et l'accomplissement de
tout ce que l'idéal des temps archaïques laissait à espérer de meilleur
pour le monde, tel que le Judaïsme et son monothéisme de l'Être, de la
Vie et de l'Amour pouvait le transmettre et le réaliser.» — Plérôme.
«La
moralité, c'est la Vie qui agit dans le sens de sa propre
actualisation, de sa propre réalisation et de sa propre plénitude.» —
Plérôme.
«L'enfer déchaîné se manifeste par l'injure et
l'infamie, et par conséquence la souffrance et l'humiliation, sans
qu'elles ne fussent fondées par aucune cause morale ni justifiées par
aucune raison vérifiable, de sorte qu'elles apparaissent comme étant
aléatoires et en dehors de tout état juridique.» — Plérôme.
«L'État
est une microcosme aristocratique à l'intérieur de la société —
c'est-à-dire qu'il incarne, ou prétend incarner, les idéaux que la
société considère comme étant les plus élevés possibles —, et qui se
pose en modèle pour le macrocosme qu'est la société, de manière à faire
être et exister celui-ci, ainsi que les peuples qui le constituent, de
la manière la plus parfaite qu'il lui est possible d'atteindre.» —
Plérôme.
«L'on peut comprendre le droit selon deux aspects: le
droit qui s'exerce effectivement; et le droit qui assure qu'existent
les conditions naturelles et sociales pour qu'un tel droit positif et
actif puisse se trouver à opérer à l'intérieur de la société. § Or, le
droit contient implicitement en lui-même le critère de son propre
accomplissement, puisque seule une expression achevée du droit peut
être considérée comme représentant adéquatement le droit. De sorte que
le droit ne peut signifier rien moins que son illustration parfaite et
accomplie, autant dans le principe qu'il défend que par la manière
formelle de l'assurer et de le défendre, autrement il ne saurait s'agir
de droit, mais simplement d'un ersatz de droit, ou une forme incomplète
du droit, un droit imparfait réalisant en effet un oxymore. § D'où il
en résulte que ce que l'on nomme ordinairement le droit au premier sens
n'est en réalité qu'un droit au second sens, en l'absence de la
perfection à laquelle il ne saurait que prétendre, un droit qui
assurera qu'existent et prévalent les conditions autorisant à
l'avènement du droit au premier sens.» — Plérôme.
«L'individu à
qui échappe la possibilité d'exprimer la sincérité et l'authenticité ne
saurait se prévaloir des conditions dont l'effectivité repose sur la
disposition et l'aptitude à exemplifier ces qualités, en raison de
projeter une fausseté apparente qui se dégagerait de l'attitude
apportée aux situations.» — Plérôme.
«L'abêtissement procède
d'une rupture significative dans le champ de l'expérience vitale;
l'abrutissement, de son appauvrissement; l'un consiste dans la
discontinuité privative de l'expérience formative elle-même; l'autre
est simplement une réduction de sa qualité, susceptible d'engendrer une
sous-développement et par conséquent une sous-utilisation des
ressources de la personne apte à la subir. Et tous les deux produisent
au plus haut degré un effet désolant sur l'individualité, plus ses
victimes sont jeunes au moment de son incidence, pour celle-là; et de
l'apparition de ses premières manifestations, pour celle-ci.» —
Plérôme.
«La perspective pragmatique, qui pour l'essentiel
estime la valeur d'une mesure à la possibilité de sa réalisation
effective, a modifié radicalement la théorie où le droit prime la
force, laquelle fait reposer le droit sur la validité d'un principe
universel et éternel, indéniable et incontournable, pour lequel la
force devient l'outil de sa défense et de sa préservation, et l'a fait
basculer vers celle où la force prime le droit, pour éventuellement se
substituer à lui et constituer son propre droit, le définissant
effectivement, sinon exclusivement, par l'exercice de sa prépondérance
et de sa violence.» — Plérôme.
«L'ordre social contemporain
trouve un analogue dans la pensée qui préside à ses structures
architecturales: assez forte pour résister aux intempéries et aux
vicissitudes du temps, sauf à des cataclysmes d'une trop forte
intensité, mais assez fragile pour céder aux forces entropiques de la
décadence ou répondre aux besoins nouveaux d'un aménagement urbain. Et
il se distingue de l'ancien par ce que celui-ci, comme ses édifices et
ses constructions, étaient constitués pour durer indéfiniment, aussi
loin dans le temps que prévisible, c'est-à-dire pour toujours, en
l'absence de forces naturelles prépondérantes, se produisant d'une
manière inattendue et au hasard des humeurs divines qui les excitent.»
— Plérôme.
«L'unique raison d'être de la philosophie, telle
qu'elle était conçue dans l'Antiquité: la vérité, toute la vérité et
seulement la vérité, à tous les plans du réel immanent et de l'idéel
transcendant.» — Plérôme.
«Un conservatisme qui s'acharnerait à
soutenir et à défendre l'iniquité, déjà présente à l'intérieur d'un
ordre social, serait tout aussi répréhensible que ne le serait un
libéralisme qui se donnerait pour fin de l'apporter et de l'instaurer.»
— Plérôme.
«Une double erreur, commune mais non moins
déterminante de la philosophie: croire que, parce qu'une chose est
indémontrable, elle serait inexistante et digne de considération; et
croire que, parce qu'un sentiment est éprouvé, il correspond
nécessairement à une réalité en tout conforme à la qualité et à la
nature de cet affect.» — Plérôme.
«Garder silence sur une chose,
ce n'est pas ipso facto la nier ou encore exprimer un désir de
l'occulter, mais peut-être simplement ne pas vouloir former un jugement
définitif sur une situation ou un problème complexe de manière à ne pas
en fournir une théorie suffisamment adéquate, i.e. complète,
compréhensive et approfondie.» — Plérôme.
«L'ignorance est comme
une bête féroce dont on ne saurait dire parfois si c'est elle que l'on
traque et poursuit, pour en dissiper l'illusion fatale ou si c'est elle
qui nous poursuit, pour encore mieux nous engloutir dans son doux
cauchemar de fictions, de mensongères et approximatives, insupportable
pour un esprit droit et intègre.» — Plérôme.
«Si difficile que
fût la conception et la formulation de l'universalité de la loi, comme
étant celle qui prévaut à l'échelle de l'univers et qui vaille pour
tous les mondes et pour tous les temps, pour toutes les cultures et
pour toutes les époques, pour toutes les sociétés et pour tous les
moments de son histoire, sa réalisation et l'appréciation juste et
adéquate de celle-ci s'avèrent encore plus complexes et problématiques,
puisque son application est toujours particulière et peut donc revêtir
une diversité de formes et de manières d'expression dont il s'agirait
alors d'en découvrir les instances d'une manifestation appropriée.» —
Plérôme.
«Autre chose, parfois, l'idéal que l'on sait; autre chose, encore, l'idéal que l'on vit.» — Plérôme.
«L'histoire
des révolutions de l'humanité se réduit pour l'essentiel à cet unique
principe politique, i.e. la substitution à l'ordre divin, fondé sur une
conviction de l'existence de la Divinité et sur un idéal de vie qui en
procède, d'un ordre humain qui renvoie uniquement à une perspective
physique de l'existence que l'homme est susceptible de perfectionner
par ses facultés, d'ordonner par sa raison, pour le plus grand bien de
ses semblables, sans pour cela requérir la perspective surnaturelle
afin de parvenir à cette fin. § Or ce qui vient mettre un terme à une
conception strictement immanente, aveugle à toute action transcendante
et providentielle sur le monde, c'est l'échec des civilisations qui se
substituent les unes aux autres avant d'être elles-mêmes remplacées par
de prochaines, sans qu'en résulte pour l'humanité une annihilation
complète, dans la déchéance progressive qui serait censée en résulter
pour elle, en raison de l'apparition toujours inespérée d'une
individualité qui, se réclamant de la Divinité, et au nom de celle-ci,
donne un moyen à l'humanité d'échapper à un sort ou à une fatalité qui
lui semble inéluctable. C'est une constante trop grande dans l'histoire
des peuples pour qu'on en ignore, ni la vérité, ni la présence
fortunée, ni le caractère extraordinaire, pour ne pas dire
inexplicable, et pour laquelle la conception physique n'offre aucune
explication plausible, sauf à s'en référer à un hasard impersonnel et
informel.» — Plérôme.
«Comment sait-on si l'on sait ce que l'on
devrait savoir ? Comment reconnaît-on si autrui sait ce qu'il devrait
savoir ? Comment déterminer, pour soi comme autrui, ce que l'on devrait
savoir ? Et comment l'apporter comme le recevoir de lui ? — n'est-ce
pas le problème que posait Pilate lorsqu'il adressa un jour son fameux:
"mais qu'est-ce que la vérité" ? » — Plérôme.
«Le principe
pédagogique qui énonce que l'on doive procéder du connu pour
graduellement accéder à l'inconnu peut sembler impraticable lorsque le
connu dont on dispose est à ce point vaste et englobant que l'on risque
d'épuiser toutes nos ressources en temps et en puissance intellectuelle
pour l'embrasser adéquatement et y construire l'architecture d'un
savoir futur qui ne soit pas une simple répétition des connaissances
préalablement acquises et aujourd'hui tombées dans l'oubli.» — Plérôme.
«Accepter
avec joie la Création, comme étant un présent inespéré octroyé au
hasard, mais nier le Créateur, tout en comptant sur sa générosité
constante et inépuisable, telle semble être l'attitude courante avec
laquelle l'humanité reçoit la bonne fortune de son existence, une
disposition qui semble fondée dans l'instinct qui gouverne sa volonté
de vie et de survie.» — Plérôme.
«Dans un régime où règne
l'insuffisance, la seule vérité qui compte vraiment est celle,
pratique, qui procurera la fin de cette insuffisance; mais c'est à
l'intérieur d'un régime où règne l'abondance que la vérité dans le
plein sens du terme en vient à prendre toute l'importance qui lui
revient.» — Plérôme.
«Que dire de la situation où ces dames ne
se rendent fleurs que pour mieux être piétinées ou foulées au pied;
oiseaux, libellules ou papillons pour être abattues ou attrapées au
filet; toutes petites et fragiles pour être blessées et abandonnées ?»
— Plérôme.
«La religion, par un effet de méditation historique,
et s'appuyant sur l'intuition ainsi que l'inspiration que procure un
désir d'intelligence, compréhensive et essentielle ainsi que profonde
et significative, sur la nature de la vérité, cherche à apercevoir, à
connaître, à énoncer et à enseigner ce que serait la vérité; la
philosophie, quant à elle, en admettant que l'accession à cette vérité
fût possible, tente de définir quelles seraient les conditions, à la
fois suffisantes et nécessaires, susceptibles d'être rencontrées pour
que l'on puisse tenir une vérité religieuse pour être authentique et
recevable.» — Plérôme.
«Satan, c'est la comédie consommée du
Bien, dans l'attente du moment où pouvoir faire sévir le Mal (comme
étant une privation plus ou moins sévère du Bien).» — Plérôme.
«Le
sentiment de l'unicité, singulière et essentielle, de soi est une
procession de la subjectivité qui caractérise une conscience de soi;
l'observation et la conclusion d'une généralité de traits et de
caractéristiques, se distribuant plus ou moins largement, pour
distinguer une singularité, ou un ensemble de celles-ci, résulte de
l'objectivité de l'être placé devant la conscience et distinct de
celle-ci, en laquelle on peut, ou on peut ne pas, reconnaître une
connaturalité. Tels sont les termes de la question de la
complémentarité ou de la distinction radicale de la subjectivité et de
l'objectivité.» — Plérôme.
«La hiérarchie des hommes peut
s'établir, soit selon le bien accompli et les bienfaits accordés; soit
selon le mal réalisé et la malveillance répandue. Il est inutile par
ailleurs d'ajouter que, sur le terrain de la condition humaine, les
essences recherchées, sur lesquelles fonder la besogne qui définisse la
nature morale de l'action opérée se distingueront radicalement pour
l'une et l'autre disposition alors que le germe du bien et de la bonté,
fécondant celui d'une fragilité et d'une vulnérabilité reconnues, sera
du premier type d'action et que la graine du mal et de la malfaisance
sera du second.» — Plérôme.
«La justice proportionnelle, sur le
plan de l'amour mutuel et réciproque, se réalise pleinement lorsque
l'homme est pour la femme aussi homme pour elle que la femme sera femme
pour lui, étant compris par là qu'ils entreront non pas dans une
relation de concurrence, mais d'émulation, non pas une actualisation
que conditionnent les expectatives sociales, contingentes et éphémères,
mais une réalisation des virtualités les plus intimes et les plus
profondes dans le sens d'un achèvement et d'une perfection accomplis.»
— Plérôme.
«On ne saurait frimer avec la vérité, ni même
chercher à le faire, ni même se sentir le besoin en ce sens, puisque la
sagesse de la vérité est entièrement le propre garant d'elle-même,
auquel l'histoire vient apporter le témoignage qui la fonde.» — Plérôme.
«C'est
un sens inné qui nous enseigne que la liberté ne saurait se laisser
réduire à n'être que l'occasion d'illustrer toutes les imperfection et
tous les caprices imaginables, autant que l'irresponsabilité,
l'ignorance et la sottise.» — Plérôme.
«La première révolution
fut bourgeoise et constitua à substituer à la valeur liée au sang que
l'on sacrifie réellement pour assurer le salut de ses proches et de la
collectivité, celle que l'on accorde à l'or, sacrifié symboliquement
dans l'échange commercial, en vue d'assurer la prospérité et la
sécurité des contractants et de ceux qui participent entièrement et
uniquement à l'esprit mercantile.» — Plérôme.
«Le libertinisme —
le libertinage érigé en principe de la philosophie morale — est une
forme de subversion, et peut-être la plus efficace, du tissu social
idéal.» — Plérôme.
«Avec la séparation de l'Église et de l'État,
une association qui reflète une réalité socio-politique qui remonte
bien au-delà de la naissance du Christianisme, rappelons-le, car elle
était fondamentale à l'existence de l'État gréco-romain, l'État ne
saurait se permettre de trancher les grandes questions religieuses et
morales — i.e. décider officiellement des valeurs transcendantes du
Bien, du Vrai et du Beau — pour se contenter uniquement d'assurer sa
propre préservation et sa propre subsistance. § Ainsi concevra-t-il
comme crime uniquement ce qui remet en question son existence propre,
sans se concerner de l'excellence avec laquelle il définit, parachève
et réalise sa mission, même implicitement, car une telle activité
relève en propre de la morale et de la spiritualité qui la fonde. Et
comme celle-là reposera alors, d'une part, sur le fait accompli
structurel et le statu quo moral, se fondant l'un et l'autre sur un
pragmatisme idéologique et sur un opportunisme politique, et sur
l'atomisation de toutes les qualités morales, à des degrés divers,
selon le niveau d'évolution de la société, qui ne pourra entièrement
faire taire sa propension au bien et à la perfection qui est requise
pour assurer la pérennité de l'Église, cette disposition étant
néanmoins immanente à la nature humaine, puisqu'elle ressort à une
idéal de bonté toujours présent en l'être humain, l'État se verra donc
inéluctablement utiliser à ses fins immédiates les hommes tels qu'ils
sont dans l'immédiateté de leur existence — une attitude proprement
amorale, mais qui révèle un parti-pris ontologique spécial —, pour
tantôt mettre indifféremment le Mal au service du Bien, et tantôt faire
du Bien un accessoire du Mal, le tout au nom de la préservation d'un
état politique et social qui a pour finalité le bien de sa propre
existence, comportant de nombreuses qualités, bien sûr, mais s'appuyant
sur le mouvement implicite d'une immanence pour réaliser son
entéléchie.» — Plérôme.
«Un paradoxe semble parfois refléter le
rapport qui existe entre le sentiment et l'intelligence, alors que plus
on sent se rapprocher d'une fin appréhendée et espérée, plus on s'en
éloignerait; et plus on s'en éloignerait, plus en réalité l'on s'en
rapprocherait.» — Plérôme.
«L'ironie de la situation, lorsqu'un
propos intelligent reçoit une forme de publicité ou une autre, sans en
dénaturer ni le contenu, ni la profondeur, c'est qu'il ne profite
souvent pas à ceux qui mériteraient le plus d'en tirer une quelconque
subsistance et qu'il avantage parfois ceux qui n'en dériveraient, sauf
accessoirement, aucune utilité.» — Plérôme.
«Peut-être
pourrait-on proposer que toute société se diviserait en six camps
idéologiques fondamentaux, sans égard pour les noms qu'ils se
choisissent pour décrire leur affiliation et leur association ou encore
pour leur degré d'implication dans l'évolution politique du milieu à
l'intérieur duquel ils sont agissant: les ultra-conservateurs qui
souhaiteraient resserrer le statu quo, en le rendant plus imperméable
encore au changement, afin de mieux consolider leur position
existentielle — et celle de leurs semblables — à l'intérieur de
celle-ci; les conservateurs qui, pour maintenir une situation actuelle,
se contentent simplement de préserver le statu quo et de se défier de
toute mesure, visant à le changer, en restant confiants que cette
attitude rencontre l'aval de la citoyenneté; les libéraux, qui désirent
un changement du statu quo de manière à pouvoir améliorer leur
situation individuelle — et celle de leurs pareils —, tout en comptant
sur l'assentiment de leurs concitoyens dans la défense de cette option;
les ultra-libéraux qui, au nom du désavantage historique accumulé à
leur détriment, souhaiteraient que s'instaure un changement radical
susceptible produire un état qui jamais plus ne les désavantagerait;
les réformistes qui, pour transformer le statu quo, évoquent des
principes de justice englobants et nécessaires, susceptibles de
transcender les situations et les circonstances particulières; et les
ultra-réformistes, pour qui les principes de justice susceptibles de
fonder et de justifier un statu quo procèdent d'une réalité éternelle
et vraie qui en inspire l'actualité et l'expression et se fondent sur
elle.» — Plérôme.
«C’est un bien triste État qui utiliserait les
méthodes et les ressources matérielles, développées en vue du bien de la
population, comme des techniques de gouvernance et de contrôle individuel
et social, de manière à créer un réseau parallèle au système de justice
qui lui seul a le droit de disposer, au nom de principes légitimes, de
la sécurité et de la liberté des personnes.» — Plérôme.
mercredi 22 avril 2015
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