[action]«L’homme brise la machine par impatience, pour ensuite s’étonner de ce qu’elle ne fonctionne pas adéquatement.» — Plérôme.
[âme]«À l’intérieur de la psuchè complète et intégrée, les plans de l’être et du paraître sont complètement unifiés, en ce que l’être fait naître un paraître qui correspondre réellement et immédiatement à sa nature et sa substance; lorsque, par ailleurs, elle est incomplètement développée et manque d’être unifiée, il s’opère une distinction, à l’intérieur de la personnalité, entre l’animus et l’anima qui en sont les composants, une scission qui est souvent nourrie et entretenue par les ruses de la raison existentielle, intéressée surtout à préserver l’intégralité de la qualité de son état actuel; en lequel cas, l’efficience de l’animus s’exprime positivement dans l’action ou dans l’inhibition de l’action, dans le but factice et illusoire de paraître et de suggérer la présence en la personne de l’être idéal, alors que celle de l’anima utilise négativement l’action, ou l’inhibition de l’action, afin de masquer l’absence en elle de l’être complet qui, dans l’idéal, serait censé s’exprimer par elle: d’où procède la distinction radicale que la conscience collective effectue, entre la masculinité et la féminité, à l’intérieur des sociétés qui ont figé la conception qu’ils entretiennent, relativement à la psychosexualité comparée de l’homme et de la femme, en l’articulant autour d’une idée partielle et limitée de leur possibilité spirituelle respective et en la centrant au plan de l’apparence, celle d’un idéal-type qui est offert à la conscience de l’ensemble comme représentant le modèle objectif d’un être intérieur, pleinement et complètement réalisé.» — Plérôme.
[amitié]«L’amitié commence là où finit l’égoïsme.» — Plérôme.
[amitié]«Nombreux sont-ils à vouloir se constituer en conseillers et en guides spirituels fermes, pénétrants et infaillibles auprès de leurs semblables, mais peu sont-ils à désirer simplement vivre, auprès de ceux-ci, au plan de l’amitié vraie, pure et sincère.» — Plérôme.
[amour]«À défaut d’être libre, afin d’accomplir cette action, on ne saurait aimer réellement et pleinement.» — Plérôme.
[amour]«En raison de la nature impérative que comporte celui-là, la séparation conceptuelle de l’amour et du désir se fait toujours au détriment de l’amour et de son expression immédiate et intégrale, puisque le désir peut être animé par un autre sentiment que celui de l’amour, dans le sens le plus élevé du terme, par exemple la concupiscence ou la convoitise; mais curieusement, par un effet de rebond et de report dans le temps, il consolide l’essence et la force de l’amour, et lui procure une puissance encore plus grande, en permettant à la conscience de découvrir quelles sont la profondeur ineffable du fondement de son état, l’ardeur intime et tranquille de la passion qui l’exprime et la persistance inattendue et la constance inexplicable du sentiment qui le révèle subjectivement, malgré le silence de l’abnégation auquel cette division artificielle puisse le condamner.» — Plérôme.
[amour]«L’amour est surtout patient devant ceux qui, en réalisant imparfaitement les formes et les manifestations, pour ultérieurement imposer à la généralité la conception qu’ils en possèdent et la définition qu’ils en formulent, s’érigent eux-mêmes en l’ultime critère de son expression et de sa réalisation.» — Plérôme.
[amour]«Le mot «amour» se prête à une multitude d’antimétaboles, c’est-à-dire de structures syntactiques parallèles, mais distinctes d’un point de vue sémantique (comme, par exemple, l’anarchie de l’amour et l’amour de l’anarchie; le devoir de l’amour et l’amour du devoir; la loi de l’amour et l’amour de la loi; la richesse de l’amour et l’amour de la richesse), pour lesquelles il serait éventuellement utile de départager, d’une part, l’essence du sentiment qui les caractérise respectivement, de l’autre, l’objet qui attire sur lui son pouvoir mobilisateur et, enfin, la qualité morale de la conscience qui lui fournit une direction.» — Plérôme.
[amour]«On peut dire qu’en général que la phusis de la femme agit de préférence au plan subtil et immatériel de l’esprit alors que celle de l’homme privilégie la dimension sensible et naturelle de l’intellect: or, c’est au plan du cœur et de l’amour qu’ils sont tous deux réellement susceptibles de se rencontrer dans la mutualité de leur être respectif, lorsque l’action de cette faculté et de ce sentiment infusent leurs actions respectives, et ainsi réaliser pleinement la complémentarité à laquelle les disposent leurs natures distinctives, sans laquelle l’esprit ne saurait prétendre, adéquatement et entièrement, sublimer la matière, au moyen de l’idée créative qu’il imagine et qu’il façonne afin de l’informer et d’en actualiser la contrepartie dans la représentation culturelle, laquelle constitue, pour elle, une manière de perfectionnement et d’accomplissement.» — Plérôme.
[amour]«Seul existe l’amour, et l’harmonie qui en émane, lorsqu’il est le générateur et le conservateur de la vie; fonder le principe mobilisateur de son existence sur tout autre sentiment produit un état illusoire, voire qu’il soit parfois pénible à éprouver et difficile à admettre, puisqu’au mieux il nie, et au pire il détruit, celui auquel il se substitue et au nom duquel il s’exprime.» — Plérôme.
[amour]«Tel est celui qui, aux yeux de l’Éternel et devant l’éternité, serait censé représenter tout pour la personne aimée, en raison d’une destinée secrète et prépondérante, inscrite à même l’intimité et la profondeur de son âme et susceptible de lui être révélée avec l’élucidation de sa mémoire, et qui plutôt se trouve réduit à ne comporter qu’une importance infime, n’ayant pu s’empêcher de se laisser entraîner irrésistiblement par les impulsions de l’existence, ou peut-être même consentant à se laisser aliéner de manière cruciale et décisive par l’expérience de sa vie, par les événements qui l’ont marquée, par les valeurs superficielles ou illusoires de la culture à laquelle elle appartient et par les rencontres ainsi que les relations qui l’ont peuplée, autant quant à ses pensées, ses sentiments et ses choix moraux.» — Plérôme.
[art]«L’art, tout art, consiste en une objectivation de la subjectivité, de manière à la rendre accessible à la sensibilité d’autrui, en raison de la beauté qu’à travers ce moyen il serait susceptible de révéler et de faire rayonner.» — Plérôme.
[art]«Le monument est l’illustration symbolique et concrète du passé, ainsi que des valeurs et des aspirations qui inspirent les cultures et qui animent les sociétés qui les réalisent.» — Plérôme.
[art]«Un message publicitaire, aperçu un jour, affirmait que «L’art sauvera le monde»: or ce n’est pas tant l’art qui sauvera le monde que la vertu qui se révèle en le constituant, en même temps que les artistes qui savent en défendre l’essence et la valeur de cette discipline par leur travail et la production des œuvres qui en résulteront.» — Plérôme.
[athéisme]«L’athéisme consiste moins en la négation qu’en l’ignorance de Dieu, lorsqu’il est effectivement moral, quant à sa disposition authentique, et qu’il tend sincèrement à l’instauration et à l’accomplissement du bien dont, en raison de la perfection de l’excellence qui est implicite à son essence, la Divinité devient à la fois le principe, l’origine et la fin.» — Plérôme.
[authenticité]«Il y a hélas! ceux pour qui la bonne foi, manifeste et sincère, maintes fois éprouvée, ne constitue qu’un prétexte additionnel et une occasion de plus pour en abuser, en lui opposant la ruse, le mensonge, la duplicité et l’hypocrisie de l’attitude fondamentale qui en contrarie l’essence même: mais peut-être n’est-ce après tout que l’illustration d’un dualisme épistémologique qui se distingue de celui qui oppose la connaissance à l’ignorance et qui voit en la fausseté un principe existentiel salutaire et nécessaire, en lequel cas le défi posé à l’intelligence de l’esprit serait alors d’en comprendre la raison d’être et la motivation profonde.» — Plérôme.
[Christianisme]«Ceux qui opposent une fin de non-recevoir aux enseignements du Christianisme, comme étant indignes d’une considération sérieuse et, par conséquent, voués à être simplement ignorés par une conscience éclairée et supérieure, expriment seulement, en affichant cette attitude, une ignorance fondamentale des enjeux essentiels de la vie, en tant qu’ils gouvernent le futur de l’humanité dans son ensemble et qu’ils conditionnent le bonheur qu’il est légitime à chacun d’espérer pouvoir atteindre.» — Plérôme.
[Ciel]«Dieu ouvre à l’homme les portes du Ciel, pour lui en révéler les splendeurs et l’inviter à les désirer pour un jour, y accédant, goûter à ses délices; et le Philosophe sceptique et empirique en critique l’éventualité, puisque ne découvrant pas de justification suffisante, ni aux fondements, ni à la raison, ni à la possibilité matérielle, ni à la fin probable de son existence.» — Plérôme.
[ciel]«Du haut de son génie, l’homme invente son ciel et, en réalisant la chose véritable qui en concrétiserait l’archétype, se l’approprie et l’impose à la conception de ses semblables, comme s’il pouvait substituer à la réalité infinie et parfaite de la notion, les produits artificiels de son imagination créatrice animée par son désir ardent, si sublimes et originaux fussent-ils par ailleurs, de parvenir à le reconstituer et de retrouver le bonheur de l’état qui est transporté à l’intérieur de son aspiration intime.» — Plérôme.
[communication]«Les vérités les plus profondes, comme les erreurs les plus aberrantes, ont parfois en commun, mais évidemment pour des motifs différents, qu’elles laissent l’esprit tout-à-fait interdit et coupent le souffle à toute impression qu’il pourrait être tenté de formuler face à elles.» — Plérôme.
[communication]«Quant aux idées exprimées et à l’impact qu’elles exercent sur la pensée collective de la société, ce qui importe, selon une conception superficielle, n’est pas tant le contenu et l’intention de la pensée du philosophe qui les exprime que les significations que ses interprètes lui accordent, dans l’éclaircissement qu’ils prétendent souvent unilatéralement leur accorder.» — Plérôme.
[communication]«Si les mots n’ont aucun sens, pourquoi cette ardeur à cultiver les esprits, par l’étude que l’on en fait, et cette dévotion à favoriser leur bon emploi; si les mots conservent une signification importante, pourquoi cette désinvolture qui cause à ne pas les entendre, lorsqu’ils comportent une valeur indéniable ?» — Plérôme.
[communication]«Tels sont ceux pour qui il est plus aisé de déconstruire les propos qu’ils reçoivent, en vue d’y découvrir un sens tout autre que celui qui est énoncé, plutôt que simplement se laisser influencer par les significations réelles et profondes que l’on est susceptible d’y retrouver, lorsqu’ils se donnent la peine de les saisir correctement et de les comprendre adéquatement.» — Plérôme.
[connaissance]«Ce n’est pas tant ce que l’on sait qui importe, mais plutôt ce que l’interlocuteur est prêt à en entendre». — Plérôme.
[connaissance]«La belle inconscience, qui laisse croire que nulle vérité plus profonde et plus complète ne reste à découvrir, au-delà de celle que par bonheur l’on est parvenu à atteindre: le paradoxe, c’est que cette félicité vient souvent ébranler la complexité des conceptions avec laquelle l’esprit théorique l’appréhende, en fournissant à son examen des propositions simples et spontanées.» — Plérôme.
[connaissance]«Lorsqu’il existe une inégalité de la connaissance théorique et du savoir pratique, et que la tendance générale est favoriser l’une sur l’autre, mieux vaut la rareté du connaître et l’abondance du savoir, de préférence à la quantité élevée de la connaissance, assortie à une science lacunaire, tout en reconnaissant que l’idéal réside dans le développement équilibré et complémentaire de l’une et de l’autre, de la connaissance et du savoir.» — Plérôme.
[création]«Même ceux pour qui le but de la vie se résume à une création constante des occasions favorables à la réalisation de leurs fins sont redevables à l’occasion préalable qui existe pour eux de fournir cette possibilité; de même, l’occasion qu’ils font fructifier, et qui résulte de l’initiative créatrice personnelle qui la constitue, ne saurait-elle naître en l’absence d’une conjoncture, grâce à laquelle elle a la possibilité de s’illustrer, en raison de l’occasion riche en possibilités qu’elle représente pour son auteur: de cette constatation, il est possible de conclure que c’est une loi naturelle, incontournable et indéniable, qui veuille que toute réalisation soit en partie due à l’occasion qui s’offre à la volonté, grâce à laquelle la réalisation de la possibilité qu’elle y retrouve devient éventuellement porteuse d’une actualité pleine et entière.» — Plérôme.
[crime]«Tels sont ceux qui considèrent comme un don, la propriété et les biens qu’ils parviennent à subtiliser impunément et à dérober sans vergogne auprès de leurs semblables.» — Plérôme.
[critique]«Il faut surtout se méfier de ceux qui reprochent à leurs semblables de ne pas être autrement que ce qu’ils sont devenus et de ne pas être alors ainsi qu’à leurs yeux ils seraient censés être en eux-mêmes, principalement parce qu’il leur manque la conscience de ne pas être effectivement ce qu’ils sont en puissance et d’être devenus actuellement autre chose qu’ils étaient destinés à devenir, comme si leur appartenait l’omniscience de la forme idéale que chaque personne avait le devoir de réaliser, afin d’ériger l’état social auquel chacun aspire.» — Plérôme.
[critique]«La critique est de loin beaucoup plus aisée que l’action ... sauf si, lorsqu’elle vise l’accomplissement d’une perfection digne d’être actualisée, elle se fonde sur l’expérience profonde et significative, associée à une attitude bienveillante et considérée, en lequel cas, en l’énonçant, elle devient un bienfait reporté sur la bonté qui en gouverne la volonté.» — Plérôme.
[cruauté]«Tels sont ceux pour qui la ligne de démarcation est très mince, et parfois confusément floue, entre le courage que l’on affermit, la vertu que l’on assure et l’endurance que l’on éprouve, tous de manière salutaire, et la cruauté dont on témoigne gratuitement, en exprimant une disposition malveillante qui ne saurait trouver aucune justification réelle à sa manifestation.» — Plérôme.
[désir]«Ce n’est pas forcément parce que le sujet moral désire la personne aimée qu’il est désiré en retour par elle de la même manière; ni parce que la conscience est désirée par la personne qui l’aime qu’il désire cette conscience désirante comme celle-ci le désire.» — Plérôme.
[Dieu]«Ce que les Grecs savaient, et que la Modernité a oublié, c’est que le plus grand monument qui existe et qui témoigne de la gloire de Dieu est la Nature et que, parmi tous les exemplaires naturels admirables, celui qui appuie le plus manifestement cette vérité se trouve à être le corps vivant et, surtout, le corps humain, puisqu’il est en puissance le porteur de la plénitude de la vie, sous sa forme la plus achevée et la plus accomplie, et par conséquent respectueuse de toutes les autres formes qu’elle est apte à prendre.» — Plérôme.
[Dieu]«Si l’amour, comme la vie dont il est la substance, sont des essences «anarchiques», puisque ces états défient continuellement et naturellement les formes établies, en s’en prenant à la finitude qui caractérise la matière sur laquelle celles-ci agissent temporellement, ils ne sauraient cependant se nier eux-mêmes dans leur principe et donc ils donneront toujours naissance à ce qui participe de ce qu’ils sont, c’est-à-dire la vie et l’amour: ainsi, la désorganisation qu’ils produisent s’accomplit, non pas en refusant la reconnaissance et l’actualisation de tout principe — une attitude qui caractérise et définit l’essence radicale d’une anarchie véritable — , mais en subsumant la réalité, dans l’harmonie de leurs espèces et par celle qui en résulte ultérieurement pour la société comme pour la nature, sous le principe suprême de la Divinité dont ils sont, l’un et l’autre, l’expression et l’émanation connaturelles, consubstantielles et complémentaires.» — Plérôme.
[droit]«En pratique, la justice des hommes éprouve, hélas !, plus d’appréhension à déclarer innocent un individu, en courant le risque de se tromper, que d’estimer faussement coupable, un prévenu qui n’a rien à se reprocher.» — Plérôme.
[droit]«Nul ne contestera, en droit, que le crime est inexistant sans qu’il y ait une mens réa, c’est-à-dire la présence effective de la mauvaise intention, qui est celle de mal faire: or, ce qui constitue l’intention maléfique est la disposition pécheresse, ce qui implique alors que le divorce du péché et du crime, que présuppose un droit qui se fonde sur une morale strictement laïque, sans référence aucune à une moralité qui s’inspire des catégories religieuses, est-il non seulement une absurdité, mais encore est-il une fiction habilement constituée, dont l’effet néfaste et regrettable est de favoriser le châtiment de l’innocent, alors que celui-ci ne révèle aucune intention malveillante ni coupable, si malhabile et imprudente que fût sa conduite par ailleurs — laquelle pourrait fort bien se montrer avenante aux bienfaits de l’éducation et réceptive à ses enseignements — , et l’exonération du coupable, qui se trouve alors excusé à pouvoir exercer impunément sa malveillance à l’intérieur des formes prescrites pas la loi, sans être exposé à subir la justice d’une rétribution formelle, sauf accidentellement et aléatoirement.» — Plérôme.
[duplicité]«O! sublime duplicité, qui voit dans la poussière qui est logée dans l’œil du prochain un monument de laideur et de bêtise, mais qui accorde volontiers à la poutre qui cache son propre regard, de posséder la légèreté de la plume et la grâce de l’hirondelle en plein vol.» — Plérôme.
[économie]«Serait-il trop osé d’affirmer que le sexe et l’argent sont, sinon les premiers moteurs véritables, du moins parmi les moteurs les plus importants, de l’économie occidentale contemporaine ?» — Plérôme.
[éducation]«Les motivations, qui sont à l’origine de la décision d’entreprendre des études avancées, varient selon la catégorie de l’âge des étudiants, dont la chronologie ne s’établit pas nécessairement en années vécues: ainsi, lorsque l’on accomplit des études à l’âge de vingt (20) ans, le désir est d’apprendre ce qu’il faut savoir, comme acquérir la technique qui lui permette de renouveler ce savoir, en construisant sur un savoir préalable; mais lorsque l’on choisit de se remettre aux études à l’âge de cinquante (50) ans, l’intention est de confronter le savoir acquis précédemment aux savoirs millénaires, comme d’illustrer techniquement, au moyen des outils de la communication — dont font partie les travaux académiques et scolaires —, la valeur des connaissances que prend éventuellement pour le patrimoine épistémologique de l’humanité, celles que l’expérience vécue a permis à l’étudiant d’acquérir, souvent en fonction du premier savoir acquis et des techniques d’apprentissage qui lui sont associées, lorsque ce choix vient continuer des études antérieures, accomplies lorsque l’étudiant était plus jeune, mais sans se limiter à celui-ci, puisque l’expérience de la vie et la réflexion qui en a résulté lui ont permis de considérer la matière qui lui est proposée et de découvrir des principes comme des points de vue, des approches et des méthodes qui n’entrent pas toujours dans les champs théorique et pratique des considérations universitaires et d’en tirer les leçons appropriées, aptes à inspirer une théorisation originale et une attitude épistémologique conséquente.» — Plérôme.
[égalitarisme]«Le meilleur argument en faveur du maintien de l’inégalité, c’est l’actualité du mal et la présence du vice qui est à l’origine de cet état, car on ne saurait vouloir mettre sur le même pied ceux qui mettent en pratique ses principes et ceux qui refusent de suivre la voie de la perversité; comme le meilleur argument en faveur de la promotion de l’égalité, c’est l’actualisation du bien et la présence de la vertu qui le réalise et l’illustre, car on ne saurait refuser de reconnaître, adéquatement et judicieusement, tous ceux qui s’efforcent de l’instaurer et qui ne cessent de perfectionner leur aptitude, en réponse à cet engagement, tout en récoltant en même temps les bienfaits qui en résultent pour autrui ainsi que le bien-être qui en procède pour eux-mêmes.» — Plérôme.
[égalitarisme]«Lorsque, pour en faire partie intégrante, une société exige de la femme, qu’elle devienne l’ersatz de l’homme, c’est à un fort prix, l’entorse radicale à la loi naturelle, puisque, en contrepartie, au nom de cette égalitarisme des genres, l’homme devra à son tour se montrer préparé à devenir l’ersatz de la femme afin d’assurer sa propre intégration; car ni l’homme ni la femme ne sauraient se réaliser pleinement, à l’intérieur d’une telle conjoncture où chaque sexe devient le miroir de l’autre, plutôt que l’occasion pour l’un et pour l’autre de s’accomplir pleinement dans la mutualité des sentiments et des rapports, conformément à l’essence à l’entéléchie caractéristiques de leur genre respectif, et par conséquent tolérer que l’aliénation qui leur est imposée ne trouve aucune réponse dans l’aliénation qui sera exigée de l’autre.» — Plérôme.
[esprit]«Contrepèterie: il faut dire «les cerveaux échevelés» et non «les chevaux écervelés».» — Plérôme.
[esprit]«De par son essence, qui est celle de l’intelligence et de l’entendement, comme aussi du sentiment et du désir, l’esprit est transcendant; mais de par son action, qui est celle de la raison et de la volonté, il est transcendantal.» — Plérôme.
[esprit]«Le cœur, par la force du sentiment qui en émane, représente une puissance d’inclusion en vue de la plus grande unité possible; la raison, par la puissance de la discrimination qui en procède, une force d’exclusion, en cherchant à instaurer la plus grande cohésion possible; et l’esprit, par le sens de l’équité qui en inspire l’activité, l’organe de la faculté de la délibération, lorsqu’elle vise à l’inclusion de ce qui ne devrait pas être exclus et à l’exclusion de ce qui ne devrait pas être inclus, en vertu de réaliser la perfection de la justice, sous la forme la plus élevée qu’il serait possible d’atteindre.» — Plérôme.
[essentiel]«En concentrant et en forçant trop sur le détail, on en vient à perdre de vue l’essentiel.» — Plérôme.
[essentiel]«L’essentiel porte, en son concept, la différence profonde entre la simplicité qui la caractérise et le simplisme qui en méconnaît, en la réduisant, l’essence.» — Plérôme.
[existence]«Pendant que les philosophes et les autres penseurs réfléchissent, ratiocinent et délibèrent au sujet des mystères grands et profonds de l’Univers, les astres continuent leur révolution incessante, la terre tourne autour de son axe, les saisons passent et repassent, la nature verdit et reverdit encore, l’existence des bêtes reproduit toujours les étapes et les jalons du cycle de la vie, en parvenant à son terme, et l’homme peut encore s’émerveiller de ces prodiges, en les contemplant, en goûtant avec bonheur à la vie qui lui permet de pouvoir s’en réjouir spontanément et en agissant, afin d’améliorer la condition qui la lui procure ou, encore, de protéger la situation, grâce à laquelle celle-ci s’existe et s’épanouit.» — Plérôme.
[expérience]«C’est une vérité profonde, ignorée de la plupart et sue par un petit nombre seulement, qui veuille que chaque instant de la vie d’un individu résume et récapitule l’expérience de tous les âges en lesquels il a précédemment vécu et l’histoire de toutes les cultures et de toutes les sociétés auxquelles il a un jour appartenu.» — Plérôme.
[femme]«La femme est, pour l’homme, l’objet de tous les rêves comme de tous les désirs, l’occasion de toutes les déceptions et la raison de tous les bonheurs.» — Plérôme.
[foi]«L’âme pieuse dit en son cœur: cherchons la vérité, approfondissons ses principes et accueillons ses maximes salutaires, que nous les intériorisions et, grâce à la connaissance sublime que nous en recevrions, les laissions transformer notre âme et nos vies de leur substance ineffable et édifiante, en les appliquant aux diverses situations et aux circonstances variables de l’existence; l’âme impie cependant, se contente de courir sus à la vérité et de faire l’effort d’avoir la possibilité d’anéantir son essence, en déformant et en sophistiquant sans cesse les enseignements qui en procèdent, afin de faire comme il l’entend, sans égard pour les hauts préceptes qu’elle enjoint à vivre et la condition sociale élevée que, grâce à elle, l’on parvient à édifier.» — Plérôme.
[foi]«La foi se distingue de la connaissance en ce que les principes qu’elle affirme et qu’elle défend, en les tenant pour être vrais et indubitables, sont pressentis par elle in foro interno avant d’être aperçus et vérifiés par l’expérience, alors que pour la connaissance, la conviction repose sur l’évidence qui est aperçue et vérifiée in foro externo, avant d’être ressentie comme étant irréfutable dans l’intimité de la conscience.» — Plérôme.
[foi]«Rien ne paraît plus avantageux que de n’avoir aucune conviction profonde: car non seulement n’a-t-on aucune foi réelle à trahir, mais encore n’a-t-on aucun courage à démontrer, afin de soutenir une conviction qu’il est alors de son devoir de défendre.» — Plérôme.
[générosité]«Il y en a pour qui la contrepartie morale du don ne réside pas dans la spontanéité de la bienveillance et de la générosité librement consenties du donateur, mais dans le calcul habile, rusé et imparable de celui qui, par son entremise, s’en constitue obligatoirement le récipient.» — Plérôme.
[honneur]«Il est légitime de se demander, lorsque ces deux idées, ces deux valeurs et ces deux états s’opposent et s’avèrent pour l’essentiel incompatibles, s’il vaut vraiment la peine de sacrifier son honneur, entendu dans le sens le plus élevé du terme, ainsi que la bonheur qui en accompagne la réalisation pure, sur l’autel du prestige et de la gloire, définis d’une manière usuelle et consensuelle comme étant les attributs propres aux honneurs, au statut professionnel et à la position sociale, aux richesses et aux biens matériels, lorsqu’ils en représentent une ou plusieurs de leurs manifestations.» — Plérôme.
[honneur]«L’honneur est à ce prix que, lorsqu’il est compromis par malice, l’agent moral ne saurait avoir recours à des méthodes infâmes et déloyales pour le sauver, mais uniquement à des moyens qui sont la confirmation pleine et adéquate de sa présence et de sa réalisation effectives en la personne qui en témoigne.» — Plérôme.
[honneur]«Le succès du calomniateur, et en général des autres diffamateurs, à miner et éventuellement à ruiner la réputation d’autrui, ou à tout le moins la dépriser sensiblement, repose en général sur deux facteurs: la crédibilité du semeur d’infamies, alors qu’aucune évidence positive n’a permis de mettre en doute l’intégrité et la sincérité de son caractère, et, hormis une naïveté inentamée, une disposition secrète en son auditoire à nourrir l’espoir malsain et la conviction morbide que ses médisances trouveront un fondement certain dans la réalité.» — Plérôme.
[honneur]«Pour certains, l’honneur est un état qui est semblable aux sciences de l’histoire et de la géographie: ils ne voient pas d’utilité immédiate, ni même de valeur intrinsèque à les cultiver, jusqu’à ce jour où, comme pour celles-ci, lorsqu’elles révéleront éventuellement quels sont les déterminismes culturels et les conditions historiques qui agissent naturellement et respectivement sur les existences individuelles et collectives, ce principe et cette valeur produiront la disposition et la manière qui permettront à la personne de se hisser au-dessus des influences et des contraintes qui émanent de ces facteurs, et par conséquent définiront quels sont la valeur et la dignité qu’il reviendrait à reconnaître en chaque individu ainsi que l’estime et la considération en lesquels généralement l’on doive le tenir.» — Plérôme.
[hystérisme]«Heureux hystérisme, qui autorise moralement à ne devoir rien assumer de sa conduite ou de ses actions, comme des conséquences fâcheuses qui peuvent en résulter, simplement parce que cet état fait tout oublier et causer la distorsion des principes, des souvenirs et des perceptions qui caractérise cette forme d’amnésie lacunaire et fonctionnelle.» — Plérôme.
[idéal]«L’ennemi est celui pour qui, dans l’immédiateté de son for intérieur, et derrière les propos que sa ruse pourrait l’inciter à énoncer, aucune position ne conserve de valeur salvatrice intrinsèque, sauf en ce qui concerne les intérêts de sa personne, comme ceux de ses proches comme de ses affidés, et toute position est, relativement à ces individus, au mieux gravement insuffisante et au pire totalement irrecevable: c’est qu’au fond, son jugement repose d’abord sur une attitude subjective qui vise la dénégation radicale de l’opposition haïe plutôt qu’il n’est influencé et inspiré par un idéal transcendant de la bonté, de la vérité et de la beauté et motivé par le désir désintéressé de celui qui cherche à connaître la plénitude de ces idées, de ces valeurs et de ces états, en accueillant avec bienveillance la reconnaissance de celui qui participe à leur défense et à leur propagation.» — Plérôme.
[idéal]«Proposer la désirabilité, la légitimité et la nécessité d’un idéal, ce n’est pas en réaliser l’actualisation effective: autrement, il suffirait de vouloir, en son âme et sa conscience, la perfection pour que celle-ci s’accomplît immédiatement et effectivement.» — Plérôme.
[idée]«La très grande distance qui se laisse apercevoir entre la coupe et les lèvres peut se concevoir comme étant le degré de la séparation qui intervient entre l’idée et sa réalisation.» — Plérôme.
[illusion]«Au royaume de l’illusion, le bateleur est roi.» — Plérôme.
[illusion]«Lorsque l’on sait que l’illusion la plus réussie est celle qui, en réalisant l’intention d’induire en erreur, se rapproche le plus de la vérité, sans jamais réussir tout-à-fait à en reproduire la substance toutefois, le défi, pour l’intelligence, de distinguer le vrai du faux et, pour la raison, d’illustrer la perception juste et adéquate qui émane de cette action, apparaît comme à peu près impossible à relever et tiendrait du prodige, étant accomplie: ainsi, le caractère insaisissable et indicible de l’illusion constitue la véritable aporie de la philosophie , lorsqu’elle conçoit la vérité comme étant son objet primordial et la recherche, portant sur la réalité qu’elle interroge avec pénétration et perspicacité, comme le moyen privilégié de son effort.» — Plérôme.
[illusion]«Plus l’illusion parvient à réaliser l’approximation mimétique de l’essence véridique, plus elle est réussie, car alors, elle est devenue en même temps plus trompeuse et apte à produire le maximum des conséquences existentielles, pour la conscience qu’elle est parvenue à flouer.» — Plérôme.
[Illusion]«Tels sont ceux qui se complaisent à vivre selon leurs illusions et même à les défendre avec violence, plutôt que les envisager, les reconnaître, les admettre et les contempler; tels sont ceux encore qui nourrissent leurs fantasmes et qui aussi maintiennent ceux qui sont disposés à vivre leur vie comme s’ils habitaient un rêve, en cultivant le mensonge auquel ils se trouvent exposés et qu’ils embrassent comme étant véridique, une attitude qui garantit, soit leur inaction, ce qui favorise le maintien du statu quo, soit leur action mal orientée, ce qui les prédispose à devoir subir les conséquences négatives qui résultent de leur égarement.» — Plérôme.
[injustice]«Tels sont ceux pour qui le dilemme fondamental consiste à disposer en même temps du beurre et de l’argent du beurre: c’est un dilemme qui trouve sa résolution seulement en faisant payer à autrui le beurre, soit en détournant les espèces qui serviront à se le procurer, soit en extorquant le travail qui est requis à le produire et à le rendre à sa destination, soit en combinant adroitement ces deux solutions.» — Plérôme.
[intelligence]«Certains réfléchissent sur la réalité et la pensent pour encore mieux atteindre à la vérité qui la fonde, la dynamise et l’actualise; d’autres pour encore mieux s’éloigner de cette intelligence et éventuellement en nier les principes, les directions, les raisons et les fins.» — Plérôme.
[intelligence]«L’ignorance est la première condition négative sur la réalisation complète de l’intelligence, le mensonge — autant celui que l’on prononce sciemment que celui auquel on est assujetti délibérément —, la première aliénation et l’illusion — l’apparence qui suggère autre chose que ce qui est réellement — en est le premier défi posé à son éclosion éventuelle.» — Plérôme.
[Intelligence]«Tels sont ceux qui nomment superficielles, les théories auxquelles ils substituent volontiers les leurs, sans avoir pourtant compris, ni les fondements, ni les raisons, ni les principes sublimes qui fondaient et établissaient à la fois la vérité et la pertinence de ces vue rejetées, autant au plan abstrait des idées qu’au plan pratique de leur réalisation et des actions qui l’accomplissent.» — Plérôme.
[justice]«C’est un mème récurrent qui veuille que l’effectivité de la justice doive aussi s’accompagner d’une apparence qui en révèle la présence: or, un tel dédoublement de l’essence et du phénomène prend l’aspect d’une tautologie qu’il importerait d’élucider, puisque l’on peut difficilement prétendre rendre réellement la justice, sans que ne se manifeste en même temps l’apparence de la justice que l’on rend, sauf à convenir, voire implicitement, que cette prétention ne serait autre chose que l’illustration illusoire et sans substance de la valeur recherchée ? » — Plérôme.
[justice]«La justice est la charité en action et, par conséquent, elle en manifeste la compétence; la charité exprime le désir désintéressé et impartial d’accomplir intégralement la justice et, par la suite, elle en représente la prudence.» — Plérôme.
[justice]«La charité est le mobile de la justice comme la justice est le motif de la charité; si la justice est l’état négatif d’une charité pleinement vécue, en ce qu’elle instaure les conditions minimales, nécessaires à la pleine réalisation de la société, la paix en est l’état positif, puisqu’elle représente le point ultime et culminant que peut atteindre l’état de cette société, lorsqu’elle est entièrement achevée. § Aussi peut-on affirmer que la paix véritable ne saurait exister en l’absence de la justice et que ni l’une, ni l’autre ne sont possibles sans l’amour qui est l’essence de la charité, lorsqu’elle participe ardemment à leur réalisation et qu’elle parcourt activement l’accession à cette fin sublime à l’intérieur de la société.» — Plérôme.
[justice]«Le monde intellectuel est profondément divisé lorsque, d’une part, le philosophe et le théologien font parler la raison et que, de l’autre, l’homme de lettres — le poète, le romancier et le dramaturge — laisse parler le cœur: la société ne peut que s’en ressentir, lorsqu’elle abrite, sans parvenir à admettre qu’elle les couve en réalité, cette division et cette séparation de la conscience et du sentiment, sans réussir à les réconcilier et à créer l’état d’harmonie qui seul peut procéder de cette confluence, une aliénation dont la première expression est la dichotomie qui s’est opérée dans l’histoire, entre l’amour et la raison et, à un plan pratique, entre la justice et la charité et qui persiste toujours dans la conscience actuelle de l’humanité contemporaine.» — Plérôme.
[justice]«On peut certes en théorie distinguer la charité et la justice, mais en pratique, la charité est au cœur de la justice comme la véritable justice suppose la charité: car sans charité, on ne saurait vouloir la justice, ni en faire la promotion comme de participer à son avancement; comme sans justice, on ne saurait ni admettre la charité, ni reconnaître la valeur de son action, ni en gouverner et en assurer l’efficace, ni en constater, en les appréciant adéquatement, les effets qui en résultent, en admettant alors que le courage est le moteur de leur action substantielle et l’amour qui les pénètre et les vivifie, l’essence cohésive de leur initiative conjuguée.» — Plérôme.
[justice]«Si aucune paix n’est possible sans justice, c’est que la paix n’est autre chose que la justice qui est devenue consciente de son efficience et que la justice n’est autre chose que la paix qui sait avoir atteint la plénitude de la possibilité de son essence.» — Plérôme.
[lecture]«Ce que lit un sujet moral importe certes à la formation de son esprit, en raison des intuitions géniales qu’il peut à l’occasion en recevoir, mais c’est l’usage qui procédera de sa lecture qui s’avérera le plus important, puisque cette pratique est apte à révéler à la fois quelle est la disposition du caractère, la qualité de l’intelligence, le génie des Idées et de leur application aux formes de la société et de la culture ambiantes sur lesquelles elles sont appelées à porter, ainsi que le genre et la manière de la communication, par laquelle l’ensemble des membres de la société sont susceptibles d’en prendre acte.» — Plérôme.
[liberté]«C’est une bien triste vérité qui constate combien ceux qui combattent et se montrent prêts à sacrifier leur sécurité, et jusqu’à leur vie pour assurer et défendre la liberté, le font surtout en vue du bien qu’ils espèrent en procédera et de l’usage optimal que les bénéficiaires de leur action en feront par idéal; et combien ceux qui héritent de la liberté, grâce aux peines et aux sacrifices qui la leur ont apportée, l’utilisent rarement autrement qu’afin de faire la promotion de leur propre bénéfice exclusif.» — Plérôme.
[liberté]«Croire en la liberté, c’est en même temps croire en la possibilité qui est inhérente à chaque personne, en vertu de son énergie vitale et de sa force morale, d’en accomplir les exigences, comme d’endosser les efforts requis à les rencontrer, et d’en partager les responsabilités, comme les bienfaits qui résulteront de cette assomption.» — Plérôme.
[liberté]«La liberté est, non pas l’absence du devoir et de l’obligation morale à le réaliser, mais la responsabilité pleinement assumée d’en rencontrer les exigences, même les plus strictes et le plus rébarbatives à l’effort déployé.» — Plérôme.
[liberté]«Nombreux sont-ils à revendiquer la liberté; peu sont-ils à en assumer les véritables et profondes exigences.» — Plérôme.
[médecine]«Telle est la culture médicale qui, étant elle-même périssable, apprend aux hommes à mourir plutôt que de les encourager et de les disposer à vivre, conformément à l’idéal qui est inhérent à son exercice — la promotion de la vie et la guérison de ceux en qui défaille cet état — et aux découvertes historiques qu’elle a réalisées et qui la rapprochent de l’accomplissement de la promesse ineffable et incommensurable de la vie.» — Plérôme.
[moralité] Deux adages bibliques qui renvoient à un ordre d’idées distinctes, mais importantes et essentielles: «Car l’amour est fort comme la mort ... [Cantique des cantiques, 8, 6]» et «Car le salaire du péché est la mort ... [Épître aux Romains, 6, 23].»» — Plérôme.
[moralité]«Au plan de l’intimité morale, la grande question qui se pose est celle de savoir si l’on peut passer d’abord par la sexualité, afin de rencontrer, d’éprouver et de connaître l’amour ou s’il est souhaitable de ressentir d’abord l’amour avant d’en découvrir l’expression dans la sexualité: car si les mariages de cœur de fondent sur l’amour qui naît avant toute sexualité, ils ne produiront pas toujours des couples durables et persistants; et si les mariages de raison s’établiront sur celui de la découverte des conditions qui favorisent les couples stables et constants, ils peuvent également devenir l’occasion de la naissance d’un amour sincère et profond pour unir les partenaires.» — Plérôme.
[moralité]«Depuis les temps immémoriaux, l’homme sait que la qualité qui le distingue de la bête, c’est la moralité; et depuis ces temps tout aussi anciens, l’homme semble-t-il lutter avec détermination afin de ne pas oublier cette distinction fondamentale.» — Plérôme.
[moralité]«Il n’y a peut-être pas de défi plus grand, en philosophie morale, que celui de savoir réconcilier le devoir et l’amour, puisque ces deux idées-valeurs passent souvent, sinon en théorie, du moins en pratique, pour s’exclure mutuellement, alors que le devoir est conçu comme s’accomplissant conformément à un motif et à une volonté qui sont indépendants du sentiment et du désir illustrés par la conscience morale, lorsqu’elle le remplit: et si aucun problème ni dilemme ne se pose à la conscience, lorsqu’elle adhère pleinement au contenu du devoir qui lui est présenté par l’intelligence, comme convenant entièrement à la nature de l’action qui est exigée de l’agent moral, ils surgissent lorsque les dictées du devoir ne rencontrent ni les enseignements d’une science approfondie, ni les critères d’une conscience morale développée, ni l’assentiment d’un sentiment social élevé et sain.» — Plérôme.
[moralité]«L’humanité est le caractère et la qualité qui séparent l’homme de l’animal et orientent celui-là dans le sens de l’accomplissement de la plénitude de la spiritualité, que réalise, manifeste et exprime la moralité la plus achevée.» — Plérôme.
[moralité]«La liberté sans la moralité est futile et vaine, puisque seule la moralité, comprise dans son sens le plus sublime, le plus profond et le plus intégral, peut prétendre fonder la liberté et l’amener à sa perfection entière et complète.» — Plérôme.
[moralité]«Le mal étant l’imperfection du bien et se produisant par le non-être de ceux par qui il se réalise, il en résulte que seul l’accomplissement du bien permet à l’agent moral de parvenir à se situer au-delà du dilemme que pose l’opposition que la raison établit entre le bien et le mal: par ailleurs, cette libération est strictement subjective, ne trouvant aucune contrepartie dans l’état social qui en accueille la production, si elle ne trouve pas sa contrepartie en l’attitude morale équivalente et correspondante de ses congénères.» — Plérôme.
[moralité]«On ne peut faire mieux qu’accéder à la vérité, autant quant à la compréhension de ses principes que la profondeur de ses significations, et agir intégralement et fidèlement en vertu de cette intelligence, pourvu que la conjoncture physique et sociale s’y prête et que l’ingéniosité créative de la raison mènera à sa réalisation.» — Plérôme.
[moralité]«Pour le Moyen Âge chrétien, la liberté peut se concevoir comme étant la transcendance, par le sujet moral, des conditions de l’existence qui s’offre à lui, en assumant pleinement la responsabilité de sa conduite et de ses actes et en acceptant que les distinctions sociales se fondent sur la différentiation morale qui émane de la notion du péché, afin de participer pleinement, par son effort et sa piété, au déroulement de la Création, tel que ce mouvement s’inscrit à l’intérieur du plan divin; pour la Modernité néo-païenne, la liberté se constitue au moyen de la présence immanente et de la participation effective du sujet moral aux conditions qui gouvernent son existence, afin de les surmonter et de les dépasser, lorsqu’elles lui semblent contraignantes ou aliénantes, en adoptant l’attitude d’une indifférence morale à l’égard de la notion du péché, ce qui a pour effet non seulement de la divorcer complètement de celle de la responsabilité et de les rendre, toutes les deux, étrangères l’une à l’autre, mais aussi de les faire disparaître du paysage moral, comme puissance subjective de la formation des conduites: car, avec l’occupation dorénavant de l’espace moral uniquement par une conception laïque de l’obligation éthique, on assiste à la substitution progressive de la prédominance immanente de volontés morales particulières sur celle d’une Volonté divine, universelle et éternelle, et, avec elle, l’apparition des notions de la force prépondérante, susceptible de produire la soumission et la conformité des conduites et des actions à des normes étroites et contraignantes, issues de la mondanité de ces consciences, et de ruse imparable, démonstrative de leur compétence et de leur habileté, apte éventuellement à générer la résignation des consciences à leur supériorité acquise comme à la nouvelle fatalité qui les contrôle et l’adhésion des opinions à leurs desseins énigmatiques ainsi qu’à leurs intentions opaques.» — Plérôme.
[moralité]«Quant aux valeurs profondes et à leur expression essentielle, et eu égard à la nature distincte et respective de ces deux genres, ce qui est une vertu chez l’homme ne saurait être un vice chez la femme, ni ce qui est qualité en elle devenir un défaut en lui.» — Plérôme.
[moralité]«Si les expressions: "Bien faire et laisser dire" et "bien dire et laisser faire" sont des structures sémantiques symétriques, elles ne sont pas pour autant des structures sémantiques complémentaires: car si l’une met l’accent sur la moralité effective de l’agent moral, l’autre met l’emphase sur la résultante de sa conduite formelle, lorsqu’elle est mise en présence d’une anomie morale, dont les répercussions sont éventuellement sociales.» — Plérôme.
[mythe]«La mythogénèse est un processus essentiel à la réalisation de l’esprit humain: en comblant, au moyen de l’invention fabulatrice, le vide épistémologique que laisse en l’intelligence l’état d’ignorance qui est consécutif à l’incomplétude de la conscience qu’elle possède de la réalité, l’esprit humain s’accorde à lui-même un cadre intellectuel grâce auquel il peut interpréter dorénavant, voire imparfaitement, l’expérience quotidienne et le souvenir qu’il en conserve; la difficulté surgit lorsque, en refusant de reconnaître l’existence et la nature de ce mécanisme, et du rôle essentiel que joue celui-ci à l’intérieur de l’esprit humain, l’homme en vient à prendre le mythe (ou la dimension mythique de ses conceptions) pour une vérité indubitable et à fonder toutes ses interprétations ainsi que tous ses choix futurs sur les principes erronés et les informations partielles qu’il transporte en lui et qu’il reçoit, sans les questionner, comme étant sûrs et certains; une telle attitude et une telle approche constituent alors une recette infaillible, menant à l’erreur du jugement pratique dont la forme la plus élevée se manifeste par les catégories générales des formes, distributive, rétributive et commutative, qu’est susceptible de prendre l’injustice.» — Plérôme.
[mythe]«Plutôt que voir en le mythe le reposoir de la vérité, pour des temps qui ne savaient, ne pouvaient ou ne voulaient l’accueillir, en raison des difficultés élevées que posait sa contemplation pour des consciences qui étaient appelées à considérer la sagesse profonde et universelle, voire qu’elles y étaient en réalité impréparées, on en fait aujourd’hui le havre de toutes les faussetés qui, prenant l’apparence de narrations enfantines et improbables, dispense les consciences contemporaines de vivre à l’intérieur de l’existence actuelle, conformément aux principes invariables et constants de la manifestation réelle de la Sophia qui trouvait déjà, en ces récits symboliques, allégoriques et mythologiques, l’occasion de se communiquer et de se révéler à la conscience de l’humanité.» — Plérôme.
[mythe]«Pour autant qu’il est cru, un mythe élégamment imaginé et savamment construit, voire qu’il fût hyperbolique et outrancier, vaut parfois, quant à l’effet produit dans la conscience de ses adhérents, la vérité même la plus simple, la plus pure et la plus sublime.» — Plérôme.
[opinion]«Il arrive souvent que la négation et l’incertitude, lorsqu’elles manifestent une difficulté de la conscience à s’exprimer clairement au plan des idées, concernant une question problématique pour elle, ou lorsqu’elles révèlent un découragement face à l’opinion générale, relativement à cette difficulté, trouvent leur issue dans le sarcasme et la satire.» — Plérôme.
[opportunisme]«Étant en possession du trésor que constitue la connaissance précieuse, et pleinement confiant de posséder l’intelligence d’en interpréter les arcanes, l’usurpateur se conforte de pouvoir en vouer le découvreur aux gémonies de l’oubli, en refusant de reconnaître cependant que le texte qui la divulgue en est seulement le signe et qu’il renvoie perpétuellement au mystère, dont la compréhension profonde appartient d’une manière insigne à ceux-là seuls qui, ayant reçu le privilège de l’inspiration, peuvent faire office de prophète et légitimement en révéler les principes voilés ainsi que les significations secrètes, dans leurs propos bien sûr, mais surtout et principalement dans tous les actes de leur vie.» — Plérôme.
[pardon]«Le pardon est d’autant plus profond et significatif, qu’il s’accompagne d’un sens élevé, développé et bien senti, de l’honneur.» — Plérôme.
[peuple]«L’idée du peuple est indissociable de celle de la nation: car le peuple est l’illustration en corps de la nation qui reçoit son unité d’un idéal collectif, susceptible de rallier en profondeur les consciences véritablement libres, vertueuses et sagaces; et la nation constitue cette dimension du peuple qui fonde d’abord son action sur la survie et la sécurité, le maintien, la conservation le perfectionnement et la diffusion de sa culture, dans ce qu’elle a à ses yeux de plus substantiel, de plus estimable et de plus caractéristique.» — Plérôme.
[philosophie]«C’est une fin ambitieuse que se fixe la philosophie, si elle cherche à faire éviter à l’humanité, ainsi qu’à la culture qui en entoure et en enveloppe l’esprit, comme elle en encadre et en inspire l’activité, qu’elle se place devant l’éventualité de continuellement reprendre à zéro les acquis de sa progression et de son évolution historiques, selon une démarche qui, les aplanissant afin de réaliser cette mission, en niât radicalement les bienfaits les meilleurs et les plus salutaires: la philosophie doit se donner une double tâche, savoir: comprendre premièrement les motifs et les mobiles profonds qui sont au cœur de l’histoire de l’homme, en interpréter les directions et les mouvements et savoir reconnaître en elle les réalisations, les valeurs et les principes qu’il importerait de maintenir, de défendre et de perpétuer; et, en second lieu, lorsque des lacunes se découvrent, dans l’actualisation de ces catégories, et qu’un perfectionnement s’impose afin de les combler, et mieux les concevoir et les concrétiser, proposer sans offuscation ni compromission quelles seraient les améliorations et les changements susceptible d’être apportés, de sorte à assurer que le parcours historique de l’homme puisse se poursuivre d’une manière qui respectât les réalités de sa nature la mieux accomplie et la plus admirable ainsi que les promesses de sa destinée la plus élevée et la plus inspirante.» — Plérôme.
[philosophie]«En niant la sociologie et la psychologie, ou plutôt en les reléguant à n’être que des formes ancillaires de la pensée, susceptibles d’être subsumées par les concepts qu’elle imagine et qui lui sont propres — une attitude qu’elle a reproché à la discipline-mère de la théologie de maintenir à son endroit, mais qu’elle n’hésite pas à reproduire, auprès des disciplines qui sont issues de sa pratique — , la philosophie situe alors le tout de la réalité humaine au plan de la biologie abstraite et de ses lois déterminantes, mais strictement idéelles: or, seule la sociologie, avec sa notion de culture, illustre la possibilité théorique, mais pratiquement réalisée, de la liberté humaine qui s’extrait des conditions physiques de son milieu; comme seule la psychologie, avec ses notions conjuguées de l’âme et de l’esprit, est susceptible d’en justifier l’actualisation effective, en vertu d’accomplir la substance spirituelle d’une intentionnalité et d’un désir qui, étant ancrés dans une nature physique et charnelle, sont respectivement le motif et le mobile de cette entéléchie et de cette perfection.» — Plérôme.
[philosophie]«En philosophie, ce n’est pas tant ce qu’un auteur a pu affirmer qui importe, lorsque l’on s’emploie à faire l’usage de son propos et à en appliquer les principes, mais ce que ses critiques et ses interprètes lui auront fait dire, dans l’appréhension qu’ils en effectuent et qu’ils en révèlent: ce phénomène résulte de ce qu’il existe rarement un dialogue constructif et approfondi entre l’auteur et les lecteurs qui prennent connaissance de sa pensée, d’où l’importance d’une interprétation adéquate, c’est-à-dire compréhensive et profonde, de son discours afin d’en saisir l’originalité et l’essence des principes, des sens, des intentions et des conclusions.» — Plérôme.
[philosophie]«L’acte de la déconstruction sert souvent de prétexte à la captation du pouvoir évocateur d’un propos et au détournement du sens que ses praticiens s’autorisent à en faire, afin de confirmer leurs convictions personnelles et subjectives, qu’autrement ils ne sauraient, ni ne voudraient exprimer d’une manière autonome et indépendante, c’est-à-dire sans déformer la pensée d’autrui et sans lui faire subir par conséquent, contrairement au droit intellectuel, qui se fonde sur l’appréhension et la défense de la vérité, le préjudice d’une réduction substantielle et d’une représentation infidèle.» — Plérôme.
[philosophie]«L’étude de la physique et de ses lois s’intéresse à l’ordre phénoménal et matériel de la Création, ensemble et dans son entièreté, c’est-à-dire englobant l’unité organique du vivant et du non-vivant, et dont la conservation ainsi que l’amélioration, c’est-à-dire la perfection qui se fonde sur la perfectibilité de la nature, deviennent à la fois, à l’échelle de la possibilité humaine et sociale, la préoccupation morale et le devoir incontournable du scientifique consciencieux.» — Plérôme.
[philosophie]«La philosophie vit le jour lorsque le premier penseur s’évertua à interroger la nature: mais en cherchant à élucider le mystère de la substance et du mouvement intime, spontané et original qui la caractérise, c’est-à-dire en explorant et en saisissant l’essence de la vie qui se déploie en elle, elle parvint seulement à reléguer le monde au plan du principe conceptuel et de la loi théorique et à le figer ainsi à l’intérieur d’un complexe architectonique intellectuel et rationnel, certes incommensurable et infiniment varié, mais dépourvu de l’élément unique et premier qui en caractérise réellement l’essence et la raison d’être; seule lui reste alors la pensée qui se déroule et qui s’épanouit pour en manifester la présence, mais d’une manière qui occulte à la conscience sa particularité et son unicité et qui, par conséquent, les appréhende implicitement et les réalise subrepticement, au moyen des constructions de l’esprit, les idées, les concepts, les principes, les théories et les systèmes, qui sont le produit de ce travail.» — Plérôme.
[philosophie]«La fin de l’étude et de la pratique de la philosophie, c’est de parvenir au commencement de la sagesse.» — Plérôme.
[philosophie]«La science physique s’interroge sur l’être de la Nature et cherche à découvrir ce qui est en elle est possible et comment cette possibilité se manifeste de manière à en apprécier pleinement les bienfaits et à tirer de cette connaissance les principes d’une imitation en vue d’une application éventuelle à la société; l’interrogation de la science métaphysique porte également sur la Nature, mais elle aspire à élucider, en se fondant sur la connaissance qu’elle en acquiert, quels en sont la cause ultime, la raison d’être et le pourquoi (le «ce en vue de quoi»), de manière à en établir la bonté du fondement et en tirer pour soi les leçons de vie appropriés et les principes d’une action, susceptible d’informer et d’inspirer les consciences sociales et morales.» — Plérôme.
[philosophie]«Le danger de l’intellectualisme se révèle lorsqu’il devient un commentaire parfois perpétuel sur un monde dont la compréhension profonde et extensive des natures, des interactions et des destinées lui échappe effectivement, en raison de révéler une réalité trop complexe et trop élevée pour qu’elle soit adéquatement appréhendée par l’entendement de l’esprit humain, en raison de sa nature essentielle qui l’empêche de dépasser absolument la condition et la situation dont il fait une partie intégrante.» — Plérôme.
[philosophie]«Le vice de l’enseignement et de la pratique philosophiques se fonde sur le principe erroné, circulaire et tautologique, qui veuille que l’on définisse la philosophie comme étant l’activité à laquelle s’adonne le philosophe, lorsqu’il s’exerce professionnellement, et le philosophe, comme étant celui qui, s’adonnant à l’étude de la philosophie et donc, par conséquent, de la pratique des autres philosophes, historiques ou contemporains, serait digne de porter le nom de philosophe: le problème devient alors de s’extraire de l’artifice d’un raisonnement par lequel se définit l’état déontologique et social d’un particulier par le résultat de la pratique qui l’établit, sans référence à l’essence de la notion et de l’idée qui autrement constitueraient la spécificité de la substance et l’originalité de la production qui en sont issues.» — Plérôme.
[philosophie]«Nombreux sont-ils, hélas !, à prendre leurs perceptions subjectives de la réalité et leurs hypothèses imaginatives sur celle-ci pour la réalité elle-même, ce qui amène à vouloir définir quelles sont la nature et l’essence véritables de la réalité.» — Plérôme.
[philosophie]«On doit sortir de ce cercle vicieux, par lequel le philosophe se conçoit comme étant celui qui fait de la philosophie et la philosophie, comme procédant de l’activité philosophe: seule une compréhension et une connaissance adéquates de la nature, de la fin et de la source de la philosophie permettra au penseur de découvrir une issue à ce problème, s’il se dévoue tout entier à élucider cette question, pour ensuite exercer son activité, conformément aux critères qu’il a ainsi établis et définis pour sa discipline. § En définitive, seule la sagesse peut constituer ces termes, que l’esprit se situe, afin de procurer un succès à son entreprise, soit au point d’où procède l’effort philosophique, soit au point vers lequel il tend, soit au point suprême de l’actualisation finale de sa possibilité. § Ainsi, dans l’idéal, le philosophe est celui qui réalise la sagesse, en même temps qu’il en explore et en approfondit le sens au sein de sa propre vie, tout en constituant modestement, au regard d’autrui, l’exemple du Sage dont il exemplifie les qualités, en incarnant en sa personne le point culminant et parfait de la sagesse, à l’image de l’Être qui en est la réalisation et la représentation suprêmes et qui seul peut être le modèle adéquat de son ambition et de son aspiration.» — Plérôme.
[philosophie]«Platon a très bien ressenti et il a adéquatement compris que l’assassinat juridique de Socrate est le péché originel de la philosophie, scindée en elle-même et contre elle-même, entre les sages (sofoύ) et les sophistes (sofistής), d’où l’effort surhumain déployé à réhabiliter sa mémoire aux yeux de ses concitoyens, à conserver ses enseignements pour la postérité des générations suivantes et à diffuser sa pensée auprès de toutes les cultures qu’elle serait apte à instruire et à éclairer.» — Plérôme.
[philosophie]«Que l’on s’exprime en abstractions et l’on se plaindra que les particularités individuelles souffrent de ne pas être reconnues; que l’on s’adresse aux cas singuliers et l’on objectera qu’ils ignorent les ressorts et les finalités de l’ensemble, puisqu’ils ne sauraient en être suffisamment représentatifs; car tel est le dilemme: si on insiste trop sur la généralité, la raison court le risque de sacrifier l’individu qui s’en distingue positivement; et si l’individualité reçoit une emphase trop importante, l’ensemble risque alors d’être insuffisamment reconnu, en raison de la méconnaissance et de l’ignorance des lois qui la gouvernent. § La philosophie véritable est par conséquent la philosophie dont l’unité théorique porte sur l’essence de l’ensemble, sans ignorer qu’il est constitué par des individualités et traite de la nature du particulier, sans omettre en même temps les vues qu’il élabore sur l’ensemble.» — Plérôme.
[philosophie]«Toute philosophie légitime est la science des essences et ne saurait être que cela: autrement, l’activité épistémologique et gnoséologique propre à cette discipline consistera uniquement à noyer le poisson de la connaissance véritable dans le trop vaste océan de l’ignorance qui l’empêche de la reconnaître et qu’elle parvient alors, malgré ses préventions intellectuelles, à augmenter et à étendre.» — Plérôme.
[politique]«Dans les sociétés dont l’état de la dysfonction politique est prononcée, on assiste à la destruction du modèle parce que sa vertu, malgré qu’elle fût conforme à celle qui est officiellement proclamée et formellement admirée, compromet par son actualité et dénonce effectivement la moralité qui est en réalité mise en pratique et conçue comme étant nécessaire à la dynamique de l’ensemble, que commande une certaine théorie collective de la survivance: cela étant, la place qui était accordée au héros et au saint dans l’espace social et à qui l’on a refusé la reconnaissance de sa valeur et de sa contribution, se trouvera éventuellement comblée par les ambitieux qui, sans les mériter, convoitent la dignité, le prestige et les honneurs qui lui seraient autrement dévolus, tout en libérant dans l’imaginaire collectif un espace idéal, susceptible d’être revendiqué et occupé par les consciences des générations actuelles et futures, lesquelles présenteront une émulation que heurte, dans leur sensibilité morale, et dynamise, par son actualité, l’injustice qui sacrifie l’idéal honorable et salutaire aux exigences prosaïques d’une réalité dont seul l’intérêt des agents moraux influents parvient à en façonner le cours culturel et définir la dialectique existentielle et politique qui prévalent à l’intérieur des frontières physiques et morales de la société, en dehors de toute conception compréhensive et approfondie de la nature de la justice sociale qui serait censée y régner, en perpétuant ainsi les rivalités qui opposent la vertu à l’intérêt et les dispositions belliqueuses à l’esprit de la paix.» — Plérôme.
[politique]«L’idéal, bien sûr, serait que l’on procède vers lui en réalisant l’ordre d’une manière qui est ordonnée, puisque c’est sur un ordre moindre que se fonde l’édification d’un ordre supérieur, comme en attestent les Anciens, grecs et hébreux, qui faisaient procéder le monde, en dehors d’un principe de création pure, c’est-à-dire ex nihilo, les uns d’un chaos initial, les autres d’un tohu bohu, une substance informe et opaque primordiale. Certains ont cependant opté pour le principe d’une marche progressive vers le désordre, de préférence à l’établissement de l’ordre, voire qu’il se réalisât de manière parfois aléatoire. § C’est qu’un ordre peut se construire en invoquant une variété des principes faux, dont le rejet subséquent suppose en même temps la disparition ou la transformation de l’ordre qu’ils ont servi à fonder. Comme c’est la mise-en-œuvre de ces principes erronés qui met en évidence la discontinuité et la contrariété réelles entre l’ordre qui est bien ordonné et le désordre qui s’accorde une légitimité, en effectuant un ordonnancement qui prend toutes les apparences d’appartenir à un ordre véritable, c’est-à-dire à un ordre qui se fonde sur des principes adéquats, valables, cohérents et complets, conformément aux idées transcendantes de la bonté, de la vérité et de la beauté. § La distinction entre le premier et son contraire est parfois si subtile que seule une perspicacité, aiguisée et pénétrante, peut découvrir et reconnaître les caractéristiques essentielles qui les établissent et les distinguent.» — Plérôme.
[politique]«Le principe révolutionnaire fondamental nie au passé toute forme d’existence légitime, sauf pour celui qui a donné naissance à la forme de l’idéologie sous laquelle il se présente aux intelligences, et conçoit que tout n’est en réalité qu’un avenir à construire et/ou à reconstruire, en unifiant les différents intérêts qui sont en présence et en réconciliant, dans la mesure du possible, ceux qui seraient éventuellement contraires les uns aux autres, en cherchant à éliminer ceux-là qui seraient en opposition directe avec les principes de la pensée qui les subsume et qui les gouverne.» — Plérôme.
[politique]«On n’a réalisé la séparation de l’Église et de l’État que pour mieux encore accomplir, à l’intérieur de l’État ainsi établi, l’union du politique et de l’économique, souvent à l’avantage des intérêts qui commandent les actions à l’intérieur de cette sphère-ci.» — Plérôme.
[politique]«Pour lever la confusion que l’évolution de la langue et de l’histoire culturelle des mentalités a établie entre les notions de la soumission et de l’obéissance, il importerait de préciser que la soumission consiste en un état qui répond à la menace issue d’une force prépondérante, qui rend nécessairement obligatoire, et sans possibilité de choisir, la conformation aveugle à ses ordonnances et à ses exigences, alors que l’obéissance exprime l’adhésion libre d’une conscience éclairée à choisir l’esprit de la sagesse qui ordonne l’adoption de telles conduites, de telles attitudes ou de telles dispositions, de préférence à telles autres, au nom d’une finalité dont le sens, la valeur et l’importance sont devenus clairement accessibles à l’intelligence curieuse et lucide des hommes, qui font l’effort de les découvrir et se donnent la peine de les comprendre.» — Plérôme.
[psychosexualité]«La sexualité, adéquatement vécue et sainement exprimée, est le lieu intime et privilégié de la rencontre et de la confluence de l’Idéal de vie que vivent implicitement pour eux-mêmes, dans leur individualité, et ensemble, dans leur mutualité, les amants qui partagent l’expérience de l’activité conjointe qui la révèle et en témoigne.» — Plérôme.
[psychosexualité]«L’intrigue, qui consiste à faire la subversion de l’amour et, ainsi, à miner en profondeur le plan essentiel de l’ordre social fondamental, représente la forme la plus insidieuse et la plus radicale de l’anarchie: et sûrement, la plus déplorable de son expression consistera à favoriser l’interposition entre les amours naissants et parfois aussi les amours déclarés, ou qui promettraient de le devenir, et qui sait, peut-être même la substitution d’un tiers à l’être prédestiné, au grand orgueil de l’usurpateur, au grand malheur de l’amant piégé et au grand dam du fiancé éploré.» — Plérôme.
[psychosexualité]«Serait-ce, pour renchérir sur Protagoras qui affirmait, dans son De la Vérité, que «l’homme est la mesure de toutes choses», que la femme serait devenue, à intérieur de l’espèce humaine, la mesure de l’homme, en imitant et en reproduisant le rapport que l’homme entretient avec la nature, et, si oui, au nom de quel principe de la justice, transcendante ou naturelle, l’une n’excluant pas a priori l’autre, devrait-on accepter un tel état ?» — Plérôme.
[psychosexualité]«Si l’on peut affirmer que, en général, l’homme passe par la phylogénie afin de réaliser l’ontogénie, l’on pourrait ajouter par contre que la femme passe par l’ontogénie afin de réaliser la phylogénie.» — Plérôme
[psychosexualité]«Selon leur expression idéale et absolue, les fins morales, se rapportant par conséquent à la réalisation du Bien sont équivalentes chez l’homme et la femme, lorsqu’elles sont particulières à leur nature réciproque et qu’elles emploient les moyens distinctifs afin de parvenir à l’accomplissement qui en témoigne: car, en raison du principe logique de l’identité, ce qu’est l’homme, étant pleinement homme, la femme n’est pas; et ce qu’est la femme, étant pleinement femme, l’homme n’est pas; cependant, au plan ontologique, ce principe doit aussi allouer pour la complémentarité des genres où, dans la plus parfaite des réciprocités, le non-être de l’un parachève l’être de l’autre et accomplit ce parachèvement en se fondant en lui, autant au plan physique que spirituel; su l’on n’entrevoit pas cela, il en résulte non seulement la réduction, autant de la nature de l’homme que celui la femme, à une nature identique et indistincte, une action qui rend justice ni à l’essence de l’un, ni à celle de l’autre, mais c’est aussi ignorer le profond mystère de la psychosexualité humaine, qui fait reposer leur perfection respective sur un accomplissement mutuel, et en même temps cautionner tacitement la mise en œuvre des moyens innombrables par lesquels peut s’instaurer et se perpétuer l’injustice entre les sexes.» — Plérôme.
[psychosexualité]«Si le salut de l’humanité repose avant tout sur l’intelligence de la femme et le courage de l’homme, cela n’est pas pour nier le courage dont peut ardemment témoigner celle-ci, ou l’intelligence que peut amplement démontrer celui-là, ni encore diminuer le rôle capital que prend la vertu dans l’épanouissement intégral, pleine et entier, de ces deux facultés primordiales.» — Plérôme.
[psycosexualité]«La morale est à la religion comme la loi est à la politique; le règlement est à la loi comme l’étiquette est à la morale; et il serait loisible de proposer qu’il est conforme à la loi naturelle que, dans le phénomène de leur manifestation et de leur spécification, l’aspect matériel de ces différentes disciplines convient plutôt à la femme, leur dimension pratique, sensible et spécifique favorisant plus aisément l’exercice de l’imagination, quant à leur convenance aux situations, aux événements et aux circonstances, comme leur aspect formel convient plutôt à l’homme, puisque leur dimension théorique, abstraite et générique, recruterait plutôt l’exercice de la raison afin de les concevoir adéquatement et d’abstraire de leur essence les principes, les raisons et les finalités de leur existence; mais que, dans le processus de leur réalisation, le rapport est inversé, leur aspect matériel convenant plutôt à l’homme et leur aspect formel à la femme, dans l’exercice de la raison, pour celui-là, afin d’en concevoir les possibilités aptes à être réalisées et d’en justifier à la fois la bonté et la désirabilité, et dans celui de l’imagination, pour celle-ci, afin d’inventer et de schématiser pour elles de nouvelles configurations et d’inspirer leur apparition dans le monde des phénomènes.» — Plérôme.
[raison]«Puisque, dans le processus, le sentiment se trouve sacrifié, l’indifférence devient souvent la première servie par un regard rationnel «pur», i.e. abstrait et uniquement transcendantal, sur tout ce qui concerne la présence-au-monde, ainsi que la présence-dans-le-monde, de l’être vivant en général et de l’être humain en particulier: d’où l’importance, pour ne pas dire la nécessité, d’inclure dans tout processus de réflexion et de compréhension.» — Plérôme.
[reconnaissance]«Il y aura toujours de ces esprits malins qui voudraient être primés et remporter la récompense, sans avoir couru la course, ni même s’être préparés à en relever l’épreuve.» — Plérôme.
[reconnaissance]«L’ingratitude se repaît volontiers des fruits et des bienfaits provenant de l’effort dépensé, de la peine prise et des risques courus par son semblable, afin de les procurer à l’ensemble social et à la culture qui le caractérise, mais sans jamais en identifier l’auteur, ni reconnaître quelles furent la dignité et le mérite de son action, ni même encore décerner l’honneur qui appartient légitimement à sa personne de s’être montrée à la hauteur des défis parfois énormes qui se sont présentés à elle, en faisant obstacle à ses projets, et de les avoir surmontés contre toute attente et contre toute espérance.» — Plérôme.
[reconnaissance]«Rien ne sert mieux son désir de gloire que de vanter ses propres réalisations et discréditer les exploits d’autrui, et peut-être même y ajouter en recourant au subterfuge, lorsque l’occasion se présente d’en réchapper sans trop de risque, qui produira l’appropriation illégitime de l’œuvre de son semblable, en même temps que l’honneur et le mérite qui accompagnent la valeur qu’il appartient à l’auteur véritable de recevoir aux yeux de l’ensemble qui a pris connaissance de l’originalité et de la qualité de sa matière et qui s’est laissé inspirer par elle.» — Plérôme.
[respect]«Tels sont ceux qui exigent le respect de leurs semblables, qui répugnent à en témoigner réellement et sincèrement à leur endroit.» — Plérôme.
[responsabilité]«Tel est le galant qui tue la poule aux œufs d’or et qui ensuite s’étonne qu’elle ne ponde plus pour lui; telle est la demoiselle qui met en bocal la grenouille merveilleuse et la cache au fond de son jardin et qui ensuite se plaint de ne pas voir apparaître le Prince Charmant de ses rêves.» — Plérôme.
[sacrifice]«Tel est celui dont l’engagement se fait sentir au plan de l’ensemble et dont l’existence est orientée uniquement à réaliser, avec la grâce de Dieu, le bienfait de ses congénères et de ses concitoyens, en se montrant prêt à aller jusqu’au sacrifice, en total ou en partie, de son propre bien-être, afin d’achever cette fin; tels sont ceux dont l’unique préoccupation réside en leur individualité et consiste à procurer à leur existence une qualité qui répond d’abord et avant tout aux exigences du principe de la satiété et de la jouissance sensuelles et correspond à une conception radicalement et essentiellement hédoniste de la vie.» — Plérôme.
[sacrifice]«Tel est celui qui, hier, décriait le changement proposé, en s’opposant méthodiquement à toutes ses exigences, en raison du poids de la charge qui serait requise de lui, et qui aujourd’hui en veut imposer à son semblable un changement qui exige de sa part un sacrifice mil fois plus onéreux et coûteux.» — Plérôme.
[sagesse]«La sagesse de la personne extravertie lui apprend à parler quand il le faut et à ne pas parler quand il ne le faut pas; celle de la personne introvertie lui inspire de se taire quant il le faut et à ne pas se taire quand il ne le faut pas». — Plérôme.
[scandale]«Dans la lutte qui oppose les puissances des Ténèbres et celles de la Lumière, le scandale, c’est-à-dire le déshonneur de la vertu et l’affront qui est porté à l’âme qui l’essuie, est la première et la plus fondamentale de toutes les tactiques utilisées, voire qu’elle fût aussi la plus vile et la plus abjecte parmi celles-ci, en produisant la chute qui l’avilit, la diminue et la dévalorise.» — Plérôme.
[scandale]«Le coup est classique: il s’agit de reprocher injustement à la victime innocente, c’est-à-dire en la personne en qui ne réside aucune disposition spontanée à se montrer délictueuse, parfois même en l’occasionnant et en suscitant les causes qui l’entraînent, la faute par laquelle on s’accorde le prétexte de se sentir légitimé ensuite à lui faire subir l’injure des conséquences adverses qui en découlent, pour encore mieux l’accabler de ses reproches et de ses remontrances et, de surcroît, impunément.» — Plérôme.
[science]«La science traite de l’être de ce qui est, de la causalité des lois qui gouvernent leur réalité, de la raison d’être de leur efficience et des finalités en vertu desquelles elles s’expriment; la fiction, de ce qui aurait pu avoir été, tel que l’imagination se le représente dans sa possibilité, mais ne fut pas, tel que l’expérience immédiate permet de l’apercevoir et de le concevoir; et la science-fiction, de ce qui pourrait être un jour, si les principes de la science, tels que nous les connaissons actuellement, se réalisaient dans une direction et pour un objet que détermine l’imagination, en vertu des lois physiques qui sont inhérentes à celui-ci et des lois métaphysiques, qui sont propres à celle-là.» — Plérôme.
[science]«Toute science, sans exception, est une réflexion a posteriori sur la nature et sur le phénomène qui en révèle l’existence: si donc elle requiert une actualité, en raison des principes de de l’immédiateté et de la persistance de l’objet susceptible de recevoir une connaissance, elle suppose en même temps une histoire, en raison des principes de l’origine, de la génération et de la corruption, à laquelle elle ne saurait se soustraire, puisque l’inscription de l’objet scientifique dans le temps en suppose, non pas l’éternité et la permanence absolue, mais le fait pour lui d’apparaître, de croître et de disparaître sur une durée relativement constante, d’une classe d’objets à l’autre.» — Plérôme.
[sensualité]«La plus triste méprise est celle qui confond l’amour et la sexualité: car si l’amour sait adéquatement et délicieusement exprimer la nature et la qualité de son état en vivant intégralement celle-ci, comme en témoigneront les nombreux couples amoureux, lorsqu’ils sont sincèrement et entièrement épris l’un de l’autre, la situation inverse, où l’activité sexuelle deviendrait l’expression idoine, sincère et véritable de l’amour, n’est hélas ! et regrettablement pas toujours vraie.» — Plérôme.
[sentiment]«Lorsque l’on tue sciemment le sentiment, que ce soit symboliquement, en censurant intégralement son expression, ou que ce soit réellement, en réprouvant socialement les personnes qui oseraient l’illustrer, le motif est le plus souvent de faire valoir l’intérêt qui se trouverait compromis ou autrement contesté, s’il recevait une sanction bienveillante dans l’opinion générale et dans l’esprit des autorités.» — Plérôme.
[société]«Devant un état de corruption sociale généralisée, le défi qui consiste à départager équitablement les responsabilités et à attribuer adéquatement aux premiers responsables le discrédit qui leur revient, d’avoir occasionné les effets délétères qui en résultent pour l’ensemble et victimisé injustement la population, en poursuivant des opérations excessives qui ont nécessité l’imposition constante d’exactions iniques et outrancières, serait aussi compliqué, voire insurmontable, que celui pour un biologiste de connaître, à l’intérieur d’une colonie de fourmis guerrières, dans quelle mesure chacune d’entre elles aurait participé au dépeçage d’une proie et d’identifier celle, parmi toutes celles-ci, qui a délivré le coup de grâce fatal.» — Plérôme.
[société]«Le grand défi du XXIième siècle sera pour les hommes de transformer la culture universelle de l’humanité et de la faire passer de l’économie de la mort, illustrée par les conflits innombrables qui ont parsemé quasi-continuellement l’histoire du siècle précédent, menant aux nombreuses fatalités qui en furent le produit, à une écologie de la vie, visant à l’épanouissement et au bonheur de chaque être humain, réalisés au moyen d’une action et d’une dynamique collectives qui sont appropriées à ce but, qu’étayera une économie équitable, visant dans la justice le bien-être de l’ensemble et qu’assumeront parfaitement tous les agents moraux qui consentiront à sa valeur et accepteront de relever ce défi, en participant entièrement à ce qu’il s’accomplisse.» — Plérôme.
[société]«Les périodes de bouleversements sociaux et de grands changements politiques nous enseignent que, sauf à consentir à se voir réduite à l’anomie et à la dissolution progressives, l’âme sociale de la collectivité éprouve le besoin organique, lorsqu’elle se trouve coupée de la source morale de sa vitalité et de son identité par le concours des circonstances et des événements, autant en raison de dérives culturelles intérieures que de heurts et de provocations historiques, issus hors de ses frontières, d’être sermonnée et haranguée, ou autrement secouée et entreprise, que ce soit par ses chefs religieux ou par ses dirigeants politiques, et parfois par les deux à la fois.» — Plérôme.
[spiritualité]«En niant qu’Ormuzd soit, on évacue du même coup la question de l’existence d’Ahriman.» — Plérôme.
[spiritualité]«Transcendons l’universel»: telle pourrait être un apophthègme qui serve de contribution à la multitude des slogans qui furent proposés à la conscience de la population Française, à l’occasion des révoltes de Mai ‘68, de la part d’un témoin à distance, malgré qu’il n’ait pas connu directement ces événements. — Plérôme.
[symbolisme]«Qu’un être, un objet, une représentation, une œuvre ou une personne, puisse être constitué en symbole de ce qui n’est pas, cette action devient ou bien un mensonge, ou bien une illusion, ou bien une duperie, ou bien une supercherie; qu’il fût le signe de ce qui pourrait être, en tant qu’il serait éminemment désirable, il devient alors un idéal.» — Plérôme.
[théâtre]«Le comique est celui qui désire installer la lévité, là où règne la trop grande gravité, tout en portant à réfléchir sur le sérieux que peut porter la conduite qui définit son action.» — Plérôme.
[théologie]«Avec la thèse de la mort de Dieu, que ses disciples et ses adeptes ont par la suite érigée en dogme incontestable, l’humanisme radical de Nietzsche a remis et relégué entre les mains de l’Homme tous les pouvoirs qu’il reviendrait à la Divinité de pouvoir revendiquer, malgré que celui-ci n’ait ni la nature, ni l’envergure, ni la sagesse de les assumer pleinement et complètement, sans pour autant nier avec cela l’énorme puissance indéniable de son intellect et de son esprit: d’où en a résulté la nécessité philosophique et généalogique de faire surgir l’idée de l’Übermensch qui, dans son essence intellectuelle, représente un analogue du Dieu de Feuerbach, un Être suprême qui est, en réalité, la projection et l’amplification superlatives, dans l’infini transcendantal de l’imaginaire de l’esprit humain, des qualités éminentes qui appartiennent à la nature de l’Homme. » — Plérôme.
[théologie]«Dieu fait les couples du haut du céleste empyrée; l’homme se plaît et se complaît à les défaire, en témoignant ainsi de la regrettable médiocrité qui s’attache à sa vision horizontale.» — Plérôme.
[tyrannie]«À l’intérieur de l’État tyrannique pur, arbitrairement défini en fonction d’un pouvoir dénué de toute légitimité transcendante et morale, la raison d’État devient la justification de tous les crimes et de toutes les iniquités, sans qu’ils ne conservent à ses yeux cette qualité troublante pour la conscience honnête, intègre et morale.» — Plérôme.
[tyrannie]«La tyrannie consiste pour certains à faire subir, au particulier comme à l’ensemble, la vertu moindre d’un individu, d’une idéologie ou d’un système, ainsi que les valeurs, les choix et les actions qui en émanent, à ceux qui témoignent d’une vertu supérieure, ou qui seraient disposés à l’acquérir, et qui agissent en réalisant cette supériorité.» — Plérôme.
[tyrannie]«Un peuple qui est né de la tyrannie et par la tyrannie, de la terreur et par la terreur, peut-il en conscience enseigner aux autres peuples ce qu’est la liberté: au mieux peut-il révéler quelles sont la nature spécifique et la forme particulière de la liberté que son histoire troublée lui a permis d’acquérir et de vivre ?» — Plérôme.
[vérité]«Au royaume du mensonge, la vérité est subversive.» — Plérôme.
[vérité]«Celui qui ne désire pas connaître la vérité, prendra garde de se tenir éloigné du terrain idéel qui risque de la lui faire connaître; et celui qui veut empêcher qu’elle ne soit aperçue s’efforcera de tenir éloignés de ce terrain ceux qu’il ne jugera pas dignes de la recevoir et de l’entendre.» — Plérôme.
[vérité]«D’un point de vue métaphysique, il n’existe, en principe, qu’une seule vérité dont s’ensuit l’univers des genres et des espèces de la réalité: tout ce qui s’en démarque, sans la représenter adéquatement et complètement, devient possibilité, présomption, hypothèse, fiction, construction de l’esprit, probabilité non-avérée, rêve, illusion, négation, fausseté, mensonge, explication incomplète ou demi-réalité; le problème épistémologique consiste alors à distinguer et à départager celle-là de toutes les formes qui s’en approchent et la confirment, en participant à un degré plus ou moins élevé à son essence.» — Plérôme.
[vérité]«La vérité, rien que la vérité, toute la vérité ... un idéal épistémologique et juridique que le sujet moral reconnaît volontiers, en le poursuivant à l’intérieur des occasions et des situations qui en éprouvent la possibilité effective, pourvu cependant que son action ne vienne pas trop ébranler et bouleverser, même dans le sens d’une justice plus adéquate, les consciences, les sentiments, les habitudes et les configurations concrètes de la réalité quotidienne.» — Plérôme.
[vérité]«La vérité est le phare essentiel et nécessaire de la philosophie: là où elle fait défaut, la philosophie n’est plus qu’une fiction conceptuelle, savamment élaborée et construite, un exercice brillant de la faculté imaginative, dont la plausibilité étonne par la puissance qu’elle démontre de rallier les consciences même les plus éprouvées et aguerries, engagées sur le terrain précaire du discernement et de la justesse, mais une illusion néanmoins d’autant plus problématique et illusoire qu’elle distrait de la véritable quête métaphysique et épistémologique de la connaissance de l’essentiel et de la recherche du substantiel et qu’elle ne devient plus qu’une mesure dilatoire à l’accomplissement tant espéré de cette finalité intellectuelle et spirituelle.» — Plérôme.
[vérité]«La vérité est d’autant difficile à entendre et à admettre, qu’elle se heurte à une réalité, autant intérieure que sociale, qui en nie l’essence en total ou en partie ainsi que les conséquences qui en découleraient, pour l’individu comme pour l’ensemble, au plan concret et moral de l’activité humaine.» — Plérôme.
[vérité]«Le mensonge, le détournement du sens et la déformation de l’intention sont à la vérité ce que le vol, l’utilisation abusive et le vandalisme sont à la propriété.» — Plérôme.
[vérité]«On pourrait dire que la vérité, dans le sens plénier du terme, est la pierre d’achoppement de la philosophie, puisqu’elle est un idéal que l’intelligence cherche toujours à atteindre et que l’action morale aspire toujours à accomplir, sans possibilité de ne jamais en saisir et en réaliser la plénitude, tellement elle son essence est sublime dans l’infinité de sa pureté et la limpidité de sa simplicité.» — Plérôme.
[vérité]«On ne saurait exprimer la vérité que l’on ne connaît pas; comme on ne saurait reconnaître, dans le propos exprimé, la vérité que l’on ne sait pas.» — Plérôme.
[vérité]«Plus la vérité prononcée est absolue, plus elle prétend à être unique, universelle, transcendante, complète et indéniable et plus elle commande le ralliement des consciences autour de l’une de trois attitudes épistémologiques, susceptibles de naître en elle, face à ses principes et à ses termes: soit l’assentiment complet et l’acceptation intégrale de son propos ainsi que des significations qu’il comporte; soit l’opposition catégorique et radicale de leur réfutation et de leur négation totale; soit enfin l’incertitude et l’hésitation qui ne savent si elle doit pencher en faveur ou à l’encontre de la doctrine qu’elle énonce, sous certains, sous plusieurs ou sous l’ensemble de ses chefs, sur une question problématique et qui soit d’intérêt général, sans qu’aucune parade ni adhésion effectives ne semblent possibles.» — Plérôme.
[vérité]«Tels sont ceux qui s’imaginent qu’il s’agit simplement d’énoncer une idée ou un principe pour que, en se fondant sur leur autorité personnelle, les notions qui découlent de leur propos acquièrent ipso facto, comme par magie, le statut d’une vérité incontestable, sans que ne soient requises aucune autre attestation ou vérification ultérieure, et sans que n’existe ni la possibilité qu’aucune conscience sincère en éprouve le sentiment de sa justesse et qu’un critère indépendant et objectif puisse en confirmer la validité.» — Plérôme.
[vérité]«Tels sont ceux qui refusent la vérité, justement aperçue et clairement énoncée par les grands esprits de l’histoire, pour encore mieux imposer à leurs semblables la perception, ancrée dans leur propre esprit, des théories qui n’en sont en réalité que l’ombre, l’imitation, l’esquisse et le mirage.» — Plérôme.
[vertu]«Si l’homme est libre, comment peut-il être pécheur; si l’homme est pécheur, comment peut-il être libre ?» — Plérôme.
[vie]«La vie consiste en la réalisation de la néguentropie physique et, pour cela, elle se fonde sur l’autonomie de la conscience, la qualité du sentiment, la liberté des choix, la puissance de la volonté et le concours des circonstances.» — Plérôme.
[violence]«Du point de vue de l’Être, la négation de l’essence intime qui est propre à la bonté de son existence constitue la première violence.» — Plérôme.
[violence]«L’abus rend l’enfant sauvage.» — Plérôme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire