[Depuis le 25 août 2014, avec mises à jour périodiques. — Since August 25th 2014, with periodical updates.]
[action] «Le perfectionnement de la société se fonde sur celui que réalise chacun de ses membres: en se comparant les uns avec les autres, ceux-ci viendraient à imaginer une gradation selon les qualités qui sont constitutrices de la perfection et que chacun illustrerait auprès de ses semblables; mais un tel exercice, s’il peut servir à caractériser la valeur respective de chacun, relativement à un critère qui est significatif, extérieur et objectif, ou qui prétend l’être, sous la totalité ou sous l’un ou l’autre de ces rapports, ne saurait en aucun temps appréhender le degré du perfectionnement auquel chacun serait parvenu, lorsque le niveau d’actualisation actuel auquel il est parvenu est considéré à la lumière de celui qu’il aurait atteint, s’il avait pleinement accompli le potentiel qu’il renfermait en lui-même, s’il s’avait par conséquent réalisé l’authenticité de sa personne à l’intérieur de la société, c’est-à-dire autant que sa capacité et son talent véritables lui permettait de l’espérer, chacun s’efforçant en ce sens comme il participait à l’effort d’autrui à se développer pleinement dans la mutualité.» — Plérôme.
[action] «Le manque qui résulte d’une occasion que le sujet moral n’a pas su faire fructifier, soit par l’ignorance de sa possibilité véritable, soit par l’incompétence, c’est-à-dire par défaut de savoir démontrer la capacité ou l’endurance requises pour arriver à la saisir et à en réaliser les possibilités entrevues, soit par l’inadvertance de la conscience, en raison d’avoir succombé à une distraction qui empêcha d’en remarquer et d’en apprécier la diversité de son insertion à l’intérieur de l’actualité, soit simplement par la négligence d’entretenir suffisamment les conditions qui produiraient pour elle un aboutissement heureux, constitue à lui seul un défi important pour la volonté: car le désir, éveillé par la conscience du bien qui aurait pu résulter de se montrer à la hauteur de la promesse qu’une occasion laisse entrevoir, ne permet pas d’oublier la virtualité insérée à même le processus de son accomplissement, voire en entretenant pour elle une nostalgie d’autant plus grande que le bien escompté aurait été appréciable et significatif; par ailleurs, aucun effort de la volonté ne saurait ordonner que l’intelligence puisse se mettre à l’œuvre et effectuer la réalisation d’une occasion manquée et que les circonstances se montrent à nouveau favorables à l’actualisation de cette entreprise, dû à la nature aléatoire de la conjoncture existante que l’on peut certes bonifier, mais dont en définitive l’agent n’a pas été l’initiateur, mais uniquement l’heureux bénéficiaire de l’éventualité qu’elle lui a procurée de l’apporter au niveau le plus élevé de sa possibilité.» — Plérôme.
[action] «La conservation d’un bien ne prend de sens véritable qu’avec l’ampleur du moyen employé afin d’assurer cette fin, un investissement d’autant plus gros que le bien que l’on cherche à préserver est important et que son état actuel est éloigné de l’état idéal qui est imaginé pour lui: et c’est à l’intérieur de cette perspective seulement que la dépense de soi et l’emploi des moyens utilisés à cette fin prennent tout leur sens, puisqu’autrement elle n’est plus qu’un exercice centré sur la perpétuation d’un état existentiel, considéré uniquement sous l’angle d’un bien-en-soi (plutôt qu’en-vue-de-quelque-chose) et d’un vivre-pour-soi (plutôt que pour-une-fin-en-dehors-de soi).» — Plérôme.
[amour] «Une forme alternative, plus subtile et plus insidieuse, sinon plus nouvelle, que peut prendre la relation amoureuse qui n’est intéressée que par le sentiment éprouvé n’est pas centrée sur le plaisir des sens — quoique celui-ci puisse être également présent —, mais de l’ivresse de son expérience d’aimer: ainsi la conscience accueille-t-elle celui-ci, non avec la réciprocité d’un sentiment analogue que partagent deux amants et qui leur permettent d’anticiper vivre ensemble et d’édifier un projet de vie, mais sur l’intensité du sentiment amoureux dont on allume et on attise l’expérience dans la continuité, sans que jamais cependant il n’implique ni l’intention, ni la possibilité de parvenir à une telle mutualité, tout en recueillant pour soi les bénéfices matériels et hylétiques qui peuvent en procéder pour l’amant ou pour l’amante.» — Plérôme.
[apparence] «Lorsque la conscience accepte implicitement que toute impression repose sur l’image et que tout jugement est relatif à l’apparence, elle est loin d’admettre que la valeur réelle d’une chose repose sur son authenticité, c’est-à-dire sur l’extériorisation effective de sa nature profonde et de son essence véridique.» — Plérôme.
[bien] «Peut-on contester que si n’existe aucun bien réel, en dehors de celui que l’on conçoit subjectivement comme en étant matériellement l’illustration (comme certains le prétendent et même le clament avec ferveur de nos jours), alors les individus n’ont plus à s’interroger sur la valeur ultime de leurs choix et de leurs actions. Mais est-il effectivement soutenable qu’aucun idéal, ni aucun critère objectifs n’existent, contre lequel mesurer nos désirs et les actions qui en découlent et contre lequel estimer la désirabilité de l’état actuel des choses — les situations, les circonstances et les événements qui surgissent dans l’existence ? Car si tel est bien le cas, alors aucune perfection ne saurait être envisagée, en dehors de celle que l’on connaît actuellement, comme étant l’accomplissement effectif d’un état potentiel, ni aucune amélioration susceptible d’être apportée, puisque tout est dorénavant considéré comme étant insurpassable, c’est-à-dire illustrant l’adage philosophique que tout soit «pour le mieux dans le meilleur des mondes», comme se plaisait à l’affirmer Leibniz et à railler Voltaire. Mais peut-on réellement et de bonne foi oser appuyer sincèrement une telle proposition, alors que le monde ne cesse de s’efforcer à innover et que les consciences n’ont trêve d’aspirer à une complétude physique et morale ?» — Plérôme.
[brutalité] «Au contraire de la machine, qui par elle-même ne possède aucune autonomie et par conséquent aucun pouvoir de transformer librement et délibérément les choses, l’homme a un pouvoir moral, critique et créateur qui l’autorise à modifier la matière qui l’entoure et à conférer aux choses une forme qui la distingue de l’originale, éventuellement constitutive d’une amélioration apportée à celle-ci, en les perfectionnant conformément à l’idéal qui en inspire l’action, comme il possède aussi un pouvoir destructeur, susceptible autrement d’altérer, de diminuer, de trafiquer et même de détruire ces mêmes choses, dès que la fin qui leur est imposée commande cette action.» — Plérôme.
[christianisme] «Ceux qui décrient avec véhémence le Christianisme n’en connaissent en réalité rien, ou en connaissent trop peu, comme en témoignent par ailleurs leurs propos; par ailleurs, ceux qui prétendent tout connaître à son sujet ont manqué d’investir tout le temps requis pour en estimer adéquatement la profondeur des mystères et l’étendue des secrets, ou encore se sont-ils vu privés de l’inspiration réelle ou de l’enseignement qui les auraient éclairés dans la poursuite de cette initiative.» — Plérôme.
[comédie] «Au théâtre de l’absurde, le scénariste fait de l’insensé un roi, régnant sur une cour d’étourdis, avec à ses côtés le sage comme bouffon, afin de les amuser avec ses prononcements mystérieux et inscrutables,.» — Plérôme.
[communication] «Aucun effort au dialogue ne saurait prévaloir sur une conviction intime ferme et inébranlable, qui fonde ses positions sur une expérience riche en événements et en recherches, génératrice d’enseignements féconds et irréfutables, issus d’une réflexion sérieuse: par ailleurs, nulle conscience, suffisamment aguerrie par l’épreuve d’un vécu intense et divers, ne saurait rester fermée à la possibilité de l’erreur, si infime que puisse lui sembler une telle éventualité, en raison de la capacité intellectuelle et morale défectueuse de l’être humain et de la possibilité toujours présente de pouvoir l’améliorer.» — Plérôme.
[communication] «Le propos qui se dit avec plaisanterie et qui est pris pour telle par un ami peut parfois être perçu comme étant une raillerie, par ceux qui n’éprouvent pas une disposition identique ou analogue à l’endroit du locuteur qui l’émet.» — Plérôme.
[connaissance] «Ou la vérité est, ou elle n’est point encore: si elle est, sans qu’elle n’ait été aperçue par un esprit discernant, elle reste, pour sa part encore inconnue et toujours à découvrir; si elle n’est point encore, puisqu’elle n’a pas été encore réalisée, elle reste, pour sa part, toujours à imaginer et à accomplir; car dès que le concept est posé, comme supposant et désignant quelque chose, c’est l’essence de cette chose qui pose problème, au penseur de bonne foi, puisqu’elle fonde à la fois la distinction que scolastique opère entre l’être de raison, susceptible de constituer une fiction, lorsqu’il ne trouve aucune contrepartie objective, concrète et authentique, dans la réalité, et l’être réel, que l’esprit est susceptible de rencontrer dans l’expérience sensible immédiate du monde.» — Plérôme.
[connaissance] «Ce serait une ironie trrible, pour un individu ou un ensemble d’individus, lorsque, ayant parcouru les chemins de la connaissance et exploré les limites ainsi que les profondeurs du savoir, il en vient à s’apercevoir et à comprendre que la seule importance, accordée par la société à l’initiative entreprise afin d’accomplir ce périple, serait celle qui est associée à la subsomption qu’elle en réalise à l’ignorance qu’elle conserve des réalités ultimes et à l’agnosticisme dont elle témoigne quant aux causalités suprêmes et aux finalités ultérieures de leur raison d’être profonde.» — Plérôme.
[crime] «Le sacrifice du bouc émissaire est souvent le moyen qui est employé afin d’exonérer le groupe d’un crime collectif auquel tous ont, manifestement ou tacitement, apporté leur assentiment, à défaut d’y avoir tous participé, sans que les moyens adéquats aient été mis en place afin d’identifier soit les instigateurs de l’horreur, soit les agents politiques et moraux qui, en droit, seraient passibles d’en assumer la responsabilité de sa commission mais qui se refuseraient obstinément d’en endosser, en aucune manière, soit de fait, soit d’autorité, quelque imputabilité.» — Plérôme.
[crime] «L’agression, qui est dirigée vers la personne, et la privation, qui porte sur les choses, sont les deux formes archétypiques fondamentales que prend le crime: elles sont la contrepartie des deux formes analogues, éventuellement fatales, que prend la maladie pour les corps vivants, à savoir l’infection par un agent étranger nuisible, un microorganisme ou une toxine, et le parasitisme d’un être vivant par un hôte qu’elle épuise en consommant de sa substance vitale.» — Plérôme.
[crime] «Lorsque l’on met fin à la vie d’un homme, c’est à sa disposition fondamentale à exister et à sa manière d’être habituelle auxquels l’on apporte une conclusion, des états qui s’enracinent dans sa nature biologique et qui trouvent leur expression dans sa progéniture, si celle-ci reçoit une éducation adéquate qui le porte à la réaliser, souvent suivant les valeurs et les enseignements de l’expérience du père qui la lui transmet: cette forme que prend la censure génétique peut produire un effet analogue en privant le père de sa progéniture ou en empêchant que celui-ci ne puisse même en contribuer une à la société.» — Plérôme.
[cruauté] «Tels sont ceux qui, apparemment se font un sport, par intérêt ou par simple plaisir, de faire paraître son semblable sous une fausse lumière, parfois sinon souvent avec des conséquences déplorables.» — Plérôme.
[culture] «La culture peut se concevoir comme étant la nature que l’homme façonne à son gré, en utilisant sa créativité, afin d’échapper aux vicissitudes préjudiciables d’une nature brute pré-existante, lorsqu’elle déchaîne ses forces aveugles et funestes et qu’elle occasionne des fatalités et des souffrances chez les victimes vivantes, et aussi afin d’augmenter le plaisir que la conscience peut éprouver de sa beauté inspirante et de sa sublimité édifiante, lorsqu’elle se laisse apprécier dans l’expérience qu’elle occasionne en l’individu, ému par la qualité de son existence.» — Plérôme.
[culture] «Si l’on définit l’instinct comme étant la propension à agir selon la disposition que la nature inscrit en l’être vivant, de penser, de ressentir et d’agir d’une manière habituelle et usuelle qui corresponde à la fois à une réalité vivante spécifique et à une conjoncture typique, c’est la capacité que trouve la personne en elle-même de soumettre intentionnellement cette inclination, de l’orienter en vue d’une fin et d’en contrôler les impulsions désordonnées, en vertu d’une finalité qui la parachève et lui confère un sens, avec pour effet de soustraire l’homme du plan de la condition naturelle de ses prédispositions et de ses inclinations et de l’élever dorénavant à celui de la réalisation culturelle et l’actualisation spirituelle.» — Plérôme.
[cynisme] «Le cynisme est une réaction normale, fondée sur la prise de conscience de celui qui en témoigne, souvent viscéralement, à une situation qui est manifestement aberrante, mais que généralement l’opinion commune et les attitudes de l’ensemble considèrent comme étant acceptable — la disparition apparemment sans justification légitime, d’un bien moral que l’on se plaît, souvent de manière anonyme, arbitrairement et par caprice, à détruire.» — Plérôme.
[destin] «Rien ne ressemble plus à une fatalité qu’une liberté consciente distincte qui s’exerce irrésistiblement à l’endroit du sujet moral dans un sens qui est différent de celui qui dynamise et mobilise son désir profond, mais qui est contraire à son attente réelle, lorsque l’un et l’autre sont naturellement fondés et culturellement légitimés.» — Plérôme.
[Dieu] «La bonté et la générosité de Dieu ne sont ni une justification, ni une excuse à l’ingratitude des hommes: bien plus, elles doivent nourrir leur idéal et inspirer leurs pensées, leurs paroles et leurs actions, étant des qualités et des vertus qui signifient l’accomplissement parfait de la source et la raison de leur être, auquel ils doivent participer dans la volonté de réaliser celui de leur propre nature.» — Plérôme.
[Dieu] «Non satisfaits d’avoir été créés à l’image de Dieu — une reconnaissance qui serait l’aveu d’une forme de dépendance absolue sur le Créateur afin de fonder la possibilité même de leur existence —, les hommes qui sont réfractaires à cette idée cherchent en lieu à renverser les rôles, en se donnant plutôt un Dieu qui serait à leur image: tel semble être le premier mobile de l’idolâtrie païenne, pour laquelle la représentation de la Divinité idéalise la nature humaine avec tous ses vices et le principe fondateur de la notion politique protagoréenne de la souveraineté populaire, laquelle propose que l’homme est la mesure de toutes choses, pourvu qu’il parvienne à exercer un contrôle réel sur la nature de leur possibilité et de leur réalité.» — Plérôme.
[droit] «L’intérêt égoïste, qui rapporte toute considération, réelle ou idéale, à soi d’une manière ui est arbitraire et immanente, est le premier ennemi du droit, lorsqu’il émane d’une Volonté souveraine et suprême et qu’il énonce ses préceptes (ainsi qu’il prononcé ses jugements) en vue de réaliser le meilleur Bien possible.» — Plérôme.
[duplicité] «La scène du théâtre, c’est l’altérité que feint l’acteur de mieux révéler au spectateur la vérité de l’existence qui est représentée alors que la scène de la vie, c’est révéler la sincérité du sujet moral afin d’accorder un efficace au mensonge, en vue de produire une issue qui fasse évoluer l’existence, dans un sens que détermine la l’illusion engendrée.» — Plérôme.
[éducation] «L’Université, ainsi que ses agents, pour ceux-ci d’une manière qui soit souvent isolée et sans concertation formelle, s’érigent institutionnellement en juges ultimes de la validité et de la valeur de la connaissance, en évoquant le principe de la raison inexorable et indéfectible, autant quant à la matière de ses principes que la forme de sa présentation et de sa représentation, sans se préoccuper pourtant ni du problème de l’unité de la connaissance, lorsqu’elle puise à même la source de la Vérité une et indivisible, ni de celui des contradictions — et même des contrariétés — qui sont susceptibles de résulter des points de vue divergents, susceptibles d’être maintenus, enseignés et professés à l’intérieur de ses murs augustes, sauf éventuellement sous l’effet d’un mouvement dialectique immanent, présent dans la démarche par laquelle la connaissance se cherche une validation épistémologique et sociale (telle qu’elle est illustrée par la théorie dialectique de Hegel, comportant les trois moments de l’affirmation, de la négation et de la négation de la négation) ou par la conviction, fondée sur une vérité religieuse qui alimente la conviction que l’Esprit de Dieu préside au triomphe ultime de la vérité sur le mensonge, de la réalité sur l’illusion et ultérieurement du bien sur le mal.» — Plérôme.
[égoïsme] «Lorsque aucun idéal ne vient inspirer la réalisation d’une action, alors le seul mobile qui reste, pour en déterminer l’actualisation, c’est le désir de se servir soi-même, ainsi que les buts qui sont pour l’essentiel accessoires à cette fin (tout en pouvant, à l’insu de l’agent, se révéler être au service d’une fin supérieure et plus élevée, par une ironie intrigante du sort.» — Plérôme.
[épistémologie] «Une question peut-être oiseuse, mais néanmoins intéressante, par la définition préalable des termes qu’elle suppose: serait-il plus difficile de tout savoir au sujet de rien; ou de ne rien savoir au sujet de tout ?» — Plérôme.
[épistémologique] «Un paradoxe épistémologique intrigant: il est souvent possible d’imaginer tout savoir ce qu’il faut savoir, à chaque moment de sa vie, sans éprouver alors le besoin de compléter sa connaissance, afin de susciter les décisions qu’elle interpelle à faire; et en même temps, de ne pas s’étonner pourtant d’en apprendre plus, et de se trouver devant l’obligation d’accomplir cet apprentissage, dès que la vie fournira à la conscience l’occasion de développer et d’approfondir le savoir déjà acquis.» — Plérôme.
[espérance] «La nouveauté, quelle qu’en soit la valeur éventuelle, apparaît presque toujours comme étant provocatrice et suscitant une résistance au changement qu’elle apporte avec elle et qu’elle exige de ceux qui subiront les effets de la transformation qu’elle opère, peut-être en raison d’ébranler des schémas établis qui ont constitué une zone de confort, pour ceux qui les ont reçus et adoptés, et dont l’éloignement ébranlerait le sentiment de sécurité qui accompagnait l’existence tranquille dont ils jouissent, mais peut-être aussi puisqu’elle remet en question les intérêts de ceux qui ont fondé leurs existences sur des schémas qui maintiennent la continuation d’un état qui, sans prétendre que son degré d’accomplissement fût parfait, ni même que l’expérience qu’en font tous ceux qui le vivent fût idéal, assure à ceux qu’ils avantagent la jouissance constante et ininterrompue de ses faveurs.» — Plérôme.
[esprit] «Le télescopage de l’intelligence du présent, que seules la profondeur et la complexité qui ont façonné son actualité préoccupent, au point de nier les antécédents historiques et les réalisations possibles qui peuvent en procéder afin de former l’avenir, lesquels fournissent la perspective et la toile de fond contre lesquelles le penseur puisse apprécier adéquatement l’action épistémologique, est en réalité la manifestation d’une implosion spirituelle grâce à laquelle la conscience tente de capter l’objet de son intérêt, mais uniquement en se concentrant sur l’aboutissement d’un mouvement qui lui semble être définitif, en ignorant cependant quels en seraient les fondements éternels, des fondements qui seraient aptes à éclairer les voies éventuelles, susceptible d’être empruntées dans l’expression historique de l’actualisation qu’il prendra: du point de vue de la culture, cette attitude morale en présage, pour ne pas dire en signifie et en conditionne, la décadence.» — Plérôme.
[État] «Rien ne ressemble moins à un État de droit qu’un État qui, tout en se proclamant inspiré par l’idée du droit, agit comme si le principe de droit existait uniquement pour les autres souverainetés, alors que lui-même, préoccupé seulement de se maintenir dans sas condition existentielle actuelle et veillent à poursuivre ses propres intérêts, ne s’arrête pas à savoir s’il s’inspire d’un idéal véritable, s’il tente de réaliser la plénitude du bien, par ses propres politiques et ses propres actions, et s’il encourage la poursuite de cette finalité chez ses ressortissants et chez les sujets qui participent activement à la promotion du principe de la justice qui inspire honorablement son activité législative et qui s’interrogent constamment sur sa complétude, sur sa validité, sur sa profondeur et sur sa compréhension.» — Plérôme.
[État] «Peut-on s’étonner qu’un État, qui a pris naissance dans et par le crime, puisse se maintenir en recourant aux mêmes tactiques et en utilisant les mêmes moyens que, ou des moyens analogues à, ceux par lesquels il est parvenu à s’établir et à se constituer.» — Plérôme.
[État] «L’État, qui ne sait découvrir en dehors de la pensée qui le gouverne et de l’état sous lequel il existe, l’idéal d’une excellence et d’une perfection existentielles, devra nécessairement le trouver en lui-même : or, celles-ci, puisqu’elles sont immanentes à sa réalité, ne sauraient révéler autre chose que le degré et la qualité de la perfection en vertu d’être parvenu à réaliser, en un temps circonscrit, révolu, actuel ou à venir, un mode existentiel historique qui le caractérise et le spécifie. § Par conséquent, il ne saura découvrir de perfection supérieure à celle que comporte son étant propre, telle qu’il peut la concevoir, une excellence qui dérive du principe inhérent de la naissance, de la durée, de la conservation, de la préservation et de la diffusion de sa nature, et qui aussi l’exacerbe. § Par ailleurs, cette perfection se développant à partir de la finitude qui l’a vue naître, ne saurait que s’estomper en celle qui le verra disparaître: elle peut procéder de l’infinité et de l’éternité d’un Être surnaturel et transcendant, en tant que les consciences qui en sont l’évidence immanente en représentent l’émanation, grâce aux facultés de leur esprit, de leur intellect et de leur vitalité, mais si celles-ci ne reconnaissant pas cette origine, ces plans resteront largement méconnus en leur propre personne, suite à un effort d’introspection qui leur en procurerait une conception, et en celles de leurs semblables, suite à l’intuition qu’ils pourraient en dégager, et ses qualités seront attribuables pour l’essentiel à une nature temporelle et spatiale plutôt qu’à une essence spirituelle et transcendante. § Par ailleurs, ce n’est qu’en contemplant un État qui se fonde sur des valeurs éternelles et infinies et en se donnant cet État pour modèle et pour exemple, susceptible de susciter et de recevoir l’admiration des consciences et d’inspirer une émulation par ses sujets, qu’un État historique pourra espérer se conserver et perdurer au-delà de l’historicité et de la temporalité qui le conditionne naturellement, autrement il se vouera à ne générer qu’une existence historique éphémère plutôt qu’une existence dont le terme et frontière resteront indéfinis. § Ainsi, seule la recherche et la découverte d’une forme culturelle, infinie et éternelle, pourra satisfaire l’ambition que cultive et entretient un État de transcender la finitude de l’espace et du temps dont il est autrement condamné à subir passivement les contraintes et seule l’adoption réelle et effective des principes constitutifs, aptes à fonder cette forme, en garantira pour lui la pérennité ultime et l’accomplissement optimal de sa plénitude. En effet, celles-ci sont, à bien les considérer, les seules ambitions qui conviennent à un esprit libre et pleinement réalisé, lorsqu’il participe, dans la mutualité, à la définition d’une société et de l’État qui en institue la forme avec les institutions qu’elle se donne, et qu’il manifeste toutes les qualités qui émanent de la source surnaturelle et transcendant dont il provient, un esprit que possèdent les grands instituteurs et les initiateurs insignes de l’humanité, les illustrant en leur personne et en leurs actions, un esprit dont les cultures séminales de la terre ont conservé le souvenir impérissable dans leur souvenir, tel qu’il s’exprime dans la tradition de leur mythologie et dans la documentation de leur histoire, consécutivement à l’invention de l’écriture, et auxquels elles ont attribué les attributs et parfois même la nature de la Divinité, en reconnaissance de leur valeur superlative et incomparable.» — Plérôme.
[événement] «Quelle consolation le patient peut-il prendre à savoir que si tel ou tel malheur survient et occasionne une souffrance, d’autant plus grande que la perte ou la privation qu’il entraîne sont importantes, la probabilité de son occurrence, calculée sur un échantillon représentatif, était en réalité infime, pour ne pas dire à toute fin pratique inexistante ? Et aussi d’apprendre à ses dépens que ni la nature, ni l’homme ne sont parfaits, la première dans sa capacité à être toujours conviviale aux espèces vivantes, le second dans sa préparation morale à illustrer les trois vertus transcendantes que sont la bonté, la vérité et la beauté, lesquelles il conviendrait en tout temps d’exprimer, face à lui-même comme face à la société ?» — Plérôme.
[expérience] «L’expérience que la conscience assume et qu’elle assimile, en accomplissant une compréhension pleine et entière de sa nature et de son essence, après avoir réalisé la réflexion et sous l’effet de l’inspiration qui permettent à l’esprit d’en appréhender les arcanes, devient le fondement et le critère contre lesquels rapporter et évaluer la signification et la portée de toutes les expériences analogues, susceptibles de se produire dans le futur et de l’affecter; car cette première expérience en devient comme le type, sans sacrifier pour autant la dimension originale des expériences futures, lesquelles se méritent de recevoir, pour bien les saisir, le même regard critique et épistémologique que l’esprit apporte à l’expérience originelle, comme à toutes les expériences intermédiaires qui ont précédé et conditionné l’expérience plus actuelle.» — Plérôme.
[expérience] «Le fait pour la conscience de pouvoir s’extraire, par l’idée, de l’univers physique dans laquelle elle baigne, en raison d’être incarnée, constitue le meilleur argument en faveur de la double thèse de l’immatérialité de l’esprit et de son essence primordiale, antérieure à la phusis qui en constitue l’enveloppe dans l’expérience, d’une expérience dont elle peut s’échapper dans l’abstraction, en accomplissant l’acte de la conceptualisation qui en reconnaisse la finitude et la nécessité, par conséquent, qu’elle ait procédé d’un moment originel, avant lequel elle ne peut prétendre à l’existence effective.» — Plérôme.
[foi] «On ne détruit le non-soi que pour mieux encore ériger le soi en modèle et en archétype: tel est, pour le particulier, le salaire de l’homicide et, pour la société, la conséquence de ce crime. Car à travers le mal qu’il commet ainsi, l’agent moral ne peut espérer autre chose que susciter l’incarnation du mal qui en résulte pour l’ensemble, à la fois en raison de la négativité destructrice de l’action commise que de la privation du bien qu’il en éprouvera, subséquemment à celle-ci. D’où le bienfait immense, incommensurable même, que laisse espérer la Résurrection qui a le pouvoir de rétablir le bien qui a été détruit avant elle, en raison de l’injustice et de la mort inique qui en furent l’occasion, un prodige sans lequel l’humanité est vouée à une extinction à plus ou moins longue échéance, en perpétuant l’esprit du mal que représente l’homicide pour elle la dégradation des mœurs et des esprits qui ne cesse de se s’instaurer par et avec lui, lorsqu’il élimine les éléments les plus valables et admirables de la société afin de donner prise à l’habitus néfaste qui le caractérise et de le justifier aux consciences dubitatives de leur valeur et de leur importance et décadentes en raison de ne pouvoir surmonter ce scepticisme et se laisser transformer par une conscience réelle de celles-ci.» — Plérôme.
[foi] «La Foi — qui se fonde sur la valeur de la Vie — comme la Loi — qui s’établit sur l’Amour et s’accomplit par lui — sont des principes complémentaires qui sont toujours unis, étant immuables et éternels dans leur essence, et ils conjuguent la diversité de leur action dans un même Verbe, mais ce sont les interprétations que l’on peut en faire qui risquent d’être erronées et de s’éloigner progressivement du centre substantiel et essentiel de leur nature intime.» — Plérôme.
[force] «La force comporte cette caractéristique essentielle d’être en elle-même à la fois amorale et protéiforme, c’est-à-dire que la multitude des formes sous lesquelles elle peut s’exercer peut servir autant à promouvoir une position moralement injustifiable qu’à affirmer et à défendre une conception hautement honorable: ainsi est-il essentiel de clarifier les raisons qui peuvent justifier adéquatement l’usage de la force, de manière à pouvoir se convaincre de la valeur éminemment juste et bienfaisante de l’idéal et de la cause au service desquels l’agent se résout à employer l’argument prépondérant de la puissance contraignante.» — Plérôme.
[générosité] «L’entraide, lorsqu’elle est sincère et désintéressée, tout en communiquant à un ordre transcendant de la justice qui assure qu’elle ne demeure jamais sans récompense, peut parfois sembler artificielle et calculée, et pour cette raison suspecte, lorsqu’elle devient, en répondant alors à un impératif strictement immanent, le moyen exclusif d’obtenir un bénéfice concret et d’être gratifié avec un avancement personnel, lequel est accessoire aux fins égoïstes qui sont les véritables motifs de sa production, lorsque l’action qui la caractérise est néanmoins susceptible de résulter en un bien en général.» — Plérôme.
[guerre] «La guerre substitue à la subjectivité morale, qui s’assume et qui aspire à ne réaliser dans la liberté, de concert avec toutes les consciences disposées en ce même sens, que le plus grand des biens possibles, un droit qui, ayant défini préalablement une conception du bien, apte à rallier nécessairement et inexorablement l’aval des consciences, devient le canon des devoirs qui définissent dorénavant les actions désirables et des droits qui conditionnent désormais les conduites répréhensibles, devant un adversaire que l’on définit a priori comme étant l’ennemi de cette conception, sinon en droit, du moins selon les faits, et qui, pour cette raison doit être assujetti, peu importe la valeur objective de ses propres théories morales et juridiques.» — Plérôme.
[histoire] «Pour certains, la maxime qui gouverne leur action suppose qu’il vaille mieux oublier sélectivement — et parfois même faire oublier — certains événements et certaines situations qui risquent de ressurgir du passé, y compris ceux qui pourraient engager un projet d’avenir, prenant la forme d’un désir à combler ou d’une initiative à réaliser et comportant une valeur obligatoire pour la conscience, tout en compliquant le rapport qui est entretenu par elle avec la réalité présente, plutôt que d’avoir à affronter les conséquences réelles qui procéderaient de l’accréditation qu’ils feraient du souvenir escamoté.» — Plérôme.
[histoire] «L’histoire que l’imagination de l’être humain invente afin de s’expliquer les choses qui lui paraissent dissonantes, en raison de revêtir une réalité qui s’inscrit difficilement à l’intérieur de ses schémas acquis ou de ses idées reçues, a pour effet premier de conforter la conscience en lui offrant le facsimilé d’une explication juste et compréhensive, ne saurait entièrement satisfaire l’esprit qui est réellement engagé à connaître et à comprendre la vérité des choses, autant dans la profondeur de leur essence que dans l’extension de leur connaissance qu’elles méritent de recevoir.» — Plérôme.
[histoire] «Lorsque la société des hommes détruit un autre homme, un autre peuple ou une autre espèce, qui fût essentiel à la réalisation du bien-être de l’humanité et du plein épanouissement de sa nature, tout devient alors une évocation de la bonté de ce qui fut, de l’excellence de ce qui aurait pu s’ensuivre d’un état collectif et social qui, un jour, fut si prometteur et de l’état de perfection qu’elle aspire toujours à réaliser et vers lequel elle continue à tendre sans fin, en raison de la nostalgie qui habite l’âme de ceux qui sont vivement conscients de la perte inestimable encourue par cette action délétère et du vide béant produit par elle à l’intérieur de l’âme collective, comme étant une aspiration encore aussi légitime, malgré qu’elle ne se soit réalisée et pressentant qu’elle se serait accomplie, si le mouvement qui la portait n’avait pas été trahie et interrompue, pour quelque raison que ce soit.» — Plérôme.
[hystérisme] «L’hystérisme consiste en cette tendance à réaliser, sous le sceau d’une motivation prépondérante qui est implicitement assumée — l’intention — ou inavouée — le désir refoulé—, la dichotomie qui s’instaure dans l’intelligence morale entre la cause nettement agissante et l’effet qui en est le produit, en méconnaissant et parfois même en trafiquant la relation effective qui mène de celle-là à celle-ci, ou encore en oubliant intégralement et radicalement l’événement qui en manifeste la production; d’où il résulte que, en omettant de comprendre les causes véritables, et éventuellement d’en entraver l’action ou, à tout le moins, de parer aux conséquences qui pourraient en résulter, lorsque celles-là s’avèrent irrépressibles ou autrement inévitables, la conscience s’expose à un décuplement, une amplification et une démultiplication des effets indésirables, résultant de cette offuscation: ceux-ci prendront alors l’aspect d’une fatalité que seule une action lucide et déterminante pourrait exceptionnellement, en dernier recours — comme par miracle —, infléchir et peut-être même abolir le cours inéluctable qui la manifesterait.» — Plérôme.
[idéal] «L’actualité de l’homme est le rappel constant que le sujet moral conscient ne doive pas perdre de vue la réalisation éventuelle, mais toujours possible, du plus haut idéal qui puisse être atteint par elle.» — Plérôme.
[idéal] «La dystopie n’est rien moins, ni rien d’autre que la manifestation de l’empêchement systématique opposé à l’idéal, lorsqu’il répond au désir de réaliser la plénitude de la nature, dans ce qu’elle comporte de plus essentiel, de l’être qui en actualise la configuration et qui lui procure l’éventuelle expression de son accomplissement.» — Plérôme.
[idéologie] «Le risque que court l’idéologie, lorsqu’elle illustre un enthousiasme aveugle à faire prévaloir la cause qu’elle élabore, qu’elle épouse et qu’elle défend, ainsi que les fins qu’elle propose à la conscience de l’ensemble comme étant hautement désirables et parfaitement réalisables, c’est de négliger, voire ignorer et même nier, les principes et les théories qui la contredisent et qui, bien qu’elles fussent justes, réfléchies, articulées et véridiques, pourraient remettre en question les voies auxquelles ses partisans avaient préalablement apporté leur acquiescement et compromettre les motifs et les intérêts de ceux qui, spontanément ou délibérément, en préconisent le parcours.» — Plérôme.
[ignorance] «L’ignorance est à la fois la voie procurée à la malveillance afin d’exercer ses méfaits, en habilitant des complices inconscients à en devenir les agents malheureux, et le terrain qu’elle cultive afin de pouvoir accomplir, en toute impunité, leurs effets pernicieux sur ceux qui n’en devinent point l’existence, malgré qu’ils en subissent les conséquences regrettables.» — Plérôme.
[imagination] «Il y a des histoires, vraies pourtant, qui sont trop incroyables pour être crues spontanément, ce qui illustre que la réalité puisse être parfois d’autant plus fantastique que la capacité d’en actualiser les formes est plus puissante que celle qui s’en tient à l’exprimer.» — Plérôme.
[imagination] «Ce n’est pas parce que l’esprit refuse d’évoquer la réalité d’une chose, ou encore de se la représenter, qu’elle cesse pour autant d’exister.» — Plérôme.
[intelligence] «Les mauvaises herbes dont le jardinier encourage la croissance désordonnée peuvent aussi servir à masquer la poutre embarrassante qu’il vaudrait mieux dérober au regard.» — Plérôme.
[intelligence] «Il faut surtout se méfier de ceux qui peut-être en savent beaucoup, mais qui en réalité comprennent très peu, n’ayant ni le jugement, ni l’expérience afin de tirer un sens profond et général au contenu des connaissances qu’ils ont acquises.» — Plérôme.
[intelligence] «Lorsque le jugement considère objectivement un événement, c’est-à-dire une situation, un incident ou une occasion, c’est toujours en se campant dans la sécurité d’une position intellectuelle et existentielle acquise [l’attitude neutre], sans nécessairement remettre en question, et peut-être même en les justifiant implicitement, les principes moraux ou existentiels qui la fondent et grâce auxquels la conscience se maintient dans un état inébranlable et détache face à ces réalités [l’attitude engagée].» — Plérôme.
[intelligence] «L’intelligence est une faculté qui navigue le passage risqué, étroit et accidenté, entre deux abîmes: le Charybde de l’inscience, qui consiste en l’ignorance des principes antécédents et des moyens de leur réalisation, et le Scylla de l’inconscience, quant aux conséquences et aux possibilités qui inhèrent à l’actualité des choses ainsi qu’à leur actualisation.» — Plérôme.
[intelligence] «Quelle utilité réelle peut-on donc trouver à l’action de penser lorsque le comblement du désir hédonique est l’unique priorité et la seule préoccupation ?» — Plérôme.
[intelligence] «Il n’importe pas tant que tout soit logique, mais plutôt que soit logique l’objet qui requiert l’illustration éminente, par l’esprit, de cette qualité, afin pour lui d’en apercevoir la signification, l’origine et la finalité: cela étant toutefois, il serait intéressant de poser le problème de la source et de la raison d’être de cette logique implicite à l’objet qui en démontre, par son existence et son organisation, la possibilité.» — Plérôme.
[jugement] «Une difficulté que pose le processus de l’évaluation réside en ce que, afin d’estimer ce que serait la valeur réelle d’une chose, l’esprit doive identifier un critère qu’il pourra invoquer afin de l’établir quant à une qualité précise — proposons celle qui correspond aux idées-valeurs transcendantes de la bonté, de la vérité ou de la beauté —, et qui lui permettra de décider effectivement si cette chose rencontre ce critère, et à quel degré, ce qui lui demande en même temps d’établir des comparaisons, en admettant alors que cette qualité puisse être également présente en une variété de choses différentes. Mais décider d’un critère et appliquer ce jugement à une ou plusieurs choses, c’est déjà savoir de façon satisfaisante quelle est la nature de la qualité qui est recherchée dans les choses qui en illustreraient la présence et quelle priorité accorder aux différents aspects qui révèlent la qualité qui est recherchée en elles. § Ainsi l’objectivité à laquelle parvient le jugement se rapportera uniquement au critère qui sert de jalon aux choses que cette faculté considère, mais non au meilleur critère possible qui déciderait de la valeur univoque et absolue d’une chose, ou celle de plusieurs choses, lorsqu’elles sont considérées sous un même égard, si jamais une différence importante portait à caractériser l’écart qui existe entre le critère choisi et un éventuel critère idéal. § Par conséquent, le choix que l’intelligence effectue, en déterminant un critère qui éclaire le jugement, lorsqu’il produit une évaluation particulière, suppose implicitement que ce critère est le meilleur, et non simplement celui qui convient le mieux au genre de l’analyse qu’il opère — quoiqu’en rétrospective, cette conclusion pourrait prévaloir, si un critère meilleur encore était découvert afin d’effectuer le jugement que l’esprit tente d’opérer —. Ainsi, en l’absence de la validité démontrée d’un critère choisi, comme étant le reflet adéquat de la qualité idéale qui est recherchée pour une chose, l’esprit devra convenir que l’objectivité de l’évaluation qu’elle a produite repose sur un jugement arbitraire, fondée sur la relativité de la valeur idéale contre laquelle apprécie la valeur individuelle des choses qui en sont les exemplaires. Par contre, seule l’identification d’une valeur absolue, susceptible de constituer l’illustration idéale de sa présence dans les choses qui la représenteraient, peut servir de fondement à une évaluation qui est objective, à la fois quant à la méthodologie employée et quant au résultat, autrement elle ne pourrait représenter qu’une estimation relative, apte donc à être améliorée et perfectionnée, laquelle biaisera implicitement la conception de l’évaluateur, lorsqu’il l’appliquera à la réalité observée, ce qui le rendra alors vulnérable à une critique justifiable et justifiée.» — Plérôme.
[justice] «Une spéculation casuistique: s’il advenait que l’on démontrât la possibilité, sans pour cela s’engager dans une chasse à la sorcière ou la recherche d’un bouc émissaire, de pouvoir agir sur le terrain qui prédisposât à la naissance d’une condition défectueuse (i.e. une maladie, une déficience, un méfait ou un événement sinistre), afin de déclencher le facteur qui en serait effectivement la cause, il faudrait alors juger de la responsabilité de l’agent moral qui a initié le dispositif qui a mené à cette conséquence, en même temps que l’on inspecte celle de l’agent qui a produit l’action nocive ou délétère.» — Plérôme.
[justice] «L’acte de foi politique, implicite à la vie en société, c’est que les injustices déplorables, qui surgissent inévitablement de l’imperfection humaine — étant issues de ses membres constitutifs —, trouveront un remède approprié à l’intérieur du régime qui les engendre et qui les encadre; l’acte de foi religieux, qui émane d’un élan de l’âme vers une Force ou une Puissance qui subsume celles de l’homme et qui est au-delà de celle-ci, c’est que l’injustice elle-même, du fait qu’elle est une imperfection qui fait affront à la nature infiniment bonne et pure d’un Dieu tout-puissant et aimant, qui règne en dernier ressort sur la Création, trouvera son remède effectif, si ce n’est en cette vie, du moins en la Vie future; l’acte de foi transcendant, lequel repose sur une aperception judicieuse de la relation personnelle que Dieu entretient avec la Créature et, par elle, avec l’entièreté de la Création, alors que, en vertu du principe de la vie, il lui accorde dès l’origine la liberté, c’est que l’instauration effective de la justice, quel que soit le moment déterminant de sa réalisation, ne saurait se passer des volontés particulières qui participent de plein gré à ce noble projet, avec tout le dévouement que cette fin leur inspire; et l’acte de foi chrétien, c’est que ce choix d’une association libre au projet divin d’instaurer une justice parfaite et effective est rendu actuellement et couramment agissant, par l’ultime Sacrifice qui a dénoué toutes les entraves que pouvaient dresser les adversaires de cette finalité, en portant atteinte à la liberté des particuliers à apporter, sous la forme des sacrifices que directement et délibérément ils s’imposent à eux-mêmes afin de les réaliser, leur adhésion, leur affiliation et leur participation aux desseins providentiels de la Divinité sur l’humanité, de réaliser la justice dans l’amour et l’amour dans la justice.» — Plérôme.
[justice] «Rien ne ressemble plus à la convoitise que la soif de la justice, en ce que tous les deux exigent du sujet moral une satisfaction et s’emploient à la réaliser à travers ceux-ci, en dirigeant leurs efforts vers l’établissement, lorsqu’elle est inexistante, ou le rétablissement, lorsqu’elle est défectueuse ou carencée, d’une situation qui soit conforme à un état idéalisé, c’est-à-dire qui tend vers son accomplissement le plus élevé possible, et qui, pour cette raison, lui semble hautement désirable, sauf que pour la seconde, seul le désintéressement à le réaliser guide la conduite de la personne qu’elle anime de la volonté de poursuivre, avec patience et constance, l’idée morale du bien et à parcourir la voie qui mène à accomplir intégralement la finalité espérée.» — Plérôme.
[liberté] «L’illustration de la liberté engage certes la responsabilité individuelle, mais elle suppose en même temps, sous le vocable de l’amitié et de l’amour, un réseau social complet qui encourage la production de l’action morale qui en témoigne, qui apporte un soutien à l’agent qui la réalise consciemment et qui n’entrave pas l’opération des mécanismes par lesquels elle actualise ses effets, devant les défis qui se présentent à elle et qui éprouvent la constance de la persévérance et l’intensité de la résolution grâce auxquelles elle puisse se manifester et se révéler.» — Plérôme.
[mensonge] «Le mensonge est la rupture, intentionnelle et délibérée, — souvent motivée (mais pas toujours) par l’intérêt, défini par l’avantage que l’on escompte retirer de cet acte —, entre le principe qui est au fondement de la réalité d’une chose et la représentation que l’intellect construit de sa formation et de sa puissance de prolifération (quant au mensonge à soi, qui dénature l’authenticité du sujet) ou celle qu’il énonce (quant au mensonge à autrui, qui est préjudiciable à la sincérité de l’interlocuteur).» — Plérôme.
[mensonge] «Tout mensonge est implicitement nihiliste: car non seulement fausse-t-il la vérité de la réalité qu’il adultère, mais aussi porte-t- il avec lui le désir de l’existence positive de la chose — peut-être déjà actualisée, mais peut-être aussi simplement irréalisée, tout en étant réalisable — qui ferait oublier la production et l’occurrence de ladite réalité.» — Plérôme.
[mensonge] «La répétition interminable d’une fausseté, que le sujet moral chantonne incessamment, à la manière d’un mantra, ne réussira pas pour autant, comme par magie, à transformer le propos énoncé en vérité.» — Plérôme.
[mensonge] «Le mensonge, ainsi que ses sœurs, la falsification, l’ignorance, l’illusion et la demi-vérité, constituent une menace indéniable à l’avenir de l’humanité puisqu’il ne s’arrête pas simplement à proposer des fictions inoffensives, susceptibles de distraire l’imagination et de bercer les consciences, pour ne pas dire les hypnotiser et les endormir, mais encore s’attaque-t-il, sous ses formes les plus perverses, aux principes fondamentaux de la société et aux lois essentielles de l’État, grâce auxquels la communauté peut effectivement escompter s’inscrire durablement, à l’intérieur d’un cours éventuel qui amènera à la plénitude de sa croissance et de son épanouissement, en faisant fructifier ses virtualités les plus élevées.» — Plérôme.
[métaphysique] «Ceux pour qui «rien n’est sacré» attestent, en adoptant cette position négative, qu’ils vont jusqu’à nier la chose qui est la plus chère pour eux, c’est-à-dire leur propre existence ainsi que la liberté de la vivre pleinement et entièrement, si telle est leur disposition, car à bien considérer les choses, ce sont les exemplaires d’une excellence qui est extérieure à soi qui constituent un incitatif social à se dépasser et un modèle à savoir le faire, nécessaires à la nature humaine en raison de son essence sociale, et ceux portent inéluctablement à s’interroger sur l’essence de l’accomplissement et la réalité de l’agent qui mène à sa plus grande perfection, autant quant à son origine première véritable que quant à sa raison d’être et sa finalité; et comme le soi devient alors subjectivement la seule préoccupation qui leur apparaît valable, dans l’état d’une volonté d’auto-conservation exacerbée qui nie tout fondement objectif et suprême à la vie, l’expression est en réalité elliptique et se complète par un «sauf soi-même» qui engendre, lorsqu’il se généralise à l’ensemble, un immanentisme laïc et radical.» — Plérôme.
[moralité] «L’alliance est parfois très précaire entre la philosophie et la politique: car si la philosophie propose à celle-ci les idéaux de sagesse qui seraient censés former la disposition morale et inspirer l’action concrète de l’homme politique, rien n’assure que ce dernier trouvera moralement judicieux de s’y conformer, pour des raisons d’expédient, d’efficacité, d’intérêt ou de facilité, et de dépenser l’énergie humaine et les moyens financiers, afin de leur donner corps et de les mettre en œuvre: d’où la nécessité d’inventer et d’instaurer un droit politique qui cherchera à assurer que l’intérêt et l’honneur de la moralité seront protégés, lorsqu’ils sont exposés à l’inertie ou à l’ineptie, résultant d’une action excessivement pragmatique et/ou prosaïque.» — Plérôme.
[moralité] «En général, la conscience perverse détruit l’objet qui ne saurait adéquatement et intégralement se laisser nier, sauf à se l’approprier et éventuellement le posséder, afin d’en conditionner et d’en contrôler l’usage que l’on puisse en faire.» — Plérôme.
[moralité] «Une promesse n’a de valeur effective qu’en raison de l’intention que la conscience se forme d’en rencontrer les conditions, du temps dont elle dispose afin d’en satisfaire à la fois les exigences matérielles, des occasions et des circonstances qui se présentent à elle d’en opérer la réalisation ainsi que la possibilité réelle qui l’appartient d’en accomplir les propositions, en n’étant pas empêchée de la tenir par des forces contraires et parfois délibérées.» — Plérôme.
[moralité] «Pendant que certains s’interrogent sur les principes qui fondent «la bonne chose à faire» et qui conduisent à son accomplissement, d’autres agiront et produiront spontanément cet effet bénéfique uniquement en pressentant qu’elle est «la bonne chose à faire» et qui agiront en connaissance.» — Plérôme.
[moralité] «C’est dans la joie que le cœur fait l’expérience de la plénitude débordante de la vie, comme c’est dans la sérénité de la paix qu‘il en vit la qualité ineffable: or autant l’un que l’autre de ces sentiments ne sauraient s’imaginer sans sa contrepartie puisque, si la plénitude se fonde sur le nombre et la diversité des occasions d’éprouver à la fois l’intensité et la profondeur de sa présence, la personne ne saurait espérer la découvrir, avec la grâce de Dieu, sans démontrer la vertu morale qui exprime son adhésion complète à l’idéal de la bonté et l’engagement sincère et résolu à le réaliser concrètement au quotidien, par les actions qu’elle accomplit, et qui constituent en définitive l’unique fondement véritable de la valeur que prend la personne humaine, lorsqu’elle est adéquatement enracinée dans la réalité de son existence.» — Plérôme.
[moralité] «Toute cause efficiente est moralement neutre, puisque sa finalité est de produire l’effet qui est la destination de son action, telle que la volonté la conçoit et la réalise: d’où il s’ensuit que l’efficace d’une cause, si elle peut s’exercer à l’avantage d’un bien que la conscience prévoit en obtenir, peut aussi bien servir à la progression d’une moindre bien au point de nier complètement la valeur du bien qui pouvait en résulter; il en résulte par conséquent que la causalité qui produit un effet, un état ou une action, ne saurait être séparée ni de sa finalité, ni de la moralité de l’agent qui la produit, sauf à référer à un principe aléatoire, indéterminé et éventuellement déterminable, le soin d’assurer à celle-ci un effet qui, comme par magie, en spécifierait le bien.» — Plérôme.
[moralité] «Il y a tout un monde entre l’esthétisme moral — ce que sait la conscience, engagée dans son rapport avec le milieu, et ce qui lui est représenté comme étant le bien par l’environnement social — et la pratique morale — l’action effective qui découle de cette conception et qui correspond à cette représentation du bien qu’elle réalise adéquatement et fidèlement: car cette disparité reflète la même distinction qui est opérée par les scolastiques entre l’être de la raison et de l’être réel, c’est-à-dire entre l’être qui est une conception de l’esprit et l’être qui est aperçu effectivement par l’esprit, puisqu’il trouve une contrepartie effective dans la réalité, autant celle qui existe que celle qui demeure possible; or, c’est ce monde de différence qui constitue le véritable défi à l’action morale puisque, au plan de la moralité, un vœu pieux qui ne se donne aucun moyen de se réaliser, si louable fût-il autrement, ne saurait contenter les sujets moraux qui ont une véritable soif de la justice et qui, en accomplissant leurs propres actions, expriment en tout temps une conformité à ses principes.» — Plérôme.
[moralité] «L’esprit risque de voir s’établir une dichotomie existentielle importante lorsque la moralité, en se fondant, autant que faire se peut, sur une aperception adéquate et entière des principes spirituels qui animent et orientent le monde, en inspirant les actions et les décisions particulières, dont la portée sera tantôt générale et tantôt individuelle, se trouve mise en opposition aux conceptions éthiques, lesquelles trouvent leur justification exclusivement dans la nature des individus et dans les mouvements intimes qui sont propres aux actions qu’ils posent, sans référence aucune à la spiritualité qui les anime et les inspire ou qui entretient seulement un rapport marginal avec elle.» — Plérôme.
[mythe] «La mythologie n’est autre chose qu’un travail de la conscience qui constitue l’illustration, au moyen d’un langage susceptible d’être interprété par cette faculté, lorsqu’elle est disposée en ce sens, la volonté de personnifier et/ou de caractériser les forces inconnues et mystérieuses, subtiles et parfois imperceptibles, tantôt historiques et tantôt actuelles, qui façonnent les événements de l’existence et les subjectivités qui entrent en rapport avec ceux-ci lesquelles, en s’exprimant dans le for intérieur et intime de l’esprit, se révèlent être des essences non seulement personnelles, mais aussi éventuellement communicables, en confirmant ainsi le principe épistémologique, souvent pressenti avant d’être clairement conçu et exprimé, qu’aucun effet ne saurait exister sans la cause qui le produit.» — Plérôme.
[mythe] «La convoitise consiste à dérober l’héritage de son prochain et le patrimoine de son voisin est un vice létal qui remonte à des temps immémoriaux: c’est le principe que révèle le mythe de Caïn et d’Abel qui raconte le second événement significatif dans la vie de l’humanité, le premier étant l’expulsion de leurs parents, Adam et Ève, hors du Paradis qu’était pour eux alors la terre.» — Plérôme.
[perfection] «L’imperfection est l’état fondamental de toute situation, de toute position et de toute occasion, puisqu’elle serait susceptible de recevoir une amélioration, en regard de l’idéal le plus élevé que l’on peut entrevoir pour elles et des moyens susceptibles d’être employés, afin de permettre à l’agent moral de l’atteindre. § La corruption, c’est l’action qu’entreprend celui-ci ou la situation qu’il maintient, sciemment eat consciemment, par désir d’inertie, suite à un conditionnement acquis, ou en poursuivant un intérêt exclusif, alors qu’il sait (ou qu’il serait censé savoir), non seulement que leur contribution à la vie de l’ensemble serait moins qu’optimale, mais aussi qu’elle la compromettrait et qu’elle en diminuerait la qualité.» — Plérôme.
[philosophie] «La philosophie n’est pas uniquement une élucidation de ce qui est, étant manifeste, et de ce qui sera, en raison de la possibilité d’être ce qui n’est pas encore réalisé, mais elle en est aussi une justification, dans l’appréhension que fait l’esprit de l’histoire, de l’origine, de la finalité et de la raison d’être de l’être: le défi, c’est de réconcilier, dans l’action créatrice effective, ce qui de ces états représente une possibilité légitime et adéquate susceptible de produire matériellement une issue désirable, en raison de la bonté qu’elle représente pour la conscience créatrice.» — Plérôme.
[philosophie] «La philosophie consiste en la tentative et en l’effort de percevoir, d’expliquer et d’approfondir l’essence du beau, du vrai et du bien, tels qu’ils se manifestent dans la nature, d’en dégager les fondements, d’en comprendre les origines et d’en apercevoir les finalités. § Ainsi pose-t-elle que ces trois catégories théoriques, qui sont en même temps des valeurs transcendantes, en vertu d’interpeller les facultés intellectuelles de l’homme et d’orienter prioritairement la quête métaphysique et épistémologique qu’elles s’engagent à poursuivre, sont les plus essentielles et les plus dignes à constituer le champ de l’étude qu’accomplit l’esprit, comme il porte à s’intéresser à élucider la nature de cette substance qui non seulement rend possible cette activité heuristique, mais qui en même temps la suscite, comme elle engendre le désir de s’intéresser à sa propre réalité intérieure et subjective, par un acte de réflexion introspective. § La nature et l’esprit, voilà donc quels sont les deux pôles et les deux objets de la philosophie, lesquels ont pour fin la sagesse de la pensée, de la parole et de l’action, celle-ci n’étant nulle autre chose que l’excellence démontrée à conjuguer le beau, le vrai et le bien qui se réalisent effectivement et s’accomplissent pleinement à l’intérieur de la réalité.» — Plérôme.
[philosophie] «Si la philosophie, comme nous le révèle une étymologie de son nom, apprécie la sagesse et désire en élucider les principes comme en prévoir les manifestations et admirer ceux qui vivent selon ses enseignements élevés, ce sont véritablement ceux-ci qui, en illustrant une action digne de louange et d’une émulation positive et créative, donnent tout son sens à la quête intellectuelle des philosophes.» — Plérôme.
[philosophie] «Le malheur de la philosophie matérialiste contemporaine, c’est d’avoir réduit la considération métaphysique de l’être au regard qu’elle porte sur les choses et de voir exclusivement en celles-ci les conditions de son existence, plutôt que fonder la vie sur la plénitude de l’être qui en informe tous les aspects, y compris ceux de sa matérialité.» — Plérôme.
[philosophie] «La lutte est un thème de la philosophie politique qui est implicite à la compréhension de la relation de l’homme avec l’environnement que lui présente la nature, ou avec son entourage, c’est-à-dire le milieu vivant et culturel avec lequel il interagit et que constituent pour lui ses semblables, à des degrés différents et en vertu des qualités qui leur sont propres, un rapport qui peut prendre une variété d’aspects: la lutte de l’individu en vue de sa conservation et de sa perpétuation, ainsi que celles de ses proches; la lutte des regroupements qui naissent à l’intérieur de la société afin de favoriser la promotion des intérêts et des ambitions de leurs adhérents ou l’avancement des idées de leurs affidés; la lutte des unités nationales, fondées sur les idées de l’identité, de l’ethnie ou du territoire — l’une n’excluant pas l’autre, lorsqu’il existe une superposition et une coïncidence dans la dénotation de ces concepts —, en vue d’assurer soit la survivance es populations impliquées, soit l’exerce par elles d’une influence ou d’une prépondérance salutaires, soit de l’imposition forcée d’une hégémonie plus ou moins générale et profonde; mais quelles que soient les notions évoquées, elles évoquent toutes une conception où la dissonance entre les parties en présence prévaut sur l’harmonie afin de constituer un empêchement à l’expression de la vitalité organique qui caractérise tel individu ou tel groupe et dont la préservation est essentielle à leur continuation, à leur conservation, à leur développement et à sa propagation.» — Plérôme.
[philosophie] «Si la philosophie ne s’accorde pas pour mission de porter bien haut le flambeau de la vérité et d’éclairer le monde de sa lumière éternelle et inextinguible, inépuisable et rayonnante d’une splendeur brillante, afin de favoriser l’accession des âmes et des esprits à la plénitude de la vie et empêcher qu’elle ne sombre sur les écueils qui risqueraient d’en étouffer les ardeurs, alors que cette discipline et cette pratique se voue à n’être plus que le moyen intellectuel qui serve à élever le mensonge en système et à ériger l’illusion en reine des esprits.» — Plérôme.
[politique] «Pour qu’elle s’affirme et qu’elle prévale, toute idéologie devient, voire à son insu et de manière contingente, un facteur d’opposition, d’exclusion et de réprobation pour les idéologies différentes et contraires, une conséquence qui est proportionnelle, dans sa manifestation, à la nature et au degré de l’opposition et de la contrariété suscitées et maintenues par les convictions qui fondent la persistance et la durée des idéologies en présence les unes des autres.» — Plérôme.
[politique] «Sous la forme la plus radicale et la plus extrême qu’il peut prendre, le nationalisme (ainsi que son proche parent l’ethnocentrisme) consiste en la réduction de l’expérience universelle possible, susceptible d’être accomplie par l’ensemble du genre humain et des cultures qui le composent, à la forme typique que prend l’expérience collective, dans l’idéalisation que la conscience effectue, implicitement ou manifestement, de la représentation que possède une société particulière ou une culture spécifique de l’idée de la possibilité de son actualisation optimale et qu’elle en vient à considérer comme devant prévaloir.» — Plérôme.
[politique] «Il est inévitable que la séparation radicale de l’Église et de l’État, tel que le conçoit un laïcisme intégral, conduise à la substitution de la volonté humaine à la volonté divine et produise une vision collective de la réalité qui soit entièrement déterminée par une perspective vitaliste, immanente à une conception naturaliste de la réalité que fondent les qualités de la ruse et de la force afin d’assurer l’ordonnancement de sa structure ainsi que la protection contre les éléments qui en compromettraient à la fois la conservation et la croissance. § Par ailleurs, afin d’éviter de sombrer dans un fatalisme funeste, qui condamne à subir les pressions sociales et environnementales, sans espoir de pouvoir influer en quelque manière sur elles et de les améliorer ou autrement de les transformer, la découverte de l’idéal de vivre une situation optimale, qui procède de la conscience de l’efficace d’une action bien menée et où règnent l’harmonie et la paix à l’intérieur de l’ensemble — un projet qui comporte pour la société une visée qui est par définition politique —, portera à s’interroger sur les valeurs morales qui inspireront cet état et les actions correspondantes qui l’apporteront effectivement: peut-on alors renier les solutions qui, par le passé, ont fourni ces éléments existentiels et spirituels intangibles et qui étaient auparavant intimement associées, comme étant des fins optimales, hautement désirables, à une conviction religieuse dont l’État désire maintenant se dissocier, en poursuivant sa recherche d’une autonomie et d’une raison d’être en soi ? Et si la solution trouvée auparavant était indépassable, étant universelle dans la possibilité de son essence et éternelle dans sa finalité, comment alors l’État laïciste pourrait-il songer l’ignorer, sans prétendre en même temps s’engager sur la voie d’une imperfection inéluctable et d’une décadence assurée, dont l’échéance s’avérera néanmoins certaine, si elle se produit à long terme ?» — Plérôme.
[politique] «Le nationalisme de la survivance partage trop souvent les défauts de tous les nationalismes en général, qui consiste à nier l’universel qui est au fondement des cultures particulières, pour se centrer uniquement sur la particularité de sa propre culture et vouloir la vivre exclusivement, en se fermant trop souvent à la richesse et à la valeur des autres réalités culturelles; par ailleurs, il est souvent la conséquence et la résultat, pour cette culture, d’avoir été acculée, par les contingences de l’histoire et de la géographie, à une position défensive où cette fermeture sur elle-même lui était commandée par la volonté d’une affirmation nationale, issue des dispositions d’une culture étrangère à s’imposer à elle, par la substitution de valeurs sociales et culturelles qui lui sont propres à celles qui émanent de sa propre tradition, avec pour conséquence d’en miner éventuellement les fondements et la destiner à l’oubli et à l’effacement: ainsi, seule une revigoration de ses propres assises culturelles, susceptibles de lui redonner une vitalité et un ascendant, pourra alors s’avérer salutaire pour elle, avec la possibilité de pouvoir dorénavant se soustraire à l’isolement qui le guette, s’ouvrir au monde et, tout en préservant son originalité et sa richesse spirituelle, puiser à nouveau à la source absolue et unique de la pensée universelle afin de se renouveler.» — Plérôme.
[politique] «Lorsqu’une puissance ne sait se maintenir, en raison de témoigner d’une excellence dans l’illustration d’une perfection objective, c’est-à-dire d’une perfection dont la source et le fondement résident dans un être réel qui est extérieur à soi-même — un modèle vivant qui exprime la volonté d’un Être Suprême, selon qu’elle est connaissable à l’intelligence humaine et que celui-ci se laisse apercevoir par elle —, il doit fonder sa propre conservation et sa propre préservation sur le désir qu’il éprouve de se maintenir, sans égard pour la justification réelle et profonde, susceptible d’être apportée par la raison afin d’étayer sa prétention. § D’où le risque certainement couru de soumettre une excellence supérieure, en vertu d’entretenir et de cultiver un rapport plus adéquat à la Divinité, celle qui émane de sa puissance propre, au nom de la volonté particulière qui la caractérise, que seule le recours à l’exercice d’une une prépondérance arbitraire, que rendent effective la ruse et/ou la force, parvient à imposer et dont l’imperfection devient évidente lorsqu’elle se compare à une qualité superlative réelle, à l’entourage qu’elle assujettit à ses désirs et aux œuvres qu’elle est apte à générer.» — Plérôme.
[politique] «La Genèse nous enseigne que, lorsque Dieu créa l’homme (et la femme), Il le fit à son image et à sa ressemblance; mais l’histoire morale de l’humanité nous révèle que ceux-ci, non contents de s’être ainsi laissé devancer, et désireux dans leur orgueil de pouvoir Lui en montrer, décidèrent alors de façonner Dieu à sa propre image.» — Plérôme.
[politique] «Toute élévation arbitraire et erronée d’une notion particulière, si générale fût-elle, au statut de concept universel; et tout projet, comme toute intention, d’en imposer les principes et les fins à l’ensemble des consciences, sans possibilité de réaliser un examen judicieux et approfondi, constituent les fondements idéologiques, les raisons, à la fois du totalitarisme, en ce qui concerne la matière de sa position dogmatique, et de l’autoritarisme, en ce qui a trait à la forme que prend son application politique, normative et publique, à la société.» — Plérôme.
[politique] «Puisque l’être humain ne saurait vivre en société, sans une autorité qui informe l’ensemble et lui exprime une voie à suivre, alors il en résulte qu’il ne détruira ultérieurement l’autorité qui prévaut actuellement, le cas échéant, que pour s’en donner une autre, ou s’en voir imposer une par une puissance étrangère qui profiterait de la situation de désorganisation qui s’en serait suivie.» — Plérôme.
[politique] «La stabilité sociale est un idéal politique estimable — peut-être même en constitue-t-elle la plus haute illustration —, mais seulement si elle alloue pour la réalisation de la perfectibilité de la société par laquelle celle-ci tend constamment vers la forme la plus élevée, c’est-à-dire la plus juste, qu’elle est susceptible d’incarner, et qu’elle se montre disposée à l’accomplir, par la direction qu’elle se donne et l’action positive qu’elle entraîne chez ses membres.» — Plérôme.
[politique] «Le problème utilitariste, qui pose la question de la désirabilité relative de porter secours à une personne ou à un groupe de plusieurs, en présence d’un danger imminent pour eux et qui place les décideurs devant le choix moral, d’agir ou de s’abstenir d’agir en leur faveur, voire même d’agir en leur défaveur — comme c’est le cas pour le Caïphisme politique), peut recevoir une extension plus grande: celui, peut-être plus important et essentiel encore, qui consisterait à savoir s’il est justifiable (et par conséquent légitime) de sacrifier la vie ou l’état d’un seul individu, ou de plusieurs individus, de manière à profiter à l’ensemble social dont ils font partie ? § La question se poserait-elle autrement si les décideurs savent que la valeur et la qualité de cet individu sont remarquables et inimitables et priveraient par conséquent cet ensemble des bienfaits susceptibles de résulter autrement pour lui, si cet individu venait à disparaître ou à cesser d’exister ?» — Plérôme.
[politique] «C’est une véritable tragédie politique lorsqu’un État, ou une partie de ses intégrales, doive s’incarner, afin de se préserver, en cela même dont elle se défend, parce qu’il en vient à représenter alors la forme morale la plus perverse, et pour cela la plus abjecte, que puisse se figurer un être moral, conscient accompli, ou engagé sur la voie réelle d’un accomplissement effectif: et pourtant, c’est la solution et la direction que à se propose une conception caïphiste de l’action politique, lorsqu’elle fait reposer le salut de l’ensemble sur le sacrifice de la personne pure et innocente, ce qui explique peut-être pourquoi, avant de procéder à cette pratique honteuse, l’agent qui l’accomplit doive avant tout chercher à l’avilir et à la salir, de manière à pouvoir justifier son acte et à masquer son maléfice réel, sinon moralement, du moins apparemment dans l’opinion générale.» — Plérôme.
[politique] «L’oreiller: le terrain des rêves les plus grandioses comme des projets les plus vils; des ententes les plus harmonieuses et les plus salutaires comme des complicités les plus nocives et les plus abjectes; des influences les plus bienfaisantes comme des représentations les plus perfides; des aveux les plus tendres comme des trahisons les plus odieuses: serait-ce donc une exagération outrancière d’affirmer que le sort de l’humanité s’est parfois joué et décidé sur cette humble pièce du mobilier ménager ?» — Plérôme.
[psychosexualité] «S’il est possible, voire éprouvant, pour la femme de rivaliser avec l’homme, sans pour cela se dénaturer, sur le terrain historique où il s’est illustré par excellence — une assertion qui mériterait certes que la réflexion apporte un regard critique —, rien n’est moins certain que l’affirmation du contraire fût vraie: même qu’une appréciation adéquate des natures respectives de l’homme et de la femme porterait à conclure que l’émulation par l’homme, des aptitudes et des qualités qui définissent tout particulièrement la nature féminine, sans cultiver les qualités viriles qu’il revient à l’homme de développer, mènerait éventuellement à la dénaturation de ce qui constitue en propre la nature masculine.» — Plérôme.
[raison] «Exercer le pouvoir de la raison et en exacerber les possibilités, c’est en pressentir et en découvrir la puissance certes, mais non en appréhender la nature, ni en apercevoir soit la cause, soit même la finalité. § Et prétendre qu’elle trouve sa finalité dans l’acte de son exercice propre, c’est nier à l’esprit à la fois la possibilité d’agir librement sur la nature et d’opérer cette action délibérément afin de réaliser cette éventualité, c’est-à-dire en choisissant spontanément, parmi la multitude d’options qui s’offrent à l’imagination, celui qu’il est dans son meilleur intérêt d’actualiser et plus généralement d’accomplir le plus grand bien. § Comme affirmer que la raison trouve sa cause en elle-même, c’est en même temps nier ou encore ignorer que son émergence dans l’ordre du vivant a été le produit d’un acte ou d’une série d’actes créateurs, libres et spontanés, et qu’elle fût, bien avant cela, l’objet d’une exploration et d’une découverte qui, si elles surviennent dans l’intériorité individuelle, ne sont pas moins les résultats, les produits d’un surgissement indépendant de la volonté qui, par la suite, a trouvé à orienter son action. § Or cette apparition, qu’elle accompagne le moment où naquit la vie en l’être vivant, et en constitua le champ de la conscience, ou qu’elle soit subséquente à cet instant, avec la détermination de la pensée qui s’ensuivit, ne saurait être entièrement immanente à l’être, puisque celui-ci même ne saurait revendiquer être la propre cause de l’essence et de l’existence de son être. § Ainsi, lorsqu’elle entreprend d’expliquer à elle-même quelle fut la nature de son origine et celle de la substance avec laquelle elle parvient à s’exprimer et à s’illustrer dans le monde, la raison doit s’en déférer à une cause qui est exogène à elle-même, une cause dont la puissance est telle qu’elle est le principe et la cause de sa venue à l’être.» — Plérôme.
[reconnaissance] «Point n’est besoin de faire l’effort de nier un concitoyen, lorsque l’on s’est résolu au départ à ne lui reconnaître aucune qualité ... et surtout pas celles qu’il reviendrait à un observateur sympathique et impartial de lui attribuer légitimement.» — Plérôme.
[sagesse] «Même si parfois, la conscience honnête et sincère puisse se détourner d’elle, en cédant à certaines distractions qui l’égarent, la sagesse est une voie qu’elle ne saurait réellement quitter, une fois qu’elle se trouve engagée sur le parcours qui l’interpelle et l’affermit.» — Plérôme.
[sagesse] «Un mot de sagesse porte en soi plus de virtualité effective, en raison de la vérité sublime qu’il renferme et de la transcendance absolue qui le caractérise qui en autorisent, en raison de son universalité, l’application à une variété de conjonctures et de situations multiples et diverses, que mille injonctions visant à gouverner les éventualités concrètes d’une condition particulière.» — Plérôme.
[sentiment] «La nostalgie, qui représente à la fois une souffrance vague, ressentie devant le sentiment du vide que représentent une circonstance, une situation ou une occasion, présentes ou révolues, en même temps que le désir, mêlé d’espoir, que se reproduisent à nouveau les conditions qui les ont produites, en même temps que les sentiments positifs qui leur furent associés, peut également se vivre pour les possibilités entrevues, mais non réalisées, ainsi que pour des projets dont on a du interrompre l’accomplissement, tous des réalisations incomplètes qui, au moment précis où le désir de leur naissance et l’espérance qu’elles aboutissent est survenue à la conscience, les ayant conçues ou constatant simplement leur présence, sont apparues comme étant des anticipations dont l’aboutissement fut estimé hautement probable et éminemment désirable.» — Plérôme.
[sentiment] «Le plaisir physiologique des sens compense souvent le manque de celui qui, étant plutôt spirituel, tout en comportant une contrepartie physiologique observable ainsi que sensible, procède du sentiment qu’il existe une adéquation entre l’idée de soi et l’idéal social, ainsi que l’idéal moral, une concordance qui convient à la nature humaine de chaque individu.» — Plérôme.
[société] «L’épidémie des drogues, utilisées à tous les escients, qu’elles soient médicalement prescrites ou qu’elles fassent l’objet d’une distribution illicite, est symptomatique d’une société qui est devenue indifférente au sort de ses membres particuliers — dont les démunis représentent l’aspect le plus éloquent et pathétique —, peut-être en raison de son impuissance à réconcilier toutes les contradictions qui fourmillent en son sein, sans tenir rien d’extérieur à soi pour être soit primordial, soit sacré, et qui souffre de ne pas être suffisamment ouverte sur la réalité d’autrui, ni sensible à l’être véritable et profond qui la fonde et qui la constitue.» — Plérôme.
[société] «L’indifférentisme social — qui ne sait se prononcer sur la nature et la valeur d’un idéal de bonté, de vérité et de beauté, ni départager, en faveur de la plénitude de celui qui serait le plus élevé, les différentes formes que le penseur sérieux en énonce, pour soi et pour ses semblables, et présente à la conscience informée l’ensemble comme étant la forme la plus désirable à réaliser — mène, hélas !, au nivellement des états existentiels, à l’indifférenciation des qualités individuelles, à l’équivalence des essences et à l’aplanissement de la distinction qui rend louable et admirable l’excellence des membres de la société qui le manifestent avec paradoxalement, pour se refuser à reconnaître l’existence d’un tel nihilisme ou éconduire ses semblables quant à celle-ci, une exagération de l’emphase que l’on porte sur les signes extérieurs afin de maintenir l’illusion d’une perfection qui néanmoins, malgré l’effort apporté afin de l’entraver, trouve progressivement à s’établir, par une action mystérieuse, et à alimenter avec constance l’idéal des consciences assoiffées de l’idée d’un état existentiel et social pleinement achevé.» — Plérôme.
[sport] «Le tireur sportif vise là où il doit, en direction de la cible, conformément aux règles qui sont énoncées par la culture et qui encadrent formellement son activité; le chasseur, là où il faut, en direction d’une proie, en obéissant aux nécessités qui gouvernent sa situation et qui constituent la raison d’être de son action: la première activité développe l’adresse pure du sportif; la seconde son expertise pratique, dans un milieu fluctuant et changeant, ainsi que la ruse à la faire valoir, par le succès des mesures concrètes qu’elle procurera au chasseur.» — Plérôme.
[théologie] «L’Incarnation, au sens absolu et théologique du terme, représente la réalisation de finalités divines ultimes par des moyens strictement humains, afin de rendre possible, avec la grâce de Dieu, la participation des hommes qui acquiescent à leur accomplissement et qui s’engagent résolument et sincèrement à œuvrer en ce sens, en adoptant les actions et les conduites appropriées à cette fin.» — Plérôme.
[Une longueur approximative de trois pages de texte, qu’autrement l’on aurait trouvées à cet endroit, a été subtilisée À distance de l’ordinateur qui a servi à le composer et à le préserver lors d’une entrée non-autorisée, via l’internet, dudit ordinateur par une tierce partie, le lundi 25 août 2014, vers 11:00, alors que son auteur le consignait au site Blogger de Google.]
[valeur] «Il apparaît clairement qu’une dichotomie artificielle sépare l’expérience qui valorise personnellement et celle qui est valorisée socialement: car au nom de quoi l’expérience qui élève et réalise l’individu serait-elle réprouvable pour l’ensemble social, ou, à un degré moindre, indifférente à son existence; et en raison de quoi la situation ambiante ou la conjoncture actuelle seraient-elles condamnables par l’individu ou tenues en moins haute considération par lui, dans ce qu’elles comportent de plus estimable, lorsqu’elles contribuent à la raison d’être, à la progression et à la perpétuation de la société ? et pourtant, n’observe-t-on pas des situations, peut-être plus nombreuses qu’on le croirait, où l’on érige une paroi étanche entre l’activité qui est accomplie au plan de la société et celle qui s’effectue à un niveau individuel, de sorte que en s’adonnant à l’une, elle est réputée ne comporter aucune conséquence pour l’autre, lorsqu’il s’agit d’apprécier sa valeur ou de reconnaître en elle une qualité idéniable qu’il importerait de faire valoir.» — Plérôme.
[vérité] «Toute vérité n’est pas bonne à dire, pour reprendre un adage familier: mais pour qui la vérité devient-elle un objet d’horreur et au nom de quels principes nie-t-on systématiquement ce qui est éminemment vrai ?» — Plérôme.
[vérité] «Plus la culture se fonde sur des principes métaphysiques profonds et compréhensifs, plus la vérité qu’elle défend est élevée et sublime, mais plus aussi l’illusion que l’on possède de comprendre ses mystères risque d’être générale et complète, plus les choix qui en résultent peuvent s’avérer être erronés et plus les actions qui en procèdent sont susceptibles d’être regrettables.» — Plérôme.
[vérité] «La force de la vérité se découvre moins dans la puissance de persuader et de convaincre que dans la capacité de manifester et de réaliser la plénitude de sa présence, grâce à l’intelligence de sa pensée, la bienséance de la conduite et la bienfaisance des actions de la personne.» — Plérôme.
[vérité] «L’intelligence appréhende, définit et comprend la nature de la vérité, mais c’est la sagesse qui la réalise, c’est l’histoire qui la manifeste et c’est la raison qui en illustre et en procure l’évidence.» — Plérôme.
[vérité] «C’est une philosophie incomplète qui offre la promesse d’entrevoir la vérité, mais qui interdit de la contempler de trop près ou de l’appréhender trop bien, et surtout de communiquer la signification pleine et entière de sa matière sublime à ceux qui seraient curieux d’entendre le propos qui l’interprète: telle semble bien être la conclusion que l’on doive tirer de l’allégorie de la caverne de Platon (ou est-elle de Socrate ?) alors que s’exposerait au ridicule, à l’injure et à l’insulte le prisonnier qui, s’étant évadé de la caverne et ayant contemplé le monde de la réalité qui est extérieur à celle-ci et qui, après être revenu, s’évertuerait de témoigner de celle-ci auprès de ses compagnons dans le malheur.» — Plérôme.
[vérité] «Il n’existe pas pire injure à la vérité que le refus d’entendre l’expressions que l’esprit puisse en faire, comme il n’existe pas pire torture que l’on puisse lui infliger que d’en retrancher, d’en déformer et d’en altérer les contenus: car pour autant que cette idée-valeur en signifie la conscience transcendante et par conséquent la vitalité de son essence, ces actions équivalent à rien de moins que lui dénier le droit d’exister ou pratiquement de lui accorder le droit à une existence qui conviendra à la vue restreinte et éventuellement intéressée que l’on puisse subjectivement en posséder, plutôt que d’autoriser à la réalisation parfaite, pleine et entière, d’un état qui en soit le reflet, en même temps qu’il encourage chacun à se réaliser intégralement et complètement, en raison de l’ombrage que son existence occasionne pour l’esprit trompeur.» — Plérôme.
[vérité] «N’est-ce pas l’indice d’une mauvaise volonté que d’exiger la preuve d’une vérité que l’on sait déjà, pour en avoir éprouvé la valeur et la pertinence dans son expérience immédiate, et dont on en possède, pour cette raison, la conviction intime de sa véracité.» — Plérôme.
[vertu] «Se distinguer sans posséder de distinction véritable — en feignant, ou en usurpant par la ruse, une distinction qu’il ne revient pas au sujet moral de revendiquer — est une action qui représente aussi une forme de distinction, mais hélas ! c’est une distinction seulement apparente, c’est-à-dire sans authenticité ni profondeur, qui est revendiquée par celle-ci.» — Plérôme.
[vice] «Quel degré de corruption le jugement peut-il admettre qu’une chose puisse avoir atteint avant qu’il ne décide que son intégrité est irrémédiablement touchée et irrévocablement compromise ?» — Plérôme.
[vie] «Lorsque le thème d’une vie se ramène uniquement et exclusivement à la réalité et aux mobiles de sa propre personne, de manière à ce que la personne d’autrui ne représente plus que la présence d’un simple figurant, il devient difficile de réconcilier cette attitude avec la reconnaissance qu’une situation sociale implique l’expression de natures libres et distinctes, dont la qualité et la valeur sont estimables, non pas uniquement en relation avec des considérations subjectives, mais aussi en fonction d’une appréciation objective qui se rapporte autant à l’idéal moral que chacun est apte à réaliser qu’à la particularité individuelle et naturelle qui la caractérise, grâce à laquelle il puisse, avec le concours de ses semblables, une valeur convenable et satisfaisante à l’intérieur de la culture.» — Plérôme.
[violence] «En amenuisant la violence que fait la culture de l’homme à la nature, l’on réduirait éventuellement celle que la nature se fait à elle-même, laquelle trouve son point culminant avec celle que l’homme exerce sur l’homme, en vertu de la brutalité des lois biologiques qui sont inhérentes à l’écologie sauvage des êtres vivants et auxquelles il n’a pas encore réussi à mettre un frein.» — Plérôme.
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