samedi 16 janvier 2016

Euthúmèma XVII (réflexions)

[Depuis le 16 janvier 2016, avec mises à jour périodiques. — Since January 16th 2016, with periodical updates.]

«L'appel au changement et souvent uniquement l'expectative de voir le changement apparaître chez autrui  car il est naturel de se concevoir soi-même d'abord comme étant un agent de changement. Par ailleurs, comment concevoir qu'un changement, même voulu et interpellé chez autrui, puisse ne produire aucune adaptation chez soi et, par les effets inattendus qui en surgissent, requérir même une transformation qui dépasse les limites que l'on aurait au départ imaginé comme étant celles qui auparavant, à l'origine, étaient déterminées par soi comme étant infranchissables .» — Plérôme.

«Quelle place autorise-t-on l'individu à occuper, aux temps où sévit l'omniprésence de l'État et de l'énorme puissance accordée par délégation à ses agents ?» — Plérôme.

«On devrait tellement craindre les vicissitudes de l'ignorance que l'on sentirait la nécessité d'en repousser les frontières et en combler les profondeurs, en consacrant tout le temps disponible dont on dispose raisonnablement à acquérir la connaissance que l'on pourrait transformer en savoir pour la chasser et l'éloigner.» — Plérôme.

«Quelle est cette mystérieuse raison qui se distingue de l'intelligence pour procurer une connaissance, qui par son originalité lui est tout à fait particulière ? Et pourtant elle risque de nous faire sombrer en offrant un savoir qui, n'étant pas fondé sur la réalité, mais sur des vérités et des principes uniquement intellectuels, pourrait apparaître au sens commun comme étant la plus belles des illusions, à la manière d'une œuvre d'art magnifique, inspirante par sa beauté, mais nullement apte à devenir un modèle réaliste des choses.» — Plérôme.

«Le mystère, sous toutes les formes et à tous les niveaux de la réalité où il est susceptible de se présenter, est le véritable objet de la philosophie.» — Plérôme.

«La quête honnête et sincère de la vérité empruntera tous les chemins susceptibles de mener à sa découverte, pour ceux qui ont le courage de s'y engager.» — Plérôme.

«Pire que le finalisme biaisé d'une conviction mal comprise, il y a le finalisme aveugle de l'ignorance qui, n'ayant aucune conviction sur laquelle reposer l'espérance et la promesse de l'existence, risque de s'en prendre à tout ce qui est vrai, juste et bien dans toutes les convictions, sans pourtant se rapprocher de l'unique source de la Vérité, comme de la Bonté et de la Justice, à savoir le Dieu unique et trine, bon, omniscient, tout-puissant et tout-aimant.» — Plérôme.

«Ce qui distingue le laïcisme étatique de l'État religieux, c'est la foi: la foi optimiste en la capacité inépuisable  et en la bonté native des hommes, pour le premier; la foi exclusive en la Justice toute-puissante, fondée sur la Bonté essentielle de la Divinité, pour le second.» — Plérôme.  

«L'ultime tragédie du drame cosmique: la Mort qui a tous les droits et la Vie qui n'en conserve aucune.» — Plérôme.

«Un texte intelligent et substantiel, quant aux principes véridiques qu'il énonce et aux découvertes qu'il autorise à faire, est semblable à une mine dont on exploite la richesse des ressources qu'elle contient. Parfois celles-ci affleurent-elles la surface ou parfois sont-elles enfouies dans les profondeurs: qu'à cela ne tienne, le puits ne consentira à livrer son trésor, comme le texte ses secrets, que si l'on se montre prêt à y mettre l'effort, la persévérance et la constance, afin de les libérer de la gangue qui les renferme et demande qu'on l'oblige à les relâcher.» — Plérôme.

«Ceux qui un jour seraient tentés de récuser en doute le dicton, qui veuille que la perfection ne soit pas de ce monde, n'ont qu'à faire l'expérience d'une bureaucratie pour s'en assurer.» — Plérôme.

«La prison de l'égoïsme est un enclos aussi réel que la prison de l'État et elle comporte des conséquences indéniables pour la société, en ce qu'elle érige une barrière invisible entre les particuliers et qu'elle réduit la dimension communautaire à n'être plus qu'un rapport topographique entre l'individu et les associations d'individus qui se constituent pour défendre un intérêt commun et le monde commercial, institutionnel ou industriel.» — Plérôme.

«Comment peut-on définir simplement la disparité économique ? C'est lorsque, quant aux revenus et aux biens, de moins en moins d'individus en disposent de plus en plus et de plus en plus d'individus en disposent de moins en moins.» — Plérôme.

«À quel avenir peut prétendre l'intelligence si la vérité avec laquelle on la nourrit est aussi faible en substance qu'elle n'est éloignée de l'essence qui en est la réalité première et le produit distinctif ?» — Plérôme.

«La plus belle des structures sociales, le plus inventif et engageant des programmes de relations publiques et le plus ingénieux des systèmes d'administration et de gouvernance ne pourront jamais servir de substitut à l'initiative créative d'un personnel dévoué, compétent, intelligent et visionnaire.» — Plérôme.

«La médiocrité aperçoit son reflet dans la vitrine et s'exclame: «Que je suis excellente !».» — Plérôme.

«Un État ne saurait prétendre à l'honorabilité, ni aucun de ses officiers et agents, si le prix de l'inclusion à son action autrement estimable et excellente est le sacrifice de la vertu des peuples qui en sont l'ultime raison d'être.» — Plérôme.

«Le principe qui fonde le recours à la raison comme moyen de prévenir et de contrer les dérives dans les politiques, les mesures, les conduites et les actions humaines est celui de l'excellence de la raison, qui ainsi sa primauté sur les passions humaines, que l'on présente comme étant à l'origine de tous les excès et de tous les débordements répréhensibles et imaginables. § Mais une telle conclusion nous porte à croire que si la raison est susceptible de fournir son critère ultime à la stabilité et à l'organisation intelligente et harmonieuse de la Cité, c'est qu'elle est elle-même invulnérable à toute forme d'altération ou de corruption, ce qui est une proposition invalidée à la fois par l'expérience et la nature de la raison elle-même, qui n'est pas sans être exposée à une forme malicieuse de son exercice, lorsqu'elle se fonde, non pas sur la passion, mais sur le calcul froid et intéressé, et souvent au nom des idéaux les plus élevés.§ Il en résulte donc que la raison en elle-même ne saurait être le critère des politiques, des mesures, des conduites et des actions saines et louables, mais plutôt une forme spécifique de la raison, celle qui est le garant de telles manifestations et puisque celles-ci illustrent clairement une moralité, c'est-à-dire un choix lucide entre un idéal du Bien et son contraire. C'est un Bien vers lequel elle tend, non seulement pour elles-mêmes — leur propre bonté—, mais en vue de réaliser un bien — la bonté de l'ensemble politique —. § Ainsi, la seule raison qui peut apporter la réaliser de telles finalités doublement bonnes, est une raison morale que l'on nomme autrement, mais dans le même sens, la droite raison, laquelle est aussi la raison pure.» — Plérôme.

«Que peut-on dire de ceux qui, n'accomplissant que peu eux-mêmes, ont cependant l'heur et la facilité se savoir apprécier tout accomplissement ?» — Plérôme.

«Lorsque le plaisir devient le principe prépondérant de la vie, nulle place alors n'est laissée à l'expérience de la joie.» — Plérôme.

«Il y a le monde idéel en lequel l'Être est être sans que l'on puisse lui dénier la réalité qui lui est propre; et il y a le monde réel en lequel l'Être est être, mais dont on peut lui dénier la réalisation en lui refusant toute reconnaissance de cette identité propre à sa spécialisation vitale ou plus radicalement en s'activant intentionnellement à la lui enlever la possibilité même.» — Plérôme.

«Le risque de la philosophie, c'est de ne pas reconnaître que, en réduisant les essences et les substances à l'intelligence et à la compréhension que l'on peut en concevoir et en formuler, l'on se limite au départ à une théorie imparfaite sur le monde et l'ordre qui y règne et par conséquent à la constitution de conceptions subséquentes qui, tout en imitant leur perfection, ne saurait que réaliser une œuvre qualitativement inférieure, tout admirablement fût-elle autrement.» — Plérôme.

«Si la réalité est l'être qui est, dans la vérité et la permanence de sa substance, seul ce qui est conforme à cette essence vaut l'appellation de la réalité. Ainsi tout ce qui se réalise et n'est, ni vrai, ni pleinement quant à la substance manifestée, ne saurait s'avérer être réel, comme tout ce qui n'est pas réalisé, mais serait dans l'idée que l'on en possède, apte à constituer une substance vraie et permanente, s'avérerait digne dans l'expression que l'on en apporte, d'être considéré comme réalité. Le problème devient donc de réaliser la distinction entre ce qui apparaît, tout en étant éphémère et voué à disparaître, et ce qui n'apparaît pas encore, mais qui s'établirait réellement de façon permanente, dans authenticité de la plénitude de sa substance. Or, seule une raison et une puissance éminemment développées seraient aptes à assurer un tel discernement et un tel pouvoir d'actualisation, qui définissent alors quelles les compétences réelles d'une constitution et d'une transformation adéquates de la réalité.» — Plérôme.

«La présence est la forme la première et la plus importante de la condition sociale en ce qu'elle oppose à chaque autrui, et à soi à travers celle de chaque autrui, des contraintes et des limites qui, étant propres à l'individualité qui les émet et qui manifeste à travers elles l'unicité et la vitalité d'une personne, oblige à une attitude morale qui ne saurait être uniquement instrumentale, comme elle le sont habituellement pour les choses inanimées, mais qui plutôt sera caractérisée par la virtualité et la réciprocité, fondées sur la reconnaissance adéquate et complète de cette particularité. À défaut de quoi la situation se résout par une aliénation et une dysharmonie regrettables, déplorables et disjonctives, portant défi à toute connaturalité et à toute convivialité.» — Plérôme.

«Ultimement, au plan de l'économie, tout se résout en ce dilemme, où soit que l'on sacrifie les biens au Bien; soit l'on sacrifie le Bien aux biens.» — Plérôme.

«Toute vérité, dans le sens absolu du terme, suppose à la fois la correspondance avec un objet qui en fond l'adéquation, une cohérence interne qui en unisse le propos et la rende intelligible et communicable, et un rapport aux consciences qui puissent donner leur assentiment à sa véracité. Lorsqu'elle mise sur l'une de ses qualités, plutôt que sur les autres, elle devient soit science, soit mythe, soit croyance, lesquels sont chacun les expressions essentielles de la vérité, partielles et incomplètes, mais non pas la vérité entière encore. Cette intégralité ne lui sera pas acquise, tant que la vérité ne sera pas établie sur les trois principes à la fois, à savoir l'adéquation que l'on peut vérifier objectivement, pour le mythe; la cohérence qui suscite une vision compréhensive et unifiée, pour la science; ainsi que le fondement d'une authenticité qui prête à une cohérence essentielle, où l'aperception révèle ce qui est vraiment dans sa complétude, pour ce qui est de l'assentiment consensuel. Alors seulement pourra-t-on réaliser une conception unitaire de la vérité qui réponde à l'illustration des trois idées transcendantes absolues, le Bien, le Vrai et le Beau.» — Plérôme. 

«Certaines personnes, souvent plus fortunées qu'elles ne se l'imaginent, ont l'heur de se voir offrir une vie sur un plateau d'argent: encore faudrait-il faire l'effort de le recevoir.» — Plérôme.

«Ce qui porte à angoisser, ce n'est pas d'être seul, pour cet être éminemment social qu'est l'homme, c'est d'ignorer pourquoi il est seul.» — Plérôme.

«Il faut la sagesse pour reconnaître la sagesse.» — Plérôme.

«L'homme qui nie l'existence de Dieu fait reposer uniquement sur la conscience de l'homme, sur ses possibilités rationnelles, imaginative et sensibles, son pouvoir d'intelligence et d'action sur la nature. Ce faisant, il limite ses horizons théoriques et pratiques à celles que la conscience lui permettra de franchir et de repousser, ce qui l'enferme dans un système clos où il devient sa seule possibilité et sa seule raison d'être, laissé à lui-même et seul apte d'assurer son bien-être et sa préservation, en l'absence de tout secours qui lui parvienne de la sphère surnaturelle de la réalité. C'est d'ailleurs la conclusion à laquelle Sartre était venu, lorsqu'il affirmait que l'homme était condamné à être responsable. § Bien sûr, l'athée nie cette réalité suprasensible, car telle est sa position idéologique fondamentale, et il se complaît avec un système clos enfermé, où la nature de l'homme et des êtres vivants, de la nature et du cosmos, de la pensée et de l'imagination, de la société et des cultures, deviennent la totalité de son univers qui est l'objet de sa compréhension et le lieu de son action. § Car il n'y a personne pour nier qu'ils réalisent tous des possibilités inouïes, vastes et insoupçonnées, aptes à recruter son attention et son effort pour une durée indéterminée et un nombre incalculable de générations. Mais ils sont sans exception finis et limités, malgré le temps et la distance inconcevablement immenses et étendus qui les caractérisent, de sorte qu'ils ne sauraient éviter la position de la question de leur origine, autant de la nature cosmique que de la conscience humaine, alors que ni l'une, ni l'autre ne sauraient prétendre à leur actualisation, autant la sienne que celle de l'autre, ni donc à la puissance incroyable qui serait nécessaire pour l'assurer. § C'est une question qui ouvre sur un autre ordre de réalité, qui laisse poindre la possibilité qu'il existe réellement une surnature pour expliquer et fonder la possibilité de l'existence de ce qui est, qui ne saurait procéder d'autre chose que ce qui est lui-même, dans son accomplissement ultime, suprêmement Être, puisque de la négation totale de l'être ne saurait procéder autre chose que le néant. Ce système ouvert, qui permet de supposer l'infini, l'illimité, l'éternité, la suprématie de l'intelligence et la toute-puissance devient aussi alors la source d'une inspiration et d'une illumination des facultés de l'homme, ayant pas conséquent la possibilité de l'extraire de ses horizons finis et limités, avec lesquels il peut s'accommoder pour un temps, mais non pour tous les temps. Et c'est cet horizon imparfait, avec lequel l'homme transige à son insu, qui est le produit conceptuel de son isolement athée. Car c'est dans l'acquisition d'une intelligence intégrale qu'il parviendra à comprendre que ce qu'il imagine comme étant une expérience strictement immanente a la possibilité sur une expérience qui, tout en exacerbant cette immanence, permet de situer son intelligence, sa moralité et son action à un plan transcendant.» — Plérôme.  

«La pensée holistique est celle qui ne saurait concevoir un tout sans ses parties, ni un assemblage de parties sans le tout qui les contient et qui ne saurait admettre que l'on sacrifie, ni les parties, sans penser que cela affecterait le tout, ni affaiblir le tout, sans que cela n'affecte les parties qui le composent.» — Plérôme.

«Le nihilisme, sous la forme pure de sa définition essentielle, est une conception dynamique du rien — la négation radicale de l'Être —, projetée activement et effectivement sur l'ensemble.» — Plérôme.

«Une théorie du sexisme, qui omettrait de considérer que la séduction entre les sexes en est une manifestation essentielle et fondamentale, risque de s'avérer incomplète et biaisée.» — Plérôme.

«Dès que l'on cherche à préserver la sécurité des choses et des personnes qui les possèdent et en disposent, l'on suppose implicitement qu'elles comportent une valeur qui fonde cette protection et qui mérite cet effort et qu'elles révèlent une qualité et une vertu à la source de la dignité qu'à travers elle l'on protège.» — Plérôme.

«Ce serait en réalité une illusion bien désarçonnante, si l'on découvrait que l'ordre en lequel l'on croyait est en réalité l'anarchie et que l'anarchie que l'on appréhende est véritablement l'ordre: or seul le mensonge, c'est-à-dire l'adultération de la vérité, est apte à produire une telle issue.» — Plérôme.

«Le principe qui fonde le recours à la raison comme moyen de prévenir et de contrer les dérives dans les politiques, les mesures, les conduites et les actions humaines est celui de l'excellence de la raison, qui ainsi sa primauté sur les passions humaines, que l'on présente comme étant à l'origine de tous les excès et de tous les débordements répréhensibles et imaginables. § Mais une telle conclusion nous porte à croire que si la raison est susceptible de fournir son critère ultime à la stabilité et à l'organisation intelligente et harmonieuse de la Cité, c'est qu'elle est elle-même invulnérable à toute forme d'altération ou de corruption, ce qui est une proposition invalidée à la fois par l'expérience et la nature de la raison elle-même, qui n'est pas sans être exposée à une forme malicieuse de son exercice, lorsqu'elle se fonde, non pas sur la passion, mais sur le calcul froid et intéressé, et souvent au nom des idéaux les plus élevés.§ Il en résulte donc que la raison en elle-même ne saurait être le critère des politiques, des mesures, des conduites et des actions saines et louables, mais plutôt une forme spécifique de la raison, celle qui est le garant de telles manifestations et puisque celles-ci illustrent clairement une moralité, c'est-à-dire un choix lucide entre un idéal du Bien et son contraire. C'est un Bien vers lequel elle tend, non seulement pour elles-mêmes — leur propre bonté—, mais en vue de réaliser un bien — la bonté de l'ensemble politique —. § Ainsi, la seule raison qui peut apporter la réaliser de telles finalités doublement bonnes, est une raison morale que l'on nomme autrement, mais dans le même sens, la droite raison, laquelle est aussi la raison pure.» — Plérôme.

«Que peut-on dire de ceux qui, n'accomplissant que peu eux-mêmes, ont cependant l'heur et la facilité se savoir apprécier tout accomplissement ?» — Plérôme.

«Lorsque le plaisir devient le principe prépondérant de la vie, nulle place alors n'est laissée à l'expérience de la joie.» — Plérôme.

«Il y a le monde idéel en lequel l'Être est être sans que l'on puisse lui dénier la réalité qui lui est propre; et il y a le monde réel en lequel l'Être est être, mais dont on peut lui dénier la réalisation en lui refusant toute reconnaissance de cette identité propre à sa spécialisation vitale ou plus radicalement en s'activant intentionnellement à la lui enlever la possibilité même.» — Plérôme.

«Le risque de la philosophie, c'est de ne pas reconnaître que, en réduisant les essences et les substances à l'intelligence et à la compréhension que l'on peut en concevoir et en formuler, l'on se limite au départ à une théorie imparfaite sur le monde et l'ordre qui y règne et par conséquent à la constitution de conceptions subséquentes qui, tout en imitant leur perfection, ne saurait que réaliser une œuvre qualitativement inférieure, tout admirablement fût-elle autrement.» — Plérôme.

«Si la réalité est l'être qui est, dans la vérité et la permanence de sa substance, seul ce qui est conforme à cette essence vaut l'appellation de la réalité. Ainsi tout ce qui se réalise et n'est, ni vrai, ni pleinement quant à la substance manifestée, ne saurait s'avérer être réel, comme tout ce qui n'est pas réalisé, mais serait dans l'idée que l'on en possède, apte à constituer une substance vraie et permanente, s'avérerait digne dans l'expression que l'on en apporte, d'être considéré comme réalité. Le problème devient donc de réaliser la distinction entre ce qui apparaît, tout en étant éphémère et voué à disparaître, et ce qui n'apparaît pas encore, mais qui s'établirait réellement de façon permanente, dans authenticité de la plénitude de sa substance. Or, seule une raison et une puissance éminemment développées seraient aptes à assurer un tel discernement et un tel pouvoir d'actualisation, qui définissent alors quelles les compétences réelles d'une constitution et d'une transformation adéquates de la réalité.» — Plérôme.

«La présence est la forme la première et la plus importante de la condition sociale en ce qu'elle oppose à chaque autrui, et à soi à travers celle de chaque autrui, des contraintes et des limites qui, étant propres à l'individualité qui les émet et qui manifeste à travers elles l'unicité et la vitalité d'une personne, oblige à une attitude morale qui ne saurait être uniquement instrumentale, comme elle le sont habituellement pour les choses inanimées, mais qui plutôt sera caractérisée par la virtualité et la réciprocité, fondées sur la reconnaissance adéquate et complète de cette particularité. À défaut de quoi la situation se résout par une aliénation et une dysharmonie regrettables, déplorables et disjonctives, portant défi à toute connaturalité et à toute convivialité.» — Plérôme.

«Ultimement, au plan de l'économie, tout se résout en ce dilemme, où soit que l'on sacrifie les biens au Bien; soit l'on sacrifie le Bien aux biens.» — Plérôme.

«Toute vérité, dans le sens absolu du terme, suppose à la fois la correspondance avec un objet qui en fond l'adéquation, une cohérence interne qui en unisse le propos et la rende intelligible et communicable, et un rapport aux consciences qui puissent donner leur assentiment à sa véracité. Lorsqu'elle mise sur l'une de ses qualités, plutôt que sur les autres, elle devient soit science, soit mythe, soit croyance, lesquels sont chacun les expressions essentielles de la vérité, partielles et incomplètes, mais non pas la vérité entière encore. Cette intégralité ne lui sera pas acquise, tant que la vérité ne sera pas établie sur les trois principes à la fois, à savoir l'adéquation que l'on peut vérifier objectivement, pour le mythe; la cohérence qui suscite une vision compréhensive et unifiée, pour la science; ainsi que le fondement d'une authenticité qui prête à une cohérence essentielle, où l'aperception révèle ce qui est vraiment dans sa complétude, pour ce qui est de l'assentiment consensuel. Alors seulement pourra-t-on réaliser une conception unitaire de la vérité qui réponde à l'illustration des trois idées transcendantes absolues, le Bien, le Vrai et le Beau.» — Plérôme.

«Certaines personnes, souvent plus fortunées qu'elles ne se l'imaginent, ont l'heur de se voir offrir une vie sur un plateau d'argent: encore faudrait-il faire l'effort de le recevoir.» — Plérôme.

«Ce qui porte à angoisser, ce n'est pas d'être seul, pour cet être éminemment social qu'est l'homme, c'est d'ignorer pourquoi il est seul.» — Plérôme.

«Il faut la sagesse pour reconnaître la sagesse.» — Plérôme.

«L'homme qui nie l'existence de Dieu fait reposer uniquement sur la conscience de l'homme, sur ses possibilités rationnelles, imaginative et sensibles, son pouvoir d'intelligence et d'action sur la nature. Ce faisant, il limite ses horizons théoriques et pratiques à celles que la conscience lui permettra de franchir et de repousser, ce qui l'enferme dans un système clos où il devient sa seule possibilité et sa seule raison d'être, laissé à lui-même et seul apte d'assurer son bien-être et sa préservation, en l'absence de tout secours qui lui parvienne de la sphère surnaturelle de la réalité. C'est d'ailleurs la conclusion à laquelle Sartre était venu, lorsqu'il affirmait que l'homme était condamné à être responsable. § Bien sûr, l'athée nie cette réalité suprasensible, car telle est sa position idéologique fondamentale, et il se complaît avec un système clos enfermé, où la nature de l'homme et des êtres vivants, de la nature et du cosmos, de la pensée et de l'imagination, de la société et des cultures, deviennent la totalité de son univers qui est l'objet de sa compréhension et le lieu de son action. § Car il n'y a personne pour nier qu'ils réalisent tous des possibilités inouïes, vastes et insoupçonnées, aptes à recruter son attention et son effort pour une durée indéterminée et un nombre incalculable de générations. Mais ils sont sans exception finis et limités, malgré le temps et la distance inconcevablement immenses et étendus qui les caractérisent, de sorte qu'ils ne sauraient éviter la position de la question de leur origine, autant de la nature cosmique que de la conscience humaine, alors que ni l'une, ni l'autre ne sauraient prétendre à leur actualisation, autant la sienne que celle de l'autre, ni donc à la puissance incroyable qui serait nécessaire pour l'assurer. § C'est une question qui ouvre sur un autre ordre de réalité, qui laisse poindre la possibilité qu'il existe réellement une surnature pour expliquer et fonder la possibilité de l'existence de ce qui est, qui ne saurait procéder d'autre chose que ce qui est lui-même, dans son accomplissement ultime, suprêmement Être, puisque de la négation totale de l'être ne saurait procéder autre chose que le néant. Ce système ouvert, qui permet de supposer l'infini, l'illimité, l'éternité, la suprématie de l'intelligence et la toute-puissance devient aussi alors la source d'une inspiration et d'une illumination des facultés de l'homme, ayant pas conséquent la possibilité de l'extraire de ses horizons finis et limités, avec lesquels il peut s'accommoder pour un temps, mais non pour tous les temps. Et c'est cet horizon imparfait, avec lequel l'homme transige à son insu, qui est le produit conceptuel de son isolement athée. Car c'est dans l'acquisition d'une intelligence intégrale qu'il parviendra à comprendre que ce qu'il imagine comme étant une expérience strictement immanente a la possibilité sur une expérience qui, tout en exacerbant cette immanence, permet de situer son intelligence, sa moralité et son action à un plan transcendant.» — Plérôme.

«La pensée holistique est celle qui ne saurait concevoir un tout sans ses parties, ni un assemblage de parties sans le tout qui les contient et qui ne saurait admettre que l'on sacrifie, ni les parties, sans penser que cela affecterait le tout, ni affaiblir le tout, sans que cela n'affecte les parties qui le composent.» — Plérôme.

«Le nihilisme, sous la forme pure de sa définition essentielle, est une conception dynamique du rien — la négation radicale de l'Être —, projetée activement et effectivement sur l'ensemble.» — Plérôme.

«Une théorie du sexisme, qui omettrait de considérer que la séduction entre les sexes en est une manifestation essentielle et fondamentale, risque de s'avérer incomplète et biaisée.» — Plérôme.

«Dès que l'on cherche à préserver la sécurité des choses et des personnes qui les possèdent et en disposent, l'on suppose implicitement qu'elles comportent une valeur qui fonde cette protection et qui mérite cet effort et qu'elles révèlent une qualité et une vertu à la source de la dignité qu'à travers elle l'on protège.» — Plérôme.

«Ce serait en réalité une illusion bien désarçonnante, si l'on découvrait que l'ordre en lequel l'on croyait est en réalité l'anarchie et que l'anarchie que l'on appréhende est véritablement l'ordre: or seul le mensonge, c'est-à-dire l'adultération de la vérité, est apte à produire une telle issue.» — Plérôme.

«Au fondement de la science, il y a la conviction profonde en la capacité innée que possède l'homme de tout pouvoir comprendre avec son intelligence et de tout pouvoir expliquer avec sa raison: c'est cette foi profane, implicite à toute recherche de la vérité, qui consiste à savoir quelle est l'origine, la nature, la fin et le moyen des choses, et par conséquent à la démarche scientifique en général, que l'épistémologue doit s'évertuer à pouvoir expliquer.» — Plérôme.

«Parallèlement à la conviction que professent les scientifiques en leur propre capacité essentielle à réaliser l'élucidation totale des choses, il y a en l'homme cette autre foi profane, de savoir parvenir, par ses propres moyens uniquement, avec ou sans le concours d'autrui, à surmonter tous les défis qui se présentent à lui, sans se référer, pour expliquer la chose, à aucune force ou présence surnaturelle.» — Plérôme.

«Plutôt que faire de l'histoire, en identifiant les faits majeurs de son parcours, en découvrant quels en sont les principes et en postulant quelles en seraient les origines, les causes, les raisons, les significations et les fins, le tout au nom de la vérité que l'on recherche activement et sincèrement, certains préféreront «faire» l'histoire, en ignorant son existence, en la réduisant à l'actualité ou en retenant de celle-ci que des aspects partiels, pour des raisons subjectives, ou pire encore, en interprétant ses événements en les déformant et en les présentant sous un aspect autre que celui qu'une compréhension objective et intégrale en retiendrait.» — Plérôme.

«L'intériorité de l'homme se révèle et se manifeste, dès qu'il se montre capable d'utiliser le pronom personnel «Je».» — Plérôme.

«La fidélité est à l'homme ce que la sécurité est à la femme: car en offrant à la femme la sécurité, l'homme manifeste une expectative de fidélité; et en offrant sa fidélité à l'homme, la femme souhaite en retour pouvoir jouir de la sécurité. Mais si les relations entre les sexes se laissaient réduire à une telle équation économique et morale, l'on serait en droit de s'interroger sur la nature de l'amour et sur sa capacité à transcender la réalité naturelle, de manière à se délester du poids métaphysique qui résulterait d'une sujétion complète de la conscience aux contingences existentielles et matérielles.» — Plérôme.

«L'hystérisme s'oppose à la sauvagerie en ce que celle-ci représente une forme primitive de la culture, lorsque, se manifestant à l'intérieur de consciences particulières, elle est comparée à des cultures plus avancées, pour y reconnaître un déficit en accomplissements et en valeurs et la reconnaissance que ceux-ci importent à la situation de la culture excentrée à un plan équivalent de la dignité. En l'hystérisme, un déficit analogue se manifeste et s'exprime, pour créer des expressions atypiques dans les actions et les conduites. Mais plutôt que se fonder sur une action et une évolution collectives imparfaites, elle s'ancre dans un genre de scotomisation de l'imagination et de la mémoire, qui évacue une expérience ressentie comme étant émotivement pénible — puisque subie et procédant d'une victimisation — ou moralement reprochable — puisque témoignant d'une conduite ou d'une action qui seraient susceptibles de blâme — et lui substitue une amnésie, un oubli qui est est motivé par le poids trop lourd à porter d'un ou de plusieurs souvenirs désagréables, qu'il est difficilement d'assimiler et d'assumer, en présence d'une mémoire collective qui rend indélébiles les expériences et les événements qui sont la matière objective de ces souvenirs. Et d'est dans l'écart entre la mémoire toujours présente et le souvenir que l'on s'efforce d'oublier, sans réussir complètement à accomplir cette action, en raison des traces que laissent toujours dans la conscience les expériences vécues, que se manifesteront les signes divers et variés, souvent subtils, de l'hystérisme. Mais subjectivement,  et préalablement à toute manifestation extérieure, ceux-ci s'exprimeront par un sentiment d'incomplétude et une aspiration à un dépassement de soi qui semble toujours empêché par une incapacité à réaliser ses virtualités individuelles.» — Plérôme.

«La philosophie se laisse-t-elle réduire à n'être qu'un discours sur l'immédiat et le sensible ?» — Plérôme.

«L'héroïsme du philosophe consiste souvent à vouloir faire cesser et renverses un mouvement de décadence culturel auquel il est devenu sensible, mais qui hélas s'avère inéluctable et imperméable à toute influence, active ou discursive.» — Plérôme.

«Vaut-il mieux être légitimé par le droit, sans être confirmé dans les faits, ou être conforté par les faits, mais sans n'avoir aucune légitimité en droit ?» — Plérôme.

«De toutes les peurs, la plus radicale d'entre elles est sûrement la peur de la vie; mais pour ceux que la vie interpelle, sans pour autant réussir à la vivre d'une manière aussi satisfaisante qu'elle est complète, la peu la plus fondamentale est peut-être celle de la vérité.» — Plérôme.

«Le droit fondamental est celui qui, de manière générale, parcourt à la réalisation et à la préservation de la vie de l'homme, des autres espèces et de la Création et qui, de manière spéciale, adjuge sur les capacités et les habilitations particulières des consciences individuelles à réaliser cette finalité.» — Plérôme.

«Sauf à vouloir intentionnellement se dérober au bien qu'il serait souhaitable de réaliser, toutes les actions et toutes les choses commises à un moment de son existence semblent subjectivement être la plus adéquate possible à tel ou tel moment. Et pourtant, il arrive que ces occasions, qui semblaient être initialement vouées au bonheur, évoluent négativement vers des situations déplorables et malheureuses — la maladie, la souffrance et la mort étant ultérieurement les pires d'entre elles —. Sont-ce les circonstances qui alors produisent une telle issue ? Ou serait-ce que la notion de la perfection, qui alors nous inspirait, serait à notre insu imparfaite ou incomplète, pour ne pas nous avoir adéquatement préparé à se confronter à des situations éprouvantes et implacables ? Peut-être aussi le défaut résiderait-il en une incapacité individuelle, une faille de caractère personnelle, à rencontrer et à affronter les exigences de situations contraires, les défis qui en surgissent, pour savoir s'en défendre ainsi que les acquis contre lesquels elles s'acharnent ? Telles semblent être les considérations principales qui ressortissent à une conception du destin qui, tout en allouant pour l'exercice de la liberté et l'illustration de la conscience morale, expliqueraient que parfois, souvent même, les expériences qui s'avèrent prometteuses, tellement elles sont initialement gratifiantes, peuvent évoluer vers des situations malheureuses et se transformer en aventures désastreuses.» — Plérôme.

«Toute chose possède une logique interne, qui est conforme à sa nature, à son entéléchie et à sa raison d'être spécifiques, comme elle obéit à une logique externe, laquelle préside au destin et à la cause du genre auquel elle appartient, comme à l'ensemble à l'intérieur duquel elle s'inscrit, de sorte que c'est dans la convenance et l'harmonie existant entre ces logiques, telles qu'elles s'expriment à l'intérieur de la totalité qui les rassemble, comme individualités, espèces, classes, tribus et genres, que se définit la qualité de l'existence et l'apparence de la réalité, selon les idées transcendantes les plus absolues, que sont le Bien, le Vrai et le Beau.» — Plérôme.

«Une sagesse n'est pas moins vraie simplement parce que l'on en ignore, en pervertit, en trafique, en contrefait, en représente faussement ou autrement en altère les principes qui en instituent l'essence de son armature et de sa substance.» — Plérôme.

«Il serait éventuellement utile, comme le fait le professeur P. Cambronne de l'université de Bordeaux, de concevoir cinq temps à l'histoire: l'aujourd'hui, qui traite du présent; l'hier, qui considère les temps historiques; le demain, qui anticipe sur les temps futurs; l'avant-hier, qui porte son attention sur les temps mythiques; et l'après-demain, qui contemple l'au-delà de l'histoire.» — Plérôme.

«Le modernisme occidental est caractérisé par une rupture, à l'intérieur de son histoire, par lequel le devoir de l'amour que l'on illustre, que l'on communique, que l'on donne et que l'on reçoit gratuitement s'est vu remplacé par la connaissance et la revendication des droits que l'on acquiert et que l'on défend par la force.» — Plérôme.

«Certains seraient éventuellement tentés d'extraire l'histoire de la langue, mais on ne saurait néanmoins prétendre sortir la langue de l'histoire.» — Plérôme.

«Lorsque la guérison se produit, cette issue est l'illustration de son efficace mystérieux, comme du lien intangible qui existe entre le thérapeute, quel que soit la forme sous lequel il se présente, et le patient. Mais on ne peut nier qu'il y a là l'expression à la fois d'un acte de foi profond et du miracle de la vie, qui réussit malgré tout à se réparer elle-même. Car la guérison est un processus immanent à la réalité transcendante de la vie.» — Plérôme.

 «Avant la Révolution, un homme investi d'un pouvoir fondé sur le droit divin parlait au nom de ses peuples, à l'intérieur d'une société hiérarchisée en vertu d'un principe religieux et théologique; durant la Révolution, chacun, investi de facultés présentes en lui naturellement, parlait en son nom, en vertu d'un droit naturel fondé sur la réalité de l'homme et de la conception qu'il s'en formulait; depuis la Révolution, un homme, investi d'un pouvoir qui se fonde sur la notion d'une volonté collective, en raison d'un droit naturel humain qui la reconnaît comme suprême, parle au nom de son peuple à l'intérieur d'une société, stratifiée en vertu d'un principe laïque et séculier.» — Plérôme.

«S'il est vrai, comme le propose l'adage, que toute vérité n'est pas bonne à dire, la question devient alors de savoir, non pas s'il est bon de dire la vérité, mais laquelle vérité est digne d'être exprimée et apte à être reçue par ceux qui l'entendent et sous quelles conditions.» — Plérôme.

«Être homme (ou être femme) signifie bien sûr être tels parmi les êtres de son sexe; mais cela signifie surtout avoir la possibilité et la liberté d'être, selon son sexe, avec celui (ou celle) de l'autre sexe qui éveille en soi le désir de vivre, pour toujours, selon cet état et cette complétude mutuels.» — Plérôme.

«Une liberté qui serait exposée exclusivement aux caprices intéressés et partisans de particuliers qui sont uniquement voués à promouvoir et à préserver leurs acquis spirituels, politiques, financier et économiques, sans égard pour les ambitions légitimes d'autrui en ce sens, ni même pour les aspirations désintéressées de leurs congénères à fonder et à bâtir un monde qui s'accorde à une conception réalisable de la perfection, laquelle définit une notion saine et applicable en droit, cette liberté donc ne saurait être autre chose qu'un idéal factice, n'existant que pour tromper et égarer les consciences, sur une voie imaginaire qui, toute séduisante fût-elle, ne saurait qu'être illusoire et artificielle, sans espoir de trouve un jour sa réalisation.» — Plérôme.

«Si les dinosaures avaient pu songer à un ciel, ils se seraient réinventés en oiseaux afin de pouvoir l'habiter et le parcourir en toute liberté.» — Plérôme.

«La sécurité offre la liberté, et donc la possibilité d'être et de se réaliser selon son état social et personnel: mais quel est cet état et comment peut-on le qualifier, pour qu'il soit digne et méritoire de cette liberté ?» — Plérôme.

«C'est indubitablement un truisme d'affirmer, conformément au principe de la raison suffisante, que si toutes les conditions ne s'étaient pas réunies pour la produire, aucune vie ne serait apparue sur terre. Mais s'arrête-t-on jamais à considérer tout ce qu'implique, à l'échelle cosmologique qui dépasse toutes les possibilités humaines, sauf celles de la conception de l'intelligence et, à un degré moindre, de la sensation, mais nullement de la volonté, cette rencontre des conditions nécessaires à la naissance, à la production , au maintien et à la diversification de la vie ?» — Plérôme.

«Désirer s'intéresser seulement aux questions qui nous intéressent et qui confirment une opinion arrêtée, c'est comme si seule l'étude de la confection du crayon valait la peine d'être complétée, alors qu'existait celle, toute aussi passionnante, de la fabrication de la plume.» — Plérôme.

«Peut-on dire, sans équivoque, que chacun dans son action fait la promotion de son être et de la manière de l'existence qui le révèle, selon les principes et les valeurs qui en témoignent ? Si tel est le cas, comment donc adjuger entre les manières d'être qui ne sont pas synergiques et complémentaires, c'est-à-dire qui sont indifférents, contradictoires ou contraires les unes par rapport aux autres, de sorte à tendre vers l'harmonie et à la complémentarité éventuelle. La question pourrait sembler insoluble et faire appel au statu quo des modus vivendi, dans l'attente d'une résolution, en dehors de la formulation d'un principe de justice qui parviendrait à les réconcilier. Mais alors, quelles en seraient l'essence et la nature et tous consentiraient-ils à lui obtempérer, avec l'abnégation que cela suppose ?» — Plérôme.

«Dans le domaine de la pensée, le dilemme et la disjonction semblent être souvent les formes préférentielles sous lesquelles se présentent les problèmes abordés: puisqu'elles ont le mérite de réduire l'énigme à deux options mutuellement exclusives, la question devient alors d'opter pour l'une ou l'autre solution, dans la réponse apportée. Bien que cela ait l'avantage de simplifier la démarche de l'argumentation dialectique, cela n'est pas dire que l'on s'approche pour autant nécessairement de la vérité en l'adoptant. Car la vérité, qui est le reflet intellectuel de ce qui est, se compose rarement, si du tout, par l'élucidation de thèses contraires, mais s'édifie plutôt sur un savant dosage de thèses affirmatives et négatives qui à la fois en forment l'essence et en représentent la substance et le mouvement, en faisant intervenir tantôt des causes efficientes et tantôt des causes déficientes, tantôt des causes conjoncturelles et tantôt des causes structurelles, tantôt des causes indépendantes et tantôt des causes en association, tantôt des causes superposées et tantôt des causes multiples, tantôt des causes invisibles et tantôt des causes ignorées, tantôt des causes intimes et tantôt des causes secrètes, tantôt des causes naturelles et tantôt des causes artificielles, tantôt des causes sociales et tantôt des causes culturelles, tantôt des causes institutionnelles et tantôt des causes organisationnelles, tantôt des causes subtiles et tantôt des causes finales, et parfois toutes ou plusieurs d'entre elles ensemble, afin de justifier la naissance, la production et la persistance d'un phénomène, en l'absence desquelles, en partie ou dans leur ensemble, celui-ci ne serait jamais apparu ni ne réussirait à se maintenir. Cela étant, si l'on peut accorder à la démarche intellectuelle qui fait appel au dilemme et à la disjonction, de présenter pour le dialecticien la qualité, le caractère et l'expédient de la simplicité, l'on s'aperçoit néanmoins que, afin de parvenir à son résultat, elle sacrifie la vérité à sa méthode — mais seulement partiellement, pour ne pas enlever à l'argumentaire l'attrait superficiel déterminant de se poser en promoteur de la vérité —, pour ne faire de celle-là, contre sa prétention explicite, qu'un pauvre figurant dans une pièce où la vedette réelle en est le contraire.» — Plérôme.

«L'on pourrait énoncer peut-être, avec un certain degré de confiance et de sagesse, que la seule réalité vraiment estimable, dans l'idéal, est celle qui vaut la peine d'être vécue.» — Plérôme.

«Nonobstant la possibilité pour chacun d'agir, parfois d'une manière créative et déterminante, sur son environnement physique, ainsi que sur son entourage social, qui en est un aspect non-négligeable, la vie comporte une logique et une dynamique qui lui soit particulière, qui transcende les volontés particulières et dont l'expérience que l'on vit permet d'en devenir conscient et d'en appréhender les manifestations.» — Plérôme.

«Ce ne sont pas tellement les activités que l'on pratique qui favorisent l'inscience que celles que l'on ne pratique pas: car si l'on est susceptible de toujours apprendre quelque chose des expériences que l'on vit, toutes les expériences ne renferment pas en elles le contenu équivalent de possibilités d'apprentissage, certaines en possédant plus que d'autres, et celles orientées à offrir une matière plus riche afin de favoriser l'apprentissage en possédant le plus, pourvu qu'elles soient adéquatement et savamment organisées et présentées en ce sens.» — Plérôme.

«Lorsque l'amour se réduit à n'être plus qu'une rencontre entre deux cœurs intéressés qui réalisent leurs désirs dans la mutualité, l'amour véritable, qui se comprend et s'exprime dans la spontanéité, la gratuité et le désintéressement devient alors orphelin de ce qui peut le combler, le réaliser et l'accomplir.» — Plérôme.

«Le monde se porterait beaucoup mieux si l'homme, qui en a la maîtrise et la responsabilité, convenait qu'il n'a ni la puissance, ni la sagesse d'améliorer fondamentalement la Création et son fonctionnement, mais seulement celles de l'apprécier pleinement, voire avec un sens esthétique développé, et de l'adapter à la bonté et à la pureté de sa propre nature.» — Plérôme.

«Sous sa forme passive, le mal est le refus de l'effort le plus sérieux et le plus constant, accompli en vue de la réalisation la plus élevée possible du bien; sous sa forme passive, il est la corruption et la subversion du bien, ainsi que de la capacité et des facultés de l'accomplir, en tant qu'il est réalisable par autrui.» — Plérôme.

«Que serait le fondement moral d'une culture qui baserait son existence, sa propagation et sa perpétuation sur le principe qu'il faut être personne pour aspirer devenir quelqu'un ?» — Plérôme.

«Le sentiment de confiance que l'on accorde à ceux qui nous trompent est identique à celui dont on témoigne envers ceux qui nous comblent.» — Plérôme.

«Il es possible de connaître l'épuisement à force de s'évertuer à transformer les perspectives et à apporter des améliorations, dans le sens de parcourir à une plus grande perfection, qu'aucune raison n'incite à changer ni à vouloir apporter à la situation une contribution significative.» — Plérôme.

«La meilleure preuve que la paix et le bonheur sont l'état normal de l'homme, c'est que les ayant perdus, il cherchera désespérément et avec insistance et ténacité à les retrouver.» — Plérôme.

«Une histoire idéale, qui aboutit en principe à la réalisation d'une perfection possible, ne peut que s'édifier sur la culmination de tous les instants où s'est réalisé le bien, peu importent l'époque, le lieu ou le régime de cette actualisation et quelle que soit la décadence de la conjoncture en laquelle elle s'est produite, pour ensuite fonder tous les états de bien à venir.» — Plérôme.

«Pour qui sait profiter de ses leçons, il n'y a pas se meilleur pédagogue que la vie: peut-être pourrait-on ajouter que toutes les autres pédagogies, peut-être à leur insu, préparent à cet ultime enseignement.» — Plérôme.

«Une tactique d'exclusion particulièrement insidieuse, parce qu'elle constitue de manière secrète et inéquitable un critère a priori irréalisable, ou à ce point élevé, qu'elle exige arbitrairement d'un particulier un rendement excessif, ou modérateur de son enthousiasme, avec pour but, non pas d'évaluer l'excellence d'un candidat, mais plutôt de décourager la persistance de son aspiration ou de différer indéfiniment la reconnaissance de son habilitation.» — Plérôme.

«Comment expliquer que l'on est disposé à supposer une cause efficiente ultime à un crime qui est commis et à en découvrir, au nom de la justice, l'agent et le malfaiteur mais que, en présence d'une grâce que l'on reçoit, l'on puisse agir face à elle comme si elle était un pur accident, sans supposer qu'elle puisse être apportée par un agent et sans illustrer de gratitude, toujours au nom de cette même justice, à l'égard de la personne sans laquelle cette grâce ne se fût jamais accordée ?» — Plérôme.

«La victoire politique et morale de la barbarie réside en ce qu'elle puisse dorénavant en imposer à ses conquêtes et leur reprocher de ne pas savoir vivre selon la forme primitive de la culture qu'elle s'est donnée.» — Plérôme.

«Un système politique juste n'est pas celui où la possibilité de ne pas récidiver est gracieusement offerte à la victime.» — Plérôme.

«Mieux vaut parfois de se réjouir de s'être trompé (en raison de la conséquence désastreuse que supposerait la vérification positive de l'intuition appréhendée) que d'éprouver le chagrin de succomber à l'illusion trompeuse (avec les déceptions amères qui accompagnent les issues contraires aux promesses que l'on laissait miroiter).» — Plérôme.

«L'absence de l'amitié crée le climat de l'abus et de l'injustice par le vide qui en résulte du support, de l'appui et jusque de la protection devant l'adversité susceptible de se présenter pour celui qui subit ce manque; c'est pourquoi la privation de l'amitié que l'on impose sciemment à quelqu'un, ou que l'on entraîne celui-ci à subir, constitue une faute morale sévère qu'il incombera un jour au fautif d'assumer.» — Plérôme.

«Les pédagogues proposeront qu'infailliblement, l'on doive étudier pour connaître, car comment autrement parviendrait-on à songer acquérir les connaissances qui nous manquent. Mais d'où proviennent les connaissances qui permettent d'orienter les études ? De l'enseignement que l'on reçoit, des recherches actives que l'on mène, et qui sont peut-être les meilleurs moyens d'acquérir de nouvelles connaissances ? De l'étude préalable qui nous permet de leur donner profondeur et compréhension en les consolidant ? Ou d'une connaissance infuse dont il resterait à établir la possibilité et la source ? ... § Mais s'il est vrai que l'on apprend en faisant, et que peut-être le meilleur moyen de savoir ce que l'on fait, et de connaître l'œuvre qui résulte de l'action qui la produit, c'est en l'accomplissant, l'on proposera aussi peut-être que l'enseignement que l'on dispense, pour le pédagogue, est aussi un moyen par excellence pour lui d'acquérir les connaissances qui sont enseignées. Mais là aussi la question se pose: doit-on enseigner pour mieux connaître la matière de notre enseignement ou la connaître préalablement pour mieux encore l'enseigner ? § Car selon que l'on privilégiera l'une ou l'autre option, l'on choisira alors de favoriser une vocation hâtive ou tardive pour les futurs enseignants, hâtive pour augmenter l'expérience en enseignement qui apporte la connaissance que l'on s'apprête à diffuser; ou tardive pour étendre et approfondir la connaissance qu'ensuite l'on peut répandre par l'enseignement et utiliser à former les consciences et à orienter l'expérience de vie. L'une et l'autre direction comportent sans doute ses avantages et ses limites, que l'on désirera peut-être approfondir et explorer.» — Plérôme.

«La promotion de l'ignorance se fait de deux façons: soit en empêchant que la connaissance vraie ne parvienne à ses destinataires désignés, en s'interposant entre la source et ceux-ci et en dressant devant eux le voile qui les en prive; soit en éloignant de la source les destinataires de cette connaissance, de sorte qu'elle leur parvient trop faiblement pour être reçue, ou que leurs facultés ne sont pas disposés à la recevoir, puisque tantôt elles sont détournées à cette fin, et tantôt elles n'aient pas la préparation requise à en comprendre la profondeur, la compréhension et la pertinence.» — Plérôme.

«La guerre se mène avec le calcul et la détermination de la raison, mais la paix se préserve avec la subtilité et la sagesse de l'intelligence.» — Plérôme.

«La vie se constitue souvent avec de petits succès, parfois avec de grandes joies, pour tendre vers un état constant de sérénité, de bonheur, de sagesse et d'amour d'autrui.» — Plérôme.

«La liberté de conscience est effectivement celle de suivre sa conscience, c'est-à-dire la forme la plus haute qu'a prise et que peut prendre celle-ci, en allouant pour le processus de maturation inhérent à la découverte, à la fois de sa puissance distinctive des autres facultés (l'intelligence, la raison, l'imagination, le sentiment, le jugement et l'instinct) et des leçons de l'expérience qui en alimentent la sagesse.» — Plérôme.

«La liberté de conscience est aussi la liberté de la conscience: la liberté que celle-ci conserve des impositions et des détournements extérieurs par des principes qui illustrent un défaut dans le développement et l'expression adéquate de la conscience qui se dicte à autrui, comme des distractions et des impulsions produits par des élans et des instincts extérieurs, qui risquent d'en signifier une sous-utilisation, une infériorisation, une répression ou même une corruption, une contamination et transmutation maléfique.» — Plérôme.

«La contemplation aboutit à la constitution de l'unité dans la représentation; l'activité est productrice et génératrice de la diversité dans la présentation.» — Plérôme.

«L'amitié est le témoignage de la présence, en celui qui témoigne d'elle envers autrui, de la volonté de l'excellence et de la plénitude de la vie.» — Plérôme.

«Dans l'absolu, une chose n'est absurde que lorsqu'elle ne se laisse ni imaginer, ni concevoir, sans nier un principe ou une lois naturels fondamentaux, universels et nécessaires; mais dans la relativité des consciences particulières, elle devient absurde si elle ne se laisse imaginer ni concevoir selon l'expérience particulière de ceux qui en accueillent l'expression et par conséquent, elle définit indirectement les limites de leur intelligence, de leur raison et de leur esprit.» — Plérôme.

«A la positivité négative de l'injustice et de l'iniquité qui se commettent et prédominent, s'oppose, pour les contrarier et les défaire, la négative positive de la justice et de l'équité qui se rétablissent et se répandent: le malheur, c'est lorsque l'inverse se produit, au nom d'un meilleur bien que faussement l'on prétend réaliser, et qui signifie, soit l'ignorance de la nature du bien, soit le manque de résolution à lui accorder la prévalence.» — Plérôme.

«L'instinct de vie est à ce point puissant qu'il justifie tout état qui en confirme l'existence et l'enracinement dans l'expérience, avant toute moralité et doute distinction rationnelle sur ce qui en constituerait une qualité plus estimable et plus agréable, plus inspirant et plus valable.» — Plérôme.

«La négation du passé, ainsi que du discours qui puisse le révéler et le découvrir toujours agissant en nous, dans l'actualité de la conscience, comporte pour conséquence appréciable que l'on doive proposer un discours qui est entièrement novateur, qui soit une rupture radicale et constante avec ce que l'on connaît déjà et qui construise une réalité qui se démarque complètement de celle que l'on connaît — avec éventuellement, pour marquer encore plus nettement la coupure, la destruction des schémas qui entretiennent avec le passé un rapport qui lierait toujours à lui. Ainsi se côtoient, dans cet effort d'un renouveau intégral, les forces de vie et de mort pour, à l'insu des consciences révolutionnaires, reconduire un problème qui préoccupe l'homme depuis la nuit des temps, celui de l'antinomie, dynamique et constante, entre la vie et de la mort, laquelle se résorbe, dans l'intellect, avec l'invention des catégories du bien et du mal.» — Plérôme.

«Dans l'interdépendance des êtres humains, et dans celle qui lie les uns aux autres tous les êtres vivants, la vie qui se vit imparfaitement ou incomplètement est une épreuve pour celle qui se vit plus parfaitement et complètement, et ce à tous les niveaux de plénitude, jusqu'à la vie dont la complétude et la perfection sont entiers et suprêmes.» — Plérôme.

«Revendiquerait-on le droit au péché, ou à la liberté de pécher, pour encore mieux obliger au pardon, avec la généralisation par contagion de cet état peccamineux à l'échelle sociale ?» — Plérôme.

«L'ultime question métaphysique: quelle est que la réalité de l'être qui la constitue, la fonde et la substantifie ? Elle est une question, puisqu'elle est une interrogation; et elle est métaphysique, puisqu'elle part de la physique pour en découvrir l'essence, la provenance, la cause, la finalité et la raison d'être.» — Plérôme.

«Lorsque les distinctions politiques de gauche et de droite se définissent uniquement en fonction du pouvoir, de celui que l'on détient et de celui que l'on souhaiterait exercer, sans évocation d'un idéal à défendre ni du bien dont on ferait, à travers lui, réellement la promotion, l'on sait alors que le terrain politique est parvenu à un stade d'indifférenciation complète que sa raison justificatrice, le bien commun que l'on connaît, que l'on instaure et que l'on parachève, ne sert plus que de prétexte à une dynamique qui est essentiellement au service de ses principaux intéressés, les acteurs politiques.» — Plérôme.

«Comment peut-on définir la vertu sociale, dès lors qu'elle suppose une distinction de la vertu personnelle ? Car si la vertu personnelle, qui est nulle autre que la réalisation intégrale de la personne, lorsqu'elle aspire à réaliser effectivement en sa personne, les trois idées transcendantes du bien, du beau et du vrai, comporte une dimension sociale,  celle de se révéler à autrui comme adhérant à ces principes dans les rapports entretenus avec lui, que peut ajouter d'autre aux rapports intersubjectifs et interindividuels que ce qui est le beau, le vrai et le bien, sauf à savoir en améliorer les expressions, et qui soit en même temps distinctif d'une vertu proprement sociale ?» — Plérôme.

«Le principe spinoziste, qui veuille que tout être désirât la persistance de son état, implique l'une de trois issues: le maintien de cet état ou son changement, selon qu'il soit estimé bon de parcourir à l'une ou l'autre solution. Et tertio que si le changement fût estimé désirable, qu'il se produisît sous l'effet d'une contrainte, si elle provient d'une source extérieure à la conscience, soit sous celui d'une conversion, dès qu'il trouve son origine à l'intérieur de la conscience et qu'elle est voulue par l'agent.» — Plérôme.

«Comme on peut découvrir la vérité, c'est-à-dire l'essence qui fonde l'aperception adéquate que l'on en possède, on peut également la dénaturer, la falsifier ou proposer l'illusion d'une essence qui ne soit nullement adéquate à celle qui fonde la réalité que l'on saisit et dont on s'efforce d'en communiquer l'originalité et la particularité profonde. Ainsi, comme existent des juges de la vérité, pour en appréhender, en énoncer et en exemplifier les propositions justes et adéquates et ultimement décider, en privé ou publiquement, de la justesse et de l'adéquation de propositions, spontanément ou naïvement énoncées, il existe des fabricateurs de fausseté qui en déformeraient l'apparence, en contreferaient les propositions et peut-être même fourniraient des alternatives habilement construites, faisant preuve d'une capacité imaginative indéniable, dont le but serait de distraire l'esprit de sa profondeur, de sa compréhension et de sa signification réelles et effectives, pour ne pas risquer la voir trop complètement pénétrer la sphère objective de la réalité.» — Plérôme.

«Comment nomme-t-on le courant principal et dominant de la pensée — ce que l'on désigne en anglais comme étant le «mainstream of thought» —, lorsque c'est la marge intellectuelle — le «fringe thinking» — qui est la détentrice et la défenderesse de la vérité ?» — Plérôme.

«Le principe juridique humaniste fondamental stipule implicitement qu'il n'est aucune loi qui puisse prétendre à la légitimité que celle qui vient de l'homme, qui soit prononcée sur l'homme et qui soit mise en exécution par l'homme. C'est une thèse qui s'appuie, pour se justifier, sur la légitimité que lui confère la supériorité avérée qu'il exerce sur la nature, et qu'aucune force de la nature, vivante ou inerte, barbare ou civilisée, ne saurait lui contester, ni lui envier. § Or une telle légitimité, si elle consacre la puissance de fait, ne saurait fonder la puissance de droit. Car une puissance de fait qui ne se réfère à aucun droit se laisse ouverte à la pratique capricieuse et arbitraire de toutes les inhumanités et de toutes les cruautés, au nom seule de la possibilité qu'elle a de s'exercer, ce qui est clairement inadmissible, si ce n'est au nom de l'humanité qui s'exerce à travers cette puissance. Ainsi, pour que cette humanité s'instaure et se perpétue, elle doit se référer à un droit qui en énonce les principes et qui les fonde en raison, autrement ils ne sauraient être ni communicables, ni explicités, ni objets de publicité. Le droit précède donc le fait et l'idéal qui est représenté par celui-là en alimente l'essence et la substance. § Or le droit ne saurait être le fait que de la conscience et de l'intelligence qui, tout en qualifiant et en spécifiant la nature humaine, lui confère altitude et noblesse. Une altitude et une noblesse qui sont capables d'une réalisation plus complète comme d'une déchéance plus profonde, que seule une volonté d'y tendre et d'y parvenir permet de distinguer entièrement l'homme de ce qui pourrait contester son humanité. Une altitude et une noblesse infaillibles et irrécusables ne sont pas le propre de l'homme, en raison de sa perfectibilité avérée et, pourtant, la possibilité de pouvoir y prétendre serait l'indice d'une divinité à laquelle il peut s'associer, tout comme le succès en ce sens est souvent pris comme en étant le témoignage de son actualisation par tel ou tel individu exceptionnel. § Mais que l'homme puisse concevoir un idéal et choisir d'orienter sa pensée et son action en ce sens, même en étant faillible, voilà ce qui est aussi indéniable comme appartenant à sa nature spécifique. D'où peut donc provenir celle-ci qui puisse le distinguer aussi nettement des autres créatures d'une manière aussi remarquable ?» — Plérôme.

«Tels sont ceux qui se targuent de chercher avec détermination et constance la vérité; tels sont ceux qui ne savent l'accueillir lorsqu'elle se présente gratuitement à leur esprit.» — Plérôme.

«L'on ne doit pas oublier ce que l'on oublie trop souvent: c'est que la raison, pour se manifester, puise à la fontaine de l'intelligence et que, si habile fût celle-là, elle ne saurait revendiquer de profondeur ni exprimer une richesse de contenu en l'absence de ces qualités présentes en les lumières que reçoit la conscience pénétrante et accomplie.» — Plérôme.

«La caresse et le baiser sont l'expression éphémère et transitoire de la subjectivité, mais le sentiment d'amour qu'il révèle et qu'il communique peut être aussi vaste que l'univers, aussi profond que les océans et plus durable encore que le temps même.» — Plérôme.

«C'est un principe naturel que, soma sema, dans la constitution intérieure de leur être respectif, la femme comme l'homme sont à l 'image de leur sexe: serait-ce là le glissement qui s'est opéré, depuis le moment initial de leur création qui les faisait à l'image et à la ressemblance de Dieu, et que le mythe attribue à la commission d'une faute originelle définitive ?» — Plérôme.

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