mardi 18 juillet 2017

Euthúmèma XXI (réflexions)

[Depuis le 18 juillet 2017, avec mises à jour périodiques. — Since July 18th 2017, with periodical updates.]

«Sauf lorsqu’ils sont le produit de la forfaiture ou de la trahison, beaucoup des événements qui surviennent dans l’existence sont la conséquence, lorsque cela tombe sous le pouvoir de l’agent moral, de la nature et de la qualité des choix qu’il fait — qui peuvent consister en une conduite ou en une action positives ou, au contraire, à l’omission d’illustrer une telle conduite ou de mener une telle action — telles que la conscience et le regard de la société peuvent les déterminer. Seule une attention soignée portée à l’agir et une analyse rétrospective effectuée en toute lucidité et bonne conscience, permettront d’élucider la clef de la narration qui procédera d’une compréhension de l’histoire de sa vie et les facteurs qui ont contribué à la liberté que l’on y découvre ou aux condition s qui en entravent le plein épanouissement.» — Plérôme.

«Pas de justice sans liberté, car seule la possibilité d’agir moralement peut fonder une justice effective dont chacun peut répondre en raison de sa responsabilité morale; pas de liberté sans justice, car seule la justice est apte à déterminer quand et dans quelle mesure la liberté que chacun assume révèle une capacité de choix et une prise de la responsabilité qui conviennent à la perfection et à l’accomplissement de la société.» — Plérôme.

«Si intègre, si probe, si courageux, si sensible, si lucide, si impartial et si droit que fût le juge, aucun de ses jugements ne sera adéquat au principe de la justice, s’il ne dispose pas des éléments éprouvés de la vérité qui lui permettront de se former une opinion profonde, entière et vraie de la cause dont on l’informe et qui lui est présentée.» — Plérôme.

«Le droit écrit devient un droit coutumier dès lors que les principes qui l’informent sont entrées dans les mœurs, comme le rendront évidentes les assemblées citoyennes qui spontanément se dresseront et s’organiseront, pour se montrer en faveur ou en opposition à une certaine mesure adoptée. D’où l’importance pour celle-ci de recevoir une information politique complète et impartiale quand aux lois qui les gouvernent et les moyens utilisés afin de voir à leur application.» — Plérôme.

«Le danger pour la philosophie, c’est qu’elle devienne tellement abstraite et éthérée qu’elle s’est coupée de la réalité qu’elle est censée représenter, pour se concentrer sur celle qu’illustre ses idées et ses propos, et qu’elle est devenue immatérielle pour une action pratique qui pourrait en incorporer les principes et les idéaux.» — Plérôme.

«Lorsque l’invitation à faire partie d’un jeu est lancé, cela suppose que l’issue de la partie n’est ni connue d’avance et que, étant donné un talent et une habiletés équivalents, chacun des joueurs aurait une chance égale de faire valoir ses facultés et sa puissance et éventuellement de l’emporter, puisque cela signifierait que les règles du jeu, que chacun connaît, seraient équitables et appliqués sans préjugé ni discrimination pour tous. Autrement, le jeu serait truqué et alors, l’on pourrait for bien se demander quelle serait la fin d’une participation à une activité concurrentielle qui exige le dépassement de soi et de ses capacités où le résultat serait déterminé d’avance, sauf à voir en cet effort, et en ses conséquences d’affiner et de perfectionner ses aptitudes, l’unique raison d’être du jeu..» — Plérôme.

«En tant qu’il représente ce qui est désirable, sans que son actualité ne s’avère dans l’immédiat, l’art puise à l’imaginaire et devient une préfiguration sur un avenir possible, que les générations et les siècles futurs peuvent s’approprier et faire siens en les réalisant et en les réservant aux individus qui peupleront les familles et la culture qui existeront à ce moment futur.» — Plérôme.

«Une justification complète de l’âme consciente requiert non seulement que la réputation faussement entachée soit lavée de ces imputations fallacieuses; ni que l’honneur atteint par elles soit réparé; ni que les droits et les prérogatives du sujet moral fussent rétablis, lorsqu’il en fut privé; ni la rétribution des coupables ou la réprimande des responsables, associés à cette ignominie, lorsqu’ils sont activement découverts et que leur cause est fidèlement instruite; mais encore la «guérison» de l’âme, c’est-à-dire le retour à son état initial, d’une pureté et d’une innocence avant toute flétrissure et avant toute lésion, produites par les agents de l’injustice qui en fut l’origine et la cause.» — Plérôme.

«Le risque, c’est de confondre la passion, qui se nourrit de sa propre substance, avec l’amour qui se nourrit avec une autre substance, tout en communiant a une substance supérieure qui est l’aliment de l’âme comme elle est la source du principe vital qui les fondent tous deux. Car, contrairement à l’amour, plus la passion est intense, plus son expression est violente, dans la réciprocité des âmes qui se rencontrent en elle, cette dynamique durant jusqu’à son épuisement qui laisse souvent pantois et perplexe ceux qu’elle a submergés. § Le drame se produit lorsque l’on troque la passion éphémère, destinée à s’épuiser malgré son intensité, contre la pérennité de l’amour qui, en raison de son essence surnaturelle et éternelle, exprime la patience et la constance qui en sont le caractère et le signe, malgré les épreuves et les obstacles à son accomplissement ainsi que les peines qu’ils font naître.» — Plérôme.

«Un des grands mystères de l’histoire est celui de la perpétuation de la civilisation, de la vertu et de la justice qui en sont les conditions sociologiques externes ainsi que des états sublimes de l’âme et transcendants de l’esprit qui en sont les conditions intimes des particuliers, malgré le vice et l’iniquité dont on peut regretter la présence et la persistance dans le siècle.» — Plérôme.

«C’est dans le principe, et par ceux (ou celles) qui en sont l’incarnation la plus adéquate et la plus élevée, soit que l’on fonde une société, une institution ou une culture et que l’on confère à celles-ci une pérennité qui soit à la hauteur de l’idéal qui en représente le moment originel, soit que l’on inscrive à l’intérieur d’icelui la raison de sa déliquescence et le moyen de sa décadence. Et seule une intelligence perspicace et profonde est apte à apercevoir, soit le mérite et la valeur réels du principe fondamental, soit sa faiblesse et son imperfection à la base de son inefficacité, de sorte que le succès ou l’échec du projet instituteur dépendent de la présence (ou de l’absence) de cette clairvoyance et de l’aptitude du fondateur à initier adéquatement les consciences à la perfection des idées qui sont à l’origine de l’entreprise collective.» — Plérôme.

«Maya sert souvent de précurseur à Mara et cela même lorsque le rêve qui incarne un idéal proposé s’avère des plus positifs et bienfaisants.» — Plérôme.

«Telle serait une société, tellement totalitaire dans sa défense de sa culture, dont les membres sont unis autour d’une réalisation du  principe du plaisir, qu’elle confond avec le bonheur, que ceux qui désirent vivre selon la justice et le droit, entendues dans leur acceptation la plus sage, deviennent à ses yeux des extrémistes.» — Plérôme.

«Si le droit international distingue, relativement à l’état de guerre, un jus in bello et un jus ad bellum, à plus forte raison alors devrait-il, relativement à l’état de paix, allouer pour un jus in pace et un jus ad pacem.» — Plérôme.

«Dans un régime politique où prévaut, même implicitement, un idéal de perfection, qui en définira le contenu et par qui, au nom de qui et pour qui cette valeur et cette fin deviennent-ils effectifs et opérants ?» — Plérôme.

«Par quel merveilleux prodige l’intellectuel parvient-il à discuter et expliquer le mystère, par définition insondable, comme s’il en avait définitivement saisi et autoritairement pénétré les arcanes ?» — Plérôme.

«Pour mieux encore assurer la perpétuation des faux principes (l’individualisme, l’hédonisme et le matérialisme), susceptibles de fonder, de l’avis de leurs défenseurs, l’ordre et la stabilité sociales, l’esprit du siècle s’acharne à détruire les liens sociaux organiques qui sont les seuls gages de la santé et de la vertu collectives, lesquels trouvent leur expression dans l’amitié et dans l’amour qui unissent les âmes ainsi que la confiance et le respect mutuels, fondés sur l’honnêteté et l’authenticité, susceptibles d’unir les esprits autour de la vérité et de réunir les cœurs autour de la convivialité.» — Plérôme.

«L’oubli de soit suppose la pleine connaissance et la pleine reconnaissance du soi que l’on oublie: car l’oubli de soi n’est pas une amnésie, ni est-ce une forme superficielle de la conscience, mais il exprime seulement la conviction que c’est en songeant d’abord à autrui — son prochain et ultérieurement, de proche en proche, la collectivité dans son entièreté — que la plénitude de l’être se réalise et que l’abondance trouvera à se matérialiser pour soi, sans que, paradoxalement, elles ne soient pour autant la fin visée par l’action bienfaisante, individuelle et sociale qui est menée par l’agent moral.» — Plérôme.

«Le solipsisme radical se fonde sur la conviction que seul existe le particulier qui le professe. Mais il en existe une forme atténuée et plus subtile, qui est au fondement de toutes les pensées sectaires, de tous les égocentrismes et de tous les ethnocentrismes qui ne peuvent convenir que la prise de conscience qu’acquiert autrui ne saurait être légitime que si elle confirme et valide celle que préalablement l’on a accomplie. Or cette attitude souffre de deux défauts majeurs: elle ne sait reconnaître la vastitude illimitée et insondable de la conscience comme elle ne peut accréditer la présence en autrui d’une progression spirituelle qui soit distincte de la sienne et qui peut être parfois même plus accomplie et plus compréhensive, profonde et élevée qu’elle ne l’est pour soi. Voilà pourquoi cette mentalité s’avère pernicieuse, puisqu’elle empêche ultérieurement que la conscience universelle ne réalise son entéléchie propre, en limitant son essence à ce que l’on s’autorise à en concevoir.» — Plérôme.

«Béni est-il celui qui se voit accordé le droit d’accomplir une action honorable et un projet louable; mieux encore est-il celui qui en possède en plus la possibilité.» — Plérôme.

«Cela constitue une duplicité innommable, digne des machiavélisme les plus purs, qui consiste à accorder à un individu, à un groupe ou à une société le droit de vouloir et d’accomplir librement ses propres desseins, en raison de la valeur incontestable qu’ils conservent, aux yeux d’une conscience morale dont la sagesse est éprouvée, mais de lui en retirer la possibilité ou de susciter l’empêchement qui le neutralisera.» — Plérôme.

«Une hypothèse historique à examiner, inspirée de la trajectoire millénaire de l’Empire romain: à l’état de nature succède «naturellement» l’organisation sociale et la hiérarchisation politique qui éventuellement culminent en la monarchie. À celle-ci, ainsi qu’aux contraintes reliées à la discipline imposée par un seul, et à la concentration de la richesse et du pouvoir entre ses mains, qu’appuie une classe privilégiée par une autorité, une puissance et une richesse adéquates à son maintien et à sa continuation, succède l’idée de parvenir à la concentration du pouvoir social déterminant entre les mains de plusieurs que cautionnerait le peuple et qu’une révolution rendrait actuelle. § Mais la dissolution et la déliquescence socio-politiques, procédant d’une corruption de l’idéal de la justice, fondée sur l’égalité et résultant des ambitions particulières à réaliser une hégémonie familiale et à produire un enrichissement individuel, procurent les désordres sociaux que seule la concentration du pouvoir entre des mains puissantes et intransigeantes parviendra à endiguer. Ainsi en résulte-t-il la naissance du régime impérial que peu à peu, à l’échelle historique, les forces corruptrices et désordonnées mèneront à la décadence qui l’affaiblira et créera un vide de vertu et un manque de force qui le rend vulnérable à son effondrement et à la conquête par des voisins ambitieux, avides de nouveaux trésors à posséder, de nouvelles populations sur lesquelles régner et de nouveaux territoires à exploiter. C’est la fin de l’Empire et la substitution à celui-ci de souverains étrangers et de lois discordantes, aptes à imposer au peuple une dominante aliénante.» — Plérôme.

«L’institution politique d’une société est l’entité dirigeant de son corps sociale, laquelle exprime l’unité dynamique de la puissance conjuguée, en tant qu’elle représente l’identité propre à celle-là. Et elle trouve à s’ancrer dans le principe initial de ses débuts, les manifestations événementielles de son histoire, les valeurs qui illustrent les priorité et les aspirations ainsi que les finalités qui en aimantent les consciences, dans leur recherche d’une constance, d’une conservation, d’une diffusion, d’une perpétuation et d’une pérennité.» — Plérôme.

«La vie devient trop souvent plus supportable lorsque l’on sait que ce sont «les autres» qui en assument le poids de la responsabilité, sans que l’on se sente soi-même apte à faire sa part dans l’assomption propre à la réalisation de la destinée propre à l’ensemble ainsi qu’à ses membres.» — Plérôme.

«Si l’amour est la plus belle des vertus, car il communie à l’essence même de la nature divine, la patience n’en demeure pas moins une qualité louable, puisqu’elle illustre la résolution à établir la justice, à corriger les iniquités et à rétablir les situations adultérées d’une manière qui est entièrement conforme à l’essence de la justice, laquelle est une composition de la bonté de l’intention, de la vérité qui rend adéquate celle-ci à la réalité de la situation sur laquelle elle est censée prévaloir de l’amour — la qualité divine par excellence — qui veut et qui incite à réaliser l’une et l’autre.» — Plérôme.

«Le grand paradoxe de la médecine, c’est qu’elle impose à ses praticiens le devoir de veiller à la santé de tous leurs patients — c’est-à-dire de ceux dont les moindres coups du sort affectent négativement leur intégrité et leur équilibre autant physique que moral —, avec désintéressement, indépendamment de leurs propres intérêts, tout en prétendant leur assurer que, nonobstant toutes les incertitudes dans lesquelles cette position les enferme, il pourront non seulement surmonter les aléas que leur imposent les conditions de leur exercice professionnel mais aussi prétendre à un épanouissement physique et moral ainsi qu’à une situation sociale favorable et gratifiante.» — Plérôme.

«L’essence de la barbarie, c’est l’injustice, peu importe en quelle culture on la retrouve et avec quel raffinement on la commet et on la perpétue.» — Plérôme.

«Lorsque l’on tue un individu, que ce soit soudainement ou imperceptiblement, à petit feu, non seulement cette atteinte à la vie crée-t-elle une absence douloureusement ressentie par ses proches, mais encore prive-t-elle le monde des effets positifs et bienfaisants de sa présence continue, de sa manière particulière de concevoir son rapport au monde, de réaliser les transformations qu’il apporterait sur celui-ci, en puisant aux schémas qui représentent la perfection ou l’achèvement qu’il envisage pour l’améliorer.» — Plérôme.

«Si, comme le prétend Napoléon, ou encore quelque autre conquérant, l’histoire retient surtout la version qu’en retiennent les vainqueurs, c’est souvent parce que ceux-ci de présenter et de rédiger la leur et qu’ils estiment que, de toute façon, seule celle qu’ils ont écrite mérite d’être entendue et racontée.» — Plérôme.

«Avant l’anthropocène, la climatologie opérait à l’intérieur d’une boucle fermée à l’intérieur de la nature alors que tous les facteurs susceptibles d’influencer le climat résultaient de la production plus ou moins régulière et cyclique d’événements soumis à une détermination historique. Ainsi, afin de prévoir les incidences météorologiques, il s’agissait de comprendre les enchaînements des causes, susceptibles d’occasionner les phénomènes climatologiques. Depuis l’avènement de l’anthropocène, avec la révolution industrielle, l’on doit faire intervenir dorénavant, parmi ces facteurs prévisibles, l’activité et les effets de l’activité économique humaine, dont la diversité est la conséquence de la créativité scientifique humaine et dont l’intensité est le reflet de l’ambition de l’homme générique, de la démesure de son appétit comme de l’abondance et de la démultiplication des moyens employés à le combler.» — Plérôme.

«Au plan moral et juridique, tout procède: soit de l’anarchie de l’amour, qui est la conséquence naturelle de la loi de l’amour qui est le fondement du droit suprême et transcendant; soit de l’amour de l’anarchie qui résulte paradoxalement de l’amour de la loi, dont la caractéristique première est de faire passer la forme de la loi avant la substance du droit.» — Plérôme.

«Si l’esprit possède la puissance de transformer la réalité, il a néanmoins l’aptitude de se laisser transformer par elle. Et c’est à l’intérieur de cette dialectique de la transformation opérante sur l’extérieur à soi et de la transformation opérée sur soi par des facteurs exogènes que réside le nœud de la signification que prennent pour chacun la vie et l’expérience qui lui est particulière pour chacun. Car autant chacun est appelé à conditionner sa réalité, autant il est passible d’en subir les conditionnements. L’important serait alors de pouvoir transformer la réalité dans le sens meilleur qui soit possible pour elle, tout en se laissant transformer dans le meilleurs sens possible pour soi. Or, quel est le «meilleur sens possible» et en quoi la conception qui le définit est-il compatible avec celle que chacun peut en formuler pour soi et celle que la société adopte comme représentant la plus haute possible pour l’ensemble, digne d’inspirer les conduites et de commander les actions qui en seraient formellement issues.» — Plérôme.


«Un principe fondamental de la mythologie: Dieu, étant unique et suprême, transcendant et éternel, nécessaire et tout-puissant, se révèle dans l’histoire à tous les peuples et à toutes les cultures, selon l’identité de sa nature infinie et de sa puissance illimitée, mais il n’est reconnu par ceux-ci qu’en vertu de leur préparation mentale et spirituelle à l’appréhender intellectuellement, laquelle est elle-même finie et limitée, immanente et contingente (mais non pas absolument) et à la conceptualisation en des termes qui révèlent cette connaissance qu’ils en acquièrent, mais que les contraintes de la langue encadrent à l’intérieur de structures linguistiques, incomplètes parce qu’elles ne peuvent adéquatement communiquer toutes les notions et toutes les catégories de l’esprit et imparfaites car elles ne réussissent pas à épuiser toutes les possibilités de la faculté linguistique.» — Plérôme.

«Un gouvernement que n’inspirerait aucune conception élevée de la justice ou qui se satisferait de perpétuer une forme inférieure, incomplète et imparfaite de celle-ci, tout en étant conscient de cette position et éveillé à ses effets possibles, ne serait rien d’autre qu’une version alternative et mal identifiée du crime organisé.» — Plérôme.

«Pour un Romain, et peut-être même pour un Ancien en général, l’idée même que l’impiété puisse régner à l’intérieur du peuple était répugnante et hautement répréhensible, car ils voyaient en cette disposition le fondement et le ciment mêmes du lien intime et ressenti qui unissait les citoyens à leur gouvernement, les fratries à leur aïeul et les membres de la société entre eux.» — Plérôme.

«Combien sont-ils à confondre l’effronterie et la témérité et à les prendre pour du courage ?» — Plérôme.

«Une définition pragmatique du profit: le bénéfice que l’on soutire à autrui, sans qu’à leur tour celui-ci ne puisse le prendre sur soi.» — Plérôme.

«L’on abat l’enthousiasme naturel de la société, souvent en lui proposant des buts accessoires, superficiels et dilatoires ou en leur offrant des excuses, des faux prétextes  et des faux-fuyants afin de dévaluer ses idéaux et en discréditer les réalisations pour mieux s’étonner ensuite de l’anomie, de la perte en vitalité et la désespérance qui en caractérisent la disposition morale et spirituelle.» — Plérôme.

«La barbarie refuse, ou se montre incapable, de puiser à la source de l’idéalité et de la bonté de sa culture afin de connaître et d’identifier ce qui en est la manifestation dans les formes qu’en adoptent les cultures avoisinantes, appartenant aux civilisations étrangères que les circonstances sociologiques et historiques les amènent à de voir côtoyer.» — Plérôme.

«La plus belle hypocrisie est celle qui feint la simplicité, la sincérité et l’authenticité, tout en poursuivant, à son propre avantage exclusif, des fins fausses et trafiquées.» — Plérôme.

«La mauvaise foi se définit face à un idéal de sincérité et d’authenticité et s’ancre sur l’intérêt individuel qui se poursuit face à la valeur de la préoccupation pour le bien-être d’autrui et pour celui de l’ensemble social qui risquent de contrarier le mobile individuel, par les exigences morales que ces derniers entretiennent sur lui.» — Plérôme.

«Le danger de la schizophrénie existe dès lors que ne semble s’offrir à soi aucun sens à l’existence, immédiate ou en général, que n’existe aucune institution ou aucun groupe qui puissent en proposer et que l’esprit n’entrevoit en soi nulle essence ni vérité fondamentale, même implicites, afin de pallier à l’angoisse qui s’y mêle, lorsque la conscience semble pressentir qu’aucun sens tel ne s’offrira à elle, en révélant ainsi quel peut être le désespoir d’une âme qui est en quête de ce qui est essentiel à la découverte de sa finalité, de son originalité, de sa bonté et de sa beauté propres, sans lesquelles il ne trouvait de justification intrinsèque à son existence présente, sauf dans une gratuité que rien ne confirme ni infirme (ce qui serait nier sa valeur à la fois personnelle et sociale); la fuite hors de soi existe lorsque, flairant que ne se présente à soi cette impasse, si l’on autorise à l’expérience d’éprouver en soi quelle peut être la profondeur et la valeur des sens que se donne à lui-même l ’esprit, afin de rendre compréhensible quelles peuvent être la richesse et la solidité de sa substance, il a recours à toutes sortes de mesures distrayantes et/ou dilatoires afin de ne pas se placer devant l’obligation de fournir une réponse (même pressentie) à cette question primordiale et essentielle.» — Plérôme.

«Donner la chance au coureur, c’est lui fournir l’occasion de réaliser sa performance et de se faire valoir sur la trajectoire et sur le parcours de sa course, sans préjuger de son résultat final, ni même d’améliorer ses chances d’atteindre son but, mais simplement en affichant l’ouverture et le sens de la justice élémentaires qui lui permette de produire, le cas échéant, l’exploit dont il peut se rendre capable et de recevoir l’entièreté du crédit qui lui revient de l’avoir accompli.» — Plérôme.

«Ce serait une absurdité, n’est-ce pas, que d’exiger de quelqu’un que, pour travailler, il doive préalablement travailler, non pas à acquérir une compétence inexistante, mais à réaliser celle qu’il est parvenu à acquérir. Or n’est-ce pas ce que l’on fait lorsque l’on exige d’un artiste que, afin de poursuivre sa vocation particulière, il dusse «gagner sa vie».» — Plérôme.

«La complaisance consommée se reconnaît à ce que tout bonheur comme tout malheur ne prennent d’importance réelle pour soi qu’en autant où ils affectent la subjectivité qui les éprouve alors que la conscience reste indifférente à ces états, dès lors qu’ils n’affectent uniquement que la réalité d’autrui, sans toucher à la sienne propre.» — Plérôme.

«Toutes les investigations sur les événements catastrophiques se divisent en deux camps principaux: celui de la fatalité qui propose que, tout en déplorant l’accident regrettable, aucune intentionnalité humaine, lucide et consciente, ne serait imputable de cette occurrence, qu’il reviendrait alors au hasard ou à une puissance supérieure d’expliquer; celui de la délibération qui préfère entendre que l’intrication des facteurs qui ont produit l’événement malheureux fut occasionnée, organisée et orchestrée par des intentionnalités agissant en collusion dans la préservation de leurs propres intérêts. Une enquête approfondie risquerait de conclure en un mélange de l’un et de l’autre de ces principes qu’un jugement expert attribuerait, dans ses proportions adéquates, à celui qui prévaut pour expliquer le sinistre dans tous ses aspects majeurs. » — Plérôme.

«Une raison naturelle ne saurait que percer des raisons naturelles, car elle ne saurait être sensible à aucune autre genre de raison qui puisse être extérieure à sa réalité propre. Mais la raison n’est-elle en définitive uniquement naturelle ? Certes, elle se produit naturellement comme appartenant à une nature sensible et opérant à l’intérieur de la nature. Mais son essence est-elle simplement naturelle puisque la nécessité de fait sentir de faire la distinction entre la chose étendue et la chose pensante ? Qu’est-ce qui alors distinguerait celle-ci de celle-là ? Voilà le tout de la question.» — Plérôme.

«La justice immanente se fonde sur une loi très simple de l’existence qui qui trop souvent échappe à la conscience que l’on est susceptible d’en posséder. Peut-être est-ce parce que l’idée d’une organisation aléatoire de la vie, et par conséquent d’une fatalité implicite à l’origine des événements qui surviennent à l’intérieur de celle-ci, est-elle devenue omniprésente. Cela étant, l’on aurait perdu tout sens d’une responsabilité morale, même s’exerçant au plan physique, devant les actions entreprises et menées par soi ou par autrui. Peut-être est-ce également la conséquences d’un conditionnement politique excessif, exprimant une intolérance envers les initiatives spontanées, quelle qu’en soit la valeur intrinsèque ou le bienfait conséquent, et les réprimant en bloc, plutôt que d’exercer un jugement discriminant, qui encouragerait à encourager les initiatives heureuses et bien pensées, tout en se gardant de celles qui pourraient s’avérer préjudiciables au bonheur individuel et au bien-être de l’ensemble. § Toujours en est-il qu’il est indéniable que chaque décision effectuée par un agent moral (un individu, agissant en son nom propre ou au nom d’une institution) comporte une conséquence, même lorsqu’elle se résout en une action négative — une action qui exprime l’inaction, lorsqu’une action positive serait moralement requise —, de sorte que c’est le résultat de l’engagement (ou de son absence) dot il témoigne qui devient le salaire de sa moralité. Ainsi, en choisissant de faire le bien ou de commettre le mal, comment alors s’étonner que l’agent moral puisse hériter des bienfaits ou des méfaits qui émanent de son action. Et même lorsqu’il omet de faire le bien qu’il pourrait faire, ou d’occasionner le mal qui est à sa portée, doit-il s’attendre à récolter des fruits positifs de son abstention ou à subir les peines du tort qui ne fut jamais le sien, sans que les actions ne tombent jamais sous le jugement d’une conscience attentive et intelligente.» — Plérôme.

«Dès lors que l’on voit en la croyance, non pas un système organisé de propositions, indépendamment de leur vérité, mais une adhésion entière à un ordre de connaissances susceptibles d’être vérifiables ou ayant été vérifiées, la question fondamentale devient alors de saisir quelles sont l’essence et la nature de la vérité, susceptible d’accéder au plan de la croyance, c’est-à-dire de la reconnaissance de la validité et de la valeur d’un contenu intellectuel ou existentiel.» — Plérôme.

«Une intelligence saine de la notion de la sûreté de l’état consiste non pas à rechercher, dans les mesures adoptées, le maintien d’un statu quo, ce qui reviendrait à vouloir créer un état de stagnation de la vie sociale et une pétrification (ou une profonde langueur) des structures organisationnelles, avec la préservation de toutes les imperfection et de toutes les lacunes qu’une fluidité évolutive aurait progressivement éliminées, avec l’effort et la coopération de la citoyenneté, mais à protéger et à préserver cette vitalité qui fasse que, même devant les périls les plus grands offerts à sa constitution positive, à ses valeurs bienfaisantes et à son mouvement intérieur vers l’accomplissement, il puisse présenter la meilleur des résolutions et la plus optimale des résiliences, afin d’inscrire sa réalité dans les annales de l’histoire et sur le territoire de son établissement, où il peut croître pleinement et d’où il peut rayonner de toute sa splendeur.» — Plérôme.

«Désirer, ce n’est pas que vouloir ceci ou cela, arbitrairement, capricieusement, mais c’est surtout vouloir ce que l’on doit vouloir, même si ce que l’on doit vouloir, tout en étant adéquat au bien et révélant un reflet de la bonté, n’est pas dans l’immédiat ce que l’on voudrait naturellement ou spontanément.» — Plérôme.


«La vertu n’est nulle autre chose que la puissance de la vie, dont chacun est doué, qui affirme sous sa plus haute forme ce qui en est l’essence et la perfection, en autrui comme en soi-même, comme il en honore la source en son individualité, en témoignant de cela par son effort le plus sérieux.» — Plérôme.

«L’homme et la femme sont les deux genres de la réalité humaine, ensemble nécessaires à son existence et à sa perpétuation, mais séparément insuffisants à sa conservation et à sa réalisation.» — Plérôme.

«La femme est la forme de la perfection (c’est ce que symbolise et signifie sa beauté) car étant le moyen par lequel la société et la culture se renouvellent; et sachant quelle importance prend la sûreté pour l’élevage et l’éducation de la progéniture, elle devient la condition finale de l’achèvement qui en est l’aboutissement et le terme; l’homme en est la forme de sa réalisation (ce que représente et évoque sa force), car étant la condition première et essentielle de la conservation de l’espèce, en raison de sa constitution physique, et de sa perpétuation, par la substance physiologique de sa semence, il devient le moyen d’assurer une réalité effective à l’idéal issu de l’imaginaire féminin dont l’accomplissement est alors le gage de son importance et la validation de son importance.» — Plérôme.

«C’est un principe fondateur de la civilisation que, en se débarrassant de leurs adversaires politique, les grandes figures du mythe et de l’histoire assuraient à leurs héritiers biologiques et sociologiques une perpétuation, non seulement de leur sang, de leurs souvenirs et des idéaux (passifs et négatifs) qui ont animé et orienté leur action, mais encore de l’espace politique qu’ils ont occupé, en laissant seulement à ceux qui maintenaient vivante la mémoire de leurs malheureuses victimes, en raison de la valeur indiscutable que celle-ci possédait, la possibilité d’une survivance discrète pour ne pas dire secrète et occulte, lorsqu’elle risquait de trop influencer le cours futur de l’histoire politique et culturelle, pourvu qu’ils n’ébranlent pas les structures politiques et sociales en place et que, si leurs idéaux réussissaient malgré tout à s’implanter et à s’instaurer, en raison de leur prix inestimable, l’ordre établi pouvait se les approprier, en taisant leur provenance et l’identité de leur source originelle, et d’en revendiquer le crédit et le mérite.» — Plérôme.

«L’on assiste à la décadence de la société lorsque le besoin, lié aux urgences et aux pulsions existentielles, se substitue au désir, que créent les nécessités et les absences reliées à la progression et à la perfection de la vie, dans l’âme de la population qui illustre cette dynamique.» — Plérôme.

«L’amour est l’état intérieur qui, animant les cœurs et dynamisant les consciences, assure que se produise l’heureuse complicité entre les deux genres en vue de leur plus grand bien et pour le plus grand bien-être de l’ensemble, la communauté, la société et la culture.» — Plérôme.

«Un État barbare est un État où, pour asseoir son autorité et assurer la sûreté de sa forme, ne se réfère à aucun critère de la moralité extérieur à sa propre impulsion vitale, qu’il soit explicite, comme dans un corps de lois, ou implicite, comme dans une conception du bien et dans les principes qui la fondent ou les préceptes qui en découlent, pour en lieu voir dans l’instinct de sa préservation, de sa continuation et de sa perpétuation — dont la recherche d’une sûreté maximale et la poursuite d’un hédonisme exacerbé sont l’expression usuelle —, la raison d’être et la justification de son existence. Et c’est la prise de conscience, par un tel État, qu’il existe un idéal de perfection qui puisse en animer le cours historique et en sublimer la nature, en lui fournissant le terrain d’une culture, qui constitue son engagement sur la voie de la civilisation.» — Plérôme.

«La qualité de la liberté de la femme — en plénitude, en élévation et en perfection — dépend de celle de l’homme, de sorte que sans la réalisation de la liberté de l’homme, la femme ne saurait se dire libre, et dans la mesure où cette liberté s’accomplit, la femme saura se dire entièrement libre. Ce qui explique ceci, c’est le fait que la liberté, telle qu’elle peut être imaginée et conçue, ne saurait acquérir d’effectivité que si elle met à contribution toutes les énergies vitales qui lui donnent force, direction et énergie, non seulement avec la résolution dont elle témoigne, mais aussi face à toutes les oppositions qu’elle est susceptible de rencontrer, autant dans leur diversité que dans leur intensité.» — Plérôme.

«L’amour de l’anarchie trouve sa résolution dans la disposition qu’elle illustre à suivre les dictées de sa sensibilité et des plaisirs qu’elle commande plutôt que le désir de réaliser l’idéal que lui propose sa bonne étoile et le bonheur qu’elle incline à vouloir atteindre.» — Plérôme.

«Si l’université n’est pas entièrement engagé à mener la quête de la vérité, quelles sont alors sa destination et sa fin ? Et si la philosophie, tout en poursuivant le même but, ne se donne pas pour objet de réaliser la plus élevée des sagesses, que devient alors son utilité ? Au mieux, fonder l’ordre social sur l’illusion, issue d’un inconscient qui ne sait en distinguer la fausseté; au pire, le bâtir sur le mensonge car la conscience qui le met de l’avant trouve en lui le moyen temporaire d’une persistance culturelle et sociale. Mais ce faisant, l’on sacrifie à l’erreur la pérennité de l’État puisque tôt ou tard le réveil des consciences intellectuelles et morales en découvrira les limites explicatives et les desseins tortueux qui l’ont installé, pour vouloir le rejeter et par conséquent ébranler l’ordre culturel et social qu’elle avait pour mission d’asseoir et d’étaler.» — Plérôme.

«Lorsque le devoir se conçoit clairement et que l’horizon de la vue morale apparaît distinctement, la lutte devient alors de poursuivre sa voie, malgré tous les inconvénients, toutes les distractions, toutes les tentations et toutes les embûches dressées pour entraver son progrès.» — Plérôme.

«Si le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas, comme l’affirme si bien Pascal dans ses Pensées, ne peut-on pas ajouter que la raison a parfois ses motifs que le cœur ne comprend pas ?» — Plérôme.

«Le droit est la discipline, issue du champ de l’exercice politique concerné par le bien commun, qui dicte les droit et les obligations des sujets qui ressortissent à sa juridiction; par conséquent, la morale est la discipline qui énonce quels sont les devoirs et les responsabilités qui gouvernent la conduite droite et l’action juste des individus, doués d’une conscience susceptible de connaître et de désirer le bien et d’une intelligence apte à définir quels sont les devoirs et les responsabilités incombant à celui qui aspire à le réaliser et qui s’efforce à l’actualiser.» — Plérôme.

«Chaque État fait reposer sa cohésion et sa stabilité sur une conception du «Ciel», un état social idéal auquel chaque citoyen est convié à participer, chacun à la mesure de son talent et de son mérite, et dont l’élite représente le point le plus élevé de sa réalisation.» — Plérôme. 


«Sans discernement, la justice n’est qu’apparente; sans sagesse, elle n’est qu’aléatoire; sans amour, elle n’est que futile; et sans courage, elle n’est que vaine.» — Plérôme.

«La vertu est le compliment vivant adressé à la bonté.» — Plérôme.

«Autant l’homme que la femme sont conscients des distinctions essentielles, susceptibles d’être aperçues, entre la liberté et la fatalité, mais alors que, pour la femme, les possibilités merveilleuses et incalculables de la liberté sont entièrement évidentes, il lui apparaît également qu’elles ne sauraient se substituer à un déterminisme et à un conditionnement existentiels que si elles deviennent entièrement opérantes et que, par conséquent, c’est à l’homme et à la puissance vitale qui le singularise, trouvant sa résolution dans la force et le courage, de réaliser la distinction entre la liberté purement théorique et sa matérialisation pratique dans la sphère de l’existence.» — Plérôme.


«Le grand mystère et le grand paradoxe de la liberté, de la vie, de l’amour, c’est qu’ils faut parfois poser le geste radical d’en faire le sacrifice pour soi afin de les sauver et de les préserver pour les siens et pour autrui.» — Plérôme.

«Pourquoi une invention et un fantasme, émanant d’une personne en autorité, prendrait-elle le pas sur une vérité, prononcé par un simple individu ?» — Plérôme.

«Sous sa forme pure, un pragmatisme s’intéresse uniquement à la résultant de son action et non à la désirabilité des moyens employés pour l’atteindre. Ainsi, afin de réaliser un but, il est simplement indifférent aux mesures qui l’apportent effectivement et à la qualité de celles-ci, puisque la seule vertu qu’il préconise est celle de comporter l’efficace d’une action réussie. § Mais dans ce qui est désirable, réside la notion implicite du bien, même sous sa forme la plus élémentaire, puisque la volonté ne saurait désirer ce qui n’est pas bien, sauf à illustrer une conscience perverse ou à voir en la perversion une forme de bien, ce qui est contradictoire. Car, par définition, la perversion est une dérogation au bien, son travestissement, son altération, sa diminution, son adultération, plutôt qu’elle n’en soit une forme complémentaire ou alternative. Si donc on peut être entièrement indifférent au bien, en choisissant et en actualisant les moyens, grâce auquel on le produit, la conscience peut-elle l’être quant au choix de la fin qu’elle poursuit à travers eux ? Ainsi, même le pragmatisme le plus rigoureux est-elle une recherche du bien, sans que l’on veuille se préoccuper du moyen qui le procure. Mais cette assujettissement de la qualité du moyen à la désirabilité de la fin est-elle en définitive praticable, à un point de vue moral, lorsque tout le bien se retrouverait dans la fin visée et aucun dans les moyens employés en cette direction ?» — Plérôme.

«Une reconstitution de l’histoire, fondée sur une documentation écrite ou archéologique insuffisante, est nécessairement fondée sur une projection de l’imagination qui la tente. Mais on ne peut exclure que celle-ci ne comporte une part de récollection des mémoire collectives ancestrales qui accompagnent les hommes sur toute la durée de leur expérience historique jusqu’au temps présent. Le défi devient alors de distinguer par introspection ce qui serait une représentation adéquate des temps originels et des premiers moments de la culture humaine de ce qui en procède et qui n’est peut-être que la conséquence de ruptures qualitatives, ayant laissé leur empreinte dans la conscience et s’étant substituées à des souvenirs antérieurs. Et parmi ceux-ci, il y en a qui procèdent directement des origines et en conservent la source alors que d’autres peuvent simplement constituer l’expression de ruptures antérieures. Ainsi se laisse entrevoir un labyrinthe de souvenirs et de mémoires qui sûrement portent en eux les marques de la source, mais qui peuvent le plus souvent déboucher sur des culs de sac et des impasses mémoriels.» — Plérôme.

«Tout nœud historique — un événement ou un corps d’événements associés qui transforment radicalement le sens que prend le parcours de l’humanité — constitue un moment de rupture qui divise en deux camps, l’humanité qui en fait l’expérience, et éventuellement toute celle-ci, en raison des conséquences qu’il entraîne: les privilégiés que le nœud favorise et qui voient en la situation qui en procède l’occasion d’un profit et d’un bonheur assurés; et les nostalgiques, qui voient en la résultante l’évidence d’un éloignement d’un état idéal et le désir de continuer à vivre selon les formes qui le caractérisent et les souvenirs qu’il suscite toujours en la conscience, avec un refus plus ou moins apparent — et même un retour à la case départ — des nouvelles conjonctures et des nouvelles circonstances.» — Plérôme.

«La «deuxième chance», et peut-être la énième chance que l’on sollicite et que l’on requiert ne sont pas l’occasion demandée de réussir à mener à bout les mauvais desseins et les fins indésirables qui ont échoué la première fois, mais celle de reconnaître les bons idéaux et les buts louables que l’on peut entreprendre d’accomplir.» — Plérôme.

«La paresse systémique — et qui constitue un genre négatif de la prévarication — consiste, pour l’autorité en place, à ne pas se donner la peine de reconnaître les injustices commises, pour ne pas avoir à se donner la plus grande peine encore de les corriger et de remettre dans leur droit ceux qui s’en trouvent lésés et dont la jouissance leur est déniée.» — Plérôme.

«Le risque pour la pensée, en disqualifiant les thèmes sur lesquels la raison n’a pas de prise — comme l’âme, l’éternité, l’infinité, la vie, la perfection, etc. — comme étant illusoires et oisifs, et en définitive de peu d’intérêt pour elle, étant purement spéculatifs et conjecturaux, c’est de se priver de tout un univers de réalité qui, même s’il ne se laisse qu’apercevoir, comporte néanmoins une signification profonde pour lui, en tant qu’il révèle la suprasensibilité et la surnaturalité constitutives de son essence, sur lesquelles il fonde son existence, et ultérieurement celle de la nature, qu’elle soit vivante ou simplement inerte.» — Plérôme.

«Lorsque la vertu n’est plus qu’un stratagème comme un autre, d’accéder au pouvoir et de le conserver, c’est alors qu’elle n’est qu’une feinte, une manière que l’hypocrisie se donne afin de cacher son véritable désir et ses valeurs véritables qu consistent, non pas à viser la perfection de la société et des individus à travers elle, non pas de la perfection des personnes et de la société à travers elles, mais simplement le contrôle de l’unité sociale et la soumission à ses fins particulières, indépendamment des idéaux du bien servis et des fins transcendantes accomplies.» — Plérôme.

«Il n’y a de philosophie que de la réalité, c’est-à-dire de ce qui est. Mais comme l’être de la réalité est à la fois infiniment diversifié et abondamment complexe, seul le mythe que l’on construit pour l’unifier sert à l’expliquer et à le communiquer, à exprimer l’intelligence que l’on en possède et à informer les consciences sur cette compréhension qui est la nôtre. Ainsi, toute philosophie de la réalité est en réalité une philosophie du mythe que l’on édifie et même une philosophie de la philosophie constitue une philosophie du mythe, en tant que la philosophie est une construction imparfaite et incomplète de la réalité. Seul un retour à la réalité, et au mythe que l’on en établit, en reconnaissant alors quelle est sa valeur mythique, au-delà de la vérité qu’elle prétend dire, peut servir à fonder et à justifier une philosophie adéquate, c’est-à-dire une philosophie qui se perfectionne sans cesse.» — Plérôme.

«Les fonds quasi illimités du trésor public peuvent servir à accomplir un bien immense et inestimable comme aussi ils peuvent réaliser un tort terrible et inconcevable.» — Plérôme.

«Nier que Dieu existe, c’est en même temps nier qu’aucune volonté n’est supérieure à celle de l’homme. Non pas celle de la nature, puisque la nature obéit aveuglément à des lois, ni celle des autres êtres vivants qui, étant intimement liés à la nature, obéissent sans questionner à une loi spéciale qui est celle de l’instinct. Mais cela étant, et admettant que les volontés ne sont pas égales entre elles, comme l’attestent les grands génies volontaires de l’histoire, il reste alors qu’un degré de supériorité des volontés est destiné à se manifester à l’intérieur du genre humain. § Puisque cependant Dieu est le gage de toutes les vertus et de toutes les valeurs, le fait de Le nier dans son existence indépendante et réelle relègue les volontés humaines prédominantes à se constituer le juge suprême de la bonté — en tant qu’elle révèle une nature bonne — et de la justice de son action — en tant qu’elle est appropriée à la bonté de la nature d’autrui —, sans que pour autant aucun critère extérieur n’existât pour décider du degré de cette bonté et de cette justice. § Il existerait bien l’imaginaire collectif qui puisse songer, à un plan immanent, une telle norme et un tel idéal, mais pour qu’il devienne effectif, il doit disposer d’un pouvoir supérieur à celui dont dispose la volonté prédominante. Ce que le principe du nombre prépondérant permet d’atteindre, qu’il se trouve ou non associé à celui de la force prépondérante. Nonobstant cette considération, une telle solution pragmatique ne fournit pas plus une réponse satisfaisante à la question qui reste entière, qu’elle s’adresse à la volonté particulière ou qu’elle concerne la volonté collective: comment l’homme explique-t-il cette nature morale finie qui puisse entrevoir le bien, sans que n’existe en dehors d’elle une puissance qui en représente la réalisation suprême et qui devienne le garant, en l’homme, de la réalisation de sa propre disposition morale. Ainsi s’aperçoit-on que nier Dieu ne consiste qu’en un stratagème pour vivre selon une volonté qui, si bienveillante fût-elle, n’a pas à répondre à une volonté supérieure qui en dicte, en évalue et en établit la responsabilité. Bref, c’est l’expression d’une aspiration à la liberté absolue, sans s’apercevoir que c’est en la Divinité que réside l’expression absolue de la liberté.» — Plérôme.

«L’affirmation «Dieu existe», qui paraît dogmatique dans sa forme — et peut-être l’est-elle devenue, par le pouvoir régulateur qu’elle a subséquemment acquis —, n’est aucunement une assertion catégorique à l’origine, mais simplement le produit d’une réflexion, fondée sur l’expérience générale et commune, comme d’une conclusion qui s’impose d’elle-même, lorsque l’on considère l’ordre qui règne dans le monde, la complexité des lois qui le gouvernent ainsi que l’harmonie qui préside généralement à son actualisation.» — Plérôme.

«La société laïque, par l’idéal qu’elle incarne et qu’elle parvient à réaliser, lequel nie dans son fondement ou dans son idéal tout ce qui est surnaturel et transcendant, est un ciel sans dieu, ni ange, où chacun s’attribue, ou se voit attribuer, le rôle d’un dieu ou d’un ange, dont l’importance se reconnaît à la capacité démontrée à définir, à incarner et à réaliser l’idéal qui en constitue la perfection et la fin vers laquelle chacun peut tendre.» — Plérôme.

«Au-delà du bien et du mal, il n’y a que le bien: et le bien ne saurait s’exprimer, ni s’expliquer par son contraire, sauf à s’opposer à lui, dans toute la plénitude de son actualisation.» — Plérôme.

«Dans un monde où tous désirent sembler être ce qu’ils ne sont pas, jusqu’à parvenir à se convaincre qu’ils le sont devenus, le succès serait accordé à ceux qui semblent le mieux prétendre être devenus ce qu’ils ne sont pas, et qui sont le plus aptes à faire croire l’être devenus.» — Plérôme.

«Le mythe de l’éternel présent, appliqué à l’état actuel de la société, n’est nulle autre chose que la volonté de faire croire en l’état réalisé de la perfection sociale, telle que nulle perfection ne puisse advenir qui puisse accomplir les virtualités positives, mais toujours latentes, de la société. Et afin d’apporter une justification additionnelle à cette prétention, il peut l’asseoir sur des stratagèmes qui sont amplement illustrés par l’histoire des mentalités et qui consistent principalement en deux approches complémentaires: soit en obturant la vison des nouvelles idées, conformes à l’idéal divin, qui sont comme le verrou de portes à franchir une première fois; et en privant de la liberté d’utiliser les moyens adéquats, ceux qui seraient aptes à les franchir, des voies qui en seraient comme les clefs.» — Plérôme.

«La véritable existence, loin de chercher à se construire un milieu hyper-sécurisé en lequel toutes les expériences sont contrôlées et prévisibles, s’exposera aux péripéties multiples qui s’offrent à elle naturellement, comme répondant au déploiement d’une volonté et d’une loi transcendantes.» — Plérôme.

«La philosophie est en effet une étude préparatoire, non pas à elle-même, non pas à une autre science, mais à la vie et à l’exploration de son mystère.» — Plérôme.

«La loi comtienne des trois états propose que la progression de la conscience s’effectue à partir de l’intuition théologique vers la connaissance scientifique positive, en passant par la spéculation métaphysique. Pourtant, si l’on s’arrête à examiner le cheminement que cela implique, l’on s’aperçoit que le passage d’un domaine au prochain s’accomplit de manière négative. § En effet, partant de l’intuition théologique, laquelle procède en général des Elohim et parvient à l’affirmation de la foi en un Dieu unique, la pensée n’éprouve la métaphysique que comme un moment négatif de la théologie, lorsqu’elle pose comme étant son champ d’exploration les idées abstraites (de l’être, des valeurs, des principes, des formes, de l’entéléchie et des personnifications) et propose comme exemplaires de celles-ci la Fortune, la Loi, l’Ordre, la Liberté et la Victoire. § Pareillement, lorsqu’elle se transforme en philosophie positive, en formulant quels sont les concepts fondamentaux de la nature (les forces, les corps, le mouvement, la lumière, la matière et l’étendue), après un cheminement qui aboutit avec Empédocle aux six archès de la terre, de l’air, du feu, de l’eau, de l’éther, de la sympathie et de l’antipathie, qu’au prix d’une renonciation aux abstraction métaphysiques qui les ont précédé. § Comme cela se produit également lorsque, touchant à la science empirique, et à ses concepts de choses et d’objets, de champs d’expérience et de matières à observation, vérifiables immédiatement par les sens, autant quant aux constantes relatives à leur propriétés qu’à celles liées à leur comportement sous des conditions spécifiées, que la conscience scientifique peut s’évertuer à varier à l’infini et produire des effets souhaitables, puisque désirés, le scientifique n’est déjà plus un philosophe dont il reconnaît la contribution historique à sa discipline, mais sans désirer s’aventurer dans la voie de la conjecture et de la spéculation qui en caractérisent l’activité intellectuelle propre. § En bref, le cheminement de la connaissance, plutôt que s’accomplir en unifiant ses théories et ses notions sous une même conception de plus en plus nécessaire et universelle, en serait venu à se spécialiser et à démultiplier son regard en se laissant conditionner par la diversité sous laquelle l’objet de son intérêt se présente. Or tel semble être réellement le parcours qu’a accompli la science au cours des âges, alors que le concept de positivité recouvre une connaissance de plus en plus diversifiée des choses de la nature, sans que n’intervienne la nécessité pressentie a priori de découvrir un terrain et un vocabulaire qui puisse unifier ses considérations.» — Plérôme.

«La dialectique hégélienne, qui procède d’un absolu affirmé vers un absolu nié pour aboutir à une série inépuisable de contradictoires perpétuellement critiquables, ne peut produire, en l’absence d’un retour à l’absolu, qu’un cheminement perpétuel de concepts et de propositions qui procèdent d’approximations en approximations jusqu’à un relatif approximatif qui en devient, de facto, le nouvel «absolu».» — Plérôme.

«Non seulement doit-on connaître ce qui est, mais encore doit-on comprendre ce qui devient et ce qui est devenu.» — Plérôme.

«Hypothèse à examiner: le Christianisme est le miracle qui a permis à l’Occident méditerranéen de se relever de l’état de barbarie auquel il était voué, en raison de l’affaissement des ses structures politiques et axiologiques internes, lequel l’a préparé à subir la convoitise ainsi que l’envahissement des sociétés et des cultures voisines.» — Plérôme.

«Le poids de l’existence, qui résulte de la diversité et de la complexité sans cesse croissantes de l’expérience sociale, laquelle exige, pour la maîtriser et la surmonter, la création d’une habitude qui peu à peu en vient à définir une routine quasi-mécanique, crée et soutient, souvent à son insu, un fatalisme artificiel en l’homme. Si telle est la résultante de la stratégie d’adaptation contemporaine, c’est que le changement est pour elle devenu onéreux et que l’expression de la différence est désormais conçu comme étant répréhensible, puisqu’ils opposent à la conception ordonnée que l’on définit de son univers sociologique. Car celui-ci s’est construit sur des années et des années et s’est développé silencieusement et inéluctablement, suivant une entéléchie qui est propre à la réalité sociale, en vertu de réaliser une logique ontologique et sociologique procédant d’un état qui échappe à la plupart des membres de la société, mais dont le premier ressort est la conservation de tous les acquis qui révèlent le parcours de son existence.» — Plérôme.

«L’on oublie trop souvent que la relation qui s’établit entre les individus est la rencontre de natures humaines dont les facultés et les dispositions, les qualités et les défauts, trouveront à se réaliser différemment, selon les aléas des circonstances et en vertu des conditions qui régissent le moment de sa réalisation.» — Plérôme.

«L’anarchie première consiste en l’opposition intentionnelle à l’achèvement de l’entéléchie naturelle des choses, dont l’accomplissement s’effectuerait autrement, conformément à l’idéal moral le plus élevé, susceptible de la former; l’anarchie seconde consiste en une association inconsciente à ce mouvement négativiste. L’éducation consiste à faire prendre conscience de cette distinction et à inspirer le choix qui favorise la moralité et la liberté sur le fatalisme moral et le déterminisme physique, sans pour autant nier la condition naturelle sous laquelle se déploie la nature de l’homme dans son effort de parvenir à une réalisation et à un accomplissement optimaux.» — Plérôme.


«Se fondre dans le groupe, et en exprimer les caractères et les qualités sans s’en démarquer, ou se réaliser au plus haut point, même en sacrifiant son appartenance au groupe, voire en souhaitant secrètement peut-être son approbation et son appui, en raison de l’héroïsme de la poursuite ou de la vertu qui est exemplifiée en celle-ci, voilà quel est le choix radical auquel chacun est éventuellement exposé.» — Plérôme.

«Dans la mesure où les intérêts particuliers l’emportent sur ceux qui sont au service de la justice et s’exercent au détriment de celle-ci, lorsqu’il s’agit de légiférer sur des mesures que l’on rend obligatoires ou que l’on adjuge sur des différends ou sur les meilleurs cours à suivre, alors l’on peut dire qu’effectivement, tout est politique.» — Plérôme.

«La contradiction explicite entre Luc 9, 50 et Marc 9, 40 pourrait se résoudre ainsi: qui n’est pas avec nous (lorsqu’il en a la possibilité) est contre nous; et qui n’est pas contre nous (lorsqu’aucune liberté n’existe d’agir autrement) est avec nous.» — Plérôme.

«Les trois excès idéo-sociologiques qui guettent le monde occidental, pour son malheur, étant l’individualisme, l’hédonisme et le matérialisme, ils trouvent leur contrepartie dans les ruptures vers lesquelles ils mènent, soit celles qui ont trait respectivement à l’âge, au genre et à la richesse. Car autant la cause idéologique que le symptôme sociologique reposent sur un refus de l’essentiel, au nom d’un subjectivisme outrancier et des avantages que le particulier escompte recevoir de leur exacerbation, sans égard ni pour l’excellence morale de la qualité de l’être personnel, ni pour celle de la santé et de la vigueur de l’espèce, avec pour conséquence que, en poursuivant ces fins accessoires, l’on porte préjudice autant aux membres de la société et de la culture qu’à l’ensemble social et politique auquel ils appartiennent et qui constituent à la fois le moyen et l’occasion de leur réalisation.» — Plérôme.

«L’entropie est un concept négatif qui confirme l’adage qui veuille que la nature abhorre le vide et qui décrit cette tendance, lorsqu’il existe un déséquilibre à l’intérieur d’un système clos, entre deux états où règnent des niveaux d’énergie qualitativement distincts, pour la plénitude de l’un de ces états à combler la rareté d’un autre, jusqu’à constituer un ensemble où régnera un niveau d’énergie moyen et identique.» — Plérôme.

«L’auto-justification est une manière de jugement où, à tort ou à raison, la conscience adjudicatrice est à la fois le juge et les parties de son propre état et de sa propre situation.» — Plérôme.

«Il y a ce que l’on sait et qui soit vrai et il a ce que l’on peut en démontrer: sur cette disparité repose tout le mystère de la vie, mais aussi l’incomplétude entre ce que l’on est autorisé à concevoir comme étant la plénitude de l’accomplissement de l’idéal, dans son sens le plus élevé et le plus édifiant, et la suffisance avec laquelle l’on se contente de ses manifestations incomplètes, par intérêt, par paresse, par inconscience ou par insensibilité.» — Plérôme.

«La philosophie tend à se cantonner dans une considération du monde des idées, à l’exclusion du monde des événements, qu’elle en vient peut-être à concevoir comme étant d’une espèce substantielle inférieure au précédant, de sorte que la sagesse qu’elle en vient à priser — celle qui porte sur les théories et sur les concepts — est devenue pour elle préférable à la sagesse pratique des actions et des propos concernant le monde sensible actuel des personnes et des choses.» — Plérôme.

«Une lecture de l’histoire, écrite que le mode de l’événement hypothétique, répondant à la question «Que serait-il arrivé si ... ?», et qui illustrerait un usage optimal de la liberté de la part des acteurs sociaux et/ou des agents politiques, en révélerait non seulement les carences, dont on pressent la présence, lorsque l’on prend conscience de ses événements, de ses péripéties et de ses vicissitudes, mais également de la possibilité de sa grandeur, fondée sur un principe moral qu’exacerbe la conscience élevée et engagée des protagonistes qui y participent.» — Plérôme.

«Le moment critique du passage de l’humanisme vers le post-humanisme se définit lorsque la personne humaine cesse d’être considérée en soi et pour soi, en devenant exclusivement une essence apte à être réifiée, c’est-à-dire une substance utile pour autrui et uniquement en fonction des désirs et des exigences de celui-ci. Il illustre donc cette tendance et cette coutume de déshumaniser l’autre, lorsqu’elles sont devenues non plus simplement marginales, mais actuelles et courantes à l’intérieur de la société, et qu’elles constituent une manière réactionnaire d’humaniser l’inhumanité en vertu de laquelle certains segments de la société, aptes à imposer, à structurer et à institutionnaliser leurs ordres de valeurs, en sont venus à considérer les autres à des degrés divers.» — Plérôme.

«Pour certains, tout bienfait que l’on reçoit est grâce et tout bienfait que l’on accorde est dette: voilà la première rupture dans le tissu social qui occasionne les rivalités et les oppressions.» — Plérôme.

«Dans son omniscience et sa toute-puissance, Dieu doit composer avec l’apparition du mal — une valorisation du non-être — et avec la dialectique du bien — la plénitude que vise sciemment l’être, autant dans sa nature individuelle que sociale — et du mal, en vue d’assurer la complétude du premier état et par conséquent la dissipation du second, un non-état ou un état d’inaccomplissement qui résultent en la douleur ou en la souffrance.» — Plérôme.

«En principe, la femme évoque et suscite l’amour afin de faire naître et d’entretenir la vie; comme en principe l’homme exprime et réalise l’amour, en réponse à cette interpellation, afin de créer, de propager et de protéger la vie.» — Plérôme.

«Tout voir du point de Dieu: tel est l’idéal que se propose la philosophie allemande.» — Plérôme.

«Le risque court constamment l’écrivain, c’est de coucher sur le papier des idées qui ne tiennent pas debout, de faire courir sur le parchemin des notions qui ne tiennent pas la route.» — Plérôme.

«Si l’on distingue la mentalité primitive et celle des civilisés, en affirmant que celle-là illustre un intérêt exclusif pour les causes premières et que celle-ci recherche plutôt une saisie intellectuelle et compréhensive des causes secondes, la séparation entre ces formes de l’esprit ne saurait être aussi étanche qu’une dianoèse et une dialectique pourraient le laisser croire, autrement l’on se trouverait à contredire et même à nier le principe de l’unité de la raison, en ramenant celles-là uniquement à des êtres de la raison et en faisant de celles-ci exclusivement des êtres de la réalité. Car l’affirmation des causes premières ne nie pas en principe l’existence et l’intrication des causes secondes comme la reconnaissance de celles-ci ne saurait exclure que l’on puisse identifier un enchaînement de ces causes et que l’on puisse le faire remonter, de cause antécédente proximale en cause antécédente prochaine, jusqu’à une cause générale, laquelle devient ultime, et donc première, dès lors que l’on voit en elle l’aboutissement généalogique de toutes les causes. Ainsi, en se situant, pour les étudier et les définir ainsi que les interactions qu’elles entretiennent entre elles, au plan des causes secondes constitutives de l’ensemble des causes qui émanent, de proche en proche, de la cause premières qui serait son premier centre d’intérêt, le primitif participe de l’entreprise scientifique. Comme en questionnant le principe ontologique et métaphysique de la causalité, en tant qu’elle s’adresse à l’univers matériel des choses, le civilisé continue à faire œuvre de scientifique, tout en accédant au plan abstrait et immatériel de l’intelligence et du raisonnement, pour à la fois constater l’irréductibilité de l’esprit à ce qui en est l’objet et ultérieurement l’inexplicabilité de sa causalité par autre chose que par un principe, un être et un agent connaturels qui en soient l’expression insurpassable et excellente pour ainsi se situer au plan des causes premières et des êtres de la raison.» — Plérôme.

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