[Depuis le 12 septembre 2016, avec mises à jour périodiques. — Since September 12th 2016, with periodical updates.]
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«La
plus grande inégalité, par ailleurs insurmontable, car elle est
inscrite dans une nature qu’aucune opération ou intervention mécanique
ne saurait altérer, est celle qui divise les sexes en père et en mère,
dans l’action qui mène à la procréation et à la génération des
enfants.» — Plérôme.
«Pour certains, passer à côté du sujet,
c’est proposer ce que l’on ne serait pas autrement prêt à entendre, si
juste et si vrai que soit l’énoncé émis et exprimé.» — Plérôme.
«La
finalité de la religion, en continuant la pensée et l’œuvre des
initiateurs et des instituteurs, qui en fondent le mouvement et les
regroupements en assemblées, c’est l’édification et la purification des
âmes qui sont influencées par son action, en vue de la plus haute
perfection possible pour l’ensemble et pour les individus qui le
constituent et qui participent à son développement progressif.» —
Plérôme.
«Le tout de la moralité réside dans l’art de l’action
ou de l’inaction délibérément choisies en vue du bien qui en résultent;
celui de son contraire, dans la même délibération, mais en vue du mal.»
— Plérôme.
«L’égoïsme, qui est un facteur fondamental de
l’insuffisance, ne vise pas nécessairement, en affichant un
exclusivisme du soi, le malheur d’autrui, mais il illustre une
indifférence devant sa situation, qu’elle le privât ou non de son
bonheur ou qu’elle entravât ou non son malheur. Il représente plutôt un
sentiment asocial et mine l’effort communautaire, sauf évidemment de
ceux qui défendent la même position existentielle de la priorité
absolue de soi sur autrui. Et puisque seul l’altruisme peut assurer que
l’ensemble de la collectivité prête à se dépenser en son nom, en vue
d’une perpétuation et d’une diffusion optimales, puisse grandir et
s’épanouir en vertu des qualités humaines qui sont les leurs, l’égoïsme
exprime cette injustice par laquelle leur sera refusée la possibilité
de réaliser cette finalité, en substituant le moyen de la concurrence à
outrance qui lui fera échec, à l’idéal de l’entraide et du partage qui
assurerait son succès.» — Plérôme.
«La garce est à la reine comme le clown est au roi — une triste et tragique approximation.» — Plérôme.
«La
tartufferie consommée est peut-être l’imposture la plus difficile à
reconnaître et à identifier car plus elle est réussie, plus elle se
distingue difficilement de la sincérité et de l’authenticité dont elle
fait l’approximation.» — Plérôme.
«Un État qui refuse de
s’associer à une forme quelconque de moralité formelle, théorique et
explicite, pour confier aux législations et aux politique ponctuelles
le soin de conférer un sens d ela moralité publique à ses citoyens et à
ses sujets, s’expose à sanctionner indifféremment toutes les conduites
— des plus vertueuses aux plus crapuleuses —, pourvu qu’elles se
montrent, et qu’elles apparaissent comme étant conformes aux formes
prescrites de l’appareil juridique.» — Plérôme.
«Si tous sont interpellés à changer, en vue de quoi et au nom de qui ce changement devra-t-il s’opérer ?» — Plérôme.
«Tels
sont ceux qui, étant embourbés et empêtrés dans leur manque spirituel
et psychique profond, sont incapables de reconnaître la bonté et de
témoigner de la gratitude envers celui qui l’exprime.» — Plérôme.
«Lorsque
l’on désire subvertir une idée suprêmement bonne, en raison souvent de
l’effort et de la persévérance qu’elle exige pour sa réalisation et que
l’on ne se montre pas prêt à consentir, la tactique usuelle consiste à
en caricaturer la manière de l’exprimer, en se gardant bien de
s’attaquer directement à son principe, et à exagérer sa manifestation,
de manière à décourager les volontés de simplement s’en inspirer, afin
de généraliser progressivement l’essence qui la définit aux situations
où elle pourrait devenir praticable et réalisable, en réalisant ses
bienfaits.» — Plérôme.
«Le Tartuffe est celui pour qui la vertu
dont il feint la possession et l’aspiration à l’atteindre encore plus
est un moyen comme un autre de parvenir à ses fins, sans que celles-ci
ne soient proportionnées, ni à la hauteur de la vertu visée et
actualisée, ni à l’effort et à la persévérance requis afin d’aboutir à
ce point d’excellence.» — Plérôme.
«Si la valeur existentielle
fondamentale de la femme est la sécurité, sans laquelle elle ne saurait
s’établir et élever une famille, celle de l’homme est la poursuite de
l’idéal, sans lequel la perfection du monde ne saurait se réaliser, qui
offre autant aux hommes comme aux femmes les conditions de leur
accomplissement et de leur bonheur. Ainsi, puisque la perfection
s’accomplit toujours — car elle est par définition inatteignable — et
qu’elle est la condition absolue de celle-là, le plus grand tort, que
l’on peut constater à long terme, serait de sacrifier l’idéal de
perfection à celui de la sécurité, sauf à se donner l’occasion de se
préparer à le vivre encore plus haut et plus fort, le moment venu.» —
Plérôme.
«Si, comme le pensent certains, la politique est l’art
du possible, peut-être serait-il sage de se rappeler que, pour celui
qui conçoit, invente, commet et réussit le «crime parfait», cet
artisanat est également possible.» — Plérôme.
«Seuls ceux qui
accomplissent leur devoir (dharma) d’une manière irréprochable peuvent
se dire au-dessus des retombées résiduelles (karmân) de leurs actions
et même là doivent-ils se sentir solidaires des faiblesses naturelles
de leurs prochains et congénères et consentir, toujours par amour pour
eux, à compenser pour celles-ci par un effort décuplé et un résultat
correspondant: tel est un aspect du message évangélique qui exigent en
tout temps un surpassement de soi.» — Plérôme.
«C’est une forme
que prend la barbarie que d’attribuer à quelqu’un une valeur en se
fondant sur les critères de l’apparence et de l’avoir plutôt que sur
une juste appréciation de l’être et de la vertu de la personne .» —
Plérôme.
«L’histoire devient une fuite vers l’avant de la
conscience lorsqu’elle ne parvient pas à s’inspirer des sagesses qui
l’on fondée et lui ont donné une vie actuelle, pour tenter de forger
des sagesses entièrement novatrices qui font rupture avec leurs
précesseurs, comme si la sagesse n’était pas une et comme si la source
et l’origine de la sagesse étaient plurielles dans leur principe comme
dans leur finalité.» — Plérôme.
«L’on conviendra peut-être que,
à l’intérieur d’une population, l’imperfection, à des degrés divers,
est plus abondante et généralisée que la vertu. Ainsi, ce qui rend
particulièrement épineux le défi posé à la démocratie, dès lors que
l’on admet que l’action collective doit tendre au bien — le bien commun
comme le bien individuel —, c’est l’expression d’une volonté collective
qui soit le reflet du bien que chacun désirerait voir s’instaurer
plutôt que l’imperfection dont chacun est porteur en son âme moribonde.
Or le problème est résolu dès que l’on fonde la démocratie sur un
principe d’optimisme, par lequel chacun tend néanmoins à vouloir
accomplir le bien et à le voir réalisé par autrui, malgré des
faiblesses qu’il serait prêt à reconnaître. Mais dès qu’une perspective
pessimiste en vient à prévaloir, qui propose que la commission du mal
se fonde sur l’expression d’une nature destinées inéluctablement à le
commettre, alors le problème devient entier et requiert une résolution
spirituelle. D’où la nécessité de reconnaître l’importance de la
religion dans la vie publique et la nécessité d’une association entre
la conscience politique et la conscience religieuse d’un peuple,
laquelle, pour la première, définit les devoirs et les responsabilités
mutuels et réciproques de l’individu et de l’État et, pour la seconde,
ces mêmes devoirs et responsabilités dans leur relation à la Divinité,
telle qu’elle s’exprime dans la nature et en chaque individu.» —
Plérôme.
«L’immobilité est le caractère inébranlable de
l’habitus invincible, puisque présumément il a accompli sa perfection
existentielle (la sécurité) et essentielle (la vertu); par contre, le
changement est le caractère de la plasticité et de l’adaptation de
l’organisme devant une situation prépondérante et inévitable qui
illustre son inaccomplissement et qui risque de porter atteinte à sa
sécurité et à sa vertu. Mais puisque la nature représente
éventuellement une force de beaucoup plus puissante que celle de
l’homme, c’est-à-dire de tout homme, tous sont appelés à un certain
moment à témoigner d’une aptitude à s’adapter et l’immobilité devient
alors, à l’échelle humaine, la capacité dont dispose l’homme à mieux
opposer une résistance aux forces de la nature, lorsqu’elle se compare
à celle de son prochain.» — Plérôme.
«Puisque, à l’intérieur
d’une démocratie, les agents politiques veillent, dans l’idéal et en
principe, au maintien de l’égalité — le principe selon lequel chacun
dispose des mêmes droits et des mêmes responsabilités que tous —,
l’importance que ces individus acquièrent devient le reflet de leur
aptitude à séparer ceux qui vivent selon ce principe et ceux qui en
dérogent, l’inégalité qui en vient à régner à l’intérieur de cette
société repose sur l’absence de distinction, quelle que soit la forme
qu’elle est susceptible de prendre, et peut autant représenter la
dissension qui résulte d’une excellence manifeste en raison de réaliser
une perfection insigne que l’on refuse de reconnaître que celle qui
exprime une incapacité à reconnaître les principes de la coopération et
de la progression collective, où le clivage qui s’opère à l’intérieur
de cette société, entre la gente aristocratique — l’élite qui définit
le patriciat — et la gente commune — le commun des citoyens qui
constitue la plèbe —, l’une fondant sa raison d’être sur la vertu
éprouvée et démontrée et l’autre se dissolvant plutôt dans l’anonymat
d’une conformité qui rapproche les individus entre eux selon une
manière habituelle d’exister.» — Plérôme.
«Pour paraphraser
librement une réplique de Jeanne d’Arc à ses juges: si la femme n’est
pas libre, plaise à Dieu qu’elle le devienne, conformément à sa nature;
et si la femme est effectivement libres, plaise à Dieu qu’elle le
demeure.» — Plérôme.
«Le défaut de la reconnaissance procède
souvent d’un calcul: car si l’on retire d’une situation actuelle un
bénéfice, dont il reviendrait à un tiers de recevoir le crédit de sa
production, cela crée une obligation de se montrer endetté auprès de
lui. Or, puisque personne ne désir se sentir lié envers autrui, même et
peut-être surtout moralement, plus qu’il ne l’est actuellement, alors
mieux vaut jouir gratuitement des bienfaits reçus que de se sentir
obligé envers un tiers en vertu de leur présence.» — Plérôme.
«Il
y a quelque chose de terriblement irrégulier s’il s’avérait que la
soi-disant libération de la femme passait par l’asservissement
généralisé de l’homme.» — Plérôme.
«Mieux vaut, pour certains,
de s’endetter matériellement que moralement, car une dette morale
requiert parfois, pour la rembourser, une transformation intérieure
profonde de la personne, ce qui n’est pas sans occasionner de peine,
alors que la dette matérielle requiert seulement une illustration de la
compétence qui renvoie le plus souvent à une poursuite de la manière
habituelle de l’être, dans un sens uniquement qui ne remet pas en cause
les principes constitutifs fondamentaux de l’intériorité individuelle.»
— Plérôme.
«Est-il raisonnable, ou même réaliste, de prétendre
qu’une assemblée d’élus, quelle que soit la classe sociale représentée,
uniment ou diversement, puisse songer à légiférer de manière à ne pas
favoriser prioritairement sa propre situation existentielle ?» —
Plérôme.
«Autres questions: gouverner, est-ce nécessairement
dominer ? Si non, quelle est l’essence de cette action ? Si oui, quelle
en est la finalité ?» — Plérôme.
«Plus un ordre est fermé et
restrictif, plus il est apte à se maintenir, grâce aux structures et
aux ressorts internes, constitutifs, qui en protègent l’établissement
ainsi que les membres, sauf que le mécontentement engendré chez ceux
qu’il exclut, sans cause ni raison autres qu’ils ne font déjà pas
partie du groupe sélectif qui en procède, risque de susciter une
opposition apte à le détruire de l’extérieur. Et souvent, afin de parer
à cette éventualité, l’admission symbolique de quelques adeptes
externes, qui, en raison du sentiment de reconnaissance éprouvé pour
cette inclusion généreuse, se contenteront de respecter les formes
établies et les structures prévalentes, cherchera à faire croire à une
ouverture artificielle, alors qu’il perpétue les mêmes usages et les
mêmes traditions étroites qui en garantissent la solidité et la durée.»
— Plérôme.
«Deux principes s’affrontent constamment, le plaisir
(hedonè) et le bonheur (eudemonè), qui semblent parfois être
mutuellement exclusifs, même si dans l’idéal ils seraient
complémentaires et se renforceraient l’un et l’autre. Car il y aurait
toutes les apparences parfois que c’est au plaisir que l’on sacrifie le
bonheur, en négligeant celui-ci pour donner la priorité à celui-là, et
que le seul bonheur possible s’accomplit, comme dans l’ascèse, en se
refusant le plus possible les activités qui concourent au plaisir et en
voyant en la joie de l’esprit un substitut plus qu’adéquat à celui-ci.
Ainsi apparaît-il que l’un des plus grands mystères existentiels
résiderait en la réconciliation de ces deux principes et en la
découverte des conditions où la légitimité de l’un, non seulement
n’entraverait pas l’expérience de l’autre, mais trouverait son
accompagnement en lui.» — Plérôme.
«Question à débattre dans une
Cour d’amour: il vaut certes mieux être fidèle en amitié comme en
amour. Mais en supposant qu’un idéal aussi élevé s’avérât impraticable
— sans que cela ne soit voulu —, vaut-il mieux être fidèle en amour et
infidèle en amitié, ou fidèle en amitié et infidèle en amour ?» —
Plérôme.
«La foi, dans la plénitude de sa compréhension et de
son intension, ne se limite pas à la connaissance, parfois exhaustive,
des principes et des devoirs qui en fondent la vérité, sublime et
entière, mais elle embrasse également leur application, leur mise en
œuvre et leur épreuve réelles à tous les plans de l’existence et dans
toutes les occasions où ils sont requis et où ils sont appelés à
illustrer la valeur du fidèle.» — Plérôme.
«L’on comprend
aisément que l’on veuille ne pas reconnaître un travail de piètre
qualité, qui manquerait à la fois de substance et de style, mais que
faire avec une œuvre qui, ne souffrant absolument d’aucun de ces
défauts, énonce cependant des thèse qui, sans manquer à l’orthodoxie,
met au défi toutes les formes et les matières coutumières de penser ?»
— Plérôme.
«En raison des différences liées à la nature des
sens, le terrain privilégié de l’homme est le territoire physique, avec
ses structures (sa morphologie et sa géographie) et ses conjonctures
(les événements, les circonstances et les contingences) qui sont
suscitées par les forces de la nature, y comprises celles qui sont
issues de la vie. Par contre, en ce qui concerne la forme, bien qu’elle
demeure conditionnée par la nature, et que, en bien des situations et
des occurrences, elle s’avérât plus vulnérable et plus susceptible
devant ses avanies et ses vicissitudes, son terrain demeure celui, plus
subtil, des âmes et des esprits, lesquels, par leur activité, sont
aptes à transformer et améliorer le territoire physique, en fonction de
principes et de valeurs qu’elle incite prioritairement à concevoir et à
façonner.» — Plérôme.
«Contrairement à ce que l’on peut
prétendre, l’anarchie n’est pas un principe de désordre, mais un
principe d’ordre. Le désordre que l’on associe à sa présence n’est
jamais définitif et il sert de prélude à l’ordre dont il est
l’annonciateur. Mais le principe d’ordre que défend l’anarchie est de
par sa nature un principe imparfait, susceptible par conséquent
d’épuration et de raffinement ou, dans les cas extrêmes, de
substitution et de remplacement, et il est souvent au service d’un
ordre social parallèle, dont la subsistance dépend de l’efficacité du
principe anarchique à se maintenir. Et lorsque, pour en opposer les
carences, on en impose un autre, dont l’imperfection est autre, quand
elle n’est pas moindre, les tensions entre ces deux principes, et
d’autres encore, lorsque la dialectique politique suit un cours
historique, permettent éventuellement de découvrir et de mettre en
place des principes d’ordre de plus en plus achevés — c’est l’évolution
— ou, dans l’éventualité contraire, d’apporter la décadence, Ce n’est
que lorsque le principe sur lequel se fonde l’organisation de la
société est parfait que l’on pourra espérer voir s’installer un âge de
paix et de concorde, libre donc de toutes les tensions qui accompagnent
les imperfections de l’anarchie.» — Plérôme.
«Il y a deux types
de philosophes: ceux qui recherchent à remplir les conditions minimales
pour se dire philosophes; et ceux qui recherchent le maximum
d’expériences afin d’être réellement philosophes.» — Plérôme.
«Une
justice qui ne sait ne pas faire acception des personnes ne saurait
qu’être conditionnelle, car elle fonde ses jugements sur des critères
extra-judiciaires et aléatoires. Ne sachant faire la part entre les
innocents et les coupables, en disculpant les coupables et en punissant
les innocents, le sort de ces deux groupes devient alors dicté par leur
état social et leur situation de vie, leurs convictions intimes et les
opinions qui leur donnent une publicité, plutôt qu’elle ne le serait
par l’état de leur conscience, la droiture de leurs intentions, la
légitimité de leurs ambitions et la pureté de leur âme .» — Plérôme.
«Tout
l’art de la criminalité, entendue dans son sens le plus véridique — car
il est aisé de nommer «crime» ce qui ne l’est pas, pour ensuite imputer
la faute à un individu qui n’a rien à se reprocher, une tactique qui
décrit aussi un aspect de la criminalité —, consiste à réaliser
impunément son forfait, sans en être non plus empêché.» — Plérôme.
«Un
des effets non pas négligeables du consumérisme, du matérialisme et du
sensualisme, c’est de créer un climat d’ignorance des choses
intellectuelles, des lettres, des arts, de l’histoire et de la culture
en général — en substituant à ce savoir des connaissances pratiques,
usuelles et inconséquentes — et de faire de la connaissance un acquis
superficiel, peu susceptible de transformer ni les cœurs, ni les âmes,
ni les modes de pensée, mais surtout apte à perpétuer sa démarche
insignifiante et ses ambitions répétitives.» — Plérôme.
«Ainsi,
jusque sur le théâtre de l’existence existe-t-il un départage des
puissances vitales en fonction des identités psychosexuelles. Les
distinctions ne sont en aucune façon étanches, certaines femmes ayant
un caractère plus viril et certains hommes, une disposition plutôt
sensible, alors que certaines cultures encourageraient à des degrés
différents le développement de ces traits premiers, mais cette
généralisation vaudrait pour l’ensemble du genre humain et surtout aux
moments de la fondation et de la propagation des cultures, alors que la
puissance agissante et constructive des hommes, plus énergique, plus
abondante et plus ample, ne voyait animée par la puissance imaginative
des femmes, plus formelle, plus prospective et plus capable d’une
anticipation juste.» — Plérôme.
«La philosophie politique et
économique semble prise entre deux pôles d’un dilemme: l’altruisme et
l’égoïsme. Sous sa forme extrême, il pose que l’altruisme s’exerce
toujours à l’avantage de l’égoïsme au détriment de soi-même ou que
l’égoïsme, en détruisant l’altruisme, en produire que rivalités,
concurrences et luttes incessantes, menant éventuellement jusqu’à
l’auto-destruction de l’humanité. La solution semble donc être de
parvenir à réaliser un équilibre entre ces deux attitudes. Mais dès que
l’on propose que l’égoïsme est celle qui est primordiale et qu’elle
représente la valeur capitale de l’état de la nature, il devient alors
clair que l’altruisme advient comme une découverte, c’est-à-dire celle
de la vertu, et qu’à cette valeur est attribuable tout ce qui
perfectionne la société et l’inscrit dans l’avenir, en misant sur
toutes les qualités positives qui garantiront que l’humanité y accède.
En tant qu’elle favorise la coopération et l’entraide, elle devient un
facteur de résistance et de surpassement devant les épreuves naturelles
que l’homme est appelé périodiquement à connaître en maximisant le
potentiel humain qui permettra de leur faire face et de surmonter le
danger qu’elles posent. Ainsi parvient-elle à transformer et à
perfectionner l’homme, en réduisant le péril à n’être plus qu’un risque
et en rehaussant sa capacité à composer avec les imminences du milieu,
autant naturelles que sociales. Et si l’égoïsme constitue toujours le
ressort de certains, qui s’octroieront un avantage plus grand que les
autres dans cet effort collectif de la survie, de la diffusion, de la
propagation et de la perpétuation de l’espèce et de la culture, et de
la recherche collective de l’excellence par l’ensemble de la société,
et qui par là sembleront profiter, sans mutualité ni réciprocité, de
l’altruisme des autres, cela ne doit nullement servir à masque le fait
que l’altruisme sera toujours la marque de l’homme civilisé et évolué,
bien au-delà de ce que l’accumulation des biens et des privilèges
permet de conclure à son sujet.» — Plérôme.
«Satan est pareil en
tout à Dieu, sauf en l’infinité, la perfection, le profondeur et la
compréhension de l’amour. D’où l’importance et la nécessité, pour les
Pères de l’Église, d’établir et de faire la distinction entre
l’homoousios et l’homoiousios, une difficulté essentielle sur laquelle
les Ariens ont achoppé.» — Plérôme.
«Avec les mouvements
d’ouverture et de fermeture de l’esprit collectif — local, régional,
national ou international —, le libéralisme d’hier, par l’esprit de
changement reflété par lui, comme par les transformations qui en ont
procédé, peut fort bien devenir le conservatisme de demain, une fois
que celles-ci sont entrées dans les mœurs de la population et qu’elles
sont devenues une partie intégrale des us et coutumes qui prévalent.» —
Plérôme.
«Si le péché est l’absence de vertu, en des proportions
qui servent à estimer la faute du pénitent, lorsqu’il a consenti à son
instance, le crime quant à lui renvoie à une conception à la fois plus
libérale et moins complète. Car l droit, en définissant le crime comme
étant l’absence de vertu, susceptible d’une poursuite, dès lors qu’elle
se révèle ne pas respecter les formes qui en préservent l’existence,
elle suppose alors que la vertu consiste à se conformer aux formes
prescrites, alors que l’esprit éclairé sait qu’une telle conformité
repose avant tout sur une aptitude à reproduire les canons de la
bienséance plus qu’elle est révélatrice d’une vertu réelle, sincère,
profonde et adéquate à l’innocence de l’esprit et du cœur.» — Plérôme.
«Il
faut savoir distinguer entre la paresse et la passivité: car la paresse
est un vice qui se manifeste constamment par la haine du travail et
adopte tous les moyens afin d’éviter de fournir l’effort qui
l’accomplira; alors que la passivité est une forme d’inactivité que
l’on emploie, non pas par aversion de l’effort, mais plutôt pour en
maximiser le produit ou l’effet, comme lorsque ceux-ci se trouvent à
être soit dérobées — comme dans le vol —, soit empêchées — comme dans
les tactiques dilatoires ou dirimantes —. Car ce qui est l’apparence de
l’inactivité devient alors l’occasion de songer aux moyens de réparer
un droit outragé par des manœuvres perfides.» — Plérôme.
«La
réponse à la question: «À qui sert le crime ?» peut être aussi
incroyable et complexe que ne le sont le mobile de le perpétrer et le
nombre de ceux qui pourraient l’entretenir et agir selon les impulsions
et les incitations qui en découlent.» — Plérôme.
«Un principe
certes machiavélique: définir l’État comme étant le plus haut bien,
c’est-à-dire la plus haute perfection — en sachant qu’il ne saurait
l’être puisqu’il est constitué d’être imparfaits et qu’il ne saurait
être a priori plus achevé que le plus accompli de ses membres — et, en
mettant tous les vices au service de sa préservation, les récompensant
de l’ardeur et de l’efficace de leurs efforts, constituer un appareil
législatif, exécutif et judiciaire qui se révéleront être une épreuve
pour les plus vertueux de ses membres, car le vice étant une
disposition entropique, il s’acharnera plus volontiers sur l’état qui
ne se défendra qu’honorablement plutôt que lui opposer, en favorisant
l’escalade, une résistance qui sera étrangère à la pureté de sa nature,
puisqu’il tiendrait de la corruption du vice. Le défaut d’une telle
conception, cependant, c’est de ne pas anticiper que, lorsque la vertu
en vient à disparaître, seul ne reste que le vice pour animer
l’existence d’une collectivité, vouant ainsi celle-ci à faire
progressivement l’implosion de ses facultés créatrices et
régénératrices, jusqu’à son affaiblissement généralisé et à sa
susceptibilité accrue à crouler sous les influences étrangères et à
succomber à leurs assauts. Voilà ainsi décrit en quelques mots le sort
qui fut réservé à l’empire Romain lorsqu’il connut la détérioration de
ses mœurs et qu’ils recourut à la persécution de ses citoyens les plus
insignes afin de maintenir un semblant de force et de valeur..» —
Plérôme.
«Peut-on supposer que, en quelque manière, le Cogito de
Descartes s’oppose à l’Habeas corpus des barons anglais, par la
différence de mentalité existant entre deux cultures en ce qui concerne
la conception qui est entretenue de la liberté ?» — Plérôme.
«Une
aperception phénoménale de la ruse de la Divinité, analogue à la ruse
de la Raison de Hegel, par laquelle les dynamiques de l’histoire
réussissent à subsumer les passions et les instincts même les moins
estimables et leur conférer une fin positive et bonne, consiste à
comprendre, sans trop savoir ni pourquoi, ni comment, que
paradoxalement la volonté bonne et excellente de Dieu parvient à se
manifester, non pas toujours contre la malice des hommes, mais avec et
en dépit de celle-ci.» — Plérôme.
«La plus grande réussite de
l’esprit de conquête et de domination, fondé sur le principe de
l’exacerbation de la force physique, recrutée en vue de l’avancement de
la conception commune, fut de faire cesser les dispositions à la
loyauté, à la fidélité, à l’amitié, à l’entraide et à la coopération,
émanant d’un rapport réel entretenu avec la Puissance transcendante qui
gouverne la nature et inspire les consciences ouverts à Sa sagesse et à
Sa volonté, pour limiter leur expression à ce qui sert leur désir,
coupé de l’inspiration divine, en tant non pas qu’ils la continuent,
comme cela serait leur devoir et constituerait leur honneur, mais en
tant qu’ils s’en dissocient, s’en distinguent et parfois même
s’opposent à elle.» — Plérôme.
«L’économie du fiat, qui consiste
à imprimer le numéraire suffisant à la vie économique d’une société, se
fonde implicitement sur le principe de l’intérêt bien compris, à savoir
qu’il est de l’intérêt bien senti de chacun de fournir un travail et un
effort optimal en vue de fournir le travail et l’effort qui
contribueront au progrès et à l’expression de l’économie. En somme, il
est un investissement sur le retour qui résultera du génie et de la
créativité, ainsi que de la compétence et du dévouement, des membres de
la société à faire l’actualisation du potentiel de perfection qu’une
société promet de réaliser, en raison de l’excellence de la
participation de ses membres, et à structurer les formes de l’activité
économique en ce sens. Or, dès que l’intérêt d’aucun des membres de la
société devient prioritaire sur celui des autres, en ce qu’il ne vise
pas le bien-être collectif, ni ne travaille à lui donner une présence à
l’intérieur de la communauté, le principe devient faussé et précipite
le système qui l’adopte du précipice qui le sépare du gouffre
financier. Ce n’est que lorsque l’ensemble reconnaît la valeur réelle
de l’apport de chacun, en tant qu’il illustre le désintéressement
requis pour faire avancer le projet social, que le principe du fiat
économique prend toute sa valeur et toute son importance.» — Plérôme.
«De
l’anarchie essentielle de l’amour, à celui des plaisirs, source des
inégalités les plus criantes, à celui de la haine au nom de la liberté,
à l’amour de l’anarchie qui transforme celle-ci en patriotisme, à
l’amour de l’ordre, qui vise la tranquillité et la sécurité intérieurs,
voilà ce qui semble être le mouvement historique, parfois incarné par
les personnalités officielles, dominantes du Royaume, qui s’est
développé en France durant les XVIIIième et XIXième siècles.» — Plérôme.
«Toute
idéologie se définit autour d’une collectivité d’intérêt et, pour cette
raison, fait surgir les tensions entre ces ensembles dont les intérêts
particuliers sont divergents et parfois même inconciliables. Ainsi,
seule une idéologie qui s’avère désintéressée peut espérer devenir
universelle, en ce qu’elle reconnaît en autrui des droits et des
responsabilités, comme des besoins et des aspirations, qui ont une
valeur en soi, pourvu qu’il existe une mutualité et une réciprocité
dans cette attitude qui se fonde sur le don plutôt que sur
l’acquisition. En assurant, par conséquent, qu’autrui soit comblé,
chacun assure en même temps qu’il sera lui-même comblé, conformément à
des droits et à des responsabilités, des besoins et des aspirations
qui, tout en étant les siens, ne sauraient se concevoir en l’absence de
l’autrui en vertu duquel ils s’exercent, se rencontrent, se visent et
s’accomplissent. Mais dès qu’autrui cesse de devenir la fin de chacun,
et que chacun se réfugie dans son propre égoïsme, alors le mouvement de
mutualité et de réciprocité dans le désintéressement s’en trouve
interrompu et, dans la persistance de ce mobile contraire, arrêté.» —
Plérôme.
«La question n’est pas tant de savoir si un bien
résultera d’une conduite ou d’une action — car il serait difficile de
concevoir l’agir comme ne produisant aucun bien et l’on conviendra que
même la décision la plus intéressée pourra résulter en un bien parfois
accessoire pour autrui, en plus de procurer le bien espéré pour la
personne concernée —, mais de découvrir quel serait le bien le
plus élevé susceptible de procéder de l’action et de la conduite
envisagées. Ainsi, la moralité n’est pas tant la réalisation d’une
disposition au bien mais celle de l’inclination au plus grand bien
possible et la morale s’intéressera par conséquent à considérer la
nature du bien, y compris dans ses gradations et dans ses priorités, et
à penser quelles seraient les conditions qui l’instaureront dans le
monde, avec les ramifications qu’elles comportent pour l’individu
pleinement bienveillant et moral.» — Plérôme.
«L’intelligence du
bien doit non seulement viser cette fin, mais aussi désocculter
l’énigme du mal, en saisir la nature et déjouer les intrigues que
nouent ses agents et en favorisent la perpétuation.» — Plérôme.
«Un
État qui ne reconnaît pas le principe religieux, comme illustrant une
puissance surnaturelle qui surpasse la naturalité des hommes, et même
celle de l’univers dans son entièreté physique, risque alors de devenir
une religion pour elle-même, car il se condamne alors, soit à illustrer
la puissance naturelle prépondérante, face aux puissances naturelles
qui manifesteraient une prétention semblable, soit à se soumettre
devant elles devant l’incapacité d’un tel exhaussement.» — Plérôme.
«L’abnégation
et le désintéressement, librement assumés par amour, sont les quatre
conditions nécessaires de l’acculturation sociale et politique de
l’humanité.» — Plérôme.
«La cause est la raison a priori d’une chose, dont elle devient alors l’effet.» — Plérôme.
«Les
grandes institutions isolent ce qu’elles croient être un principe
essentiel de la vie en société, pour se représenter et actualiser, à
l’intérieur de leurs structures, ce qui en serait le plus haut point de
l’excellence et, vue le nombre incalculable de ces principes, qui
néanmoins se hiérarchisent du moins au plus essentiel, elles se
démultiplient au fur et à mesure qu’ils se découvrent, pour à leur tour
se hiérarchiser suivant le degré de leur importance et de leur
préséance. Par contraste, l’espace public reconnaît les mêmes principes
et les mêmes hiérarchies et, en la personne de ses particuliers privés,
s’efforce de les intérioriser et de les vivre au plus point d’une
excellence possible. D’où une dialectique qui s’installe à l’intérieur
du cadre sociologique, entre les agents institutionnels (économiques,
religieux, politiques et sociaux) et les acteurs sociaux pour ainsi,
par la progression et la perfection, ainsi que la dynamique qui
s’ensuit, réaliser l’évolution de la société.» — Plérôme.
«La
guerre contemporaine est une réalité devenue une suspension de toutes
les valeurs que chérit une société véritablement civilisée — la bonté,
la vérité et la beauté réalisant les idées transcendantes du Bon, du
Vrai et du Beau — et, par conséquent de toute moralité et de toute
légalité — sauf les lois de la nature sous leur forme entropique —.» —
Plérôme.
«L’Idée est la Réalité qui en manifeste objectivement
l’état accompli alors que l’Idéal est la représentation qui, s’emparant
de l’Idée qui en est la perfection, inspire la constitution d’une
Réalité qui est engagée sur la voie d’un achèvement, en raison de la
perfectibilité de l’état actuel qui témoigne de ce fait. L’Idée est
donc la manifestation d’une puissance accomplie alors que l’Idéal est
l’expression d’une puissance qui parcourt et qui parachève son
accomplissement. Ainsi, cette distinction illustre-t-elle une
dichotomie entre l’être et le devoir-être, entre le plénitude de la vie
qui se sait et l’état de la vie qui y aspire, entre l’authenticité
complète d’une entéléchie intégrale et intacte et l’authenticité
compromise d’une puissance précaire et chancelante dont la
vulnérabilité accompagne la prise de conscience d’un état compromis
dans la perfection de sa possibilité.» — Plérôme.
«Autant le
principe de l’égalité des chances que celui de l’égalité des résultats
se fondent sur un principe rarement discuté, qui est celui de l’égalité
(ou de l’inégalité) des natures, procédant de leur distinction
originelle.» — Plérôme.
«Il n’y a pas pire miroir déformant de la réalité que la mauvaise foi.» — Plérôme.
«En
dissolvant le lien social, ce qu’il réalise en réduisant tout à la
légalité, comprise comme étant l’interprète de sa volonté, l’État,
lorsqu’il se définit comme étant une société exclusive à l’intérieur de
la Grande société, devient, en même temps que ses agents et ses
supporteurs, l’unique réalité culturelle digne de se conserver et de
perdurer à l’intérieur de la dimension historique. Il adopte ainsi le
point de vue que sa fin première n’est plus celle d’assurer
l’accroissement, la diffusion et la perpétuation de ses structures et
de son organisation, en se constituant au service de la Société qui lui
est ontologiquement préalable et en vue de son éventuelle perfection,
une aspiration que tempère l’existence effective de la société et le
droit reconnu à celle-ci d’épouser des fins analogues à l’intérieur
d’une vie originale et d’une durée continue, mais de considérer
dorénavant son unité comme étant la seule culture et l’unique société
légitimes. Car l’État ne saurait être tout ensemble l’État et la
société: ou il est État et répond à sa vocation première, en
entretenant un rapport sain et positif avec la société; ou il devient
lui-même Société et doit se substituer par conséquent à la société
véritable et se donner un État pour assurer, à travers cet organe, la
régulation, l’ordre et le contrôle de ses activités principales. Ainsi
prélude-t-il, à travers la séparation qu’il effectue de son organe
constitutif, qui augure en même temps de la naissance d’un nouvel
organe régulateur, de la naissance d’une nouvelle société au service de
laquelle il serait en principe lié.» — Plérôme.
«Comment peut-on
empêcher qu’avec la découverte, l’invention et la venue de nouvelles
philosophies, si excellentes fussent-elles, l’on ne noie pas le poisson
de la vérité, présente dans toutes les philosophies antérieures,
advenues, découvertes et inventées à leur tour et en leur temps ?» —
Plérôme.
«La négation d’Éros et l’adoption de Thanatos sont les
deux piliers de la décadence Occidentale contemporaine. Suite à cette
constatation, pour autant qu’elle se fondât effectivement, la question
devient de comprendre pourquoi et comment a bien pu se produire et
évoluer cette situation ?» — Plérôme.
«Quelqu’un peut-il
légitimement prétendre bâtir son rêve sur les ruines d’un rêve qui
appartenait préalablement à autrui, auxquelles il aurait effectivement
et intentionnellement contribué ?» — Plérôme.
«La décadence est
parfois le prélude de l’anarchie et parfois une manifestation de
celle-ci: elle est parfois tolérée et même encouragée, comme étant
l’expression d’un état qui marque à quel point une culture s’est
dégradée et éloignée de l’idéal qui a animé et inspiré sa grandeur et
son apogée. D’autant que la conviction implicite, c’est que, ayant
éprouvé et exprimé la forme la plus exacerbée de cette diminution, la
culture peut retrouver sa gloire d’antan, comme elle a réussi un jour à
y atteindre, en découvrant parmi ses membres les génies aptes à la
restaurer et peut-être même lui donner un lustre encore plus grandiose.
Mais c’est compter sur un indéterminé auquel on ne saurait dicter,
puisque c’est à une force mystérieuse que revient de faire surgir et
apparaître les génies créatifs et vitaux, susceptibles de relever la
culture et d’insuffler en elle l’enthousiasme et l’inspiration
précurseurs d’un renouveau.» — Plérôme.
«Par la connaissance
certaine qui en résulte et par la technologie efficiente à laquelle
elle donne naissance, la science exacerbe la volonté de prévoyance et
de contrôle que l’homme peut exercer sur le monde, afin d’assurer sa
sûreté et d’améliorer sa qualité de la vie, plutôt que laisser aux
aléas et aux impondérables la détermination non désirée et malvenue de
son existence. Ainsi, la Divinité, à laquelle l’on attribue souvent et
à tort la responsabilité de tels malheurs ou de tels déplaisirs,
devient-elle un obstacle au développement d’une autonomie protectrice
mais plus encore devient-elle l’occasion de démontrer une gratitude
pour les bienfaits reçus, à l’intérieur d’un monde où se côtoient des
espérances heureuses ou malheureuses, issues d’une nature parfois
généreuse et conciliante, parfois réfractaire et difficile. Une telle
éventualité s’avérant inconcevable pour l’esprit orgueilleux et égoïste
qui désire trouver en lui-même l’unique raison de son propre salut, la
science devient alors le refuge de toutes ses ambitions, non plus
seulement à la réalisation de la pleine puissance de sa liberté
entière, mais aussi à celle de son indépendance totale à l’égard d’une
Divinité auxquels bienfaits cependant il ne saurait se soustraire — le
premier desquels étant la vie — et qu’en raison de cela il ne peut en
définitive nier.» — Plérôme.
«Rien ne légitime que, pour se
disculper, l’on tente de déplacer l’attention et d’inculper injustement
autrui, car alors, si grand fût le tort occasionné par une fausse
imputation à l’endroit de soi, dès lors qu’elle reçut l’aval d’une
tierce conscience, celui-ci serait encore plus grand si l’accusation
inique dût être endossée par un tiers dont l’innocence serait tout
aussi réelle.» — Plérôme.
«Sous sa forme radicale, que
revêtirent dans l’Antiquité les sociétés d’Amazones, le féminisme c’est
la réalité de la femme (mulier) qui en dicte à celle de l’homme (vir),
en affirmation univoque de la nature de celle-là et en négation totale
ou partielle de l’essence de celui-ci. Par conséquent, elle exprime une
division malheureusement préjudiciable à l’intérieur du genre humain et
elle devient la source et la raison d’être d’un état conflictuel
perpétuel dont les manifestations ne sont pas toujours perceptibles.
Pourquoi il en serait ainsi, et même s’il devait en être ainsi, demeure
une énigme qu’il est autant dans l’intérêt de l’homme que dans celui de
la femme de vouloir élucider .» — Plérôme.
«L’incompréhension
est un point d’équilibre ou d’immobilité qui se trouve quelque par à
l’intersection de la conscience qui est trop aveuglée pour entendre
adéquatement et l’intelligence qui est trop accaparée pour agir de
manière significative.» — Plérôme.
«Quand s’aliéner, c’est se
civiliser; quand se civiliser, c’est s’aliéner: deux formulations
parallèles qui pour l’une témoignerait d’une culture défectueuse,
c’est-à-dire qui n’a pas encore réalisé la plénitude du bien que ses
virtualités rendent possibles, et qui pour l’autre viserait à illustrer
l’état social qui est en marche vers la perfection et qui est inclusif
des individus qui démontrent le bon vouloir de s’y rallier .» — Plérôme.
«Le voleur est celui qui prive autrui du fruit légitime de son mérite, de son travail et de son effort.» — Plérôme.
«L’optimisme,
c’est la conviction invincible dans le mérite de l’excellence et la
confiance inébranlable en l’inéluctabilité de sa prédominance, sous
l’œil de l’éternité et de la Divinité qui en est le principe spirituel
fondateur et l’âme motrice, malgré le regard médiocre des consciences
qui en façonne les exemplaire et en évolue les manifestation qu’un
désir, une volonté et un motif à se surpasser animent néanmoins, pourvu
qu’ils ne compromettent pas un instinct de survie aux contingences
naturelles qui s’offre à elle et d’appartenance au groupe social dont
la complicité importe à assurer pour elle la plus grande chance de son
succès.» — Plérôme.
«Imaginons un radicalisme idéologique à ce
point imbu de la puissance dont il défend l’existence et la pérennité
que son achèvement suprême ne laisserait pour ceux qu’il ne réussit pas
à inclure dans son optique que l’espérance de pouvoir s’associer à lui,
lorsqu’il exprime la plus haute forme de l’être qu’il lui est possible
d’atteindre, sans que pourtant celle-ci ne puisse également s’exprimer
de plain-pied, d’une manière autonome, dans l’activité créatrice et
constructive, vraie, juste et bonne. Comment ne pas alors comprendre
qu’un tel «mégalothumè», pour utiliser l’expression de Fukuyama,
signifierait à la fois l’aliénation des partis en présence, plutôt que
leur confluence et leur complémentarité dans l’action mutuellement
favorable à leur nature et à leur essence fondamentale, en rendant l’un
impuissant au plan de l’existence et en rendant l’autre dépendant
uniquement de sa propre indépendance.» — Plérôme.
«L’unique enjeu véritable de la vie, c’est la vie.» — Plérôme.
«Ou
toutes les religions sont vraies; ou certaines d’entre elles seulement;
ou toutes les religions sont fausses. § Si toutes les religions sont
vraies, alors les différences que l’on retrouve pour les distinguer les
unes des autres doivent représenter des formes distinctes de la vérité,
lesquelles doivent se rapporter, pour être bien comprises, autant dans
leur spécificité individuelle que dans leur généralité commune, à une
Vérité unique et fondamentale. D’où il en résulte qu’il sera nécessaire
d’établir une gradation entre ces différentes croyances, quant à leurs
formes respectives, laquelle permettrait de concevoir lesquelles de ces
convictions représentent le mieux cette vérité fondamentale et
lesquelles s’en éloignent le plus. § Si certaines seulement le sont,
outre la question d’identifier lesquelles, la même conclusion
s’appliquera à celles qui méritent d’être considérées vraies. § Si
toutes les religions sont fausses, il importerait alors de savoir
quelle est l’origine, la raison, la nature et la finalité de cette
spiritualité humaine que se recrutent les prétentions fallacieuses afin
d’ainsi diriger erronément les aspirations intimes et les
investigations spirituelles et par conséquent de pouvoir se perpétuer »
— Plérôme.
«On séduit qui on veut favoriser, mais on appâte ceux
que l’on veut perdre: la grande difficulté, c’est de savoir distinguer
si l’on a affaire à l’une ou à l’autre de ces situations, et cela
d’autant plus que le moyens employés pour réaliser ces actions sont à
la fois subtiles et parfois même imperceptibles, sauf pour l’œil
sensible et le cœur avisé.» — Plérôme.
«Comme il semble s’être
établi une confusion entre le bonheur et le plaisir, dans la
description de l’idéal auquel l’on choisit d’aspirer, il semble se
définir un vague entre la domination et la liberté, dans la description
de l’état politique idéal dont on peut jouir.» — Plérôme.
«Il
serait possible d’effectuer une distinction entre deux états qui sont
apparentés: la répression, qui prend souvent l’aspect d’une action
policière, vise la conformité des actions et des conduites à
l’intérieur d’une même population; l’oppression, associée souvent à
l’action militaire, a quant à elle pour but la soumission des
consciences et des esprits, lorsque des populations distinctes, et
souvent étrangères, sont en présence. Mais en réalité, ce sont deux
états analogues. Car pour réaliser la conformité de chacun à une
pratique prescrite ou à une mesure imposée, l’on doit souvent avoir
recours à l’oppression, qui devient le moyen de cette prescription ou
de cette imposition; at afin de parvenir à soumettre des consciences
rébarbatives à un état social et politique qu’elles jugent injustes et
aliénantes, et peut-être même révoltées par sa présence, les forces
dominantes doivent alors faire usage de la répression.» — Plérôme.
«La
vertu: l’anarchie de l’amour qui produit l’ordre correspondant; le
vice: l’amour de l’anarchie qui produit le désordre, au nom du principe
du désordre que l’on juge prioritaire; le défaut du vice: l’amour de
l’ordre qui abhorre le désordre et qui se définit en fonction de cet
état d’âme.» — Plérôme.
«La recherche du bouc émissaire, c’est
un expédient politique qui consiste en la recherche, par un ensemble
social, de l’individu ou du groupe qui paieront pour les transgressions
et les perversions de celui-là, mais sans en avoir l’apparence, en
raison de l’iniquité que cela suppose d’employer de telles mesures
contraires au droit.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui disposent
ceux qui les aiment à devoir les détester et qui inclinent ceux qui les
détestent à devoir les aimer.» — Plérôme.
«Que peut faire
l’homme sans la femme ? Mais que peut faire la femme sans l’homme ? Et
doit-on choisir, quant à l’homme, n’importe quelle femme plutôt
qu’aucune femme ? Et, quant à la femme, n’importe quel homme plutôt
qu’aucun homme.» — Plérôme.
«L’hystérisme repose sur le principe
de l’universalité de l’être, de la conscience et des dispositions
innées, existant à l’intérieur d’un monde social et naturel, à la fois
constant et changeant, mais sans qu’il ne repose sur une individualité
clairement identifiée et ressentie dans sa singularité, en raison de ne
pas avoir atteint le degré d’authenticité profonde, fondée sur une
aperception exacte requise à effectuer une prise de conscience globale
et à réaliser une simplicité de la vie intérieure, sur lesquelles
prennent leur assise la réalisation, la complétude et la plénitude de
la personne, que viennent éclairer une appréhension de la complexité
compréhensive des éléments qui la constituent, de la multiplicité de
leurs aspects, de leur unité fondamentale et de l’apport important que
prennent les événements de l’existence, autant personnelle que sociale
et collective, pour l’établissement, par la conscience, de cette
unification et de cette intégration.» — Plérôme.
«Le principe
juridique germanique ancestral, qui veuille qu’il n’y ait aucun crime
en l’absence d’un plaignant, outre qu'ils peuvent porter à accorder
plus de poids aux plaintes qu'elles n'en méritent, sont aptes à rendre
les agents de la paix et les ministres de la cour judiciairement
aveugles aux délits et aux délinquances qui sont commis: ainsi est-il
susceptible de transformer ces officiels, de gardiens de la justice que
l’on souhaiterait pouvoir trouver en eux, en serviteurs du politique et
éventuellement, en raison de cette cécité — et surtout s’il existe un
intérêt à faire preuve d’une tel aveuglement volontaire —, en complices
des malfaiteurs.» — Plérôme.
«Trahir un secret, c’est en
répandre la semence sans savoir quelle terre — ou même si aucune terre
— pourra la faire éclore plutôt que lui fournir en soi-même cette glèbe
salutaire, en méditant le sens de son propos, et lui donner l’occasion
de germer, lorsque la période de son incubation sera achevée.» —
Plérôme.
«C’est bel et bien d’être estimé honorable et digne de
revoir une reconnaissance, mais encore faudrait-il savoir par
l’entremise de qui ce choix s’effectue, face à quelle pensée il se
réalise et au nom de quel ordre de valeurs on la confère.» — Plérôme.
«Quand
on met le manche à la cognée et que l’on fait donner de la hache sur
l’arbre, il ne faut pas s’étonner de voir les copeaux voler dans tous
les sens.» — Plérôme.
«Comment satisfaire à ceux qui, malgré qu’ils ont beaucoup, laissent entendre qu’ils n’ont reçu encore trop peu.» — Plérôme.
«Le
rapport judicieux entre le droit et la force exige que, pour que ne
prévale le droit, il doit avoir pour servante, et non pour maîtresse,
la force. Car seul un droit qui prime la force peut façonner et
orienter celle-ci en vue de réaliser la fin qui convienne à sa nature.
Autrement, comme lorsque la force prime le droit, s’installe une
dynamique qui obéit à la logique interne de la force — une logique qui
est conforme à une essence qui s’impose aléatoirement, mais dans le
sens uniquement de sa propre préservation et de celle du sujet qui en
est l’agent — qui est celle uniquement de réagir instinctivement à la
situation, sans apprécier consciemment ni la nature de celle-ci, ni
l’effet prolongé de son action sur elle, ni les mesures adéquates,
susceptibles d’être employées pour parer décisivement à celle-là, ni
encore celles qui pourraient en prévenir la récurrence, si celle-ci
était estimée indésirable. Or toutes ces actions reposent, non sur la
force, mais sur l’intelligence, laquelle, sous la forme de la raison
qui la révèle, donne à l’usage de la force son but et définit les
moyens qui l’atteindront, en somme formule le droit privée qui préside
à son action et dont le droit public en constitue l’exaltation du
principe et l’excellence de son efficience.» — Plérôme.
«L’ignorance
que l’on maintient et avec lequel on se satisfait cache toujours un
intérêt: celui qui exprime le bien — matériel et social — qui en est la
cause, pour la conscience qui en témoigne, par l’état persistant
qu’elle amène à établir et qui, en raison de cette durée, est le
générateur d’un mal souvent croissant et signale une détérioration dans
l’être qui le subit, procédant l’un et l’autre de l’incomplétude de la
science qui pourrait en enrayer la progression.» — Plérôme.
«Le
mal est une forme que prend l’usure en ce que, s’installant pour
altérer l’état de l’être qui le subit, il en désagrège peu à peu les
éléments et en altère les fonctions, pour en développer progressivement
l’incapacité, de manière à en déprécier l’apparence et en neutraliser
l’efficace, en le rapprochant éventuellement de son terme existentiel.
De sorte que, en maintenant l’ignorance, soit de l’existence même du
mal, soit des moyens susceptibles de restaurer le bien dont l’absence
en est la cause et le principe, l’on fait office d’usurier et l’on
condamne cet être à une fin dont la précocité fait mentir le terme
naturel auquel l’entéléchie caractéristique de son essence le
prédisposerait, un peu à la manière d’une gangrène, d’un cancer ou
d’une lèpre qui le gagne peu à peu et en ravage la figure, les
fonctions utiles et les états premiers.» — Plérôme.
«Lorsque
l’on confie à quelqu’un le pouvoir, c’est sa conception de la vie —
individuelle et collective — que l’on ratifie, non pas uniquement dans
l’exercice qu’il en fait pour lui-même, mais aussi dans l’application
qu’en fera son ministère pour la collectivité dans son ensemble.» —
Plérôme.
«C’est bel et bien pour soi d’être estimé digne et
honorable, mais encore faudrait-il savoir pour qui, face à quelle
pensée et relativement à quel ordre de valeurs.» — Plérôme.
«Lorsque l’on donne de la hache sur l’arbre, il ne faut pas s’étonner de voir voler les copeaux.» — Plérôme.
«Comment
parvient-on à satisfaire à ceux qui, malgré qu’ils ont reçu beaucoup,
estiment néanmoins qu’il ne leur est dévolu encore que trop peu.» —
Plérôme.
«Le rapport entre le droit et la force exige que, afin
que le droit ne prévale, celui-ci doit avoir pour servante, et non pour
maîtresse, la force. Car seul un droit qui prime la force peut orienter
et façonner celle-ci en vue de la fin qui convienne à sa nature.
Autrement, comme lorsque la force prime le droit, il s’installe une
dynamique qui obéit à la logique interne de la force — une logique qui
est conforme à une essence qui s’impose aléatoirement, mais uniquement
dans le sens de sa propre préservation et de celle des sujets qui en
sont l’agent —. Ainsi commande-t-elle d’agir sur une situation, ou de
réagir à elle, sans apprécier ni la nature réelle et profonde de cette
essence, ni les effets prolongés de son action, ni les mesures
adéquates susceptibles d’être employées pour parer décisivement à
celle-là, ni encore celles qui pourraient en prévenir la
récurrence. Or toutes celles-ci reposent, non pas sur la force,
mais sur l’intelligence, laquelle donne à la force son but et définit
son moyen, par l’entremise de la raison, qui en somme formule le droit
qui préside à son action.» — Plérôme.
«Exercer le pouvoir, ou
participer de son essence, c’est souvent exiger d’autrui ce que l’on ne
serait pas prêt à faire soi-même. Comme c’est aussi disposer
d’avantages et de bénéfices dont il ne revient souvent pas à autrui de
jouir. L’un tient à la dignité de l’office que l’on détient et est
afférent au devoir de son occupant; l’autre procède de l’importance de
l’officier dans la hiérarchie sociale et renvoie à son mérite, réel ou
présumé, que signifie l’ascendant auquel lui permet de prétendre
l’essence de sa fonction publique. § Mais si la position d’un membre de
la société et les avantages dont il jouit en raison de celle-ci
deviennent des manifestations de l’inégalité sociale, quelque normal
que semble le fait de reconnaître la dignité d’une fonction et la
valeur du personnage qui la détient, la simple constatation du maintien
d’une inégalité structurelle à l’intérieur d’une société en principe
égalitaire évoque une contradiction avec laquelle il est difficile, en
droit, de se réconcilier. § Si un tel clivage semble procéder de la
justice naturelle, qui consiste à récompenser la valeur et le mérite où
ils se trouvent comme à exprimer un respect envers la dignité des
fonctions, procédant d’une majesté qui est à sa source et la fonde, il
semble en même temps s’opposer au principe d’une égalité, d’une dignité
et d’une valeur fondamentales de tous, devant cette majesté qu’aucune
dignité officielle ou importance réelle ne sauraient nier. La
difficulté devient alors d’établir un équilibre entre ces notions
intangibles, une tâche qu’il reviendrait au Sage d’accomplir.» —
Plérôme.
«En supposant que l’on puisse posséder toute
l’information que possède un esprit brillant, même en étant soi-même
doué d’une capacité intellectuelle remarquable, cela serait-il une
garantie d’apprendre ce qu’a appris son intelligence et de connaître ce
que sait son esprit, sans avoir à faire d’autre recherche, ni même
opérer une recherche initiale ? Ou la brillance d’un esprit ne
résulte-t-elle pas de cette mixture du talent intellectuel et de
l’effort intégral accompli pour le réaliser ?» — Plérôme.
«Dans toute mélancolie, il y a quelque part un rêve brisé et une espérance déçue.» — Plérôme.
«Si
l’homme est entièrement déterminé par la matière, comme le prétendent
les matérialistes, comment expliquer la matière, sauf à voir en elle
une donnée infinie et éternelle, ce qui est la diviniser d’un côté, et
méconnaître que la science nie cette prétention, de l’autre ?
(Devrait-on alors désirer diviniser le vide en laquelle apparaît la
matière ?) De plus, comment expliquer l’esprit qui cherche à trouver un
sens à celle-ci, sauf à le transformer en épiphénomène, apte à surgir
comme nature autre et par essence distinctive de ce qui serait, en tant
que l’esprit est une conscience, une forme moins parfaite que le
terminus ad quem auquel il donne une expression ?» — Plérôme.
«Hypotaxe — parataxe — hypertaxe.» — Plérôme.
«S’il
est possible d’adopter les formes du bien pour commettre le mal — ce
qui définit l’essence générale du subterfuge —, ne peut-on pas aussi
imaginer que certains puissent adopter les formes du mal pour accomplir
le bien ?» — Plérôme.
«Le sacrifice sain se fonde sur la culture
en soi de la vertu personnelle et sur la constance dans l’épreuve,
démontrée devant les adversités que son exemplification suscite et qui
se résout en une patience, fondée sur l’amour, à l’endroit de ceux qui
en sont les agents souvent inconscients; le sacrifice malsain se fonde
sur une notion de conduite droite, que spécifie un ordre politique
et/ou une idéologie sociale, laquelle procède d’une conception de la
vertu sociale, et consiste, au nom de ces idéaux, à s’offrir, peut-être
inconsciemment, en victime à un autrui, peut-être plus susceptible
qu’un autre de céder à l’opportunité qui se présente à lui, pour
ensuite se donner une raison de pouvoir le dénoncer auprès des
autorités, qui ne manqueront pas alors de le faire écoper de son manque
de discernement et de retenue.» — Plérôme.
«Il y a quelque chose
d’absurde à l’effort qui est dépensé à suscité une activité
constructive en autrui, sans qu’une préparation à illustre soi-même une
activité semblable et correspondante ne gouverne sa propre action, de
manière à diriger, non pas par l’exemple, mais uniquement en imposant
les dictées de sa volonté.» — Plérôme.
«Personne n’oserait
prétendre, peut-on croire, qu’il est merveilleux de pouvoir s’exprimer,
et de pouvoir le faire sans entrave ni empêchement. Mais à cette
faculté et à ce droit correspondent une responsabilité qui est celle
d’émettre un propos significatif qui soit édifiant, c’est-à-dire qui
incarne en sa matière et en son contenu les trois valeurs
transcendantes de la vérité, de la bonté et de la beauté et qui en même
temps illustre le désir et le dessein d’atteindre à cette
actualisation, autant dans la compréhension de leur nature que dans
leur manifestation à l’intérieur de l’agir communicatif et effectif.» —
Plérôme.
«Comme elle est bonne cette perfection qui ne met jamais en cause l’état d’une incomplétude qui la nie !» — Plérôme.
«Le
risque que court toute forme que peut prendre l’institutionnalisation
sociale, que symbolise la métaphore de la tour d’ivoire, c’est de créer
pour les membres de l’institution qu’elle constitue une culture et une
ambiance suffisantes à leur préservation et à leur maintien
existentiels, sans qu’ils n’aient plus à s’exposer à des manières de
pensée et d’agir distinctes, cultivées en d’autres institutions et
toutes aussi satisfaisantes pour les agents moraux, mais pouvant
illustrer des principes et des valeurs radicalement opposés aux siens
propres, sans que nulle loi ni dialectique ne parviennent à les
réconcilier.» — Plérôme.
«Peut-on comprendre le penser et
l’action de Montcalm, sans se référer à la culture de la corruption et
à l’ambiance du libertinage qui existaient en Nouvelle-France à cette
époque ?» — Plérôme.
«L’humiliation est l’opprobre jeté au
visage de l’humilité, peut-être parce que celle-là exprime par là
l’impuissance devant la liberté dont celle-ci témoigne en choisissant
la résignation et l’abaissement devant l’orgueil qui les nient comme
attitude vertueuse légitime.» — Plérôme.
«Si l’on admet qu’aucun
État ne devrait a priori porter préjudice à aucun de ses citoyens, l’on
doit aussi accepter qu’au fondement de cette position qui ne saurait
qu’être politique — puisqu’il est concevable, comme nous l’enseigne
l’histoire, qu’un État choisisse de se maintenir en préjugeant du
bien-être de certains de ses sujets à l’avantage de celui des autres —,
il existe un désir de perfection étatique dont l’accomplissement ne
saurait que procéder que concurremment avec celle de tous ses membres
constituants. Ainsi, seul un État qui définit pour ceux-ci, ou allouant
qu’ils le conçoivent, individuellement ou ensemble, ce que serait
réellement, en bonne conscience, l’idéal le plus élevé à cultiver, et
qui encouragerait sa réalisation en chacun, serait digne de se
considérer comme protégeant a priori le droit de chacun à l’excellence
de l’existence et à la plénitude de la vie, pour autant que ne soit
exposée à l’entrave ou à la dissuasion l’actualisation de cette
aspiration chez autrui.» — Plérôme.
«Une perception juste et
adéquate des qualités relatives à l’identité psychosexuelle, au-delà
d’une appréciation subjective fidèle de la singularité de chaque
particulier, opposera les représentations intra-génériques, soit des
hommes, soit des femmes, en recourant à un schéma comparatif, alors
qu’une évaluation inter-générique des qualités respectives de l’un et
l’autre sexe s’effectuera sur le mode de l’analogie, lorsqu’il s’agira
d’apprécier intégralement, avec justesse, la nature de l’homme et de la
femme, en se souciant surtout de ne pas réduire l’un à l’autre.» —
Plérôme.
«Le trait de Loisy: «Jésus annonçait le Royaume et
c’est l’Église qui est venue», qui peut aux yeux d’un grand nombre
représenter une boutade, illustre seulement quel est l’écart toujours
présent entre le message évangélique et l’application effective que
l’on a pu en réaliser, depuis le moment qu’il a été apporté. De plus,
on peut le situer à l’intérieur de la doctrine des trois Églises —
militante, souffrante et triomphante — pour montrer combien longue
encore est la route à parcourir et ardue la lutte à mener, avant que ne
triomphe la vérité de la foi que proclament les Écritures, avec
l’inévitable épuisement qu’éprouvent à l’occasion les troupes, les
revers malencontreux qu’elles peuvent subir, les pertes qu’entraîneront
les combats, jusqu’à ce que se produise la victoire finale sur les
forces qui s’érigeront à l’encontre de la réalisation de la finalité
qui est prophétisée.» — Plérôme.
lundi 12 septembre 2016
lundi 6 juin 2016
Euthúmèma XVIII (réflexions)
[Depuis le 18 mai 2016, avec mises à jour périodiques. — Since May 18th 2016, with periodical updates.]
«L'amour, c'est la confusion et la conjugaison, hautement et ardemment désirées et voulues, de libertés appelées à se rencontrer et à se compléter afin de parachever de d'épanouir les personnes impliquées en vue d'accomplir, dans le respect de leur individualité propre, les plus hautes fins réalisables et dont la progéniture qui est susceptible d'en résulter n'est pas la moindre.» — Plérôme.
«Ce que Rousseau a compris, c'est que la liberté, sous sa forme pure et pacifique, est d'abord et avant tout une valeur (car elle se vit actuellement) et une aspiration (lorsqu'elle est perdue) par essence paysannes.» — Plérôme.
«C'est le rêve de Satan de vouloir supplanter Dieu; mais ne pouvant Le supplanter, il cherche à Le dépersonnaliser; mais ne pouvant Le dépersonnaliser, il cherche à Le désincarner; mais ne pouvant Le désincarner, il cherche à Le pervertir; mais ne pouvant Le pervertir, il cherche à L'éplorer; mais ne pouvant L'éplorer, il cherche à Le chagriner; mais ne pouvant Le chagriner, il cherche à Le blesser au cœur; mais ne pouvant Le blesser au cœur, il cherche à Le faire souffrir physiquement; mais ne pouvant Le faire souffrir physiquement, il cherche à Lui aliéner l'esprit; mais ne pouvant Lui aliéner l'esprit, il cherche à heurter Sa vertu; mais ne pouvant heurter Sa vertu, il cherche à Le tourner en dérision: ainsi parviendrait-il peut-être à exprimer son mépris de Lui, son orgueil étant incommensurable à la mesure de son infinie prétention et seul l'Amour divin parviendra à en surpasser l'ampleur et en humilier l'exagération.» — Plérôme.
«Lorsqu'une exégèse propose des principes apparemment contradictoires, à l'intérieur d'une doctrine qui est autrement cohérente, l'on doit alors découvrir, dans les circonstances qui ont produit les propos dissonants et auxquels se rapportent ceux-ci, les raisons qui peuvent expliquer leur vérité, malgré la difficulté qu'ils posent à l'entendement de savoir les réconcilier.» — Plérôme.
«Le conservatisme éthique se définit par un désir généralisé d'une même finalité alors que le conservatisme politique se conçoit comme étant celui de conserver ce que l'on a acquis. Ainsi, la contestation prendre, à l'intérieur de ces deux champs, un caractère identique lorsque le désir éthique et le désir politique convergent. Mais elle peut aussi se distinguer lorsqu'il existe une divergence entre ces deux aspirations. Car il est possible qu'un régime se définisse par une aspiration collective identique, en lequel cas il s'agit simplement de déterminer quels seront les critères pour adjuger entre ceux qui sont dignes de l'accomplir et ceux qui ne le sont pas. Mais lorsque les aspirations collectives divergent, ce que d'aucuns aspireront à réaliser comme représentant ce qui est valorisable par un grand nombre — le bien, le beau, le vrai — pourrait être déprisé par d'autres, qui placent leurs espérances en des valeurs qui sont entièrement différentes et distinctes. C'est alors que s'installent les germes d'une profonde transformation sociale, laquelle peut s'accomplir sur de nombreuses générations, comme cela fut le cas à l'intérieur de l'Empire romain, quand l'amour vertueux fondé sur une croyance monothéiste et rédemptrice, en est venue à se substituer à la conception d'une paix juridique impériale et universelle, fondée sur le polythéisme gréco-romain et indo-européen, ouvert sur tous les cultes et tous les syncrétismes.» — Plérôme.
«Le pouvoir, dans son exercice et dans sa pratique, se définit souvent par ce qui est exigible d'autrui, que spécifie celui qui en est le détenteur. Le danger d'une telle conception est de certifier celui-ci par le fait accompli, sans considérer quelle serait la qualité requise par un tel officier, pour qu'il accomplisse un exercice moral du pouvoir, c'est-à-dire d'un pouvoir qui n'est pas uniquement l'expression momentanée de la volonté de celui qui l'exerce — quoique ce soit sous cet aspect que le pouvoir se manifeste —, mais qui renvoie à une volonté qui vise une finalité, par les fins qu'elle propose, dont la substance et l'essence ennoblissent le pouvoir par les bienfaits qui en résultent pour l'ensemble et que l'on désigne habituellement sous le vocable du bien commun, sans exclure aucun de ceux qui se seront mis sincèrement et authentiquement à son service, autant en théorie qu'en pratique. Car que serait un pouvoir qui ne serve que lui-même à l'exclusion de tout autre, sans égard pour les justiciables qui en seraient passibles ? Un tel pouvoir, s'il est concevable en théorie, et s'il est réalisable en pratique, comme émanant d'un «bon plaisir» inviolable, serait en réalité injustifiable puisque ne réalisant pas réellement un plaisir qui est en même temps bon, c'est-à-dire qui, puisqu'il puise à la source de tout bien, réalise en même temps le bien en soi, à la fois pour autrui et pour soi et, ce qui est paradoxal, pour soi puisqu'il est ainsi pour autrui.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui s'opposent sciemment et par conviction aux voies de la Providence et qui, paradoxalement, en réalisent à leur insu les finalités, les desseins et les projets.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui traitent l'or alchimique de la vérité en métal vil, pour ensuite vouloir le transmuer en l'argent des lumières de leur propre esprit.» — Plérôme.
«Si toute peine, et plus spécialement les supplices corporels et jusqu'à la peine capitale, sont un moyen de ramener le patient à l'esprit de justice qui prévaut à l'intérieur de la société et de la culture d'un État à une certaine époque, que peut-on conclure alors des circonstances pouvant faire en sorte que ceux qui sont innocents de toute faute soient condamnés en justice à expier une faute qui est purement factice et fictive ?» — Plérôme.
«Y a-t-il un plus grand drame que la réduction, à l'intérieur d'une société ainsi disposée, de ses membres à n'être plus que des objets de consommation les uns pour les autres ?» — Plérôme.
«Le darwinisme social est la réponse laïque à la thèse de la religion du salut, en vertu de laquelle l'humanité entière requiert la présence et la médiation divine afin de se relever d'une décadence qui est le fruit de sa propre impéritie. En niant toute indignité originelle et fondamentale et par conséquent toute faute dont elle serait imputable, elle propose plutôt que, en cultivant sa valeur morale et physique, elle pourra seule développer les qualités requises afin de surmonter tous les obstacles que l'environnement naturel et social pourrait opposer à la pérennité de la vie collective et à la persistance ainsi que la conservation de l'espèce humaine. Les thèses de «la lutte pour l'existence» et de «la survivance du plus apte», en particulier telles qu'elles s'expriment dans la constitution du couple, n'en sont que les principes sur lesquelles cette école fonde sa conception humaniste et protagoréenne radicale.» — Plérôme.
«Dans un monde où règne l'indifférentisme moral, comme écran à l'avancement des intérêts individuels, sans égard pour les valeurs transcendantes, le choix moral et effectif de la poursuite intégrale du bien devient en même temps l'expression d'une compromission politique.» — Plérôme.
«Une politique qui se laisserait réduire à une quête du pouvoir serait aveugle quant à la nature et à la qualité de l'usage qui pourrait résulter de son exercice.» — Plérôme.
«Le problème fondamental et séculaire de l'éthique, c'est que tous peuvent être en admiration devant les principes qu'elle découvre et qu'elle énonce, et même les professer, en raison de leur excellence et de la désirabilité indéniable de leur réalisation pratique, mais que peu les mettent en application dans leur propre vie, en raison du prix existentiel à payer, de l'abnégation héroïque et de la hauteur de l'effort requis pour en devenir le modèle vivant de leur possibilité effective.» — Plérôme.
«Le Christianisme, c'est l'abnégation complète de soi dans l'intérêt exclusif d'autrui, dans le sens le plus élevé et le plus noble du terme, qu'une mutualité totale et désintéressée inscrit à l'intérieur du mouvement social collectif, uniquement par l'amour de Dieu et celui du prochain, en rapport d'expression synergique.» — Plérôme.
«Dans l'histoire de la mythologie, dont la philosophie est un des aspects, en tant qu'elle propose une interprétation rationnelle du monde, plutôt qu'une narration imagée et dynamique de sa constitution, il s'est produit un passage entre différents points de vue sur le rapport de la conscience avec le destin, cette force mystérieuse qui semble contrôler l'existence de tous et de chacun. § Ainsi, à la «Ta volonté et non la mienne» de la reconnaissance qu'il existe une Divinité suprême pour donner au destin un sens et une signification, une origine et une destination, succéda le «ma volonté et non la Tienne» de la révolte des consciences à l'idée qu'une telle puissance puisse être soit existante, soit à ce point prépondérante, et se termina par le «ma volonté et non la tienne» d'un état social qui, dans l'évacuation que l'on fit de la conception de la Divinité et des forces diaboliques pour l'opposer, prévaut maintenant, alors que l'homme déploie et découvre une autonomie qu'il pose comme étant radicalement pure et inaliénable. § Il reste maintenant pour lui à se confronter avec la puissance matérielle et mécanique extraordinaire de la nature, pour rendre effective cette maîtrise désidérative de son milieu, en l'absence de toute entrave à ses desseins, ce qui n'est pas sans comporter le risque d'un problème insurmontable pour lui. Et alors la question devient d'expliquer l'origine et la possibilité de cette réalité qui se nomme nature et dont l'immensité, la constitution, la composition et la durée ne sauraient être de son ressort, tout en étant nécessaire à son existence et à sa réalisation particulière, celle d'un être vivant, spirituel et incarné.» — Plérôme.
«C'est en tant qu'ils sont l'un et l'autre des vecteurs de la vérité que la philosophie et la mythologie se rencontrent et se complètent, ce qui laisse supposer que c'est par leur méthode et leur style — leur approche et leur langage — qu'ils se distinguent et qu'ils se spécifient. Serait-ce alors trop osé de proposer ceci: que c'est en tant qu'elle est vraie,que la mythologie est une forme de la philosophie; et que c'est en tant qu'elle prétend expliquer et déterminer exhaustivement la réalité que la philosophie tient du mythe ?» — Plérôme.
«Tels sont les cinq termes de l'inachevable et de l'inaccomplissable: l'inconcevable, quant à la possibilité; l'inimaginable, quant à la réalisation; l'ineffable, quant à l'état; l'inénarrable, quant à l'avènement; et l'irréalisable, quant à l'actualisation.» — Plérôme.
«S'il est vrai, comme le propose une forme de pensée courante, que l'on puisse avoir raison pour de faux motifs et que l'on puisse avoir tort, pour de bonnes raisons, il importerait alors de comprendre comment de tels paradoxes puissent se réaliser.» — Plérôme.
«L'incompétence est la cause judiciaire négative d'une fatalité évitable — l'inaccomplissement d'un état désirable comme l'accomplissement d'une réalité indésirable — dont l'actualité est levée, et peut-être même sous des conditions favorables empêchée, par l'illustration de la sagacité, de la capacité et de l'habileté, du savoir, du jugement et de l'action, susceptibles d'en neutraliser l'occurrence et de réaliser l'instance contraire.» — Plérôme.
«Plus l'on s'éloigne de l'idéal réalisé, plus l'on reporte dans un avenir lointain son actualisation.» — Plérôme.
«C'est la conviction, présente en l'homme, de l'existence d'une force spirituelle active et réalisant un idéal moral transcendant, une force qui est supérieure à l'expression qu'il pourrait accomplir de la sienne mais à laquelle néanmoins l'intimité de son for intérieur l'associe, qui est au fondement de tout sentiment et de toute croyance religieuse.» — Plérôme.
«Le paradoxe de l'idée qui veuille que tous se valent également et que personne n'est a priori ni meilleur ni plus excellent qu'un autre, c'est qu'il faille instituer des officiels pour défendre cette proposition, les distinguant ainsi, et convenir que ceux-ci, en remplissant leur rôle et leur fonction, sont placés devant l'exigence d'illustrer une bonté et une excellence qui dépasse celle d'autrui, en servant de modèle à la bonté et à l'excellence communes qui sont supposées par ces principes et en les défendant devant ceux qui chercheraient à les contester, pour ainsi faire preuve d'une qualité défensive supérieure à la leur, dans la neutralisation qu'ils accomplissent de leur prétention.» — Plérôme.
«L'égalité en dignité de la femme, qui en est en définitive la réduction, car elle enlève à la spécificité métaphysique qui en reconnaît une sublimité naturelle, plus subtile et plus élevée que celle qui revient à l'homme, se résout en même temps en la réduction de l'homme, à ne plus pouvoir réaliser son entéléchie et sa finalité spirituelles propres, qui est celle d'une communion véritable avec la Divinité, que représente, symbolise et achève son union plénier avec la femme, lorsqu'elle s'accomplit avec la reconnaissance entière et intégrale de l'unicité dans la complémentarité des deux genres psychosexuels.» — Plérôme.
«Toute œuvre étatique et gouvernementale en est une de l'auto-justification et de l'auto-préservation d'un esprit qui la fonde et d'une tradition qui la perpétue, jusque dans les structures et dans les éléments qui en corrompent les fondements et sont, en définitive, les facteurs de l'imperfection qui mènent à son inaccomplissement de ses idéaux les plus élevés: tel est le principe de l'entropie qui habite et sied au cœur de toute institution politique, religieuse et sociale.» — Plérôme.
«Il y a quelque chose d'incongru, d'insolite et d'inconsistant à ce que des consciences moins sages, moins éprouvées, moins expérimentées et moins habiles en viennent à gouverner des esprits qui le sont plus et à en dicter à ceux-ci.» — Plérôme.
«Savoir en prendre et en laisser, comme cela se dit, en parlant de la distinction que l'on apporte à la valeur accordée à une chose, suppose que l'on sache exercer de sa faculté de discrimination et choisir le mieux pour laisser le pire, et non l'inverse, choisir le pire et laisser le mieux. Encore cela implique-t-il que l'on sache réellement ce qui est le mieux et le pire, afin de les distinguer et d'accorder une préférence à l'un sur l'autre.» — Plérôme.
«Honte à ceux qui, sous prétexte d'afficher leur piété et de remplir leur devoir, font avancer plutôt des desseins impies et félons.» — Plérôme.
«La prophétie d'Auguste Comte s'est effectivement réalisée: de l'âge mythologique et théologique, qui a culminé en le Moyen Âge chrétien, l'humanité est entrée dans l'âge positif et scientifique du XXième siècle, en passant par l'âge philosophique et métaphysique de la Renaissance jusqu'au XIXième siècle inclusivement. Maintenant, la question qui se pose et que, dans un ultime projet de réflexion, elle a le devoir de se poser: l'humanité s'en porte-t-elle mieux pour autant ?» — Plérôme.
«Si les idéaux sont universels, la manifestation qu'ils prendraient se distinguent selon les conjonctures culturelles et géopolitiques qui lui présideraient. Ainsi le rêve barbare par excellence serait d'ériger une société civilisée, où règnent la mutualité et la convivialité, mais uniquement sur l'esprit de survivance que l'on retrouve à l'intérieur d'un état de nature, existant à l'état pur.» — Plérôme.
«La violence étatique, qui au nom de la justice fait la promotion de l'injustice et de l'iniquité, constitue l'affirmation d'une prise de possession effective de la justice dont la résolution se fera dans l'Au-delà, entièrement lorsque cette violence est homicide, partiellement lorsqu'elle est oppressive et à l'occasion mutilatrice. Autrement, l'on doit se résigner à croire qu'aucun espoir n'existe d'une réparation effective de l'injustice commise, en raison d'une loi éternelle et universelle qui stipulât qu'elle se fît.» — Plérôme.
«Lorsque l'infidélité d'un adultère primaire — avant toute reconnaissance formelle, mais néanmoins en connaissance de cause — laisse un grand vide en sa victime, en raison de l'absence irréversible, librement consenti et assumé, qui en a résulté, ce qui semble être la vacuité d'une vie dont le sens s'est vu subvertir par l'absence coupable n'est en réalité que la durée souvent prolongée requise pour créer les conditions d'une mise en place de la situation, où chacun des deux parties puissent vivre la vie qu'il leur revient de vivre, non pas l'un avec l'autre, comme prévu ab initio, mais l'un sans l'autre, et éventuellement loin de l'autre, comme procédant de l'exercice de consciences libres, responsables et matures.» — Plérôme.
«La faute politique imputable à l'écrivain, et en général à tout penseur, que l'on perçoit comme étant un réformateur, ne consiste pas tant à dénoncer le travers d'une société, car en principe, chacun conviendra que tout État est perfectible par nature, mais à ne pas conforter celui-ci dans son aspiration à la pérennité qu'il souhaiterait apporter à la société. Or seul l'État qui réalise effectivement la pérennité de la société peut prétendre participer de celle-ci par sa propre pérennité qui devient alors la signification de la réussite de ses efforts.» — Plérôme.
«L'homme (vir), plutôt que la condition humaine — qu'aucune considération en profondeur n'examine, ni n'analyse alors —, condition par laquelle les deux genres psychosexuels se définissent mutuellement, dans leur rapport avec la réalité, devient le commode souffre-douleur des insatisfactions féministes et cette démarche aboutit conséquemment à la déliquescence et à la dissolution du tissu social, garant de l'intégrité de l'humanité.» — Plérôme.
«La réduction politique de particuliers, c'est-à-dire de groupes et d'individus, dont les convictions et les valeurs sont estimées être irréconciliables avec celles que défend l'autorité — ce qui laisse supposer que l'action politique de celle-ci n'est pas entièrement pragmatique dans la défense qu'elle accomplit d'un statu quo et qu'elle révèle une conception civilisée, raffinée et élevée, de la justice sociale —, s'avère être parfois une nécessité fondamentale, surtout lorsqu'elle verse dans la violence et l'anarchie irrémédiables. Mais l'action répressive devient cruelle et inhumaine lorsqu'elle passe, non pas uniquement par une privation des droits sociaux — qui se définit à la limite par une condamnation à l'indigence —, mais par une atteinte à sa dignité humaine fondamentale et jusqu'à son intégrité physique et morale.» — Plérôme.
«La vérité est l'état qui transforme la réalité et rayonne sur la vie et sur le salut des esprits: tant que ceux-ci seront existants, celle-ci sera prépondérante et la tâche que se fixe l'existence laborieuse, commise à assurer que perdure cette conjoncture salutaire, c'est l'ouverture consciente à son être, menant à la découverte de la vérité qui en est l'élément vital, à l'appréciation de son importance essentielle pour sa conservation, sa perpétuation et sa propagation et à l'accomplissement du devoir qui garantit qu'elle puisse toujours continuer à assurer cette mission prioritaire et primordiale.» — Plérôme.
«L'homme est une âme douée d'un esprit, qui est raison, alors que la femme est un esprit, qui est intelligence, douée d'une âme.» — Plérôme.
«Une société n'a de valeur réelle plus grande que celle des valeurs qui en animent la culture et les principes sur lesquels se fonde l'État, autant par l'aptitude qu'ils ont, respectivement, d'en réaliser l'intelligence, d'en incarner l'esprit et d'inspirer, en chacun de ses membres, des conduites et des actions adéquates à leur expression et à leur mise en œuvre.» — Plérôme.
«Une espèce de fraude qui remonte à la nuit des temps consiste à discréditer le créateur, à disqualifier l'auteur et de mépriser ouvertement leur génie, mais de s'approprier cependant de leurs idées remarquables et éventuellement leurs œuvres, pour ensuite les exploiter à son propre avantage.» — Plérôme.
«Trois avenues majeures semblent exister pour un État engagé à défendre les principes de la justice sociale: la première, conservatrice, consisterait à maintenir le droit existant qui en épouse et en réalise actuellement les principes les plus élevés; la seconde, progressiste, à découvrir de nouvelles sphères et de nouvelles occasions afin d'actualiser un tel droit; et le troisième, libérale, à corriger les manquements à ce droit, tels qu'ils peuvent se manifester dans les institutions, les situations et les populations actuelles.» — Plérôme.
«En droit, lorsque l'on ouvre la porte à une mesure sans précédent, on bâtit la réalité sur une pratique jusqu'alors tolérée et on en officialise le statut, pour en plus préparer le terrain à l'identification de nouvelles pratiques tolérables, lesquelles seront peut-être aussi un jour excusées et autorisées.» — Plérôme.
«Si l'on ne sait, au nom de quoi prétendre faire, sinon au nom d'un savoir qui est présumé exister avant toute exposition formelle aux situations et aux circonstances qui seraient censées l'apporter ?» — Plérôme.
«Si l'on sait, pourquoi s'abstenir de faire, dans le sens où le savoir que l'on détient disposerait à agir; et si l'on ne sait pas, au nom de quoi prétendre faire, car alors quel savoir pourrait alors disposer à agir dans le sens que requiert, sans le définir formellement, la situation ou les circonstances et si l'on sait, pourquoi s'abstenir de faire, dans le sens où le savoir que l'on détient disposerait à agir.» — Plérôme.
«L'existence précède-t-elle effectivement l'essence, comme l'affirme Sartre, ou donnera-t-on raison à Heidegger lorsqu'il affirme que l'essence de l'homme se définit dans son existence ?» — Plérôme.
«La sentence protagoréenne, telle qu'elle est interprétée dans l'usage vernaculaire que l'on en fait, qui veuille que l'homme est la mesure de toutes choses a mené à ce résultat inattendu que c'est la femme qui est devenue la mesure de l'homme, en raison de la nécessité de la procréation pour assurer la propagation de l'espèce et sa continuité intergénérationnelle, et que par conséquent, sa «divinité».» — Plérôme.
«Un gouvernement moral, qu'anime un sens élevé du bien, est celui dont la conception de la vie est à ce point transcendante qu'elle puisse être inclusive de toutes les formes qu'elle puisse revêtir, pourvu qu'elle aspire, par un effort réel, à assurer sa plénitude, sans sacrifier cependant à une conception suffisante qu'elle en aurait, les formes supérieures qui se sont précédemment actualisées de celle-ci.» — Plérôme.
«La cosmologie laisse entendre que, compte tenu de la vicissitude de l'univers et de la diversité de ses éléments composants, l'humanité a devant elle un projet d'exposition et de développement inouï qui puisse durer pour elle plus longtemps qu'elle puisse se l'imaginer et renfermer plus de possibilités qu'elle ne puisse se le représenter ... si jamais elle parvenait à vivre en paix avec elle-même et triompher des impulsions de mort et de destruction qui hélas ! l'habitent.» — Plérôme.
«Étant un rapport holistique et transcendant immédiat au monde, que rendent présent à la conscience les facultés sœurs de l'intuition et de l'inspiration dans l'intelligence, la poésie, qui peut faire l'objet d'une gradation selon que le sujet de son discours est de plus en plus élevé, est la première sagesse et il est possible de considérer que son appréciation est la première philosophie.» — Plérôme.
«La tendance est de toujours ramener à ce que l’on connaît, de sorte que s’il est vrai que l’on ne parle que de ce que l’on sait, il est aussi vrai que l’on ne comprend réellement que ce que l’on sait déjà. La question devient alors d’élucider comment l’on apprend réellement, si tout ce que ‘on comprend — et donc ce que l’on sait — provient d’une expérience préalable. La réponse: c’est en acquérant de nouvelles expériences qui ajouteront à la quantité de savoir dont on dispose. Car seules celles-ci sont susceptibles d’ouvrir le champ de connaissances sur de nouvelles avenues qui n’ont jamais été explorées par soi et qui constitueront le fondement d’un nouveau savoir.» — Plérôme.
«Si l’on comprend parfois que les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être, le défin devient alors de comprendre en quoi elles sont ce qu’elles sont, tout en paraissant être autrement qu’elle ne le seraient.» — Plérôme.
«Si les musiciens passent, peut-être exagérément, pour être anarchistes, la raison en réside peut-être dans le fait que l’ordre qu’ils recherchent est à ce point élevé que ce qui passe pour en être, pour autrui, apparaît à leurs yeux comme étant une pauvreté de l’ordre, qui fonde son unité, son harmonie et sa cohérence sur un nombre trop réduit de facteurs.» — Plérôme.
«Le paradoxe de l’écrit philosophique, c’est qu’il prétend apporter une vérité qui, en raison de sa nature même, est éternelle et universelle, mais que pourtant il est trop souvent consigné à demeurer ignoré des lecteurs et à souffrir l’oubli des institutions, en raison d’une impréparation générale à le considérer, pour une variété de raisons, nommément la multiplication et la prolifération des textes, ayant une prétention analogue, la richesse de la réalité qui ne tarit pas d’aspects, de substances et d’essences sous lesquelles la concevoir ainsi que le potentiel qu’ont les écrits profonds, sages et vrais d’ébranler les fondements de la société à laquelle ils s’adressent.» — Plérôme.
«L’on ne peut détruire la vérité: l’on ne peut qu’en altérer l’expression, la rendant ainsi méconnaissable et la reléguant à l’oubli, en raison de ne pas en reconnaître la valeur adéquate. Car en la camouflant parmi toutes les approximations erronées que l’on en produit, et qui n’en préservent jamais l’essence une, pure, nécessaire et éternelle, l’on obtient qu’elle échappe au regard qui pourrait en découvrir la substance incorruptible et, en se laissant transformer par elle, en venir à changer entièrement la société qui est exposée à ses principes et à ses valeurs.» — Plérôme.
«Pour l’essentiel, la philosophie contemporaine est un discours sur le discours de la philosophie, ce qui ne semble pas tout à fait étranger à l’idée Fichtéenne d’un «Je» qui a la possibilité de se transcender lui-même à l’infini. Car ainsi le «Je» de la philosophie, c’est-à-dire l’essence et la substance qui en compose l’originalité individuelle, culturelle et historique, en s’apercevant lui-même dans les théories philosophiques qui se multiplient à travers l’histoire, peut s’abstraire de lui-même afin de mieux se connaître et se concevoir comme réalisant à la fois la nature et la destinée, i.e. l’entéléchie, de la pensée.» — Plérôme.
«En opposant une nouvelle légalité à la légitimité traditionnelle, la Révolution idéalise un ordre meilleur et renverse l’ordre au nom de cet idéal. Ainsi, on voit le fait accompli de cette action politique, aidé en cela par le cours de l’histoire, se substituer au principe fondateur de l’ordre usurpé, pour constituer dorénavant la nouvelle légitimité, qu’une intelligence agreste et une parole habile pourront bientôt justifier. Or que peut être cette légitimité qui, en se prétendant plus pure que la précédente, s’érige sur le cadavre de ce qui en était jusque lors la représentation ?» — Plérôme.
«Ceux qui nient la dimension sacrée de l’existence cherchent seulement à obtenir de ne pas avoir à vivre en accréditant la présence de cette réalité.» — Plérôme.
«Quelle conséquence réelle cela comporte-t-il pour la philosophie que l’on en occulte les vérités, que l’on en trafique les principes et que l’on en corrompe les valeurs ? Car ses vérités n’en seront pas moins existantes, pour ceux qui les atteignent, ni ses principes moins justes, ni ses valeurs moins pures. Seule reste alors la dure et regrettable réalité de consciences qui veulent, pour quelque raison que ce soit, vivre sous la couverture du voile de l’ignorance et, grâce à la crainte qu’ils sèment, parce qu’ils ne peuvent réussir à masquer entièrement la fausse et mauvaise conscience qu’ils ont de prétendre vivre dans un état qui nie leurs propres aspirations à la plénitude de la vérité, comme il se doit, et le risque qu’ils courent de se voir compromis dans l’existence qu’ils arborent, faussement, de représenter en quelque sorte un idéal de vie saint et authentique ? La philosophie est au-dessus de ces artifices.» — Plérôme.
«La seule légitimation réelle de la violence est celle qui est employée afin de se défendre contre celle qui est pratiquée gratuitement à l’endroit de soi, c’est-à-dire sans provocation et sans justification réelle. Ainsi importe-t-il, pour un État qui montre patte blanche et désire se justifier d’une agression commise, de trouver le prétexte qui transforme une violence éventuellement gratuite en action policière ou militaire, dont le but sera de redresser un tort ou une agression commise préalablement à son encontre.» — Plérôme.
«Plus la vérité devient manifeste, plus elle devient en même temps niable.» — Plérôme.
«S’il est vrai, comme on l’affirme depuis la plus haute antiquité, qu’il ne peut y avoir de science que du général, il est également vrai que l’on ne peut avoir de science que du vrai.» — Plérôme.
«Comment éviter que, dans l’explication des réalités qui nous échappent, l’on ne substitue pas aux fables pré-existantes de nouvelles fables encore plus et mieux élaborées. Car est-il besoin de se rappeler que le mythe d’aujourd’hui était la science d’hier et que la science d’aujourd’hui risque de devenir le mythe de demain.» — Plérôme.
«La lutte des classes est, pour l’essentiel, la manifestation d’une manière de décadence morale puisqu’elle illustre l’ambition des hommes à définir une forme d’excellence (arêtè), qui est le reflet de la vertu (aristè)» requise, afin de prédominer à l’intérieur d’un ensemble, afin de faire valoir les conceptions et les attitudes qui assureront la préservation et la continuité de leur entendement et de leur individualité. Plutôt qu’elle ne soit, comme à l’intérieur d’une société parfaite, le règne des formes et des idées qui la rapprocheront du monde de l’excellence et de la vertu divine. § Or c’est précisément cette opposition qui pose problème. Car comment expliquer, autrement que par une rupture d’avec un état d’accomplissement antérieur ou par un rêve irréalisable, parce que l’idéal proposé est trop élevé pour être atteint, que la distance soit aussi grande entre ce qui se vit concrètement, avec tous les torts et toutes les injustices que l’on y retrouve, et ce que l’on conçoit comme étant la forme accomplie d’une société pleinement réalisée, en laquelle règne la paix et l’harmonie, fondées sur une connaissance adéquate du Bien, du Vrai et du Beau.» — Plérôme.
«Quel rapport existe entre la philosophie et l’état de l’humanité ? L’une est-elle l’effet ou le reflet de l’autre ? Et alors, lequel ?» — Plérôme.
«La philosophie est une conception idéale de la réalité dont on admet implicitement, en raison de l’entéléchie à la fois de la pensée et de l’être, qu’elle ne saurait être présentement, ni telle qu’elle est aperçue et communiquée, ni telle qu’elle est selon sa possibilité et l’expérience que l’on serait apte d’en faire, si elle était pleinement réalisée.» — Plérôme.
«C’est un jeu que jouent les enfants de mettre un obstacle dans la trajectoire que suit une bestiole afin de voir comment elle réagira, pour additionner à cette entrave une autre, puis une autre encore, jusqu’à l’épuisement ou à la concession du malheureux insecte. Et dans ce jeu, si courageux et si entreprenant que fût l’animal, les chances sont tellement inégales qu’il ne saura jamais espérer, sauf par miracle, sortir victorieux de l’épreuve qui a moins pour but d’apprécier sa valeur que d’illustrer la supériorité du maître du jeu, qui ainsi conduit son expérience. § Ainsi en va-t-il de la vie politique, lorsqu’un individu ou un groupe se trouve en position de désavantage face à un autre, lorsque le principe qui régit les rapports sociaux sont fondés sur la concurrence et la rivalité plutôt que sur la coopération et l’amitié. D’où la dialectique du maître et de l’esclave, qui est nulle autre que celle de la dominance qui se perpétuera, jusqu’à ce que les rapports de force seront renversés ou que les hommes apprendront à vivre, conformément aux principes civilisés de la convivialité, de l’entraide et de l’émulation» — Plérôme.
«Tout regard sur une chose implique une perspective sur elle qui est soit centrée sur cette chose, en tant qu’elle est un phénomène ou une essence, sot implique le rapport de cette chose à l’ensemble dont elle est un élément constitutif, soit considère l’élément qui l’englobe, soit aperçoit la chose en tant qu’elle est incluse par lui. Ainsi, la perspective qui définit le regard de l’esprit peut-il être purement extensif, purement intensif ou à la fois, et de façon variable, extensif et intensif, d’une variété de manières, selon le degré d’abstraction, de spécification, de vastitude ou de rétrécissement qui caractérise l’étude objective qu’il en fait. Sans parler qu’il peut aussi chercher à apercevoir cet esprit qui est la faculté de ce regard, à la fois dans son essence, sa manifestation et son rapport à la chose, indépendamment de celle-ci ou dans l’intimité de la relation qui l’unit à elle dans l’acte de connaissance qui s’effectue. La question devient alors celle de prétendre pouvoir proposer une vérité unique, malgré cette multitude de perspectives sous laquelle elle peut se présenter et qui, pour chacune d’elles, constitue un défi au principe de la vérité unique, éternelle, universelle et irréfutable.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui déplorent les effets d’une action dont ils seraient responsables, sans toutefois pouvoir assumer que la réalité produite à laquelle ils ont effectivement participé puisse découler en quelques manière de leur activité, positive ou négative.» — Plérôme.
«Le fiancé qui se déclare, par une présence inespérée et inattendue qui fasse croire, sinon à la prédestination, du moins à une forme de conduite invisiblement orientée ou dirigée, c’est l’ordre de Dieu qui se manifeste à la conscience et invite à Sa reconnaissance ainsi qu’à l’adhésion morale à Ses desseins.» — Plérôme.
«Une raison ineffective, qui ne débouche sur aucune réalisation, ni ne prétend le faire, n’est qu’une action vaine et insignifiante de la conscience dont on pourrait se demander pourquoi elle se donne la peine de s’activer, sauf peut-être à s’exercer en vue pour elle d’acquérir la compétence de sa puissance.» — Plérôme.
«La censure se fonde sur la prémisse que toute pensée, y comprise la pensée vraie, doit en même temps conforter une manière habituelle de vivre, qui est elle aussi la manifestation d’une forme de pensée. Voilà ce qui explique le succès de la science, lorsque ses principes et ses découvertes sont mises au service de la civilisation. Mais une telle conception ne rend pas justice cependant du sort qui fut souvent réservé aux prophètes, alors que le trop-plein de vérité qui sortait de leur bouche réussissait rarement à rassurer les élites et même les conduisait à faire se retourner contre eux la fureur qu’elles éprouvaient de ne savoir se montrer à la hauteur de leur idéal.» — Plérôme.
«De tous les états, celui qui réalise l’équilibre parfait entre les extrêmes — tous les extrêmes — est le plus difficile à atteindre et à conserver, surtout lorsque l’adversité se présente pour en éprouver la solidité, la constance et la stabilité.» — Plérôme.
«Telle est la puissance du prestige associé à la fonction que, s’il est vrai qu’un occupant talentueux, compétent et méritoire puisse en exhausser la dignité et la portée, il arrive aussi que très souvent l’inverse se produise et que ce soit la fonction qui exhausse et confère à son occupant le talent, la compétence et le mérite, en lui donner l’occasion de s’illustrer et en exacerbant ses possibilités natives dans le sens de révéler quelle en serait leur plénitude et leur perfection.» — Plérôme.
«La force du sacré est à ce point immense et inextinguible que, même lorsqu’elle évacuée par les consciences qui en nient l’existence et la présence, elle trouve à se recréer et à émerger à nouveau dans la personne de ceux qui en sont les détracteurs les plus articulés, sauf qu’elle prend alors l’aspect d’une monstruosité et d’une inhumanité a priori inimaginables et inconcevables.» — Plérôme.
«L’État, c’est la combinaison et la potentiation des activités positives ou négatives qui constituent la structure actuelle de la société dans son rapport avec les conjonctures et les situations qui se présentent à lui et sa diffusion dans la direction qu’il choisit d’adopter en vue d’assurer sa conservation et sa perpétuation.» — Plérôme.
«La croyance fondamentale, à l’intérieur de l’État républicain, c’est que chacun a la possibilité d’améliorer son état, sa situation, sa condition et son sort, en y investissant l’effort adéquat et en effectuant les décisions appropriées, pour autant que cela n’affecte pas — apparemment — ceux d’autrui, sauf évidemment à contribuer à leur amélioration. Lorsque c’est le petit nombre seulement à qui revient la possibilité de cet avancement, l’état devient alors autoritaire et répressif: il court alors le risque que le mécontentement engendré résulte en perturbations sociales. Seul un État qui offre réellement une chance égale à tous de faire valoir son mérite et son talent, engagé comme il est à assurer le salut de l’ensemble par le bien-être que chacun est apte à récolter de son implication positive, peut espérer l’harmonie à l’intérieur de ses frontières et la paix à l’extérieur. Ce principe est non seulement pragmatique, il émane d’une conception élevée de la justice.» — Plérôme.
«La perversion de la vérité, laquelle est l’essence de la Raison extériorisée et l’Acte institueur du monde, est à l’origine de toutes les perversions, grands travestissements et petites déformations.» — Plérôme.
«On croirait presque parfois, en se fondant sur les impressions que l’actualité, ainsi que l’histoire en général, laissent à la conscience de tous les troubles qui caractérisent leur déroulement et de tous les crimes qui entachent la vie et le bonheur des hommes, que la moralité reste à découvrir pour l’humanité et que, sur le long périple qui l’a amenée à la civilisation, et de là jusqu’à l’état qu’elle a acquis jusqu’à nos jours, rien, ou si peu, ne lui soit resté des enseignements moraux qui, par le passé, lui ont été transmis par des hommes aussi sages qu’ils étaient courageux. Et que par conséquent, tout, ou presque, reste à être réinventé à ce plan.» — Plérôme.
«Serait-ce que l’homme ne saurait envisager tout ce qui peut lui rappeler la précarité et la vulnérabilité de sa situation dans le monde et par conséquent la nécessité de trouver hors de lui ce qui peut être à l’origine de son principe, de son essence, de sa nature et de sa propre réalité ?» — Plérôme.
«Pour réaliser l’«idéal» d’un monde individualiste et impersonnel, l’on a dû tuer l’amitié et ainsi tous les mécanismes naturels de l’entraide et de la coopération qui auraient pu assurer son établissement, pour en lieu leur substituer des institutions qui rempliraient ces fonctions, mais d’une manière qui serait ordonnée à cette fin dépersonnalisée et atomisée.» — Plérôme.
«Quelle justice peut-il y avoir lorsque, comme à l’intérieur d’un monde individualiste atomisé, le seul critère qui en gouverne la présence et la mise en œuvre, c’est le caprice particulier de celui par qui il pût se manifester ?» — Plérôme.
«L’excellence d’un travail se fonde sur six piliers: la qualité des matériaux utilisés; la compétence de l’ouvrier qui les assemble et les agence; l’excellence du plan en vertu duquel il se réalise; la beauté et la résilience de l’œuvre ainsi produite; la dévotion de tous les participants à son achèvement; et la qualité de la coordination des actions expertes qui doivent mener à sa finalisation.» — Plérôme.
«La moralité, c’est-à-dire la faculté et la capacité de faire la distinction entre le bien et le mal et de conformer son action et sa conduite sur le Bien, en manifestant ainsi une disposition à la bonté, est l’essence de la dimension personnelle et spirituelle de l’homme.» — Plérôme.
«La lente asphyxie de l’amitié, qui consiste à fonder son rapport avec autrui sur l’amour et le désintéressement caractérise la montée imperceptible progressive, mais néanmoins réelle, de la société anonyme, individualiste et dépersonnalisée.» — Plérôme.
«On n’aime souvent pas la chose que l’on tient en estime en vertu de ce qu’elle est, mais en raison de la représentation que l’on en cultive.» — Plérôme.
«Dans la tension millénaire qui semble exister entre les deux puissances, Éros et Thanatos, il est permis parfois de se demander laquelle est la plus fondamentale et laquelle est la plus déterminante. Car sans la première, nulle vie n’est possible et sans sa plénitude, nulle complétude de celle-là ne sait se contempler. Mais l’inéluctabilité et l’omniprésence apparente de la seconde, avec toutes les manifestations dont elle est capable, donne à penser qu’elle ne s’efface jamais complètement devant la force de la vie.» — Plérôme.
«L’égoïsme est l’ami de soi, mais l’ennemi de l’ensemble dont il ne saurait constituer un principe de solidarité et de cohésion, par l’entraide dont il ne saurait encourager la présence et l’efficace.» — Plérôme.
«L’ambition ne connaît d’amis que ceux qui la nourrissent et la propulsent vers l’avant, pour éventuellement mener à la consommation de sa réalisation.» — Plérôme.
«Certaines vies se dévouent à l’Éros comme d’autres se dédient à Thanatos: le défi pour une culture consiste à canaliser ces énergies vitales de sorte à éviter que l’une n’annule l’autre et réduise tout à zéro. La stratégie de la soumission et de la dominance, comme celle du dépassement de soi dans l’excellence et le désintéressement, naissent de cette tension radicale entre deux états opposés. Car si Éros peut s’autoriser à s’exprimer à la limite de son principe, il n’en est pas de même de Thanatos qui lui, doit se contenir et se restreindre, sauf à devenir le principe de son propre anéantissement. Par contre, il compromet sa propre essence en se laissant à Éros envahir entièrement son champ d’action, puisque par là, il doive consentir à la conversion de sa propre nature. Ainsi se réalise-t-il en exigeant d’Éros un compromis, celui par lequel celui-ci accrédite le droit de Thanatos à exercer son hégémonie funeste, en contrepartie de quoi celui-ci consent à ce qu’Éros puisse, par la ruse s’il le faut, concourir avec lui afin d’illustrer son effet bénéfique et de soustraire la réalité à son influence négatrice et destructrice.» — Plérôme.
«Tout État intègre ses sujets, dans les paramètres de son mouvement, en vertu des perfections requises afin d’accomplir son achèvement, mais tout État les rend aussi conformes aux imperfections structurelles qui le caractérisent, en exigeant d’eux une soumission qui n’en ébranle pas les conceptions et les organismes qui les instituent et en excluant plus ou moins sommairement les réfractaires qui ne savent, ou ne veulent s’incliner.» — Plérôme.
«Un organisme n’est jamais plus excellent que ne l’est la moins excellente de ses composantes essentielles comme celles-ci ne le sont pas plus que le moins excellent de ses membres constitutifs significatifs..» — Plérôme.
«La philosophie, c’est beaucoup plus que couvrir son ignorance par des abstractions savantes. Voilà une des raisons du «nescio» Socratique. Car devant la prétention de ses contemporains à vivre selon une sagesse intemporelle qui se fondait sur une science universelle et inépuisable, il opposait une sagesse certes profonde et étendue, mais qui découvrait son éternité et son universalité dans le progrès qu’il restait à faire pour qu’elle prenne ce caractère infini, lequel habite l’âme individuelle, non pas en tant que cet aboutissement est un fait accompli et réalisé, mais en tant qu’il est toujours virtuel, comme un projet en voie d’accomplissement et de réalisation, pour ceux qui sont engagés sur ce sentier. De telles «limites», qui n’en sont pas réellement, tiennent en réalité à la nature de la sagesse qui, malgré l’énorme et l’immense puissance de la raison, ne saurait, en raison de sa vastitude et de sa profondeur infinies et illimitées, se laisser épuiser par cette faculté, laquelle tend toujours à la circonscrire, mais sans réussir jamais dans son aspiration et dans son ambition.» — Plérôme.
«L’hypocrisie et la duplicité sont l’humilité de l’orgueil.» — Plérôme.
«Le problème de la discontinuité et de la continuité en philosophie ne saurait aboutir à un relativisme individuel et absolu, où la continuité pour soi se résoudrait par la discontinuité pour autrui, sauf au nom d’un critère véritablement absolu, dont la transgression justifierait, en raison de sa gravité, une telle issue.» — Plérôme.
«Il y en a pour qui la liberté consiste à pouvoir vivre leur méchanceté quand et bon il le leur entend.» — Plérôme.
«Comme on peut s’y attendre, la sincérité ne saurait s’inventer, ni se simuler, ni se feindre.» — Plérôme.
«Le divorce philosophique de la théorie et de la pratique, qui se résout en une séparation radicale entre l’intelligence et la puissance, constitue la première atteinte au principe de la vie, en ce qu’il dissocie le bien que l’on connaît et que l’on aime et la possibilité de le réaliser sous la plus haute forme qui soit.» — Plérôme.
«Le cœur de la femme passe, dans son expression, par son esprit; alors que l’esprit de l’homme passe, pour s’extérioriser, par son cœur.» — Plérôme.
«S’il est permis de s’imaginer une liberté qui s’exerce en vue du plus grand bien possible, l’on est autorisé aussi à concevoir qu’à l’opposé, elle puisse s’illustrer en vue du pire.» — Plérôme.
«Il y a ceux dont les rêves de l’enfance se sont vus dissipés et trahis et ceux pour qui la vie fut une réalisation intégrale de leurs rêves les plus originels et intimes.» — Plérôme.
«Écouter (ou sembler le faire) ... et suivre son propre entendement néanmoins.» — Plérôme.
«De nombreuses théories philosophiques proviennent, non pas d’une perspective nouvelle sur la réalité, mais d’une tentative à imposer l’oubli — ou l’effort délibéré de causer leur oblitération — de vérités déjà sues comme aussi l’opposition aux vérités découvertes, pour en neutraliser l’efficace, et dont le succès laisserait supposer une déficience, ou une incomplétude, des dites vérités plutôt qu’il n’encourage à considérer la véritable cause de l’échec — le manque de bonne volonté à admettre et à faire prévaloir la Vérité sous toutes ses manifestations.» — Plérôme.
«Quelle curieuse conjoncture que celle qui énonce que, en raison de la lutte des classes, il y aurait un état de guerre civile, perpétuelle et larvée, pour conditionner les rapports entre les hommes; qu’en raison de la primauté de l’intérêt particulier, il régnerait un état de méfiance et de rivalité constantes pour régir les relations des concitoyens entre eux; et que, en raison de l’intérêt politique des nations et de la raison d’État, primeraient les considérations d’ordre rationnel et gouvernemental sur celles qui émaneraient d’un sentiment bien senti et d’une conception bien entendue de la justice. C’est à croire que nulle occasion n’existerait de faire valoir, d’une manière qui est totalement désintéressée, les valeurs d’entraide, de coopération et d’amitié.» — Plérôme.
«Du point de vue de l’évolution de l’espèce, le sentiment que possède l’homme, à la fois de la valeur éminente et de la précarité de son existence, est-il le moteur le plus décisif de sa progression puisqu’il s’ancre dans une prise de conscience radicale et fondamentale de ce qui, en raison de sa valeur inestimable, requiert une protection exceptionnelle, avec l’effort et le courage concurrents que cela suppose, qui même peut aller jusqu’au sacrifice de sa propre individualité, afin de créer les conditions qui favoriseront la survie, la progression, la propagation et l’achèvement de l’ensemble.» — Plérôme.
«En se donnant des idéaux transcendants, tels la bonté, la beauté et la vérité, et en cherchant de bonne foi dans les idées, les événements et les hommes ce qui les accomplissent, la philosophie devient une assurance pour l’humanité qu’elle ne s’embourbera pas dans les illusions qui prétendent les avoir réalisés, tout en constituant de ces perfections de minables approximations.» — Plérôme.
«Si l’ignorance est préférable, comme lorsque l’on affirme trouver la félicité dans sa présence, pourquoi alors investir autant dans l’éducation ? Et s’il s’avère plus avantageux d’être instruit, comme l’on laisse entendre que l’école favorise l’enrichissement de la personne, pourquoi alors rester dans l’ignorance ?» — Plérôme.
«L’hystérisme, qui peut se définir pour l’essentiel comme étant une fuite dans l’imaginaire, motivée par le désir de s’éloigner du souvenir d’une réalité particulière, se présente sous deux formes majeures: face à une réalité dont les composantes émotives sont trop pénibles à vivre, de manière à créer une rupture à l’intérieur du champ de la conscience afin de se préserver de la charge émotive trop intense qu’une évocation périodique ou continuelle serait apte à éveiller; face à une réalité qui, par ailleurs et autrement désagréable, requiert un examen approfondi par la conscience de la responsabilité morale illustrée face à cette réalité, avec l’éventualité d’une assomption de conséquences très lourdes pour l’image et pour l’estime de soi, que la rupture opérée par la fuite dans l’imaginaire permet de reporter et éventuellement d’escamoter. » — Plérôme.
«Tout le secret, pour l’agent provocateur, réside dans l’instigation de l’incident problématique choquant et compromettant, sans qu’il ne soit apparent qu’il résulte d’une intention avérée à le produire ou, à défaut de savoir éviter un tel niveau d’invisibilité, en faisant porter la responsabilité à un tiers peut-être innocent, mais de préférence quelqu’un qui soit considéré, à tort ou à raison, un opposant à l’ordre politique régnant.» — Plérôme.
«Un droit que l’on explicite formellement comme liant obligatoirement chaque membre du corps social, un droit dont tous reconnaissent formellement la légitimité, mais que dans la pratique tous ignorent, tout en prétendant adhérer à ses principes, est un droit qui est en réalité inexistant. Et lorsqu’à ce droit, fondé dans sa valeur juridique par des millénaires d’une pensée profonde et éprouvée, en de multiples sociétés et cultures, l’on en substitue un autre qui prétend le renouveler ou qui simplement substitue à ses principes éminemment parfaits des normes qui le sont moins ou qui dérogent de l’esprit dont il fait la promotion, alors de droit alternatif, tout en acquérant de l’effectivité, est en réalité incomplet et imparfait.» — Plérôme.
«Comment prouver l’innocence d’un particulier, faussement accusé, sans découvrir en même temps la culpabilité, ou à tout le moins la faute, de qui voudrait la lui ravir. Car l’innocence s’étant continuellement maintenue, seule une erreur de jugement — ou pire une corruption apparente de cette faculté —, sur ce qui peut constituer chez le principal intéressé une dérogation présumée de cet état, pourrait expliquer que l’on puisse vouloir en douter.» — Plérôme.
«Pour le Christianisme, la force de la foi, qui est celle d’une perception adéquate et complète de la destination et de l’accomplissement de l’histoire, ainsi que de la moralité qu’il importe de cultiver afin de s’inclure dans son mouvement idéal et de le parachever par des actions réalisées et les initiatives accomplies, devient préférable à la foi en la force qui, formée qu’elle est par l’incomplétude des idéologies qui tentent, mais toujours approximativement, de cerner ces finalités, est au fondement de tous les totalitarismes politiques.» — Plérôme.
«Lorsque la voie se présente comme étant unique pour atteindre une fin, si périlleuse que semble l’aventure pour y aboutir, il n’existe d’autre solution que de s’y engager au moment le plus propice à la réussite de l’entreprise, mais sans pour autant que les obstacles naturels qui se présenteront pour en entraver le succès ne soient moindres ou inexistants.» — Plérôme.
«S’il est autorisé, au nom de la raison d’État, de commettre tous les crimes, quelle différence existe alors entre un État de droit et un État criminel ?» — Plérôme.
«Les sociétés de haut savoir exercent un pouvoir de discrimination absolu de très haut niveau: car non seulement décident-elles de ce qui mérite d’être retenu et transmis à l’intérieur de la mémoire collective, mais encore choisissent-elles ce qu’il vaudrait mieux oublier et reléguer derrière le voile des souvenirs vaporeux et diffus.» — Plérôme.
«À l’intérieur d’une société fondée sur le principe monothéiste, tout tourne autour de la conception plus ou moins adéquate de ce qui s’appréhende et se communique de Dieu ainsi que de l’aptitude démontrée à vivre selon les principes de vie et d’action qui en procèdent.» — Plérôme.
«Les chercheurs en sciences sociales devront bien un jour expliquer par quel prodige un mensonge bien imaginé en vient, hélas !, à se substituer à la vérité la plus simple et la plus authentique.» — Plérôme.
«Deux mouvements semblent se conjuguer afin de produire une résultante apparente: celui, progressiste, par lequel un état antérieur est surpassé, autant en qualité manifeste que dans son extériorisation concrète; et celui, conservateur, par lequel s’accomplit la résolution de maintenir un état constant et stable, à la fois parce qu’il convient à un besoin de sécurité minimale et que l’on appréhende le résultat d’un quelconque changement, lequel peut toujours anticiper une détérioration de l’état satisfaisant. Ainsi, toute volonté d’amélioration peut susciter une réaction contraire, lesquelles, l’une et l’autre, maintiennent en équilibre un état qui ne veut rien sacrifier de la sécurité dont il jouit en vue d’une amélioration théorique et hypothétique de son bien-être, avec la possibilité cependant que l’effet contraire se laisse observer, tout en aspirant à la perfection qui réalise à la fois les particuliers et la société. La conséquent devient une stagnation et un immobilisme à l’intérieur desquels le rêve utopique d’un monde meilleur est destiné à côtoyer l’indifférentisme axiologique d’une moralité sociale qui, pour ne pas subir le pire, se trouve obligé de s’accommoder du moindre.» — Plérôme.
«L’on interprète trop souvent, non pas selon le sens du signifié, mais selon celui que l’on est disposé, a priori, à lui accorder subjectivement.» — Plérôme.
«La thèse implicite, qui fonde la croyance en la supériorité épistémologique de l’homme actuel, c’est que, avec le cumul de l’expérience qui accompagne l’extension historique de l’espèce dans le temps, celle-ci en vient à acquérir une connaissance de plus en plus compréhensive et profonde, qui le démarque des générations précédentes et que parfera encore plus encore la succession des générations à venir. On pourrait nommer celle-ci la thèse oméga, en référence au point ultime de la connaissance que l’humanité peut prétendre atteindre. § Mais une autre thèse, la thèse alpha, contraire ou complémentaire à celle-ci, peut également faire l’objet d’une discussion. En somme, devant la constatation qu’avec la progression de l’histoire, l’homme s’éloigne du point initial de la conscience et du pur savoir qui accompagne cette naissance, cette énonce et conçoit que l’homme en vient peu à peu à oublier ses racines et les principes fondamentaux de la connaissance, de sorte que les connaissances acquises antérieurement ne viennent que combler le vide laissé par cet oubli. Il en résulterait que, en réalité, plutôt qu’enrichir sa connaissance, l’homme envient à substituer à une connaissance complète, préalablement reçue, fondée sur des principes spirituels vrais et non sur une expérience sensible, qui vient plutôt les confirmer, une connaissance que lui fournit l’expérience. Ainsi, la science actuelle de l’homme, plutôt que signifier une complétude du savoir, en vient à signaler une perte de sa complétude et de sa perfection. Ce qui mènerait à conclure, comme le laisse entendre la théorie de la réminiscence de Platon, que l’on devrait chercher à retrouver la connaissance perdue plutôt que s’efforcer à lui substituer un ersatz qui ne fait que l’en éloigner et même amène l’humanité à oublier qu’elle n’ait jamais existé.» — Plérôme.
«À l’intérieur d’une société amorale, tout est permis, pourvu que cela se dît dans les formes prescrites, lesquelles sont le garant de sa préservation et de sa conservation. Cela signifie par contre que l’amoralisme pur ne saurait exister, puisque la moralité substantielle, qui vise la réalisation de la bonté, un projet que fonde l’action qui se définisse en fonction d’un critère transcendant du bien, se substitue une moralité formelle, dont on suppose l’existence dès lors qu’elle révèle une action qui satisfasse un critère esthétique de bon goût, sans égard pour un bien transcendant qui puisse être servi par elle. Le résultat sera une société en nom seulement, puisqu’elle fonde son unité et sa cohésion, non pas sur un état intime partagé et une disposition intérieur commune, c’est-à-dire la vertu de réaliser le bien, mais sur une aptitude extérieure à se conformer à des normes superficielles et arbitraires, ne comportant aucune destination ni finalités externes et donc aucune motivation à se dépasser en fonction de celles-ci.» — Plérôme.
«Le premier mobile anthropologique de la vie en société est de se défendre, en se concertant, de tout ce qui peut compromettre une existence pleine et entière, telle que l’on peut la concevoir à un point précis de l’histoire, que ce soit d’autres particuliers, d’autres groupes, des institutions, des idées et des valeurs qui paraissent étrangers à une manière d’exister, d’être, de ressentir, de voir, de concevoir et de comprendre.» — Plérôme.
«L’effort transforme l’occasion que l’on entrevoit en opportunité de la faire fructifier à son avantage; et lorsque des barrières sont érigées pour entraver l’exercice réussi de cet effort, celles-ci, sauf à se montrer insurmontables, ne constituent qu’un défi supplémentaire au talent qui cherche à s’illustrer.» — Plérôme.
«Dans l’histoire de France: la noblesse conquérante (Clovis); la noblesse impériale (Charlemagne); la noblesse unificatrice (Hugues Capet); la noblesse fidèle (saint Louis); la noblesse libertine (le 1er Louis XIV et Louis XV); la noblesse pieuse (le 2ième Louis XIV et Louis XVI); la noblesse révolutionnaire (Napoléon); la noblesse réactionnaire (Louis XVIII et Charles X) et la noblesse politicienne (Napoléon III).» — Plérôme.
«L’esprit, et en particulier l’imagination, a la possibilité de concevoir des réalisations encore plus remarquables mais il a aussi la possibilité de se montrer tyrannique en exigeant leur production sans égard pour les limites propres aux individus qui leur donne réalité et pour les contingences du milieu à l’intérieur duquel elles prendront corps.» — Plérôme.
«Le pouvoir s’exerce toujours, en principe, au nom d’une autorité et d’un statu quo dont il est au service. Dans le cas contraire, c’est au nom d’une autre autorité et d’un autre statu quo qu’il se manifeste, tout en prétendant servir ceux-là. Lorsqu’une action vise le bien-être de l’autorité et du statu quo défendu et affirmé formellement et explicitement par le pouvoir, elle se trouve alors cautionnée et encouragée par les agents du pouvoir; autrement, ceux-ci en entraveront l’exercice et chercheront à la neutraliser. Ainsi, il importe que le bien que représentent l’autorité et le statu quo au nom desquels le pouvoir s’exerce soit le plus haut et le plus complet possible, afin que les actions des agents qui les représentent tiennent de la plus haute justice, par le bien et la valeur des actions qu’ils soutiendront. Autrement, nombreuses seront les visées et les actions destinées à être rejetées, au nom d’une conception imparfaite et viciée qui se trouve au fondement du pouvoir.» — Plérôme.
«Briller, en maintenant le protagoniste dans l’ombre, voilà le recette secrète de la gloire.» — Plérôme.
«L'amour, c'est la confusion et la conjugaison, hautement et ardemment désirées et voulues, de libertés appelées à se rencontrer et à se compléter afin de parachever de d'épanouir les personnes impliquées en vue d'accomplir, dans le respect de leur individualité propre, les plus hautes fins réalisables et dont la progéniture qui est susceptible d'en résulter n'est pas la moindre.» — Plérôme.
«Ce que Rousseau a compris, c'est que la liberté, sous sa forme pure et pacifique, est d'abord et avant tout une valeur (car elle se vit actuellement) et une aspiration (lorsqu'elle est perdue) par essence paysannes.» — Plérôme.
«C'est le rêve de Satan de vouloir supplanter Dieu; mais ne pouvant Le supplanter, il cherche à Le dépersonnaliser; mais ne pouvant Le dépersonnaliser, il cherche à Le désincarner; mais ne pouvant Le désincarner, il cherche à Le pervertir; mais ne pouvant Le pervertir, il cherche à L'éplorer; mais ne pouvant L'éplorer, il cherche à Le chagriner; mais ne pouvant Le chagriner, il cherche à Le blesser au cœur; mais ne pouvant Le blesser au cœur, il cherche à Le faire souffrir physiquement; mais ne pouvant Le faire souffrir physiquement, il cherche à Lui aliéner l'esprit; mais ne pouvant Lui aliéner l'esprit, il cherche à heurter Sa vertu; mais ne pouvant heurter Sa vertu, il cherche à Le tourner en dérision: ainsi parviendrait-il peut-être à exprimer son mépris de Lui, son orgueil étant incommensurable à la mesure de son infinie prétention et seul l'Amour divin parviendra à en surpasser l'ampleur et en humilier l'exagération.» — Plérôme.
«Lorsqu'une exégèse propose des principes apparemment contradictoires, à l'intérieur d'une doctrine qui est autrement cohérente, l'on doit alors découvrir, dans les circonstances qui ont produit les propos dissonants et auxquels se rapportent ceux-ci, les raisons qui peuvent expliquer leur vérité, malgré la difficulté qu'ils posent à l'entendement de savoir les réconcilier.» — Plérôme.
«Le conservatisme éthique se définit par un désir généralisé d'une même finalité alors que le conservatisme politique se conçoit comme étant celui de conserver ce que l'on a acquis. Ainsi, la contestation prendre, à l'intérieur de ces deux champs, un caractère identique lorsque le désir éthique et le désir politique convergent. Mais elle peut aussi se distinguer lorsqu'il existe une divergence entre ces deux aspirations. Car il est possible qu'un régime se définisse par une aspiration collective identique, en lequel cas il s'agit simplement de déterminer quels seront les critères pour adjuger entre ceux qui sont dignes de l'accomplir et ceux qui ne le sont pas. Mais lorsque les aspirations collectives divergent, ce que d'aucuns aspireront à réaliser comme représentant ce qui est valorisable par un grand nombre — le bien, le beau, le vrai — pourrait être déprisé par d'autres, qui placent leurs espérances en des valeurs qui sont entièrement différentes et distinctes. C'est alors que s'installent les germes d'une profonde transformation sociale, laquelle peut s'accomplir sur de nombreuses générations, comme cela fut le cas à l'intérieur de l'Empire romain, quand l'amour vertueux fondé sur une croyance monothéiste et rédemptrice, en est venue à se substituer à la conception d'une paix juridique impériale et universelle, fondée sur le polythéisme gréco-romain et indo-européen, ouvert sur tous les cultes et tous les syncrétismes.» — Plérôme.
«Le pouvoir, dans son exercice et dans sa pratique, se définit souvent par ce qui est exigible d'autrui, que spécifie celui qui en est le détenteur. Le danger d'une telle conception est de certifier celui-ci par le fait accompli, sans considérer quelle serait la qualité requise par un tel officier, pour qu'il accomplisse un exercice moral du pouvoir, c'est-à-dire d'un pouvoir qui n'est pas uniquement l'expression momentanée de la volonté de celui qui l'exerce — quoique ce soit sous cet aspect que le pouvoir se manifeste —, mais qui renvoie à une volonté qui vise une finalité, par les fins qu'elle propose, dont la substance et l'essence ennoblissent le pouvoir par les bienfaits qui en résultent pour l'ensemble et que l'on désigne habituellement sous le vocable du bien commun, sans exclure aucun de ceux qui se seront mis sincèrement et authentiquement à son service, autant en théorie qu'en pratique. Car que serait un pouvoir qui ne serve que lui-même à l'exclusion de tout autre, sans égard pour les justiciables qui en seraient passibles ? Un tel pouvoir, s'il est concevable en théorie, et s'il est réalisable en pratique, comme émanant d'un «bon plaisir» inviolable, serait en réalité injustifiable puisque ne réalisant pas réellement un plaisir qui est en même temps bon, c'est-à-dire qui, puisqu'il puise à la source de tout bien, réalise en même temps le bien en soi, à la fois pour autrui et pour soi et, ce qui est paradoxal, pour soi puisqu'il est ainsi pour autrui.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui s'opposent sciemment et par conviction aux voies de la Providence et qui, paradoxalement, en réalisent à leur insu les finalités, les desseins et les projets.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui traitent l'or alchimique de la vérité en métal vil, pour ensuite vouloir le transmuer en l'argent des lumières de leur propre esprit.» — Plérôme.
«Si toute peine, et plus spécialement les supplices corporels et jusqu'à la peine capitale, sont un moyen de ramener le patient à l'esprit de justice qui prévaut à l'intérieur de la société et de la culture d'un État à une certaine époque, que peut-on conclure alors des circonstances pouvant faire en sorte que ceux qui sont innocents de toute faute soient condamnés en justice à expier une faute qui est purement factice et fictive ?» — Plérôme.
«Y a-t-il un plus grand drame que la réduction, à l'intérieur d'une société ainsi disposée, de ses membres à n'être plus que des objets de consommation les uns pour les autres ?» — Plérôme.
«Le darwinisme social est la réponse laïque à la thèse de la religion du salut, en vertu de laquelle l'humanité entière requiert la présence et la médiation divine afin de se relever d'une décadence qui est le fruit de sa propre impéritie. En niant toute indignité originelle et fondamentale et par conséquent toute faute dont elle serait imputable, elle propose plutôt que, en cultivant sa valeur morale et physique, elle pourra seule développer les qualités requises afin de surmonter tous les obstacles que l'environnement naturel et social pourrait opposer à la pérennité de la vie collective et à la persistance ainsi que la conservation de l'espèce humaine. Les thèses de «la lutte pour l'existence» et de «la survivance du plus apte», en particulier telles qu'elles s'expriment dans la constitution du couple, n'en sont que les principes sur lesquelles cette école fonde sa conception humaniste et protagoréenne radicale.» — Plérôme.
«Dans un monde où règne l'indifférentisme moral, comme écran à l'avancement des intérêts individuels, sans égard pour les valeurs transcendantes, le choix moral et effectif de la poursuite intégrale du bien devient en même temps l'expression d'une compromission politique.» — Plérôme.
«Une politique qui se laisserait réduire à une quête du pouvoir serait aveugle quant à la nature et à la qualité de l'usage qui pourrait résulter de son exercice.» — Plérôme.
«Le problème fondamental et séculaire de l'éthique, c'est que tous peuvent être en admiration devant les principes qu'elle découvre et qu'elle énonce, et même les professer, en raison de leur excellence et de la désirabilité indéniable de leur réalisation pratique, mais que peu les mettent en application dans leur propre vie, en raison du prix existentiel à payer, de l'abnégation héroïque et de la hauteur de l'effort requis pour en devenir le modèle vivant de leur possibilité effective.» — Plérôme.
«Le Christianisme, c'est l'abnégation complète de soi dans l'intérêt exclusif d'autrui, dans le sens le plus élevé et le plus noble du terme, qu'une mutualité totale et désintéressée inscrit à l'intérieur du mouvement social collectif, uniquement par l'amour de Dieu et celui du prochain, en rapport d'expression synergique.» — Plérôme.
«Dans l'histoire de la mythologie, dont la philosophie est un des aspects, en tant qu'elle propose une interprétation rationnelle du monde, plutôt qu'une narration imagée et dynamique de sa constitution, il s'est produit un passage entre différents points de vue sur le rapport de la conscience avec le destin, cette force mystérieuse qui semble contrôler l'existence de tous et de chacun. § Ainsi, à la «Ta volonté et non la mienne» de la reconnaissance qu'il existe une Divinité suprême pour donner au destin un sens et une signification, une origine et une destination, succéda le «ma volonté et non la Tienne» de la révolte des consciences à l'idée qu'une telle puissance puisse être soit existante, soit à ce point prépondérante, et se termina par le «ma volonté et non la tienne» d'un état social qui, dans l'évacuation que l'on fit de la conception de la Divinité et des forces diaboliques pour l'opposer, prévaut maintenant, alors que l'homme déploie et découvre une autonomie qu'il pose comme étant radicalement pure et inaliénable. § Il reste maintenant pour lui à se confronter avec la puissance matérielle et mécanique extraordinaire de la nature, pour rendre effective cette maîtrise désidérative de son milieu, en l'absence de toute entrave à ses desseins, ce qui n'est pas sans comporter le risque d'un problème insurmontable pour lui. Et alors la question devient d'expliquer l'origine et la possibilité de cette réalité qui se nomme nature et dont l'immensité, la constitution, la composition et la durée ne sauraient être de son ressort, tout en étant nécessaire à son existence et à sa réalisation particulière, celle d'un être vivant, spirituel et incarné.» — Plérôme.
«C'est en tant qu'ils sont l'un et l'autre des vecteurs de la vérité que la philosophie et la mythologie se rencontrent et se complètent, ce qui laisse supposer que c'est par leur méthode et leur style — leur approche et leur langage — qu'ils se distinguent et qu'ils se spécifient. Serait-ce alors trop osé de proposer ceci: que c'est en tant qu'elle est vraie,que la mythologie est une forme de la philosophie; et que c'est en tant qu'elle prétend expliquer et déterminer exhaustivement la réalité que la philosophie tient du mythe ?» — Plérôme.
«Tels sont les cinq termes de l'inachevable et de l'inaccomplissable: l'inconcevable, quant à la possibilité; l'inimaginable, quant à la réalisation; l'ineffable, quant à l'état; l'inénarrable, quant à l'avènement; et l'irréalisable, quant à l'actualisation.» — Plérôme.
«S'il est vrai, comme le propose une forme de pensée courante, que l'on puisse avoir raison pour de faux motifs et que l'on puisse avoir tort, pour de bonnes raisons, il importerait alors de comprendre comment de tels paradoxes puissent se réaliser.» — Plérôme.
«L'incompétence est la cause judiciaire négative d'une fatalité évitable — l'inaccomplissement d'un état désirable comme l'accomplissement d'une réalité indésirable — dont l'actualité est levée, et peut-être même sous des conditions favorables empêchée, par l'illustration de la sagacité, de la capacité et de l'habileté, du savoir, du jugement et de l'action, susceptibles d'en neutraliser l'occurrence et de réaliser l'instance contraire.» — Plérôme.
«Plus l'on s'éloigne de l'idéal réalisé, plus l'on reporte dans un avenir lointain son actualisation.» — Plérôme.
«C'est la conviction, présente en l'homme, de l'existence d'une force spirituelle active et réalisant un idéal moral transcendant, une force qui est supérieure à l'expression qu'il pourrait accomplir de la sienne mais à laquelle néanmoins l'intimité de son for intérieur l'associe, qui est au fondement de tout sentiment et de toute croyance religieuse.» — Plérôme.
«Le paradoxe de l'idée qui veuille que tous se valent également et que personne n'est a priori ni meilleur ni plus excellent qu'un autre, c'est qu'il faille instituer des officiels pour défendre cette proposition, les distinguant ainsi, et convenir que ceux-ci, en remplissant leur rôle et leur fonction, sont placés devant l'exigence d'illustrer une bonté et une excellence qui dépasse celle d'autrui, en servant de modèle à la bonté et à l'excellence communes qui sont supposées par ces principes et en les défendant devant ceux qui chercheraient à les contester, pour ainsi faire preuve d'une qualité défensive supérieure à la leur, dans la neutralisation qu'ils accomplissent de leur prétention.» — Plérôme.
«L'égalité en dignité de la femme, qui en est en définitive la réduction, car elle enlève à la spécificité métaphysique qui en reconnaît une sublimité naturelle, plus subtile et plus élevée que celle qui revient à l'homme, se résout en même temps en la réduction de l'homme, à ne plus pouvoir réaliser son entéléchie et sa finalité spirituelles propres, qui est celle d'une communion véritable avec la Divinité, que représente, symbolise et achève son union plénier avec la femme, lorsqu'elle s'accomplit avec la reconnaissance entière et intégrale de l'unicité dans la complémentarité des deux genres psychosexuels.» — Plérôme.
«Toute œuvre étatique et gouvernementale en est une de l'auto-justification et de l'auto-préservation d'un esprit qui la fonde et d'une tradition qui la perpétue, jusque dans les structures et dans les éléments qui en corrompent les fondements et sont, en définitive, les facteurs de l'imperfection qui mènent à son inaccomplissement de ses idéaux les plus élevés: tel est le principe de l'entropie qui habite et sied au cœur de toute institution politique, religieuse et sociale.» — Plérôme.
«Il y a quelque chose d'incongru, d'insolite et d'inconsistant à ce que des consciences moins sages, moins éprouvées, moins expérimentées et moins habiles en viennent à gouverner des esprits qui le sont plus et à en dicter à ceux-ci.» — Plérôme.
«Savoir en prendre et en laisser, comme cela se dit, en parlant de la distinction que l'on apporte à la valeur accordée à une chose, suppose que l'on sache exercer de sa faculté de discrimination et choisir le mieux pour laisser le pire, et non l'inverse, choisir le pire et laisser le mieux. Encore cela implique-t-il que l'on sache réellement ce qui est le mieux et le pire, afin de les distinguer et d'accorder une préférence à l'un sur l'autre.» — Plérôme.
«Honte à ceux qui, sous prétexte d'afficher leur piété et de remplir leur devoir, font avancer plutôt des desseins impies et félons.» — Plérôme.
«La prophétie d'Auguste Comte s'est effectivement réalisée: de l'âge mythologique et théologique, qui a culminé en le Moyen Âge chrétien, l'humanité est entrée dans l'âge positif et scientifique du XXième siècle, en passant par l'âge philosophique et métaphysique de la Renaissance jusqu'au XIXième siècle inclusivement. Maintenant, la question qui se pose et que, dans un ultime projet de réflexion, elle a le devoir de se poser: l'humanité s'en porte-t-elle mieux pour autant ?» — Plérôme.
«Si les idéaux sont universels, la manifestation qu'ils prendraient se distinguent selon les conjonctures culturelles et géopolitiques qui lui présideraient. Ainsi le rêve barbare par excellence serait d'ériger une société civilisée, où règnent la mutualité et la convivialité, mais uniquement sur l'esprit de survivance que l'on retrouve à l'intérieur d'un état de nature, existant à l'état pur.» — Plérôme.
«La violence étatique, qui au nom de la justice fait la promotion de l'injustice et de l'iniquité, constitue l'affirmation d'une prise de possession effective de la justice dont la résolution se fera dans l'Au-delà, entièrement lorsque cette violence est homicide, partiellement lorsqu'elle est oppressive et à l'occasion mutilatrice. Autrement, l'on doit se résigner à croire qu'aucun espoir n'existe d'une réparation effective de l'injustice commise, en raison d'une loi éternelle et universelle qui stipulât qu'elle se fît.» — Plérôme.
«Lorsque l'infidélité d'un adultère primaire — avant toute reconnaissance formelle, mais néanmoins en connaissance de cause — laisse un grand vide en sa victime, en raison de l'absence irréversible, librement consenti et assumé, qui en a résulté, ce qui semble être la vacuité d'une vie dont le sens s'est vu subvertir par l'absence coupable n'est en réalité que la durée souvent prolongée requise pour créer les conditions d'une mise en place de la situation, où chacun des deux parties puissent vivre la vie qu'il leur revient de vivre, non pas l'un avec l'autre, comme prévu ab initio, mais l'un sans l'autre, et éventuellement loin de l'autre, comme procédant de l'exercice de consciences libres, responsables et matures.» — Plérôme.
«La faute politique imputable à l'écrivain, et en général à tout penseur, que l'on perçoit comme étant un réformateur, ne consiste pas tant à dénoncer le travers d'une société, car en principe, chacun conviendra que tout État est perfectible par nature, mais à ne pas conforter celui-ci dans son aspiration à la pérennité qu'il souhaiterait apporter à la société. Or seul l'État qui réalise effectivement la pérennité de la société peut prétendre participer de celle-ci par sa propre pérennité qui devient alors la signification de la réussite de ses efforts.» — Plérôme.
«L'homme (vir), plutôt que la condition humaine — qu'aucune considération en profondeur n'examine, ni n'analyse alors —, condition par laquelle les deux genres psychosexuels se définissent mutuellement, dans leur rapport avec la réalité, devient le commode souffre-douleur des insatisfactions féministes et cette démarche aboutit conséquemment à la déliquescence et à la dissolution du tissu social, garant de l'intégrité de l'humanité.» — Plérôme.
«La réduction politique de particuliers, c'est-à-dire de groupes et d'individus, dont les convictions et les valeurs sont estimées être irréconciliables avec celles que défend l'autorité — ce qui laisse supposer que l'action politique de celle-ci n'est pas entièrement pragmatique dans la défense qu'elle accomplit d'un statu quo et qu'elle révèle une conception civilisée, raffinée et élevée, de la justice sociale —, s'avère être parfois une nécessité fondamentale, surtout lorsqu'elle verse dans la violence et l'anarchie irrémédiables. Mais l'action répressive devient cruelle et inhumaine lorsqu'elle passe, non pas uniquement par une privation des droits sociaux — qui se définit à la limite par une condamnation à l'indigence —, mais par une atteinte à sa dignité humaine fondamentale et jusqu'à son intégrité physique et morale.» — Plérôme.
«La vérité est l'état qui transforme la réalité et rayonne sur la vie et sur le salut des esprits: tant que ceux-ci seront existants, celle-ci sera prépondérante et la tâche que se fixe l'existence laborieuse, commise à assurer que perdure cette conjoncture salutaire, c'est l'ouverture consciente à son être, menant à la découverte de la vérité qui en est l'élément vital, à l'appréciation de son importance essentielle pour sa conservation, sa perpétuation et sa propagation et à l'accomplissement du devoir qui garantit qu'elle puisse toujours continuer à assurer cette mission prioritaire et primordiale.» — Plérôme.
«L'homme est une âme douée d'un esprit, qui est raison, alors que la femme est un esprit, qui est intelligence, douée d'une âme.» — Plérôme.
«Une société n'a de valeur réelle plus grande que celle des valeurs qui en animent la culture et les principes sur lesquels se fonde l'État, autant par l'aptitude qu'ils ont, respectivement, d'en réaliser l'intelligence, d'en incarner l'esprit et d'inspirer, en chacun de ses membres, des conduites et des actions adéquates à leur expression et à leur mise en œuvre.» — Plérôme.
«Une espèce de fraude qui remonte à la nuit des temps consiste à discréditer le créateur, à disqualifier l'auteur et de mépriser ouvertement leur génie, mais de s'approprier cependant de leurs idées remarquables et éventuellement leurs œuvres, pour ensuite les exploiter à son propre avantage.» — Plérôme.
«Trois avenues majeures semblent exister pour un État engagé à défendre les principes de la justice sociale: la première, conservatrice, consisterait à maintenir le droit existant qui en épouse et en réalise actuellement les principes les plus élevés; la seconde, progressiste, à découvrir de nouvelles sphères et de nouvelles occasions afin d'actualiser un tel droit; et le troisième, libérale, à corriger les manquements à ce droit, tels qu'ils peuvent se manifester dans les institutions, les situations et les populations actuelles.» — Plérôme.
«En droit, lorsque l'on ouvre la porte à une mesure sans précédent, on bâtit la réalité sur une pratique jusqu'alors tolérée et on en officialise le statut, pour en plus préparer le terrain à l'identification de nouvelles pratiques tolérables, lesquelles seront peut-être aussi un jour excusées et autorisées.» — Plérôme.
«Si l'on ne sait, au nom de quoi prétendre faire, sinon au nom d'un savoir qui est présumé exister avant toute exposition formelle aux situations et aux circonstances qui seraient censées l'apporter ?» — Plérôme.
«Si l'on sait, pourquoi s'abstenir de faire, dans le sens où le savoir que l'on détient disposerait à agir; et si l'on ne sait pas, au nom de quoi prétendre faire, car alors quel savoir pourrait alors disposer à agir dans le sens que requiert, sans le définir formellement, la situation ou les circonstances et si l'on sait, pourquoi s'abstenir de faire, dans le sens où le savoir que l'on détient disposerait à agir.» — Plérôme.
«L'existence précède-t-elle effectivement l'essence, comme l'affirme Sartre, ou donnera-t-on raison à Heidegger lorsqu'il affirme que l'essence de l'homme se définit dans son existence ?» — Plérôme.
«La sentence protagoréenne, telle qu'elle est interprétée dans l'usage vernaculaire que l'on en fait, qui veuille que l'homme est la mesure de toutes choses a mené à ce résultat inattendu que c'est la femme qui est devenue la mesure de l'homme, en raison de la nécessité de la procréation pour assurer la propagation de l'espèce et sa continuité intergénérationnelle, et que par conséquent, sa «divinité».» — Plérôme.
«Un gouvernement moral, qu'anime un sens élevé du bien, est celui dont la conception de la vie est à ce point transcendante qu'elle puisse être inclusive de toutes les formes qu'elle puisse revêtir, pourvu qu'elle aspire, par un effort réel, à assurer sa plénitude, sans sacrifier cependant à une conception suffisante qu'elle en aurait, les formes supérieures qui se sont précédemment actualisées de celle-ci.» — Plérôme.
«La cosmologie laisse entendre que, compte tenu de la vicissitude de l'univers et de la diversité de ses éléments composants, l'humanité a devant elle un projet d'exposition et de développement inouï qui puisse durer pour elle plus longtemps qu'elle puisse se l'imaginer et renfermer plus de possibilités qu'elle ne puisse se le représenter ... si jamais elle parvenait à vivre en paix avec elle-même et triompher des impulsions de mort et de destruction qui hélas ! l'habitent.» — Plérôme.
«Étant un rapport holistique et transcendant immédiat au monde, que rendent présent à la conscience les facultés sœurs de l'intuition et de l'inspiration dans l'intelligence, la poésie, qui peut faire l'objet d'une gradation selon que le sujet de son discours est de plus en plus élevé, est la première sagesse et il est possible de considérer que son appréciation est la première philosophie.» — Plérôme.
«La tendance est de toujours ramener à ce que l’on connaît, de sorte que s’il est vrai que l’on ne parle que de ce que l’on sait, il est aussi vrai que l’on ne comprend réellement que ce que l’on sait déjà. La question devient alors d’élucider comment l’on apprend réellement, si tout ce que ‘on comprend — et donc ce que l’on sait — provient d’une expérience préalable. La réponse: c’est en acquérant de nouvelles expériences qui ajouteront à la quantité de savoir dont on dispose. Car seules celles-ci sont susceptibles d’ouvrir le champ de connaissances sur de nouvelles avenues qui n’ont jamais été explorées par soi et qui constitueront le fondement d’un nouveau savoir.» — Plérôme.
«Si l’on comprend parfois que les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être, le défin devient alors de comprendre en quoi elles sont ce qu’elles sont, tout en paraissant être autrement qu’elle ne le seraient.» — Plérôme.
«Si les musiciens passent, peut-être exagérément, pour être anarchistes, la raison en réside peut-être dans le fait que l’ordre qu’ils recherchent est à ce point élevé que ce qui passe pour en être, pour autrui, apparaît à leurs yeux comme étant une pauvreté de l’ordre, qui fonde son unité, son harmonie et sa cohérence sur un nombre trop réduit de facteurs.» — Plérôme.
«Le paradoxe de l’écrit philosophique, c’est qu’il prétend apporter une vérité qui, en raison de sa nature même, est éternelle et universelle, mais que pourtant il est trop souvent consigné à demeurer ignoré des lecteurs et à souffrir l’oubli des institutions, en raison d’une impréparation générale à le considérer, pour une variété de raisons, nommément la multiplication et la prolifération des textes, ayant une prétention analogue, la richesse de la réalité qui ne tarit pas d’aspects, de substances et d’essences sous lesquelles la concevoir ainsi que le potentiel qu’ont les écrits profonds, sages et vrais d’ébranler les fondements de la société à laquelle ils s’adressent.» — Plérôme.
«L’on ne peut détruire la vérité: l’on ne peut qu’en altérer l’expression, la rendant ainsi méconnaissable et la reléguant à l’oubli, en raison de ne pas en reconnaître la valeur adéquate. Car en la camouflant parmi toutes les approximations erronées que l’on en produit, et qui n’en préservent jamais l’essence une, pure, nécessaire et éternelle, l’on obtient qu’elle échappe au regard qui pourrait en découvrir la substance incorruptible et, en se laissant transformer par elle, en venir à changer entièrement la société qui est exposée à ses principes et à ses valeurs.» — Plérôme.
«Pour l’essentiel, la philosophie contemporaine est un discours sur le discours de la philosophie, ce qui ne semble pas tout à fait étranger à l’idée Fichtéenne d’un «Je» qui a la possibilité de se transcender lui-même à l’infini. Car ainsi le «Je» de la philosophie, c’est-à-dire l’essence et la substance qui en compose l’originalité individuelle, culturelle et historique, en s’apercevant lui-même dans les théories philosophiques qui se multiplient à travers l’histoire, peut s’abstraire de lui-même afin de mieux se connaître et se concevoir comme réalisant à la fois la nature et la destinée, i.e. l’entéléchie, de la pensée.» — Plérôme.
«En opposant une nouvelle légalité à la légitimité traditionnelle, la Révolution idéalise un ordre meilleur et renverse l’ordre au nom de cet idéal. Ainsi, on voit le fait accompli de cette action politique, aidé en cela par le cours de l’histoire, se substituer au principe fondateur de l’ordre usurpé, pour constituer dorénavant la nouvelle légitimité, qu’une intelligence agreste et une parole habile pourront bientôt justifier. Or que peut être cette légitimité qui, en se prétendant plus pure que la précédente, s’érige sur le cadavre de ce qui en était jusque lors la représentation ?» — Plérôme.
«Ceux qui nient la dimension sacrée de l’existence cherchent seulement à obtenir de ne pas avoir à vivre en accréditant la présence de cette réalité.» — Plérôme.
«Quelle conséquence réelle cela comporte-t-il pour la philosophie que l’on en occulte les vérités, que l’on en trafique les principes et que l’on en corrompe les valeurs ? Car ses vérités n’en seront pas moins existantes, pour ceux qui les atteignent, ni ses principes moins justes, ni ses valeurs moins pures. Seule reste alors la dure et regrettable réalité de consciences qui veulent, pour quelque raison que ce soit, vivre sous la couverture du voile de l’ignorance et, grâce à la crainte qu’ils sèment, parce qu’ils ne peuvent réussir à masquer entièrement la fausse et mauvaise conscience qu’ils ont de prétendre vivre dans un état qui nie leurs propres aspirations à la plénitude de la vérité, comme il se doit, et le risque qu’ils courent de se voir compromis dans l’existence qu’ils arborent, faussement, de représenter en quelque sorte un idéal de vie saint et authentique ? La philosophie est au-dessus de ces artifices.» — Plérôme.
«La seule légitimation réelle de la violence est celle qui est employée afin de se défendre contre celle qui est pratiquée gratuitement à l’endroit de soi, c’est-à-dire sans provocation et sans justification réelle. Ainsi importe-t-il, pour un État qui montre patte blanche et désire se justifier d’une agression commise, de trouver le prétexte qui transforme une violence éventuellement gratuite en action policière ou militaire, dont le but sera de redresser un tort ou une agression commise préalablement à son encontre.» — Plérôme.
«Plus la vérité devient manifeste, plus elle devient en même temps niable.» — Plérôme.
«S’il est vrai, comme on l’affirme depuis la plus haute antiquité, qu’il ne peut y avoir de science que du général, il est également vrai que l’on ne peut avoir de science que du vrai.» — Plérôme.
«Comment éviter que, dans l’explication des réalités qui nous échappent, l’on ne substitue pas aux fables pré-existantes de nouvelles fables encore plus et mieux élaborées. Car est-il besoin de se rappeler que le mythe d’aujourd’hui était la science d’hier et que la science d’aujourd’hui risque de devenir le mythe de demain.» — Plérôme.
«La lutte des classes est, pour l’essentiel, la manifestation d’une manière de décadence morale puisqu’elle illustre l’ambition des hommes à définir une forme d’excellence (arêtè), qui est le reflet de la vertu (aristè)» requise, afin de prédominer à l’intérieur d’un ensemble, afin de faire valoir les conceptions et les attitudes qui assureront la préservation et la continuité de leur entendement et de leur individualité. Plutôt qu’elle ne soit, comme à l’intérieur d’une société parfaite, le règne des formes et des idées qui la rapprocheront du monde de l’excellence et de la vertu divine. § Or c’est précisément cette opposition qui pose problème. Car comment expliquer, autrement que par une rupture d’avec un état d’accomplissement antérieur ou par un rêve irréalisable, parce que l’idéal proposé est trop élevé pour être atteint, que la distance soit aussi grande entre ce qui se vit concrètement, avec tous les torts et toutes les injustices que l’on y retrouve, et ce que l’on conçoit comme étant la forme accomplie d’une société pleinement réalisée, en laquelle règne la paix et l’harmonie, fondées sur une connaissance adéquate du Bien, du Vrai et du Beau.» — Plérôme.
«Quel rapport existe entre la philosophie et l’état de l’humanité ? L’une est-elle l’effet ou le reflet de l’autre ? Et alors, lequel ?» — Plérôme.
«La philosophie est une conception idéale de la réalité dont on admet implicitement, en raison de l’entéléchie à la fois de la pensée et de l’être, qu’elle ne saurait être présentement, ni telle qu’elle est aperçue et communiquée, ni telle qu’elle est selon sa possibilité et l’expérience que l’on serait apte d’en faire, si elle était pleinement réalisée.» — Plérôme.
«C’est un jeu que jouent les enfants de mettre un obstacle dans la trajectoire que suit une bestiole afin de voir comment elle réagira, pour additionner à cette entrave une autre, puis une autre encore, jusqu’à l’épuisement ou à la concession du malheureux insecte. Et dans ce jeu, si courageux et si entreprenant que fût l’animal, les chances sont tellement inégales qu’il ne saura jamais espérer, sauf par miracle, sortir victorieux de l’épreuve qui a moins pour but d’apprécier sa valeur que d’illustrer la supériorité du maître du jeu, qui ainsi conduit son expérience. § Ainsi en va-t-il de la vie politique, lorsqu’un individu ou un groupe se trouve en position de désavantage face à un autre, lorsque le principe qui régit les rapports sociaux sont fondés sur la concurrence et la rivalité plutôt que sur la coopération et l’amitié. D’où la dialectique du maître et de l’esclave, qui est nulle autre que celle de la dominance qui se perpétuera, jusqu’à ce que les rapports de force seront renversés ou que les hommes apprendront à vivre, conformément aux principes civilisés de la convivialité, de l’entraide et de l’émulation» — Plérôme.
«Tout regard sur une chose implique une perspective sur elle qui est soit centrée sur cette chose, en tant qu’elle est un phénomène ou une essence, sot implique le rapport de cette chose à l’ensemble dont elle est un élément constitutif, soit considère l’élément qui l’englobe, soit aperçoit la chose en tant qu’elle est incluse par lui. Ainsi, la perspective qui définit le regard de l’esprit peut-il être purement extensif, purement intensif ou à la fois, et de façon variable, extensif et intensif, d’une variété de manières, selon le degré d’abstraction, de spécification, de vastitude ou de rétrécissement qui caractérise l’étude objective qu’il en fait. Sans parler qu’il peut aussi chercher à apercevoir cet esprit qui est la faculté de ce regard, à la fois dans son essence, sa manifestation et son rapport à la chose, indépendamment de celle-ci ou dans l’intimité de la relation qui l’unit à elle dans l’acte de connaissance qui s’effectue. La question devient alors celle de prétendre pouvoir proposer une vérité unique, malgré cette multitude de perspectives sous laquelle elle peut se présenter et qui, pour chacune d’elles, constitue un défi au principe de la vérité unique, éternelle, universelle et irréfutable.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui déplorent les effets d’une action dont ils seraient responsables, sans toutefois pouvoir assumer que la réalité produite à laquelle ils ont effectivement participé puisse découler en quelques manière de leur activité, positive ou négative.» — Plérôme.
«Le fiancé qui se déclare, par une présence inespérée et inattendue qui fasse croire, sinon à la prédestination, du moins à une forme de conduite invisiblement orientée ou dirigée, c’est l’ordre de Dieu qui se manifeste à la conscience et invite à Sa reconnaissance ainsi qu’à l’adhésion morale à Ses desseins.» — Plérôme.
«Une raison ineffective, qui ne débouche sur aucune réalisation, ni ne prétend le faire, n’est qu’une action vaine et insignifiante de la conscience dont on pourrait se demander pourquoi elle se donne la peine de s’activer, sauf peut-être à s’exercer en vue pour elle d’acquérir la compétence de sa puissance.» — Plérôme.
«La censure se fonde sur la prémisse que toute pensée, y comprise la pensée vraie, doit en même temps conforter une manière habituelle de vivre, qui est elle aussi la manifestation d’une forme de pensée. Voilà ce qui explique le succès de la science, lorsque ses principes et ses découvertes sont mises au service de la civilisation. Mais une telle conception ne rend pas justice cependant du sort qui fut souvent réservé aux prophètes, alors que le trop-plein de vérité qui sortait de leur bouche réussissait rarement à rassurer les élites et même les conduisait à faire se retourner contre eux la fureur qu’elles éprouvaient de ne savoir se montrer à la hauteur de leur idéal.» — Plérôme.
«De tous les états, celui qui réalise l’équilibre parfait entre les extrêmes — tous les extrêmes — est le plus difficile à atteindre et à conserver, surtout lorsque l’adversité se présente pour en éprouver la solidité, la constance et la stabilité.» — Plérôme.
«Telle est la puissance du prestige associé à la fonction que, s’il est vrai qu’un occupant talentueux, compétent et méritoire puisse en exhausser la dignité et la portée, il arrive aussi que très souvent l’inverse se produise et que ce soit la fonction qui exhausse et confère à son occupant le talent, la compétence et le mérite, en lui donner l’occasion de s’illustrer et en exacerbant ses possibilités natives dans le sens de révéler quelle en serait leur plénitude et leur perfection.» — Plérôme.
«La force du sacré est à ce point immense et inextinguible que, même lorsqu’elle évacuée par les consciences qui en nient l’existence et la présence, elle trouve à se recréer et à émerger à nouveau dans la personne de ceux qui en sont les détracteurs les plus articulés, sauf qu’elle prend alors l’aspect d’une monstruosité et d’une inhumanité a priori inimaginables et inconcevables.» — Plérôme.
«L’État, c’est la combinaison et la potentiation des activités positives ou négatives qui constituent la structure actuelle de la société dans son rapport avec les conjonctures et les situations qui se présentent à lui et sa diffusion dans la direction qu’il choisit d’adopter en vue d’assurer sa conservation et sa perpétuation.» — Plérôme.
«La croyance fondamentale, à l’intérieur de l’État républicain, c’est que chacun a la possibilité d’améliorer son état, sa situation, sa condition et son sort, en y investissant l’effort adéquat et en effectuant les décisions appropriées, pour autant que cela n’affecte pas — apparemment — ceux d’autrui, sauf évidemment à contribuer à leur amélioration. Lorsque c’est le petit nombre seulement à qui revient la possibilité de cet avancement, l’état devient alors autoritaire et répressif: il court alors le risque que le mécontentement engendré résulte en perturbations sociales. Seul un État qui offre réellement une chance égale à tous de faire valoir son mérite et son talent, engagé comme il est à assurer le salut de l’ensemble par le bien-être que chacun est apte à récolter de son implication positive, peut espérer l’harmonie à l’intérieur de ses frontières et la paix à l’extérieur. Ce principe est non seulement pragmatique, il émane d’une conception élevée de la justice.» — Plérôme.
«La perversion de la vérité, laquelle est l’essence de la Raison extériorisée et l’Acte institueur du monde, est à l’origine de toutes les perversions, grands travestissements et petites déformations.» — Plérôme.
«On croirait presque parfois, en se fondant sur les impressions que l’actualité, ainsi que l’histoire en général, laissent à la conscience de tous les troubles qui caractérisent leur déroulement et de tous les crimes qui entachent la vie et le bonheur des hommes, que la moralité reste à découvrir pour l’humanité et que, sur le long périple qui l’a amenée à la civilisation, et de là jusqu’à l’état qu’elle a acquis jusqu’à nos jours, rien, ou si peu, ne lui soit resté des enseignements moraux qui, par le passé, lui ont été transmis par des hommes aussi sages qu’ils étaient courageux. Et que par conséquent, tout, ou presque, reste à être réinventé à ce plan.» — Plérôme.
«Serait-ce que l’homme ne saurait envisager tout ce qui peut lui rappeler la précarité et la vulnérabilité de sa situation dans le monde et par conséquent la nécessité de trouver hors de lui ce qui peut être à l’origine de son principe, de son essence, de sa nature et de sa propre réalité ?» — Plérôme.
«Pour réaliser l’«idéal» d’un monde individualiste et impersonnel, l’on a dû tuer l’amitié et ainsi tous les mécanismes naturels de l’entraide et de la coopération qui auraient pu assurer son établissement, pour en lieu leur substituer des institutions qui rempliraient ces fonctions, mais d’une manière qui serait ordonnée à cette fin dépersonnalisée et atomisée.» — Plérôme.
«Quelle justice peut-il y avoir lorsque, comme à l’intérieur d’un monde individualiste atomisé, le seul critère qui en gouverne la présence et la mise en œuvre, c’est le caprice particulier de celui par qui il pût se manifester ?» — Plérôme.
«L’excellence d’un travail se fonde sur six piliers: la qualité des matériaux utilisés; la compétence de l’ouvrier qui les assemble et les agence; l’excellence du plan en vertu duquel il se réalise; la beauté et la résilience de l’œuvre ainsi produite; la dévotion de tous les participants à son achèvement; et la qualité de la coordination des actions expertes qui doivent mener à sa finalisation.» — Plérôme.
«La moralité, c’est-à-dire la faculté et la capacité de faire la distinction entre le bien et le mal et de conformer son action et sa conduite sur le Bien, en manifestant ainsi une disposition à la bonté, est l’essence de la dimension personnelle et spirituelle de l’homme.» — Plérôme.
«La lente asphyxie de l’amitié, qui consiste à fonder son rapport avec autrui sur l’amour et le désintéressement caractérise la montée imperceptible progressive, mais néanmoins réelle, de la société anonyme, individualiste et dépersonnalisée.» — Plérôme.
«On n’aime souvent pas la chose que l’on tient en estime en vertu de ce qu’elle est, mais en raison de la représentation que l’on en cultive.» — Plérôme.
«Dans la tension millénaire qui semble exister entre les deux puissances, Éros et Thanatos, il est permis parfois de se demander laquelle est la plus fondamentale et laquelle est la plus déterminante. Car sans la première, nulle vie n’est possible et sans sa plénitude, nulle complétude de celle-là ne sait se contempler. Mais l’inéluctabilité et l’omniprésence apparente de la seconde, avec toutes les manifestations dont elle est capable, donne à penser qu’elle ne s’efface jamais complètement devant la force de la vie.» — Plérôme.
«L’égoïsme est l’ami de soi, mais l’ennemi de l’ensemble dont il ne saurait constituer un principe de solidarité et de cohésion, par l’entraide dont il ne saurait encourager la présence et l’efficace.» — Plérôme.
«L’ambition ne connaît d’amis que ceux qui la nourrissent et la propulsent vers l’avant, pour éventuellement mener à la consommation de sa réalisation.» — Plérôme.
«Certaines vies se dévouent à l’Éros comme d’autres se dédient à Thanatos: le défi pour une culture consiste à canaliser ces énergies vitales de sorte à éviter que l’une n’annule l’autre et réduise tout à zéro. La stratégie de la soumission et de la dominance, comme celle du dépassement de soi dans l’excellence et le désintéressement, naissent de cette tension radicale entre deux états opposés. Car si Éros peut s’autoriser à s’exprimer à la limite de son principe, il n’en est pas de même de Thanatos qui lui, doit se contenir et se restreindre, sauf à devenir le principe de son propre anéantissement. Par contre, il compromet sa propre essence en se laissant à Éros envahir entièrement son champ d’action, puisque par là, il doive consentir à la conversion de sa propre nature. Ainsi se réalise-t-il en exigeant d’Éros un compromis, celui par lequel celui-ci accrédite le droit de Thanatos à exercer son hégémonie funeste, en contrepartie de quoi celui-ci consent à ce qu’Éros puisse, par la ruse s’il le faut, concourir avec lui afin d’illustrer son effet bénéfique et de soustraire la réalité à son influence négatrice et destructrice.» — Plérôme.
«Tout État intègre ses sujets, dans les paramètres de son mouvement, en vertu des perfections requises afin d’accomplir son achèvement, mais tout État les rend aussi conformes aux imperfections structurelles qui le caractérisent, en exigeant d’eux une soumission qui n’en ébranle pas les conceptions et les organismes qui les instituent et en excluant plus ou moins sommairement les réfractaires qui ne savent, ou ne veulent s’incliner.» — Plérôme.
«Un organisme n’est jamais plus excellent que ne l’est la moins excellente de ses composantes essentielles comme celles-ci ne le sont pas plus que le moins excellent de ses membres constitutifs significatifs..» — Plérôme.
«La philosophie, c’est beaucoup plus que couvrir son ignorance par des abstractions savantes. Voilà une des raisons du «nescio» Socratique. Car devant la prétention de ses contemporains à vivre selon une sagesse intemporelle qui se fondait sur une science universelle et inépuisable, il opposait une sagesse certes profonde et étendue, mais qui découvrait son éternité et son universalité dans le progrès qu’il restait à faire pour qu’elle prenne ce caractère infini, lequel habite l’âme individuelle, non pas en tant que cet aboutissement est un fait accompli et réalisé, mais en tant qu’il est toujours virtuel, comme un projet en voie d’accomplissement et de réalisation, pour ceux qui sont engagés sur ce sentier. De telles «limites», qui n’en sont pas réellement, tiennent en réalité à la nature de la sagesse qui, malgré l’énorme et l’immense puissance de la raison, ne saurait, en raison de sa vastitude et de sa profondeur infinies et illimitées, se laisser épuiser par cette faculté, laquelle tend toujours à la circonscrire, mais sans réussir jamais dans son aspiration et dans son ambition.» — Plérôme.
«L’hypocrisie et la duplicité sont l’humilité de l’orgueil.» — Plérôme.
«Le problème de la discontinuité et de la continuité en philosophie ne saurait aboutir à un relativisme individuel et absolu, où la continuité pour soi se résoudrait par la discontinuité pour autrui, sauf au nom d’un critère véritablement absolu, dont la transgression justifierait, en raison de sa gravité, une telle issue.» — Plérôme.
«Il y en a pour qui la liberté consiste à pouvoir vivre leur méchanceté quand et bon il le leur entend.» — Plérôme.
«Comme on peut s’y attendre, la sincérité ne saurait s’inventer, ni se simuler, ni se feindre.» — Plérôme.
«Le divorce philosophique de la théorie et de la pratique, qui se résout en une séparation radicale entre l’intelligence et la puissance, constitue la première atteinte au principe de la vie, en ce qu’il dissocie le bien que l’on connaît et que l’on aime et la possibilité de le réaliser sous la plus haute forme qui soit.» — Plérôme.
«Le cœur de la femme passe, dans son expression, par son esprit; alors que l’esprit de l’homme passe, pour s’extérioriser, par son cœur.» — Plérôme.
«S’il est permis de s’imaginer une liberté qui s’exerce en vue du plus grand bien possible, l’on est autorisé aussi à concevoir qu’à l’opposé, elle puisse s’illustrer en vue du pire.» — Plérôme.
«Il y a ceux dont les rêves de l’enfance se sont vus dissipés et trahis et ceux pour qui la vie fut une réalisation intégrale de leurs rêves les plus originels et intimes.» — Plérôme.
«Écouter (ou sembler le faire) ... et suivre son propre entendement néanmoins.» — Plérôme.
«De nombreuses théories philosophiques proviennent, non pas d’une perspective nouvelle sur la réalité, mais d’une tentative à imposer l’oubli — ou l’effort délibéré de causer leur oblitération — de vérités déjà sues comme aussi l’opposition aux vérités découvertes, pour en neutraliser l’efficace, et dont le succès laisserait supposer une déficience, ou une incomplétude, des dites vérités plutôt qu’il n’encourage à considérer la véritable cause de l’échec — le manque de bonne volonté à admettre et à faire prévaloir la Vérité sous toutes ses manifestations.» — Plérôme.
«Quelle curieuse conjoncture que celle qui énonce que, en raison de la lutte des classes, il y aurait un état de guerre civile, perpétuelle et larvée, pour conditionner les rapports entre les hommes; qu’en raison de la primauté de l’intérêt particulier, il régnerait un état de méfiance et de rivalité constantes pour régir les relations des concitoyens entre eux; et que, en raison de l’intérêt politique des nations et de la raison d’État, primeraient les considérations d’ordre rationnel et gouvernemental sur celles qui émaneraient d’un sentiment bien senti et d’une conception bien entendue de la justice. C’est à croire que nulle occasion n’existerait de faire valoir, d’une manière qui est totalement désintéressée, les valeurs d’entraide, de coopération et d’amitié.» — Plérôme.
«Du point de vue de l’évolution de l’espèce, le sentiment que possède l’homme, à la fois de la valeur éminente et de la précarité de son existence, est-il le moteur le plus décisif de sa progression puisqu’il s’ancre dans une prise de conscience radicale et fondamentale de ce qui, en raison de sa valeur inestimable, requiert une protection exceptionnelle, avec l’effort et le courage concurrents que cela suppose, qui même peut aller jusqu’au sacrifice de sa propre individualité, afin de créer les conditions qui favoriseront la survie, la progression, la propagation et l’achèvement de l’ensemble.» — Plérôme.
«En se donnant des idéaux transcendants, tels la bonté, la beauté et la vérité, et en cherchant de bonne foi dans les idées, les événements et les hommes ce qui les accomplissent, la philosophie devient une assurance pour l’humanité qu’elle ne s’embourbera pas dans les illusions qui prétendent les avoir réalisés, tout en constituant de ces perfections de minables approximations.» — Plérôme.
«Si l’ignorance est préférable, comme lorsque l’on affirme trouver la félicité dans sa présence, pourquoi alors investir autant dans l’éducation ? Et s’il s’avère plus avantageux d’être instruit, comme l’on laisse entendre que l’école favorise l’enrichissement de la personne, pourquoi alors rester dans l’ignorance ?» — Plérôme.
«L’hystérisme, qui peut se définir pour l’essentiel comme étant une fuite dans l’imaginaire, motivée par le désir de s’éloigner du souvenir d’une réalité particulière, se présente sous deux formes majeures: face à une réalité dont les composantes émotives sont trop pénibles à vivre, de manière à créer une rupture à l’intérieur du champ de la conscience afin de se préserver de la charge émotive trop intense qu’une évocation périodique ou continuelle serait apte à éveiller; face à une réalité qui, par ailleurs et autrement désagréable, requiert un examen approfondi par la conscience de la responsabilité morale illustrée face à cette réalité, avec l’éventualité d’une assomption de conséquences très lourdes pour l’image et pour l’estime de soi, que la rupture opérée par la fuite dans l’imaginaire permet de reporter et éventuellement d’escamoter. » — Plérôme.
«Tout le secret, pour l’agent provocateur, réside dans l’instigation de l’incident problématique choquant et compromettant, sans qu’il ne soit apparent qu’il résulte d’une intention avérée à le produire ou, à défaut de savoir éviter un tel niveau d’invisibilité, en faisant porter la responsabilité à un tiers peut-être innocent, mais de préférence quelqu’un qui soit considéré, à tort ou à raison, un opposant à l’ordre politique régnant.» — Plérôme.
«Un droit que l’on explicite formellement comme liant obligatoirement chaque membre du corps social, un droit dont tous reconnaissent formellement la légitimité, mais que dans la pratique tous ignorent, tout en prétendant adhérer à ses principes, est un droit qui est en réalité inexistant. Et lorsqu’à ce droit, fondé dans sa valeur juridique par des millénaires d’une pensée profonde et éprouvée, en de multiples sociétés et cultures, l’on en substitue un autre qui prétend le renouveler ou qui simplement substitue à ses principes éminemment parfaits des normes qui le sont moins ou qui dérogent de l’esprit dont il fait la promotion, alors de droit alternatif, tout en acquérant de l’effectivité, est en réalité incomplet et imparfait.» — Plérôme.
«Comment prouver l’innocence d’un particulier, faussement accusé, sans découvrir en même temps la culpabilité, ou à tout le moins la faute, de qui voudrait la lui ravir. Car l’innocence s’étant continuellement maintenue, seule une erreur de jugement — ou pire une corruption apparente de cette faculté —, sur ce qui peut constituer chez le principal intéressé une dérogation présumée de cet état, pourrait expliquer que l’on puisse vouloir en douter.» — Plérôme.
«Pour le Christianisme, la force de la foi, qui est celle d’une perception adéquate et complète de la destination et de l’accomplissement de l’histoire, ainsi que de la moralité qu’il importe de cultiver afin de s’inclure dans son mouvement idéal et de le parachever par des actions réalisées et les initiatives accomplies, devient préférable à la foi en la force qui, formée qu’elle est par l’incomplétude des idéologies qui tentent, mais toujours approximativement, de cerner ces finalités, est au fondement de tous les totalitarismes politiques.» — Plérôme.
«Lorsque la voie se présente comme étant unique pour atteindre une fin, si périlleuse que semble l’aventure pour y aboutir, il n’existe d’autre solution que de s’y engager au moment le plus propice à la réussite de l’entreprise, mais sans pour autant que les obstacles naturels qui se présenteront pour en entraver le succès ne soient moindres ou inexistants.» — Plérôme.
«S’il est autorisé, au nom de la raison d’État, de commettre tous les crimes, quelle différence existe alors entre un État de droit et un État criminel ?» — Plérôme.
«Les sociétés de haut savoir exercent un pouvoir de discrimination absolu de très haut niveau: car non seulement décident-elles de ce qui mérite d’être retenu et transmis à l’intérieur de la mémoire collective, mais encore choisissent-elles ce qu’il vaudrait mieux oublier et reléguer derrière le voile des souvenirs vaporeux et diffus.» — Plérôme.
«À l’intérieur d’une société fondée sur le principe monothéiste, tout tourne autour de la conception plus ou moins adéquate de ce qui s’appréhende et se communique de Dieu ainsi que de l’aptitude démontrée à vivre selon les principes de vie et d’action qui en procèdent.» — Plérôme.
«Les chercheurs en sciences sociales devront bien un jour expliquer par quel prodige un mensonge bien imaginé en vient, hélas !, à se substituer à la vérité la plus simple et la plus authentique.» — Plérôme.
«Deux mouvements semblent se conjuguer afin de produire une résultante apparente: celui, progressiste, par lequel un état antérieur est surpassé, autant en qualité manifeste que dans son extériorisation concrète; et celui, conservateur, par lequel s’accomplit la résolution de maintenir un état constant et stable, à la fois parce qu’il convient à un besoin de sécurité minimale et que l’on appréhende le résultat d’un quelconque changement, lequel peut toujours anticiper une détérioration de l’état satisfaisant. Ainsi, toute volonté d’amélioration peut susciter une réaction contraire, lesquelles, l’une et l’autre, maintiennent en équilibre un état qui ne veut rien sacrifier de la sécurité dont il jouit en vue d’une amélioration théorique et hypothétique de son bien-être, avec la possibilité cependant que l’effet contraire se laisse observer, tout en aspirant à la perfection qui réalise à la fois les particuliers et la société. La conséquent devient une stagnation et un immobilisme à l’intérieur desquels le rêve utopique d’un monde meilleur est destiné à côtoyer l’indifférentisme axiologique d’une moralité sociale qui, pour ne pas subir le pire, se trouve obligé de s’accommoder du moindre.» — Plérôme.
«L’on interprète trop souvent, non pas selon le sens du signifié, mais selon celui que l’on est disposé, a priori, à lui accorder subjectivement.» — Plérôme.
«La thèse implicite, qui fonde la croyance en la supériorité épistémologique de l’homme actuel, c’est que, avec le cumul de l’expérience qui accompagne l’extension historique de l’espèce dans le temps, celle-ci en vient à acquérir une connaissance de plus en plus compréhensive et profonde, qui le démarque des générations précédentes et que parfera encore plus encore la succession des générations à venir. On pourrait nommer celle-ci la thèse oméga, en référence au point ultime de la connaissance que l’humanité peut prétendre atteindre. § Mais une autre thèse, la thèse alpha, contraire ou complémentaire à celle-ci, peut également faire l’objet d’une discussion. En somme, devant la constatation qu’avec la progression de l’histoire, l’homme s’éloigne du point initial de la conscience et du pur savoir qui accompagne cette naissance, cette énonce et conçoit que l’homme en vient peu à peu à oublier ses racines et les principes fondamentaux de la connaissance, de sorte que les connaissances acquises antérieurement ne viennent que combler le vide laissé par cet oubli. Il en résulterait que, en réalité, plutôt qu’enrichir sa connaissance, l’homme envient à substituer à une connaissance complète, préalablement reçue, fondée sur des principes spirituels vrais et non sur une expérience sensible, qui vient plutôt les confirmer, une connaissance que lui fournit l’expérience. Ainsi, la science actuelle de l’homme, plutôt que signifier une complétude du savoir, en vient à signaler une perte de sa complétude et de sa perfection. Ce qui mènerait à conclure, comme le laisse entendre la théorie de la réminiscence de Platon, que l’on devrait chercher à retrouver la connaissance perdue plutôt que s’efforcer à lui substituer un ersatz qui ne fait que l’en éloigner et même amène l’humanité à oublier qu’elle n’ait jamais existé.» — Plérôme.
«À l’intérieur d’une société amorale, tout est permis, pourvu que cela se dît dans les formes prescrites, lesquelles sont le garant de sa préservation et de sa conservation. Cela signifie par contre que l’amoralisme pur ne saurait exister, puisque la moralité substantielle, qui vise la réalisation de la bonté, un projet que fonde l’action qui se définisse en fonction d’un critère transcendant du bien, se substitue une moralité formelle, dont on suppose l’existence dès lors qu’elle révèle une action qui satisfasse un critère esthétique de bon goût, sans égard pour un bien transcendant qui puisse être servi par elle. Le résultat sera une société en nom seulement, puisqu’elle fonde son unité et sa cohésion, non pas sur un état intime partagé et une disposition intérieur commune, c’est-à-dire la vertu de réaliser le bien, mais sur une aptitude extérieure à se conformer à des normes superficielles et arbitraires, ne comportant aucune destination ni finalités externes et donc aucune motivation à se dépasser en fonction de celles-ci.» — Plérôme.
«Le premier mobile anthropologique de la vie en société est de se défendre, en se concertant, de tout ce qui peut compromettre une existence pleine et entière, telle que l’on peut la concevoir à un point précis de l’histoire, que ce soit d’autres particuliers, d’autres groupes, des institutions, des idées et des valeurs qui paraissent étrangers à une manière d’exister, d’être, de ressentir, de voir, de concevoir et de comprendre.» — Plérôme.
«L’effort transforme l’occasion que l’on entrevoit en opportunité de la faire fructifier à son avantage; et lorsque des barrières sont érigées pour entraver l’exercice réussi de cet effort, celles-ci, sauf à se montrer insurmontables, ne constituent qu’un défi supplémentaire au talent qui cherche à s’illustrer.» — Plérôme.
«Dans l’histoire de France: la noblesse conquérante (Clovis); la noblesse impériale (Charlemagne); la noblesse unificatrice (Hugues Capet); la noblesse fidèle (saint Louis); la noblesse libertine (le 1er Louis XIV et Louis XV); la noblesse pieuse (le 2ième Louis XIV et Louis XVI); la noblesse révolutionnaire (Napoléon); la noblesse réactionnaire (Louis XVIII et Charles X) et la noblesse politicienne (Napoléon III).» — Plérôme.
«L’esprit, et en particulier l’imagination, a la possibilité de concevoir des réalisations encore plus remarquables mais il a aussi la possibilité de se montrer tyrannique en exigeant leur production sans égard pour les limites propres aux individus qui leur donne réalité et pour les contingences du milieu à l’intérieur duquel elles prendront corps.» — Plérôme.
«Le pouvoir s’exerce toujours, en principe, au nom d’une autorité et d’un statu quo dont il est au service. Dans le cas contraire, c’est au nom d’une autre autorité et d’un autre statu quo qu’il se manifeste, tout en prétendant servir ceux-là. Lorsqu’une action vise le bien-être de l’autorité et du statu quo défendu et affirmé formellement et explicitement par le pouvoir, elle se trouve alors cautionnée et encouragée par les agents du pouvoir; autrement, ceux-ci en entraveront l’exercice et chercheront à la neutraliser. Ainsi, il importe que le bien que représentent l’autorité et le statu quo au nom desquels le pouvoir s’exerce soit le plus haut et le plus complet possible, afin que les actions des agents qui les représentent tiennent de la plus haute justice, par le bien et la valeur des actions qu’ils soutiendront. Autrement, nombreuses seront les visées et les actions destinées à être rejetées, au nom d’une conception imparfaite et viciée qui se trouve au fondement du pouvoir.» — Plérôme.
«Briller, en maintenant le protagoniste dans l’ombre, voilà le recette secrète de la gloire.» — Plérôme.
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