mercredi 27 janvier 2021

Euthúmèma XXVI (réflexions)

  [Depuis le 27 janvier 2021, avec mises à jour périodiques. — Since January 27th 2021, with periodical updates.] «Il est curieux que Freud ait fait de la mort du père, occasionnée par une rivalité entretenue à son endroit par l’un de ses fils, que l’on présume être le plus fort, comme étant le ressort de la vie du clan et de son inscription à l’intérieur de l’histoire alors qu’en réalité, bien avant que l’inégalité des rapports entre le père et ses fils rende celui-là vulnérable à leurs prétentions, existe celle entre les enfants, mâles ou femelles, de la fratrie, pouvant conduire jusqu’au fratricide, lorsque la haine et l’ambition désordonnée en viennent à prévaloir.» — Plérôme.

«Les deux moments critiques de l’étude de la philosophie — qui en elle-même ne saurait constituer un programme simple —: d’abord comprendre les penseurs historiques et les théories qu’ils formulent afin de concevoir exhaustivement la «réalité», y compris dans les influences intellectuelles historiques que chacun de ceux-ci peut entretenir les uns avec les autres; ensuite, relier celle-ci à la «vérité» permanente et constante, telle qu’elle se manifeste à tous les âges dans l’expérience individuelle et collective de l’humanité et qu’elle peut se laisser apercevoir dans les «inspirations lumineuses» qui traversent les pensées de toutes les intelligences et les idées de tous les doctes penseurs, lesquelles trouvent leur source dans une pensée immuable, universelle et éternelle.» — Plérôme.

«Les demi-vérités sont souvent pires que les mensonges, quant à leurs conséquences empiriques et leurs effets diffamants, puisqu’elles se fondent souvent sur des faits qui sont partiellement et non exhaustivement et complètement expliqués et que, par conséquent, ils reposent sur l’imagination fantaisiste, soit du narrateur, soit de l’auditeur, afin d’en accomplir la reconstitution, d’où la tendance à mener l’interlocuteur à formuler des conclusions fallacieuses et à entreprendre des actions conséquentes inopportunes.» — Plérôme.

«Tels sont ceux pour qui le caprice, le besoin, l’habitude ou l’instinct tiennent lieu de raison, en substituant au sens de l’intelligence de la nature, de l’origine ou de la finalité de l’action accomplie librement, la nécessité impérative et contraignante de ces inclinations.» — Plérôme.

«Tels sont ceux qui, alors qu’ils traitent leurs semblables en paresseux, s’avèrent eux-mêmes trop oisifs pour connaître en quoi leur jugement à leur égard est téméraire et injuste.» — Plérôme.

«L’esclave n’est jamais suffisamment zélé ou appliqué afin de servir le loisir d’un maître excessif et tyrannique.» — Plérôme.

«La fatalité est le sort que l’on éprouve, quelque soit l’effort apporté pour se le mériter et se le rapprocher, s’il est favorable — en lequel cas on le nomme la chance (ou la bonne fortune), et la grâce, lorsqu’elle implique l’intervention bienveillante d’une conscience ou d’une volonté distincte de la sienne propre —, ou pour ne pas en démériter et se l’éloigner, s’il est défavorable  — en lequel cas on le nomme la malchance ou encore la malice, dans le cas contraire d’une action délibérée et malveillante —.» — Plérôme.

«La vertu est un état qui, dans sa spécification et son orientation adéquate à une situation, conditionne la nature morale de la volonté qui est productrice de l’acte et, dans la liberté de la conscience, elle entre en communion avec l’Être Suprême qui en est la source, le principe, l’origine et la réalisation ultime.» — Plérôme.

«La seule manière logique d’aborder le problème du mal «sans visage», c’est-à-dire du mal qui se commet de manière occulte et anonyme, c’est d’enquêter et de découvrir quels en sont la source, la cause et l’agent véritable, de sorte à pouvoir apporter le remède qui est adéquat au défaut qu’ils occasionnent et qu’ils propagent.» — Plérôme.

«L’écart qui s’établit entre l’être et le devoir-être requiert, pour qu’il se produise, une action — initiée individuellement ou accomplie collectivement — qui est dépréciatrice de l’être existant et/ou une inaction qui est auxiliaire du mouvement par lequel l’être en vient à déchoir; et, pour qu’il disparaisse, une action rédemptrice de l’être existant sous son état diminué et/ou une action associée, d’une envergure suffisante, qui produit un effet donnant sens et renforcement à ce rétablissement.» — Plérôme.

«Le mensonge, comme la ruse, ne sont qu’une tactique comme une autre, dans l’exercice, le maintien et la conservation du pouvoir et, s’ils dénotent une forme d’inventivité dans la poursuite de ces fins, ils ne sauraient illustre, soit la sublimité de l’idéal moral qui le fonde, soit la forme supérieure de la créativité morale requise afin d’en témoigner.» — Plérôme.

«Un pays qui possède une police secrète dont on sait qu’un tel appareil de contrôle social, légal et moral existe, ne peut plus prétendre, en toute logique, que cette police est secrète; et, en supposant qu’une telle police puisse prétendre exister, elle suppose, afin de l’encadrer, un appareil judiciaire tout aussi secret, autrement cette police se donnerait à elle-même sa propre loi qui, ne possédant aucun critère extérieur à ses raisons pour la valider, serait à la fois suprême et arbitraire, par rapport aux autres institutions sociales, tout en demeurant largement ignorée de la population qui en serait les sujets et les «bénéficiaires» de ses actions, d’où procède la notion et, lorsque formulée, l’idée d’un État séparé, parallèle et subsumant que régissent des valeurs et des principes et des valeurs dont la qualité morale sont les seuls garants de sa valeur réelle: la distinction que fait Augustin entre la Cité de Dieu et la cité terrestre, comme celle, plus traditionnelle et primordiale, entre les fils de la Lumière et les fils de ce monde, illustrent cette dichotomie axiologique, politique et métaphysique qui se fonde sur la notion d’une lutte entre les forces du bien et celles du mal.» — Plérôme.

«Lorsque le meilleur qui est exprimé en soi interpelle à rencontrer la reconnaissance et la gratitude de ses semblables, à tous les plans où il est convenu de les exprimer, plutôpt qu’une simple appropriation, par la ruse ou par la force, du fruit de l’effort qui le révèle, seulement alors est-il possible de voir en la mutualité de cette relation l’expression d’une égalité véritable, fondée sur l’amitié, la dignité, l’amour, la chaleur, la spontanéité et le respect, et non pas seulement sur un formalisme convenu et superficiel que prescrit un canon de la civilité qui est propre à l’idée de la culture et de la civilisation.» — Plérôme.

«Toute action, comme tout effet, sont ultérieurement imputables à une puissance dont la nature et la qualité de la moralité — en termes des idées-valeurs transcendantes du bien, du beau et du vrai — se trouvent réflétées dans le genre, l’intensité, la raison et la fin qui les caractérisent.» — Plérôme.

«L’on parle du préjugé comme étant quelque chose d’exceptionnel et a priori répréhensible alors qu’en réalité, il est un fait de l’existence fondé sur l’expérience et constitue un savoir que l’on tient — à tort ou à raison — pour être vrai , une croyance qui sert de fondement à la perception et à l’action qui sont constitutives des expériences subséquentes ainsi que des connaissances qui en procèdent; par ailleurs, celles-ci sont toujours aptes à être examinées, à l’aune des trois idées-valeurs transcendantes du bon, du vrai et du beau de sorte à recevoir, sous le regard de la critique qui les conserve comme étant sûres ou qui les question comme étant douteuses, soit un assentiment total, comme étant éminemment valables, soit un assentiment équivoque, comme pouvant être plus complètement conformes à ces idées-valeurs, en étant éprouvées au creuset d’expériences futures, soit un rejet catégorique, comme étant indignes de fonder des jugements der la conscience, et des actions qui en procèdent, au plan moral (axiologique), épistémologique (apodictique) et/ou esthétique (épidictique).» — Plérôme.

«Ce qui distingue fondamentalement la sauvagerie et la barbarie, c’est que celle-là n’a pas encore découvert la valeur rédemptrice que comporte l’amour pour l’humanité alors que celle-ci cherche le salut d’icelle dans le divorce qu’elle impose à la conscience, dans son rapport avec l’existence, entre la sublimité et la profondeur de l’amour, vécu de manière complète et authentique, et les autres idées-valeurs de l’existence, connues intellectuellement et rationnellement, entourant la préservation, la diffusion, la conservation et la perpétuation de la vie, indépendamment d’une moralité adéquate qui en admet l’importance et le caractère essentiel et qui a défini la voie infaillible de la garantir et de la protéger.» — Plérôme.

«Un narratif peut se concevoir en plusieurs sens, parmi lesquels il y a le propos qui se forme afin d’exprimer la compréhension que l’on acquiert d’une chose, lequel renvoie au mystère des choses et à l’improbabilité d’en saisir complètement l’essence, mais aussi celui qui se forme afin de se donner, et aussi à autrui, l’illusion que l’on comprend les choses afin de pouvoir justifier — pour soi et pour autrui — l’attitude que l’on adopte à leur égard, lequel renvoie à la dimension sociale de la réalité.» — Plérôme.

«Pourrait-on concevoir la philosophie comme étant la science des sciences ? Et la théologie comme étant la science des principes divins, puisqu’ils sont premiers et qu’ils servent à dériver tous les autres principes fondamentaux de l’intelligence, de la raison, de la conduite et de l’action ?» — Plérôme.

«À ceux qui se plaisent à leur état, sans égard pour la justice d’une excellence qui est au-delà de celle qui fait l’objet de leur satisfaction immédiate, le devoir-être peut leur sembler être une idée gratuite et superflue; à ceux que leur état rend insatisfait, en raison de l’insuffisance de la bonté d’une justice objective qui n’est pas adéquate, il est une notion pressante et nécessaire.» — Plérôme.

«Tels sont ceux qui élèvent l’inessentiel en essentiel afin de mieux exclure ceux qui ne partagent pas leur sens axiologique et le champ de leurs priorités morales et, ce qui est peut-être pire encore, de leur imposer une peine injuste qui éventuellement conforte leur sensibilité et leur pudeur particulières, mais qui rend un tort profond à certains individus et à certaines classes de la société.» — Plérôme.

«Le comble de l’égoïsme: tout ce qui appartient à autrui appartient à soi également, mais tout ce qui appartient à soi n’appartient qu’à soi uniquement.» — Plérôme.

«La puissance de Dieu façonne l’homme ainsi que la femme à son image, qui est également celle d’un Être créateur et libre: ainsi, autant l’homme que la femme ayant intériorisé la volonté divine, et choisi en conscience de vivre en conformité avec elle, tous deux se façonnent intérieurement selon l’image qu’ils possèdent de l’imago divine originelle, chacun selon leur nature humaine commune et leur qualité générique distinctive, de sorte que, une harmonie et une continuité existant entre l’imago primitive divine et la représentation qu’ils en réalisent, l’homme, devenu père, et la femme, devenue mère, deviennent en leur progéniture la condition d’une génération humaine qui soit la plus accomplie et la plus achevée possible, dans la liberté plénière et mutuelle de tous les participants — Dieu (Deus) et l’homme (homo); l’homme (vir), la femme (mulier) et les enfants (pueri) — à ce projet grandiose.» — Plérôme.

«Le pouvoir, étant l’illustration d’une puissance, n’est en soi ni répréhensible, ni contestable, mais il est susceptible de le devenir, en raison de l’usage imparfait, incomplet ou vicié, que l’agent qui l’illustre peut en faire, qu’il procède qu’une imperfection qui est commune à l’époque en laquelle il s’exerce ou qu’il illustre l’inaccomplissement individuel, familial, social ou culturel de la conscience morale qui le détient.» — Plérôme.

«Si l’on ne peut voir en le mensonge un mal-en-soi — et il existe des situations où le mensonge peut être justifiable et excusable, ou à tout le moins le recours à cet expédient être humainement compréhensible, ce qui porterait à regretter que de telles situations malheureuses puissent exister et à vouloir en empêcher l’apparition  —, peut-être pourrait-on en évaluer la désirabilité selon l’effet qui résulte de sa production et la qualité du bien objectif qui peut résulter de son énonciation.» — Plérôme.

«En règle générale, les croyances sont reçues et elles se transmettent sous l’effet de la confiance et de l’habitude, mais lorsque la croyance est acquise et qu’elle est le résultat d’une conviction spontanée qui est associée à une expérience unique, remarquable et fortuite, elle est souvent alors le produit d’une conclusions qui s’impose invinciblement à la conscience comme étant non seulement certaine et indubitable, mais aussi le résultat d’un cheminement intellectuel et moral que naturellement toute personne serait susceptible d’effectuer dans les mêmes circonstances.» — Plérôme.

«Le droit est beaucoup plus qu’une théorie de l’ordre social, susceptible de cautionner et de sanctionner toutes les formes que peut prendre l’amoralité, jusque dans l’expression outrancière de l’immoralité vers laquelle elle peut dévoluer, en raison du bien que représente la vie et la puissance déliquescente de ces états négatifs sur les conditions et les vertus qui en représentent l’actualisation et la plénitude.» — Plérôme.

«L’influence ultime de la femme trouve son siège dans l’intimité des son sentiment et de sa pensée, telle que cette intériorité se révèle dans ses conduites (son propos, son apparence, ses actions, ses préférences, son style d’être, son parler et ses choix de vie).» — Plérôme.

«L’égalité, considérée à la lentille de l’égoïsme et de l’amour désordonné de soi, devient alors le leitmotif de l’exhaussement de soi, sous prétexte implicite que non seulement elle y autorise, mais qu’elle l’ordonne et le sanctionne.» — Plérôme.

«C’est lorsque les temps sont difficiles et éprouvants que l’on découvre les amis que l’on croyait avoir et ceux que l’on ne savait pas que l’on avait.» — Plérôme.

«La bourgeoisie matérialiste s’est donné un état «parfait» au moyen de la violence révolutionnaire et, se complaisant en cette perfection qu’elle a imaginée comme étant ultime et sans possibilité d’amélioration possible, dans le concept qu’elle a produit, lui-même étant déterminé par la nature inerte de la matière qui le conditionne, et satisfaite de l’aisance, du confort et du plaisir esthétique qu’elle en retire, elle s’autorise à une suffisance qui la rend imperméable aux injustices qu’elle perpétue et aux souffrances indues qu’elle cause, sans vouloir comprendre qu’il existe bien une perfection supérieure à celle qu’elle a voulu réaliser et elle se situe ailleurs que dans le matérialisme, le sensualisme, l’hédonisme et le rationalisme qu’elle préconise.» — Plérôme.

«L’amour organique qui lie deux âmes qui s’aiment est à ce point intégral que sa rupture, qu’elle soit issue délibérément du libre arbitre, qu’elle trouve son origine dans les mobiles obscurs du subconscient ou qu’elle soit commandée par la force irrésistible des circonstances, résulte en un vide essentiel qui cherche à être comblé par le désir dans l’âme et dans l’esprit, à chaque instant de leur vie affective: tel est le principe psychologique à la base de l’érotomanie.» — Plérôme.

«Le trait dialectique qui caractérise les cultures existentielles mondiales depuis des temps immémoriaux, et pouvant fonder la métaphysique occidentale, alors qu’il constitue, avec le mal qui s’oppose au bien et la mort qui nie la vie, une des dualités fondamentales de la vie de l’esprit, c’est l’anti-érotisme qui s’oppose à l’érotisme et dont Empédocle fait l’expression, dans sa physique, avec son opposition de la haine et de l’amour.» — Plérôme.

«La trinité révolutionnaire, dans l’histoire de la France: Danton, le rhéteur; Marat, l’idéologue; et Robespierre, le stratège.» — Plérôme.

«Voler, tricher, mentir: les trois piliers d’une moralité fondée sur l’intérêt exclusif de soi.» — Plérôme.

«Le droit à l’incroyance repose sur un fond de croyance et, inversement, le droit à la croyance suppose la prédominance de l’incroyance et, en cela, cette opposition reprend celle qui existe entre l’ignorance, qui énonce l’opinion fantaisiste et donne lieu à la superstition, et la science, qui produit le savoir fondé et ouvre sur la connaissance: ainsi, la question devient, pour l’une comme pour l’autre antithèse, s’il vaut mieux privilégier l’incroyance ou l’ignorance sur la croyance ou la connaissance; pareillement, il s’agira de comprendre quelles sont les causes de l’incroyance et de l’ignorance comme d’appréhender quelles sont les sources de la croyance et de la connaissance, comme également de la vérité qui devient le garant de leur valeur.» — Plérôme.

«L’enfant est le constant rappel que, lorsque l’on aime quelqu’un, ce n’est pas uniquement pour ce qu’il a été, ou pour ce qu’il est toujours maintenant, mais aussi pour ce qu’il devient.» — Plérôme.

«Dans la société que l’on médicalise, que l’on forme sur le modèle du vivant qui n’est plus qu’un malade en état de survie, chacun de ses membres est un patient en attente de recevoir un jour des soins et chacun des fonctionnaires est l’ersatz et la préfiguration du médecin.» — Plérôme.

«Devant les adversité inévitables et incontournables de l’existence, seul le courage qui est démontré à les surmonter constitue la solution adéquate à savoir les surmonter.» — Plérôme.

«“ ...alors Satan entra en lui [Judas]” (Jean 13, 27) — Doit-on comprendre par là que toutes les promesses que fit Satan à Jésus, pour lui persuader de l’adorer, seraient dévolues à Judas, dans l’esprit du Prince de ce Monde, afin de le récompenser de sa trahison ?» — Plérôme.

«Peut-on assez louanger et se montrer reconnaissant de la générosité sincère et désintéressée qui est témoignée à l’égard de son ou de ses semblables ?» — Plérôme.

«Le féminisme, c’est l’homme qui devient le faire-valoir de la femme.» — Plérôme.

«Ahriman est le premier à avoir découvert et poursuivi la commission du tort, i.e. la faute comme dérogeant à une intelligence, individuelle et personnelle, de la notion de la perfection dont elle appréhende subjectivement l’essence, pour en dénoncer par conséquent la dérogation même peccamineuse: voilà un sens possible du proverbe anglais — “The devil is in the details”.» — Plérôme.

«Dans l’acception courante, l’hypocrisie consiste en l’art de feindre la sincérité et l’authenticité afin de poursuivre un but ou une fin que l’on ne saurait ouvertement avouer, soit qu’ils seraient moralement répréhensibles, soit qu’ils contrediraient des fins ou des buts différents, soit qu’ils soient exclusivement préoccupés par la promotion et par l’avancement d’intérêts particuliers, sans égard pour ceux d’autrui, et elle caractérise toujours un intérêt belliqueux plus ou moins larvé et plus ou moins justifiable, selon que le but ou la fin poursuivis sont honorables ou condamnables: à un plan moral, la question qui se pose est celle de savoir si l’hypocrisie est en soi défendable ou s’il vaut mieux être en tout temps, pour une conscience pure et sans reproche,  sincère et authentique, peu importe ce que serait la conséquence d’une attitude contraire.» — Plérôme.

«Vouloir nier Dieu, ce n’est pas seulement refuser de reconnaître Son existence, c’est aussi vouloir effacer la preuve de celle-ci, dont la nature, et en particulier l’être vivant et en particulier l’être humain, sont le témoignage le plus éloquent: or, une telle entreprise relève de l’absurdité puisque le négateur de Dieu, étant aussi un homme, ne saurait désirer sa propre origine et sa propre fin, et donc profiter pleinement de la nature et de la civilisation qui se construit sur elle, en pleine reconnaissance de ce principe, d’où la position que prend celui-ci en faisant comme si (as if, als ob) elle n’a ni cause, ni agent suprême qui en soient les principes originels.» — Plérôme.

«Un crime, pour être “parfait”, n’en reste pas moins un crime: et s’il est jugé “parfait”, c’est qu’il n’a pu être empêché et que ses agents sont susceptibles d’échapper à la détection, à l’identification et à la rétribution qu’en raison de leurs actions, ils se sont mérités, soit parce que les indices de leur forfait ont échappé à la vigilance des témoins (ce qui révèle le génie maléfique de l’agent), en raison de la subtilité de l’effet de leur conduite et de leur présence, soit que ces témoins, entrevoyant le méfait, se sont montrés impréparés ou peu disposés à le prévenir ou à le relever (ce qui témoigne de l’impuissance ou de la complicité tacite des témoins, quand il ne s’agit pas tout simplement de lâcheté).» — Plérôme.

«Comment des règlements et des politiques qui, ne poursuivant a priori aucun dessein pervers, peuvent résulter en des effets délétères, si ce n’est qu’en raison de la rigidité des institutions qui les appliquent, de l’imperfection des perceptions, des prévisions et des jugements des consciences qui les forment et de l’impréparation à considérer et à corriger les déviations qu’ils engendrent, lorsqu’ils se manifestent à la conscience de la société et des autorités qui la conduisent ?» — Plérôme.

«Lorsque la conscience collective est préoccupée uniquement par le maintien du statu quo, par la préservation de l’état actuel en lequel se trouve la société qui le génère, les discours s’interpréteront uniquement en termes d’une validation ou d’une infirmation de ses principes, quelles que soient autrement la valeur, la pertinence ou la qualité du propos qui est exprimé, de sorte qu’il en résulte que soit il est censuré comme portant préjudice aux générations futures, soit il est préservé comme étant apte à les inspirer, mais jamais ils ne seront cautionnés comme étant aptes à promouvoir le principe de l’évolution qui est au cœur de toute vie, biologique ou sociale, sauf dans le sens restreint où il est préalablement prescrit et sur lequel se fonde l’actualité de l’état social.» — Plérôme.

«Telle nature, qui est dite mauvaise, commet le mal en raison de la gratification immédiate qu’elle en reçoit, souvent sans égard aux conséquences, et révèle une inconscience et un manque de prévision et de jugement; telle autre nature, qui est dite méchante, commet le mal en tirant sa gratification premièrement des conséquences malveillantes qui s’ensuivent et souvent d’autant plus que celles-ci sont importantes et pénibles à supporter pour ses victimes et ses patients, en révélant ainsi une cruauté et une malignité patentes.» — Plérôme.

«L’intelligence est la faculté qui interprète la réalité des expériences, qu’elles trouvent leur origine dans le milieu interne et ressenti ou dans l’environnement sensible et empirique, en vue de servir l’actualité et l’avenir de l’état de la personne, à la fois dans son implantation dans le monde et dans l’amélioration des conditions qui augmenteront son bien-être et son bonheur: c’est, par conséquent, au plan politique, à l’intelligence de ses compatriotes que l’on doit s’adresser afin d’éclairer les attitudes individuelles et de persuader l’effort collectif qui, eu égard à l’expérience commune et partagée, créera la culture qui optimisera les circonstances et les situations, et maintiendra les idées et les valeurs correspondantes, de manière à en apporter la perpétuation et la pérennité dans le temps ainsi que la communication et la diffusion dans l’espace.» — Plérôme.

«L’histoire saisit et relate les faits, autant dans leur singularité que dans leur interaction dynamique, aussi objectivement qu’ils puissent être constatés par un observateur impartial, mais c’est l’intelligence de l’esprit qui en interprète les significations, les raisons, les directions, les finalités, les principes et, ultérieurement, les intentions.» — Plérôme.

«Tels sont ceux qui nomment “don” ce qui est en réalité un vol, non seulement afin de masquer le délit, par cette transformation et cette déformation sémantiques, mais peut-être aussi pour ne pas avoir à exprimer de reconnaissance et de gratitude à l’endroit de celui (ou de celle) que l’on rend victime de ce dol.» — Plérôme.

«Les anciens s’autorisaient à philosopher suite à l’accomplissement d’une expérience de la vie dont ainsi ils en interprétaient les significations; les modernes, à réfléchir sur l’expérience de la vie telle qu’elle leur apparaît afin de mieux préparer celle qu’ils vivront éventuellement et subséquemment: mais peu importe la direction empruntée, l’une mène nécessairement à l’autre, puisque toute expérience vécue appelle à une réflexion qui en interprète les significations comme toute expérience que l’on se prépare à vivre suppose une préparation qui permette de l’accomplir avec prudence, l’attitude moderne appelant l’attitude philosophique ancienne et l’attitude ancienne produisant l’attitude philosophique moderne.» — Plérôme.

 «L’anonymat et l’impersonnalité sont la bénédiction de l’ingratitude, en raison à ni ne pouvoir (suite à la dépersonnalisation conséquente), ni ne devoir (vue l’anomie subséquente) en témoigner, pour celui qui est disposé à illustrer cette qualité.» — Plérôme.

«La seule société bien ordonnée qui est justifiable se fonde sur le doit qui fait la promotion effective de la justice, estimable à la lumière des idées-valeurs transcendantes du bien, du vrai et du beau.» — Plérôme.

«La conspiration la plus difficile à contrer, pour un État politiquement sain, consiste à encourager chez chacun des complices la commission, dans la clandestinité, d’une action subversive, importante et significative, pour ensuite se ranger parmi les conformistes, dans l’attente de constater les fruits de son effort comme aussi ceux qui résulteront du cumul des efforts semblables, en espérant que cette action concertée ne sera pas éventée, ni que leur contribution particulière à son déroulement ne sera pas découverte.» — Plérôme.

«Dans la politique, l’argument ad hominem devient souvent l’ultime recours devant une position intellectuelle irrecevable ou un changement inacceptable, sans qu’il n’apparaisse pratique, convenable, imaginable, concevable ou même possible, de formuler un contre-argument adéquat, équivalent ou meilleur.» — Plérôme.

«Il est facile d’attribuer à un auteur un propos qui ne fut jamais prononcé ou une opinion qui ne fut jamais partagée par lui, pour ensuite en démontrer la fausseté et, à vrai dire, une telle pratique requiert une imagination débordante et admirable, mais elle ne saurait convenir à un esprit épris de justesse et de droiture, enclin à donner à ses semblables, le plein crédit de leur pensée et de leurs actions.» — Plérôme.

«À tout seigneur, tout honneur ! : le contrat social implicite consiste en ce que chacun, en œuvrant à fonder la société sur le droit et sur la justice, pourra compter sur la reconnaissance désintéressée de ses semblables ainsi que celle de l’autorité légitimement constituée, d’y avoir ainsi concouru, de manière significative et proportionnelle à ses moyens, avec générosité, constance, persévérance et sincérité.» — Plérôme.

«L’anarchisme métaphysique consiste à accorder aux champs sémantiques qui tombent sous son influence des significations contraires à celles qu’il conviendrait de leur apporter (v.g. définir la haine par l’amour, la mort par la vie, le vice par la vertu, et l’inverse) pour ensuite ériger en  modèles les représentations qui illustreraient ce renversement.» — Plérôme.

«En période d’hystérisme collectif généralisé, que caractérise une préoccupation excessive, pour ne pas dire unique, avec la valeur matérielle, devenue le fétiche de la sécurité physique, au détriment de la croissance spirituelle et du dévbeloppement moral, seule une anamnésie générale, accompagnée d’une catharsis commune peuvent rétablir la progression saine de l’ensemble, mais leur production devient d’autant plus difficile, et le terme de la fin espérée et recherchée d’autant plus éloigné que l’inconscient collectif offre une résistance importante et viscérale à la vérité, autant celle qui résulte de l’inspiration lucide et éclairée comme de l’effort constant et persévérant du chercheur sérieux que celle qu’il parviendra à énoncer et exprimer avec les moyens qui lui fournissent la raison (analytique et synthétique, inductive et déductive), l’imagination historique et mythologique et la sensibilité aux mouvements et aux états de l’âme collective.» — Plérôme.

«C’est l’inconscience qui empêche le sujet conscient de connaître quelle est son essence véritable, autant dans sa nature profonde que dans l’étendue de son expression; c’est l’inauthenticité qui caractérise le sujet moral, lorsqu’il désire, ni d’en réaliser toutes les virtualités, ni d’en assumer toutes les responsabilités et elle peut même aller jusqu’à usurper l’identité d’un tiers afin d’en actualiser l’inaccomplissement.» — Plérôme.

«La faculté de l’introspection est certes une qualité très désirable, en ce qu’elle permet de découvrir en soi, par la réflexion, la méditation et la critique, les ressources qui, une fois libérées, mèneront à la transformation désirée des situations problématiques ou encore à celle des dispositions de la conscience individuelle qui les engendrent ou qui contribuent à leur conservation et à leur perpétuation, mais elle repose avant tout sur une disposition désintéressée qui se fonde sur un sentiment de l’équité et une idée de la justice que l’on reconnaît être universellement présents en toute conscience humaine et de l’intérêt, existant en chacune d’elles, à en favoriser généralement la promotion et la défense, comme étant essentielles à une vie saine et équilibrée, à l’intérieur d’une société harmonieuse et juste.» — Plérôme.

«Il est irréaliste d’évacuer complètement l’histoire, comme certaines souhaiteraient le faire, pour se situer uniquement dans le présent afin de faire l’expérience des situations et des circonstances qui se présentent à la conscience puisque, sauf à invoquer une agence mystérieuse et énigmatique pour les faire toutes surgir spontanément, tout événement suppose un avènement, et par conséquent un ordre de causes successives et d’agences qui le produisent, celles-ci étant également issues d’un contexte spatio-temporel qui est étranger au présent qui les accueille et qui en constitue le champ de l’expérience. § Mais le regard de la conscience qui le considère et qui en apprécie les principes et les fins, la valeur et l’importance, la raison d’être et la signification, accomplit spontanément cette action du point de vue du sujet qui le subit et non pas de celui de l’agent qui le cause et, en raison de l’écart spatio-temporel qui existe entre la cause historique et son effet ultérieur, les motifs qui président à la causation de l’événement échappent totalement aux consciences pour lesquelles il constitue un fait accompli, sauf si un effort est fait de s’extraire, par la pensée, la réflexion, l’analyse et la théorie, du moment immédiat de l’expérience qui se vit afin de se situer au moment effectif de l’expérience qui se constitue afin de comprendre quels en sont les ressorts et les conditions. § Seulement alors, le présentisme de l’analyse historique, centré sur l’actualité de l’expérience subie, peut-il se transformer en perception objective de l’histoire en opérant, au moyen de l’imagination, un transfert du champ de la conscience vers les époques et les lieux, les sociétés et les cultures, en lesquels l’expérience s’est constituée afin de comprendre le milieu en lequel s’est accomplie cette génération et d’interroger les conditions grâce auxquelles cette genèse a pu se réaliser.» — Plérôme.

«L’esprit d’une époque conçoit et définit tout ce qui survient — les situations, les circonstances, les événements et les entités — en fonction des idées qui sont prévalentes à ce temps, de manière à constituer une Weltanschauung qui la distingue de celles qui appartiennent aux civilisations qui existent en simultanéité, qui ont existé dans le passé et qui se révéleront dans l’avenir, une manière basique de la comprendre et de les expliquer et qui même peut servir à les caractériser et à les identifier, si un soin particulier n’est pas pris à en saisir l’originalité et la distinction propres à leur essence singulière.» — Plérôme.

«La ponctualité est la politesse des rois comme l’hypocrisie est celle des manants impies et des vauriens infidèles.» — Plérôme.

«Le futur réalisé est l’utopie du moment actuel.» — Plérôme.

«L’empirisme radical a réduit l’univers à n’être plus que l’évidence sensible des choses, répondant aux sensations externes et aux sens intérieurs (du mouvement et de l’élan vital), plutôt qu’il n’en est l’intuition de l’essence et la participation de l’âme, comme de l’esprit, à celui-ci.» — Plérôme.

«Quant au jugement, dont l’énonciation est l’expression, qu’il procède de l’intelligence de soi ou de celle d’autrui, le processus critique qui en estime et en évalue le contenu le situera sur deux axes: l’accord ou le désaccord, selon que l’esprit considère que l’affirmation (ou la négation) est vraie ou fausse; et l’assentiment ou le dissentiment, selon que l’âme trouve un plaisir ou un déplaisir à le découvrir; de sorte que tout jugement représente un complexe qui suscite, tantôt l’accord et l’assentiment (il me réjouit d’apprendre que X, où X est une proposition vraie); tantôt l’accord et le dissentiment (cela m’attriste de savoir que X, où X est une proposition vraie); tantôt le désaccord et l’assentiment (il me plaît de songer que ~X, où ~X est une proposition non-avérée, soit qu’elle fût invérifiable, qu’elle fût mensongère, qu’elle fût illusoire, qu’elle fût hypothétique, qu’elle fût simplement approximative ou encore qu’elle fût manifestement fausse); tantôt le désaccord et le dissentiment (il me désole d’imaginer que ~X, où ~X représente le type de proposition précédente), ainsi que les situations et les circonstances qui correspondent à cette typique.» — Plérôme.

«Le jeu politique consiste à exagérer, jusqu’au point de la caricature, le trait qui déplaît chez autrui et de le transformer en un tort impardonnable, alors que l’on amplifie chez soi, jusqu’au point de l’angélisme, les qualités et les aspects qui pourraient susciter le désagrément des adversaires: le risque couru alors, c’est de voir, contre tout souci de vérité et toute justice, en la caricature, une représentation adéquate de la réalité et, en l’idéalisation de soi, autre chose qu’une image artificielle et onirique. » — Plérôme.

«Il y a les jeux de la vie par lesquels le sujet moral, afin de faire valoir sa supériorité, et ainsi son aptitude à se mériter la palme de la vie, autant avec la continuité de l’existence qu’avec la qualité que peut prendre celle-ci pour lui; et puis, il y a le jeu qui consiste à croire et à vouloir faire croire qu’aucun tel jeu n’existe, une position qui n’est pas a priori fausse, dès que le sujet moral découvre sa valeur et sa dignité dans l’authenticité de son être et dans la confiance en la puissance de la vertu à justifier son mérite, autant devant l’humanité consciente que devant un Être suprême et tout-puissant dont la plénitude de la bonté est elle-même le gage de son existence (comme l’ont pressenti saint Bonaventure et, avant lui saint Anselme, avec l’argument ontologique) et de sa solidarité, dans la justice, avec les êtres vivants, pareillement constitués.» — Plérôme.

«Le paradoxe de la philosophie, c’est qu’elle doive trouver ailleurs que dans sa propre substance la matière qui constitue l’objet de sa dilection et de son action (c’est-à-dire la réflexion) puisque, étant un amour de la sagesse, elle ne prétend pas être la sagesse qu’elle désire et qu’elle aime et que, par conséquent, elle doive chercher ailleurs que dans son propos et dans l’expérience qu’il contribue à façonner les modes exemplaires de la qualité et de l’état qui l’inspire ainsi que de son illustration et de son expression.» — Plérôme.

«Si les absents on toujours tort, comme l’affirme le dicton, c’est que leur image et leur représentation prête le flanc à toutes les projections diffamantes et à toutes les accusations iniques, susceptible de disculper ceux qui ont un intérêt à les soumettre à un tel traitement, sans qu’ils n’aient la possibilité, ni de se justifier, ni de se défendre, ni même de prendre conscience ders propos préjudiciables auxquels ils sont assujettis et que l’on impute sans critique ni contestation à la bonté de leur caractère.» — Plérôme.

«Une médecine qui se concentre uniquement sur l’atténuation des symptômes et, éventuellement, sur leur disparition, sans s’intéresser à leur cause profonde, ni même à s’interroger sur la possibilité qu’elle existe et puisse se laisser découvrir, peut se comparer à un maître-menuisier qui, apercevant tous les clous tordus et crochus qui parsèment les planches et les poutres d’un chantier, demanderait à ses compagnons de tous les enlever, sans chercher à éduquer les apprentis qui les y ont affixés sur la technique de l’utilisation et du maniement du marteau.» — Plérôme.

«La tendance à la discrimination n’est pas un phénomène rare à l’intérieur de la société, puisqu’il s’articule autour de deux pôles: la distinction qui repose sur un sentiment de supériorité, fondé sur la dignité que confère l’adéquation entre le soi que la conscience réalise et la puissance du soi qui est apte à être réalisée et qui prétend en dicter à l’ensemble social; et le désir de solidarité qui est issu d’un besoin de sécurité, qu’aucune influence égocentrique et qu’aucun événement inattendu ne seraient aptes à compromettre et à ébranler; ainsi se révèle-t-elle activement dans la recherche des raisons qui permettraient d’anticiper qu’ils seraient passibles d’être compromis, laquelle pourrait aller, lorsque la méfiance est exacerbée, jusqu’à l’invasion de la vie privée et le déni des droits civiques les plus fondamentaux, dans la recherche des motifs occultes et des raisons cachés qui pourraient justifier cette initiative heuristique, motivée qu’elle est par les valeurs de la survie et du maintien de l’excellence de l’image sociale qui en fonde la préservation.» — Plérôme.

«L’on pourrait croire évident que plus une chose, un principe ou un propos, sont vrais, plus les mystères qu’ils dévoilent et les arcanes qu’ils révèlent seraient accueillis avec enthousiasme et bonne foi: or l’histoire nous permet d’apercevoir que souvent le contraire se produit, que les révélations les plus justes et les plus profondes, gouvernant la nature spirituelle et l’essence métaphysique de l’univers, lorsqu’elles touchent l’immédiateté de l’expérience humaine, par les conséquences morales issues de leur substance, sont rarement estimés acceptables par l’autorité constituée qu’elles ébranlent, en même temps que les fondements épistémologiques de leur existence, et deviennent souvent l’occasion de lancer des attaques ad hominem générales et importantes.» — Plérôme.

«La calomnie dont on réussit à convaincre les auditeurs de la vérité de ses allégations et de la sincérité désintéressée de ses prétentions, soit par une mise-en-scène habile, soit par un narratif convaincant assorti d’une comédie appropriée, devient alors le prétexte d’une rétribution dont la victime trouve en elle-même peu de ressources à s’en défendre, n’étant pas devenue consciente du mensonge qui la perd, des stratagèmes qui le répandent, de l’hypocrisie qui le rend encore plus crédible, ni et peut-être surtout de l’effort qui est dépensé à ne pas l’en informer, afin que son effet soit encore mieux senti, sans possibilité de riposte, lorsqu’il se produira.» — Plérôme.

«L’autorité constituée étant, d’un point de vue sociologique, une caractéristique nécessaire de tout ordre social organisé, dans l’accomplissement de la fin qui est inhérente à sa nature, et cet ordre ne pouvant exister indéfiniment au stade de la désorganisation, soit qu’il précède cette constitution, soit qu’il résulte de sa désintégration, elle peut être contestée, et le sera peut-être assurément, tant et aussi longtemps que ses membres n’auront pas identifié, parmi ses rangs, un individu qui puisse la définir et l’incarner de manière irrévocable, incontestable et insurmontable.» — Plérôme.

«La quête de l’authenticité constitue le désir pour la personne de retrouver, par la conscience, le centre de son être, c’est-à-dire l’essence de son état ab origino, avant toute expérience, dans la plus pure de ses virtualités, tel qu’il est au moment original précis de son existence: l’inauthenticité consiste à prendre pour être l’expression inadultérée de cette essence qu’aucune expérience n’a formée, ni transformée, dans le plein épanouissement de ses possibilités, mais aussi qu’aucune situation ni inconstance n’ont dénaturée, ni déformée et elle s’exprime sous ceux formes majeures: l’inconscience de qui la personne est réellement, en raison des traumatismes, des crises et des chocs existentiels qui ont produit une amnésie profonde de ce souvenir primordial et des souvenirs subséquents pour la constituer telle qu’elle est devenue; et la mauvaise foi qui, se superposant à cette inconscience, voit en cet état de réalisation imparfaite non pas un aboutissement, mais un fondement inébranlable, et nie ainsi à ce centre vital une fluidité et une plasticité qui sont le moyen de l’adaptation de la personne comme aussi celui de l’entéléchie de son individuation, de sa perfection et de sa réalisation, propres à la singularité originelle qui la caractérise.» — Plérôme.

«Afin d’assurer son hégémonie, Thanatos prend toujours sur le terrain d’Éros et seul l’éternité et la toute-puissance de celui-ci peuvent constituer mystérieusement sa prédominance sur celui-là, à défaut de consentir à lui ressembler.» — Plérôme.

«Est-il possible de prétendre à une perfection que seul l’Être suprême de la Divinité peut incarner ? Comment alors légitimement s’enorgueillir de posséder une qualité réalisable seulement par cet Être unique et ineffable ?» — Plérôme.

«La discrimination sociale systémique se fonde sur un processus d’inclusion ou d’exclusion selon des critères arbitraires et artificiels, souvent fondés sur des apparences, qui sont estimés refléter la capacité d’un individu à intérioriser et à incarner les valeurs fondamentales et les conduites usuelles qui caractérisent et qui définissent la culture d’une société historique, d’où l’espace de plusieurs générations avant d’assurer que le processus d’intégration — et d’assimilation — à un centre axiologique culturel se soit effectivement opéré et maintenu.» — Plérôme.

«Tel groupe influent ou telle classe prédominante, à l’intérieur d’une société historique, illustre son intolérance à l’égard des groupes et des classes que marginalise la discrimination sociale et économique correspondante, souvent pour des raisons ethnocentriques, qui oblige à d’autres groupes, associations et classes moins influentes et moins puissantes, existant à l’intérieur de la société, à faire éclater leur propre intégrité et leur propre intégralité culturelle, pour ensuite faire reporter sur ces ensembles les imputations de bigoterie et d’étroitesse d’esprit, lorsqu’ils se plaignent du grand effort d’adaptation et d’intégration qui est moralement exigé de leurs membres et qu’ils protestent de l’atteinte radicale qui est effectuée à leur homogénéité sociale.» — Plérôme.

«Une fois l’œuvre de l’auteur en main, une fois que l’on dispose de la connaissance que l’on y trouve, une fois que l’on peut jouir sans entrave ni empêchement de son utilisation, l’auteur risque d’en devenir un élément négligeable.» — Plérôme.

«Dans le rapport qui existe entre l’homme et la femme, l’opposition n’est pas entre la sexualité qui dénote l’intimité et la chasteté qui exprime simplement la civilité, qu’elle soit ou non en attente du passage au plan d’une inclusion à l’intérieur de la sphère privée, mais entre l’amitié qui illustre la convivialité dans la complémentarité des cœurs, des esprits et des genres et l’amour qui manifeste la consubstantialité des personnes dans la fusion de leur âme et de leur corps, en vue d’une procréation qui accroît l’espèce humaine et l’enrichit d’une nouvelle présence.» — Plérôme.

«Éros / Antéros; Arès / Antarès; Iris / Éris.» — Plérôme.

«L’expérience de Socrate a illustré qu’il est possible de se montrer pleinement philosophe et être estimé, par les autorités, agir contre la philosophie; comme aussi elle montre combien il est facile pour un pouvoir de participer à un crime abominable, et même de le commettre, tout en exigent de la victime qu’elle endosse la responsabilité complète du sort qui lui est réservé.» — Plérôme.

«S’il est vrai que “la propriété, c’est le vol”, comme l’affirme Proudhon, c’est uniquement lorsque la chose qui est devenue une propriété fut appropriée d’un propriétaire originel soit par la ruse, soit par la force, sans faire l’objet d’un consentement de sa part et que, par conséquent, elle fut soumise aux impératifs déterminants d’une convoitise qui lui a nié toute légitimité et tout titre ou droit de propriété, telle une succession impeccable, l’échange équitable, ou un travail grâce auquel un sujet a pu la développer, la faire fructifier et lui conférer une valeur ajoutée.» — Plérôme.

«Serait-il juste d’affirmer, en général, que si l’homme a cessé d’être père, et que si la femme a cessé d’être mère, tous deux ont désappris à aimer pleinement, conformément à l’entéléchie de leur genre respectif ?» — Plérôme.

«Toute œuvre d’art, voire qu’elle fût éternellement et universellement belle, est jugée telle par l’esprit historique et culturel de la société à l’intérieur de laquelle elle a été produite, ce qui explique la perte de nombreuses œuvres irremplaçables, souvent par des autodafés qui en ont effacé le souvenir même, au nom de principes qui s’étaient imposés eux-mêmes à la culture, sans qu’ils ne soient aptes à se situer au plan spirituel et transcendant qui les auraient épargné de la barbarie, ayant occasionné pour elles un sort aussi déplorable.» — Plérôme.

«La destruction gratuite d’une œuvre d’art véritable — qu’elle soit réelle, comme dans le vandalisme, ou virtuelle, comme dans l’avilissement opiniâtré de sa valeur inhérente — est souvent l’expression du conservatisme de la décadence, c’est-à-dire d’une décadence dont l’entropie se veut préservée à tout prix par ses agents, en raison de l’intérêt qu’ils trouvent à en perpétuer le mouvement.» — Plérôme.

«Le mythe est essentiel à l’homéostasie de la conscience puisque, en créant un récit — sur le monde et sur ses habitants —, l’esprit collectif génère une représentation idéelle de la réalité, une construction imaginaire qui, en inspirant judicieusement les consciences, lui permettra de se situer face à elle: lorsqu’elle est idéale, elle lui offre un modèle qui peut faire l’objet d’une émulation et ainsi d’une réalisation à travers lui; lorsqu’elle est négative, elle lui présente un exemple qu’elle ne saurait vouloir imiter et qui lui permet de se valoriser en l’état qu’il actualise à ce moment précis de l’histoire et, par le blâme implicite ou explicite qui lui est adressé, s’exhausser à ses propres yeux et se mettre de l’avant face à ses congénères.» — Plérôme.

«Le principe de l’équité commande que les lois soient appliquées pour tous, non pas selon l’interprétation littérale du texte qui les révèle, mais selon l’esprit qui inspire l’intention qui justifie leur proclamation et la fin juridique qu’elles sont censées servir, fondée sur le principe de justice qui inspire leur formation: l’iniquité procède de ce que, soit qu’elles soient formées principalement, et contre les principes d’une justice fondamentale, à l’avantage des particuliers (les individus, les groupes, les associations, les classes, etc.) qui les établissent, les interprètent et les composent, au détriment des intérêts de ceux qui soient étrangers à cette action législative, soit qu’elles soient appliquées inégalement et privilégient, systématiquement ou exceptionnellement, lorsque les circonstances le commandent, ceux-là plutôt que ces derniers.» — Plérôme.

«Il semblerait parfois que la moralité, pour un grand nombre, consiste à choisir entre le moindre mal à réaliser, plutôt que le plus grand bien à accomplir mais, à l’intérieur d’un monde dystopique, il devient peut-être le meilleur choix qui est laissé à la conscience de pouvoir actualiser effectivement, en raison de l’anomie qui y règne, de la médiocrité morale qui y prévaut, laquelle voit une imposition indue et illégitime en tout effort obligatoirement requis afin de réaliser un dépassement de soi, et de la pauvreté de l’idéal réel qui est offert aux populations dans le gouvernement que les autorités font de leur conscience.» — Plérôme.

«La société inauthentique se constitue sur une mentalité collective où chacun cherche à paraître ce qu’il n’est pas et à ne pas paraître tel qu’il est, et en cela se distingue de la société authentique où le principe qui prévaut consiste pour chacun à paraître tel qu’il est et à ne pas sembler tel qu’il n’est pas: la conséquence de cette inauthenticité sera de ne pas reconnaître ceux qui mériteraient de l’être et de reconnaître ceux qui ne mériteraient pas de l’être et constitue une entorse à un principe de la justice fondamentale, qui consiste à savoir reconnaître ceux qui le méritent et à ne pas reconnaître ceux qui ne le méritent pas.» — Plérôme.

«Tout progrès suppose, non seulement une disposition chez l’agent moral à réaliser l’entéléchie qui est implicite dans l’achèvement de cette progression, non seulement la compétence de l’action qui contribue à l’apporter, mais encore la conjoncture adéquate des circonstances qui sont favorables à cette fin, y comprise la présence des ressources physiques qui sont nécessaires à cette réalisation et la coopération, en nombre suffisant, des collègues qui sont exigés afin d’accomplir le mouvement entrepris.» — Plérôme.

«On a beaucoup parlé du complexe d’Œdipe, selon lequel l’enfant tue son père et épouse sa mère, alors que ces événements, inspirés du mythe Grec du même nom, le parricide, suivi du mariage de la mère, opèrent fatalement, sans exercice de la volonté ou de la liberté, et fortuitement, en toute ignorance des enjeux réels, autant pour le “héros” du mythe que pour les protagonistes. § Afin de le rendre intelligible et pertinent à la réalité incestueuse dont il sert à expliquer le fait et l’opération et de le rapporter à la mentalité contemporaine, il fallait faire intervenir la coïncidence d’un lien affectif double et complémentaire, la rivalité du fils avec le père et l’attirance sexuelle pour la mère, d’où la version Freudienne du mythe qui, par l’improvisation créative requise afin de lui apporter une unité et une cohérence intelligibles pour l’esprit cultivé contemporain, devient en lui-même un mythe, par les ajouts qui en façonnent le récit systématique. § Mais il existe un mythe antique plus fondamental encore afin d’illustrer l’attirance du fils pour la mère et la rivalité avec le père, même s’il n’engendre aucun meurtre, mais seulement la mutilation du père et c’est le mythe de Kronos: peut-être même serait-il possible de voir en ce sacrifice la raison fondamentale de la scission qui s’est produite entre les Fils de la lumière et les Fils du monde et qui trouva sa résolution avec la guerre entre les dieux de l’Olympe et les Titans, tous étant les fils d’Ouranos.» — Plérôme.

[2022-02-22] Aucune raison n’existe a priori d’opposer le bonheur et la sécurité, de voir en l’un et l’autre de ces états une condition de l’exclusion de l’autre: ce n’est que lorsque l’on fait dépendre l’un sur l’autre, que l’on voit dans la sécurité une condition sine qua non du bonheur et une nécessité pré-existante à sa présence et à sa réalisation que le jugement fait erreur puisque le bonheur, caractérisant l’accomplissement moral de la personne, dans ce qu’elle peut offrir de meilleur et signifiant par conséquent le niveau de sa réalisation et le degré de sa perfection, conformément à sa nature, ne saurait dépendre de son niveau de sécurité afin de se manifester et pourrait même exiger, pour cela, que cette aisance et ce confort fût sacrifié en vue du meilleur bien qui pourrait en résulter pour elle.

En général, la faiblesse physique relative qui est propre à la constitution physique de la femme la porte à rechercher en la personne de l’homme un protecteur et un gardien qui puisse préserver sa sécurité; et lorsqu’elle ne sait, ou qu’elle ne veut, se fier en cette individualité afin de garantir cet état de sécurité et de quiétude, elle s’en fiera alors aux institutions sociales qui personnifieront, par leur mandat et leurs opérations, cette fonction existentielle essentielle pour elle.

C’est par l’exacerbation des attributs esthétiques accidentels et superficiels, plutôt que par le développement et la perfection des qualités et des vertus essentielles que la facticité et la superficialité des natures se maintiennent, au détriment de leur quintessence authentique et profonde et de leur entéléchie véritable.

Honte à ceux pour qui la loi, ce n’est plus qu’un instrument afin de déroger à l’esprit de la justice et du droit qu’une tradition culturelle et humaine millénaire a défini et s’est efforcé de mettre en œuvre au cours de son histoire.

Il s’agit de ne jamais oublier que la critique, aussi objective qu’elle se voulût être, part toujours d’un point de vue subjectif: car, quel que soit le critère extérieur à soi contre lequel mesurer l’objet sur lequel porte la critique, celui-là renvoie toujours à l’expérience qui permet à la conscience de le concevoir et de le définir et l’acte de la transcendance par lequel l’esprit atteint à sa notion n’est jamais entièrement affranchi des limites de la conscience, grâce à laquelle elle  formule, au moyen de l’intelligence judiciaire, la possibilité, l’actualité et la pertinence dudit critère au phénomène de l’expérience dont elle évalue la qualité et la perfection.

Certaines polices, en obéissant au principe du droit et en défendant la valeur de la justice, sont au service de la population et la protègent alors que d’autres polices, par nature intéressées, vénales et iniques, oppriment les sujet et les corrompent, soit passivement, en fermant les yeux sur des agissements qui servent leurs intérêts, soit activement, en faisant la promotion ouverte de ceux-ci par leurs propres agissements.

Le savant pressent combien peu il sait en sachant ce qu’il sait, en ayant œuvré fort afin d’acquérir ce savoir; alors que l’ignorant, contemplant le peu qu’il sait, accumulé au prix d’un effort minime, s’imaginent pouvoir s’enorgueillir de savoir beaucoup et de grandes choses.

Quel sentiment de la toute-puissance cela doit-il permettre de vivre que celui de mettre son semblable à nu, avec l’expérience de la vulnérabilité que cela suppose, sans se sentir l’obligation de se mettre à nu soi-même.

Autre chose est-ce de penser adéquatement le passé; autre chose est-ce d’appréhender avec justesse le présent; autre chose est-ce d’anticiper avec bonheur sur l’avenir qui se présentera: pourtant, peut-on nier que chacune de ces réalisations de l’esprit repose sur l’exercice d’une même faculté judiciaire, voire d’une manière qui est distinctive à chacune d’elles.

L’on pardonne plus facilement les fautes morales réelles que les impairs, même involontaires et parfois exagérés, à la convenance et la bienséance.

Lorsque règne la vertu, le péché tue l’âme qui le commet, le cas échéant, mais lorsque le vice exerce son hégémonie, il tue si on ne le commet pas.

La triple signification de l’expression «soma sema» trouve son unité selon qu’elle peut se considérer en regard des idées-valeurs transcendantes de la bonté — le corps comme tombeau —, de la beauté — le corps comme signe —, et de la vérité — le corps comme prison —.

Si impressionnant que fût le génie intellectuel pour la conduite de la raison et la gestion sensée de l’organisation physique de l’ordre social, il doit le céder à l’intelligence du cœur pour ce qui est de l’appréciation de la valeur morale des concitoyens et de l’intuition des compatibilités sociales qui fondent la cohésion et l’harmonie de la culture en laquelle il se manifeste.

Un des effets pervers de la philosophie de la liberté, lorsqu’elle omet de s’accorder une finalité et de tendre vers une perfection qui s’accomplit de mieux en mieux, c’est de consacrer l’état en lequel l’individu se complaît, sans l’appréciation morale, ni de sa qualité, ni de sa valeur, et de revendiquer le droit de toujours se maintenir en celui-ci, sans égard ni pour le bien servi en le conservant, ni pour celui qui serait servi, soit en le transformant, soit en recherchant un état alternatif, plus compatible avec cette fin.

D’un point de vue philosophique, le grand défi posé à l’État canadien sera de réconcilier ses deux idéaux fondamentaux: «la paix, l’ordre et le bon gouvernement» (l’article 9 de la Loi constitutionnelle de 1867) et «la vie, la liberté et la sécurité de la personne» (l’article 7 de la Charte des droits et libertés de 1982) et, de plus, les subsumer à une conception de la justice profonde et intégrale, qu’un droit adéquat pourra fidèlement interpréter et honnêtement faire appliquer.

La beauté est la cause de l’élévation de la matière vers ce qui en serait la perfection de la forme en vue de l’édification de l’esprit, comme elle est le résultat de cette action.

Tels sont ceux qui déshonorent leur victime et qui ensuite, en évoquant la décence bafouée au nom d’un faux sentiment de l’honneur, lui reprocheront la déchéance qu’elle aura subie à leurs mains et la chute morale qu’elle a été entraînée à éprouver, suite à leurs actions.

D’un point de vue intellectuel, moral, spirituel et pratique, on ne peut demander plus à un sujet moral que d’être sage — sauf à devenir plus sage encore —, malgré que cette sagesse admirable puisse ne pas être appréciée, ni encouragée, ni influente sur la disposition et la manière de penser et d’agir des autres membres de la société, si déplorable que fût en rétrospective cette imperméabilité collective — et parfois même la déconsidération qui peut aller parfois, hélas !, jusqu’au mépris et à l’hostilité — à la maturité de la pensée, de l’intelligence et de la raison que cet état d’accomplissement spirituel suppose.

La valeur morale de toute action s’apprécie selon trois critères: la bonté de la fin qui est visée par elle; le bonheur de la conséquence qui est le résultat de sa conclusion; ainsi que la correspondance qui existe entre la qualité respective de ces deux effets.

Un système de la santé qui fonderait son action uniquement sur la valeur thérapeutique des interventions pratiquées par ses médecins et praticiens affiliés serait analogue à une équipe sportive constituée uniquement par des gardiens de but.

Comme pour l’inconscient individuel, qui doit passer par l’anamnèse afin de susciter les souvenirs enfouis dans les profondeurs de la mémoire pour, se les remémorant, connaître et interpréter leur influence sur les conditions de la vie actuelle et sur les habitudes qui en résultent, l’inconscient collectif doit pouvoir passer par le même processus, évocateur d’événements passés qui, quoique oubliés dans la généralité des consciences immédiates de ses membres constitutifs, mais préservés dans la mythologie et dans l’historiographie, continuent toujours d’exercer une influence sur les événements présents, par les traditions, les coutumes, les us et les lois, périmés mais néanmoins parlants, dans les schémas institutionnels, collectifs et familiaux, qui en sont issus.

Rien n’est plus cher que ce qui est gratuit puisque l’on ne saurait acheter ce qui se donne gracieusement comme le prix à verser afin d’en compenser adéquatement la valeur, ne saurait s’estimer ni même parvenir à s’équivaloir, sauf à refléter une générosité analogue à l’acte qui l’a procuré.

Le bonheur est un bien qui, comme tout bien, est susceptible d’envie et de convoitise; mais conne il est immatériel, on ne peut se l’accaparer, en dépossédant la personne qui en jouit, mais seulement espérer le détruire, soit en le privant des conditions qui sont présumées être associées à la constitution de son état, y compris la santé, la réputation, les amis et les richesses, sans qu’ils n’en soient ni la source, ni la cause réelle.

La distinction essentielle entre la médisance et la calomnie réside non pas tant dans le degré de vérité du tort qui est attribué à la victime de la diffamation qu’elle encourt, mais dans la conscience du tort qui est accompli à travers elles et dans l’intention de le causer en recourant à cet artifice, de sorte que l’invention d’un vice ou d’une action mauvaise supposés n’est plus la matière de la félonie mais en constitue surtout une matière aggravante puisqu’elle amplifie le tort qui en résulte alors que c’est la volonté et la conscience de produire cet état qui sont la véritable matière du délit.

Lorsque l’on affirme que la femme se conquiert, l’on suppose alors que sa réaction initiale, pour ne pas dire viscérale, profonde et durable à l’intérieur des cœurs, en est une de refus et de résistance.

Il existe une contradiction inhérente à la revendication de la liberté, non pas pour exercer sa responsabilité, mais afin de mieux encore faire dicter ce que cette responsabilité serait.

Le principe qui veuille qu’à l’intérieur d’une société égalitaire, les seules inégalités qui seraient tolérées, sinon autorisées, sont celles qui sont mises au service de la préservation de l’égalité comporte comme effet paradoxal de créer autant de classes inégalitaires qu’il existe d’espèces de libertés à préserver et que, à l’intérieur de celles-là, il règne une égalité une égalité qui exige qu’elle soit préservée par la création de nouvelles classes inégales, aussi nombreuses que les espèces d’inégalité que l’on cherche à préserver, et ainsi de suite, jusqu’à la constitution d’une hiérarchie de classes inégalitaires, réputées être nécessaires à la protection des droits à l’égalité, chacune avec les privilèges et les droits qui favoriseront sa fonction socio-politique: ce qui mène à une société qui, si elle est en principe et de droit égalitaire, requiert de fait une constitution physique qui soit inégalitaire et informelle, d’autant plus importante que les revendications à l’égalité se font pressantes et intenses, peut-être même en réaction à l’inégalité qui est instaurée afin de les rendre moins nombreuses et instantes.

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