[Depuis le 27 janvier 2021, avec mises à jour périodiques. — Since January 27th 2021, with periodical updates.]
«Il
est curieux que Freud ait fait de la mort du père, occasionnée par une
rivalité entretenue à son endroit par l’un de ses fils, que l’on
présume être le plus fort, comme étant le ressort de la vie du clan et
de son inscription à l’intérieur de l’histoire alors qu’en réalité,
bien avant que l’inégalité des rapports entre le père et ses fils rende
celui-là vulnérable à leurs prétentions, existe celle entre les
enfants, mâles ou femelles, de la fratrie, pouvant conduire jusqu’au
fratricide, lorsque la haine et l’ambition désordonnée en viennent à
prévaloir.» — Plérôme.
«Les deux moments critiques de l’étude de
la philosophie — qui en elle-même ne saurait constituer un programme
simple —: d’abord comprendre les penseurs historiques et les théories
qu’ils formulent afin de concevoir exhaustivement la «réalité», y
compris dans les influences intellectuelles historiques que chacun de
ceux-ci peut entretenir les uns avec les autres; ensuite, relier
celle-ci à la «vérité» permanente et constante, telle qu’elle se
manifeste à tous les âges dans l’expérience individuelle et collective
de l’humanité et qu’elle peut se laisser apercevoir dans les
«inspirations lumineuses» qui traversent les pensées de toutes les
intelligences et les idées de tous les doctes penseurs, lesquelles
trouvent leur source dans une pensée immuable, universelle et
éternelle.» — Plérôme.
«Les demi-vérités sont souvent pires que
les mensonges, quant à leurs conséquences empiriques et leurs effets
diffamants, puisqu’elles se fondent souvent sur des faits qui sont
partiellement et non exhaustivement et complètement expliqués et que,
par conséquent, ils reposent sur l’imagination fantaisiste, soit du
narrateur, soit de l’auditeur, afin d’en accomplir la reconstitution,
d’où la tendance à mener l’interlocuteur à formuler des conclusions
fallacieuses et à entreprendre des actions conséquentes inopportunes.»
— Plérôme.
«Tels sont ceux pour qui le caprice, le besoin,
l’habitude ou l’instinct tiennent lieu de raison, en substituant au
sens de l’intelligence de la nature, de l’origine ou de la finalité de
l’action accomplie librement, la nécessité impérative et contraignante
de ces inclinations.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui, alors
qu’ils traitent leurs semblables en paresseux, s’avèrent eux-mêmes trop
oisifs pour connaître en quoi leur jugement à leur égard est téméraire
et injuste.» — Plérôme.
«L’esclave n’est jamais suffisamment zélé ou appliqué afin de servir le loisir d’un maître excessif et tyrannique.» — Plérôme.
«La
fatalité est le sort que l’on éprouve, quelque soit l’effort apporté
pour se le mériter et se le rapprocher, s’il est favorable — en lequel
cas on le nomme la chance (ou la bonne fortune), et la grâce,
lorsqu’elle implique l’intervention bienveillante d’une conscience ou
d’une volonté distincte de la sienne propre —, ou pour ne pas en
démériter et se l’éloigner, s’il est défavorable — en lequel cas
on le nomme la malchance ou encore la malice, dans le cas contraire
d’une action délibérée et malveillante —.» — Plérôme.
«La vertu
est un état qui, dans sa spécification et son orientation adéquate à
une situation, conditionne la nature morale de la volonté qui est
productrice de l’acte et, dans la liberté de la conscience, elle entre
en communion avec l’Être Suprême qui en est la source, le principe,
l’origine et la réalisation ultime.» — Plérôme.
«La seule
manière logique d’aborder le problème du mal «sans visage»,
c’est-à-dire du mal qui se commet de manière occulte et anonyme, c’est
d’enquêter et de découvrir quels en sont la source, la cause et l’agent
véritable, de sorte à pouvoir apporter le remède qui est adéquat au
défaut qu’ils occasionnent et qu’ils propagent.» — Plérôme.
«L’écart
qui s’établit entre l’être et le devoir-être requiert, pour qu’il se
produise, une action — initiée individuellement ou accomplie
collectivement — qui est dépréciatrice de l’être existant et/ou une
inaction qui est auxiliaire du mouvement par lequel l’être en vient à
déchoir; et, pour qu’il disparaisse, une action rédemptrice de l’être
existant sous son état diminué et/ou une action associée, d’une
envergure suffisante, qui produit un effet donnant sens et renforcement
à ce rétablissement.» — Plérôme.
«Le mensonge, comme la ruse, ne
sont qu’une tactique comme une autre, dans l’exercice, le maintien et
la conservation du pouvoir et, s’ils dénotent une forme d’inventivité
dans la poursuite de ces fins, ils ne sauraient illustre, soit la
sublimité de l’idéal moral qui le fonde, soit la forme supérieure de la
créativité morale requise afin d’en témoigner.» — Plérôme.
«Un
pays qui possède une police secrète dont on sait qu’un tel appareil de
contrôle social, légal et moral existe, ne peut plus prétendre, en
toute logique, que cette police est secrète; et, en supposant qu’une
telle police puisse prétendre exister, elle suppose, afin de
l’encadrer, un appareil judiciaire tout aussi secret, autrement cette
police se donnerait à elle-même sa propre loi qui, ne possédant aucun
critère extérieur à ses raisons pour la valider, serait à la fois
suprême et arbitraire, par rapport aux autres institutions sociales,
tout en demeurant largement ignorée de la population qui en serait les
sujets et les «bénéficiaires» de ses actions, d’où procède la notion
et, lorsque formulée, l’idée d’un État séparé, parallèle et subsumant
que régissent des valeurs et des principes et des valeurs dont la
qualité morale sont les seuls garants de sa valeur réelle: la
distinction que fait Augustin entre la Cité de Dieu et la cité
terrestre, comme celle, plus traditionnelle et primordiale, entre les
fils de la Lumière et les fils de ce monde, illustrent cette dichotomie
axiologique, politique et métaphysique qui se fonde sur la notion d’une
lutte entre les forces du bien et celles du mal.» — Plérôme.
«Lorsque
le meilleur qui est exprimé en soi interpelle à rencontrer la
reconnaissance et la gratitude de ses semblables, à tous les plans où
il est convenu de les exprimer, plutôpt qu’une simple appropriation,
par la ruse ou par la force, du fruit de l’effort qui le révèle,
seulement alors est-il possible de voir en la mutualité de cette
relation l’expression d’une égalité véritable, fondée sur l’amitié, la
dignité, l’amour, la chaleur, la spontanéité et le respect, et non pas
seulement sur un formalisme convenu et superficiel que prescrit un
canon de la civilité qui est propre à l’idée de la culture et de la
civilisation.» — Plérôme.
«Toute action, comme tout effet, sont
ultérieurement imputables à une puissance dont la nature et la qualité
de la moralité — en termes des idées-valeurs transcendantes du bien, du
beau et du vrai — se trouvent réflétées dans le genre, l’intensité, la
raison et la fin qui les caractérisent.» — Plérôme.
«L’on parle
du préjugé comme étant quelque chose d’exceptionnel et a priori
répréhensible alors qu’en réalité, il est un fait de l’existence fondé
sur l’expérience et constitue un savoir que l’on tient — à tort ou à
raison — pour être vrai , une croyance qui sert de fondement à la
perception et à l’action qui sont constitutives des expériences
subséquentes ainsi que des connaissances qui en procèdent; par
ailleurs, celles-ci sont toujours aptes à être examinées, à l’aune des
trois idées-valeurs transcendantes du bon, du vrai et du beau de sorte
à recevoir, sous le regard de la critique qui les conserve comme étant
sûres ou qui les question comme étant douteuses, soit un assentiment
total, comme étant éminemment valables, soit un assentiment équivoque,
comme pouvant être plus complètement conformes à ces idées-valeurs, en
étant éprouvées au creuset d’expériences futures, soit un rejet
catégorique, comme étant indignes de fonder des jugements der la
conscience, et des actions qui en procèdent, au plan moral
(axiologique), épistémologique (apodictique) et/ou esthétique
(épidictique).» — Plérôme.
«Ce qui distingue fondamentalement la
sauvagerie et la barbarie, c’est que celle-là n’a pas encore découvert
la valeur rédemptrice que comporte l’amour pour l’humanité alors que
celle-ci cherche le salut d’icelle dans le divorce qu’elle impose à la
conscience, dans son rapport avec l’existence, entre la sublimité et la
profondeur de l’amour, vécu de manière complète et authentique, et les
autres idées-valeurs de l’existence, connues intellectuellement et
rationnellement, entourant la préservation, la diffusion, la
conservation et la perpétuation de la vie, indépendamment d’une
moralité adéquate qui en admet l’importance et le caractère essentiel
et qui a défini la voie infaillible de la garantir et de la protéger.»
— Plérôme.
«Un narratif peut se concevoir en plusieurs sens,
parmi lesquels il y a le propos qui se forme afin d’exprimer la
compréhension que l’on acquiert d’une chose, lequel renvoie au mystère
des choses et à l’improbabilité d’en saisir complètement l’essence,
mais aussi celui qui se forme afin de se donner, et aussi à autrui,
l’illusion que l’on comprend les choses afin de pouvoir justifier —
pour soi et pour autrui — l’attitude que l’on adopte à leur égard,
lequel renvoie à la dimension sociale de la réalité.» — Plérôme.
«Pourrait-on
concevoir la philosophie comme étant la science des sciences ? Et la
théologie comme étant la science des principes divins, puisqu’ils sont
premiers et qu’ils servent à dériver tous les autres principes
fondamentaux de l’intelligence, de la raison, de la conduite et de
l’action ?» — Plérôme.
«À ceux qui se plaisent à leur état, sans
égard pour la justice d’une excellence qui est au-delà de celle qui
fait l’objet de leur satisfaction immédiate, le devoir-être peut leur
sembler être une idée gratuite et superflue; à ceux que leur état rend
insatisfait, en raison de l’insuffisance de la bonté d’une justice
objective qui n’est pas adéquate, il est une notion pressante et
nécessaire.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui élèvent
l’inessentiel en essentiel afin de mieux exclure ceux qui ne partagent
pas leur sens axiologique et le champ de leurs priorités morales et, ce
qui est peut-être pire encore, de leur imposer une peine injuste qui
éventuellement conforte leur sensibilité et leur pudeur particulières,
mais qui rend un tort profond à certains individus et à certaines
classes de la société.» — Plérôme.
«Le comble de l’égoïsme: tout
ce qui appartient à autrui appartient à soi également, mais tout ce qui
appartient à soi n’appartient qu’à soi uniquement.» — Plérôme.
«La
puissance de Dieu façonne l’homme ainsi que la femme à son image, qui
est également celle d’un Être créateur et libre: ainsi, autant l’homme
que la femme ayant intériorisé la volonté divine, et choisi en
conscience de vivre en conformité avec elle, tous deux se façonnent
intérieurement selon l’image qu’ils possèdent de l’imago divine
originelle, chacun selon leur nature humaine commune et leur qualité
générique distinctive, de sorte que, une harmonie et une continuité
existant entre l’imago primitive divine et la représentation qu’ils en
réalisent, l’homme, devenu père, et la femme, devenue mère, deviennent
en leur progéniture la condition d’une génération humaine qui soit la
plus accomplie et la plus achevée possible, dans la liberté plénière et
mutuelle de tous les participants — Dieu (Deus) et l’homme (homo);
l’homme (vir), la femme (mulier) et les enfants (pueri) — à ce projet
grandiose.» — Plérôme.
«Le pouvoir, étant l’illustration d’une
puissance, n’est en soi ni répréhensible, ni contestable, mais il est
susceptible de le devenir, en raison de l’usage imparfait, incomplet ou
vicié, que l’agent qui l’illustre peut en faire, qu’il procède qu’une
imperfection qui est commune à l’époque en laquelle il s’exerce ou
qu’il illustre l’inaccomplissement individuel, familial, social ou
culturel de la conscience morale qui le détient.» — Plérôme.
«Si
l’on ne peut voir en le mensonge un mal-en-soi — et il existe des
situations où le mensonge peut être justifiable et excusable, ou à tout
le moins le recours à cet expédient être humainement compréhensible, ce
qui porterait à regretter que de telles situations malheureuses
puissent exister et à vouloir en empêcher l’apparition —,
peut-être pourrait-on en évaluer la désirabilité selon l’effet qui
résulte de sa production et la qualité du bien objectif qui peut
résulter de son énonciation.» — Plérôme.
«En règle générale, les
croyances sont reçues et elles se transmettent sous l’effet de la
confiance et de l’habitude, mais lorsque la croyance est acquise et
qu’elle est le résultat d’une conviction spontanée qui est associée à
une expérience unique, remarquable et fortuite, elle est souvent alors
le produit d’une conclusions qui s’impose invinciblement à la
conscience comme étant non seulement certaine et indubitable, mais
aussi le résultat d’un cheminement intellectuel et moral que
naturellement toute personne serait susceptible d’effectuer dans les
mêmes circonstances.» — Plérôme.
«Le droit est beaucoup plus
qu’une théorie de l’ordre social, susceptible de cautionner et de
sanctionner toutes les formes que peut prendre l’amoralité, jusque dans
l’expression outrancière de l’immoralité vers laquelle elle peut
dévoluer, en raison du bien que représente la vie et la puissance
déliquescente de ces états négatifs sur les conditions et les vertus
qui en représentent l’actualisation et la plénitude.» — Plérôme.
«L’influence
ultime de la femme trouve son siège dans l’intimité des son sentiment
et de sa pensée, telle que cette intériorité se révèle dans ses
conduites (son propos, son apparence, ses actions, ses préférences, son
style d’être, son parler et ses choix de vie).» — Plérôme.
«L’égalité,
considérée à la lentille de l’égoïsme et de l’amour désordonné de soi,
devient alors le leitmotif de l’exhaussement de soi, sous prétexte
implicite que non seulement elle y autorise, mais qu’elle l’ordonne et
le sanctionne.» — Plérôme.
«C’est lorsque les temps sont
difficiles et éprouvants que l’on découvre les amis que l’on croyait
avoir et ceux que l’on ne savait pas que l’on avait.» — Plérôme.
«La
bourgeoisie matérialiste s’est donné un état «parfait» au moyen de la
violence révolutionnaire et, se complaisant en cette perfection qu’elle
a imaginée comme étant ultime et sans possibilité d’amélioration
possible, dans le concept qu’elle a produit, lui-même étant déterminé
par la nature inerte de la matière qui le conditionne, et satisfaite de
l’aisance, du confort et du plaisir esthétique qu’elle en retire, elle
s’autorise à une suffisance qui la rend imperméable aux injustices
qu’elle perpétue et aux souffrances indues qu’elle cause, sans vouloir
comprendre qu’il existe bien une perfection supérieure à celle qu’elle
a voulu réaliser et elle se situe ailleurs que dans le matérialisme, le
sensualisme, l’hédonisme et le rationalisme qu’elle préconise.» —
Plérôme.
«L’amour organique qui lie deux âmes qui s’aiment est à
ce point intégral que sa rupture, qu’elle soit issue délibérément du
libre arbitre, qu’elle trouve son origine dans les mobiles obscurs du
subconscient ou qu’elle soit commandée par la force irrésistible des
circonstances, résulte en un vide essentiel qui cherche à être comblé
par le désir dans l’âme et dans l’esprit, à chaque instant de leur vie
affective: tel est le principe psychologique à la base de
l’érotomanie.» — Plérôme.
«Le trait dialectique qui caractérise
les cultures existentielles mondiales depuis des temps immémoriaux, et
pouvant fonder la métaphysique occidentale, alors qu’il constitue, avec
le mal qui s’oppose au bien et la mort qui nie la vie, une des dualités
fondamentales de la vie de l’esprit, c’est l’anti-érotisme qui s’oppose
à l’érotisme et dont Empédocle fait l’expression, dans sa physique,
avec son opposition de la haine et de l’amour.» — Plérôme.
«La
trinité révolutionnaire, dans l’histoire de la France: Danton, le
rhéteur; Marat, l’idéologue; et Robespierre, le stratège.» — Plérôme.
«Voler, tricher, mentir: les trois piliers d’une moralité fondée sur l’intérêt exclusif de soi.» — Plérôme.
«Le
droit à l’incroyance repose sur un fond de croyance et, inversement, le
droit à la croyance suppose la prédominance de l’incroyance et, en
cela, cette opposition reprend celle qui existe entre l’ignorance, qui
énonce l’opinion fantaisiste et donne lieu à la superstition, et la
science, qui produit le savoir fondé et ouvre sur la connaissance:
ainsi, la question devient, pour l’une comme pour l’autre antithèse,
s’il vaut mieux privilégier l’incroyance ou l’ignorance sur la croyance
ou la connaissance; pareillement, il s’agira de comprendre quelles sont
les causes de l’incroyance et de l’ignorance comme d’appréhender
quelles sont les sources de la croyance et de la connaissance, comme
également de la vérité qui devient le garant de leur valeur.» — Plérôme.
«L’enfant
est le constant rappel que, lorsque l’on aime quelqu’un, ce n’est pas
uniquement pour ce qu’il a été, ou pour ce qu’il est toujours
maintenant, mais aussi pour ce qu’il devient.» — Plérôme.
«Dans
la société que l’on médicalise, que l’on forme sur le modèle du vivant
qui n’est plus qu’un malade en état de survie, chacun de ses membres
est un patient en attente de recevoir un jour des soins et chacun des
fonctionnaires est l’ersatz et la préfiguration du médecin.» — Plérôme.
«Devant
les adversité inévitables et incontournables de l’existence, seul le
courage qui est démontré à les surmonter constitue la solution adéquate
à savoir les surmonter.» — Plérôme.
«“ ...alors Satan entra en
lui [Judas]” (Jean 13, 27) — Doit-on comprendre par là que toutes les
promesses que fit Satan à Jésus, pour lui persuader de l’adorer,
seraient dévolues à Judas, dans l’esprit du Prince de ce Monde, afin de
le récompenser de sa trahison ?» — Plérôme.
«Peut-on assez
louanger et se montrer reconnaissant de la générosité sincère et
désintéressée qui est témoignée à l’égard de son ou de ses semblables
?» — Plérôme.
«Le féminisme, c’est l’homme qui devient le faire-valoir de la femme.» — Plérôme.
«Ahriman
est le premier à avoir découvert et poursuivi la commission du tort,
i.e. la faute comme dérogeant à une intelligence, individuelle et
personnelle, de la notion de la perfection dont elle appréhende
subjectivement l’essence, pour en dénoncer par conséquent la dérogation
même peccamineuse: voilà un sens possible du proverbe anglais — “The
devil is in the details”.» — Plérôme.
«Dans l’acception
courante, l’hypocrisie consiste en l’art de feindre la sincérité et
l’authenticité afin de poursuivre un but ou une fin que l’on ne saurait
ouvertement avouer, soit qu’ils seraient moralement répréhensibles,
soit qu’ils contrediraient des fins ou des buts différents, soit qu’ils
soient exclusivement préoccupés par la promotion et par l’avancement
d’intérêts particuliers, sans égard pour ceux d’autrui, et elle
caractérise toujours un intérêt belliqueux plus ou moins larvé et plus
ou moins justifiable, selon que le but ou la fin poursuivis sont
honorables ou condamnables: à un plan moral, la question qui se pose
est celle de savoir si l’hypocrisie est en soi défendable ou s’il vaut
mieux être en tout temps, pour une conscience pure et sans
reproche, sincère et authentique, peu importe ce que serait la
conséquence d’une attitude contraire.» — Plérôme.
«Vouloir nier
Dieu, ce n’est pas seulement refuser de reconnaître Son existence,
c’est aussi vouloir effacer la preuve de celle-ci, dont la nature, et
en particulier l’être vivant et en particulier l’être humain, sont le
témoignage le plus éloquent: or, une telle entreprise relève de
l’absurdité puisque le négateur de Dieu, étant aussi un homme, ne
saurait désirer sa propre origine et sa propre fin, et donc profiter
pleinement de la nature et de la civilisation qui se construit sur
elle, en pleine reconnaissance de ce principe, d’où la position que
prend celui-ci en faisant comme si (as if, als ob) elle n’a ni cause,
ni agent suprême qui en soient les principes originels.» — Plérôme.
«Un
crime, pour être “parfait”, n’en reste pas moins un crime: et s’il est
jugé “parfait”, c’est qu’il n’a pu être empêché et que ses agents sont
susceptibles d’échapper à la détection, à l’identification et à la
rétribution qu’en raison de leurs actions, ils se sont mérités, soit
parce que les indices de leur forfait ont échappé à la vigilance des
témoins (ce qui révèle le génie maléfique de l’agent), en raison de la
subtilité de l’effet de leur conduite et de leur présence, soit que ces
témoins, entrevoyant le méfait, se sont montrés impréparés ou peu
disposés à le prévenir ou à le relever (ce qui témoigne de
l’impuissance ou de la complicité tacite des témoins, quand il ne
s’agit pas tout simplement de lâcheté).» — Plérôme.
«Comment des
règlements et des politiques qui, ne poursuivant a priori aucun dessein
pervers, peuvent résulter en des effets délétères, si ce n’est qu’en
raison de la rigidité des institutions qui les appliquent, de
l’imperfection des perceptions, des prévisions et des jugements des
consciences qui les forment et de l’impréparation à considérer et à
corriger les déviations qu’ils engendrent, lorsqu’ils se manifestent à
la conscience de la société et des autorités qui la conduisent ?» —
Plérôme.
«Lorsque la conscience collective est préoccupée
uniquement par le maintien du statu quo, par la préservation de l’état
actuel en lequel se trouve la société qui le génère, les discours
s’interpréteront uniquement en termes d’une validation ou d’une
infirmation de ses principes, quelles que soient autrement la valeur,
la pertinence ou la qualité du propos qui est exprimé, de sorte qu’il
en résulte que soit il est censuré comme portant préjudice aux
générations futures, soit il est préservé comme étant apte à les
inspirer, mais jamais ils ne seront cautionnés comme étant aptes à
promouvoir le principe de l’évolution qui est au cœur de toute vie,
biologique ou sociale, sauf dans le sens restreint où il est
préalablement prescrit et sur lequel se fonde l’actualité de l’état
social.» — Plérôme.
«Telle nature, qui est dite mauvaise, commet
le mal en raison de la gratification immédiate qu’elle en reçoit,
souvent sans égard aux conséquences, et révèle une inconscience et un
manque de prévision et de jugement; telle autre nature, qui est dite
méchante, commet le mal en tirant sa gratification premièrement des
conséquences malveillantes qui s’ensuivent et souvent d’autant plus que
celles-ci sont importantes et pénibles à supporter pour ses victimes et
ses patients, en révélant ainsi une cruauté et une malignité patentes.»
— Plérôme.
«L’intelligence est la faculté qui interprète la
réalité des expériences, qu’elles trouvent leur origine dans le milieu
interne et ressenti ou dans l’environnement sensible et empirique, en
vue de servir l’actualité et l’avenir de l’état de la personne, à la
fois dans son implantation dans le monde et dans l’amélioration des
conditions qui augmenteront son bien-être et son bonheur: c’est, par
conséquent, au plan politique, à l’intelligence de ses compatriotes que
l’on doit s’adresser afin d’éclairer les attitudes individuelles et de
persuader l’effort collectif qui, eu égard à l’expérience commune et
partagée, créera la culture qui optimisera les circonstances et les
situations, et maintiendra les idées et les valeurs correspondantes, de
manière à en apporter la perpétuation et la pérennité dans le temps
ainsi que la communication et la diffusion dans l’espace.» — Plérôme.
«L’histoire
saisit et relate les faits, autant dans leur singularité que dans leur
interaction dynamique, aussi objectivement qu’ils puissent être
constatés par un observateur impartial, mais c’est l’intelligence de
l’esprit qui en interprète les significations, les raisons, les
directions, les finalités, les principes et, ultérieurement, les
intentions.» — Plérôme.
«Tels sont ceux qui nomment “don” ce qui
est en réalité un vol, non seulement afin de masquer le délit, par
cette transformation et cette déformation sémantiques, mais peut-être
aussi pour ne pas avoir à exprimer de reconnaissance et de gratitude à
l’endroit de celui (ou de celle) que l’on rend victime de ce dol.» —
Plérôme.
«Les anciens s’autorisaient à philosopher suite à
l’accomplissement d’une expérience de la vie dont ainsi ils en
interprétaient les significations; les modernes, à réfléchir sur
l’expérience de la vie telle qu’elle leur apparaît afin de mieux
préparer celle qu’ils vivront éventuellement et subséquemment: mais peu
importe la direction empruntée, l’une mène nécessairement à l’autre,
puisque toute expérience vécue appelle à une réflexion qui en
interprète les significations comme toute expérience que l’on se
prépare à vivre suppose une préparation qui permette de l’accomplir
avec prudence, l’attitude moderne appelant l’attitude philosophique
ancienne et l’attitude ancienne produisant l’attitude philosophique
moderne.» — Plérôme.
«L’anonymat et l’impersonnalité sont
la bénédiction de l’ingratitude, en raison à ni ne pouvoir (suite à la
dépersonnalisation conséquente), ni ne devoir (vue l’anomie
subséquente) en témoigner, pour celui qui est disposé à illustrer cette
qualité.» — Plérôme.
«La seule société bien ordonnée qui est
justifiable se fonde sur le doit qui fait la promotion effective de la
justice, estimable à la lumière des idées-valeurs transcendantes du
bien, du vrai et du beau.» — Plérôme.
«La conspiration la plus
difficile à contrer, pour un État politiquement sain, consiste à
encourager chez chacun des complices la commission, dans la
clandestinité, d’une action subversive, importante et significative,
pour ensuite se ranger parmi les conformistes, dans l’attente de
constater les fruits de son effort comme aussi ceux qui résulteront du
cumul des efforts semblables, en espérant que cette action concertée ne
sera pas éventée, ni que leur contribution particulière à son
déroulement ne sera pas découverte.» — Plérôme.
«Dans la
politique, l’argument ad hominem devient souvent l’ultime recours
devant une position intellectuelle irrecevable ou un changement
inacceptable, sans qu’il n’apparaisse pratique, convenable, imaginable,
concevable ou même possible, de formuler un contre-argument adéquat,
équivalent ou meilleur.» — Plérôme.
«Il est facile d’attribuer à
un auteur un propos qui ne fut jamais prononcé ou une opinion qui ne
fut jamais partagée par lui, pour ensuite en démontrer la fausseté et,
à vrai dire, une telle pratique requiert une imagination débordante et
admirable, mais elle ne saurait convenir à un esprit épris de justesse
et de droiture, enclin à donner à ses semblables, le plein crédit de
leur pensée et de leurs actions.» — Plérôme.
«À tout seigneur,
tout honneur ! : le contrat social implicite consiste en ce que chacun,
en œuvrant à fonder la société sur le droit et sur la justice, pourra
compter sur la reconnaissance désintéressée de ses semblables ainsi que
celle de l’autorité légitimement constituée, d’y avoir ainsi concouru,
de manière significative et proportionnelle à ses moyens, avec
générosité, constance, persévérance et sincérité.» — Plérôme.
«L’anarchisme
métaphysique consiste à accorder aux champs sémantiques qui tombent
sous son influence des significations contraires à celles qu’il
conviendrait de leur apporter (v.g. définir la haine par l’amour, la
mort par la vie, le vice par la vertu, et l’inverse) pour ensuite
ériger en modèles les représentations qui illustreraient ce
renversement.» — Plérôme.
«En période d’hystérisme collectif
généralisé, que caractérise une préoccupation excessive, pour ne pas
dire unique, avec la valeur matérielle, devenue le fétiche de la
sécurité physique, au détriment de la croissance spirituelle et du
dévbeloppement moral, seule une anamnésie générale, accompagnée d’une
catharsis commune peuvent rétablir la progression saine de l’ensemble,
mais leur production devient d’autant plus difficile, et le terme de la
fin espérée et recherchée d’autant plus éloigné que l’inconscient
collectif offre une résistance importante et viscérale à la vérité,
autant celle qui résulte de l’inspiration lucide et éclairée comme de
l’effort constant et persévérant du chercheur sérieux que celle qu’il
parviendra à énoncer et exprimer avec les moyens qui lui fournissent la
raison (analytique et synthétique, inductive et déductive),
l’imagination historique et mythologique et la sensibilité aux
mouvements et aux états de l’âme collective.» — Plérôme.
«C’est
l’inconscience qui empêche le sujet conscient de connaître quelle est
son essence véritable, autant dans sa nature profonde que dans
l’étendue de son expression; c’est l’inauthenticité qui caractérise le
sujet moral, lorsqu’il désire, ni d’en réaliser toutes les virtualités,
ni d’en assumer toutes les responsabilités et elle peut même aller
jusqu’à usurper l’identité d’un tiers afin d’en actualiser
l’inaccomplissement.» — Plérôme.
«La faculté de l’introspection
est certes une qualité très désirable, en ce qu’elle permet de
découvrir en soi, par la réflexion, la méditation et la critique, les
ressources qui, une fois libérées, mèneront à la transformation désirée
des situations problématiques ou encore à celle des dispositions de la
conscience individuelle qui les engendrent ou qui contribuent à leur
conservation et à leur perpétuation, mais elle repose avant tout sur
une disposition désintéressée qui se fonde sur un sentiment de l’équité
et une idée de la justice que l’on reconnaît être universellement
présents en toute conscience humaine et de l’intérêt, existant en
chacune d’elles, à en favoriser généralement la promotion et la
défense, comme étant essentielles à une vie saine et équilibrée, à
l’intérieur d’une société harmonieuse et juste.» — Plérôme.
«Il
est irréaliste d’évacuer complètement l’histoire, comme certaines
souhaiteraient le faire, pour se situer uniquement dans le présent afin
de faire l’expérience des situations et des circonstances qui se
présentent à la conscience puisque, sauf à invoquer une agence
mystérieuse et énigmatique pour les faire toutes surgir spontanément,
tout événement suppose un avènement, et par conséquent un ordre de
causes successives et d’agences qui le produisent, celles-ci étant
également issues d’un contexte spatio-temporel qui est étranger au
présent qui les accueille et qui en constitue le champ de l’expérience.
§ Mais le regard de la conscience qui le considère et qui en apprécie
les principes et les fins, la valeur et l’importance, la raison d’être
et la signification, accomplit spontanément cette action du point de
vue du sujet qui le subit et non pas de celui de l’agent qui le cause
et, en raison de l’écart spatio-temporel qui existe entre la cause
historique et son effet ultérieur, les motifs qui président à la
causation de l’événement échappent totalement aux consciences pour
lesquelles il constitue un fait accompli, sauf si un effort est fait de
s’extraire, par la pensée, la réflexion, l’analyse et la théorie, du
moment immédiat de l’expérience qui se vit afin de se situer au moment
effectif de l’expérience qui se constitue afin de comprendre quels en
sont les ressorts et les conditions. § Seulement alors, le présentisme
de l’analyse historique, centré sur l’actualité de l’expérience subie,
peut-il se transformer en perception objective de l’histoire en
opérant, au moyen de l’imagination, un transfert du champ de la
conscience vers les époques et les lieux, les sociétés et les cultures,
en lesquels l’expérience s’est constituée afin de comprendre le milieu
en lequel s’est accomplie cette génération et d’interroger les
conditions grâce auxquelles cette genèse a pu se réaliser.» — Plérôme.
«L’esprit
d’une époque conçoit et définit tout ce qui survient — les situations,
les circonstances, les événements et les entités — en fonction des
idées qui sont prévalentes à ce temps, de manière à constituer une
Weltanschauung qui la distingue de celles qui appartiennent aux
civilisations qui existent en simultanéité, qui ont existé dans le
passé et qui se révéleront dans l’avenir, une manière basique de la
comprendre et de les expliquer et qui même peut servir à les
caractériser et à les identifier, si un soin particulier n’est pas pris
à en saisir l’originalité et la distinction propres à leur essence
singulière.» — Plérôme.
«La ponctualité est la politesse des rois comme l’hypocrisie est celle des manants impies et des vauriens infidèles.» — Plérôme.
«Le futur réalisé est l’utopie du moment actuel.» — Plérôme.
«L’empirisme
radical a réduit l’univers à n’être plus que l’évidence sensible des
choses, répondant aux sensations externes et aux sens intérieurs (du
mouvement et de l’élan vital), plutôt qu’il n’en est l’intuition de
l’essence et la participation de l’âme, comme de l’esprit, à celui-ci.»
— Plérôme.
«Quant au jugement, dont l’énonciation est
l’expression, qu’il procède de l’intelligence de soi ou de celle
d’autrui, le processus critique qui en estime et en évalue le contenu
le situera sur deux axes: l’accord ou le désaccord, selon que l’esprit
considère que l’affirmation (ou la négation) est vraie ou fausse; et
l’assentiment ou le dissentiment, selon que l’âme trouve un plaisir ou
un déplaisir à le découvrir; de sorte que tout jugement représente un
complexe qui suscite, tantôt l’accord et l’assentiment (il me réjouit
d’apprendre que X, où X est une proposition vraie); tantôt l’accord et
le dissentiment (cela m’attriste de savoir que X, où X est une
proposition vraie); tantôt le désaccord et l’assentiment (il me plaît
de songer que ~X, où ~X est une proposition non-avérée, soit qu’elle
fût invérifiable, qu’elle fût mensongère, qu’elle fût illusoire,
qu’elle fût hypothétique, qu’elle fût simplement approximative ou
encore qu’elle fût manifestement fausse); tantôt le désaccord et le
dissentiment (il me désole d’imaginer que ~X, où ~X représente le type
de proposition précédente), ainsi que les situations et les
circonstances qui correspondent à cette typique.» — Plérôme.
«Le
jeu politique consiste à exagérer, jusqu’au point de la caricature, le
trait qui déplaît chez autrui et de le transformer en un tort
impardonnable, alors que l’on amplifie chez soi, jusqu’au point de
l’angélisme, les qualités et les aspects qui pourraient susciter le
désagrément des adversaires: le risque couru alors, c’est de voir,
contre tout souci de vérité et toute justice, en la caricature, une
représentation adéquate de la réalité et, en l’idéalisation de soi,
autre chose qu’une image artificielle et onirique. » — Plérôme.
«Il
y a les jeux de la vie par lesquels le sujet moral, afin de faire
valoir sa supériorité, et ainsi son aptitude à se mériter la palme de
la vie, autant avec la continuité de l’existence qu’avec la qualité que
peut prendre celle-ci pour lui; et puis, il y a le jeu qui consiste à
croire et à vouloir faire croire qu’aucun tel jeu n’existe, une
position qui n’est pas a priori fausse, dès que le sujet moral découvre
sa valeur et sa dignité dans l’authenticité de son être et dans la
confiance en la puissance de la vertu à justifier son mérite, autant
devant l’humanité consciente que devant un Être suprême et
tout-puissant dont la plénitude de la bonté est elle-même le gage de
son existence (comme l’ont pressenti saint Bonaventure et, avant lui
saint Anselme, avec l’argument ontologique) et de sa solidarité, dans
la justice, avec les êtres vivants, pareillement constitués.» — Plérôme.
«Le
paradoxe de la philosophie, c’est qu’elle doive trouver ailleurs que
dans sa propre substance la matière qui constitue l’objet de sa
dilection et de son action (c’est-à-dire la réflexion) puisque, étant
un amour de la sagesse, elle ne prétend pas être la sagesse qu’elle
désire et qu’elle aime et que, par conséquent, elle doive chercher
ailleurs que dans son propos et dans l’expérience qu’il contribue à
façonner les modes exemplaires de la qualité et de l’état qui l’inspire
ainsi que de son illustration et de son expression.» — Plérôme.
«Si
les absents on toujours tort, comme l’affirme le dicton, c’est que leur
image et leur représentation prête le flanc à toutes les projections
diffamantes et à toutes les accusations iniques, susceptible de
disculper ceux qui ont un intérêt à les soumettre à un tel traitement,
sans qu’ils n’aient la possibilité, ni de se justifier, ni de se
défendre, ni même de prendre conscience ders propos préjudiciables
auxquels ils sont assujettis et que l’on impute sans critique ni
contestation à la bonté de leur caractère.» — Plérôme.
«Une
médecine qui se concentre uniquement sur l’atténuation des symptômes
et, éventuellement, sur leur disparition, sans s’intéresser à leur
cause profonde, ni même à s’interroger sur la possibilité qu’elle
existe et puisse se laisser découvrir, peut se comparer à un
maître-menuisier qui, apercevant tous les clous tordus et crochus qui
parsèment les planches et les poutres d’un chantier, demanderait à ses
compagnons de tous les enlever, sans chercher à éduquer les apprentis
qui les y ont affixés sur la technique de l’utilisation et du maniement
du marteau.» — Plérôme.
«La tendance à la discrimination n’est
pas un phénomène rare à l’intérieur de la société, puisqu’il s’articule
autour de deux pôles: la distinction qui repose sur un sentiment de
supériorité, fondé sur la dignité que confère l’adéquation entre le soi
que la conscience réalise et la puissance du soi qui est apte à être
réalisée et qui prétend en dicter à l’ensemble social; et le désir de
solidarité qui est issu d’un besoin de sécurité, qu’aucune influence
égocentrique et qu’aucun événement inattendu ne seraient aptes à
compromettre et à ébranler; ainsi se révèle-t-elle activement dans la
recherche des raisons qui permettraient d’anticiper qu’ils seraient
passibles d’être compromis, laquelle pourrait aller, lorsque la
méfiance est exacerbée, jusqu’à l’invasion de la vie privée et le déni
des droits civiques les plus fondamentaux, dans la recherche des motifs
occultes et des raisons cachés qui pourraient justifier cette
initiative heuristique, motivée qu’elle est par les valeurs de la
survie et du maintien de l’excellence de l’image sociale qui en fonde
la préservation.» — Plérôme.
«L’on pourrait croire évident que
plus une chose, un principe ou un propos, sont vrais, plus les mystères
qu’ils dévoilent et les arcanes qu’ils révèlent seraient accueillis
avec enthousiasme et bonne foi: or l’histoire nous permet d’apercevoir
que souvent le contraire se produit, que les révélations les plus
justes et les plus profondes, gouvernant la nature spirituelle et
l’essence métaphysique de l’univers, lorsqu’elles touchent
l’immédiateté de l’expérience humaine, par les conséquences morales
issues de leur substance, sont rarement estimés acceptables par
l’autorité constituée qu’elles ébranlent, en même temps que les
fondements épistémologiques de leur existence, et deviennent souvent
l’occasion de lancer des attaques ad hominem générales et importantes.»
— Plérôme.
«La calomnie dont on réussit à convaincre les
auditeurs de la vérité de ses allégations et de la sincérité
désintéressée de ses prétentions, soit par une mise-en-scène habile,
soit par un narratif convaincant assorti d’une comédie appropriée,
devient alors le prétexte d’une rétribution dont la victime trouve en
elle-même peu de ressources à s’en défendre, n’étant pas devenue
consciente du mensonge qui la perd, des stratagèmes qui le répandent,
de l’hypocrisie qui le rend encore plus crédible, ni et peut-être
surtout de l’effort qui est dépensé à ne pas l’en informer, afin que
son effet soit encore mieux senti, sans possibilité de riposte,
lorsqu’il se produira.» — Plérôme.
«L’autorité constituée étant,
d’un point de vue sociologique, une caractéristique nécessaire de tout
ordre social organisé, dans l’accomplissement de la fin qui est
inhérente à sa nature, et cet ordre ne pouvant exister indéfiniment au
stade de la désorganisation, soit qu’il précède cette constitution,
soit qu’il résulte de sa désintégration, elle peut être contestée, et
le sera peut-être assurément, tant et aussi longtemps que ses membres
n’auront pas identifié, parmi ses rangs, un individu qui puisse la
définir et l’incarner de manière irrévocable, incontestable et
insurmontable.» — Plérôme.
«La quête de l’authenticité constitue
le désir pour la personne de retrouver, par la conscience, le centre de
son être, c’est-à-dire l’essence de son état ab origino, avant toute
expérience, dans la plus pure de ses virtualités, tel qu’il est au
moment original précis de son existence: l’inauthenticité consiste à
prendre pour être l’expression inadultérée de cette essence qu’aucune
expérience n’a formée, ni transformée, dans le plein épanouissement de
ses possibilités, mais aussi qu’aucune situation ni inconstance n’ont
dénaturée, ni déformée et elle s’exprime sous ceux formes majeures:
l’inconscience de qui la personne est réellement, en raison des
traumatismes, des crises et des chocs existentiels qui ont produit une
amnésie profonde de ce souvenir primordial et des souvenirs subséquents
pour la constituer telle qu’elle est devenue; et la mauvaise foi qui,
se superposant à cette inconscience, voit en cet état de réalisation
imparfaite non pas un aboutissement, mais un fondement inébranlable, et
nie ainsi à ce centre vital une fluidité et une plasticité qui sont le
moyen de l’adaptation de la personne comme aussi celui de l’entéléchie
de son individuation, de sa perfection et de sa réalisation, propres à
la singularité originelle qui la caractérise.» — Plérôme.
«Afin
d’assurer son hégémonie, Thanatos prend toujours sur le terrain d’Éros
et seul l’éternité et la toute-puissance de celui-ci peuvent constituer
mystérieusement sa prédominance sur celui-là, à défaut de consentir à
lui ressembler.» — Plérôme.
«Est-il possible de prétendre à une
perfection que seul l’Être suprême de la Divinité peut incarner ?
Comment alors légitimement s’enorgueillir de posséder une qualité
réalisable seulement par cet Être unique et ineffable ?» — Plérôme.
«La
discrimination sociale systémique se fonde sur un processus d’inclusion
ou d’exclusion selon des critères arbitraires et artificiels, souvent
fondés sur des apparences, qui sont estimés refléter la capacité d’un
individu à intérioriser et à incarner les valeurs fondamentales et les
conduites usuelles qui caractérisent et qui définissent la culture
d’une société historique, d’où l’espace de plusieurs générations avant
d’assurer que le processus d’intégration — et d’assimilation — à un
centre axiologique culturel se soit effectivement opéré et maintenu.» —
Plérôme.
«Tel groupe influent ou telle classe prédominante, à
l’intérieur d’une société historique, illustre son intolérance à
l’égard des groupes et des classes que marginalise la discrimination
sociale et économique correspondante, souvent pour des raisons
ethnocentriques, qui oblige à d’autres groupes, associations et classes
moins influentes et moins puissantes, existant à l’intérieur de la
société, à faire éclater leur propre intégrité et leur propre
intégralité culturelle, pour ensuite faire reporter sur ces ensembles
les imputations de bigoterie et d’étroitesse d’esprit, lorsqu’ils se
plaignent du grand effort d’adaptation et d’intégration qui est
moralement exigé de leurs membres et qu’ils protestent de l’atteinte
radicale qui est effectuée à leur homogénéité sociale.» — Plérôme.
«Une
fois l’œuvre de l’auteur en main, une fois que l’on dispose de la
connaissance que l’on y trouve, une fois que l’on peut jouir sans
entrave ni empêchement de son utilisation, l’auteur risque d’en devenir
un élément négligeable.» — Plérôme.
«Dans le rapport qui existe
entre l’homme et la femme, l’opposition n’est pas entre la sexualité
qui dénote l’intimité et la chasteté qui exprime simplement la
civilité, qu’elle soit ou non en attente du passage au plan d’une
inclusion à l’intérieur de la sphère privée, mais entre l’amitié qui
illustre la convivialité dans la complémentarité des cœurs, des esprits
et des genres et l’amour qui manifeste la consubstantialité des
personnes dans la fusion de leur âme et de leur corps, en vue d’une
procréation qui accroît l’espèce humaine et l’enrichit d’une nouvelle
présence.» — Plérôme.
«Éros / Antéros; Arès / Antarès; Iris / Éris.» — Plérôme.
«L’expérience
de Socrate a illustré qu’il est possible de se montrer pleinement
philosophe et être estimé, par les autorités, agir contre la
philosophie; comme aussi elle montre combien il est facile pour un
pouvoir de participer à un crime abominable, et même de le commettre,
tout en exigent de la victime qu’elle endosse la responsabilité
complète du sort qui lui est réservé.» — Plérôme.
«S’il est vrai
que “la propriété, c’est le vol”, comme l’affirme Proudhon, c’est
uniquement lorsque la chose qui est devenue une propriété fut
appropriée d’un propriétaire originel soit par la ruse, soit par la
force, sans faire l’objet d’un consentement de sa part et que, par
conséquent, elle fut soumise aux impératifs déterminants d’une
convoitise qui lui a nié toute légitimité et tout titre ou droit de
propriété, telle une succession impeccable, l’échange équitable, ou un
travail grâce auquel un sujet a pu la développer, la faire fructifier
et lui conférer une valeur ajoutée.» — Plérôme.
«Serait-il juste
d’affirmer, en général, que si l’homme a cessé d’être père, et que si
la femme a cessé d’être mère, tous deux ont désappris à aimer
pleinement, conformément à l’entéléchie de leur genre respectif ?» —
Plérôme.
«Toute œuvre d’art, voire qu’elle fût éternellement et
universellement belle, est jugée telle par l’esprit historique et
culturel de la société à l’intérieur de laquelle elle a été produite,
ce qui explique la perte de nombreuses œuvres irremplaçables, souvent
par des autodafés qui en ont effacé le souvenir même, au nom de
principes qui s’étaient imposés eux-mêmes à la culture, sans qu’ils ne
soient aptes à se situer au plan spirituel et transcendant qui les
auraient épargné de la barbarie, ayant occasionné pour elles un sort
aussi déplorable.» — Plérôme.
«La destruction gratuite d’une
œuvre d’art véritable — qu’elle soit réelle, comme dans le vandalisme,
ou virtuelle, comme dans l’avilissement opiniâtré de sa valeur
inhérente — est souvent l’expression du conservatisme de la décadence,
c’est-à-dire d’une décadence dont l’entropie se veut préservée à tout
prix par ses agents, en raison de l’intérêt qu’ils trouvent à en
perpétuer le mouvement.» — Plérôme.
«Le mythe est essentiel à
l’homéostasie de la conscience puisque, en créant un récit — sur le
monde et sur ses habitants —, l’esprit collectif génère une
représentation idéelle de la réalité, une construction imaginaire qui,
en inspirant judicieusement les consciences, lui permettra de se situer
face à elle: lorsqu’elle est idéale, elle lui offre un modèle qui peut
faire l’objet d’une émulation et ainsi d’une réalisation à travers lui;
lorsqu’elle est négative, elle lui présente un exemple qu’elle ne
saurait vouloir imiter et qui lui permet de se valoriser en l’état
qu’il actualise à ce moment précis de l’histoire et, par le blâme
implicite ou explicite qui lui est adressé, s’exhausser à ses propres
yeux et se mettre de l’avant face à ses congénères.» — Plérôme.
«Le
principe de l’équité commande que les lois soient appliquées pour tous,
non pas selon l’interprétation littérale du texte qui les révèle, mais
selon l’esprit qui inspire l’intention qui justifie leur proclamation
et la fin juridique qu’elles sont censées servir, fondée sur le
principe de justice qui inspire leur formation: l’iniquité procède de
ce que, soit qu’elles soient formées principalement, et contre les
principes d’une justice fondamentale, à l’avantage des particuliers
(les individus, les groupes, les associations, les classes, etc.) qui
les établissent, les interprètent et les composent, au détriment des
intérêts de ceux qui soient étrangers à cette action législative, soit
qu’elles soient appliquées inégalement et privilégient,
systématiquement ou exceptionnellement, lorsque les circonstances le
commandent, ceux-là plutôt que ces derniers.» — Plérôme.
«Il
semblerait parfois que la moralité, pour un grand nombre, consiste à
choisir entre le moindre mal à réaliser, plutôt que le plus grand bien
à accomplir mais, à l’intérieur d’un monde dystopique, il devient
peut-être le meilleur choix qui est laissé à la conscience de pouvoir
actualiser effectivement, en raison de l’anomie qui y règne, de la
médiocrité morale qui y prévaut, laquelle voit une imposition indue et
illégitime en tout effort obligatoirement requis afin de réaliser un
dépassement de soi, et de la pauvreté de l’idéal réel qui est offert
aux populations dans le gouvernement que les autorités font de leur
conscience.» — Plérôme.
«La société inauthentique se constitue
sur une mentalité collective où chacun cherche à paraître ce qu’il
n’est pas et à ne pas paraître tel qu’il est, et en cela se distingue
de la société authentique où le principe qui prévaut consiste pour
chacun à paraître tel qu’il est et à ne pas sembler tel qu’il n’est
pas: la conséquence de cette inauthenticité sera de ne pas reconnaître
ceux qui mériteraient de l’être et de reconnaître ceux qui ne
mériteraient pas de l’être et constitue une entorse à un principe de la
justice fondamentale, qui consiste à savoir reconnaître ceux qui le
méritent et à ne pas reconnaître ceux qui ne le méritent pas.» —
Plérôme.
«Tout progrès suppose, non seulement une disposition
chez l’agent moral à réaliser l’entéléchie qui est implicite dans
l’achèvement de cette progression, non seulement la compétence de
l’action qui contribue à l’apporter, mais encore la conjoncture
adéquate des circonstances qui sont favorables à cette fin, y comprise
la présence des ressources physiques qui sont nécessaires à cette
réalisation et la coopération, en nombre suffisant, des collègues qui
sont exigés afin d’accomplir le mouvement entrepris.» — Plérôme.
«On
a beaucoup parlé du complexe d’Œdipe, selon lequel l’enfant tue son
père et épouse sa mère, alors que ces événements, inspirés du mythe
Grec du même nom, le parricide, suivi du mariage de la mère, opèrent
fatalement, sans exercice de la volonté ou de la liberté, et
fortuitement, en toute ignorance des enjeux réels, autant pour le
“héros” du mythe que pour les protagonistes. § Afin de le rendre
intelligible et pertinent à la réalité incestueuse dont il sert à
expliquer le fait et l’opération et de le rapporter à la mentalité
contemporaine, il fallait faire intervenir la coïncidence d’un lien
affectif double et complémentaire, la rivalité du fils avec le père et
l’attirance sexuelle pour la mère, d’où la version Freudienne du mythe
qui, par l’improvisation créative requise afin de lui apporter une
unité et une cohérence intelligibles pour l’esprit cultivé
contemporain, devient en lui-même un mythe, par les ajouts qui en
façonnent le récit systématique. § Mais il existe un mythe antique plus
fondamental encore afin d’illustrer l’attirance du fils pour la mère et
la rivalité avec le père, même s’il n’engendre aucun meurtre, mais
seulement la mutilation du père et c’est le mythe de Kronos: peut-être
même serait-il possible de voir en ce sacrifice la raison fondamentale
de la scission qui s’est produite entre les Fils de la lumière et les
Fils du monde et qui trouva sa résolution avec la guerre entre les
dieux de l’Olympe et les Titans, tous étant les fils d’Ouranos.» —
Plérôme.
[2022-02-22] Aucune raison n’existe a priori d’opposer
le bonheur et la sécurité, de voir en l’un et l’autre de ces états une
condition de l’exclusion de l’autre: ce n’est que lorsque l’on fait
dépendre l’un sur l’autre, que l’on voit dans la sécurité une condition
sine qua non du bonheur et une nécessité pré-existante à sa présence et
à sa réalisation que le jugement fait erreur puisque le bonheur,
caractérisant l’accomplissement moral de la personne, dans ce qu’elle
peut offrir de meilleur et signifiant par conséquent le niveau de sa
réalisation et le degré de sa perfection, conformément à sa nature, ne
saurait dépendre de son niveau de sécurité afin de se manifester et
pourrait même exiger, pour cela, que cette aisance et ce confort fût
sacrifié en vue du meilleur bien qui pourrait en résulter pour elle.
En
général, la faiblesse physique relative qui est propre à la
constitution physique de la femme la porte à rechercher en la personne
de l’homme un protecteur et un gardien qui puisse préserver sa
sécurité; et lorsqu’elle ne sait, ou qu’elle ne veut, se fier en cette
individualité afin de garantir cet état de sécurité et de quiétude,
elle s’en fiera alors aux institutions sociales qui personnifieront,
par leur mandat et leurs opérations, cette fonction existentielle
essentielle pour elle.
C’est par l’exacerbation des attributs
esthétiques accidentels et superficiels, plutôt que par le
développement et la perfection des qualités et des vertus essentielles
que la facticité et la superficialité des natures se maintiennent, au
détriment de leur quintessence authentique et profonde et de leur
entéléchie véritable.
Honte à ceux pour qui la loi, ce n’est
plus qu’un instrument afin de déroger à l’esprit de la justice et du
droit qu’une tradition culturelle et humaine millénaire a défini et
s’est efforcé de mettre en œuvre au cours de son histoire.
Il
s’agit de ne jamais oublier que la critique, aussi objective qu’elle se
voulût être, part toujours d’un point de vue subjectif: car, quel que
soit le critère extérieur à soi contre lequel mesurer l’objet sur
lequel porte la critique, celui-là renvoie toujours à l’expérience qui
permet à la conscience de le concevoir et de le définir et l’acte de la
transcendance par lequel l’esprit atteint à sa notion n’est jamais
entièrement affranchi des limites de la conscience, grâce à laquelle
elle formule, au moyen de l’intelligence judiciaire, la
possibilité, l’actualité et la pertinence dudit critère au phénomène de
l’expérience dont elle évalue la qualité et la perfection.
Certaines
polices, en obéissant au principe du droit et en défendant la valeur de
la justice, sont au service de la population et la protègent alors que
d’autres polices, par nature intéressées, vénales et iniques, oppriment
les sujet et les corrompent, soit passivement, en fermant les yeux sur
des agissements qui servent leurs intérêts, soit activement, en faisant
la promotion ouverte de ceux-ci par leurs propres agissements.
Le
savant pressent combien peu il sait en sachant ce qu’il sait, en ayant
œuvré fort afin d’acquérir ce savoir; alors que l’ignorant, contemplant
le peu qu’il sait, accumulé au prix d’un effort minime, s’imaginent
pouvoir s’enorgueillir de savoir beaucoup et de grandes choses.
Quel
sentiment de la toute-puissance cela doit-il permettre de vivre que
celui de mettre son semblable à nu, avec l’expérience de la
vulnérabilité que cela suppose, sans se sentir l’obligation de se
mettre à nu soi-même.
Autre chose est-ce de penser adéquatement
le passé; autre chose est-ce d’appréhender avec justesse le présent;
autre chose est-ce d’anticiper avec bonheur sur l’avenir qui se
présentera: pourtant, peut-on nier que chacune de ces réalisations de
l’esprit repose sur l’exercice d’une même faculté judiciaire, voire
d’une manière qui est distinctive à chacune d’elles.
L’on
pardonne plus facilement les fautes morales réelles que les impairs,
même involontaires et parfois exagérés, à la convenance et la
bienséance.
Lorsque règne la vertu, le péché tue l’âme qui le
commet, le cas échéant, mais lorsque le vice exerce son hégémonie, il
tue si on ne le commet pas.
La triple signification de
l’expression «soma sema» trouve son unité selon qu’elle peut se
considérer en regard des idées-valeurs transcendantes de la bonté — le
corps comme tombeau —, de la beauté — le corps comme signe —, et de la
vérité — le corps comme prison —.
Si impressionnant que fût le
génie intellectuel pour la conduite de la raison et la gestion sensée
de l’organisation physique de l’ordre social, il doit le céder à
l’intelligence du cœur pour ce qui est de l’appréciation de la valeur
morale des concitoyens et de l’intuition des compatibilités sociales
qui fondent la cohésion et l’harmonie de la culture en laquelle il se
manifeste.
Un des effets pervers de la philosophie de la
liberté, lorsqu’elle omet de s’accorder une finalité et de tendre vers
une perfection qui s’accomplit de mieux en mieux, c’est de consacrer
l’état en lequel l’individu se complaît, sans l’appréciation morale, ni
de sa qualité, ni de sa valeur, et de revendiquer le droit de toujours
se maintenir en celui-ci, sans égard ni pour le bien servi en le
conservant, ni pour celui qui serait servi, soit en le transformant,
soit en recherchant un état alternatif, plus compatible avec cette fin.
D’un
point de vue philosophique, le grand défi posé à l’État canadien sera
de réconcilier ses deux idéaux fondamentaux: «la paix, l’ordre et le
bon gouvernement» (l’article 9 de la Loi constitutionnelle de 1867) et
«la vie, la liberté et la sécurité de la personne» (l’article 7 de la
Charte des droits et libertés de 1982) et, de plus, les subsumer à une
conception de la justice profonde et intégrale, qu’un droit adéquat
pourra fidèlement interpréter et honnêtement faire appliquer.
La
beauté est la cause de l’élévation de la matière vers ce qui en serait
la perfection de la forme en vue de l’édification de l’esprit, comme
elle est le résultat de cette action.
Tels sont ceux qui
déshonorent leur victime et qui ensuite, en évoquant la décence bafouée
au nom d’un faux sentiment de l’honneur, lui reprocheront la déchéance
qu’elle aura subie à leurs mains et la chute morale qu’elle a été
entraînée à éprouver, suite à leurs actions.
D’un point de vue
intellectuel, moral, spirituel et pratique, on ne peut demander plus à
un sujet moral que d’être sage — sauf à devenir plus sage encore —,
malgré que cette sagesse admirable puisse ne pas être appréciée, ni
encouragée, ni influente sur la disposition et la manière de penser et
d’agir des autres membres de la société, si déplorable que fût en
rétrospective cette imperméabilité collective — et parfois même la
déconsidération qui peut aller parfois, hélas !, jusqu’au mépris et à
l’hostilité — à la maturité de la pensée, de l’intelligence et de la
raison que cet état d’accomplissement spirituel suppose.
La
valeur morale de toute action s’apprécie selon trois critères: la bonté
de la fin qui est visée par elle; le bonheur de la conséquence qui est
le résultat de sa conclusion; ainsi que la correspondance qui existe
entre la qualité respective de ces deux effets.
Un système de la
santé qui fonderait son action uniquement sur la valeur thérapeutique
des interventions pratiquées par ses médecins et praticiens affiliés
serait analogue à une équipe sportive constituée uniquement par des
gardiens de but.
Comme pour l’inconscient individuel, qui doit
passer par l’anamnèse afin de susciter les souvenirs enfouis dans les
profondeurs de la mémoire pour, se les remémorant, connaître et
interpréter leur influence sur les conditions de la vie actuelle et sur
les habitudes qui en résultent, l’inconscient collectif doit pouvoir
passer par le même processus, évocateur d’événements passés qui,
quoique oubliés dans la généralité des consciences immédiates de ses
membres constitutifs, mais préservés dans la mythologie et dans
l’historiographie, continuent toujours d’exercer une influence sur les
événements présents, par les traditions, les coutumes, les us et les
lois, périmés mais néanmoins parlants, dans les schémas
institutionnels, collectifs et familiaux, qui en sont issus.
Rien
n’est plus cher que ce qui est gratuit puisque l’on ne saurait acheter
ce qui se donne gracieusement comme le prix à verser afin d’en
compenser adéquatement la valeur, ne saurait s’estimer ni même parvenir
à s’équivaloir, sauf à refléter une générosité analogue à l’acte qui
l’a procuré.
Le bonheur est un bien qui, comme tout bien, est
susceptible d’envie et de convoitise; mais conne il est immatériel, on
ne peut se l’accaparer, en dépossédant la personne qui en jouit, mais
seulement espérer le détruire, soit en le privant des conditions qui
sont présumées être associées à la constitution de son état, y compris
la santé, la réputation, les amis et les richesses, sans qu’ils n’en
soient ni la source, ni la cause réelle.
La distinction
essentielle entre la médisance et la calomnie réside non pas tant dans
le degré de vérité du tort qui est attribué à la victime de la
diffamation qu’elle encourt, mais dans la conscience du tort qui est
accompli à travers elles et dans l’intention de le causer en recourant
à cet artifice, de sorte que l’invention d’un vice ou d’une action
mauvaise supposés n’est plus la matière de la félonie mais en constitue
surtout une matière aggravante puisqu’elle amplifie le tort qui en
résulte alors que c’est la volonté et la conscience de produire cet
état qui sont la véritable matière du délit.
Lorsque l’on
affirme que la femme se conquiert, l’on suppose alors que sa réaction
initiale, pour ne pas dire viscérale, profonde et durable à l’intérieur
des cœurs, en est une de refus et de résistance.
Il existe une
contradiction inhérente à la revendication de la liberté, non pas pour
exercer sa responsabilité, mais afin de mieux encore faire dicter ce
que cette responsabilité serait.
Le principe qui veuille qu’à
l’intérieur d’une société égalitaire, les seules inégalités qui
seraient tolérées, sinon autorisées, sont celles qui sont mises au
service de la préservation de l’égalité comporte comme effet paradoxal
de créer autant de classes inégalitaires qu’il existe d’espèces de
libertés à préserver et que, à l’intérieur de celles-là, il règne une
égalité une égalité qui exige qu’elle soit préservée par la création de
nouvelles classes inégales, aussi nombreuses que les espèces
d’inégalité que l’on cherche à préserver, et ainsi de suite, jusqu’à la
constitution d’une hiérarchie de classes inégalitaires, réputées être
nécessaires à la protection des droits à l’égalité, chacune avec les
privilèges et les droits qui favoriseront sa fonction socio-politique:
ce qui mène à une société qui, si elle est en principe et de droit
égalitaire, requiert de fait une constitution physique qui soit
inégalitaire et informelle, d’autant plus importante que les
revendications à l’égalité se font pressantes et intenses, peut-être
même en réaction à l’inégalité qui est instaurée afin de les rendre
moins nombreuses et instantes.
mercredi 27 janvier 2021
Euthúmèma XXVI (réflexions)
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