lundi 31 mars 2014

Euthúmèma XII (réflexions) — Révision du 13 décembre 2021


[Depuis le 31 mars 2014, avec mises à jour périodiques. — Since March 31st 2014, with periodical updates.]

[amitié]«L’amitié sincère et véritable, que caractérisent le désintéressement et le dévouement mutuels en vue du plus grand bien de l’ami, est le seul gage réel d’une société harmonieuse et civilisée, mais hélas !, elle est souvent la dernière valeur qui est défendue à l’intérieur d’une civilisation où priment celles de la concurrence acerbe et de la défense jalouse de l’intérêt propre en raison de favoriser le plus grand avantage qui soit susceptible d’être récolté pour soi, en poursuivant avec résolution cette avenue.» — Plérôme.

[amitié]«Tels sont ceux qui vantent les mérites de l’amitié et qui se montrent toujours prêts à récolter les bénéfices qui en sont issus, lorsqu’ils deviennent les sujets privilégiés de son expression, sans qu’ils ne soient pourtant disposés à verser eux-mêmes le prix de son illustration et d’en témoigner ouvertement, avec l’éloquence de l’action, la sincérité du mobile, la conviction du mérite et la constance devant les obstacles qui pourraient empêcher sa réalisation.» — Plérôme.

[amour]«La souffrance éprouvée dans l’amour n’est pas la manifestation d’une condition qui est normale à l’expérience que la conscience en fait, comme trop souvent le sujet moral est porté à le conclure, lorsqu’il éprouve le malheur en amour, mais plutôt un état qui se surajoute à son sentiment et qui signifie l’interruption conséquente de la possibilité de le vivre pleinement et profondément, dans la mutualité sincère et réelle de son expression, soit qu’il en aille d’un empêchement extérieur prédominant, contrevenant à son effet vivifiant et enthousiasmant, soit qu’il résulte de la distraction de l’un des amants, attiré vers d’autres horizons apparemment plus gratifiants, ce qui aura pour effet de nier, arbitrairement et de façon inattendue, à la fois la mutualité et l’expectative qui sont entretenues à son égard.» — Plérôme.

[amour]«Le nouveau-né est certes porteur de possibilités nouvelles et d’espérances renouvelées en un avenir meilleur, pourvu que la génération qui le fait naître puisse en réaliser les promesses, telle qu’elle les imaginons et qu’elle travaille à leur accorder une configuration effective; mais il devient surtout le gage de cet avenir, en autant qu’il consentira, étant arrivé à un stade de maturité suffisant, à affirmer et à perpétuer les valeurs élevées et vraies qui ont inspiré toutes les générations antérieures, en continuant et en perfectionnant leurs virtualités — lesquelles valeurs, dont il actualise les formes et les apporte au point culminant de leur perfection, lui ont donné la vie et le préservent dans son intégralité —; ce faisant, il se rappellera qu’une société se constitue à partir de personnes qui connaissent des parcours existentiels semblables, lorsqu’ils participent activement à la culture générale de la société qui est la leur, et que c’est seulement en reconnaissant la dignité et l’essence propres à ses semblables que chacun est susceptible d’être reconnu soi-même, dans ce qui constitue la valeur propre de son individualité spécifique, et que seul l’amour peut être un mobile suffisant à réaliser un tel projet d’envergure, puisqu’il est l’assurance pour tous de la réalisation de chacun.» — Plérôme.

[amour]«Lorsque l’amour devient le seul critère de la qualité et de la valeur de l’action, comme le laisse entendre l’adage «Aime et fais ce que veux», attribué à saint Augustin, — car la personne morale saurait-elle, en aimant sincèrement et réellement, porter sciemment préjudice à l’objet de son amour ? — celle-ci doit néanmoins se rappeler qu’elle peut toujours se trouver en présence de ceux pour qui l’amour n’est pas l’unique idée-valeur, ou encore la plus importante de celles-ci, alors que son désir personnel et son effort individuel, dont l’effet est d’augmenter une inégalité morale, visent constamment à toujours réaliser la plénitude de l’amour, un état qui crée un écart entre les investissements émotionnels qui, lorsqu’il persiste, peut produire l’exinanition chez le sujet moral ainsi éprouvé.» — Plérôme.

[amour]«Sans pour autant chercher à imposer de limite à l’amour, comme à la compréhension idéelle et réelle que la conscience peut éprouver afin de toucher la réalité et à la vérité de ce sentiment, la première anarchie est celle qui le détruit actuellement, c’est-à-dire celle qui s’interpose consciemment et sciemment, de manière arbitraire et péremptoire, entre l’amour ordonné par une Providence omnisciente et clairvoyante et la possibilité qu’en fassent l’expérience, les personnes qui sont destinées à le vivre dans toute sa profondeur et son extension, ou qui encore le vivent effectivement et réellement l’une pour l’autre, dans l’intimité de leur sentiment et de leur entendement ainsi que dans l’extériorisation de leurs actions quotidiennes.» — Plérôme.

[amour]««Se sentir comblé», telle semblerait être l’expression la meilleure qui puisse rendre adéquatement l’état de plénitude d’un amour qui est parfaitement et réellement actualisé: et combien merveilleux serait cet état, lorsque les deux amants peuvent affirmer, en toute sincérité et en toute spontanéité, qu’ils éprouvent tous les deux, dans la mutualité du sentiment qui les anime, le comble de la joie et du bonheur qu’ils éprouvent, lorsqu’ils sont en présence l’un de l’autre.» — Plérôme.

[bien]«Hélas! l’expression «tuer le serpent dans l’œuf» veut aussi dire parfois, pour certains individus, empêcher le bien, dans le sens le plus élevé du terme, de se réaliser et ainsi de manifester la totalité de ses bienfaits, lorsque leur intérêt, immédiat ou futur, se trouve compromis par les fins qui sont servis par lui.» — Plérôme.

[communication]«Ceux à qui échappent les bienfaits de la communication véritable, significative, révélatrice et profonde, pourraient éventuellement raisonner ainsi, afin de justifier cet état des choses: lorsque les circonstances vont bien, il n’existe aucune nécessité ni aucune raison de communiquer, puisque leur âme est de toute façon rassérénée par la sécurité d’une situation positive et bienfaisante et transportée par le bonheur qui en résulte; lorsque celles-ci vont mal, il n’existe aucune issue à la communication, puisque la situation qui les préoccupe semble obéir aux déterminations imposées par ses propres impératifs et ses propres dynamiques, lesquels règlent inéluctablement le sort éprouvé; lorsque les circonstances empirent, ou qu’au contraire elles s’améliorent, aucune utilité n’est entrevue à la communication, puisque la tendance qui s’annonce semble obéir à un mouvement qui, s’il peut se fonder sur des actions qui sont associées et conjuguées en vue, tantôt de leur régression vers un état désordonné, tantôt de leur progression et de leur amélioration, semble néanmoins posséder des raisons et des finalités, imperméables à tout effort qui tenterait d’en infléchir ou autrement affecter le cours — c’est que la communication, comme la prière d’ailleurs, comportent un efficace qui, dans leur subtilité et leur finesse, doivent être éprouvées pour s’inscrire à l’intérieur de la subjectivité de l’expérience effective et consciente et elles nécessitent, de la part du sujet moral, la démonstration d’une patience pour qu’il en aperçoive la manifestation et la réalisation.» — Plérôme.

[communication]«Toute signification renvoie à une intentionnalité qui préside, tantôt à l’instauration de la chose signifiée — c’est-à-dire à ce qu’elle représente à l’esprit de l’agent qui en effectue l’instauration —; tantôt au désir que la conscience peut entretenir relativement à cette chose — en tant qu’elle comporte éventuellement une valeur existentielle pour le sujet en qui ce désir est suscité —; tantôt au pouvoir évocateur de cette chose — en tant qu’elle porte en elle la puissance de ramener à la conscience un souvenir oublié ou, par sa forme, d’éveiller un souvenir qui lui est semblable et auquel elle renvoie par analogie; et peut-être aussi, d’un point de vue compréhensif, à toutes ces trois choses en même temps, en raison de la complexité de l’expérience et de la capacité extraordinaire de la mémoire à retenir et à conserver en elle la représentation de toutes les expériences éprouvées.» — Plérôme.

[culture]«Le penseur pourrait éventuellement considérer qu’une culture est entrée dans une phase décadente lorsque la recherche du fait prend le pas sur la découverte de la vérité, lorsque l’accomplissement routinière de l’action moralement indifférente, mise au service du le cumul des biens et des valeurs matérielles, la situent au plan de l’amoralité et suppléent à la valorisation et à la poursuite du bien, et lorsque la production uniforme et sans distinction de l’objet utile se substitue à la création esthétique de l’œuvre unique, inspirante, édifiante et manifestement belle.» — Plérôme.

[culture]«Le défi des sociétés post-révolutionnaires occidentales, y comprises celles qui n’ont pas elles-mêmes succombé à des transformations politiques aussi radicales, tout en subissant leur influence et en adaptant leurs structures et leurs normes à leur avènement, c’est de parvenir à effectuer l’alliage harmonieux des valeurs traditionnelles sur lesquelles se fonde la culture qui les définit, ainsi que sa conservation et sa propagation au cours des prochains siècles, et des idées nouvelles qui sont susceptibles de la transformer, des idées que la mobilité accélérée des populations, rendue possible par la progression fulgurante des technologies de l’information, de la communication et des transports, exige et rend nécessaire, à la fois que la société les accrédite, ainsi que les agents de leur propagation, et qu’elle en reconnaissance la valeur profonde et éminente.» — Plérôme.

[destin]«Le sujet moral ne peut rien altérer au fait que les choses sont ce qu’elles sont, au moment précis où elles sont devenues telles qu’elles sont, qu’il ait ou non participé, le cas échéant et lorsque possible, à la réalisation la meilleure qui ait pu résulter de cette occasion, mais il peut toutefois s’interroger, tantôt sur le pourquoi de l’état de fait qu’il est en mesure de constater et des raisons qui ont amené à son actualisation, de manière à mieux comprendre s’il aurait pu se présenter autrement, afin éventuellement de contribuer à son amélioration, lorsqu’une possibilité existe en ce sens, et tantôt en vue de quelle fin il s’est manifesté, pour soit désirer participer à son achèvement, s’il exprime l’aspiration au bien qui se manifeste éventuellement par lui, soit au contraire refuser de lui accorder un appui moral et la coopération subséquente, nécessaire à son maintien, lorsque aucun bienfait ne semble pouvoir en être issu ou éventuellement procéder de lui.» — Plérôme.

[destin]«Le destin peut se concevoir comme étant l’actualisation du cours des choses, tantôt conformément à l’effort constant et soutenu, et tantôt en dépit de ce travail, suscité par l’individu et par l’ensemble social, en vue de réaliser au mieux ce qu’ils conçoivent comme étant le bien, dans sens le plus élevé du terme, et ainsi de se rapprocher de la perfection qui en signalerait la réalisation: car peut-on entrevoir une autre fin à l’action morale d’un individu ou d’une société que le bien qui puisse en résulter, pour celle-ci et les particuliers qui la composent, voire que la conception que la culture en formule fût plus ou moins complète ou profonde ?» — Plérôme.

[Dieu]«Dieu laisse tout à espérer, mais il confie à l’homme la découverte et la mise en œuvre de ces moyens (y compris ceux qui se fondent sur l’inaction) qui serviront (grâce à Lui, en raison de la possibilité que possède naturellement l’homme d’exercer sa liberté) à réaliser ce qui serait, pour lui, le meilleur bien possible qui puisse se concevoir ainsi que le devoir d’assumer la responsabilité des conséquences procédant des effets qui découleront éventuellement de cette action, tout en se réservant à Lui-même la possibilité d’intervenir personnellement afin de rectifier d’autorité le cours qui va à l’encontre de Sa volonté de bonté, de justice et d’amour sur la Création.» — Plérôme.

[droit]«La coutume originelle, par la principe de l’ordre et de l’harmonie qui en fonde et en inspire l’apparition, et dont l’expression se résout dans l’émanation naturelle et spontanée de la vie, est d’une sagesse infinie et indépassable: or, c’est en la découverte de ce principe, dont la nature et plus spécifiquement l’humanité ont manifestement dérogé, que consiste le droit, lorsque son effort consiste à apporter cet ordre et cette harmonie sur terre — une action qui, en réalité, n’en est que la restauration —, puisque la vie, ainsi que l’harmonie et l’équilibre qui sont au cœur de sa manifestation, sont antérieurs à toute incidence et toute intention qui auraient l’heur de la supprimer ou, autrement, d’en empêcher l’expression, une vérité que nous rappelle la nostalgie de la plénitude d’un bonheur, qui est perpétuellement recherché par la conscience humaine.» — Plérôme.

[duplicité]«La théorie politique affirme qu’il existe un crime dont l’accomplissement, lorsqu’il résulte en la mise en échec de la partie visée, assure l’impunité et, en même temps, la récompense de l’action de la partie victorieuse, à savoir la trahison: le penseur astucieux pourrait éventuellement proposer qu’il en existe un autre, cependant, qui consiste en l’accomplissement d’actes répréhensibles à l’intérieur d’un régime criminel, défini comme étant celui qui utilise, afin d’acquérir le pouvoir et d’en conserver l’exercice, des actions qui ne sanctionne ou cautionne aucune conception juridique du droit, universellement reconnue et attestée, voire même qu’elles la contrediraient et la nieraient; car la criminalité qui se manifeste alors exemplifie une délinquance qui se généralise à l’état politique et exprime les desseins illégitimes de l’ensemble politique qui bâtit son identité et sa réalité sur ses fondements, sans qu’elle ne cherche à se contester elle-même ni même à devenir légitime, en reconnaissant et en s’imputant à elle-même le vice qui caractérise son fonctionnement.» — Plérôme.

[économie]«Le cercle vicieux de l’inemploi: sans expérience, l’on ne peut espérer obtenir et exercer un emploi qui requiert une aptitude particulière et éprouvée afin de répondre avec compétence aux complexités de la tâche qu’il implique; mais sans emploi, l’on ne saurait acquérir l’expérience requise afin de décrocher un travail qui requiert cette expertise: seule la «bonne occasion» — celle qui mise avant tout sur le talent prometteur en lui offrant la possibilité de s’illustrer et de se développer — permet de rompre ce cercle, en inscrivant l’aspirant dans la voie du travail qui n’est pas seulement économique, mais comporte une valeur sociale indéniable, puisqu’il contribue d’une manière positive à l’accomplissement moral et culturel de la société, en plus d’apporter son enrichissement matériel et financier.» — Plérôme.

[économie]«Peut-être serait-il utile d’envisager l’économie privée, y inclus les incitatifs et les encouragements à l’accumulation des biens et des richesses qu’elle incline à faire, comme étant une finalité commune et généralisée que la société propose aux particuliers de réaliser, en l’absence et en dehors de la découverte d’un dessein particulier, concernant leur propre personne et leur propre situation dans le monde, que ceux-ci pourraient aspirer à accomplir: car cette perspective pourrait certes expliquer l’importance que de nombreux accordent à la fortune personnelle et l’importance qu’ils attribuent à son opulence et à son ostentation, en dehors de toute signification intrinsèque, susceptible d’être conférée à la personne et à sa présence dans le monde, et de la valeur qui est inhérente à son individualité et qui émane de son histoire particulière, des réalisations morales qu’elle a accomplies et des contributions qu’elle a apportées à la société et à l’humanité, lorsque celles-ci se situent dans un champ autre que celui de l’économique et du financier.» — Plérôme.

[égalité]«L’aboutissement ultime de l’égalitarisme radical, c’est l’abolition de toute différence essentielle à l’intérieur de la réalité sociale: cette action mène par conséquent à l’indifférentisme le plus complet, par lequel aucune distinction réelle n’existe entre les contraires transcendants — les idées-valeurs du bien et du mal, du beau et du laid, du vrai et du faux — et ultérieurement entre les énergies néguentropiques de la vie qui se déploie, en puisant à ces idées-valeurs afin de s’accorder un sens, et les forces entropiques de la mort qui se manifestent et qui ne sont nulle autre chose qu’un refus ou incapacité à se laisser effectivement motiver par elles.» — Plérôme.

[épistémologie]«En deçà de savoir réaliser une appréhension complète et intégrale de la vérité — est-il quelqu’un qui puisse honnêtement prétendre fournir un tel aperçu exhaustif et profond sur la réalité ? —, la théorie constitue une illusion, habilement tissées certes, qui se dresse en face d’autres illusions, toutes aussi adroitement composées, s’opposant à elles parfois, les confirmant ou les complétant d’autres fois, mais par quelques aspects seulement, sauf à sacrifier de son originalité caractéristique et de sa particularité individuelle: elle constitue ainsi une aperception adéquate et parfois inédite de la vérité qu’elle tente de définir, une perspective sur laquelle éventuellement édifier une conception globale qui contribue réellement à une compréhension adéquate du monde auquel appartient l’esprit incarné de l’Homme, mais qui se montre néanmoins insuffisante à fournir ce qui en serait une raison définitive, indépassable, puisqu’elle a épuisé le sujet de son exploration.» — Plérôme.

[épistémologie]«Il y a certes là l’évidence d’une incongruité, qui consiste à utiliser la forme que prend la vérité contre la vérité elle-même, lorsque l’intelligence rejette, au nom d’une vérité historique qu’elle estime être indémontrable — et cela souvent sans allouer pour les progrès de l’herméneutique mythologique et de l’heuristique archéologique —, la vérité métaphysique, psychologique et morale, à la fois élevée et profonde, que le récit des idées et les péripéties de leur déroulement, constitutifs d’une mythologie, sont susceptibles de lui enseigner, en vertu des intuitions qu’il lui permet de formuler et des conclusions auxquelles il lui permet de parvenir .» — Plérôme.

[épistémologie]«L’affirmation «tout a un sens» ne laisse pas entendre que la contradiction, comme la trivialité et l’absurdité, cessent d’exister, dans la pensée comme dans le discours, mais bien que tout se laisse ramener à une intention déterminante, initiale et originelle, qui effectue l’instauration d’une conjoncture et d’une situation spécifiques et que, ayant identifié quelle est leur nature respective, l’intelligence est mieux en mesure de reconnaître quels sont le dessein et la finalité imposés à l’évolution du cours qu’elles empruntent et la réalisation des fins que révèle leur résolution ultime; ainsi, plutôt que voir en la contradiction, la trivialité et l’absurdité des réfutations de l’existence possible d’un champ de significations sensées, susceptibles d’être explorées et analysées, pour être éventuellement reliées à un sens apical ultime, l’intelligence  pourrait considérer ces états du discours et de l’expérience comme étant, en puissance, eux-mêmes révélateurs d’un sens, lorsqu’ils émanent d’une intelligence susceptible de produire et d’illustrer une intentionnalité, gouvernant la formation des instances qui portent la conscience à induire spontanément leur actualité dans l’expérience.» — Plérôme.

[épistémologie]«La question du rapport qui existe entre l’être de raison et celui de la chose réelle, ainsi que celle du passage de l’un vers l’autre, alors que l’être de raison est la représentation fidèle de la chose réelle, ou au contraire celle de leur indépendance éventuelle, alors que l’être de raison existe uniquement dans la conscience, sans contrepartie objective à l’intérieur de l’univers des choses réelles, est peut-être le problème de la civilisation et de l’existence humaine le plus fondamental et le plus significatif, puisqu’elle permet de distinguer, dans la pensée, ce qui relève d’une expérience uniquement subjective et, dans le souvenir, ce qui renvoie à une expérience susceptible d’être partagée, en tant que relevant d’un rapport objectif à la réalité.» — Plérôme.

[épistémologie]«Soit que la philosophie affirme la vérité qu’elle découvre, transmet et illustre, soit qu’elle la nie, la déforme, la trafique et la subvertisse: or, la forme à la fois la plus efficace et la plus insidieuse de cette seconde action, c’est prétendre que les principes et les thèses qui sont proposées à l’intelligence sont la représentation fidèle et complète de la vérité; comme la manière la plus adroite de manifester la sincérité, lorsque l’esprit effectue la présentation de la vérité supposée, c’est de créer et d’entretenir, pour soi comme pour autrui, l’illusion que le propos tenu est vrai, tout en soupçonnant qu’il est faux, lorsqu’il existe en l’interlocuteur un désir réel de franchise, ou peut-être même en le sachant tel, comme lorsqu’il s’agit d’ourdir et de répandre un mensonge sciemment planifié. § Mais, afin de trancher entre la vérité qui se sait et celle qui seulement prétend se savoir, l’intelligence doit pouvoir connaître quelle est effectivement la vérité, autant dans son contenu que dans la forme de sa présentation: ainsi apparaît-il que la connaissance de la vérité serait éventuellement l’activité et la discipline les plus essentielles de la philosophie, autant en ce qui concerne son aspiration à élever l’esprit de son praticien au niveau de la conscience, le plus élevé, le plus compréhensif et le plus profond qu’il lui soit possible d’atteindre, que dans le désir bien légitime qu’elle témoigne d’éviter de tomber dans les séductions de la fausseté, lesquelles accompagnent très souvent les conditions particulières, naturelles ou sociales, qui mettent en jeu la préservation de l’existence, comme le rappelle le dicton: «Toute vérité n’est pas bonne à dire» et qui pourrait facilement se transformer et devenir l’adage pragmatique: « Mentir tant que l’on veut, pourvu que ce soit utile».» — Plérôme.

[épistémologie]«Un dogme est positif, en raison de la vérité qu’il révèle, mais il se révèle négatif par celle qu’il néglige de considérer, qu’il occulte, trafique, altère, diminue, réduit, fige, isole de son contexte ou autrement défigure, lorsqu’il tente d’énoncer et de fonder une position épistémologique qui soit à la fois sûre, indéniable, incontournable et inattaquable.» — Plérôme.

[existence]«Mieux vaut sacrifier l’immédiateté du désir et l’instantanéité de sa réalisation aux impératifs d’une vie heureuse, saine et épanouie, que d’immoler ceux-ci sur l’autel des convoitises de l’existence.» — Plérôme.

[expérience]«Il est normal qu’un être humain ait la possibilité de se laisser duper: car n’est-il pas vrai — et vérifiable par tout amateur sérieux de la pêche —, que, la vie ayant débuté dans les océans, les phyla ultérieurs portent en eux, à des degrés plus ou moins prononcés, les dispositions d’une époque antérieure où les espèces étaient parvenues à un stade de la réalisation archaïque, en particulier celles qui appartiennent à la conscience sans discernement, possédant un attrait sans défiance pour la nouveauté, des penchants qui sont susceptibles, avec les risques importants qui naissent dans l’environnement et qui pourraient compromettre leur intégrité physique, de se transformer ultérieurement en des mécanismes biologiques et physiologiques de défense, et ainsi de donner lieu à de nouvelles variations et de nouvelles espèces, mais néanmoins tributaires d’un état de conscience primitif et peu évolué qui a ainsi procuré aux espèces des occasions d’émerveillement et la possibilité d’éprouver des expériences heureuses, positives et enrichissantes.» — Plérôme.

[expérience]«La situation peut sembler être réellement sans issue lorsque, étant toujours jeune et inexpérimenté, la perspective et la clairvoyance manquent qui permettent de compter sur ces facultés, afin d’assurer la rectitude et la sûreté du jugement et que, ayant acquises celles-ci, consécutivement à la variété et l’intensité de l’expérience, le particulier s’avère, d’un avis commun, trop avancé en âge pour qu’il puisse effectivement se voir accorder l’occasion de les faire profiter à l’avantage de l’ensemble de la société.» — Plérôme.

[femme]«La plus grande puissance de la femme réside en sa capacité d’éveiller les cœurs, d’en conquérir la loyauté et la dévotion et d’en commander le sentiment, au point que, en raison même de cet ascendant, elle parvient à infléchir les volontés les plus résolues, à les rallier à l’intimité de son désir le plus profond et le plus secret et, par ce moyen, d’assurer sur une vie, et sur toutes celles qui en dépendent, une influence déterminante, prédominante et imparable: la dimension morale de cette puissance consiste à en diriger l’utilisation selon les idées-valeurs transcendantes du bien, du vrai et du beau .» — Plérôme.

[foi]«Un contexte doctrinaire fournira au sentiment religieux une forme intellectuelle et pratique, mais la foi est la lumière qui confère aux œuvres une signification réelle alors que les œuvres sont le témoignage palpable et sensible de la vérité de cette foi, lorsqu’elles sont issues de la sincérité de l’intention et de l’intégrité morale de l’intelligence et, par leur actualité, elles deviennent l’évidence que la conscience en a adéquatement approprié et intériorisé les principes.» — Plérôme.

[histoire]«L’indifférence qui est éprouvée pour l’histoire, c’est aussi la nonchalance qui est ressentie devant la valeur, estimée à sa juste proportion, des actions et des conduites exercées par le passé en même temps que l’apathie à l’égard de la mémoire des acteurs sociaux et politiques qui ont précédé ceux qui peuplent les générations plus contemporaines, de l’héroïsme et de la sainteté avec laquelle ils ont pu rencontrer leurs devoirs, assumer leurs responsabilités et relever au quotidien les défis qui s’offraient à eux, et peut-être même aussi de l’injustice et de l’ignominie qu’ils auraient pu subir aux mains de leurs adversaires et de leurs contempteurs.» — Plérôme.

[humanité]«Cela semble révéler une contradiction remarquable lorsque, en niant la nature dans ce qu’elle a de plus accompli et d’essentiel, dans ce qu’elle a de plus original et d’inimitable par conséquent, l’humanité puisse néanmoins avoir recours aux ressources que lui offre celle-ci afin de combler les lacunes et les manques qui sont l’effet de cette dénégation, sans s’autoriser toutefois à remettre en question les raisons fondamentales qui sont à l’origine de ce refus, ni à s’interroger sur les complications de la situation, susceptibles d’en résulter, lesquelles se surajoutent aux complexités déjà importantes qui procèdent d’une volonté d’interpréter une réalité déjà abondamment complexe, exigeante et parfois éprouvante et de s’adapter à elle avec succès.» — Plérôme.

[humanité]«Il existe parfois, hélas !, une tendance en l’homme à voir une faute, là où il n’y en existe aucune, et à n’en voir aucune, là où elle se produit manifestement: d’où la nécessité pour le penseur d’acquérir la perspicacité de l’intelligence, afin de déterminer l’essence de la faute, et le discernement du jugement afin d’en distinguer effectivement la présence, en l’isolant de ce qui pourrait seulement lui ressembler.» — Plérôme.

[humanité]«L’humanité contemporaine semble être parvenue à un stade — le nommera-t-on celui de l’immanentisme intégral ? — où, de la conscience et de la contemplation lucides de l’histoire de sa vie, telle qu’elle peut dans le souvenir de son âme la reconstituer, à l’intérieur d’un schéma éternel et transcendant où, puisqu’elle vivait en harmonie avec son milieu naturel, elle avait tout à espérer de l’amour, puisqu’elle réalisait intégralement la bonté de inhérente de sa nature spirituelle et qu’elle était en communion constante avec la source, infinie et intemporelle, de l’excellence de sa disposition morale et de son énergie conative, elle est passée — que cela se fît progressivement ou se produisît subitement — à une culture de l’oubli en laquelle son attention spirituelle demeure fixée sur le moment présent, se dévouant à assurer prioritairement, pour elle-même et pour les siens, un avenir sécuritaire, confortable et prévisible, voire dans la régularité et la fadeur d’un univers privé d’imagination, puisque l’usage désordonné et exubérant de cette faculté risquerait d’entraîner une discontinuité dans la réalité, susceptible de perturber une tranquillité rassurante, que rien ne parvient à troubler, ni peut-être surtout conduire à des incidents qui, étant issus d’un passé, mal assumé ou incomplètement vécu, en ébranleraient les assises, une éventualité dont cette censure de l’esprit la défend.» — Plérôme.

[humanité]«Le penseur peut-il imaginer un acmé, dans l’histoire intellectuelle et réelle de l’humanité, un moment où la vérité la plus essentielle a été exprimée aux hommes et où la plus haute expression de la grandeur et de la noblesse humaines a été révélée à la conscience des hommes et illustrée par les conduites et les actions qui en ont découlé ? § Alors, tout ce qui a pu survenir avant, ou être survenu depuis, autant au plan des idées qu’à celui des actions, n’en sera au mieux, au plan phénoménal, qu’une approximation plus ou moins ressemblante et qualitativement estimable et fournira un contenu qui est complémentaire à un ou à plusieurs de ses aspects, et, au pire, il n’en serait qu’une dérogation plus ou moins regrettable et honteuse, lorsqu’elle se compare à ce point culminant et apical de l’histoire humaine, sauf si le penseur en ignore la production ou il tente de la faire oublier, en soulignant et en accréditant d’autres productions qui, si elles sont moindres, auront le mérite néanmoins de capter momentanément l’imagination et d’impressionner l’esprit, mais en le distrayant d’un produit ou d’un événement qui furent incommensurablement plus magnifiques et importants.» — Plérôme.

[idéal]«La plus grande tragédie de l’humanité passerait peut-être inaperçue, puisqu’elle trouverait sa définition dans la cause que tous estimeraient hautement louable et recommandable, en raison de la bonté ineffable et de la légitimité indiscutable de ses ambitions, mais que personne ne souhaiterait embrasser réellement, pour la soutenir indéniablement et la défendre effectivement, au prix des sacrifices que cet engagement exigerait, face à toutes les oppositions qui sont susceptibles d’en compromettre l’actualisation, lorsqu’elle naîtrait dans la conscience et qu’elle chercherait à se réaliser au bénéfice de tous et contre éventuellement les intérêts particuliers et contraires d’un petit nombre, ceux-ci étant cependant suffisamment bien articulés et organisés politiquement pour susciter une résistance efficace.» — Plérôme.

[idée]«Si une conception est fausse, que cela ne change rien, malgré tous les efforts dépensés à vouloir l’imprimer sur les consciences; si elle est vraie, cependant, que cela change tout, voire qu’elle doive prévaloir, malgré toutes les conceptions erronées qui concourent à l’infirmer et à se substituer à elles.» — Plérôme.

[ignorance]«La conscience judiciaire peut certes faire preuve d’indulgence et excuser celui qui commet une faute par ignorance; elle peut même l’excuser d’ignorer son ignorance, lorsqu’elle conclut qu’il n’a pas été exposé aux expériences qui sont susceptibles de l’éveiller à sa présence; mais comment pourrait-elle excuser celui qui, ayant pris conscience de son ignorance, n’entreprend nullement de la surmonter et de la combler, et en même temps de surseoir à l’action (ou à l’inaction) conséquente qui peut en procéder et affecter, soit son semblable, soit lui-même.» — Plérôme.

[intelligence]«L’intelligence du cœur pose problème à l’intellect rationnel en ce que, sans produire la délibération, elle choisit d’adopter les conduites qui sont au service de la vie, sans s’opposer à son mouvement: par conséquent, elle peut être dite l’expression d’un instinct qui est infailliblement vertueux et réellement immarcescible.» — Plérôme.

[justice]«À l’intérieur d’une mentalité collective, où prévaut l’expectative de la gratification spontanée comme étant une fin, non seulement réalisable, mais effectivement exigible, de ses semblables comme des autorités, l’illustration d’une patience angélique réelle devient le témoignage par excellence de la foi, non seulement en l’éternité qui se révèle gratuitement à l’humanité, mais aussi en la promesse d’une justice qui s’accomplit inexorablement, puisqu’elle trouve sa source dans l’univers surnaturel et transcendant de la Divinité, et des esprits qui communient à Sa volonté et à Ses actions, même si les moyens de sa réalisation restent indéfinis et les termes spatio-temporels de sa manifestation demeurent sans échéance précise.» — Plérôme.

[justice]«La valeur de la justice, son instauration, sa perfection, sa perpétuation, son renouvellement face aux circonstances changeantes, sa conservation et son application générale et équitable, doit être la première, sinon la seule valeur, qui anime une conception politique: elle doit constamment défier celle de l’intérêt, lorsque celui-ci ne craint point de faire valoir ses propres réclamations individuelles, fondée sur un désir qui est exclusif à soi, et qui s’exerce au détriment de la justice pour son semblable, telle que cette idée-valeur est entendue d’une manière qui est lucide et impartiale par le sujet moral — une idée-valeur qui souvent inclut la satisfaction d’un même désir, ou d’un désir analogue —, comme elle doit susciter, lorsqu’elle est bafouée, des mouvements qui chercheront à en rétablir le principe, de façon tout aussi éclairée et désintéressée, et parcourir à sa réalisation effective, à l’intérieur de la sphère où son expression s’avère brimée.» — Plérôme.

[justice]«Non seulement la justice a-t-elle pour fonction — et ses ministres ainsi que ses magistrats pour devoir —, d’éloigner le mal et de châtier ceux qui s’en rendraient coupables, le cas échéant, mais encore doit-elle chercher à rétablir ceux qui en sont privés, lorsque leur droit n’a pas été respecté, et à les compenser, en autant que cela se peut, du préjudice commis à leur endroit, en raison de la conduite inique à laquelle ils ont été assujettis.» — Plérôme.

[liberté]«Aucune liberté ne saurait subsister qui ne saurait être, en même temps, commise à entreprendre, effectivement et réellement, la promotion et l’avancement des valeurs transcendantes du Bien, du Vrai et du Beau puisque, étant elle-même un bien, c’est-à-dire une expression du Bien dans ce qu’il comporte de vrai et de beau, étant elle-même identique au Bien, dont elle est l’émanation, et valable en elle-même, en raison de refléter une essence qui lui est propre, elle se vouerait elle-même, dans le cas contraire, à sa propre disparition, par l’épuisement de la force vitale qui la destine à réaliser la seule fin qui est légitime pour elle, et à sa propre extirpation par les agents qui en épouseraient des perspectives antinomiques et qui trouvent une satisfaction à accomplir cette besogne ingrate.» — Plérôme.

[liberté]«L’esprit de la liberté consiste peut-être surtout à savoir reconnaître, chez autrui, le privilège et le droit qui sont les siens de découvrir quel chemin particulier il a la possibilité d’emprunter afin de vivre sa propre liberté et en quoi cette voie, non seulement ne nie pas la liberté d’autrui, mais encore peut se réconcilier avec elle et éventuellement aboutir à un sentier commun qui à la fois permet à la complémentarité de leurs destinées respectives de s’établir et réunit leur forme conjointe à l’élan de liberté qui caractérise la vie de l’humanité, selon la direction qu’elle laisse apercevoir aux esprits dont la perspicacité suffit à en pressentir l’essence.» — Plérôme.

[liberté]«La liberté de l’homme lui accorde l’occasion de se réaliser, à l’intérieur du mouvement de l’histoire, en vertu de la possibilité la plus élevée qui est inscrite à l’intérieur de sa nature, même au défi des inclinations qui le dissuaderaient de cette entreprise, s’il consentait à leur accorder une influence prépondérante ou, au contraire, de se contenter de stagner à l’intérieur d’une médiocrité où il reconnaîtrait à celles-ci un mérite exceptionnel, en leur accordant le statut d’une normalité, en vertu de l’inertie entropique qui est présente dans le grand nombre et qui constituerait la raison de leur immobilité.» — Plérôme.

[liberté]«La liberté n’ajoute ni n’enlève aux qualités fondamentales de la personne, puisque celles-ci sont un héritage reçu en naissant, mais elle devient chez elle, lorsqu’elle s’accompagne de résolution, de compassion et d’effort, la condition essentielle de la réalisation et de l’épanouissement de leurs virtualités les plus élevées, lorsque l’individu est exposé aux expériences que la vie lui enjoint à éprouver et à connaître et qu’elle n’aura cesse de contribuer à leur constitution et à leur évolution, lorsqu’elle s’investit complètement dans le façonnement et l’accomplissement du caractère qui les révèle et dans la réalisation des bienfaits qui sont susceptibles de procéder des actions produites et des initiatives entreprises par elle.» — Plérôme.

[liberté]«Le déroulement d’un spectacle, lorsqu’il prend l’aspect de l’action qui éclôt sous les yeux d’un témoin ou d’un spectateur, peut occulter parfois, soit par son mouvement, soit par sa valeur intrinsèque, soit par la qualité esthétique de son apparence, le fait que son issue puisse correspondre à une fin prédéterminée, c’est-à-dire une fin qui est voulue, précisée et conditionnée par un agent extérieur, qui va à l’encontre du principe de la liberté où sont garanties — et sont  susceptibles par conséquent d’être affirmées et défendues, en fait comme en droit — la possibilité et la responsabilité pour chaque personne de désirer, de parcourir et de parvenir à accomplir, au meilleur de ses capacités, le plus grand bien qu’il lui est possible de concevoir.» — Plérôme.

[liberté]«Le silence est, non pas l’absence de l’être, mais sa puissance, dont l’excellence de la qualité réside dans l’exercice optimal de la liberté, à l’intérieur d’une société qui en garantit la possibilité et illustre, par l’action de chacun de ses membres, cette effectivité.» — Plérôme.

[liberté]«Le sujet moral réclame haut et fort la liberté, mais ce que souvent il désire en réalité, c’est la sécurité que fournirait une impunité inamissible, voire qu’une action réellement et moralement réprouvable puisse venir confirmer cette prétention.» — Plérôme.

[liberté]«Lorsque l’on y réfléchit bien, le sujet moral ne peut que se réjouir de l ‘exercice de la liberté d’autrui, considérée comme étant un bien spirituel inaliénable — lorsqu’elle manifeste effectivement une dimension du Bien qui se réalise ou qui est en voie de se réaliser —, ou au contraire la déplorer, lorsqu’elle s’avère en-deçà de la révélation de sa virtualité pleine et entière qui est celle d’accomplir cette idée-valeur transcendante et d’illustrer en ce sens, la disposition intérieure appropriée.» — Plérôme.

[liberté]«Une liberté qui s’assume complètement, en vue de réaliser le meilleur bien possible, autorise à toutes les espérances, pourvu que son exercice s’accompagne, par la grâce de Dieu, du plus grand et du plus constant des efforts: mais l’homme a-t-il la capacité et la trempe de relever, entièrement et résolument, l’énorme défi que posent cette entreprise et la responsabilité qui accompagne cette assomption ?» — Plérôme.

[moralité]«Déjà, la valeur d’une personne s’estimait à la préparation, à l’ingéniosité et au courage qu’elle démontrait à défendre ses convictions, même au prix du plus lourd des sacrifices: mais quelle valeur s’agit-il alors d’illustrer pour un individu, lorsque n’existe, pour un individu, aucune conviction qui puisse inspirer sa vie, sa pensée, sa moralité, ses priorités, ses choix, ses passions et ses actions ?» — Plérôme.

[moralité]«En raison de la contrariété mutuellement exclusive des termes impliqués, la conséquence inéluctable, finale et définitive, du dualisme moral, par lequel l’esprit oppose les principes du bien et du mal que ces formes inspirent concrètement et qu’il érige ainsi en valeurs absolues, est que la liberté des uns, qui figurent dans l’un des deux camps, constitue le fatalisme des autres. § Une conséquence corollaire serait qu’il vaille mieux agir, dire, penser en vue de la réalisation du bien, qui est la préservation et la défense de tout ce qui est véritablement méritoire et valable dans l’ordre et l’existence des choses, plutôt qu’en vue de l’instauration du mal, qui en constitue ultérieurement, dans son principe, la négation: car si le premier donne à l’existence un sens intelligible, le second mène droit à l’absurdité.» — Plérôme.

[moralité]«La contradiction majeure, qui est logée au cœur de la réalité culturelle contemporaine de l’Occident, consiste à exiger de son semblable qu’il réalise et qu’il accomplisse les hauts principes d’un idéal salutaire, sans se soumettre lui-même à des exigences équivalentes, et en omettant d’inclure son action dans la quête d’une perfection culturelle générale qui passe nécessairement par la recherche de l’accomplissement individuel et s’édifie avec elle comme sur elle; son corollaire, c’est la plainte qui est formulée à l’endroit d’autrui, de se comporter d’une manière inique et déloyale envers soi, alors qu’une conduite analogue, menée par soi, trouve une justification, en invoquant à cet effet des raisons souvent pragmatiques et expéditives.» — Plérôme.

[moralité]«Le désir, sans la raison, révèle un caprice; mais la raison, sans le désir, caractérise un bien-penser.» — Plérôme.

[moralité]«Le comble de l’indifférentisme social, qui serait à l’origine d’un modus vivendi, fondé sur l’amoralité de l’intérêt exclusif et individualiste, lorsqu’il s’exerce en conformité au principe de soi-même premier servi, serait que l’on tolère le mal, pourvu qu’il ne nous atteigne pas; et que l’on admet le bien, en autant que l’on en soit le premier bénéficiaire.» — Plérôme.

[moralité]«Le désintéressement moral n’est pas une forme de l’indifférence, puisqu’il peut souvent être accompagné de sentiments profonds et intenses, dans la lutte qu’il oppose aux dispositions naturelles et spontanées du sujet moral qui le portent à intervenir sur la réalité, sans qu’il n’y cède complètement, étant sous l’emprise de la réserve qu’elle entraîne à témoigner: sa première considération, par ailleurs, n’est pas de donner libre cours à ces inclinations mais plutôt d’accréditer le mouvement intrinsèque qui est propre à cette personne, de manière à ce qu’elle découvre, à travers la suspension de son intérêt immédiat, quelle est sa destinée véritable et quelle possibilité existe de parvenir à l’épanouissement de ses virtualités, en même temps que l’essence objective du monde — spirituel et naturel — à l’intérieur duquel celles-ci prennent forme, le tout dans le plus profond respect de la liberté native de chaque personne, de la dignité de sa nature intime et de la particularité de son histoire qui, par les conditions qu’elle produit pour l’affecter ainsi que par les carences qu’elle porte sa volonté à vouloir combler, l’inciteront, par l’intermédiaire des expériences qu’elle rencontrera et des choix que son jugement sera appelé à faire, lorsqu’elles l’y obligeront, à réaliser une connaissance approfondie de soi-même, l’exploration des significations que comporte sa relation au monde ainsi qu’aux créatures qui le peuplent et, éventuellement, l’épanouissement de sa personne, lorsqu’elle tend à réaliser la plénitude la plus accomplie des virtualités les meilleurs qui sont inscrites à même son être propre.» — Plérôme.

[moralité]«Puisque la suspension de l’action peut porter à conséquence et s’avérer en même temps, en raison de cette restriction, utile à la réalisation d’un dessein ou d’une finalité qui soient, sinon désirables, du moins opportuns, l’inaction, autant au plan de la parole qu’à celui de l’agir, est susceptible de comporter une qualité morale et, par conséquent, elle tomberait sous la coupe de l’introspection consciente et de l’évaluation morale.» — Plérôme.

[moralité]«Si, comme le laissent entendre de nombreux moments de l’histoire, l’homme serait capable du meilleur que l’on puisse admirer comme du pire que l’on puisse abhorrer, peut-être alors serait-il souhaitable d’envisager que la communauté lui proposât et qu’elle l’encourageât à réaliser le meilleur, de manière à obvier, dans la mesure du possible, à ce qu’il produise le pire, et de fournir les possibilités pour lui de s’amender, lorsque survient la réalisation de ne pas avoir été à la hauteur de l’idéal qui était requis de lui et auquel, en raison de la beauté de sa nature originelle profonde, il adhérait de tout son désir et de tout son vouloir.» — Plérôme.

[moralité]«Tels sont ceux qui demanderont d’établir et de prouver les principes qui sont manifestement évidents à la conscience la moindrement éveillée mais qui, lorsque cette clarification leur est apportée, ne se laissent nullement influencer par la vérité et la profondeur de l’argumentation, et même peuvent aller jusqu’à s’opposer viscéralement à elle.» — Plérôme.

[mythe]«Combien d’historiens se souviendront, après avoir exploré les origines de leur science, que les premiers historiens étaient des mythographes et que les vérités révélées alors par ceux-ci devaient frapper les consciences par l’authenticité de leur récit et la réalité que celui-ci décrivait, sans pourtant trop déplaire à ceux qui autrement auraient pu se trouver à être offusqués, pour une variété de raisons, par la nature des informations dont les mythes faisaient la publicité et des enseignements, ainsi que les leçons, que les auditeurs étaient susceptibles d’en extraire.» — Plérôme.

[mythe]«Lorsqu’Apollon voua Cassandre à pénétrer les arcanes de la vérité et à prophétiser, mais sans jamais être crue par ceux qui étaient destinés à être éclairés par elle, pour avoir, selon la légende, refusé un amour qu’elle lui aurait promis, en se faisant une prêtresse du culte qui était dévoué à ce dieu: mais, en faisant cela, ne la condamnait-il pas justement au sort qui guette chaque prophète, lorsque le propos qu’il tient est trop difficile à entendre ou lorsqu’il exige de ceux qui sont visés par son propos un changement trop radical de leurs attitudes, de leurs croyances, de leurs actions et de leur conduites.» — Plérôme.

[nature]«Un sujet moral peut-il sincèrement et réellement prétendre troubler l’harmonie fondamentale de la Création, sans que cela ne porte conséquence, à la fois à la progression dynamique de la nature et à l’intégrité de sa propre essence à l’intérieur de celle-ci, autant d’un point de vue immanent, comme appartenant à part entière au règne de la Nature, que d’un point de vue transcendant, puisqu’il est un être moral, susceptible de distinguer ce qui est bien de ce qui ne l’est pas, et d’assumer à la fois le mérite pour le bien accompli comme la responsabilité pour le mal commis ?» — Plérôme.

[philosophie]«Ce qui distingue la maturité critique de la simple négativité, c’est que la seconde repose sur un réflexe primaire qui consiste à repousser tout ce qui risque de perturber une manière habituelle d’être ou de penser — et qui donc érige le statu quo, ce qui est advenu matériellement dans l’existence, en un critère de perfection contre lequel mesurer toute occurrence éventuelle, révélant ainsi une insécurité épistémologique fondamentale quant aux incidents et aux événements qui pourraient compromettre l’état de la réalité actuelle, même lorsqu’ils sont issus des motifs les plus estimables — alors que la première fonde son examen sur une notion, implicite et idéale, de la perfection épistémologique qu’il convient, au nom de la transparence intellectuelle, de concevoir et d’énoncer afin d’établir le bien-fondé de la démarche critique, une forme qui renvoie autant à ce qui fut valable, et qui pourrait toujours l’être, à ce qui est et qui vaudrait la peine d’être préservé, ainsi qu’à ce qui aurait la possibilité d’être et qui, en raison de sa bonté insigne, mériterait d’être institué.» — Plérôme.

[philosophie]«L’affirmation «tout est relatif», n’implique pas l’inexistence de l’absolu, mais bien que l’absolu existe et qu’il est le point ultime auquel rapporter chaque nature, chaque situation et chaque événement, lorsqu’il s’agit d’acquérir la connaissance complète de leur essence l’intelligence qui, parce que la faculté de l’intelligence communie à l’Être premier et suprême qui est la source et la raison première de son activité, informe leur instanciation et leur déroulement et qui, puisqu’elle est la substance principielle, constitutive de la nature fondamentale des consciences qui en découvrent activement le sens, procure à la signification que la raison formule de son propos, le critère ultime contre lequel apprécier la justesse précise et la véracité profonde de cette élucidation.» — Plérôme.

[philosophie]«L’on pourrait définir la philosophie comme étant l’étude des formes que prend la sagesse de l’humanité — et non pas seulement la pensée humaine, comme on l’entend habituellement —, des principes certains qui la constituent et dont elle nous amène à considérer la valeur et la pertinence à l’existence, de la nature et de la qualité de la conscience qui est susceptible de l’engendrer et de la finalité, ainsi que de la perfection, en vue desquelles elle se manifeste au monde et elle s’exerce à l’intérieur d’icelui.» — Plérôme.

[philosophie]«La philosophie s’intéresse, bien sûr, à ce qui est réellement, mais elle mène également au jugement sur l’état qui devrait être, en raison de la perfectibilité de la nature et de la vérité, et sur la légitimité de procéder à l’actualisation de cette virtualité inaccomplie: or, en définissant le mode et la forme que peut prendre celle-ci, et en illustrant l’excellence de la désirabilité de son achèvement, ces actions de la conscience ne constituent nullement la garantie de sa réalisation, puisqu’elle requiert en même temps le concert de la volonté, c’est-à-dire la résolution effective qui produira la dépense de l’effort qui y conduira.» — Plérôme.

[philosophie]«Nonobstant les vérités et les lois sublimes qui sont manifestées par elle, toute philosophie véritable représente une forme de justification de la nature humaine, et par conséquent de soi en tant que représentant celle-ci en son être propre, puisqu’elle énonce en même temps les croyances et les convictions qui rendent la vie de chaque personne digne d’être vécue, et d’être vécue pleinement, et que sa substance, lorsqu’elle est adéquatement perçue et interprétée, spécifie les principes vrais contre lesquels les choix et les actions de chaque être moral seront éventuellement appréciés et estimés de bonne foi, en les comparant avec un idéal transcendant, par une conscience qui est légitimement constituée à cette fin par une Puissance morale ultime, celle-ci étant la source et la fin de tout Bien, par la perfection indépendance de son essence réelle.» — Plérôme.

[philosophie]«Une histoire de la philosophie, non contente de s’intéresser aux questions posées, ni aux approches et aux méthodes utilisées afin de les approfondir et de leur apporter des éléments de réponse, selon les cultures et les époques de la civilisation humaine, devrait aussi retenir et brandir bien haut, à l’instar de toute réalisation admirable, exceptionnelle et concluante, ces questions qui ont reçu une réponse définitive, ou qui, à tout le moins, par les éléments d’une réponse remarquable, apportés à des problèmes tenaces et éventuellement insolubles, constituent un jalon incontournable dans l’évolution, la transformation et l’accomplissement de l’esprit et de la conscience humaine.» — Plérôme.

[philosophie]«Une forme critique, radicalement négative, de la philosophie verrait éventuellement en cette négativité un refuge que serait apte à se donner l’impiété contre les encouragements, faits aux philosophes de se rallier aux idéaux et aux valeurs qui inspirent l’attitude de piété, censée prévaloir à l’intérieur de la République et qui fonde la considération que les citoyens se portent sur celle qu’ils portent envers leurs dieux: or ces concepts plutôt anciens, relégués aux oubliettes de l’histoire de la philosophie comme appartenant à une autre époque et à une autre culture, illustrent qu’avec le temps, s’instaure insidieusement la dépréciation d’une valeur primordiale, acquise aux yeux du commun, une valeur dont l’essence a consisté, en bref, à tenir en grande estime l’actualité d’une chose (un être, une valeur, un idée), au point qu’elle serait dorénavant passible d’être vénérée, par l’ensemble des citoyens, comme étant révélatrice de la Divinité, et de recevoir une émulation générale, puisqu’elle représente indiscutablement un idéal plus grand que soi-même et que, pour cette raison, il est éminemment digne de considération, en raison de son aptitude à inspirer et à dynamiser la perfection que la société est apte à recevoir, à travers celle des individus qui la composent, et qui est passible de lui être reconnue par conséquent.» — Plérôme.

[philosophie]«Une théorie philosophique parfaite — qu’aspire à concevoir, à révéler et à exprimer humblement tout philosophe, dans l’idéal, sinon dans la pratique, grâce au désir ainsi qu’à l’action, employés à la formuler et à la réaliser — ne cessera pas de conserver cet attribut et de constituer un produit admirable, malgré tous les efforts de la dénégation en ce sens que les esprits ainsi disposés tenteront d’en faire (y compris en recourant à la tactique de la déconstruction réductionniste, apte à altérer, à biaiser et à fausser la compréhension épistémologique que les penseurs en acquièrent).» — Plérôme.

[politique]«Autant de polarisations qui se veulent au service de la vie en société et qui cherchent à compenser la discorde, l’absence d’une harmonie entre ses membres que seule une justice fondamentale et intégrale assure: modérément, le conservatisme et le libéralisme, qui défendent respectivement les valeurs fondamentales propres à une existence collective, saine et valable, et qui cherchent à assurer qu’en bénéficieront, de manière équitable, tous les particuliers et tous les groupes qui les portent à se réaliser et qui vivent, de plus en plus complètement, des idéaux bénéfiques qui émanent de leur doctrine, en aspirant sincèrement à rencontrer ce but, malgré que parfois les inclinations individuelles, les événements de la vie et les conditionnements de la société les éloignent de cette finalité; d’une manière plus réactionnaire, ou encore plus libertaire, lorsque ces mêmes valeurs se trouvent compromises ou encore lorsque l’équité qui juge de leur application se trouve bafouée par ces derniers facteurs; en aboutissant à l’oppression ou à la révolution, lorsque l’importance qui jusque là leur était prioritairement accordée, se transforme en un mépris de leur contenu et de ses exigences, que nulle équité n’existe plus pour témoigner que l’idéal représenté par elles demeure valable pour tous et, éventuellement, que la corruption qui s’est installée empêche de voir en elles la justification d’une aspiration saine, honorable et louable, que chacun peut tenir en partage avec son semblable, à l’intérieur d’une société où règnent l’harmonie qui est fondée sur la justice véritable et la relation respectueuse qui existe entre les citoyens, lorsqu’elles sont fondées sur la reconnaissance réciproque de la dignité de son semblable et la mutualité sincère de l’amour et de l’amitié des uns pour les autres.» — Plérôme.

[politique]«Ce serait une perversion et une dévalorisation du droit, puisque contrevenant au principe fondamental de l’équité, que vouloir instaurer un système ou un régime où les lois serviraient à défendre les intérêts des gouvernants, contre ces mêmes actions qu’ils s’estiment autorisés à commettre impunément, en invoquant abusivement la légitimité du pouvoir qui leur est dévolu et le droit de recourir à la force afin de la conserver.» — Plérôme.

[politique]«Ce qui est le plus triste avec les rivalités partisanes, alors que subsistent néanmoins, entre les camarades qu’elles associent, des liens de loyauté accompagnés du sentiment d’un devoir envers ceux qui représentent la primauté et l’excellence de la cause qui est défendue en les nouant, c’est qu’elles ont tendance à obnubiler, et peut-être même à dépriser, au nom de l’exaltation idéologique qui les maintient, à la fois la qualité des idées aptes à être soutenues avec héroïsme dans le camp opposé, la valeur personnelle de ceux qui en tiennent bien haut la bannière, sans égard pour le coût personnel exigé afin de mériter cet insigne privilège, ainsi que l’importance du changement dans le cours de l’histoire qui résultera du départage des causes en présence, souvent au prix du courage qui les épouse et du sang humain qui sera éventuellement versé à les illustrer, peut-être par incapacité d’en imaginer adéquatement la nature et l’aspect futur qu’il peut recevoir et par l’abandon conséquent de l’engendrement des issues futures aux forces du Destin et aux grâces de la Providence.» — Plérôme.

[politique]«L’anarchie c’est, pour l’essentiel, la liberté qui s’exprime envers et contre tout désir véritable, et en particulier celui qui s’efforce, à tous les plans de la vie et dans toutes les sphères de la culture, à réaliser l’optimum du beau, du bien et du vrai.» — Plérôme.

[politique]«La politique de l’erreur — qui revêt souvent la forme d’une comédie des erreurs — est celle qui se fonde sciemment sur l’erreur occasionnée, c’est-à-dire sur celle dont l’agent politique encourage la commission, ou encore sur celle dont il refuse, par calcul et par intérêt, à reconnaître l’actualité, lorsque l’occasion lui est donnée de le faire: elle se fonde sur l’expectative avérée qu’une situation altérée ou qu’une occasion à laquelle on enlève toute possibilité de réaliser ses virtualités, ne sauraient, en raison de la singularité qui les caractérise, se reproduire ou se reconstituer intégralement et entièrement, en adoptant la forme de leur présentation initiale et originale: elle explique aussi comment, dans l’ordre naturel des choses, une action négative, susceptible d’enlever à une entéléchie sa perfection, de la priver du moyen et de l’occasion de la réaliser, ou encore en d’empêcher en quelque manière l’accomplissement, la voue inexorablement à la décadence physique, puisqu’elle s’exerce à l’intérieur d’un schéma naturel en lequel joue exclusivement la loi de l’entropie.» — Plérôme.

[politique]«Les autorités politiques laïques se préoccupent volontiers de la perfection structurelle de la société, mais sans considération pour son tissu moral, ou peut-être en affichant une confiance excessive en la propension de chaque citoyen à faire le bien et à éviter le mal, comme en la faiblesse relative des négativités spirituelles qui pourraient chercher à subvertir la bonté de ses institutions et la qualité de ses lois, elles négligent d’apporter à la culture qu’elle a développée la nourriture intellectuelle et l’expérience spirituelle qui pourraient satisfaire son appétit de réaliser le bien et la force requise afin de manifester la vertu.» — Plérôme.

[politique]«Lorsque la conscience la moins évoluée cherche à en imposer à celle qui s’est le plus développée, ce n’est qu’en la réduisant aux schémas plus étroits, plus superficiels et moins profonds, dictés par une imagination appauvrie, qui la caractérisent, qu’elle parvient à illustrer son ascendant: et trop souvent, elle accomplira ce résultat d’une manière telle que la force physique lui semble constituer le seul argument qui vaille réellement pour elle et qui lui semble susceptible — voire à tort — d’être entendu et reçu par sa contrepartie.» — Plérôme.

[politique]«Selon une conception mature du politique, c’est-à-dire une conception qui subit l’épreuve du temps, des cultures et des régimes et qui promet de distinguer l’homme d’État véritable et le séparer du simple aventurier qui se promène sur la scène sociale, l’homme politique responsable ne doit pas perdre de vue que, dans l’idéal, son œuvre consiste à édifier la société la plus accomplie qui soit, la conserver, la préserver et en rayonner les valeurs positives et bienfaisantes, tout en veillant à ce qu’il existe une possibilité, pour ses sujets, de réaliser le bonheur, dans la mutualité des rapports et la considération la plus respectueuse qu’ils éprouvent l’un envers l’autre, en transcendant pour cela les affinités partisanes, les pressions collectives aveugles ainsi que les intérêts privés, y compris les siens propres, et qu’il doive se recruter à cette fin, et uniquement à cette fin, des appuis éclairés et intelligents parmi la population qui pourront participer avec succès et droiture à cette initiative: la vie politique constitue donc une dimension du service public et civil et elle doit, par conséquent, refléter en chacun de ses agents un engagement hautement altruiste qui orientera en définitive leurs passions, leurs ambitions et leurs actions.» — Plérôme.

[politique]«Tels sont ceux qui ostracisent l’individu, capricieusement et subrepticement, pour ensuite lui reprocher de ne pas appartenir à la forme malveillante de l’esprit qui procède à cette exclusion déraisonnable et peut-être même objecteront-ils à la tentation de la révolte qui naît chez lui, en raison de heurter le sentiment de justice qui existe naturellement en lui et dont il défend la présence par son action sur la société et sur le monde en général.» — Plérôme.

[politique]«Un conservatisme qui se fonde sur le maintien de traditions qui sont fondées sur des préjugés qu’elles perpétuent volontiers, qui ne sont autre chose qu’une interprétation inexacte, souvent utile et intéressée, des raisons véritables et originelles pour lesquelles les valeurs et les idées reçues sont dignes d’être préservées, est tout aussi préjudiciable à la santé d’une société qui admet sa perfectibilité, parce qu’elle est vivante, qu’un libéralisme qui prétendrait apporter des améliorations et des perfectionnements à la culture, en mettant de l’avant des principes, sans qu’ils ne correspondent à la nature des personnes et des êtres vivants qu’ils seraient censés servir, ainsi qu’à celle des choses qu’il chercherait à faire plier à son désir, ou qui encore interpréterait les significations ou façonnerait les objets afin d’en retirer une application restreinte et sélective en fonction d’intérêts singuliers et exclusifs.» — Plérôme.

[politique]«Une constitution politique peut bien se proposer d’énoncer quels seraient les meilleurs principes, susceptibles de gouverner et d’orienter, formellement dans les institutions ou informellement dans les rapports quotidiens, les consciences des citoyens, lorsqu’ils réalisent la mutualité de leurs interactions sociales et la réciprocité de leurs transactions commerciales, elle ne saurait, en définitive, se comprendre, ni s’interpréter adéquatement, qu’en référence au cadre moral qui lui a donné naissance et qui en fonde à la fois la possibilité qu’il se réalise et la finalité qu’il s’instaure dans l’esprit des membres de la société, à savoir celui qui, en raison de son excellence, favorise l’éclosion, la conservation et la perpétuation d’une société bonne — telle qu’elle se reconnaît dans la valeur individuelle et personnelle de ses membres —, et juste — quant à l’expression réelle de cette bonté, illustrée par ceux-ci, dans toutes leurs actions, toutes leurs communications et toutes leurs conduites et dans la qualité bienfaisante des institutions qui l’encouragent —.» — Plérôme.

[psychosexualité]«C’est au moment même où l’homme croit avoir vaincu les préventions de la femme et avoir fait sa conquête qu’il ne se doute aucunement que c’est elle plutôt qui a subrepticement assujetti son propre sentiment et qu’elle a subtilement, mais infailliblement, accompli la soumission de ses désirs à son charme indiscutable.» — Plérôme.

[raison]«Le plus grand défi posé à la raison humaine, c’est de savoir réconcilier l’infinité de la pensée, qui peut accéder jusqu’aux confins du temps et de l’espace, sans jamais franchir leurs limites toutefois, et la finitude de la réalité qui, en raison de l’opacité et de l’étendue de la matière qui en constitue la substance, oppose à l’intangibilité et à la subtilité de la pensée une inertie qui transforme les idées qui émanent de son intelligence et les énergies rationnelles qui les actualisent en concepts intelligibles, en un désir d’actualiser celle-là, en concentrant toute son attention ainsi que tout son effort physique à effectuer cette transition de la sphère spirituelle à la dimension sensible, la culture devenant l’évidence la plus manifeste de la conversion qu’elle a nécessitée.» — Plérôme.

[reconnaissance]«La reconnaissance cherche à préserver l’association intime et nécessaire entre la conséquence — l’effet dont le sujet moral peut espérer récolter les retombées éventuelles qui lui sont destinées, en raison de l’effort réalisé à l’atteindre  — et son principe — l’agence qui peut légitimement en réclamer la responsabilité et le mérite de, comme à la fois du crédit, de l’honneur et des bienfaits concomitants qui en découleraient pour lui; l’ingratitude passe, au contraire, par la dissociation de ces éléments, et cherche à occulter effectivement, entièrement ou en partie, l’agence qui l’a produite: elle est relative, lorsque l’accréditation qu’elle lui témoigne est purement formelle et symbolique, mais, qu’elle soit relative ou absolue, elle sert souvent, par cette usurpation, l’intérêt égoïste dont le but est d’effectuer l’appropriation des bénéfices, associés à l’action méritoire.» — Plérôme.

[sagesse]«La sagesse est la prudence de la vérité: elle est d’autant plus considérable que la vérité qui l’inspire et qui l’informe est profonde et compréhensive et que le génie qui l’exprime est créatif, lorsqu’il en fait l’application aux circonstances qui l’exigent et qu’il convient admirablement bien aux diverses situations qui servent à l’illustrer.» — Plérôme.

[sagesse]«Le meilleur argument, et même le seul, que le penseur puisse émettre en faveur de la sagesse est la sagesse elle-même dont témoigne l’agent moral dans sa conduite et ses actions: ainsi celui-là peut-il conclure que les deux qualités morales principales requises, afin d’établir cette proposition, c’est la prudence, par laquelle celui-ci accomplit en lui-même la sagesse et l’extériorise dans sa conduite, et le discernement, par lequel le sujet moral est susceptible de reconnaître effectivement en autrui sa présence indéniable; car, que sert-il pour lui d’illustrer la sagesse, si aucune conception de la sagesse n’existe qui permette d’en apprécier la manifestation, le cas échéant ? Ainsi se dessine la tâche de la philosophie qui consiste à réfléchir sur l’essence de la sagesse et, pour le philosophe consciencieux, l’interpréter auprès de ses semblables et l’exprimer par sa conduite et ses actions.» — Plérôme.

[science]«L’essence de la superstition réside dans la croyance, ancrée dans la conscience, en la valeur prépondérante d’une conviction fausse, d’un préjugé qui est pour l’essentiel le produit d’un imaginaire dont l’activité fournit une conception qui ne possède aucun fondement dans l’univers objectif réel, malgré sa prétention à produire des actions salutaires pour la communauté des esprits qui partagent ses idées et ses valeurs, ce qui, par ailleurs, n’exclut nullement la possibilité de l’existence de convictions vraies, susceptibles de fonder une science de bon aloi et de mener à des effets tout aussi bienfaisants.» — Plérôme.

[société]«D’abord perceptibles sous leur forme embryonnaire, puis vouées à une exacerbation de plus en plus totale, au fur et à mesure que, le cas échéant, elles gagneront entièrement l’aval de la conscience collective de l’humanité, la gynolâtrie (avec sa manifestation gynocratique et sa doctrine féministe) et l’idolâtrie (se manifestant par l’idolocratie et se fondant sur une conception matérialiste et ploutocratique) sont devenues les deux moteurs idéologiques qui dynamisent la société laïciste contemporaine — une société qui, rappelons-le, confie uniquement à la raison humaine, le soin d’identifier et de préciser qu’elles sont les valeurs individuelles et collectives dignes d’inspirer les actions des hommes et l’orientation axiologique de la vie en société, sans bénéfice de s’inspirer de la tradition culturelle et ultérieurement de la révélation surnaturelle qui est à sa source —, en tant qu’elles représentent respectivement les deux termes de l’investissement du désir et de la finalité des volontés, telles qu’elles se manifestent à l’intérieur de l’ensemble social, qui sert de terrain à leur accomplissement. § De plus, ces deux cultes informels sont, dans la mutualité du rapport qu’ils conservent l’un avec l’autre, instrumentaux à la fondation et à la réalisation de l’Übermensch nietzschéen, lorsqu’il incarne un idéal radicalement humaniste et qu’il reflète pour l’essentiel un anthropocentrisme Protagoréen, dont la moralité, et par conséquent les valeurs, sanctionnées par l’élite et jugées dignes de l’émulation par l’ensemble de la société, est celle que transporte et honore, pour l’essentiel, la nature féminine, lorsqu’elle se situe à un plan strictement immanent de l’existence et qui, en raison de la subtilité, de la finesse et de l’intangibilité de son essence — qu’aucune interrogation philosophique profonde n’entreprend d’explorer, ni dans son principe, ni dans sa finalité —, devient l’horizon métaphysique par excellence de l’homme en particulier et de l’humanité en général. § Car ce terme acquiert une priorité pour la conscience commune, en se substituant au principe transcendant et spirituel qui fonde la nature humaine et donne un sens profond et compréhensif à sa réalité, ainsi qu’à la complémentarité humaine des natures et générale des esprits, un sens qui est susceptible à la fois de produire une relation intégrale qui unisse adéquatement l’homme et la femme, et d’en procéder réellement et concrètement, comme réalisant dans cette vitalité mutuelle, une relation qui est épanouissante et enrichissante, en raison du perfectionnement qui en résulte à la fois pour le couple accompli qu’elle génère et pour la culture qui constitue le centre de la consubstantialité commune à leur personne respective.» — Plérôme.

[société]«Dans la recherche et la conservation de la perfection formelle, laquelle semble animer intensément les préoccupations contemporaines, la valeur qui est la plus essentielle à cultiver, et dont la manifestation est de la plus haute importance, afin d’inspirer et de constituer les formes actuelles qui en sont le reflet, est celle de l’union du cœur et de l’esprit: car seule celle-ci est apte à constituer la cohésion et la constance des rapports qui réunissent les particuliers dans la participation à la tâche commune, qui consiste à édifier et à accomplir une société et une culture achevées, en suscitant en même temps les sentiments de la satisfaction et du contentement, lorsqu’ils assurent la permanence de cette entreprise, comme ils mènent à bien les étapes intermédiaires qui sont nécessaires à cette réussite.» — Plérôme.

[société]«L’abeille laborieuse et prolifique peut bien admirer la grâce et l’agilité de l’hirondelle, ces qualités ne feront pas pour autant de celle-ci la reine de la ruche.» — Plérôme.

[société]«La devise qui semble prévaloir dans une société et un État commis exclusivement au mérite de l’individualisme pur: «Je premier servi»: mais, en même temps, lorsqu’il est mené à sa conclusion logique ultime, ce principe signifie la fin de la société dont l’existence et la cohésion se fonde sur une finalité collective et la mutualité équitable des rapports et des relations des individus entre eux, dans l’accomplissement de cette finalité et dans le mouvement ponctuel qui y mène.» — Plérôme.

[société]«La doctrine de l’individualisme, et de la responsabilité individuelle qui en procède, de veiller à ses intérêts propres avant tout autre, enseigne, parfois implicitement, à la conscience disposée en ce sens que tous les événements de la vie sont en quelque sorte le produit des actions de l’agent moral, qu’elles soient physiques ou mentales, qu’elles soient moralement engagées ou indifférentes à tout ordre politique, fondé sur un schéma de valeurs transcendantes ou encore sur un ensemble de codifications sociales, alors qu’en réalité, nombreuses sont les occurrences de la vie qui soient en même temps le résultat de l’exercice de la liberté de son semblable et de la manifestation de sa spontanéité et qui sont donc susceptibles d’être aperçues, appréciées et reconnues comme étant le produit de la gratuité, dont la présence est intangible mais dont l’efficace se révèle à travers l’action qui en témoigne. § Un tel état amène alors le penseur à concevoir le monde comme étant constitué, non pas uniquement du rapport causal et unilatéral des subjectivités individuelles à des objets impersonnels, que l’esprit construit comme tels, même lorsqu’ils incluent des congénères et d’autres êtres sensibles, c’est-à-dire des individualités propres, douées d’intelligence, d’autonomie et de volonté à des degrés divers, mais d’une mutualité de rapports, caractérisés par la relation réciproque et l’interdépendance d’une multiplicité de subjectivités conscientes, influant sur d’autres subjectivités intelligentes, d’une manière à créer, toujours en vertu de l’idée-valeur transcendante de la liberté qui est immanente à leur dignité et à leur distinction, un tissu sociologique, organique et matriciel, appartenant au lieu, au temps et à la culture de la société, qui en sont à la fois la conséquence et le contexte d’une exacerbation de l’exploration et de la réalisation des possibilités qui émanent subséquemment de son essence, afin d’en illustrer, en bien ou en mal, la qualité et la valeur que l’esprit qui en prend conscience, qui les apprécie intégralement et qui participe à leur constitution unitaire et unifiée peut leur attribuer.» — Plérôme.

[société]«Lorsque son principe est amené au point de sa réalisation ultime, la laïcisation de la société se fonde sur une position idéologique, assumée par la généralité, qui en relègue la croyance exclusivement à la sphère de la conscience privée, par laquelle elle affirme, objectivement et pratiquement, concernant la sphère publique, que l’absence d’une conviction formelle, appropriée à une collectivité, est suffisante à engendrer, à fonder et à cultiver une pensée morale, apte à inspirer la confiance en soi-même et en ses propres possibilités, ainsi que la production de réalisations excellentes et amélioratrices. § Mais puisque c’est cultiver une illusion — comme l’Antiquité hautement et généralement religieuse en témoigne éloquemment — de penser que la conscience de l’homme puisse évacuer complètement la croyance en un Être transcendant qui surpasse l’individualité de la conscience particulière, l’idéologue substitue plutôt à cette affirmation de la réalité d’une Entité surnaturelle, la double croyance en l’exclusivité épistémologique de la science physique et en la suprématie morale de la valeur économique, l’une n’excluant pas l’autre, l’une et l’autre se garantissant plutôt mutuellement, d’où il en résulte, pour l’esprit contemporain, le culte du savoir empirique et matériel, comme celui en même temps des biens ainsi que des moyens susceptibles de se les procurer, et de voir en eux le moteur réel de la vie collective et de les accréditer comme étant le ressort par excellence de la conscience privée, susceptible d’être reconnue, implicitement et informellement, par la pensée laïque du temps actuel.» — Plérôme.

[sociologie]«C’est non seulement en augmentant sa science naturelle et matérielle qu’un peuple acquiert un niveau de conscience élevé, mais aussi en développant ses intuitions intellectuelles et spirituelles, par lesquelles il parvient à se situer pleinement dans le courant de l’histoire de l’humanité et à saisir l’essence de sa distinction et de sa destinée collectives, lesquelles accompagnent la compréhension adéquate du plan providentiel, qui alloue pour l’existence et la croissance des autres peuples (autant que pour celles du sien) ainsi que la complémentarité et l’harmonie des rapports qui peuvent se nouer entre tous ceux-ci: peut-être alors pourrait-on désigner sous le vocable de «démognosie» la spécificité d’une telle science et la conception, ainsi que la méthode, par lesquelles une société peut éventuellement accéder à ses enseignements, afin de contribuer ainsi à son élévation au plan de la culture qui la définit et à son insertion positive à l’intérieur d’une culture universelle ultérieure, résultant des relations interculturelles accomplies selon les aléas d’une histoire internationale, en vertu de la perfection d’une identité et d’une essence originales, propres à chaque société, et de l’accord éventuel optimisé de la culture qui les révèlent avec celles que possèdent les autres sociétés et qu’elles illustrent à leur tour, chacune selon ses virtualités propres.» — Plérôme.

[théologie]«C’est une forme de quiétisme — une attitude qui est apte cependant à se confondre avec le fatalisme, puisqu’elle se place devant l’obligation de composer avec toutes les issues qui procéderont de l’inaction qu’elle préconise —, qui veuille que, s’en confiant en tout à Dieu et s’en remettant exclusivement à Lui de tout ce qui puisse survenir, sous prétexte que Sa toute-puissance s’exercice indépendamment de la liberté et de la participation humaine, l’homme en vienne à concevoir ni pensée, ni action qui puissent émaner de sa liberté propre afin de contribuer adéquatement, par sa conduite et ses actions et à la mesure de sa destinée, de son talent, de ses aptitudes et de sa sagesse, au règne de la plénitude de la bonté sur la terre et en ce monde, le tout conformément à l’illustration, avec la grâce de Dieu, de la volonté divine.» — Plérôme.

[vérité]«C’est toujours au nom de la vérité que l’esprit, engagé dans son effort heuristique, interroge le temps: de la vérité que la conscience découvre dans le passé, et que la mémoire collective a peut-être oubliée, sur le long parcours historique que diversifient les époques et les cultures de l’humanité, et qui mènent jusqu’aux contemporains actuels, pour alimenter et conditionner leur actualité à leur insu, par ces valeurs qu’elle transporte toujours en elle et les directions qu’elle poursuit encore, et la construire sur des fondements qui souvent dépassent l’entendement et la conscience qu’ils en possèdent; de la vérité qu’elle retrouve lorsqu’elle utilise son activité, afin de transformer et d’améliorer le présent, tout en préservant et en perpétuant, parmi les formes anciennes, celles qui sont estimées dignes d’une considération spéciale et méritoires d’une protection, malgré les forces physiques qui, en vertu de la loi de l’entropie, en commandent l’usure progressive et la ruine éventuelle; de la vérité future qui, dans un temps plus ou moins rapproché, s’établira et perdurera, en dépit de toutes les circonstances et de tous les facteurs qui se seront ligués afin d’effacer le souvenir d’un passé révolu, mais en confirmation des théories et des actions qui s’évertuent de conserver la vie du corps et de l’esprit, la culture de la créativité de l’être humain, ainsi que la volonté et l’effort qui, tous ensemble, ont transformé la virtualité contenue en ces suppositions visionnaires en accomplissements réels et achevés, susceptibles de perpétuer indéfiniment, par des actions analogues, exercées dans la continuité, émanant de l’entéléchie vitale et spirituelle de l’humanité, les acquis éminemment précieux qu’elle a produits et les capacités infinies et mystérieuses qui l’habitent, d’engendrer de nouvelles formes culturelles pour la postérité, en témoignage de la valeur éminente des générations qui ont précédé et sur les épaules desquelles s’érigent ces innovations diverses et successives.» — Plérôme.

[vérité]«Il est légitime pour le penseur de se demander, lorsqu’il considère la substance d’une proposition éminemment logique, si en même temps elle signifie la vérité, puisque cette idée-valeur transcendante, qui révèle une intelligence juste et adéquate de la réalité, autant de ses essences que de la complexité et de la multiplicité des relations qui gouvernent leur coexistence, ne peut se contenter de transmettre la cohérence interne qui émane de la faculté logique, lorsqu’elle est saine et pleinement opérante, mais qu’elle doit en même temps communiquer la cohérence externe, la fidélité épistémologique qui est le propre d’un esprit pour lequel l’action, émanant de la puissance autonome qui est la sienne, porte sur une réalité qui est distincte de la sienne et à laquelle, par la compréhension désintéressée, qu’il en acquiert, il rend entièrement et intégralement justice.» — Plérôme.

[vertu]«La notion de la justice ne saurait se comprendre intégralement sans une compréhension de la réalité de l’innocence, de la qualité du Bien qui est le principe de sa réalité, de l’existence qui en inspire la préservation, l’actualisation et la perfection ainsi que de celle qui, agissant à l’intérieur de la nature et de la société, en valorise et en conserve la présence et assure non seulement qu’elle se perpétuera, mais encore qu’elle ne cessera jamais de constituer le fondement de la nature, de l’essence de chaque personne comme celle de la société des hommes, le tout dans la liberté la plus entière, visant à l’épanouissement optimal de l’intelligence et à l’exercice superlatif de la conscience.» — Plérôme.

[vertu]«Qui oserait mettre en doute que l’estime de soi et le courage de l’affirmer soient essentiels à une vie équilibrée et saine: lorsque cependant ceux-ci se fondent uniquement sur des mobiles qui sont propres à l’individu, sans référence à une puissance et à un pouvoir suprêmes qui en justifieraient l’illustration, puisqu’ils invoquent des valeurs objectives et des raisons supérieures contre lesquelles la conscience morale peut apprécier le degré et la profondeur des qualités personnelles qui sont requises à manifester une exemplarité, susceptible d’inspirer  l’ensemble social, alors nulle estime de soi et nul courage de l’affirmer ne seront suffisamment importants afin de recevoir l’assentiment d’une collectivité, un aval qui se fonde sur l’idéal du dépassement de soi et du désintéressement sincère, lorsqu’elle apprécie la valeur que peut prendre, à ses yeux, l’action individuelle accomplie par un ou plusieurs membres de la société.» — Plérôme.

[volonté]«À l’état pur, la volonté de puissance est une propulsion instinctive, aveugle et intense, en direction d’un objet qui est ressenti intimement comme étant susceptible de combler un manque, aussi important pour l’âme de la personne que l’énergie vitale qui l’anime est puissante: puisqu’elle tient de l’instinct, elle se caractérise donc par l’inscience, quant à l’estimation consciente de la finalité réelle qui suscite son intérêt et de la valeur propre qu’elle comporte, tantôt pour la personne et tantôt pour la société, ainsi éventuellement que par l’ignorance du degré et de l’importance de son insuffisance, quant à la possibilité d’orienter adéquatement la conduite de l’individu d’une manière qui est à la fois raisonnée et utile, bénéfique et édifiante, en vertu de comporter une valeur morale qui réalise des idéaux élevés, transcendants diront les anciens sages, qui font la dignité réelle de l’humanité, lorsqu’elles deviennent actuelles, et la gloire de la culture à l’intérieur de laquelle elle s’enracine. En ce sens, la volonté de puissance est le contraire de la sagesse dont la fin est l’actualisation effective et la réalisation exemplaire de ces idéaux, par les choix moraux qu’elle incline la personne à librement accomplir, les principes qui les fondent et les conduites qu’ils inspirent, lorsqu’elle prétend, non seulement à s’inscrire à l’intérieur du mouvement civilisateur qui définit son appartenance à un ensemble culturel et à une société humaine, mais aussi à faire profiter ceux-ci de ses conceptions, de son action et de sa présence, dans le sens de la plus grande plénitude à laquelle la culture peut aspirer. § Ainsi importe-t-il de tempérer cette propension par une éducation progressive, qui serait apte à en atténuer les ardeurs et à en orienter les énergies vers des fins qui, puisant à la créativité humaine, s’avéreront compatibles avec les aspirations les plus élevées de la culture et en inventeront de nouvelles: celles-ci, tout en reflétant le désir de parfaire les réalisations et les œuvres qui sont par le passé issues de ces finalités, et qui continuent éventuellement à l’être, parviendront à établir encore plus la civilisation sur la voie de sa floraison, de son accomplissement et de sa perfection. § Ce faisant, la moralité franchit l’écart entre la volonté de puissance, qui est une énergie pure et amorale, peu susceptible de distinguer, entre les actions qu’elle suscite, celles qui comportent une valeur transcendante et celles qui sont simplement pulsionnelles, et la volonté de vivre, qui est une énergie qui puise à la conscience morale de l’humanité en se choisissant une expression qui est constamment et infailliblement vouée à réaliser et à conserver la vie, selon les formes les plus élevées — en bonté, en vérité et en beauté — dont elle est capable, sans qu’elle ne devienne, en aucun temps, négatrice de son essence et de son entéléchie optimale.» — Plérôme.

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