lundi 25 août 2014

Euthúmèma XIII (réflexions)

[Depuis le 25 août 2014, avec mises à jour périodiques. — Since August 25th 2014, with periodical updates.]

«Le télescopage de l'esprit sur le présent, dont la profondeur et la complexité le préoccupent, au point d'en nier les antécédents historiques et les réalisations (simplement virtuelles) de l'avenir, et qui fournissent la perspective contre laquelle s'en laisse apprécier l'action épistémologique, est en réalité la manifestation d'une implosion spirituelle par laquelle la conscience tente à tout prix à capter l'objet de son intérêt, mais uniquement pour se concentrer sur ce qui lui semble être pour lui l'aboutissement définitif d'un mouvement, tout en ignorant quels en seraient les fondement éternels et par conséquent encore aptes à en éclairer les voies futures dans l'expression historique de son actualisation future. Au plan de la culture, elle en présage, pour ne pas dire en signifie, la décadence.» — Plérôme.

«Au théâtre de l'absurde, c'est l'insensé qui est roi, trônant devant une cour d'étourdis, avec à ses côtés, le sage pour bouffon.» — Plérôme.

«Les mauvaises herbes dont on encourage la croissance peuvent aussi servir à masquer la poutre que l'on veut dérober au regard.» — Plérôme.

«La guerre, c'est la substitution à la subjectivité morale, qui s'assume et qui aspire à ne réaliser dans la liberté que le plus grand des biens possibles, du droit qui, étant défini préalablement comme étant une conception du bien susceptible de se rallier nécessairement et inexorablement l'aval des consciences, devient le canon des devoirs qui définissent les actions désirables et des droits qui conditionnent les conduites répréhensibles.» — Plérôme.

«N'est-ce pas l'indice d'une mauvaise volonté que d'exiger la preuve d'une chose que l'on sait déjà, pour l'avoir éprouvée dans son expérience immédiate, et dont on en possède, pour cette raison, la conviction intime qu'elle est vraie.» — Plérôme.

«Le mensonge est la rupture, intentionnelle, délibérée et motivée, souvent (mais pas toujours) par l'intérêt, défini par l'avantage que l'on escompte en retirer, entre le principe qui fonde la réalité d'une chose et la représentation que l'on s'en construit (quant au mensonge à soi, qui en dénature l'authenticité) ou celle que l'on en énonce (quant au mensonge à autrui, qui porte préjudice à la sincérité du sujet).» — Plérôme.

«Même si parfois, quelques détours puissent se manifester, en réponse à certaines distractions, la sagesse est une voie que l'on ne saurait quitter, une fois que l'on s'y trouve engagé sur elle.» — Plérôme.

«S'il est possible, voire éprouvant, pour la femme de rivaliser avec l'homme sur le terrain de celui-ci, et cela sans se dénaturer — une affirmation qui mériterait certes que l'on y jette un œil critique —, rien n'assure que le contraire fût vrai: même qu'une appréciation adéquate des natures respectives de l'homme et de la femme porterait à conclure qu'une dénaturation de l'homme serait conséquente à l'émulation par lui des aptitudes et des qualités strictement féminines.» — Plérôme.

«Sous sa forme la plus radicale et extrême, le nationalisme (ainsi que son proche parent l'ethnocentrisme) est la réduction de l'expérience universelle possible à la forme typique que prend l'expérience collective, dans l'idéalisation que l'on en effectue, implicitement ou manifestement, dans la représentation qu'en possède l'ensemble, pour une société ou une culture particulière.» — Plérôme.

«Ceux qui décrient le Christianisme en connaissent en réalité rien, ou trop peu; par ailleurs, ceux qui prétendent tout connaître de lui, n'ont éventuellement pas investi tout le temps requis pour en apprécier la profondeur des mystères et l'étendue des secrets, ou encore ont-ils été privés de l'inspiration réelle ou de l'enseignement éclairé qui auraient pu les éclairer dans la poursuite de cette initiative.» — Plérôme.

«Le nationalisme de survivance partage trop souvent les défauts des nationalismes en général, qui consiste à nier l'universel au fondement des cultures particulières, pour se centrer uniquement sur la particularité de sa propre culture, pour vouloir la vivre exclusivement, en se fermant trop souvent à la richesse et à la valeur des autres réalités culturelles; par ailleurs, il est souvent la conséquence et la résultat, pour cette culture, d'avoir été acculée, par les contingences de l'histoire et de la géographie, à une position défensive où cette fermeture sur elle-même lui était commandée par une volonté d'affirmation nationaliste qui a tenté de s'imposer à elle, pour éventuellement en miner les fondements et la destiner à l'oubli et à l'effacement. Ainsi, seule une revigoration de ses assises culturelles propres, susceptibles de lui redonner une vitalité et un ascendant en voie de disparition, pourra alors constituer pour elle une voie de salut, avec la possibilité dorénavant de pouvoir s'ouvrir au monde et, tout en préservant son originalité et sa richesse spirituelle, à nouveau puiser à la source absolue de la pensée universelle.» — Plérôme.

[Une quantité approximative de trois pages de texte, qu'autrement l'on aurait trouvées à cet endroit, a été subtilisée de l'ordinateur servant à le composer et à le préserver lors d'une entrée non-autorisée, via l'internet, dudit ordinateur par une tierce partie, le lundi 25 août 2014, vers 11:00.]

«Un mot de sagesse porte en soi plus de virtualité, en raison de la vérité élevée qu'il contient et de la flexibilité qui en autorise, en raison de son universalité, l'application à une multitude de conjonctures, que mille injonctions visant à  gouverner les éventualités concrètes d'une situation précise.» — Plérôme.

«Pour certains, la maxime qui gouverne leur action énonce qu'il vaille mieux oublier — et parfois même faire oublier — ce qui risque de surgir du passé, y compris celui qui s'adresse à un projet d'avenir, prenant la forme d'un désir à combler ou d'un projet à réaliser, lesquels sont tenus comme comportant une valeur obligatoire au moment où ils sont formulés dans la conscience,  pour compliquer le rapport entretenu à la réalité présente, plutôt que d'avoir à affronter les conséquences qui procéderaient d'une accréditation du souvenir.» — Plérôme.

«La lutte en philosophie est un thème qui sous-tend la compréhension de la relation de l'homme à son environnement, celui que lui présente la nature, ou à son entourage, c'est-à-dire le milieu vivant et culturel que constitue pour lui son semblable, à des degrés différents et selon des qualités qui lui sont propres, lequel rapport peut prendre une variété d'aspects: la lutte de l'individu pour assurer sa conservation et sa perpétuation, ainsi que celles de ses proches; la lutte des regroupements à l'intérieur de la société afin de favoriser la promotion des intérêts et des ambitions de ses adhérents ou l'avancement des idées de ses affidés; la lutte d'unités nationales, fondées sur l'ethnie ou le territoire — l'un n'excluant pas l'autre, lorsqu'il existe une superposition et une coïncidence des aires représentés par ces concepts, en vue d'assurer soit une survivance, soit une influence salutaire ou prépondérante, soit une hégémonie plus ou moins vaste, généralisée et profonde. Mais quelles que soient les notions évoquées, elles mettent toutes de l'avant une conception où la dissonance prévaut sur l'harmonie afin de constituer un empêchement à l'expression de la vitalité organique propre à l'individu ou à un groupe, tels qu'ils l'estiment essentiels à sa continuation, à sa conservation, à son développement et à sa propagation.» — Plérôme.

«La nostalgie, qui représente à la fois la vague souffrance ressentie devant le vide que laisse une circonstance, une situation ou une occasion révolues, en même temps que le désir, mêlé d'espoir, que s'en reproduisent à nouveau les conjonctures qui les ont amenées, peut également se vivre pour les possibilités entrevues ainsi que les projets avortés, tous des réalisations qui n'ont pas trouvé des accomplissements mais qui, au moment précis où leur naissance est survenue à la conscience, sont apparues comme étant des anticipations hautement probables et éminemment désirables.» — Plérôme.

«La nouveauté, quelle qu'en soit la valeur éventuelle, apparaît presque toujours comme étant une source de résistance au changement qu'elle apporte avec elle, peut-être en raison d'ébranler des schémas reçus qui ont constitué, pour ceux qui les ont adoptés, une zone de confort, l'éloignement duquel ébranlerait le sentiment de sécurité nécessaire à une existence tranquille, mais peut-être aussi en vertu de remettre en question les intérêts de ceux qui fondent leurs existence sur ces schémas et qui facilitent la continuation d'un état qui, sans être parfait, dans son degré d'accomplissement, ni même idéal, dans son application à tous ceux qui seraient légitimés à le connaître, assure à ceux qui en éprouvent les avantages, la jouissance constante et ininterrompue de ceux-ci.» — Plérôme.

«La stabilité sociale est un idéal politique estimable — peut-être même en constitue-t-elle la plus haute illustration —, mais seulement si elle alloue pour la réalisation de la perfectibilité sociale, par laquelle la société tend constamment vers, et est amenée à accomplir, la forme la plus élevée, c'est-à-dire la plus juste, qu'elle est susceptible d'incarner.» — Plérôme.

«Le perfectionnement de toute société se fonde sur celui de chacun de ses membres, lesquels peuvent être considérés en les comparant les uns avec les autres, de manière à en imaginer une gradation selon les qualités que chacun illustre par rapport à autrui; mais un tel exercice, s’il peut servir à illustrer la valeur respective de chacun, lorsqu’il est comparé à un critère qui est significatif, extérieur et objectif , ou qui se prétend l’être sou l’un ou l’autre ou la totalité de ces rapports, ne saurait en aucun temps permettre de cerner le degré de perfectionnement auquel chacun est parvenu, lorsque son niveau d’actualisation présent est considéré à la lumière de celui qu’il aurait atteint, s’il avait accompli le potentiel qu’il renfermait en lui-même et donc s’il s’était réalisé autant que sa capacité et son talent véritables lui permettait de l’espérer.» — Plérôme.

«La conservation d’un bien ne prend de sens véritable qu’avec la générosité du moyen employé afin de réaliser cette fin, une libéralité d’autant plus grande que le bien préservé est important et que l’état qui en incarne la réalisation est éloigné de l’idéal qui serait censé le pénétrer et l’inspirer. Et c’est à l’intérieur d’une telle perspective seulement que la dépense de soi et de ses moyens prend tout son sens, puisqu’autrement elle ne devient qu’un exercice centré sur la perpétuation d’un état existentiel considéré alors uniquement comme étant un bien en soi et un vivre-pour-soi.» — Plérôme.

«C’est une véritable tragédie politique lorsqu’un État, ou une partie intégrante de celui-ci, afin de se sauvegarder, doit s’incarner en cela même ce dont elle se défend, parce que représentant la forme morale la plus perverse, et pour cela la plus abjecte, que puisse se figurer un être conscient accompli, ou engagé sur la voie réelle d’un accomplissement effectif: et pourtant, c’est la solution et la direction qu’est destinée à se proposer une conception caïphiste de l’action politique.» — Plérôme.

«Ce n’est pas parce que l’on refuse d’évoquer une chose qu’elle cesse pourtant d’exister.» — Plérôme.

«Il n’y a pas pire injure à la vérité que de refuser d’en entendre les expressions comme il n’y a pas pire torture pour elle que d’en amputer, d’en déformer et d’en altérer les contenus: car pour tant que celle-ci en signifie la conscience et par conséquent la vitalité, cela équivaut rien moins qu’à lui dénier le droit d’exister ou simplement de lui accorder le droit à une existence qui convient à une vue restreinte et éventuellement intéressée que l’on peut subjectivement en posséder, plutôt que d’autoriser à sa réalisation parfaite, i.e. pleine et entière.» — Plérôme.

«En général, on détruit de qui ne saurait se laisser nier adéquatement et intégralement, sauf à se l’approprier et éventuellement en posséder, ainsi qu'en conditionner l’usage qui risquerait de pouvoir en procéder.» — Plérôme.

«Si l’on définit l’instinct comme étant la propension à agir selon la disposition qu’a inscrite la nature en l’être vivant, de penser, de ressentir et d’agir d’une manière habituelle et usuelle qui corresponde à la fois à une nature spécifique et à une conjoncture donnée, c’est la capacité de soumettre intentionnellement cette inclination, en vertu d’une finalité qui parachève celle-ci et qui lui confère un sens, qui extrait l’homme du plan de la prédisposition naturelle et qui le situe au niveau de la réalisation culturelle et spirituelle.» — Plérôme.

«L’oreiller: le terrain des rêves les plus grandioses comme des projets les plus vils; des ententes les plus heureuses et harmonieuses comme des complicités les plus nocives; des influences les plus salutaires comme des représentations les plus perfides; des aveux les plus tendres comme des trahisons les plus odieuses. Serait-il donc par trop exagéré d’affirmer que le sort de l’humanité se soit parfois joué et décidé sur cette humble pièce du mobilier ménager ?» — Plérôme.

«En réduisant la violence faite à la nature, l'on réduirait éventuellement celle que la nature se fait à elle-même et qui trouve son point culminant avec laquelle celle que l'homme fait à l'homme.» — Plérôme.

«Au contraire de la machine, qui par elle-même ne possède aucune autonomie et par conséquent aucun pouvoir de transformation sur les choses, l'homme a un pouvoir moral, critique et créateur qui l'autorise à modifier la matière qui lui est présentée et à donner aux choses une qualité autre que l'originale et constituant une amélioration par rapport à celle-ci, pour éventuellement les perfectionner, en vertu d'un idéal qui en guide l'action, comme il a aussi un pouvoir destructeur, par laquelle ces mêmes choses peuvent se trouver altérées, diminuées, trafiquées et même annihilées.» — Plérôme.

«Une promesse n'a de valeur effective qu'en vertu de l'intention que l'on se forme d'en rencontrer les conditions, du temps disponible pour en satisfaire les exigences matérielles, des occasions qui se présentent d'en rendre possible la réalisation ainsi que la possibilité réelle d'en accomplir les propositions.» — Plérôme.

«Toute vérité n'est pas bonne à dire, pour reprendre un adage familier: mais pour qui la vérité devient-elle un objet d'horreur et en vertu de quels critères rend-on ce qui est éminemment vrai nul et non avenu ?» — Plérôme.

«Toute idéologie, pour qu'elle s'affirme et qu'elle prévale, devient, voire à son insu et de manière contingente, un facteur d'exclusion et de réprobation pour les idéologies opposées et contraires, une conséquence qui est en principe proportionnelle au degré d'opposition et de contrariété suscité et maintenu par les convictions qui en fondent, pour l'une et pour l'autre, la persistance et la durée.» — Plérôme.

«Plus la culture se fonde sur des principes métaphysiques profonds et compréhensifs, plus la vérité défendue est sublime, mais plus aussi l'illusion que l'on possède de la comprendre risque d'être immense.» — Plérôme.

«C'est dans la joie que l'on rencontre la plénitude débordante de la vie, comme c'est dans la sérénité de la paix que l'on en vit la qualité: or autant l'un que l'autre ne sauraient s'imaginer sans sa contrepartie. Car si la plénitude se fonde sur l'abondance des occasions d'en éprouver à la fois l'intensité et la profondeur, l'on ne saurait anticiper la vivre, avec la grâce de Dieu, sans la vertu qui exprime l'adhésion complète à l'idéal de bonté et l'engagement à le réaliser concrètement au quotidien, dans les actions que l'on accomplit, et qui constituent l'unique fondement de la valeur de la personne humaine.» — Plérôme.

«Le manque qui résulte d'une occasion que l'on n'a su faire fructifier, soit par ignorance de sa possibilité véritable, soit par incompétence, c'est-à-dire par défaut d'avoir démontré la compétence ou l'endurance requise pour y arriver, soit par inadvertance, en raison d'avoir succombé à une distraction qui empêcha d'en voir l'actualité, soit simplement par négligence d'en entretenir les conditions qui mèneraient à son aboutissement heureux,  constitue à lui seul un véritable défi pour la volonté: car le désir éveillé par la conscience du bien qui aurait pu en résulter, si l'on avait su ou pu se montrer à la hauteur de sa promesse, ne permet pas d'en oublier la virtualité, voire en entretenant pour elle une nostalgie d'autant plus grande que le bien escompté l'aurait été, s'il avait pu s'accomplir; par ailleurs, aucun effort de la volonté ne saurait faire en sorte que l'intelligence puisse se mettre à l'œuvre pour en effectuer la réalisation et que les circonstances se montrent à nouveau favorables et, grâce à elle, profitables, dû à la nature aléatoire de toute conjoncture que l'on peut certes bonifier, mais dont en définitive l'on ne saurait être l'initiateur, mais uniquement l'heureux bénéficiaire de l'éventualité qu'elle procure à celui-ci.» — Plérôme.

«Il n'importe pas tant que tout soit logique, mais plutôt que tout soit logique qui requière l'illustration éminente de cette qualité.» — Plérôme.

«Quelle utilité donc peut-on trouver à penser lorsque la réponse au désir est l'unique loi ?» — Plérôme.

«La dystopie n'est rien moins, ni rien d'autre que l'empêchement systématique de l'idéal, en tant qu'il répond à la plénitude de la nature, dans ce qu'elle a de plus essentiel, de l'être qui en forme la configuration, ainsi que son éventuelle expression.» — Plérôme.

«Qu'elle est donc belle cette philosophie qui permet d'entrevoir la vérité, mais qui interdit de la contempler de trop près ou trop bien, et surtout d'en communiquer la sublime matière à ceux qui pourraient s'en trouver curieux: telle semble bien être la conclusion que l'on doive tirer de l'allégorie de la caverne de Platon (ou est-elle de Socrate ?).» — Plérôme.

«L'agression, qui est dirigée vers la personne, et la privation, qui porte sur les choses, sont les deux formes archétypiques fondamentales que prend le crime: elles sont la contrepartie des deux formes analogues, potentiellement fatales, que prend la maladie pour le corps humain, à savoir l'infection et le parasitisme.» — Plérôme.

«La force de la vérité repose moins dans la puissance de persuader et de convaincre que dans celle d'être et de réaliser la plénitude de sa présence, telle qu'elle s'exprime dans la conduite et les actions de la personne.» — Plérôme.

«Lorsque le thème d'une vie se laisse ramener uniquement et exclusivement à sa propre personne, de manière à ce que celle d'autrui ne devienne plus que la manifestation de simples figurants, il devient difficile de réconcilier cet état avec la reconnaissance que toute situation se vit en vertu de l'expression de natures libres et distinctes, dont la qualité et la valeur se doivent d'être estimées, non pas relativement et uniquement à des considérations subjectives, mais aussi en fonction de critères objectifs qui se rapportent autant à un idéal moral réalisable qu'à la particularité individuelle et naturelle, grâce à laquelle il puisse, avec le concours de l'ensemble, se réaliser et prendre forme à l'intérieur de la culture.» — Plérôme.

«La force comporte cette caractéristique essentielle d'être en elle-même tout-à-fait amorale ou plutôt protéiforme, c'est-à-dire qu'elle peut servir autant à défendre une position moralement injustifiable qu'à faire la promotion d'une situation hautement honorable: ainsi est-il essentiel de clarifier les positions qui sont au fondement de l'usage de la force, de manière à pouvoir se convaincre de la valeur éminemment bienfaisante et juste de l'idéal et de la cause au service desquelles on se résout à employer l'argument dynamique.» — Plérôme.

 «Non satisfaits d'avoir été créés à l'image de Dieu, ce qui dénoterait une forme de dépendance absolue sur le Créateur quant à la possibilité même de leur existence, l'homme cherche en lieu à renverser les rôles et à se donner plutôt un Dieu qui serait à son image: telle nous semble être le premier mobile de l'idolâtrie païenne et le principe fondateur de la notion politique protagoréenne de la souveraineté populaire.» — Plérôme.

«Une difficulté que pose le processus d'évaluation: pour estimer la valeur d'une chose, l'on doit savoir quel critère invoquer afin de pouvoir effectivement décider si telle chose rencontre ce critère, et à quel degré, ce qui permet des comparaisons. Mais décider d'un critère, c'est déjà savoir quelle est la qualité que l'on recherche dans les choses qui en illustreraient la présence et quelle priorité accorder aux différents aspects sous lesquels se présentent la qualité recherchée pour lesdites choses. Ainsi l'objectivité que l'on atteint le sera par rapport uniquement au critère qui sert de jalon aux choses que l'on considère, mais non par rapport objectivement au meilleur critère possible qui déciderait de la valeur d'une chose, ou de plusieurs choses sous un même égard, si jamais un écart s'établissait entre le critère choisi et un éventuel critère idéal. Par conséquent, tout choix d'un critère contre lequel l'on effectue une évaluation particulière suppose implicitement que ce critère est le meilleur, et non simplement celui qui convient le mieux au genre d'analyse que l'on effectue. De sorte qu'en l'absence de la validité démontrée d'un critère, comme étant le reflet adéquat de l'idéal de la qualité qui est recherchée pour une chose, l'on devra convenir que l'objectivité d'une évaluation repose sur un jugement arbitraire quant à ce que serait une valeur idéale contre laquelle apprécier la valeur individuelle des choses qui en seraient les exemplaires. Seule l'identification d'une valeur absolue, susceptible de constituer l'illustration idéale de sa présence dans les choses qui la représenteraient, peut servir de fondement à une évaluation qui est non seulement objective quant à la méthodologie, mais aussi objective quant au résultat, autrement elle ne peut être qu'une estimation relative, biaisée par le préjugé implicite de l'évaluateur, portant sur la réalité observée.» — Plérôme.

«Combien de corruption une chose peut-elle admettre d'elle-même avant qu'elle ne décide que son intégrité est irrémédiablement atteinte et irrévocablement compromise ?» — Plérôme.

«Lorsque l'on accepte implicitement que tout repose sur l'image et l'apparence, on est loin d'admettre que la valeur réelle d'une chose repose sur son authenticité, c'est-à-dire sur l'extériorisation effective de sa nature profonde et de son essence véridique.» — Plérôme.

«Se distinguer sans distinction — en feignant ou en s'appropriant par la ruse une distinction — c'est aussi une forme de distinction, mais hélas ! une distinction sans authenticité ni profondeur.» — Plérôme.

«Il y a des histoires, vraies pourtant, qui sont trop incroyables pour être crues spontanément.» — Plérôme.

«L'Incarnation, au sens absolu et théologique du terme, c'est la réalisation de finalités divines ultimes par des moyens strictement humains, afin de rendre possible, avec la grâce de Dieu, la participation de ces hommes qui s'engagent résolument et sincèrement en ce sens.» — Plérôme.

«Depuis que la terre est terre, c'est à qui réussira à dérober l'héritage de son prochain et le patrimoine de son voisin.» — Plérôme.

«Il faut surtout se méfier de ceux qui peut-être en savent beaucoup, mais qui en réalité comprennent très peu.» — Plérôme.

 «Une autre forme, plus subtile et plus insidieuse, sinon plus nouvelle, que peut prendre la relation amoureuse intéressée n'est pas centrée sur le plaisir des sens, mais de celui qui émane du sentiment enivrant d'aimer: ainsi accueille-t-elle celui-ci, non avec la réciprocité d'un sentiment analogue que partageraient deux amants et qui leur permettent d'espérer en le partage et le vivre ensemble d'un projet de vie, mais sur l'intensité du sentiment amoureux dont on allume et on attise l'expérience d'une continuité, sans que jamais cependant ni l'intention, ni la possibilité d'une telle mutualité n'existât, tout en recueillant pour soi les bénéfices matériels qui peuvent en résulter pour l'objet de cet amour.» — Plérôme.

«Il y a tout un monde entre l'esthétisme moral — ce que l'on sait et ce qui nous est représenté comme étant le bien — et la pratique morale — l'action effective et correspondante qui découle de cette conception et de cette représentation du bien, dans la représentation adéquate qu'elle en fait. Car il reflète la même distinction que celle des scolastiques entre l'être de raison et de l'être réel, c'est-à-dire entre l'être qui habite notre esprit en tant qu'il est une conception et celui qui, étant aperçu par l'esprit, trouverait une contrepartie effective dans la réalité, autant celle qui existe que celle qui demeure possible. Or, c'est ce monde de différence qui constitue le véritable défi à l'action morale puisque tous s'accordent à dire que, au plan de la moralité, un vœu pieux qui ne se donne aucun moyen de se réaliser, si louable fût-il autrement, ne saurait contenter ceux qui ont une véritable soif de la justice et qui, dans leurs propres actions, agissent en tout temps d'une manière qui est conforme à celle-ci.» — Plérôme.

«La scène du théâtre, c'est la feinte de l'altérité afin de mieux faire connaître au spectateur la vérité existentielle alors que la scène de la vie, c'est souvent la feinte de la sincérité afin de mieux faire agir le mensonge, en vue d'un issue qui fasse évoluer, dans un sens déterminé, l'existence.» — Plérôme.

«L'actualité de l'homme est un constant rappel que l'on ne doive pas perdre de vue la réalisation éventuelle, mais toujours possible, du plus haut idéal possible.» — Plérôme.

«Il est inévitable que la séparation radicale de l'Église et de l'État conduise à la substitution de la volonté divine par la volonté humaine, pour produire une vision collective de la réalité qui soit entièrement déterminée par une perspective uniquement vitaliste, immanente à une conception naturaliste de la réalité, se fondant sur les qualités de la ruse et de la force pour en assurer l'ordonnancement ainsi que la protection contre les éléments qui en compromettraient à la fois la conservation et la croissance. § Par ailleurs, sauf à sombrer dans un fatalisme funeste, puisqu'il condamne alors à subir les pressions sociales et environnementales, sans espoir de les transformer, la découverte, procédant de la conscience de l'efficace d'une action bien menée, de l'idéal de vivre une situation optimale, où règne l'harmonie et la paix à l'intérieur de l'ensemble et qui comporte pour la société une visée qui est par définition politique, portera à s'interroger sur les valeurs morales et les actions correspondantes qui apporteront cet état. Peut-on alors renier les solutions qui, par le passé, ont fourni ces intangibles et qui ont fait alors l'objet d'une conviction religieuse dont l'État désire maintenant se dissocier, dans sa recherche d'une autonomie et raison d'être en soi ? Et si la solution trouvée était indépassable, puisqu'elle est, par essence, universelle dans sa possibilité et éternelle dans sa finalité, comment alors l'État pourrait-il songer l'ignorer, sans prétendre s'engager sur la voie d'une imperfection et d'une décadence assurée ?» — Plérôme.

«Il y en aurait apparemment qui se font un sport de faire paraître autrui sous une fausse lumière, parfois avec des conséquences déplorables.» — Plérôme.

«Ce qui se dit avec plaisanterie pour un ami peut parfois être reçu comme étant une raillerie, par ceux qui n'éprouvent pas la même disposition ou une disposition analogue à l'endroit du locuteur.» — Plérôme.

«Point n'est besoin de se donner le trouble de nier quelqu'un, lorsque l'on s'est refusé au départ à lui reconnaître aucune qualité ... et surtout pas de celles qu'il lui reviendrait légitimement de lui attribuer.» — Plérôme.

«Ou la vérité est, ou elle n'est point encore: si elle est, elle reste, pour sa part encore inconnue, toujours à découvrir; si elle n'est point encore, elle reste, pour sa part non encore réalisée, toujours à inventer et à accomplir. Car dès que le concept est posé, comme supposant et désignant quelque chose, c'est l'essence de cette chose qui devient problématique, pour tout philosophe de bonne foi, laquelle fonde en même temps la distinction scolastique entre l'être de raison, susceptible de constituer une fiction, et l'être réel, susceptible d'être rencontré dans l'expérience sensible immédiate.» — Plérôme.

«La philosophie n'est pas uniquement une élucidation de ce qui est et de ce qui sera, en raison de sa possibilité d'être, mais elle en est aussi une justification: le défi, c'est de réconcilier, dans l'action effective créatrice, ce qui représente de ces états une possibilité légitime et adéquate susceptible de produire matériellement une issue aussi bonne qu'elle semblerait désirable.» — Plérôme.

«La philosophie appréhende, cerne et comprend ce qu'est la vérité, mais c'est la sagesse qui la réalise et c'est l'histoire qui la manifeste et en procure l'évidence.» — Plérôme.

«L'illustration de la liberté engage certes la responsabilité individuelle, mais elle suppose en même temps, sous le vocable de l'amitié et de l'amour, tout un réseautage social qui encourage l'action qui en témoigne, qui apporte un soutien à son agent et qui n'en entrave pas l'opération devant les défis qui se présentent à elle pour éprouver la constance et l'intensité de la résolution grâce à laquelle elle puisse se manifester et se révéler.» — Plérôme.

«Une spéculation casuistique: s'il advenait que fut démontrée possible, sans pour cela s'engager dans une chasse à la sorcière ou la recherche d'un bouc émissaire, que l'on puisse agir éventuellement sur le terrain qui prédisposât à la naissance d'une condition défectueuse (i.e. une maladie, un méfait ou un événement sinistre), pour compter sur le déclenchement du facteur causatif qui la rendrait effective, il faudrait alors juger de la responsabilité de l'agent qui a constitué le dispositif menant à cette conséquence, au même titre que celle de l'agent qui, en toute évidence, a initié l'action nocive ou délétère.» — Plérôme.

«Tout mensonge est implicitement nihiliste (de la réalité dont il fausse la vérité), car il porte aussi avec lui le désir de l'existence positive de la chose — peut-être présente dans la réalité, mais peut-être aussi simplement réalisable — qui en ferait oublier la production et l'occurrence.» — Plérôme.

«L'expérience que l'on assume et que l'on assimile, dans la pleine compréhension que l'on peut en acquérir, après la réflexion et l'inspiration qui nous permettent d'en appréhender les arcanes, devient le fondement et le critère contre lesquels rapporter et évaluer la signification et la portée de toutes les expériences analogues susceptibles de se produire dans le futur et dont elle devient comme le type, sans sacrifier pour autant la dimension originale de celles-ci, lesquelles se méritent, pour bien les saisir, la même regard critique et épistémologique que celui porté sur l'expérience originelle, ainsi que toutes les expériences intermédiaires.» — Plérôme.

«L'intelligence est une faculté qui navigue le passage étroit et accidenté entre deux abîmes, le Charybde de l'inscience, qui consiste en l'ignorance des principes antécédents et des moyens de leur réalisation,  et le Scylla de l'inconscience, qui est celle des conséquences et des possibilités inhérentes à l'actualité ainsi qu'à l'actualisation des choses.» — Plérôme.

«Rien ne ressemble plus à une fatalité qu'une liberté qui s'exerce à son endroit dans un sens autre que celui qui constitue son désir profond et qui est contraire à son attente réelle, naturellement fondés et culturellement légitimés.» — Plérôme.

«Il est clair que la dichotomie est artificielle, entre ce qui valorise personnellement et ce qui est valorisé socialement: car au nom de quoi ce qui élève et réalise l'individu serait-il réprouvable pour l'ensemble social ou à un degré moindre indifférent à celui-ci; et en raison de quoi ce qui contribue à la raison d'être, à la progression et à la perpétuation de la société serait-il condamnable ou tenu en moins haute considération par l'individu ? Et pourtant, n'observe-t-on pas des situations, peut-être plus nombreuses qu'on le croirait, où l'on érige une paroi étanche entre l'activité réalisée au plan de la société et celle que l'on accomplit à un niveau individuel, de sorte que s'adonnant à l'une, elle ne comporte aucune conséquence pour l'autre, dans l'appréciation qu'elle peut susciter chez elle ou dans la reconnaissance qu'elle témoignerait à son endroit.» — Plérôme.

«L'alliance est parfois très précaire entre la philosophie et la politique: car si celle-là propose à celle-ci les idéaux de sagesse qui seraient censés inspirer la disposition morale et ainsi que l'action concrète de l'homme politique, rien n'assure que ce dernier trouvera judicieux de s'y conformer, pour des raisons d'expédient, d'efficacité, d'intérêt ou de facilité, ou de faire la dépense en énergie humaine et en moyens financiers, afin de leur donner corps et de les mettre en œuvre. D'où la nécessité d'un droit politique qui cherchera à assurer que les intérêts et l'honneur de la moralité seront protégés devant l'inertie ou l'ineptie qui puissent résulter d'une action qui se voudra trop excessivement pragmatique et/ou prosaïque.» — Plérôme.

«La répétition interminable d'une fausseté, à la manière d'un mantra, ne réussira pas pour autant à faire en sorte que celle-ci se transformera, comme par magie, en vérité.» — Plérôme.

«Peut-on s'étonner qu'un État, qui a pris naissance dans et par le crime, puisse se maintenir en recourant aux mêmes tactiques, c'est-à-dire en utilisant les mêmes moyens que ceux par lesquels il est parvenu à se constituer.» — Plérôme.

«Le malheur de la philosophie contemporaine, c'est d'avoir réduit la considération de l'être à celle des choses pour voir en celles-ci les conditions exclusives de son existence, plutôt que fonder celle-ci sur la plénitude de l'être qui l'informe.» — Plérôme.

«Toute élévation arbitraire et erronée d'une notion particulière, si générale fût-elle, au statut de concept universel; et tout projet et toute intention d'en imposer, sans possibilité d'examen judicieux et approfondi, à l'ensemble des consciences, constituent les fondements idéologiques, à la fois du totalitarisme, quant à la matière de sa position dogmatique, et de l'autoritarisme, quant à la forme de son application publique, normative et politique à la société.» — Plérôme.

«Lorsque l'on considère objectivement une chose, c'est-à-dire une situation, une position ou une occasion, c'est toujours dans la sécurité d'une position acquise, sans nécessairement remettre en question, et peut-être même en les justifiant implicitement, les principes moraux ou existentiels qui la fondent et grâce auxquels l'on s'y maintient.» — Plérôme.

«Le problème utilitariste, qui pose la question de la désirabilité relative de porter secours à une personne ou à un groupe de plusieurs, devant un danger imminent pour eux qui place les décideurs devant un tel choix moral, peut recevoir une extension plus grande: celui, peut-être plus important et essentiel encore, qui consisterait à savoir s'il est justifiable (et donc légitime) de sacrifier la vie ou l'état d'un seul individu, de manière à profiter à ceux d'un nombre plus grand ? § Et qu'en sera-t-il si l'on sait que la valeur et la qualité de cet individu sont remarquables et inimitables et priveraient par conséquent cet ensemble des bienfaits susceptibles de résulter pour lui, si cet individu venait à disparaître ou à cesser d'exister ?» — Plérôme.

«L'imperfection est l'état fondamental de toute situation, de toute position et de toute occasion, qui pourraient être améliorées, lorsque l'on considère l'idéal le plus élevé que l'on peut entrevoir pour elles et les moyens susceptibles d'être employés, afin de nous permettre de l'atteindre. § La corruption, c'est l'action entreprise ou la situation maintenue, le tout sciemment, par inertie, par conditionnement ou par intérêt, alors que l'on sait (ou que l'on serait censé savoir), non seulement qu'ils contribueraient d'une manière moins qu'optimale à la vie de l'ensemble, mais aussi qu'elles la compromettraient et en diminueraient la qualité.» — Plérôme.

«L'État, qui ne sait trouver en dehors de lui l'idéal d'une excellence et d'une perfection existentielles, devra nécessairement le trouver en lui-même: or, celles-ci ne sauraient révéler que sa propre perfection en vertu de savoir réaliser, en un temps circonscrit, révolu, actuel ou à venir, un mode existentiel historique qui le caractérise et le spécifie. Par conséquent, il ne saura découvrir de perfection supérieure à celle qu'il a pu concevoir en son étant propre, laquelle excellence constitue le principe inhérent de la naissance, de la durée, de la conservation, de la préservation et de la diffusion de sa nature. § Par ailleurs, cette perfection, procédant de la finitude qui l'a vu naître, ne saurait que produire une finitude qui le verra disparaître. Elle peut procéder de l'infinité et de l'éternité, en tant que ses membres constituants en sont l'émanation par leur esprit, leur intellect et leur vitalité, mais ne reconnaissant pas cette origine, ces plans resteront méconnus et ses qualités seront attribuables pour l'essentiel à une essence temporelle et spatiale. Ce n'est cependant qu'en contemplant un État qui se fonde sur des valeurs éternelles et infinies et en se donnant celui-là pour modèle et pour exemple, qu'un État historique pourra espérer se conserver et perdurer au-delà de toute historicité et de toute temporalité, autrement il se vouera à ne connaître qu'une existence historique éphémère à l'échelle d'une éventuelle existence sans terme ni frontière. § Ainsi, seule la recherche et la découverte d'une forme culturelle infinie et éternelle pourra satisfaire l'ambition pour un État de transcender la finitude de l'espace et du temps à laquelle il est autrement condamné et seul l'adoption réelle et effective des principes constitutifs et fondateurs de celle-là en garantira la pérennité absolue et la plénitude accomplie. En effet, celles-ci sont, à bien les considérer, les seules ambitions qui conviennent à un esprit libre et pleinement réalisé, manifestant toutes les qualité de la source surnaturelle dont il provient, un esprit tel que les grands instituteurs et les insignes initiateurs de l'humanité l'ont illustré en leur personne et en leurs actions, dont les cultures séminales de la terre ont conservé le souvenir impérissable et auxquels elles ont attribué les attributs et parfois même la nature de la Divinité.» — Plérôme.

«Lorsque l'homme détruit un autre homme, un autre peuple ou une autre espèce, qui fût essentiel à la réalisation du bien-être et de la nature pleinement épanouie de l'humanité, tout devient alors, par la nostalgie qui habite l'âme de ceux qui sont pleinement conscients de la perte inestimable encourue par cette action délétère et du vide sans comble produit par elle à l'intérieur de l'âme collective, une évocation de ce qui fut et de ce qui aurait pu s'ensuivre de ce qui, un jour, fut si prometteur et auquel elle continue à tendre sans fin, comme étant une aspiration tout aussi légitime que celle qui se serait réalisée, si elle n'avait pas été trahie.» — Plérôme.

«Pendant que certains s'interrogent sur les principes qui fondent et qui conduisent à «la bonne chose à faire», d'autres agiront et produiront spontanément cette effet bénéfique uniquement en pressentant qu'elle est «la bonne chose à faire».» — Plérôme.

«Rien ne ressemble moins à un État de droit qu'un État qui, tout en se proclamant inspiré par le droit, agit comme si le principe de droit existait uniquement pour autrui, alors que lui-même, préoccupé seulement de se maintenir dans son état existentiel actuel, ne s'arrête pas à savoir s'il s'inspire d'un idéal, s'il tente de réaliser, par ses propres actions, la plénitude du bien et s'il encourage cette finalité chez ceux qui en sont les ressortissants et les fidèles participants à la promotion de la justice qui est issue de son activité.» — Plérôme.

«Le tireur sportif vise là où il doit, en direction de la cible, en vertu de règles qui sont formellement énoncées et qui encadrent culturellement son activité; le chasseur, là où il faut, en direction de la proie, en raison des nécessités qui gouvernent sa situation et qui constituent la raison d'être de son action.» — Plérôme. 

«Si la philosophie, comme nous l'apprend son nom, apprécie la sagesse et peut en élucider les principes et en estimer les manifestations, comme en admirer ceux qui vivent selon ses préceptes, ce sont véritablement ceux-ci qui, par leur action digne de louange et d'imitation positive et créative, donnent tout son sens à la quête des premiers.» — Plérôme.

«Rien ne ressemble plus à l'envie que la soif de la justice, en ce que tous les deux exigent la satisfaction et tendent à la réaliser, c'est-à-dire dirigent leurs efforts vers le rétablissement d'une situation à un état que l'on estime idéal et pour cette raison hautement désirable, sauf que pour la seconde, seul le désintéressement guide la conduite de la personne qu'elle anime de la volonté de parcourir, avec patience et constance, à l'accomplissement de la finalité espérée.» — Plérôme.

«L'intérêt égoïste, qui rapporte tout à soi d'une manière arbitraire et immanente, est le premier ennemi du droit, qui émane d'une Volonté souveraine et suprême et qui est énoncé (ainsi que prononcé) en vue du meilleur Bien réalisable possible.» — Plérôme.

«Si la philosophie ne se donne pas pour mission de porter bien haut le flambeau de la vérité et d'éclairer le monde de sa lumière éternelle et inextinguible, inépuisable et rayonnante de sa brillante splendeur, pour favoriser l'accession à la plénitude de la vie et empêcher celle-ci de sombrer sur les écueils qui risqueraient d'en étouffer les ardeurs, alors elle se voue à n'être plus que le moyen d'élever le mensonge en système et l'illusion en reine des esprits.» — Plérôme.

«Le plaisir physiologique des sens compense souvent le manque de celui qui, étant spirituel celui-ci et comportant lui-même une contrepartie physiologique observable, procède d'une adéquation de soi avec l'idéal social ainsi que l'idéal moral, une concordance qui convient à la nature individuelle et sociale de chacun.» — Plérôme.

«L'hystérisme consiste en cette tendance à réaliser, sous le sceau d'une motivation assumée, l'intention, ou inavouée, le refoulement, la dichotomie qui s'accomplit dans l'intelligence morale entre la cause et l'effet, pour méconnaître et parfois même trafiquer la relation effective de celle-là sur celle-ci, ou encore pour en oublier intégralement la production; d'où il en résulte que, ne cherchant pas à comprendre les causes véritables, pour éventuellement entraver leur action ou à tout le moins en parer les conséquences, lorsque celles-là sont irrépressibles, la conscience s'expose à en voir se décupler, s'amplifier et se démultiplier les effets indésirables, procédant de cette offuscation, lesquels prennent alors l'aspect d'une fatalité, en l'absence d'une action lucide et déterminante qui puisse exceptionnellement, en dernier recours — comme par miracle —, l'infléchir et peut-être même en neutraliser le cours inéluctable.» — Plérôme.

«L'ignorance est à la fois la voie que se donne la malveillance pour exercer ses méfaits, par l'entremise des complices inconscients qui en deviennent les malheureux agents, et le terrain qu'elle cultive afin de pouvoir les accomplir en toute impunité sur ceux qui n'en devinent point l'existence, malgré qu'ils en subissent les effets.» — Plérôme.

«Lorsqu'une puissance ne sait se maintenir, en vertu de témoigner de l'excellence quant à l'illustration d'une perfection objective, c'est-à-dire dont la source et le fondement résident dans un être réel qui est extérieur à soi-même — la volonté d'un Être Suprême telle qu'elle est connaissable à l'intelligence humaine —, il doit fonder sa propre conservation et sa propre préservation sur son désir de se maintenir, sans égard pour la justification réelle susceptible d'être apportée afin d'étayer sa prétention. § D'où le risque certainement couru de soumettre une excellence supérieure, en vertu d'entretenir un rapport plus adéquat à la Divinité, à la sienne propre, au nom d'une volonté particulière, que seule une prépondérance arbitraire, que rendent effective la ruse et/ou la force, parvient à imposer et dont l'imperfection devient évidente lorsqu'elle se compare à une qualité superlative réelle.» — Plérôme.

«Le mensonge, ainsi que ses sœurs, la falsification, l'ignorance, l'illusion et la demi-vérité, est la plus grande menace à l'avenir de l'humanité puisque, à la limite, il ne s'arrête pas simplement à proposer des fictions inoffensives, susceptibles de distraire l'imagination et de bercer les consciences, mais encore s'attaque-t-il aux principes fondamentaux et aux lois essentielles, grâce à laquelle celle-là peut escompter effectivement s'inscrire durablement et en vertu de ses virtualités les plus élevées, à l'intérieur d'un cours éventuel qui amènera à la plénitude de sa croissance et de son épanouissement.» — Plérôme.

«La philosophie consiste en la tentative de percevoir, d'expliquer et d'approfondir ce qui est beau, vrai et bien dans la nature, d'en dégager les fondements, d'en comprendre les origines et d'en apercevoir les finalités. § Ainsi pose-t-elle que ces trois catégories théoriques, qui sont en même temps des valeurs transcendantales, en vertu d'orienter prioritairement la quête métaphysique et épistémologique, sont les plus essentielles et les plus dignes à constituer le champ de l'étude de l'esprit, comme il porte à s'intéresser à la nature de cette substance qui non seulement rend possible cette activité, amis qui en même temps la suscite, comme elle suscite le désir de s'intéresser à elle-même, par un acte de réflexion introspective. § Nature et esprit, voilà donc quelles sont les deux pôles et les deux objets de la philosophie, avec pour fin la sagesse de la pensée, de la parole et de l'action, laquelle ne peut être autre chose que l'excellence dans la conjugaison du beau, du vrai et du bien qui se réalisent et s'accomplissent pleinement.» — Plérôme.

«Ceux pour qui «rien n'est sacré» affirment par cette position négative qu'ils vont jusqu'à nier ce qui est le plus cher pour eux, c'est-à-dire leur propre existence ainsi que la la liberté de la vivre pleinement et entièrement, si telle est leur disposition. Et comme le soi devient subjectivement la seule préoccupation valable, dans un tel état d'auto-conservation exacerbée qui nie tout fondement objectif et suprême à la vie, l'expression est en réalité elliptique et se complète par un «sauf soi-même».» — Plérôme.

«L'épidémie des drogues, utilisée à tous les escients, qu'elles soient médicalement prescrites ou distribuées de manière illicite, est symptomatique d'une société, devenue indifférente peut-être en raison d'avoir à réconcilier toutes les contradictions qui fourmillent en son sein, sans tenir rien d'extérieur à soi pour prioritaire ou sacré, et qui souffre de ne pas être suffisamment ouverte sur autrui, ni sensible à leur être véritable et profond.» — Plérôme.   

«Le risque que court l'idéologie, lorsqu'elle illustre un enthousiasme aveugle à voir prévaloir la cause qu'elle défend, ainsi que les fins qu'elle propose à la conscience de l'ensemble comme étant hautement désirables et parfaitement réalisables, c'est de négliger, voire ignorer et même nier, les principes et les théories qui la contredisent et qui, bien qu'elles fussent justes, réfléchies, articulées et véridiques, pourraient compromettre les voies auxquelles ses partisans avaient préalablement apporté leur acquiescement.» — Plérôme.

«L'indifférentisme social — qui ne sait se prononcer sur un idéal de bonté, de vérité et de beauté, ni  départager, en faveur de la plénitude du plus élevé, sur les différentes formes que l'on en énonce et en présente à la conscience éclairée de l'ensemble — mène, hélas !, au nivellement des états, à l'indifférenciation des qualités, à l'équivalence des essences et à l'aplanissement de la distinction avec paradoxalement, pour maintenir l'illusion d'une perfection, une exagération de l'emphase des signes extérieurs pour se refuser à reconnaître l'existence d'un tel nihilisme ou éconduire quant à celle-ci.» — Plérôme.

«Désirer exercer le pouvoir de la raison et d'en exacerber les possibilités, c'est en découvrir la puissance certes, mais non d'en appréhender la nature, ni en apercevoir la cause, ni même la finalité. § Et prétendre qu'elle trouve sa finalité dans son exercice propre, c'est nier à l'esprit à la fois la possibilité d'agir et d'opérer sur la nature et de réaliser cette éventualité librement, c'est-à-dire en choisissant spontanément, parmi la multitude d'options qui s'offrent à lui, celui qu'il est dans son meilleur intérêt d'actualiser et plus généralement de commettre le bien. Comme prétendre qu'elle trouve sa cause en elle-même, c'est en même temps nier ou encore ignorer, quant à son apparition, le produit d'un acte autogène libre et qu'elle fût, bien avant cela, l'objet d'une exploration et d'une découverte qui, si elles surviennent dans l'intériorité individuelle, ne sont pas moins le produit d'un surgissement indépendant de la volonté qui par la suite trouvera à l'orienter. § Or une telle apparition, qu'elle accompagne le moment où est apparu la vie à l'intérieur de l'être vivant, pour constituer le champ de conscience, ou qu'elle lui soit subséquente, pour déterminer la pensée, ne saurait être entièrement immanente à l'être, puisque celui-ci même ne saurait revendiquer être sa propre cause et la propre cause de son existence. § Ainsi la raison doit s'en déférer à une cause exogène à elle-même pour s'expliquer à elle-même son origine et donc la nature de la substance par laquelle elle parvient à s'exprimer et à s'illustrer dans le monde.» — Plérôme.

«On ne détruit le non-soi que pour mieux encore ériger le soi en modèle: tel est, pour le particulier, le salaire de l'homicide et, pour la société, la conséquence de ce crime. Car à travers le mal qui est ainsi commis, l'on ne peut espérer autre chose que l'incarnation du mal qui en est le produit. D'où le bienfait immense, incommensurable même, que laisse espérer la Résurrection qui a le pouvoir de rétablir le bien qui a été détruit avant elle, et par la mort inique qui en fut l'occasion, et sans laquelle l'humanité est vouée à une extinction à plus ou moins longue échéance, par l'esprit du mal que l'homicide ne cesse de perpétuer en elle et la dégradation qui ne cesse de se réaliser par et avec lui.» — Plérôme.

«La Foi — qui se fonde sur la Vie — comme la Loi — qui s'établit sur l'Amour et par lui — sont toujours unies, étant immuables et éternelles dans leur principe, mais ce sont les interprétations que l'on peut en faire qui risquent d'être faussées et de s'éloigner progressivement du centre substantiel et essentiel qui est le leur.» — Plérôme.

«La bonté et la générosité de Dieu ne sont ni une justification, ni une excuse à l'ingratitude des hommes.» — Plérôme.

«L'acte de foi politique, implicite à toute vie en société, c'est que les injustices inévitables, qui surgissent immanquablement de l'imperfection humaine, trouveront un remède approprié à l'intérieur du régime qui les engendre et les encadre; l'acte de foi religieux, qui émane d'un élan de l'âme vers une Force ou une Puissance qui est au-delà de celles de l'homme et qui les subsume, c'est que toute injustice, du fait  qu'elle est une imperfection constituant un affront à la nature infiniment bonne et pure d'un Dieu tout-puissant et aimant, qui règne en dernier ressort sur la Création, trouvera son remède effectif, si ce n'est en cette vie, du moins en la Vie future; l'acte de foi transcendant, lequel repose sur une aperception judicieuse de la relation personnelle que Dieu entretient avec la Créature, alors que, en vertu du principe de vie, il accorde dès l'origine à celle-ci la liberté, c'est que l'instauration effective de la justice, quel qu'en soit le moment déterminant de sa réalisation, ne saurait se passer des volontés particulières qui participent de plein gré et avec tout leur dévouement inspiré à ce noble projet; et l'acte de foi chrétien, c'est que ce choix d'une association libre au projet divin est rendu actuellement et couramment effectif dans sa possibilité par une ultime Sacrifice qui a dénoué toutes les entraves que pouvait dresser les adversaires de cette finalité, en portant atteinte à la liberté des particuliers à assurer leur adhésion et leur affiliation aux desseins providentiels de la Divinité sur l'humanité.» — Plérôme.

  «L'Université, ainsi que ses agents, souvent d'une manière qui soit isolée et sans concertation formelle, s'érigent en ultimes juges de la validité et de la valeur de la connaissance, au nom du principe de la raison inexorable et indéfectible, autant quant à la matière de ses principes que la forme de sa présentation et de sa représentation, sans se préoccuper pourtant ni du problème de l'unité de la connaissance, lorsqu'elle puise à même la source de la Vérité, ni de celui des contradictions — et même des contrariétés — qui sont susceptibles de résulter des points de vue divergents, susceptibles d'être  maintenus, enseignés et professés à l'intérieur de ses murs augustes, sauf éventuellement par la présence d'un mouvement dialectique présent de manière immanent dans la démarche par laquelle la connaissance se cherche une validation épistémologique et sociale (telle qu'elle est illustrée par la théorie tri-polaire de Hegel) ou par la conviction, fondée sur une vérité religieuse, que l'Esprit de Dieu préside au triomphe ultime de la vérité sur le mensonge et de la réalité sur l'illusion.» — Plérôme.

«Il est bien vrai que si aucun bien n'existe, en dehors de ce que l'on conçoit subjectivement comme tel (comme certains le prétendent et même le clament de nos jours), alors l'on n'a plus à s'interroger sur la valeur ultime de nos choix et de nos actions. Mais est-il réellement incontestable qu'aucun tel idéal, ni aucun tel critère n'existe, contre lequel mesurer nos désirs et les actions qui en découlent et contre lequel estimer la désirabilité de l'état actuel des choses — situations, circonstances et occurrences ? Car si tel est bien le cas, alors aucune perfection ne saurait être envisagée, en dehors de celle que l'on connaît actuellement, ni aucune amélioration susceptible d'être apportée, puisque tout est considéré insurpassable, c'est-à-dire «pour le mieux dans le meilleur des mondes», comme se plaisait à l'affirmer Leibniz et à railler Voltaire. Mais peut-on réellement et de bonne foi oser apporter sincèrement une telle proposition ?» — Plérôme.

«Le cynisme est une réaction normale, fondée sur la prise de conscience viscérale de celui qui en témoigne, à une situation aberrante, mais généralement considérée comme étant acceptable — la disparition apparemment sans justification d'un bien que l'on se plaît, arbitrairement et par caprice, à détruire.» — Plérôme. 

«Lorsque l'on met fin à la vie d'un homme, c'est la disposition à exister et sa manière d'être auxquels l'on apporte une conclusion, des qualités qui s'enracinent dans sa nature biologique et qui peuvent trouver leur expression dans sa progéniture, si celle-ci reçoit une formation adéquate à la réaliser, souvent suivant le père qui la transmet. Cette même forme que prend la censure génétique peut aussi se manifester en le privant de sa progéniture ou en empêchant celui-ci de donner corps à celle-ci.» — Plérôme.

«Le fait pour la conscience de pouvoir s'extraire, par l'idée, de l'univers physique constitue, à ce qu'il semble pour celui-ci, le meilleur argument en faveur, à la fois de l'immatérialité de l'esprit et de son essence primordiale, c'est-à-dire antérieure à la phusis qui en constitue l'enveloppe dans l'expérience, mais dont elle peut s'échapper par l'acte de la conceptualisation qui en reconnaît la finitude et la nécessité, par conséquent, qu'elle procède d'un moment originel, avant lequel elle peut peut prétendre à l'existence effective.» — Plérôme.

«Une question peut-être oiseuse, mais néanmoins intéressante par la définition préalable des termes qu'elle suppose: qu'est-ce qui serait plus difficile: tout savoir au sujet de rien; ou ne rien savoir au sujet de tout ?» — Plérôme.

«Quelle consolation peut-on prendre de savoir que si tel ou tel malheur survient pour occasionner une souffrance, d'autant plus grande que la perte ou la privation subies sont importantes, la probabilité de son occurrence, calculée sur un échantillon représentatif, était en réalité infime pour ne pas dire à toute fin pratique inexistante ? Et aussi d'apprendre à ses dépens que la nature ni l'homme ne sont parfaits ?» — Plérôme.

«Un phénomène épistémologique intrigant: l'on s'imagine souvent tout savoir ce que l'on doit savoir, à chaque moment de sa vie, sans éprouver alors le besoin de compléter notre connaissance; et l'on ne s'étonne pourtant pas d'en apprendre plus, et de se trouver devant l'obligation d'accomplir cet apprentissage, au fur et à mesure que les expériences de la vie nous fournissent l'occasion de développer et d'approfondir notre savoir.» — Plérôme.

«Puisque l'homme ne sait vivre sans autorité, qui informe ou exprime à l'ensemble une voie à suivre, on ne détruit ultimement alors l'autorité que pour s'en donner, ou s'en voir imposer, une autre.» — Plérôme.

«Aucun effort au dialogue ne saurait surmonter une conviction intime ferme et inébranlable, fondée sur une réflexion sérieuse et une expérience riche en enseignements féconds et irréfutables: par ailleurs, nulle conscience suffisamment aguerrie ne saurait rester fermée à la possibilité de l'erreur, si infime que puisse lui sembler une telle éventualité.» — Plérôme.

«La Genèse nous enseigne que, lorsque Dieu créa l'homme (et la femme), Il le fit à son image et à sa ressemblance; mais celui-ci, non content de s'être ainsi laissé précéder, et désireux de pouvoir Lui en montrer, décida alors de façonner Dieu à sa propre image.» — Plérôme.

«L'histoire que l'on tisse pour nous expliquer les choses qui nous paraissent dissonantes, en raison de présenter une réalité qui ne s'inscrit pas facilement à l'intérieur de nos schémas acquis ou de nos idées reçues, a pour premier but de conforter la conscience par le facsimilé d'une explication juste et compréhensive qu'elle offre à celle-ci, mais ne saurait entièrement satisfaire l'esprit réellement engagé à connaître et à comprendre les choses, autant dans leur profondeur que dans l'extension qu'elles méritent de recevoir.» — Plérôme.

«Toute cause efficiente est moralement neutre, puisque sa finalité est de produire l'effet qui est la destination de son action: d'où il s'ensuit que l'efficace d'une cause, si elle peut s'exercer à l'avantage d'un bien que l'on escompte en obtenir à travers elle, peut aussi bien servir à la progression d'une moindre bien jusqu'à en nier complètement le caractère bienfaisant. Il en résulte par conséquent que la causalité ne saurait être séparée ni de sa finalité, ni de la qualité de l'agent qui la produit, sauf à confier à un quelconque aléas le soin d'en assurer une qualité d'effet qui en spécifierait, comme par magie, le bien.» — Plérôme.

«L'entraide, lorsqu'elle est sincère et désintéressée, tout en s'inscrivant à l'intérieur d'un ordre transcendant où elle ne demeure jamais sans récompense, peut parfois sembler artificielle et calculée, et pour cette raison suspecte, lorsqu'elle devient, en répondant alors à un impératifs strictement immanent, le moyen exclusivement d'un bénéfice et d'un avancement personnels alors que l'action qui la caractérise et dont émane néanmoins un quelconque bien, devient accessoire aux fins égoïstes qui sont la véritable de sa production.» — Plérôme.

«Lorsque aucun idéal ne vient inspirer la commission d'une action, alors le seul mobile qui reste, pour en déterminer l'actualisation, c'est le désir de se servir soi-même, ainsi que ses propres fins.» — Plérôme.

«Le sacrifice du bouc émissaire est souvent moyen employé afin d'exonérer le groupe d'un crime collectif auquel tous ont, manifestement ou tacitement, apporté leur assentiment, à défaut d'y avoir tous participé, sans que le moyens aient été mis en place afin d'identifier soit les instigateurs de l'horreur, soit les agents qui en endosseraient, de fait et de droit, la responsabilité de sa commission.» — Plérôme.

«La culture est la nature que l'homme se crée ou façonne à son gré pour échapper aux vicissitudes préjudiciables d'une nature pré-existante, lorsqu'elle déchaîne ses forces aveugles et funestes pour occasionner fatalités et souffrances chez les êtres vivants, et pour augmenter la jouissance que l'on peut en éprouver, lorsqu'elle laisse apprécier, par l'expérience qu'elle occasionne en la conscience, sa beauté inspirante et sa sublimité édifiante.» — Plérôme.

«La mythologie n'est autre chose qu'un travail de la conscience, illustrant, au moyen d'un langage susceptible d'être reçu uniquement par cette faculté, lorsqu'elle est disposée en ce sens, la volonté de personnifier et/ou de caractériser les forces invisibles, parfois subtiles, parfois historiques et parfois actuelles, qui façonnent les événements de l'existence et les consciences dans leurs rapports avec ceux-ci, lesquelles se révèlent et s'expriment dans l'intimité de l'esprit, comme étant des essences non seulement personnelles, mais aussi éventuellement communicables.» — Plérôme.

«Ce serait l'ironie suprême, n'est-ce pas, que de parcourir les chemins de la connaissance et d'explorer les limites ainsi que les profondeurs du savoir, pour s'apercevoir que la seule importance, accordée socialement à l'initiative de ce périple serait celle qui résulte de sa subsomption à l'ignorance des réalités ultimes et à l'agnosticisme quant aux causalités suprêmes et aux finalités ultérieures.» — Plérôme.

«L'on risque de voir s'établir une dichotomie existentielle d'importance lorsque la moralité, se fondant autant que faire se peut sur une aperception adéquate et entière des principes spirituels qui animent et orientent le monde, pour inspirer les actions et les décisions particulières, qu'elles soient à portée générale ou simplement individuelle, se trouve mise en opposition aux conceptions éthiques, lesquelles trouvent leur justification exclusivement dans la nature des individus et dans les mouvements intimes propres à ceux-ci, sans référence aucune à ceux-là ou entretenant un rapport seulement minimal avec eux.» — Plérôme.

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